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La Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme est aussi connue sous le nom de Commission Laurendeau-Dunton en l'honneur d'André Laurendeau, rédacteur en chef et journaliste pour Le Devoir, et de Davidson Dunton, recteur de l'Université Carleton et président de la Société Radio-Canada, qui en ont pris la présidence[1] .Au tournant des années 1960 au Québec, on retrouve une montée du nationalisme francophone, car la population française ne se sent pas considérée dans la seule province . Ce nationalisme francophone dénonce la présence majoritairement d'anglophones dans les hautes sphères du travail[2]. La mise en place de la Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme s'inscrit dans une tentative du gouvernement pour que celui-ci puisse ajuster ces politiques en vue d'une égalité entre les deux peuples fondateurs. Elle est instaurée par le gouvernement libérale de Lester B. Pearson le 19 juillet 1963 qui a pour mandat « faire enquête et rapport sur l’état présent du bilinguisme et du biculturalisme au Canada et recommander les mesures à prendre pour que la Confédération canadienne se développe d’après le principe de l’égalité entre les deux peuples qui l’ont fondée, compte tenu de l’apport des autres groupes ethniques.[3] » La commission publiera en 1965 un rapport préliminaire qui soulignera l'état critique du bilinguisme et du biculturalisme. En 1969, la Commission Laurendeau-Dunton publiera ses observations et ses recommandations dans un rapport final.

Origine de la Commission[modifier | modifier le code]

L'idée de mettre en place une Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme n'est pas sortie de nulle part. Le gouvernement du Québec et du Canada pouvait voir les différends avant-coureurs de l'insatisfaction du peuple francophone au Québec quant à la place réservée à leur langue et à leur culture. Cette section sera consacrée au contexte social et au contexte politique qui entoure la mise en place d'un contexte propice à une commission d'enquête.

Contexte social[modifier | modifier le code]

Les concepts du bilinguisme et du biculturalisme ne sont pas des idées nouvelles. Ces derniers sont apparus dans les discours majoritairement francophone au cours des décennies précédentes la mise en place de la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme démontre le malaise des deux peuples et du désir de faire changer les choses chez les dirigeants de ce pays. « Les relations entre les francophones et les anglophones sont ponctuées de tensions cristallisées lors d’évènements comme les deux crises de la conscription. Avec l’avènement d’un nationalisme plus revendicateur dans le Québec des années 1960, le mur qui séparait les « deux solitudes » semble de plus en plus infranchissable[4]. » Le peuple dans la province du Québec est divisé en deux par une majorité de francophones et une minorité d’anglophones cependant, ces derniers contrôlent des secteurs importants comme les finances, les commerces et les grandes industries ce qui laisse peu de place aux francophones pour se démarquer dans la société québécoise et même canadienne[5] . Au Canada, il y a toujours eu le problème de la langue entre les francophones et les anglophones. Dans les années 1960, ce problème se fait bien sentir en littérature, l’apparition de roman comme « Two Solitudes » d’Hugh MacLennan, l’apparition de travaux universitaires et l’apparition de revue comme « Exchange » qui fait la promotion de dialogue entre ces deux peuples [4]. Avec ces ouvrages littéraires, on s’aperçoit que la volonté de réconciliation entre les peuples francophones et anglophones est bien présente.

Un autre facteur qui manifeste les inégalités entre le peuple francophone et le peuple anglophone est l’affaire Donald Gordon. En 1962, un an avant la mise en place de la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, le président de la compagnie Canadian National se fait interroger sur le fait que parmi les différents vice-présidents aucun d’entre eux n’était francophone. Ce dernier s’explique en mentionnant que « les francophones n’ont pas nécessairement les compétences requises pour pourvoir ces postes[6].» Une telle déclaration fait scandale au Québec, car l’on rabaisse ce peuple qui n’aurait pas les qualités pour avoir des postes importants dans les entreprises anglophones.

Un an avant la mise en place de cette commission, le journaliste André Laurendeau est l’un des premiers à faire mention que la tenue d’une Commission royale d’enquête pour trouver une solution pour l’insatisfaction des Québécois dans leur propre pays, car leur langue et leur culture est mise de côté pour celle des anglophones.[1].

Contexte politique[modifier | modifier le code]

Au Québec dans les années 1960, le mouvement nationaliste francophone prend de plus en plus d’ampleur, car ce peuple réclame de meilleures conditions dans lequel évoluer. Pour les francophones ce problème passe majoritairement par leur langue maternelle. Les relations entre la population francophone et la population anglophone sont de plus en plus tendues, car l’un de ces deux peuples n’a pas les mêmes privilèges que l’autre dans son propre pays et dans sa propre province où la majorité de la population est francophone. Plusieurs responsables politiques observent cette montée et voient un réel problème au sein d’un pays qui se dit unifié[7] . En 1963, le gouvernement libéral du premier ministre canadien Lester B. Pearson met en place la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, car ce dernier voit une crise imminente si les choses ne changent pas rapidement.[1].

Mandat de la Commission[modifier | modifier le code]

À la suite de l’instauration de la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme par Lester B. Pearson les dirigeants et les dix commissaires de celle-ci se sont entendus sur le mandat de la Commission d’enquête.

Ce mandat devra être en mesure de :

« … faire enquête et rapport sur l’état présent du bilinguisme et du biculturalisme au Canada et recommander les mesures à prendre pour que la Confédération canadienne se développe d’après le principe de l’égalité entre les deux peuples qui l’ont fondée, compte tenu de l’apport des autres groupes ethniques… »,

« … présenter des recommandations de nature è assurer le caractère bilingue et fondamentalement biculturel de l’administration fédérale »,

« … faire un rapport sur le rôle dévolu aux institutions tant publiques que privées … en vue de favoriser le bilinguisme… ainsi qu’une compréhension plus répandue du caractère fondamentalement biculturel de notre pays… »,

« … discuter avec les gouvernements provinciaux… les occasions qui sont données aux Canadiens d’apprendre le français et l’anglais et présenter des recommandations sur les moyens à prendre pour permettre aux Canadiens de devenir bilingues[1].

Pour faire enquête sur l’état du bilinguisme et du biculturalisme au Canada, cette commission sera composée de dix commissaires. Pour se partager la tâche de la présidence, André Laurendeau et Davidson Dunton endosseront cette responsabilité. Ensuite, pour bien représenter la population canadienne, il y aura trois commissaires francophones Jean-Louis Gagnon, Jean Marchand et le Père Clément Cormier, il y aura aussi trois commissaires anglophones Frank Scott, Gertrude Laing et Royce Frith et il y aura deux commissaires allophones Yaroslav Rudnyckyi et Paul Wyczynski qui maitrisent le français et l’anglais[8]. Tous ces commissaires sont des membres importants dans leur communauté certains d’entre eux sont des journalistes, des professeurs d’université, des avocats, des présidents de société et même un clerc. Avec cette diversité au sein de la commission d’enquête, cette dernière s’assurait d’avoir une représentativité de la population canadienne et de pouvoir avoir tous les points de vue des différentes populations. Au cours de la définition du mandat de la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, un point est soulevé par les commissaires en ce qui concerne les autres peuples qui sont venus s’installer au Canada[9]. La question est de savoir s’il y a seulement deux peuples soit anglophone et francophone dans ce pays ou est-ce qu’il y en a plus que deux?

Déroulement de la commission[modifier | modifier le code]

La Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme s'est déroulée de 1963 jusqu'en 1969, pour bien comprendre les observations faites dans tout le pays et des différentes recommandations faites au gouvernement fédéral, cette section se focalisera sur le déroulement de la commission.

Pour être en mesure de bien faire état de la situation du bilinguisme et du biculturalisme au Canada, André Laurendeau et Davidson Dunton vont se déplacer partout au pays pour rencontre tous les premiers ministres des dix provinces. Le résultat de ces différentes rencontres a permis aux commissaires d’avoir une réponse claire concernant le bilinguisme et le biculturalisme dans les différentes provinces. De plus, les commissaires se rencontraient quelques jours par mois pour discuter des différents aspects reliés au biculturalisme et du bilinguisme dans les champs tels que l’éducation, la communication, le monde du travail et plusieurs autres et discutaient des différentes études parues sur le sujet de la Commission royale d’enquête[10] .

Dans le même ordre d’idées, les commissaires ont voulu entendre ce que les différents milieux concernés par cette commission pouvaient en penser, donc ces derniers on mis en place des rencontres régionales. Avec un total de vingt-trois rencontres, les citoyens pouvaient émettre leur opinion concernant la Commission Laurendeau-Dunton et de cette manière, les commissaires pouvaient avoir l’avis des citoyens francophones et des citoyens anglophones [11].  

Rapport préliminaire[modifier | modifier le code]

Un rapport préliminaire est publié en 1965 à la suite de deux ans de compilations de données et de rencontres effectuées partout au Canada. Les commissaires ont pris la tâche d’écrire clairement les premières constatations de la Commission Laurendeau-Dunton sur les sujets du bilinguisme et de biculturalisme. En se basant sur les études, les rencontres avec les premiers ministres de chaque province et des rencontres régionales et des Travaux scientifiques, les commissaires ont facilement brossé un tableau qui se rapproche fortement de la réalité vécue par le peuple francophone[5]. Ce rapport préliminaire montre au gouvernement que la crise entre le peuple francophone et anglophone est bien réelle et qu’il faudra rectifier la situation lors de la publication du rapport final et de ses recommandations

Rapport final[modifier | modifier le code]

À la suite de l'enquête de la Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme qui a débuté en 1963 et qui s'est terminé en 1969 avec la publication du rapport final en six volumes chacun traitant d'un sujet différent.

  • Les langues officielles (1967)
  • L'Éducation (1968)
  • Le monde du travail (statut socio-économique, administration fédérale, secteur privé, 1969)
  • L'apport culturel des autres groupes ethniques (1969)
  • La capitale fédérale (1970)
  • Associations bénévoles (1970)

Dans ces différents volumes, les dix commissaires traitent des observations faites durant les rencontres et les dialogues et traitent des recommandations faites au gouvernement pour l’égalité entre les deux peuples fondateurs. Lorsque l’on parle d’une égalité entre les peuples francophones et anglophones, on parle plutôt d’une remise à niveau des différentes inégalités faites au peuple francophone dans une administration fédérale qui était majoritairement anglophone. De plus, l’une des grandes recommandations faites au gouvernement fédéral canadien de la part de la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme fut de demander que le français et l’anglais soient reconnus comme langue officielle dans ce pays[2]. Dans le rapport final, les recommandations sont axées sur l'amélioration de l'étendue du bilinguisme dans l'administration fédérale, sur l'amélioration des différentes occasions offertes aux Canadiens de pouvoir devenir bilingue en anglais et en français et l'amélioration du rôle des organismes publics et privés pour faire la promotion de meilleures relations culturelles.

Retombées de la Commission[modifier | modifier le code]

À la suite de la publication des différents volumes du rapport final de la Commission Laurendeau-Dunton qui mettent de l’avant des recommandations pour faciliter l’intégration du bilinguisme dans les différentes institutions tant privées que publiques. Dans ce sens, le gouvernement du premier ministre Pierre-Elliott Trudeau adoptera la Loi sur les langues officielles, en 1969, qui reconnait officiellement la langue française et la langue anglaise au Canada. Cette loi permet aux francophones de pouvoir se faire servir en français dans les institutions fédérales à travers le pays[12]. Cependant, cette loi ne sera pas appliquée partout au pays et il y aura des réformes de cette loi qui suivront pour s'ajuster avec les différents changements au fil du temps[12].

En 1971, le gouvernement de Pierre-Elliott Trudeau adoptera la politique du multiculturalisme qui est plus inclusive que la politique du biculturalisme qui reconnait seulement la culture anglophone et francophone, mais le Canada est fait de plusieurs cultures. Pour le premier ministre Trudeau, le Canada a deux langues officielles, mais il n’y a aucune culture officielle[13].

Ceux deux politiques adoptées à la suite de la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme favorisera le peuple francophone du Canada, mais aussi elles faciliteront l’arrivée de nouveaux immigrants qui viennent s’installer au pays.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d « Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme | l'Encyclopédie Canadienne », sur www.thecanadianencyclopedia.ca (consulté le )
  2. a et b « Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme | l'Encyclopédie Canadienne », sur www.thecanadianencyclopedia.ca (consulté le )
  3. Laurendeau, André., Journal tenu pendant la Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, Vlb éditeur/le septentrion, (ISBN 2-89005-396-2 et 978-2-89005-396-0, OCLC 22204408, lire en ligne), p.27
  4. a et b Valérie Lapointe-Gagnon, « Les origines intellectuelles de la commission Laurendeau-Dunton : de la présence d’une volonté de dialogue entre les deux peuples fondateurs du Canada au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, 1945-1965 », Mens: Revue d'histoire intellectuelle et culturelle, vol. 14-15, nos 2-1,‎ , p. 142-143 (ISSN 1492-8647 et 1927-9299, DOI 10.7202/1035529ar, lire en ligne, consulté le )
  5. a et b « Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme | l'Encyclopédie Canadienne », sur www.thecanadianencyclopedia.ca (consulté le )
  6. « Déclaration controversée du président du Canadien National, Donald Gordon », sur bilan.usherbrooke.ca (consulté le )
  7. Valérie Lapointe-Gagnon, « Les origines intellectuelles de la commission Laurendeau-Dunton : de la présence d’une volonté de dialogue entre les deux peuples fondateurs du Canada au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, 1945-1965 », Mens: Revue d'histoire intellectuelle et culturelle, vol. 14-15, nos 2-1,‎ , p. 154 (ISSN 1492-8647 et 1927-9299, DOI 10.7202/1035529ar, lire en ligne, consulté le )
  8. André Laurendeau, « Journal tenu pendant la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme », VLB éditeur,‎ , p. 30
  9. André Laurendeau, « Journal tenu pendant la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme », VLB éditeur,‎ , p. 36
  10. André Laurendeau, « Journal tenu pendant la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, Montréal », VLB éditeur,‎ , p. 31-32
  11. André Laurendeau, « Journal tenu pendant la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme », VLB éditeur,‎ , p. 36 à 38
  12. a et b Paul Laurendeau, « Loi sur les langues officielles (1969) | l'Encyclopédie Canadienne », sur thecanadianencyclopedia.ca (consulté le )
  13. Jean Burnet & leo Driedger, « Multiculturalisme | l'Encyclopédie Canadienne », sur thecanadianencyclopedia.ca (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • André Laurendeau, Journal tenu pendant la comiission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, Québec, VLB, 385 p.
  • Céline Cooper & G. Laing, « Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme », sur Encyclopédie canadienne
  • Jean Burnet & Leo Driedger, « Multiculturalisme », sur Encyclopédie canadienne, (consulté le )
  • Valérie Lapointe-Gagnon, « Les origines intellectuelles de la commission Laurendeau-Dunton : de la présence d'une volonté de dialogue entre les deux peuples fondateurs du canada au lendemain de la Seconde Guerre mondiale », Mens,‎ printemps-automne 2014, p. 131-173 (lire en ligne)
  • Paul Laurendeau, « Loi sur les langues officielles (1969) », sur Encyclopédie canadienne (consulté le )
  • Dir. Jean-Herman Guay, « Déclaration contreversé du président du Canadien National, Donald Gordon », sur Bilan du siècle
  • Valérie Lapointe-Gagnon, « De l'atteinte de l'égalité entre les «deux peuples fondateurs» : débats sur le bilinguisme à la commission Laurendeau-Dunton », Bulletin d'histoire politique,‎ hivers 2018, p. 91-113 (lire en ligne)

Article connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]