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Utilisateur:Bruno RACINE/Brouillon6Réforme des lycées professionnels

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Les réformes de la voie professionnelle scolaire et de l'apprentissage du ministère de l'Education nationale[modifier | modifier le code]

C'est une caractéristique importante du renouvèlement souhaité de la formation professionnelle par le gouvernement, que les deux ministres en charge de la voie professionnelle soient associés dans cette réforme. D'une part la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, qui est à l'initiative de la loi Avenir professionnel transformant le système de l'apprentissage pour les adultes dans sa relation avec les entreprises et dans son financement. D'autre part le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, engagé parallèlement dans les réformes des lycées professionnels et de l'apprentissage en formation initiale [1]. Cette caractéristique est stratégique quant à pouvoir faire changer le système de la formation professionnelle en France. C'est la première fois qu'existe cette unité des deux ministères autour d'un projet global de transformation. Dans cette mutation, l'initiative vient de l'extérieur de l'Education nationale, en même temps que cette dernière y a été assez profondément associée dans différents volets de la réforme (apprentissage, orientation, ...). Chacun des ministères gardant ses prérogatives.

Logo du Ministère de l'Education Nationale et de la Jeunesse 2018-2020

Parallèlement à l'élaboration de la loi Avenir professionnel, le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a confié une mission sur l'avenir de la voie professionnelle à une équipe menée par Céline Calvez, députée des Hauts-de-Seine, et Régis Marcon, chef étoilé. Le rapport « La voie professionnelle scolaire, Viser l’excellence »[2] a été remis au ministre le jeudi 22 février 2018. L'objectif de cette mission a été de « réfléchir à l'avenir de la voie professionnelle afin de la rendre plus attractive, de promouvoir la diversité des formes d'excellence, d'accroître son efficacité et de mieux accompagner les jeunes vers la réussite professionnelle ». Les principales propositions de la mission ont été reprises par le ministre.

Les principales étapes de la transformation de la voie professionnelle sont présentées par le Directeur général de l’enseignement scolaire (DGESCO), Jean-Marc Huart. A partir de la rentrée 2019, la classe de seconde rénovée est mise en place. Lieu d'innovation pédagogique avec la mise en place de la co-intervention, entre des professeurs d'enseignement général et les professeurs des disciplines professionnelles, elle permet de mieux accompagner les élèves dans le choix d'orientation d'une part, et dans le choix spécifique du baccalauréat professionnel d'autre part. La seconde devient organisée en effet autour de familles de métiers[3]. A partir de la rentrée 2020, la classe de première est rénovée, puis la classe de terminale en 2021. Celle-ci propose des modules pour les élèves qui souhaitent poursuivre des études supérieures, et des modules d'insertion pour ceux qui souhaitent s'engager dans la vie active. L'attractivité de la voie professionnelle est développée par les campus des métiers et des qualifications devenant des lieux de formation et des lieux de vie, et d'innovation, dit le DGESCO. Ils regroupent des élèves, des apprentis et des étudiants. Ces campus fédèrent les acteurs d'un secteur professionnel dans le cadre d'un partenariat avec le monde professionnel et le conseil régional. Des campus d'excellence (CMQE), autour de cahiers des charges exigeants, renouvelleront à partir de 2021 les CMQ existants dans chaque académie.

Les points clés de la réforme sont résumés dans la page intitulée : Les 12 points clés de la réforme publiée par la Direction générale de l’enseignement scolaire. Elle précise que ces campus des métiers et des qualifications d'excellence, ancrés sur les territoires, seront constitués suite à des appels à projets dans le cadre de nouveaux Projets d'investissements d'avenir dotés de 50 MF en faveur de la voie professionnelle (PIA3). Le baccalauréat professionnel nécessitera la réalisation d'un chef d'œuvre[4]. L'apprentissage a vocation à être développé dans tous les lycées professionnels.

Le point de vue de l'AFDET dans l'élaboration de la réforme de la voie professionnelle scolaire[modifier | modifier le code]

Plusieurs sections AFDET ont suivi avec attention l'élaboration de la loi et des réformes du lycée professionnel en 2017 et 2018. Cela a donné lieu à des analyses et propositions adressées au ministre en 2018[5], à des publications[6] et à des séminaires et un colloque national le 21 novembre 2019[7].

Après la publication du rapport élaboré par Céline Calvez et Régis Marcon sur la réforme de la voie professionnelle scolaire, l'AFDET a adressé une note[5] au ministre de l’Education nationale datée du 19 mars 2018. Elle salue la volonté exprimée par le Ministre de transformer en profondeur la voie professionnelle et de le faire en lien avec la concertation sur l’apprentissage. Elle présente les principes qu’elle a toujours défendus d’une formation professionnelle scolaire intégrée dans un ensemble plus large associant l’apprentissage. Elle souligne l’intérêt d’aborder la question de la formation professionnelle initiale sans opposer ses deux voies d’accès (statut scolaire et apprentissage) mais plutôt en étroite complémentarité. Elle insiste pour que cette formation initiale soit comprise comme une première étape de la formation tout au long de la vie, la formation continue prenant le relais dans le parcours de vie professionnelle de l’individu.

L’AFDET propose une innovation majeure, celle d’un statut spécifique du jeune en formation professionnelle initiale scolaire. Elle propose, pour valoriser la voie professionnelle scolaire, de la situer à égalité avec la voie de formation initiale sous contrat de travail (apprentissage) en créant un statut spécifique pour le jeune de la voie professionnelle scolaire (hors contrat de travail), le valorisant par rapport aux autres lycéens.

Si l’AFDET est d’accord sur l’ensemble des thèmes abordés dans le rapport qui initie le processus d'élaboration de la loi, elle attire l’attention sur certains leviers dont la mise en place s’avère essentielle pour atteindre l’ambition d’une véritable transformation en profondeur, de la formation professionnelle scolaire. Ces points sont autant de références de la position de l'AFDET dans les débats concernant la mise en œuvre de la loi dans les domaines suivants.

Les débats sur la mise en œuvre de l'alternance sous toutes ses formes. Dans le cas du statut scolaire, l'AFDET souligne les points suivants : l'organisation et la préparation des périodes de formation en milieu professionnel (PFMP), les relations entre les professeurs et tuteurs ou maître d'apprentissage et la pédagogie spécifique à l'alternance, les finalités de l'alternance et l'insertion professionnelle. La proposition de mise en place de modules en classe terminale est développée par l'AFDET, en distinguant les modules de préparation à l’entrée dans la vie active, à la poursuite d’études ou de spécialisation/approfondissement dans des cas spécifiques ou d'adaptation locales.

Les débats sur les parcours de formation, selon les secteurs d’activité et les familles de métiers. L'AFDET souhaite que soit facilitée la fluidité à trois niveaux au cours du parcours de formation : passage d’un statut de formation à un autre, passage d’un diplôme à un autre (même niveau ou non), reconnaissance des acquis à la sortie et avec la sécurisation des parcours. Ces débats sont reliés, pour les enseignants et les tuteurs ou maîtres d'apprentissage, à ceux sur les questions de mixité de statuts, de pédagogie de l'alternance, la place des enseignements généraux et des enseignements professionnels en rapport avec les diplômes professionnels de formation initiale dite de la co-intervention. Une évolution s’impose pour l’élaboration de leurs programmes (référentiels) mais aussi pour les pratiques pédagogiques qui doivent intégrer ces divers objectifs. L'AFDET insiste sur la démarche de projet, consubstantielle des formations professionnelles sous statut scolaire.

Le débat sur l'orientation des élèves. L’AFDET confirme la double finalité de la voie professionnelle initiale : permettre une insertion immédiate et l’accès à une formation de niveau supérieur. Du point de vue des élèves, elle propose que le passage obligatoire du jeune collégien par la « case entreprise » dépasse le strict stage de 3ème dont la durée et la portée limitées ne sauraient déterminer des choix de métiers. La découverte plus large du monde économique et du travail doit utiliser tout au long de la scolarité, toutes les ressources existantes et en particulier, inclure une approche territoriale.

L'encadrement pédagogique, comme le plaide de longue date l’AFDET, nécessite d’avoir des enseignants qui maîtrisent les savoirs, les savoirs faire et les savoir être relevant des métiers auxquels ils préparent ainsi que les codes des entreprises. Elle propose de diversifier le vivier de recrutement des enseignants en permettant plus facilement à des professionnels d’accéder à l’enseignement, et que la formation des enseignants leur donne une maîtrise de compétences pédagogiques adaptées aux diverses formes d’alternance, à la diversité des publics et à l’accompagnement individualisé des projets personnels des jeunes.

La voie technologique dans la réforme du lycée général et technologique[modifier | modifier le code]

L’AFDET est intervenue dans la réforme du lycée général et technologique en prenant acte de l’intérêt accordé à la voie technologique. Elle émet les préconisations suivantes :

L’organisation du système éducatif reste marquée par la hiérarchisation des séries au détriment notamment de la voie technologique. La voie générale est considérée le plus souvent comme la seule voie d’excellence. La voie technologique doit être positionnée à une place égale et son rôle majeur doit être reconnu dans son rôle spécifique.

La voie technologique associe le savoir et le faire, la conception et la réalisation ; elle oblige à soumettre les constructions intellectuelles à l’épreuve des faits. L’élève s’exerce au va et vient entre l’abstrait et le concret, le théorique et le pratique. Cela implique qu’elle ne soit ni exclusivement conceptuelle, ni exclusivement pratique. Sa spécificité technologique nécessite une diversité interne nécessaire basée sur de grands domaines.

Le projet relatif à la classe de seconde pour la voie industrielle où le seul horaire proposé d’une heure trente ne semble pas suffisant pour permettre de découvrir sa spécificité et sa diversité. La possibilité pour un élève de choisir, à titre dérogatoire, deux enseignements technologiques exploratoires doit devenir la règle ordinaire pour le domaine industriel.

Dans sa perspective d’élévation du niveau de qualification et de favoriser la mobilité professionnelle[8], il est important d'offrir aux bacheliers technologiques, dans la lignée de leurs études, l’accès aux différentes voies de l’enseignement supérieur sans les limiter aux seules sections de BTS : dans les Instituts universitaires technologiques, ou dans les classes préparatoires à option technologique.

L'impact de l'apprentissage dans les lycées, le point de vue des organisations syndicales[modifier | modifier le code]

Les résistances aux réformes du lycée professionnel sont diverses. Ainsi pour le secrétaire national SNUEP-FSU en charge des politiques éducatives, le rôle que le ministre assigne à la voie professionnelle est celui de « former des ouvrier.es et des employé.es 'tournes bouton'. Par ailleurs, la volonté globale du gouvernement de développer l’apprentissage, couplé à cette réforme de la voie professionnelle, est en train de transformer les lycées professionnels en « roue de secours » pour les contrats d’apprentissages rompus et pour les jeunes dont le patronat n’aura pas voulu s’occuper »[9]. En fait, les représentants des personnels sont partagés sur la réforme de la transformation de la voie professionnelle, engagée à la rentrée 2019. AEF Info fait le point en mars 2022 dans un article « Voie professionnelle : les syndicats enseignants évoquent une 'perte de sens de leur métier' au terme du quinquennat »[10].

Pour Olivier Beaufrère, secrétaire national éducation et pédagogie au SNPDEN-Unsa[11], Syndicat national des personnels de direction de l'Éducation nationale - Union nationale des syndicats autonomes, il s'agit d'un « projet important dans son ampleur », le lycée professionnel ayant été « pleinement animé par la transformation de la voie professionnelle ». « Sa mise en œuvre a toutefois été 'télescopée par la crise sanitaire', et nous avons 'besoin d’un cycle complet' afin 'de voir le fonctionnement d’ensemble' de la réforme pour en 'faire une analyse' et 'voir les leviers à actionner' pour l’affiner ». « La co-intervention permet une autre construction de l’équipe pédagogique, avec l’élève au cœur du dispositif ». « Le chef-d’œuvre est 'intéressant' en ce qu’il se concrétise, selon les familles de métiers, par la production d’un 'objet fini' ». Concernant les enseignants,« ils ont été interpellés par les programmes rénovés et les volumes horaires changés », admet Olivier Beaufrère. « Les 'temps de formation, d’accompagnement' que ces évolutions ont nécessité 'ont été là' », assure-t-il, et ce malgré le contexte sanitaire.

Pascal Vivier du Snetaa-FO[12], syndicat national de l'enseignement technique-Force ouvrière, « regrette le manque d’accompagnement et de formation des enseignants aux nouveautés introduites par la réforme ». Sur le fond, le représentant de la première organisation syndicale de la voie professionnelle juge que « la réforme a entraîné une 'vraie transformation de la pédagogie', notamment en passant de cours traditionnels à la co-intervention ». S''il n’y a donc pas eu de perte d’heures de cours', l’enseignant pointe toutefois le manque d’accompagnement, sur le terrain, aux 'pédagogies nouvelles'. À son sens, « la réforme s’est faite très vite, sans que les inspecteurs aient été formés eux-mêmes ». Pour ce chef d’établissement, « il nous faut encore du temps pour investir l’accompagnement personnalisé des élèves ». Aussi, il voit les PFMP, périodes de formation en milieu professionnel, « inchangées par la réforme, comme 'un levier à travailler' ». Le représentant du Snetaa poursuit : « Les différents aspects de la réforme ont été 'discutés, négociés, pour qu’elle ne nous soit pas négative en termes d’emplois' ». Aussi, il se montre satisfait qu’il y ait « autant d’ETP, Équivalents temps plein, qu’il y a 5 ans », alors que « la réforme initialement prévue par le ministre couplée à la refonte des grilles horaires devait conduire à la suppression de 1 800 emplois de PLP (Professeurs de lycée professionnel). En somme, "le taux d’encadrement est meilleur, mais on n’est pas plus heureux ».

Pour Axel Benoist, du Snuep-FSU[13], Syndicat national unitaire de l'enseignement professionnel-Fédération syndicale unitaire, « la réforme a fait l’objet d’un comité de suivi dont le fonctionnement est 'une vitrine' où seules les 'choses positives sont montrées' ». « Entre la "dégradation des conditions de travail des PLP et d’étude des élèves", c’est 'plutôt un mauvais bilan' », indique Axel Benoist, co-secrétaire général du Snuep-FSU. Selon lui, « Jean-Michel Blanquer n’a pas écouté les acteurs de terrain, tentant de 'mettre les représentants des personnels sur la touche'. 'Nous n’avons pas été confortés par ce ministre pendant le quinquennat', regrette-t-il ». Le sondage conduit par Harris Interactive pour le Snuep indique : « Les enseignants ont 'le sentiment d’une diminution horaire qui ne leur permet plus d’atteindre les objectifs de formation donnés par les programmes et référentiels' », rapporte Axel Benoist, qui complète : « La transformation de la voie professionnelle repose sur des dispositifs dont les PLP 'ne sont toujours pas convaincus', 'si à peine la moitié des PLP apprécient la co-intervention, un quart seulement est satisfait du chef-d’œuvre et des familles de métier' ». Concernant l'indemnité de professeur principal, nomination de professeur principal en Segpa (Section d'enseignement général et professionnel adapté) et deux professeurs principaux en terminale, obtention de la VAEP (certificat d’aptitude professionnelle aux pratiques de l’éducation inclusive), sur l’ensemble du quinquennat, le représentant du Snetaa reconnaît l’obtention de 'petites améliorations', y compris salariales. Mais, tempère-t-il, « on ne peut que regretter le gel du point d’indice et l’absence de revalorisation pour les professeurs ».

Philippe Dauriac de la CGT Educ’action[14] note que « l'’empilement' de nouveaux dispositifs 'contribue' à 'la perte de sens du métier' ». « Notre bilan est très sévère», indique le secrétaire national de la CGT Educ’action. Pour le représentant de la 2e organisation syndicale dans la voie professionnelle, «derrière le slogan d’une voie professionnelle 'd’excellence et d’avenir', Jean-Michel Blanquer a poursuivi le démantèlement de l’enseignement professionnel sous statut scolaire». L’introduction des deux nouveautés, la co-intervention et le chef d'oeuvre, « consacre la vision utilitariste du français et des mathématiques ». « La 'diminution drastique' des heures d’enseignement disciplinaires liée aux nouvelles grilles horaires appauvrit 'les contenus de formations' », balaie Philippe Dauriac.

D'un point de vue plus global, aux termes de son enquête, AEF Info note « un manque d'attractivité persistant » : « du côté des élèves, la réforme n’a pas suffi à enrayer la baisse des effectifs. Pascal Vivier, du Snetaa-FO, fait état de 30 000 lycéens professionnels en moins en 5 ans. Pour expliquer cette évolution, outre une 'sur-orientation vers le lycée général et technologique', il pointe le 'manque d’appétence des familles et des élèves' pour cette voie qu’il rapproche de l’absence de création de diplôme. 'Nous n’avons eu que des rénovations alors que France Compétences a validé 1 400 certifications au RNCP', profitant en creux à l’apprentissage », regrette-t-il. « Il ne faudrait pas oublier la place des lycées dans l’apprentissage », renchérit Olivier Beaufrère du SNPDEN-Unsa. L’attention portée à la réforme du baccalauréat professionnel a peut-être entraîné un délaissement de l’apprentissage, interroge-t-il en substance. Or, pour lui, « il est important que, parallèlement aux CFA, le lycée reste central dans l’apprentissage ». Une position que ne partage pas le représentant de la CGT, Philippe Dauriac : « L’apprentissage se développe dans les EPLE par la mixité des publics », « un non-sens pédagogique qui conduit à l’annualisation de nos services et fragilise le statut ». Aussi, voit-il deux « freins importants » à son développement infra bac : « absence d’entreprise pour l’accueil selon les territoires et réticences du patronat à recruter des jeunes non productifs pour l’entreprise ». « La volonté de développer l’apprentissage au niveau du CAP et bac au détriment de la voie scolaire est une impasse », résume-t-il.

De même l'enquête d'AEF Info traduit « une perte de sens unanime ». Après 'les gilets jaunes, les stylos rouges et deux ans de pandémies', « les enseignants de LP sont éreintés », dit Pascal Vivier, évoquant leur 'perte de sens total de leur métier'. « D’après le sondage du Snuep, les enseignants considèrent, à 66 %, que les dispositifs de la réforme génèrent une perte de sens du métier. Ils éprouvent 'un manque criant de reconnaissance et d’écoute de l’éducation nationale », complète Axel Benoist. Selon lui, les élèves évoquent également « une diminution de sens ».

L'enquête souligne en conclusion : « Perçu par la société dans son ensemble comme 'un lycée de la relégation', 'l’enseignement professionnel ne survivra pas si on le laisse en l’état', met en garde Pascal Vivier. À son sens, il faut désormais 'une vraie réforme, pas une contre-réforme', conduite 'avec les professeurs'. 'Pour que les choses se mettent en œuvre, il faut travailler avec la profession et mieux prendre en compte ce qu’on porte', renchérit Axel Benoist ».

Pour une régulation de la carte des formations professionnelles initiales[modifier | modifier le code]

Fin 2021, plus de 3.000 organismes ou centres de formation opéraient par le biais du contrat d'apprentissage. Un chiffre qui aurait triplé depuis la loi "Avenir professionnel", selon la délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle (DGEFP). Couplée à une explosion du nombre d'effectifs d'apprentis, cette évolution a transformé l'équilibre des formations sur les territoires, posant la question de la concurrence entre filières[15].

Dans son livre blanc, « Vers une République de la confiance », Régions de France réclame la maîtrise de la carte des formations initiales de la voie professionnelle sous statut scolaire et par l'apprentissage[16]. Cette demande est appuyée par l'Association française pour le développement de l’enseignement technique (AFDET). D'utilité publique, cette association agréée par l'Éducation nationale, regroupant des acteurs du monde économique, de l'éducation et de la formation, invite également à une 'indispensable concertation visant la mise en cohérence, de l’évolution de la Carte des formations professionnelles initiales, scolaires, étudiantes'. Dans un rapport publié en juin 2021, elle recommande une concertation annuelle à l’échelle d’une instance spécifique, qui pourrait être, par exemple, le Crefop (Comité régional de l'emploi, de la formation et de l'orientation professionnelles). Dans son rapport datant de mars 2022, l'association Inspecteurs de l’éducation sans frontières constate également que le pilotage régional des formations « évitait la concurrence ».

Certaines régions, bien que privées de la régulation du nombre de centres de formation d'apprentis, se montrent vigilantes quant à l'impact du développement de l’apprentissage sur les lycées professionnels. Compte tenu de l'attractivité de l'apprentissage, certaines régions s'intéressent au développement de l'apprentissage dans les lycées professionnels. «La question, maintenant, c'est de voir avec l'Éducation nationale comment certaines formations en voie scolaire pourraient s'ouvrir à l'apprentissage, pour maintenir l'offre sur le territoire et diversifier les voies de formation», estime Jérôme Baron[15]. De son côté, la Bourgogne Franche-Comté a lancé l'expérimentation «2+1», qui permet aux lycéens en bac professionnel d'effectuer une partie de leur formation en apprentissage, sans avoir à choisir entre les deux voies de formation. «Une réflexion s'impose sur le sort des lycées professionnels qui ne s'engageraient pas dans l'apprentissage pour au moins une partie des formations», estime aussi l'association IESF, pointant le risque qu'ils ne deviennent des établissements «accueillant uniquement des publics en difficulté». Lors de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron a manifesté l'ambition de faire «du lycée professionnel une voie d'excellence» en rémunérant les jeunes pour leurs périodes passées en stage. Mais il souhaite également faire le tri parmi les filières n'assurant pas de débouchés vers l'emploi[15].

  1. « Transformer le lycée professionnel : former les talents aux métiers de demain », sur education.gouv.fr
  2. https://www.education.gouv.fr/la-voie-professionnelle-scolaire-viser-l-excellence-6905
  3. Bureau des lycées professionnels, de l’apprentissage et de la formation professionnelle continue, « Les fiches de la formation professionnelle Mars 2021. Familles de métiers en seconde professionnelle » [PDF], sur https://eduscol.education.fr/,
  4. Ministère de l'Education nationale, « La réalisation du chef-d’œuvre », sur https://eduscol.education.fr,
  5. a et b https://www.afdet.org/wp-content/uploads/2018/09/AFDET-Note-Rapport-Voie-professionnelle.pdf
  6. mai 2018 - Réforme de la formation professionnelle : Le point de vue de l’AFDET - revue n°257 –
  7. colloque national afdet : Construire son parcours individuel de formation tout au long de sa vie - 21 novembre 2019 - Revue Avenirs professionnels n°1
  8. AFDET, « LA VOIE TECHNOLOGIQUE, LES PRECONISATIONS DE L’AFDET » [PDF], sur https://www.afdet.org/,
  9. Fériel Boudjelal, « JM Blanquer « transforme les lycées professionnels en ‘roue de secours’ » », sur https://www.vousnousils.fr/,
  10. Luce Burnod, « Voie professionnelle : les syndicats enseignants évoquent une "perte de sens de leur métier" au terme du quinquennat », sur www.aefinfo.fr/depeche/670787,
  11. SNPDEN-Unsa, Syndicat national des personnels de direction de l'Éducation nationale - Union nationale des syndicats autonomes, « Site du SNPDEN-Unsa » Accès libre
  12. « Site du SNETAA - syndicat national de l'enseignement technique-Force ouvrière », sur https://www.snetaa.org/
  13. « Site du SNUEP-FSU - Syndicat national unitaire de l'enseignement professionnel-Fédération syndicale unitaire », sur https://snuep.fr/
  14. « Site de la CGT Educ'action », sur https://www.cgteduc.fr/
  15. a b et c Catherine Abou El Khair, « Apprentissage : les régions attentives à son impact sur la voie professionnelle », Localtis,‎ (lire en ligne)
  16. Philippe Pottiée-Sperry, « La feuille de route des régions avec le prochain gouvernement », sur https://territorial.zepros.fr,