Utilisateur:Ululo/Carte de Madaba

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Partie gauche de la carte
Jérusalem sur la carte

La carte de Madaba ou mosaïque de Madaba est une mosaïque dans l'église Saint-George de Madaba, en Jordanie. Elle est connue pour être la plus vieille représentation cartographique qui nous soit parvenue de la terre sainte et en particulier de Jérusalem. Elle date de la fin du VIe siècle.

Histoire[modifier | modifier le code]

La carte montre à Jérusalem l'église Nea Ekklesia. Procope de Césarée évoque cette église et précise qu'elle a été construite par Justinien[1], donc entre 527, début du règne de celui-ci, et 561, date d'écriture de l'ouvrage. Cependant on dispose d'informations encore plus précises, grâce à une inscription dédicatoire en grecque gravée dans un réservoir sous l'église elle-même : « C'est là l'ouvrage que notre très pieux empereur Flavius Justinien a fait réaliser avec munificence, sous les auspices du très saint Constantin, prêtre et Hegumen, en [l'an] 13 de l'indiction[2],[3] » Donc la mosaïque est postérieure à 550, treizième année de l'indiction commencée en 536.

De plus, l'activité architecturale a été particulièrement frénétique à Madaba sous l'évêque Jean, entre 576 et la fin du siècle ; enfin, d'autres éléments comme la technique utilisée amènent à penser que la mosaïque date de la fin du VIe siècle[4],[5].

La mosaïque fut réalisée par des artistes inconnus — probablement sur l'initiative de la communauté chrétienne de la ville de Madaba, qui était un évêché durant l'ère chrétienne byzantine. Au VIIIe siècle, les chefs musulmans ummayades font enlever certains des éléments figuratifs. En 614, Madaba est conquise par les Perses. En 746, la ville est fortement endommagée par un tremblement de terre. La ville, désormais vide d'habitants, déchoit.

En 1894, la mosaïque est retrouvée lors de travaux pour la construction d'un lieu de culte orthodoxe à l'emplacement de l'ancienne église byzantine. Des parts de la mosaïque furent, dans les décennies qui suivirent, endommagées par des incendies, des éboulissements, par l'action de l'eau et de l'humidité. En décembre 1964, la fondation Volkswagen met à disposition 90 000 DM pour la restauration de la mosaïque. Le directeur du rheinisches Landesmuseum de Trier, Heinz Cüppers, et le spécialiste de l'Ancien Testament Herbert Donner mènent de septembre à novembre 1965 les travaux urgents de restauration et de conservation des parties conservées de la mosaïque.

Description[modifier | modifier le code]

La mosaïque au sol se trouve devant l'apsis de l'église Saint George à Madaba, et n'est pas orientée vers le nord mais vers l'est, de sorte que la position du lieu sur la carte corresponde aux effectives directions du ciel. À l'origine, la mosaïque mesurait 21 m sur 7 et se composait de plus de deux millions de tesserae[6]. La taille actuelle est de 16 m sur 5.

Représentation topographique[modifier | modifier le code]

La carte sur la mosaïque représente un territoire allant, au nord, du Liban, jusqu'au delta du Nil en Égypte au sud et de la mer méditerranée jusqu'aux déserts orientaux. La carte montre entre autres la mer morte avec deux bâteaux de pêcheurs ; des ponts, qui relient les rives du Jourdain, dans lequel nagent des poissons, qui refluent de la mer morte ; un lion, rendu presque méconnaissable par des tesserae volontairement ajoutés par des iconoclastes, qui chasse une gazelle dans le désert du Moab ; la ville de Jéricho, marquée par les palmiers, Bethléhem et d'autres lieux bibliques.

Lieu de baptême de Jean à l'embouchure du Jourdain et un lion (rendu méconnaissable) chassant une gazelle

La carte servait pour aider les pélerins à s'orienter en Terre sainte. Tous les éléments géographiques sont légendés avec des explications en grec. Dans une combinaison de perspective cavalière et de vue cartographique, 156 villes et villages sont représentés et nommés sur la carte[7].

L'élément le plus grand et le plus détaillé est la représentation topographique de Jérusalem, au centre de la carte. La mosaïque montre montre, bien reconnaissables, quelques édifices significatifs de la vieille ville de Jérusalem : la porte Damakus, la porte du lion, la porte dorée, la porte de Sion, l'église de la tombe, la citadelle de David et le cardo. La topographie précise de la ville fait de la carte de Madaba un témoin des plus importants de la Jérusalem byzantine. De même, les représentations détaillés des villes de Néapolis, Askalon, Gaza, Pelusium et Kerak sont uniques et leur qualité égale presque celle d'un plan de ville.

Interprétation scientifique[modifier | modifier le code]

La carte de Madaba est la première mosaïque géographique de l'histoire de l'art. Elle est d'une grande importance pour l'identification des lieux bibliques et la vérification de leur existence. Ainsi, l'étude de la carte contribua à résoudre la question de la localisation d'Askalon (sur la carte « Asqalan »)[8]. En 1967, des fouilles archéologiques ont mis à jour l'église Nea et le cardo maximus dans le quartier juif de Jérusalem à l'endroit où les représentaient la carte de Madaba[9].

Copies de la mosaïque[modifier | modifier le code]

Une copie de la mosaïque de Madaba se trouve dans la collection de l'institut archéologique de l'université Göttingen. Elle a été réalisée en 1965 par les archéologues du rheinisches Landesmuseum de Trier lors des travaux de restauration à Madaba. Une autre reproduction de la carte, qui a été élaborée par les étudiants de la Madaba Mosaic School, est exposée au foyer de l'akademisches Kunstmuseum à Bonne.


Littérature[modifier | modifier le code]

  • Herbert Donner: The Mosaic Map of Madaba. Kok Pharos Publishing House, Kampen 1992, (ISBN 90-390-0011-5)
  • Herbert Donner, Heinz Cüppers: Die Mosaikkarte von Madeba. Abhandlungen des Deutschen Palästinavereins 5, Harrassowitz, Wiesbaden 1977, (ISBN 3-447-01866-6)
  • Michael Avi-Yonah: The Madaba mosaic map. Israel Exploration Society, Jerusalem 1954
  • Michele Piccirillo: Chiese e mosaici di Madaba. Studium Biblicum Franciscanum, Collectio maior 34, Jerusalem 1989 (Arabische Edition: Madaba. Kana'is wa fusayfasa', Jerusalem 1993)
  • Kenneth Nebenzahl: Maps of the Holy Land, images of Terra Sancta through two millennia. Abbeville Press, New York 1986, (ISBN 0-89659-658-3)
  • Adolf Jacoby: Das geographische Mosaik von Madaba, Die älteste Karte des Heiligen Landes. Dieterich’sche Verlagsbuchhandlung, Leipzig 1905

Références[modifier | modifier le code]

  1. Procope, Des Édifices, V, 6, 1-15 ((en) lire en ligne.
  2. « Jérusalem : l'église Nea et le cardo », 14 mars 2000, Ministère israélien des affaires étrangères ((fr) lire en ligne).
  3. Voir (grc) ici une photographie de l'inscription.
  4. Michelle Piccirillo, « Madaba. One hundred years from the discovery » sur (en) Christusrex, section « The mosaic map ».
  5. M. Avi-Yonah, The Madaba mosaic map, Jérusalem, 1954, pp. 16-18.
  6. Ute Friederich, (de) Antike Kartographie, Rheinische Friedrich-Wilhelms-Universität Bonn, p. 2, consulté le 4. Nov. 2005.
  7. On en trouve la liste (en) ici.
  8. Jana Vogt, (de) Architekturmosaiken am Beispiel der drei jordanischen Städte Madaba, Umm al-Rasas und Gerasa, Ernst-Moritz-Arndt-Universität Greifswald, Greifswald, 2004.
  9. (fr) Jérusalem. Église Nea et le Cardo.

Liens externes[modifier | modifier le code]


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