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Utilisateur:Gabegiasme/Brouillon/Brouillon Anthropémie

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l'anthropémie [1] est un mot inventé de toute pièce par Claude Lévi-Strauss dans son œuvre Tristes tropiques.

L'écrivain émaille son récit de ses études anthropologiques au Brésil de plusieurs réflexions ; philosophiques, sociologiques, etc.

L'une des plus forte est une critique de la justice par l'exclusion, de la prison. Il soutient son propos en partant d'une confrontation de mœurs qu'il accentue à l'aide d'une opposition lexicale (anthropophagie et anthropémie ; absorption et exclusion). Pour ce faire il créé ce vocable d'anthropémie dont il défend brièvement « l'horreur profonde » au regard d'autres conceptions sociales pourtant réputées primitives.

L'envergure de l'auteur, celle de son œuvre et la force du propos font de ce dernier une citation assez courue des essais et devoirs de philosophie ou de sociologie. Avec souvent un sens élargie et donc partiellement fidèle.


Racine et définition

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Le mot est simplement construit à partir de l'affixe grec anthropo, homme (espèce) et de la terminaison grecque émien, vomir.

Il sert dans son contexte unique à stigmatiser le comportement d'une sociétés à écarter des individus. Il est employé par opposition à l'anthropophagie que Claude Lévi-Strauss défini par ailleurs comme la capacité d'une société à assimiler les vertus d'autrui ou à neutraliser son pouvoir.


« Prenons le cas de l'anthropophagie qui, de toutes les pratiques sauvages, est sans doute celle qui nous inspire le plus d'horreur et de dégoût.

[…] Mais surtout, nous devons nous persuader que certains usages qui nous sont propres, considérés par un observateur relevant d'une société différente, lui apparaîtraient de même nature que cette anthropophagie qui nous semble étrangère à la notion de civilisation. Je pense à nos coutumes judiciaires et pénitentiaires. À les étudier du dehors, on serait tenté d'opposer deux types de sociétés celles qui pratiquent l'anthropophagie, c'est-à-dire qui voient dans l'absorption de certains individus détenteurs de forces redoutables le seul moyen de neutraliser celles-ci, et même de les mettre à profit ; et celles qui, comme la nôtre, adoptent ce qu'on pourrait appeler l'anthropémie (du grec émein, vomir) ; placées devant le même problème, elles ont choisi la solution inverse, consistant à expulser ces êtres redoutables hors du corps social en les tenant temporairement ou définitivement isolés, sans contact avec l'humanité, dans des établissements destinés à cet usage. À la plupart des sociétés que nous appelons primitives, cette coutume inspirerait une horreur profonde ; elle nous marquerait à leurs yeux de la même barbarie que nous serions tentés de leur imputer en raison de leurs coutumes symétriques.

[…] Plutôt que de consommer quelques-uns de nos semblables, nous préférons les mutiler physiquement et moralement. »

— Tristes tropiques, 1955

Notes et références

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  1. Tristes tropiques, Neuvième partie - Le retour ; chapitre XXXVIII – Un petit verre de rhum, 1955

Bibliographie

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