Utilisateur:DrGrototo/Brouillon/Scheherazade

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Brouillon de réécriture des sections Schéhérazade (Rimski-Korsakov)#Forme de composition et Schéhérazade (Rimski-Korsakov)#Musique. Certains passages de l'analyse linéaire de l'œuvre sont repris de la page en anglais. Cette dernière fait beaucoup référence à l'ouvrage

(en) Steven Griffiths, A Critical Study of the Music of Rimsky-Korsakov, 1844-1890, Garland, (ISBN 978-0-8240-0197-1)

auquel je n'ai pas réussi à avoir accès pour vérification.


Thèmes et motifs[modifier | modifier le code]

Deux thèmes tiennent une place importante tout au long de l'œuvre: il s'agit du thème du sultan et de celui de Schéhérazade, énoncés successivement en ouverture de la pièce[1],[2]:

Les deux thèmes principaux du premier mouvement, énoncé tour à tour en ouverture de l'œuvre. Le premier (Largo e maestoso) est associé au sultan, tandis que le second (Lento) est le thème de Schéhérazade.

Le thème de Schéhérazade, joué par le violon solo en introduction aux premier, second et quatrième mouvements, ainsi qu'en intermède dans le troisième, représente, selon le compositeur, Schéhérazade elle-même narrant ses histoires au sultan[1]. Lors de sa première intervention, cette mélodie sinueuse énoncée par un instrument soliste s'oppose nettement au thème du sultan, accentué, joué forte et à l'unisson dans le grave de l'orchestre[3].

En dehors du thème de Schéhérazade et de l'association du thème d'ouverture au Sultan, le compositeur récuse lui-même, dans sa Chronique de ma vie musicale[1], l'utilisation de ces variations ou de tout autre thème dans une visée narrative comme le ferait un leitmotiv :

« C'est en vain qu'on cherche des leitmotive toujours liés à telles images. Au contraire, dans la plupart des cas, tous ces semblants de leitmotive ne sont que des matériaux purement musicaux du développement symphonique. Ces motifs passent et se répandent à travers toutes les parties de l'œuvre, se faisant suite et s'entrelaçant. Apparaissant à chaque fois sous une lumière différente, dessinant à chaque fois des traits distincts et exprimant des situations nouvelles, ils correspondent chaque fois à des images et à des tableaux différents. »

Ainsi, le premier thème énoncé au début de Schéhérazade est d'abord associé au Sultan[1],[4]. Il est ensuite réemployé sous des formes modifiées, par exemple pour évoquer la mer tout au long du premier mouvement[4].

En dépit de l'affirmation du compositeur, des musicologues voient une fonction narrative à certains agencements de thèmes et motifs. C'est le cas notamment de la conclusion de l'œuvre: le quatrième mouvement se termine par un rappel du thème du sultan se superposant à la fin du thème de Schéhérazade joué par le violon solo. Le thème du sultan se présente, cette-fois ci, sous une forme adoucie: il est joué pianissimo par les cordes graves seules, sans accent et avec un rythme assoupli[3].

Extrait de la fin du 4e mouvement, montrant la superposition de la note tenue de fin du thème de Schéhérazade au violon superposée au thème du Sultan adouci joué par les cordes graves.

Il est possible d'y voir une évocation de la transformation du sultan au dénouement des Mille et Unes Nuits où la personnalité de Schéhérazade prend finalement le dessus sur la nature violente du roi[3].

Analyse[modifier | modifier le code]

La mer et le vaisseau de Sinbad[modifier | modifier le code]

Le mouvement s'ouvre sur l'énoncé des thèmes du sultan et de Schéhérazade. Entre les deux s'intercalent des accords joués pianissimo par les bois suivant une formule qui cite directement l'ouverture du Songe d'une nuit d'été de Mendelssohn[5]. Alors que l'ouverture du mouvement est en mi mineur, la cadence du thème de Schéhérazade se résout en mi majeur sur l'évocation du vaisseau de Sinbad[4]. L'écriture utilise une variation du thème du sultan superposée à des arpèges joués par les violoncelles pour évoquer la mer:

Extrait du début de l'Allegro non troppo du premier mouvement de Schéhérazade, œuvre de Rimsky-Korsakov. L'image se focalise sur les cordes: on voit le thème joué par les violons I et II et l'accompagnement d'arpège des violoncelles

Le récit du prince Kalender[modifier | modifier le code]

Ce mouvement suit une structure de type thème et variation[6]. Il se base sur un thème dérivé du thème de Schéhérazade[2],[4]:

Il est énoncé d'abord au basson, puis repris par le hautbois, les violons et enfin tous les bois, les accents du thème étant alors marqués par les cordes.

Cette première partie est interrompue par une section rapide où émerge un nouveau thème aux accents guerriers, dérivé de celui du sultan[2],[4], d'abord entonné par le trombone puis la trompette. La coda du mouvement fait réentendre le thème du sultan.


Le jeune prince et la jeune princesse[modifier | modifier le code]

Andantino quasi allegrettoPochissimo più mossoCome primaPochissimo più animato

Ce mouvement est basé sur deux thèmes construits sur les mêmes motifs[6] mais dont le caractère et l'accompagnement diffèrent, chacun étant attribué à l'un des deux personnages[2],[4]. Le premier est en sol majeur et joué par les cordes:

Le second est en si bémol majeur, joué par la clarinette et notamment accompagnée par la caisse-claire. Le caractère oriental de la pièce est régulièrement souligné par des guirlandes de gammes jouées par la clarinette ou la flûte[2],[4].


Fête à Bagdad — La Mer — Le Vaisseau se brise sur un rocher surmonté d'un guerrier d'airain[modifier | modifier le code]

Le mouvement s'ouvre sur l'énoncé successifs des thèmes du sultan puis de Schéhérazade, chacun sous une nouvelle forme, avant que l'évocation de la fête ne commence[2],[4]. L'écriture réemploie des motifs des mouvements précédents[2]. Le mouvement culmine au retour du motif de la mer du premier mouvement, évoquant le naufrage[2]. Après le rappel des accords de bois de l'introduction du premier mouvement, l'œuvre se conclut sur le thème de Schéhérazade dont la fin se superpose à la reprise adoucie du thème du sultan. Dernier élement de tension: le thème du sultan se termine par une cadence en mi mineur faisant intervenir un accord de septième et quinte diminuée, tandis que le thème de Schéhérazade se résout en mi majeur[6].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d (en) Nikolaï Rimski-Korsakov, Chronique de ma vie musicale, Fayard, (ISBN 978-2-213-64574-2)
  2. a b c d e f g et h (en) François-René Tranchefort, Guide de la musique symphonique, Fayard, (ISBN 978-2-213-64075-4)
  3. a b et c Rebecca Anna Schreiber, « A Multiplicity of Stories: Reading Feminist Orientalism in Scheherazade.2 », Journal of the Society for American Music, vol. 16, no 2,‎ , p. 206–232 (DOI 10.1017/S1752196322000037, lire en ligne, consulté le )
  4. a b c d e f g et h (en) Daniel Gregory Mason, The Appreciation of Music, Vol. III: Short studies of great masterpieces, New York, NY, The H.W. Gray co., sole agents for Novello & co ., ltd., (lire en ligne)
  5. (en) V. V. Yastrebtsev, Reminiscences of Rimsky-Korsakov, New York, NY, Columbia University Press, (ISBN 978-0-231-05260-3, lire en ligne)
  6. a b et c (en) Steven Griffiths, A Critical Study of the Music of Rimsky-Korsakov, 1844-1890, Garland, (ISBN 978-0-8240-0197-1)