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Utilisateur:Bourre

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ERNESTO NETO et REPRESENTATION DU CORPS DANS L'ART


Ernesto Neto est né en 1964 à Rio de Janeiro, où il vit et travaille. Figure de la jeune création brésilienne, il se démarque par la singularité avec laquelle il traite les notions d’espace et de corps. Depuis 1987, il propose une œuvre aux multiples facettes. « L’énergie qui anime mon travail est la pesanteur. L’objet, la forme, le contour se trouvent démunis quand le matériau est étiré dans l’espace et montre la légèreté de la masse ». Ses sculptures utilisent des matériaux flexibles, translucides, « épidermiques », et privilégient l’immersion sensorielle du visiteur pour donner à penser le passage du temps et la fragilité des mondes. Dans ces oeuvres, Neto explore les domaines l'espace, l'equilibre entre Espace Temps et Espace Réelle. Pour cela, l'artiste demontre dans ces sculpture, la confrontration entre matière organique et matière vegetale. Dans son oeuvre Léviathan Thot, une installation monumentale, conçut pour le Panthéon, est une œuvre anthropomorphique. Du Léviathan, monstre du livre de Job auquel elle emprunte son nom, elle a les improbables yeux, le cerveau, la bouche, le cœur et les membres ; une créature de tulle contrebalancée par des masses de polystyrène, accrochée sous la coupole d’un des monuments les plus chargés d’histoire de la République. Cette sculpture, envisagée par l’artiste comme « un corps spatial » joue de la confrontation entre une animalité qui emprunte sa vie à la tension des matières en lutte contre la gravité – instant d’équilibre où les voiles de lycra se font peau – et une rationalité architecturée, sédimentation d’enjeux culturels et politiques, représentée par le bâtiment lui-même et ses multiples inscriptions commémoratives. « Cette œuvre est construite comme un organisme de contact entre deux éléments : le corps d’une part, ses harnais d’autre part. Tout cela sera suspendu et ne trouvera l’identité de sa forme que dans l’équilibre résultant d’un conflit entre gravité et matière… jusqu’à s’immobiliser. Quel meilleur lieu que le Panthéon pour débattre du conflit entre nature et culture ? Par-delà la complexité d’une possible approche philosophique, l'artiste expliqua qu'il venait d’une ville où la nature omniprésente porte ce conflit à son paroxysme : Rio de Janeiro. Dans cette megalopole, la population a à survivre dans une relation organique et dramatique où s’affrontent nature et civilisation. Une nature forte, d’une présence intense, une ville cernée d’impressionnantes montagnes dont la minéralité côtoie l’immensité vide de la mer, des lacs et de la baie ; la luxuriance de sa forêt tropicale. Ici se révèlent les limites de la civilisation. La ville grossit à l’image d’une rivière contrainte. L’histoire de cette ville est plus le fait des éléments que de la culture. Depuis plus de six cent millions d’années, mer et montagnes y déploient leur présence et leur infinité. À l’opposé de tout cela, le Panthéon : un monument de culture et d’histoire dont son installation serait l’enfant. L’œuvre ne peut s’envisager en dehors de ce contexte dont le bâtiment sera le cocon historique. Thot, dieu de l’Égypte ancienne, inventeur de l’écriture et scribe des dieux, viendra perturber l’installation.

Des oeuvres qui plongent dans la sensation corporelle


Le Pantheon monument d'histoire française, est utilisé comme une outil et materiaux faisant partie intégrante de l'oeuvre, un lieu de création plastique doté d’un parc à sculptures. En pénétrant dans ce lieu, des sensations d'enfance nous reviennent et parcourent notre coprs, car les oeuvres d’Ernesto Neto s’appréhendent au toucher, à l’odorat, à la pénétration. La première vision convoque notre âme d’enfant. On a vite fait de se prendre pour un gros bébé flottant dans de la matière préhensible, extensible, entre lycra et balles de polystyrène. La philosophie zen de l’artiste, qui se sent relié à la nature et au cosmos, est ici perceptible. Au centre de la piéce, l'horloge sous la coupole, qui prend une part trés importante dans la composition de l'oeuvre. En effet c'est sous la coupole, que tout part, les innombrables sacs de lycra. Plus loin, devant les statuts des soldats, les sacs qui descendent du toit, nous donnent une sensation écarlate, et nous fait basculer dans un autre champ de pensées. Le lycra, comme une peau, épouse les formes des organes sexuels masculin et féminin. Les huiles essentielles de lavande font le reste. Expression de l'artiste

Neto, entre vitalité et maturité

« Nous adorons détacher la poésie du chaos. Au fond, il y a, au Brésil, une volonté de créer un espace confortable et protecteur qui permet d’engendrer un état de réflexion silencieuse et de se tenir à l’écoute de son propre corps », explique Ernesto Neto que Frédéric Paul, le directeur du lieu, a apprécié pour son « beau mélange de vitalité ludique, de réflexion et de maturité ». « Il n’est jamais sur des rails, dit-il. Tout peut à chaque instant être remis en cause. Ce n’est pas quelqu’un qui fait ce qu’il sait faire »...


   REPRESENTATION DU CORPS DANS L'ART CONTEMPORAIN
  # LE CORPS COMME OBJET DE REPRESENTATION 
  # 1960 : changement d’approche autour du corps
 # Catégorisation des pratiques artistiques autour du corps 
  • corps objet de représentation
  • corps support
  • corps outil
  • corps sculpture vivante
  • corps travesti
  • corps exhibé
  • corps martyrisé
  • corps transfiguré
  • corps écorché
  • corps génétique
  • Esthétique de ces oeuvres
  1. Mouvements artistiques : Body Art, Art Corporel et Art Charnel

LE CORPS COMME OBJET DE REPRÉSENTATION Le corps humain a toujours été présent en art. Il a personnifié les dieux et les déesses, les saints et les rois, les croyants et les païens, les riches et les pauvres, les mythologies et l'histoire, les faits et les idées. Il s'est plié aux canons de beauté et aux modes vestimentaires. Il a traversé les siècles s'adaptant aux exigences des techniques, aux désirs des artistes, aux souhaits du public. L'histoire de l'art et les musées regorgent d'oeuvres le représentant dans toutes les positions, idéalisé ou naturel, embelli ou enlaidi, nu ou vêtu, joyeux ou tourmenté, jeune ou vieux, féminin ou masculin, acteur ou spectateur d'une scène. Le corps a traversé des siècles de création tout en restant objet de représentation ou sujet de l'oeuvre peinte, sculptée ou photographiée.

1960 : CHANGEMENT D’APPROCHE AUTOUR DU CORPS

Dans les années soixante et soixante-dix, les changements sociaux, les événements politiques contribuent à libérer l’individu. Au cours des années quatre-vingt, les conduites à risques et la pratique de sports extrêmes sont autant de manières pour se construire sa propre identité, pour revendiquer son droit à être. Depuis dix ans, les pratiques corporelles ( body-painting, tatouage, piercing, scarification, burning) se banalisent. Le corps devient le support de revendications, l’outil de communication d’idéaux et de contestations. Le corps devient un matériau de création et de destruction, un véhicule de provocation au service de la liberté d’expression. Les artistes lui confèrent une nouvelle dimension artistique en l' investissant de différentes manières.

CATÉGORISATION DES PRATIQUES ARTISTIQUES AUTOUR DU CORPS

Corps objet de représentation Des mains de Niki de Saint Phalle naît toute une kyrielle de Nanas, sculptures féminines aux formes généreuses et aux couleurs vives, icônes d'une féminité exaltée.

Corps support Sous les pinceaux de Keith Haring, le corps devient une toile vivante.

Corps outil Corps-pinceaux chez Yves Klein qui utilise des corps féminins recouverts de peinture pour réaliser de grandes toiles.

Corps sculpture vivante Figés dans des postures, couchés sur des piédestaux dans des galeries, un artiste comme Bruce Nauman se transforme parfois lui-même en statue.

Corps travesti Certains artistes, jouent sur les représentations identitaires et sexuelles en s'emparant des codes vestimentaires et gestuelles du sexe opposé.

Corps exhibé D’autres se dévoilent le corps nu dans toute sa beauté...ou...sa fragilité, l’exhibition devient une pratique artistique, dont l’installation et la performance deviennent leur forme d’expression.

Corps martyrisé Certains se martyrisent le corps, une torture de leur propre corps, comme Vito Acconci qui se mord différentes parties du corps, ou blessé par balles par Chris Burden, le corps garde les traces de la souffrance que l'artiste s'inflige.

Corps transfiguré L’artiste qui symbolise ce mode d’expression ce n’est nul doute Orlan. En effets, sous le scalpel des chirurgiens, le visage d'Orlan se transforme au gré de ses envies. Repoussant les limites de l'éthique, cette artiste utilise sa propre chair comme matériau de sa création. Chaque opération est mis en spectacle : les chirurgiens vêtus par de grands couturiers opèrent sous l'oeil des caméras vidéo reliées à divers lieux dans le monde. Anesthésiée localement, Orlan commente en direct le pourquoi de ces interventions. Voulant que son apparence charnelle reflète son image intérieure personnelle, elle dénonce la standardisation de la beauté et détourne la chirurgie plastique jusqu'à s'enlaidir en se faisant placer deux implants de silicone de chaque côté du front formant deux bosses.

Corps écorché 

Les oeuvres en papier mâché de Kiki Smith dévoilent les systèmes musculaires et veineux, l'ossature, la structure du corps humain. La beauté intérieure est ainsi présentée dans des sculptures qui rappellent les écorchés des anatomistes.

Corps génétique À l'heure où le clonage humain suscite beaucoup de débats passionnés au sein des sphères politiques et scientifiques, des artistes s'intéressent aussi au sujet. Dalia Chauveau, très intéressée par les impacts de la science et de la philosophie sur les arts, mène une démarche artistique centrée autour de la génétique et du clonage. Elle a créé une agence de clonage sur le web, invitant les internautes à créer des clones en choisissant parmi une banque de données, selon le principe du portrait-robot.


        ESTHÉTIQUE DE CES OEUVRES

Ces oeuvres répondent à :

         - une quête spirituelle 
         - un besoin de donner un sens à sa vie 
         - des pulsions sado masochistes et agressives 
         - un goût pour la provocation 
         - une volonté de critiquer le statut du corps dans la société 
         - un état de marginalisation 
         - un caractère exhibitionniste 

Leur esthétique repose sur la relation instaurée avec le spectateur qu'elles cherchent à sensibiliser par empathie physique et spirituelle, à provoquer, à sortir de sa passivité pour qu'il se remette en cause, modifie ses habitudes de penser et prenne conscience de sa corporalité.

MOUVEMENTS ARTISTIQUES : BODY ART, ART CORPOREL ET ART CHARNEL À l'exception des Nanas de Niki de Saint Phalle, des écorchés de Kiki Smith et des habits de chair de Nicole Tran Ba Vang, toutes ces oeuvres peuvent être regroupées sous les noms de Body Art, Art Corporel ou Art Charnel, mouvements artistiques regroupant toutes les performances centrées sur le corps, actions ponctuelles faites selon des scénari prédéfinis, non reproductibles et dont seules subsistent des photographies et des vidéos. Les traces dans les chairs des artistes-performers peuvent être éphémères (comme par exemple chez Robert Racine ou Vito Acconci) ou durables (comme chez Chris Burden ou Orlan). Leur impact sur le spectateur est toujours violent car le propre de ces actions est de jouer avec les limites de la souffrance et de la douleur, de la jouissance et de la peur, de la vie et de la mort. Toujours provocantes, souvent repoussantes, parfois attirantes, ces démarches artistiques donnent au corps une nouvelle dimension. Outil, support de revendications et de provocations, matériau de création et de destruction, le corps est au coeur de l'art contemporain. Comme le dit si bien Michel Journiac, artiste français fondateur de l'art corporel en France, « le corps est le lieu de tous les marquages, de toutes les blessures, de toutes les traces. Dans les chairs s’inscrivent les tortures, les interdits des classes sociales, les violences des pouvoirs, dispersés jamais abolis. Aujourd’hui, seuls les exclus créent. Car c’est le corps qui parle, énonce le refus. Du « tiers exclu » au « tiers monde » surgit le désir du corps communication et nécessite une nouvelle forme de création ».