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Utilisateur:Jean Claude Yves Thomas/Brouillon

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Mariano Puga Concha

Né le 25 avril 1931

Santiago du Chili (Chili)


Mort le 14 mars 2020

(88 ans)

A Santiago du Chili (Chili)

D’un Lymphome


chilien

Église catholique


Mariano Puga Vega

Elena Concha Subercaseaux


• Université pontificale catholique du Chili

• L'école de la Grange


Mariano Puga Concha (Santiago du Chili, 25 avril 1931 - Ib., 14 mars 2020) était un prêtre diocésain chilien et militant des droits de l'homme. Connu comme "prêtre ouvrier" - pour son travail simultané d'ecclésiastique et d'ouvrier du bâtiment - il fut curé de La Legua, créateur de la Paroisse Universitaire - une institution à caractère pastoral, destinée à répondre aux besoins spirituels des étudiants, universitaires, travailleurs et population en général – et défenseur des droits de l’homme pendant la dictature militaire de ce pays.


Biographie

Première partie de sa vie

Il est né dans la propriété Concha y Toro, au cœur de Santiago, où il a grandi avec six frères dans une famille traditionnelle républicaine et aristocratique (parmi ses ancêtres figure Don Mateo de Toro Zambrano). Son père, Mariano Puga Vega était un illustre parlementaire, catholique libéral et ancien ambassadeur aux États-Unis, tandis que sa mère, Elena Concha Subercaseaux, était la petite-fille de Melchor Concha y Toro. Elle était donc directement liée aux propriétaires du vignoble Concha y Toro.

Il a fait ses études primaires et une partie de ses études secondaires à Londres, où sa famille s'était temporairement installée. De retour au Chili, il fréquenta la renommée Grange School et poursuivit ses études à l'École militaire, pour finalement entreprendre des études supérieures à l’Université Pontificale Catholique du Chili, où il abandonna ses études d'architecture pour suivre sa vocation religieuse.

Prêtrise

La vocation de Mariano Puga est née alors qu'il étudiait l'architecture, lorsqu'un travail lié au logement social l'a conduit, avec quelques collègues, dans l'humble quartier de San Manuel – commune de San Joaquín –, sur les rives du Zanjón de la Aguada, où il est entré en contact avec une extrême pauvreté. Après un temps comme volontaire auprès des nécessiteux, il choisit finalement d'abandonner ses études universitaires pour entrer au Séminaire diocésain, où il fut ordonné prêtre en 1959 et envoyé à Paris la même année pour étudier la liturgie. De là, il poursuivit ses études en Italie et Belgique, obtenant le diplôme de docteur en théologie morale, ce qui lui permettra d'assurer des cours de théologie à l'Université catholique du Chili.


Sous la dictature

À la fin de 1972, il quitte le séminaire pour s'installer à Chuquicamata, où il travaille comme prêtre ouvrier dans des entreprises de sous-traitances, où il est témoin de l'exploitation par le travail. À cette époque, son extrême fidélité à la doctrine de l'Évangile et son adhésion au mouvement des Chrétiens pour le Socialisme ont suscité des controverses et ont déterminé son départ de la paroisse et du séminaire sur idécision du cardinal Raúl Silva Henríquez, qui, dans un premier temps, a destitué les clercs ayant des positions progressistes. En 1973, il est allé apporter une assistance spirituelle aux détenus du Stade national, mais a été refoulé par les soldats qui montaient la garde aux abords du Stade.

Il est ensuite arrivé à Villa Francia, commune du quartier de la Gare Centrale de Santiago, en tant que pionnier de l'usine Corvi, une entreprise qui sera fermée après le coup d'État militaire. Le chômage l'amène à proposer ses services comme peintre de gros travaux pour les chapelles, les écoles et les entreprises de la capitale.

En juin 1974, il fut capturé alors qu'il travaillait et emmené à Villa Grimaldi et Tres Álamos, un épisode dont il se souviendra comme le pire des sept arrestations auxquelles il fut soumis pendant la dictature.

Au milieu des années 80, il a eu une entrevue avec le général Augusto Pinochet, alors chef de la dictature militaire, et son ancien professeur au collège militaire, à qui il a fait un tableau sans concession de la situation des droits de l'homme qui affectait les opposants politiques.

Après un bref exil au Pérou, il retourne au Chili pour rejoindre la Bourse du chômage avec laquelle le Vicariat de Solidarité cherchait à atténuer la crise du travail et économique des années 1980.

En 1987, il participe à la visite au Chili du pape Jean-Paul II, où il tente de contenir les troubles survenus lors de la messe que le Souverain Pontife de l'époque célébrait au parc O'Higgins.

Pendant douze ans (1980-1992), il a travaillé à Pudahuel , créant la communauté « Oscar Romero » et puis dans le quartier de La Legua, où il est resté et a exercé une activité d'organisation sociale jusqu'en 2002.


Après la fin de la dictature

Après le retour à la démocratie, Mariano Puga a choisi de s’investir dans la région de Los Lagos, plus précisément dans la ville de Colo (île de Chiloé), pour poursuivre son travail pastoral et missionnaire auprès des « fiscales ». Plus tard, il revint s'installer à Villa Francia.

En 2009, il a reçu le prix Héros de la Paix, décerné chaque année par l'Université Alberto Hurtado. La cérémonie, organisée au Congrès national, était présidée par Michelle Bachelet, alors présidente du Chili.

En 2016, il a assisté à la messe au cours de laquelle dix prisonniers de la prison de Punta Peuco ont symboliquement demandé pardon pour les crimes commis pendant la dictature. En but à de vives critiques pour sa participation à cette activité, Puga a déclaré : « Il ne peut y avoir de pardon s'il n'y a pas de réparation, de contribution à la justice et de partage des informations qu'ils connaissent et qu'ils n'ont pas présentées aux tribunaux. »

En 2018, il s'est joint aux manifestants protestant contre l'évêque d'Osorno, Juan Barros (accusé d'avoir dissimulé des abus sexuels par l'ancien curé Fernando Karadima Fariña), lors de la visite du pape François au Chili. En outre, à la fin de cette même année, il a fait l'objet d'une enquête contre lui par la Délégation pour la Vérité et la Paix - une entité subordonnée à l'Archevêché de Santiago -, après des plaintes pour abus de pouvoir et de conscience. Bien que les accusations aient été retirées au cours du processus, l'Église a finalement décidé de sanctionner le prêtre pour « usage arbitraire de la liturgie », ce qui a donné lieu à diverses manifestations de soutien à son égard sur les réseaux sociaux.

En 2019, alors qu’il vit à Villa Francia, il se rend aux Philippines pour la Rencontre Mondiale de la Fraternité Jesus Caritas. De retour au Chili, il commence un traitement pour le cancer lymphatique qui l'a atteint en avril de la même année.

Après les mouvements sociaux d'octobre dans ce pays, Mariano Puga a soutenu la manifestation populaire à travers une lettre intitulée "Le réveil ne doit plus jamais s’éteindre !", publiée sur le site Internet du Comité pour la défense et la promotion des droits de l'homme de La Legua.

Début 2020, et malgré sa maladie, il est retourné à Chiloé visiter la communauté de Colo, commune de Quemchi, où il a rencontré un grand nombre de fidèles de cette zone pastorale qu'il assistait depuis des années, qu’il avait formés et soutenus.

Le 25 février, il a présidé une messe devant le Palais de justice de Santiago pour exiger la liberté des personnes détenues après la crise sociale. Tous étaient en détention préventive dans des prisons et dans des centres du Service national des mineurs (Sename). Cette célébration a été organisée par le coordinateur du 18 octobre et le groupe familial de Santiago 1.

Le 3 mars, à 88 ans, il écrit une lettre dans laquelle il s’adresse de manière vigoureuse aux religieux catholiques chiliens (voir ci-dessos). Depuis l'Hôpital de l'Université Catholique, où il a été admis, il réaffirme son engagement pour les Droits de l'Homme et envers les proches des « prisonniers politiques assassinés, aveuglés, réduits au silence et emprisonnés à la suite de la protestation sociale du 18 octobre jusqu'à aujourd'hui »

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Voici sa lettre : « Hôpital de l’Université Catholique, 3 mars 2020

Frères prêtres, Mardi dernier, à 10h30, devant le Palais de Justice de Santiago, nous avons célébré le Repas du Seigneur Jésus avec des centaines de personnes qui rêvent d'un Chili différent. Surtout avec les proches des personnes assassinées, prisonniers politiques, aveuglés, sréduits au silence et emprisonnés à la suite de la protestation sociale du 18 octobre jusqu'à aujourd'hui. Nous nous souvenons également des policiers blessés, des commerçants et des habitants des quartiers dont les droits ont été violés, de ceux qui ont été agressés et violentés. « Tout ce que vous avez fait au plus petit de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait » (Mt 25).

En prenant connaissance de la réalité sociopolitique des proches des victimes, j'ai remarqué que très peu d'entre eux se sentaient en communion avec l'Église, même si beaucoup admirent Jésus et son message. C'est la première impression que j'ai. Je n'avais jamais fait l'expérience d'une « Église en voie de disparition » qui exigeait une catéchèse improvisée de l'Eucharistie pour ce monde. Le pape François nous a dit : « l'Eucharistie n'est pas une récompense pour les bons, mais une force pour les faibles » et je l'ai répété de toutes mes forces. La deuxième impression que j'ai eue a été de voir le nombre de personnes qui ont communié avec le corps et le sang du juste, Jésus de Nazareth.

Durant ces mois nous avions essayé de communier avec le corps du Christ, fusillé, endommagé, mutilé, assassiné... N'était-il pas cohérent de communier avec le corps du Christ ?... « Celui qui mange le Corps du Christ indignement mange sa propre condamnation » (1 Co 11, 27). Avec douleur, j'ai dû réaliser que nous n'étions que deux prêtres à partager la Cène du Seigneur avec cette foule de personnes. Que se passe-t-il ? Est-ce  une Église en voie de disparition que nous demande le cher pape François ?

Après tant de solidarité partagée, avec ces frères crucifiés... Est-il justifié que seulement deux prêtres aient accompagné ces personnes le jour où nous avons dénoncé leur douleur ? « À quoi sert la foi si elle n’a pas les œuvres ? (Jacques 2, 14) » Avec qui communions-nous ? Avec le Christ ?


La maladie et la mort

Mariano Puga est mort le 14 Mars 2020 d’un lymphome. Lors de ses obsèques, un cortège de plusieurs dizaines de milliers de personnes a accompagné son cercueil de la Minga (Villa Francia) à l’église San Francisco. Dans ses dernières volontés, il a demandé que son corps soit incinéré et ses restes « dispersés au vent » dans différentes parties du Chili et du monde. C’est ce qui a été fait. à Digna Rosa, Villa Francia, dans sa maison familiale de Junquillos, à Chiloé et à Paris.