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Utilisateur:Antonin Amado/Brouillon

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Ginette, Francine, Estelle AMADO, née HAGUENAUER, était une Psychiatre française.

Née le 2 février 1926 à Paris (9ème arrondissement) est la fille ainée de René HAGUENAUER et d’Alice BLOCH.

VIE PROFESSIONNELLE[modifier | modifier le code]

Le Docteur Ginette Amado a été l’une des figures de la révolution psychiatrique en France. Cette révolution avait commencé très vite après la guerre en même temps que les réformes essentielles ayant modifiées de façon radicale la société française (droit de vote accordé aux femmes, sécurité sociale, système de retraites…), s’inspirant des valeurs du Comité National de la Résistance (CNR). Jusque-là, comme Michel Foucault l’a décrit dans son livre Histoire de la folie, les malades mentaux étaient depuis des siècles, dans les pays européens, considérés comme des êtres à part, des fous, dangereux pour eux-mêmes et pour la société, et internés dans des asiles ou autres lieux. Dès après-guerre, le regard porté sur les malades mentaux se modifia, et un certain nombre de psychiatres (notamment Tosquelles à l’hôpital de Saint Alban) s’efforcèrent de modifier radicalement la façon d’accueillir et de soigner ces malades, et de trouver des moyens de les rendre aptes, par le travail notamment, à se réinsérer dans la société.

En 1942, en pleine seconde guerre mondiale, Ginette Amado, avec ses parents, purent fuir l’occupation nazie en se réfugiant au Mexique. Dès son arrivée, animée par le désir d’être utile aux autres, elle s’inscrivit à la faculté de médecine de Mexico. Elle y resta un an, avant de partir à Londres rejoindre De Gaulle et la France libre. Jusqu’à la fin de la guerre, elle servit comme infirmière dans l’armée française. Dès son retour à Paris, elle reprit ses études de médecine, se spécialisant dans la psychiatrie. En même temps, elle suivit une formation psychanalytique, tout en s’inspirant particulièrement de l’école anglaise. Ayant terminé ses études, elle refusa d’ouvrir un cabinet privé de psychiatrie, et choisit de préférence de travailler dans les hôpitaux psychiatriques publics. Ginette était une femme d’action plus qu’une théoricienne.

Nommée cheffe de service à l’hôpital psychiatrique de Rouen, elle imposa sa conception concernant le traitement des malades. À un personnel habitué jusque là aux pratiques traditionnelles, elle les incite à axer principalement leur travail sur l’écoute des malades. Et à instaurer avec eux un rapport de confiance. Cette volonté se traduisit par une division du personnel en deux groupes opposés : les uns s’identifiant à la personne qui les dirigeait se sentaient totalement en accord avec ces méthodes ; d’autres au contraire se sentant brimés s’opposaient clairement à celles-ci qu’ils considéraient comme néfaste, à la fois pour les malades et pour eux-mêmes.

Appréciée par sa hiérarchie, on confia à Ginette Amado la direction d’un hôpital nouvellement créé à la Queue-en-Brie (Seine et Marne). Elle accepta cette responsabilité en imposant cependant le fait qu’elle cumule ses fonctions de médecin-cheffe avec celle de responsable administratif. Elle voulait en effet avoir les mains libres sans avoir à se plier à des contraintes institutionnelles afin de mettre en pratique sa conception de ce que devait être un hôpital psychiatrique. En premier, elle reçut tous les candidats à exercer leurs fonctions dans l’hôpital, auxquels elle expliqua la façon dont elle entendait diriger l’hôpital en faisant de leur adhésion une condition de recrutement.

Elle tenait absolument à rompre radicalement avec les pratiques habituelles de la plupart des hôpitaux psychiatriques de l’époque, où les malades, privés de toutes libertés, écartés de la société où ils étaient jugés dangereux, étaient traités par le personnel comme des « fous », dont il était nécessaire de maîtriser les accès de folie et de violence en les soumettant à des traitements physiques humiliants et douloureux tels que camisoles de force ou bains glacés. Cette situation, loin d’engager un processus de guérison, non seulement tendait à aggraver leurs symptômes et à les cristalliser, mais en produisait de nouveaux, de telle sorte que les malades étaient rendus inaptes à la vie normale et étaient condamnés à demeurer ainsi confinés jusqu’à la fin de leurs jours. Ce fut le cas par exemple de Camille Claudel, sculptrice de grand talent, anciennement amie de Rodin, qui fut internée sur décision de sa mère et de son frère Paul Claudel, dans une institution psychiatrique où elle mourut après de longues années.

Tel n’était pas le cas pour la totalité des hôpitaux psychiatriques, comme le montre l’exemple de Van Gogh qui, au contraire, put engager des rapports de confiance et d’amitié avec son psychiatre et son médecin.

Ginette Amado voulait que l’hôpital dont elle avait la charge à la Queue-en-Brie fut un lieu de vie où les malades soient libres de circuler comme ils le souhaitaient à l’intérieur de l’hôpital et même à l’extérieur (portes ouvertes) ; certains, peu nombreux, bénéficiaient de cette licence mais revenaient d’eux même ou accompagnés par des gendarmes. Aucun incident ne fut de ce point de vue à déplorer.

Il s’agissait essentiellement d’encourager les malades à poursuivre une vie sociale, d’échanger entre eux et avec le personnel, et de mettre à profit les capacités qu’ils conservaient malgré la maladie pour exercer des activités de leur choix – sport, gymnastique, activité artistique ou de lecture… Afin de développer cette vie sociale, le personnel infirmier devait essentiellement, en dehors des soins nécessaires, passer le plus clair de leur temps auprès des malades, être à leur écoute, les encourager à se réunir avec d’autres… Ils étaient encouragés à avoir des rapports de personne à personne avec les malades ; pour cela, il leur était exigé de ne pas porter la blouse blanche qui les différenciaient des malades, et qui érigeait une barrière. Cette organisation de leur vie ne permettait pas forcément de les guérir, mais tout au moins elle ne s’aggravait pas et surtout ils conservaient l’espoir de sortir un jour de l’hôpital et de retourner à la vie normale. « Paradoxe de la liberté » écrit par A. Lévy décrit en détail la première année de fonctionnement de cet hôpital, que certains psychiatres qualifièrent de « psychothérapie sans divan ». Ce livre décrit notamment la façon dont le personnel réagissait à ces mesures imposées par la médecin chef. Bien que les ayant acceptées au moment de leur recrutement, un certain nombre d’entre eux avaient l’impression que la liberté accordée aux malades se traduisait pour eux par une perte de leur statut et de leur responsabilité en tant que soignant. Cependant, Ginette Amado, tout en imposant ces volontés, avait conquis le respect, et pour certains, l’admiration, de la plupart du personnel.

L’expérience de la Queue-en Brie ne fut pas la seule à renouveler le traitement dans les hôpitaux publics des malades mentaux. D’autres expériences furent engagées à la même époque, particulièrement « Le milieu hospitalier du point de vue psychothérapeutique » de Bonnafé, et surtout le mouvement de psychothérapie institutionnelle né à l’hôpital de Saint-Alban peu après la guerre (« Pédagogie et psychothérapie institutionnelle », Tosquelles). Ce dernier mouvement consistait à faire en sorte que l’institution de l’hôpital, au lieu d’être un lieu de garde, de répression, et d’isolement des malades mentaux, soit au contraire un instrument favorisant leur évolution et leur retour à une vie normale ; pour cela, ils participaient à la vie de l’institution et aux décisions, en tant qu’acteurs, au même titre et avec les autres membres de la communauté hospitalière (infirmiers, médecins…). L’hôpital de La Borde, situé sur la rive gauche de la Loire, près de Tours, fut un des lieux les plus importants où cette perspective fut mise en œuvre.

Cependant, la plupart des hôpitaux psychiatriques à l’époque continuaient à pratiquer des méthodes traditionnelles. La référence à la psychanalyse, jusqu’alors prévalente, fut alors supplantée par les possibilités offertes par de nouveaux médicaments permettant de maîtriser le comportement des malades sans avoir recours à la coercition physique (camisoles chimiques).

A l’époque où Ginette Amado prit ses nouvelles fonctions à l’hôpital Sainte-Anne, à Paris, une nouvelle révolution transforma profondément l’organisation des soins concernant la place et le fonctionnement des hôpitaux psychiatriques.

Ginette Amado fut l’une des principales actrices de ce mouvement. Les réformes précédentes avaient permis de libérer les malades mentaux internés dans les hôpitaux psychiatriques, en les faisant participer pleinement, en tant que personne, à la vie de l’hôpital. La nouvelle réforme se traduisit par le désenclavement des hôpitaux psychiatriques eux-mêmes en tant qu’institutions par rapport à la société au sein de laquelle ils étaient établis. Autrement dit, il s’agissait de faire en sorte que l’hôpital psychiatrique ne soit qu’une institution parmi d’autres, participant à la gestion de la santé mentale de l’ensemble de la population, dans un secteur géographique déterminé.

Cette réforme prenait acte du fait que les troubles mentaux ne concernaient pas seulement les patients internés dans les hôpitaux psychiatriques et séparés de la société, mais concernaient également beaucoup d’autres membres de la communauté. De nombreuses situations produisaient des effets se traduisant par des difficultés d’ordre psychique ou des traumatismes : chômage, relégation dans des sortes de ghetto (banlieues défavorisées), absence de logement (SDF), accidents ou conditions de travail (burnout), conflits intra familiaux et violences conjugales, accidents ou attentats. Le personnel des hôpitaux psychiatriques était donc invité à participer avec l’ensemble des institutions et personnels responsables de la santé publique sur le même territoire : institutions publiques ou privées, associations, éducateurs, assistants sociaux, psychologues…

VIE PRIVEE[modifier | modifier le code]

Après avoir suivi son cursus au Lycée Janson de Sailly et au Lycée Molière, elle est obligée de fuir Paris pour terminer ses études à Nice où elle passe le Baccalauréat avec succès, avant de fuir l’occupation nazie. Elle se réfugie au Mexique à partir en 1942, à Mexico (Mexique) précisément, avec ses parents, ses deux frères, Jacques et Bernard et sa sœur Martine. Elle y commencera ses études de médecine qu’elle terminera en France après la Guerre.

Elle passera sa thèse de médecine en 1953 et deviendra Psychiatre des hôpitaux.

Divorcée du Docteur Jacques Puech, Ginette Amado se marie le 7 Avril 1960 avec Max, Elie Amado, avocat renommé au Barreau de Paris. Ils auront un fils, Michaël Amado, également avocat au Barreau de Paris et du Québec.

Ginette Amado, alors veuve depuis un an, décède le 8 Juillet 2015 dans son appartement parisien, entourée de son fils, de sa belle-fille, le Docteur Isabelle Amado-Boccara et de ses petites-filles, Ariane et Diane Amado.

HONNEURS :[modifier | modifier le code]

Chevalier de la Légion d’Honneur (nomination le 14 juillet 2000).

En 2016, le Sénat a décidé que le Centre d’accueil de la rue Garancières, à Paris, porterait son nom devenant le  

« Centre d’accueil et de crise Ginette Amado ».

De même, la Ville de la Queue-en-Brie a donné son nom à une allée, devenant « Allée Ginette Amado ».

PUBLICATIONS :[modifier | modifier le code]

Les dix premières années des annales médico-psychologiques 1843-1853 / Ginette Haguenauer, 1953 [thèse]

BN Cat. gén. suppl.

Identifiant international de l'autorité :  ISNI 0000 0000 7749 7845, cf. http://isni.org/isni/0000000077497845

Identifiant de la notice  : ark:/12148/cb11178619x

Notice n° : FRBNF11178619

Création : 97/07/01

Notice de personne "Haguenauer, Ginette (1926-2015)" | BnF Catalogue général - Bibliothèque nationale de France https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb11178619x

NOTES ET REFERENCES :[modifier | modifier le code]

Notice de personne "Haguenauer, Ginette (1926-2015)" | BnF Catalogue général - Bibliothèque nationale de France

« Ginette Amado (1926-2015) »

Dans L'information psychiatrique 2015/8 (Volume 91), pages 697 à 700

https://doi.org/10.1684/ipe.2015.1388

Ginette Amado (1926-2015) | Cairn.info

https://www.cairn.info/revue-l-information-psychiatrique-2015-8-page-697.htm



« Le Centre d’Accueil et de Crise Ginette Amado

Équipe pluri-professionnelle du Centre d’Accueil et de crise Ginette AMADO »

Dans Pratiques en santé mentale 2021/3 (67e année), pages 23 à 29

https://www.cairn.info/revue-pratique-en-sante-mentale-2021-3-page-23.htm?contenu=resume