Utilisateur:Pljunet/Pouvoir oublier

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Pouvoir oublier est un documentaire construit à partir de la parole des intervenants dont la vie a basculé le jour tragique du 10 mai 1972 à Sept-Îles. À leur parole seront juxtaposées des pièces d’archives des événements, dont certaines inédites, qui rendront compte de l’euphorie collective dans laquelle baignait alors Sept-Îles et tout le Québec.

Plantons d’abord le décor. Nous sommes au printemps 1972. La lutte ouvrière est à son apogée: le premier Front commun multiplie les offensives contre le gouvernement de Robert Bourassa et exige un revenu minimum de 100$ par semaine. Suite à l’emprisonnement des trois chefs syndicaux qui ont appelé les travailleurs à briser les injonctions, des ouvriers en colère débrayent illégalement aux quatre coins de la province. À Sept-Îles, les travailleurs du secteur public, déjà à l’avant-garde du mouvement, sont rejoints par leurs 3000 confrères de la construction œuvrant sur le plus gros chantier du Québec. Ils prennent ensemble, bras-dessus bras-dessous, le contrôle de la ville, ferment les commerces et bloquent les routes. Après quelques heures de gloire, toutefois, le soulèvement vire au cauchemar lorsqu’un chauffard antisyndicaliste fonce dans la foule rassemblée devant le palais de justice, causant la mort du jeune ouvrier Hermann St-Gelais. Traumatisée par l’anarchie et la violence du mouvement, la population de Sept-Îles laisse le silence engloutir la mémoire de cette débâcle.

À l’aube de son cinquantième anniversaire, Pouvoir oublier interroge le mythe fondateur du syndicalisme québécois moderne qu’est le premier Front commun de 1972. La tragédie septilienne permet de relire l’histoire autrement : l’heure de gloire du syndicalisme de combat est aussi l’acte de naissance d'une institution syndicale appelée à devenir un partenaire de premier plan du développement économique, qui à jamais doit refouler cette histoire de violence. Les aspirations utopiques disparues, y a-t-il un avenir pour un syndicalisme qui ne sait plus mordre ?