Utilisateur:Maurilbert/persperctive

En photographie et cinématographie, la déformation de la perspective désigne deux phénomènes:

• l'impression qu'un élément de la scène est anormalement grand par rapport au reste de la scène ;
• l'apparent manque de distance entre des objets situés sur des plans différents.

Facteurs

La déformation de la perspective n'est essentiellement causée que par un seul facteur: l'incompatibilité de la distance depuis laquelle la photo a été prise avec la distance à laquelle on regarde la photo. La distance orthoscopique est la distance de visionnement nécessaire pour restituer correctement l'objet photographié. En examinant une photo de plus proche ou de plus loin que cette distance, la perspective parait faussée, car l'angle sous lequel les objets ont été photographiés ne correspond pas à l'angle sous lequel on les regarde sur la photo.

• Pour un format de pellicule de 24 x 36, une distance focale de 50 mm correspond à peu près à la vision de l'œil humain. C'est d'ailleurs l'équipement standard de nombreux appareils photos. Un tirage de 10 x 15 cm, par exemple, devrait être regardé à 20 cm de distance.
• Les objectifs grand-angle ont des distances focales de 24 ou 18 mm. Dans ce cas les objets proches de l'appareil apparaîtront exagérément élargis par rapport à ceux de l'arrière-plan. Il faudrait regarder une telle photo en la tenant très près de son nez pour qu'elle apparaisse réaliste. Prenons l'exemple des portraits de face. Avec un objectif grand-angle, ils restituent un nez épaté et des traits déformés. On peut en particulier l'observer avec un objectif grand-angle pour photographier ou filmer un objet proche (William Klein a beaucoup utilisé ce procédé). Pour obtenir de bons résultats, on prend souvent les portraits avec des téléobjectifs de distance focale modérée, entre 85 et 105 mm.
• Les objectifs à longue focale (85 mm et plus) donnent l'impression de réduire les distances entre les objets. Là encore, une photo prise de cette façon semblerait réaliste si on la regardait depuis une distance suffisante. Une photo de 10 x 15 cm prise avec un objectif de 100 mm de focale devrait être regardée à 41 cm.

Les quatre photos au bas de cet article illustrent visuellement l'effet de déformation de la perspective. L'objet au premier plan a été cadré de façon la plus similaire possible entre chaque prise de vue. Le photographe a utilisé quatre objectifs différents, allant de 100 mm à 28 mm de distance focale. Pour compenser le changement d'angle de vue, il s'est à chaque fois rapproché du sujet. Le sujet au premier plan reste à peu près stable, mais le fond de l'image varie considérablement. On remarque d'ailleurs qu'avec l'utilisation de la plus courte focale (dernière image), la structure de bois commence elle aussi à être déformée dans sa perspective (cf remarque sur les portraits).

• 
  100 mm
• 
  70 mm
• 
  50 mm
• 
  28 mm

Photos prises avec un appareil 35 mm utilisant des objectifs de 100 mm, 70 mm, 50 mm et 28 mm

Ce qui est vrai pour la prise de photo fixe s'applique naturellement dans le cinéma de façon dynamique. Le système d'augmentation continue du zoom compensant l'éloignement de la caméra (ou vice-versa), est connu sous le nom de « zoom de Hitchcock » ou travelling compensé. C'est un effet déstabilisant qui a été utilisé pour la première fois par Alfred Hitchcock dans Sueurs froides, et repris depuis dans beaucoup d'autres films.

Jacques Tati rappelait, à propos de son film Playtime, qu'il n'employait qu'une focale pour ses objectifs: la plus proche du regard humain, qui n'a aucune raison de changer pendant la narration cinématographique.