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Utilisateur:Souhanna/Brouillon

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Le Prince philosophe[modifier | modifier le code]

Dans un article consacré au roman féminin des années révolutionnaires[1], Marie-France Silver, professeure à l'Université York de Toronto, s'interroge sur l'impact de la Révolution sur l'écriture romanesque. Selon Silver, la publication, du roman d'Olympe de Gouges Le Prince Philosophe est un acte symbolique important.

Écrit en 1788, c'est pourtant en 1792 seulement que le roman est publié. Il s'agit alors d'un grand moment d'engagement politique pour Olympe de Gouges qui a publié, un an auparavant, la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. C'est également en 1792 que le journal révolutionnaire Les Révolutions de Paris[2] réclame l'exclusion totale des femmes de la sphère publique en s'attaquant violemment à Gouges. Par cette publication, cette dernière réclame à la fois l'accès des femmes à la sphère publique mais aussi littéraire et affirme sa volonté de participation, en tant que citoyenne, à la République des Lettres.

Une critique sociale et féministe[modifier | modifier le code]

Selon Marie-France Silver, l'intrigue extravagante de l'ouvrage sert de prétexte à la satire sociale. Olympe de Gouges y critique la génération littéraire suivant celle de Voltaire et Rousseau mais aussi l'isolement du roi, la mauvaise influence de la reine et le fanatisme.

L'énigme de ce conte philosophique est sans doute le personnage d'Idamée. De dix ans l'ainée de son mari le roi de Siam, elle est jalouse, mauvaise mère et trompe son époux. C'est pourtant dans la bouche de ce personnage de mégère que Gouges place les discours féministes qu'elle défend. Ce choix témoigne, selon Silver, de la conscience de Gouges de la transgression que représentaient ces idées. Un idéal féminin pré-révolutionnaire n'aurait pas pu incarner cette transgression. Il fallait un personnage capable de dépasser les limites assignées à son sexe, il fallait un personnage monstrueux. Olympe de Gouges encourageait les femmes à prendre la parole, à sortir de leur rôle, à se faire homme dans l'espace public. La presse révolutionnaire de l'époque dépeignait d'ailleurs Gouges comme le personnage d'Idamée est dépeinte[3].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Marie-France Silver, « Le Roman féminin des années révolutionnaires », Eighteenth-Century Fiction, vol. 6, no 4,‎ , p. 309–326 (ISSN 1911-0243, DOI 10.1353/ecf.1994.0004, lire en ligne, consulté le )
  2. Révolutions de Paris, dédiées à la Nation et au district des Petits-Augustins, t. XII, no 150, 19-26 mai 1792, p. 358 (https://books.google.fr/books?id=yzIDAAAAYAAJ&pg=PA358#v=onepage&q&f=false )
  3. Marie-France Silver, « Naissance et mort du premier féminisme français », dans Marguerite Andersen, Christine Klein-Lataud, Paroles rebelles, Montréal, Remue-ménage, , 127 p. (ISBN 978-2-89091-112-3)