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Utilisateur:Argthesis/Bac a sable

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Un système d'argumentation est un moyen pour un agent de gérer des informations conflictuelles et d'en tirer des conséquences. Dans un système d'argumentation abstrait[1], l'information de base est un ensemble d'arguments abstraits (qui peuvent par exemple représenter une donnée, une proposition), et les conflits entre arguments sont représentés au moyen d'une relation binaire sur l'ensemble d'arguments. Concrètement, on représente un système d'argumentation au moyen d'un graphe orienté tel que les noeux représentent les arguments et les attaques représentent la relation d'attaque. Il existe des extensions du cadre de Dung, comme les systèmes d'argumentation à base logique[2] ou les systèmes d'argumentation valués[3].

Systèmes d'argumentations abstraits[modifier | modifier le code]

Cadre formel[modifier | modifier le code]

Les systèmes d'argumentation abstraits, aussi appelés systèmes d'argumentation à la Dung, sont définis formellement comme un couple composé de :

  • un ensemble d'éléments abstraits appelés arguments, qu'on notera
  • une relation binaire sur , appelée relation d'attaque, qu'on notera
Le graphe correspondant au système d'argumentation .

Par exemple, le système d'argumentation avec et est composé de quatre arguments () et de trois attaques ( attaque , attaque et attaque ).


Dung définit quelques notions :

  • un argument est acceptable selon si et seulement si défend , c'est-à-dire ,
  • un ensemble d'arguments est sans conflit s'il n'existe aucune attaque entre ses arguments, formellement : ,
  • un ensemble d'arguments est admissible si et seulement si il est sans conflit et tous ses arguments sont acceptables selon .

Différentes sémantiques d'acceptabilité[modifier | modifier le code]

Extensions[modifier | modifier le code]

Pour décider si un argument peut être accepté ou non, ou si plusieurs arguments peuvent être acceptés conjointement, Dung définit plusieurs sémantiques d'acceptabilité qui permettent, étant donné un système d'argumentation, de calculer des ensembles d'arguments appelés extensions. Par exemple, étant donné ,

  • est une extension complète de si et seulement si c'est un ensemble admissible et chaque argument qui est acceptable pour appartient à ,
  • est une extension préférée de si et seulement si c'est un élément maximal pour l'inclusion ensembliste parmi les ensembles admissibles selon ,
  • est une extension stable de si et seulement si c'est un ensemble sans conflit qui attaque tous les arguments qu'il ne contient pas (formellement, ,
  • est l'unique extension de base de si et seulement si c'est le plus petit élément pour l'inclusion ensembliste parmi les extensions complètes de .

Il existe des relations d'inclusion entre les ensembles d'extensions produits par ces sémantiques :

  • toute extension stable est une extension préférée,
  • toute extension préférée est une extension complète,
  • l'extension de base est une extension complète,
  • dans le cas où le système est bien fondé (c'est-à-dire il n'existe aucune suite infinie telle que ), toutes ces sémantiques coïncident : il n'y a qu'une seule extension qui est à la fois de base, stable, préférée et complète.

D'autres sémantiques ont été définies par la suite[4].

On introduit la notation pour noter l'ensemble des -extensions du système .

Dans le cas du système représenté à la figure ci-dessus, pour toutes les sémantiques de Dung : le système est bien fondé, d'où la coïncidence des sémantiques, et les arguments acceptés sont dans ce cas ceux qui ne sont pas attaqués : .

Les labellings[modifier | modifier le code]

Les labellings sont un moyen plus expressif que les extensions pour exprimer l'acceptabilité des arguments. Concrètement, un labelling est une fonction qui associe à tout argument une étiquette in (qui indique que l'argument est accepté), out (qui indique que l'argument est rejeté) ou undec (qui indique que l'argument est indéfini : ni accepté, ni refusé). On peut aussi noter un labelling sous forme d'un ensemble de couples .

Une telle fonction n'a pas de sens sans contrainte supplémentaire, d'où la notion de reinstatement labelling. est un reinstatement labelling sur le système d'argument si et seulement si :

On peut convertir toute extension en reinstatement labelling en étiquetant in les arguments qui sont dans l'extension, ou ceux qui sont attaqués par un argument qui est in, et undec les autres. Inversement, on peut construire une extension à partir d'un reinstatement labelling en prenant l'ensemble des arguments in. En effet, Caminada[5] a montré que les reinstatement labellings et les extensions complètes peuvent être associés bijectivement de cette façon. De plus, les autres sémantiques de Dung peuvent être associés à certaines familles de reinstatement labellings.

Les reinstatement labellings permettent de différencier les arguments qui ne sont pas acceptés parce qu'ils sont réfutés par un argument accepté de ceux qui sont indécis, c'est-à-dire ceux qui ne sont pas défendus ou capables de se défendre contre toutes les attaques (un argument est undec s'il est attaqué par au moins un autre undec : s'il n'est attaqué que par des arguments out , il doit être in par définition, et s'il n'est attaqué que par des arguments in, alors il est out).

L'unique reinstatement labelling correspondant au système représenté ci-dessus est .

Inférence à partir d'un système d'argumentation[modifier | modifier le code]

Dans le cas général où plusieurs extensions sont calculées pour une certaine sémantique , l'agent qui raisonne à partir du système d'argumentation peut utiliser plusieurs mécanismes différents :

  • inférence crédule : l'agent accepte un argument s'il appartient à au moins un des -extensions, dans ce cas l'agent risque d'accepter des arguments qui sont incompatibles entre eux ( attaque , et et appartiennent chacun à une extension) ;
  • inférence sceptique : l'agent accept un argument s'il appartient à toutes les -extensions, dans ce cas l'agent risque de ne pas déduire beaucoup d'information (si l'intersection des extensions est vide ou de cardinal très petit).

Pour ces deux modes d'inférence, on peut identifier l'ensemble d'arguments acceptés, respectivement l'ensemble des arguments acceptés crédulement sous la sémantique , et l'ensemble des arguments acceptés sceptiquement sous la sémantique (le peut être omis s'il n'y a pas d'ambiguïté possible sur la sémantique).

Bien entendu, dans le cas où il n'y a qu'une extension (par exemple, si le graphe ne comporte pas de cycle et est donc bien fondé), ce problème ne se pose pas : l'agent accepte les arguments de l'unique extension et rejette les autres.

Le même genre de raisonnement peut être effectué à partir des labellings correspondant à la sémantique choisie : un argument peut être accepté s'il est in pour chaque labelling et refusé s'il est out pour chaque labelling, les autres étant laissés dans un état indéterminé (les status des arguments peuvent alors faire penser aux statuts épistémiques d'une croyance dans le cadre de la dynamique des croyances[6]).

Équivalence entre systèmes d'argumentation[modifier | modifier le code]

Il existe plusieurs critères d'équivalence entre systèmes d'argumentation. La plupart des critères étudiés portent sur les ensembles d'extensions ou sur les arguments inférés à partir de ces ensembles. Formellement, étant donnée une sémantique  :

  •  : deux systèmes sont équivalents s'ils ont les mêmes -extensions, c'est-à-dire  ;
  •  : deux systèmes sont équivalents s'ils acceptent sceptiquement les mêmes arguments, c'est-à-dire  ;
  •  : deux systèmes sont équivalents s'ils acceptent crédulement les mêmes arguments, c'est-à-dire  ;

L'équivalence forte [7] considère comme équivalents deux systèmes si et seulement si pour tout autre système , l'union de avec est équivalente (pour un critère donné) à l'union de l'union de avec [8].

Autres types de systèmes d'argumentation[modifier | modifier le code]

Systèmes d'argumentation à base logique[modifier | modifier le code]

Systèmes d'argumentation valués[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Phan Minh Dung, « On the acceptability of arguments and its fundamental role in nonmonotonic reasoning, logic programming, and n–person games », {{Article}} : paramètre « périodique » manquant, vol. 77,‎ , p. 321-357
  2. (en) Philippe Besnard et Anthony Hunter, « A logic-based theory of deductive arguments », {{Article}} : paramètre « périodique » manquant, vol. 128, no (1-2),‎ , p. 203-235
  3. (en) Trevor Bench-Capon, « Value-based argumentation frameworks », {{Article}} : paramètre « périodique » manquant,‎ , p. 443-454
  4. Par exemple,
    • ideal : (en) Phan Minh Dung, Paolo Minh Mancarella et Francesca Toni, « Computing ideal sceptical argumentation », {{Article}} : paramètre « périodique » manquant, Utrecht,‎
    • eager : (en) Martin Caminada, « Comparing Two Unique Extension Semantics for Formal Argumentation: Ideal and Eager », {{Article}} : paramètre « périodique » manquant, Utrecht,‎
  5. (en) Martin Caminada, « On the Issue of Reinstatement in Argumentation », JELIA,‎ , p. 111-123
  6. (en) Peter Gärdenfors, Knowledge in Flux: Modeling the Dynamics of Epistemic States, Cambridge, MIT Press,
  7. (en) Emilia Oikarinen et Stefan Woltran, « Characterizing strong equivalence for argumentation frameworks », {{Article}} : paramètre « périodique » manquant, vol. 175, no (14-15),‎ , p. 1985–2009
  8. l'union de deux systèmes représente ici le système issu de l'union des ensembles d'arguments et de l'union des relations d'attaque
  • (en) Philippe Besnard et Anthony Hunter, Elements of Argumentation, Université du Michigan, MIT Press, , 298 p.