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♀ La contaminatio (ou contamination) est le mélange d'éléments de deux pièces-sources ou plus. Cela correspond aujourd'hui à une oeuvre dérivée, plus exactement une oeuvre composite, à la différence près que dans l'antiquité, les auteurs de l'oeuvre originale n'étaient jamais cités ou rétribués pour leur création originale. Traduction, imitation, copie, inspiration n'étaient pas des concepts toujours distincts dans la mentalité des auteurs de l'antiquité[1].

C'est une technique d'écriture utilisée principalement par les dramaturges de l'Antiquité romaine qui permettait de fusionner plusieurs tragédies grecques pour en tirer un texte latin nouveau et original.

Plaute est un auteur qui a souvent utilisé cette méthode d'appropriation et d'adaptation. Bon nombre de ses comédies semblent être le remaniement latin d'une pièce grecque originale composées de différents éléments exogènes tirés d'autres pièces ou de son imagination.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le théâtre latin était presque exclusivement basé sur des représentations antérieures du théâtre grec, même il s'en démarque sur de nombreux points.

En effet, l'histoire de la littérature latine commence, selon le témoignage de Cicéron, en 240 avant J.-C. l'année où «Livius primus fabulam docuit», un esclave tarentin du nom Livius Andronicus a commencé sa production théâtrale, avec une pièce copiée sur un drame grec.

Jusqu'alors, le théâtre romain était de type populaire, fortement lié aux rites de fécondité de la nature, comme les Fescennines, ou caractérisé par des masques fixes et des acteurs sujets, comme dans le cas de l'Atellane.

Par conséquent, lorsque les Romains ont commencé à produire un théâtre professionnel en latin, le modèle de référence ne pouvait être que le théâtre grec.

En quoi consistait la contamination[modifier | modifier le code]

De nombreux critiques affirment qu'un examen attentif du prologue de l'Andria de Térence révèle qu'il écrit que Nevius a été le premier dramaturge latin à utiliser la technique de la contaminatio.

Avant Nevius, Tite-Live Andronicus avait tenté une traduction des originaux grecs. On peut donc dire que Nevius a en quelque sorte "contaminé" ses propres textes et qu'il a en quelque sorte "signé et réalisé" sa propre pièce en prenant pour modèle une pièce grecque ; mais Nevius n'a pas seulement cherché à améliorer son script et sa présentation, comme Andronicus, mais il l'a enrichi de scènes originales et nouvelles tirées, elles aussi, d'œuvres dramatiques grecques.

L'auteur qui a donc utilisé la contaminatio n'a pas produit une œuvre "originale" au sens où nous l'entendons aujourd'hui, c'est à dire : inédite.

La technique de la contaminatio a donné un véritable élan et a représenté un véritable progrès par rapport aux simples traductions de Tite-Live Andronicus. Cette technique ne doit pas être comprise comme un simple collage d'œuvres grecques antérieures, mais comme la création d'une œuvre nouvelle prenant en compte, et s'inspirant librement, des œuvres de la Nouvelle Comédie Grecque.

La Contaminatio se révèle donc être une technique efficace lorsqu'elle est utilisée avec la même habileté par le poète lui-même. Il peut ainsi créer un nouveau chef-d'œuvre en s'inspirant de ce réservoir de la comédie hellénique, considéré comme inépuisable, et en apportant de nouvelles contributions personnelles à l'ensemble.

Cependant, comme dans tous les domaines, la "contaminatio" présente également divers aspects problématiques liés à l'histoire du théâtre latin ; l'un des plus importants concerne la méthode de composition utilisée par les dramaturges romains, en particulier Plaute et Térence. En effet, les érudits, qui ont tenté de séparer et de dissocier les éléments d'origine romaine de ceux provenant de la comédie grecque, ont relevé des répétitions, des incohérences, des contre-sens et des contradictions dans la structure des comédies latines.

Pour expliquer cela, l'hypothèse de la contaminatio a été largement utilisée, notamment par Friedrich Leo et ses élèves Günther Jachmann et Eduard Fraenkel : de nombreuses comédies de Plaute et de Térence auraient été composées par l'assemblage de plusieurs originaux grecs. Le terme contaminatio désigne en fait la méthode de composition employée par Térence pour ses comédies et attribuée par Térence lui-même à Plaute.

Toutefois, avant d'entrer dans le fond de la discussion et de tenter d'établir si Plaute a réellement eu recours à la contaminatio pour la composition de ses comédies, il convient de s'interroger sur l'exégèse du terme latin contaminare, dont trois sens sont attestés : "gâter, défigurer", "mélanger, combiner" et "gâter en mélangeant".

V. Castellani explique que :

« Plaute corrompt le matériau qu'il pirate […] de quatre façons : il déconstruit nombre d'intrigues grecques finement agencées, en réduit d'autres, grossit le trait des personnages issus de Ménandre, de ses contemporains et émules en caricatures, remplace ou matine l'élégant humour de ses modèles par la vigoureuse drôlerie et le simple ridicule de l'action, des jugements et de la langue. [2]»

Auteurs ayant utilisé contaminatio et son déclin[modifier | modifier le code]

Après la première utilisation de Nevius, tous les scripteurs latins postérieurs à sa période (270-201 av. J.-C.) ont utilisé la technique de la contaminatio dans leurs œuvres : il s'agit d'Ennius, de Plaute, de Térence. Ce dernier a été condamné pour son utilisation excessive de cette technique. Les accusateurs prétendaient que cette application démesurée les empêchait de suivre fidèlement un modèle grec précis. En réalité, Térence a toujours su préserver l'originalité de ses œuvres par rapport aux modèles grecs qu'il concurrençait, en les remaniant de manière appropriée.

Il est évident qu'au fil du temps, le public s'est lassé d'assister aux mêmes intrigues ; en effet, aussi prolifique qu'ait été le théâtre grec, le nombre de pièces à reprendre restait limité. C'est pourquoi se développe un théâtre latin qui ne parle plus de personnages grecs, mais de personnages locaux : c'est ainsi que naissent la fabula praetexta et la fabula togata.

Autres articles[modifier | modifier le code]

  1. Mariotti Italo, Tragédie romaine et tragédie grecque : Accius et Euripide (lire en ligne)
  2. (en) V. Castellani, Plautus Versus Komoidia: Popular Farce at Rome, Cambridge & New York, , p 53-82