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Eddy Firmin[modifier | modifier le code]

Originaire de Guadeloupe (archipel français des Caraïbes), Eddy Firmin est un artiste-chercheur, vivant et travaillant à Montréal (Canada). Docteur en Études et Pratiques des Arts de l'Université du Québec à Montréal (Canada), son travail plastique interroge les logiques transculturelles de son identité et les rapports de forces qui s’y jouent[1]. Au plan théorique, il développe une Méthode Bossale visant à décoloniser les imaginaires en art.

Il est le premier artiste vivant de descendance africaine, a intégré en 2019 la collection du Musée National des beaux-arts du Québec[2]. Une de ses œuvres participe de l’exposition permanente des Arts du Tout-Monde, au Musée des beaux-arts de Montréal[3]. L'artiste est représenté par la galerie Art Mûr.

Biographie[modifier | modifier le code]

Eddy Firmin, enfant unique, a grandi en Guadeloupe, élevé par sa mère, barmaid dans les grands hôtels de l’île. Son enfance est très influencée par la présence de son grand-père maternel, coupeur de canne à sucre. Ce dernier l’éduque en créole, au travers de contes et proverbes, qui l’habitent encore aujourd’hui[4].

Orienté dès ses 16 ans vers un cursus artistique, il fut du convoi de ces premiers étudiants de l’École Régionale d’Arts Plastiques de Martinique[5] (aujourd’hui Campus Caraïbéen des Arts), fondée sous l’impulsion d’Aimé Césaire. Goûtant à l’interdisciplinarité édictée par et pour l’Occident, il s’essayait graduellement à une pratique plus enracinée.

Depuis sa 1ère exposition solo en 2001, Eddy Firmin est reconnu comme plasticien dans son bassin caribéen, sous le pseudonyme de Ano. Tout en menant de front la direction de son agence de communication Icône Créole, il publie en 2004, un livre objet regroupant des poèmes et des dessins: Lélévation – Tohu-Bohu poétique d’artiste peintre, Ibis Rouge Éditions[6]. Un an plus tard, le projet visuel LÉLÉVATION 045-061, voit le jour.

En 2006, Eddy Firmin entreprend un long cycle de résidences d’artistes, Terra Incognita. Pendant 8 mois, Il perfectionne ses techniques en céramique à la fondation Josep Llorens i Artigas (Espagne) puis au Shigaraki Ceramic Cultural Park[7] (Japon). À la National Gallery of Zimbabwe, immergé dans la culture Shona, riche des échanges avec ses contemporains, il approfondit sa pensée sur son regard créole. En 2010, Eddy Firmin présente son mémoire Introduction générale au « Regard Créole » et son alphabet émotionnel, à l’Ecole Supérieure d'Art et Design Le Havre-Rouen.

En 2011, le ministère français de la culture lui confie la refonte visuelle des vitraux de la Cathédrale Notre-Dame de Guadeloupe[8]. Cette même année, il est reçu en doctorat d’études et pratiques des arts, à l’Université du Québec À Montréal (Canada).

Entièrement dévoué à ses recherches théoriques et plastiques, Eddy Firmin a percé sur la scène montréalaise en 2016, avec Ego-portrait ou l’errance des oiseaux, une exposition solo remarquée au Belgo, aux galeries Popop - CIRCA Art Actuel[9] et Dominique Bouffard[10]. En 2018, il est choisi parmi les trois artistes montréalais[11][12][13], pour intégrer l’exposition collective Nous sommes ici, d’ici – L’art contemporain des Noirs canadiens, initiée par le Musée royal de l’Ontario, et présentée au Musée des Beaux Arts de Montréal, en complémentarité avec l’exposition D’Afrique aux Amériques : Picasso en face-à-face, d’hier à aujourd’hui (mai- septembre 2018). Depuis, plusieurs de ses œuvres été exposées au Musée des beaux-arts de Montréal - MBAM (2018 et 2019), au Musée National des beaux-arts du Québec[14] (2019-2020) Art Mûr[15] (2020) ; et ont fait l’objet d’acquisition.

Sur le plan théorique, Eddy Firmin a initié en 2017, à la demande du Réseau des Études Décoloniales, un groupe de recherche et sa revue éponyme polyglotte, Minorit’Art[16], visant à interroger la guigne coloniale des politiques esthétiques qui commandent encore les grands discours dominants de l’art contemporain. Invité en qualité d’artiste-chercheur, il a notamment été consultant-expert, pour une approche transhistorique et interculturelle de la nouvelle aile des Cultures du monde du MBAM, baptisée les Arts du Tout-monde[17], en hommage au philosophe martiniquais Édouard Glissant. En 2019, Eddy Firmin a soutenu sa thèse, « La méthode bossale pour un imaginaire et une pratique décolonisés »[18], qui constitue un apport original dans le domaine de la création artistique des cultures dominées.

En juin 2020, Art Mûr, initiateur de la BACA (Biennale d’Art Contemporain Autochtone), a donné "carte noire" à Eddy Firmin en tant que commissaire d'une exposition d’artistes Africains et afro-descendants, dans les sept salles d’exposition de sa galerie[19]. Prévue du 11 septembre au 30 octobre 2021, cette exposition vise à abattre les préjugés et réunir le meilleur de l’art contemporain, lors d’une année exceptionnelle pour Art Mûr, qui célèbrera son 25e anniversaire.

Œuvres – corpus et démarche artistique[modifier | modifier le code]

l'art d'Eddy Firmin dit Ano est une forme de résistance, d'affirmation et de réappropriation

2003-2004: "Lélévation"[modifier | modifier le code]

Le projet de décolonisation de l’imaginaire d’Eddy Firmin, trouve ses prémices dans le corpus d’œuvres : Lélévation (2004-2005). Le néologisme, Lélévation, emprunte au lexique créole le mot lélé désignant un ustensile de cuisine en bois servant à mélanger les liquides. Métaphore de son identité caribéenne née du mélange des innombrables cultures d’Afrique, d’Europe, d’Asie et d’Amérique[20]. Lélévation invite aussi à penser ce "melting-pot " comme habité de violences sourdes infligées par un savoir-maître. Son récit poétique Lélévation – Tohu-Bohu poétique d’artiste peintre, publié en 2004 par les éditions Ibis Rouge[21], fait le constat de ce qui empêche un imaginaire situé :

Imposés, forcés, contraints malgré nous, nous portons les limites de nos esprits comme des fers. Des fers à nos «je». Les structures réflexives, les systèmes, les théories, les cadres préétablis, les sphères éducatives, etc. sont autant d’entraves vers la chute. (Firmin, Tohu-Bohu poétique d’artiste peintre, 2004, p. 9)

Sur le plan visuel, le Projet LÉLÉVATION 045-061 est constitué de caissons lumino-interactifs, de grandes peintures hyperréalistes, des dessins frits dans l’huile, questionnant la teneur de nos récits fondateurs aux Antilles françaises. Le corpus d'oeuvres est exposé simultanément en deux lieu dont la scène nationale de Guadeloupe, L'Artchipel – seul lieu de diffusion régional, labellisé par le Ministère français de la Culture -. L'exposition LÉLÉVATION 045-061 constitue alors sa première reconnaissance nationale.


2006-2010: "Terra Incognita"[modifier | modifier le code]

Terra incognita est un cycle de résidences d'artistes à l'international initié en 2006 par Eddy Firmin. Soutenu par le Ministère de la Culture, le projet visait à reconstituer et articuler les fragments perdus de l'identité plurielle de l'artiste. Sans obligation de monstration, le principe impérieux est d’établir un dialogue avec des diversités culturelles, de partir en quête des autres.

« Terra Incognita (terre inconnue) est aussi un vide, une géographie intérieure qu’il me faut découvrir. Ma thématique se propose de se réapproprier ces univers perdus. De continent en continent, mon œuvre prendra toutes ses dimensions esthétiques, physiques, culturelles, intérieures. » (Potomitan, 2007[22])

Résidence de perfectionnement en céramique : Artigas et Shigaraki

Sa première résidence de création (5 mois), s’effectue en 2006 à Barcelone, à la Fondation J.Llorens Artigas (Espagne). Il y enrichit sa technique et ses connaissances en façonnage, glaçure et cuisson (bois et gaz), sur les conseils éclairés de Maître Joan Gardy Artigas – collaborateur reconnu de Miró mais aussi Chagall, Braque et Giacometti. Piqué par cet art ancestral, en 2008 il rejoint la résidence d'artistes du Shigaraki Ceramic Cultural Park (3 mois) au Japon.  Cette dernière résidence marque un tournant dans la réarticulation de son imaginaire, au contact d'artistes résidents tels qu’Antra Sinha, Em Vannoeum, Ha Sung-Mi (respectivement de l’Inde, du Cambodge et Corée du Sud) dont les démarches artistiques visent à résister à l’homogénéisation  culturelle tout en ne rompant pas le dialogue.

L'installation « Terra Incognita : le musée est fermé »

Ce cycle de résidences donne lieu, notamment, à une exposition proposée en 2007 à la galerie JM'Arts à Paris, à quelques ruelles du musée Beaubourg. L'installation « Terra Incognita : le musée est fermé », disposait de céramiques, intitulées Sciapodes et Acéphales, mis en animation dans 6 films. Les oeuvres sont inspirées des ouvrages de Pline L’Ancien (77-1789), Histoire Naturelle, et de Sébastien Munster (1575), Cosmographie Universelle, décrivant visuellement l’altérité non-occidentale comme des monstres humains mettent en lumière un imaginaire français, millénaire, et tout au moins xénophobe. Ces films, faisant une narration burlesque de l’absence de dialogue des grandes institutions muséales avec les imaginaires des praticiens afro-descendants, dénoncent avec humour l’invisibilité des praticiens afro-descendants, issus de la France d'outremer, dans le grand débat de l’art contemporain français. 

Résidence de création au Zimbabwé et retour aux études

En 2009, Eddy Firmin entame une 3ème résidence à la National Art Gallery du Zimbabwé (4 mois). Le dialogue avec des artistes enracinés dans leur culture ancestrale et tout particulièrement avec l’artiste Masimba Hwati, assoit sa compréhension sensible de l’homogénéisation culturelle opérant dans différents contextes. Cette dernière expérience fait naitre une urgence, celle de saisir le moteur de cette homogénéisation et la manière dont les artistes lui résistent.

Dans cette optique, Firmin s’inscrit d à l’École Supérieure d’Art et de Design du Havre-Rouen, sous la direction de l’artiste-professeur Jean-Paul Albinet (trio Untel, connu pour l’œuvre de 1977, Vie quotidienne). En 2010, lors de sa présentation au Diplôme National Supérieur d'Expression Plastique (équivalent maîtrise), il soutient : Introduction générale au « Regard Créole ». Il y met de l’avant son imaginaire endémique raturé et jugulé par les différentes formes de colonisations (mercantile et culturelle), et propose son alphabet émotionnel.

 

2013: "Résistance" au musée Shoelcher[modifier | modifier le code]

https://maisonscreoles.net/autres-sujets/portrait/portrait-guadeloupe/ano-eddy-firmin-expression-polymorphe

2016-2018: Ego-portrait ou l’errance des oiseaux[modifier | modifier le code]

Proposé à la galerie Dominique Bouffard en février 2017, l’exposition Ego-portrait ou l’errance des oiseaux donnait à voir la restauration de certains codes du Gwoka ; pratique artistique de Guadeloupe, représentant les rythmes, chants, danses et contes hérités des esclaves.

L’un des codes les plus visibles et les plus usités est celui de la lokans (ou éloquence). Prouesses techniques alliant humour et critique sociale, ce code est l’art de plaire pour mieux dénoncer… c’est le bouclier de fleurs derrière lequel gronde l’insoumission.

Ainsi, les œuvres, toutes exécutées avec technique et minutie, sont plaisantes au regard. Mais parallèlement, elles portent toutes une critique sociale en direction des nouvelles formes d’asservissements contemporaines.

Depuis 2019: Carillon décolonial, une histoire de famille[modifier | modifier le code]

  1. https://www.lapresse.ca/arts/arts-visuels/201702/20/01-5071411-eddy-firmin-dit-ano-lesclavage-dhier-a-aujourdhui.php
  2. « Firmin dit Ano, Eddy », sur Collections | MNBAQ (consulté le )
  3. « La résolution du Tout-monde », sur Le Quotidien de l'Art (consulté le )
  4. « Art des Caraïbes-Amériques », sur www.reseau-canope.fr (consulté le )
  5. « Qui sommes-nous », sur cca-martinique.com
  6. « Lélévation - Tohu-bohu poétique d'artiste peintre - Ibis Rouge Editions », sur www.ibisrouge.fr (consulté le )
  7. (ja) « アーティスト・イン・レジデンス/Artist in Residence – AIR 滞在中のアーティスト » (consulté le )
  8. Ministère de la Culture, « La cathédrale de Basse-Terre », sur www.culture.gouv.fr
  9. « EGO PORTRAIT OU L’ERRANCE DES OISEAUX – Eddy Firmin dit Ano », (consulté le )
  10. Posté par aicasc, « Eddy Firmin dit Ano : EGOPORTRAIT ou l’errance des oiseaux », sur Aica Caraïbe du Sud, (consulté le )
  11. Revue Ex_situ, « Nous sommes ici, d’ici : l’art contemporain des Noirs canadiens au MBAM », sur EX_SITU, (consulté le )
  12. « Nous sommes ici, d’ici : l’art contemporain des Noirs canadiens, exposition du 12 mai au 16 septembre au Musée des beaux-arts de Montréal », sur Réseau Art Actuel, (consulté le )
  13. « Nous sommes d'ici: onze nuances de noir », sur La Presse, (consulté le )
  14. « Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) », sur www.facebook.com (consulté le )
  15. « Carillon décolonial : une Histoire de famille », sur Art Mur (consulté le )
  16. (en-US) « Actualités – Minorit'Art » (consulté le )
  17. MBAM, « Découvrir le musée », sur www.mbam.qc.ca
  18. Eddy Firmin, « Méthode bossale, pour un imaginaire et une pratique visuelle décolonisés », {{Article}} : paramètre « périodique » manquant, Université du Québec à Montréal,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. Posté par aicasc, « Art Mûr donne « carte noire » à Eddy Firmin à l’automne 2021 », sur Aica Caraïbe du Sud, (consulté le )
  20. « ANO Thierry (Eddy Firmin, dit) », sur gens de la caraïbe (consulté le )
  21. « Ano (Eddy FIRMIN) », sur www.potomitan.info (consulté le )
  22. « Art Contemporain de la Caraibe & des Amériques », sur www.potomitan.info (consulté le )