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Utilisateur:AlekN/Stanisław Głąbiński

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Stanisław Głąbiński (1862-1941)

Stanisław Głąbiński naît le 25 février 1862 à Skole, dans le district de Stryj, en Galicie orientale, dans une famille  originaire de la région de Nowy Targ. Son père, Jan, est un ancien combattant de l’insurrection cracovienne (1846) et du Printemps des Peuples (1848). Il travaille comme fonctionnaire du fisc auprès des localités de la Galicie autrichienne de Brozów, Czortków, Sambor et Skole. Il exerce aussi une activité sociale et politique. Il est devenu conseiller et  évaluateur municipal à Sambor. Au sujet de sa mère, Teofila, née Niedzielska, on ne possède que peu d’informations.

      Après avoir terminé le Gymnasium impérial de Sambor (collège et lycée), 1880 -, Stanisław est reçu à la Faculté de droit de l’Université de Lwów. Durant ses études, il s’engage dans des activités sociales et nationales. Il fait partie d’un cercle de  lecture académique (membre honorifique en 1863), ainsi que de « L’Entraide mutuelle estudiantine de la Faculté des connaissances juridiques » de Lwów. Il participe aux rencontres du groupe scientifique « Cercle des connaissances régionales ». En 1882, ayant à peine vingt ans, il y publie dans les pages de la revue « Wędrowiec » (fr: Le randonneur) son premier texte, où il décrit la situation des Polonais en Silésie (La population polonaise en Silésie). C’est une reprise de son exposé fait lors d’une réunion au « Cercle des connaissances régionales ». Après avoir terminé ses études en droit (1885), il travaille comme  stagiaire dans un bureau d’avocats à Sambor, puis, en 1887, il passe sa thèse en droit à Lwów. Il obtient en parallèle un complément de formation en économie à l’Université de Berlin et Munich. Dès 1888, il donne des cours en sciences économiques et sociales, en politique économique,et  dans le domaine des statistiques à l’École nationale supérieure d’agriculture à Dublany. Il est enseignant à l’Université de Lwów (1889-1890) en histoire du socialisme, juridiction sociale au XIXe siècle et économie sociale. Il obtient son habilitation (fr: agrégation) sur la base d’une peu volumineuse étude intitulée: Au sujet du système des physiocrates dans l’économie sociale. C’est à l’économie sociale qu’il consacre la majorité de ses travaux, dont: La notion  de science fiscale (1889 et 1890), La réforme monétaire en Autriche (L’Économiste, 1890), Aperçu de l’État actuel de l’agriculture (Revue juridique et administrative et la revue « Niva » - 1893). Les publications qui suivent, ont droit à une mention particulière: L’histoire et la statistique de la monarchie austro-hongroise, travail publié avec L. Finkiel, (1897);  Cours d’économie sociale (1912); La science fiscale (1925); L’économie nationale (1927-1928); Le droit fiscal polonais (1928); L’histoire de l’économie (2 vol. 1939). Il se consacre aussi à la notion de trésorerie, la politique fiscale et l’histoire de l’économie. Ses articles, études et traités sont publiés dans les pages du  « Oesterr. ung. Revue »,  « L’économiste polonais », « La Revue juridique et administrative » et dans les colonnes de la revue « Le Pays ». Il devient membre de l’Académie des sciences sociale de Philadelphie, de la Société scientifique de Lwów, du Conseil national des statistiques et de l’Institut pour l’émigration et la  colonisation. Il crée les Cours académiques populaires, ainsi que la Société des cours académiques. En 1892, il est nommé professeur extraordinaire de l’Université de Lwów et, trois ans plus tard (septembre 1895), professeur ordinaire. Durant les années 1899-1900, il remplit la fonction de doyen à la Faculté de droit. De 1908 à 1909, il est recteur de l’Université de Lwów.

    Głąbiński s’engage dans bon nombre d’activités sociales. Il est l’un des membres fondateurs de la Société pour la parcellisation des terres, de la Société de commerce et géographie, de l’Union nationale industrielle (président dès 1902) et de la Société des cours académiques pour femmes. Il a fait partie du Conseil d’administration de l’Association des cercles agricoles (vice-président), de l’Union des associations des travailleurs et cercles économiques, de l’Union de trente villes de Galicie, du Conseil national des chemins de fer et du Conseil d’administration, ainsi que de la Direction centrale de l’Association de l’école populaire (président). Il fait partie du IV département du mouvement « Sokół ». Il est de ceux qui en Galicie ont mis en place les « Caisses d’épargne Raiffeisen » (il a adressé un mémorial au siège national de cette institution). Il participe, juin 1894, à l’Exposition nationale à Lwów. Conseillé municipal de Lwów, il y préside la commission du budget. Son action est fort appréciée, c’est pourquoi il est élu citoyen d’honneur de la ville de Łańcut (1910) et de Nowy Targ (1909).

    Vers la fin des années 80 du XIXe siècle, Głąbiński s’engage de manière active dans la politique. Autour de 1890, il coopère avec le journal « Gazeta Narodowa » (fr: La Gazette nationale), hebdomadaire fort populaire en Galicie, lié aux conservateurs, appelés « Podolaki »originaires de la partie orientale de cette région. Durant les années 1890-1892, il devient remplaçant du rédacteur en chef du journal « Gazeta Narodowa »(fr : Gazette nationale), mais de fait, il remplit les fonctions de directeur. En 1896, il est candidat indépendant aux élections complémentaires au Sejm (parlement) de la ville de Lwów. En 1897, la revue « Przegląd Wszechpolski » (fr: Revue suprapolonaise) publie son étude intitulée Le développement économique et la culture nationale (1 avril 1897, no7). Peu après, la même Revue fait paraître d’autres articles. Vraisemblablement autour de 1897, il rompt avec les « Podolaki » et entreprend une étroite collaboration avec la National démocratie. Il n’a pas été admis à la « Ligue nationale » (il n’y accèdera qu’en 1916), probablement à cause de son aversion pour toute activité clandestine ou semi- clandestine (témoignage de Stanisław Grabski et Stanisław Kozicki). Dès 1901, il publie dans les colonnes du journal « Słowo Polskie » (fr: Le Verbe polonais), auquel il tient à collaborer en vue de construire un mouvement national démocrate, sur les terres polonaises sous tutelle autrichienne. Il prépare un projet de statut et l’ébauche d’un programme idéologique et politique. Il organise un cycle de rencontres, durant lesquelles on établit un groupe d’initiative de la nouvelle formation. En 1903, en usant des structures de la Ligue, du OKN et de la Société de l’école populaire, il s’engage dans des actions voulant organiser la National démocratie en Galicie orientale. Le 6 janvier 1904, dans l’appartement de Głąbiński se déroule une rencontre en présence de Jan Gwalbert Pawlikowski, Jan Ludwik Popławski, Ernest Adam, Leonard Tarnawski, ainsi que des démocrates galiciens - Tadeusz Dwernicki et Michał Greka. Durant la rencontre, il est décidé de fonder le Parti national démocrate, le SDN galicien. Le 17 janvier 1904, Głąbiński participe à la première réunion du Parti National démocrate de Galicie. Il devient membre de la commission statutaire (programme et organisation), ainsi que de la commission, plus restreinte, dite de Lwów. Głąbiński appartient au groupe qui organise la seconde réunion du Parti, qui aura lieu du 8 au 9 décembre 1905. Il est alors élu président du Parti.

    En 1902, il remporte un mandat au le Conseil d’État, qu’il gardera sans faille jusqu’en 1918. Il prend la parole au sujet des relations polono-ukrainiennes, du budget, de la politique financière et économique, de la réforme des circonscriptions électorales du Parlement et devant le Sejm régional, où il s’oppose au projet soutenu par les socialistes, le Parti paysan et les Ukrainiens. Il donne son avis sur la réforme des chemins de fer et défend la polonité de l’Université de Lwów. Il critique l’idée de mettre en place une Université ukrainienne à Lwów. Głąbiński postule d’agrandir l’autonomie de la province de Galicie, ce qui se reflètera dans une de ses célèbre brochure de cette période : L’idée d’indépendance et les finances de la Galicie (1902). Il fait partie des travaux de la commission pour les programmes du Cercle polonais (coauteur du programme économique). Głąbiński remplit la fonction de président du Cercle polonais (12.XI.1907 – 9.01.1911); il en sera par la suite, l’un des vice-présidents. Il préside au Club parlementaire du Parti national démocrate, puis devient vice-président de la délégation mixte au Parlement autrichien et au Parlement hongrois. Au début, les Nationaux démocrates restent alliés aux conservateurs et au « Centre polonais populaire », ceci en prévision des élections. Le 19 octobre 1907, ils signent un accord avec les démocrates galiciens. Naît alors l’Union démocratique, dont Głąbiński est le président. Mais tiraillée par des dissensions et manoeuvres personnelles, elle ne dure que peu de temps. Juste après la disparition de l’Union, en 1909, un accord est signé avec les « Podolaki » (1909), mais lui aussi n’est que momentané. Voulant ravauder les pertes issues de la disparition de l’Union démocratique, les nationaux démocrates s’allient cette fois avec le Parti chrétien paysan. Ainsi naît l’Union nationale paysanne, qui déclare que son but premier est de travailler pour l’ensemble des couches sociales laborieuses et tout particulièrement pour les habitants des petites villes, paysans et ouvriers. Cette alliance n’a que peu renforcé la position du Parti national démocrate en Pologne et dans le Cercle polonais. Au Parlement autrichien, à Vienne, Głąbiński développe une intense activité. Il se prononce pour un agrandissement de l’autonomie politique et économique de la Galicie. Lors des tractations sur la réforme concernant Le Conseil d’État, il remplit auprès du Cercle polonais la fonction de référent de l’ordination législative et fait partie de ceux qui négocient avec le gouvernement. Il est  de ceux qui s’opposent - comme la majorité du Cercle - à un système de vote quadripartite. Après la votation sur la réforme du Conseil d’État, il prend part à celle du Sejm régional, comme membre de la commission électorale. Le 20 septembre 1908, il est élu président de la nouvelle commission. Le 28 décembre 1910, après avoir déposé ses conclusions au Sejm, il décide de ne plus assumer sa présidence à la commission (janvier 1911). Il prend la parole au sujet de questions liées au budget, à la trésorerie, aux finances et aux problèmes de scolarisation et éducation. Il combat les postulats nationaux des Ukrainiens, se prononce contre les grèves ouvrières et des paroles creuses, voulant des réformes sociales trop poussées, proposées par les socialistes.

    Durant les années 1904-1918, il est député au Sejm régional et durant 1910-1918, au Sejm de la région de Bukowina. Il travaille dans trois commissions : impôts, budget et chemin de fer. Lors d’interventions au Sejm (de même que dans ses articles), il traite des questions ferroviaires, d’impôts, de finances, de scolarisation et d’éducation; il ne cesse de vouloir agrandir l’autonomie de la Galicie. Dans la période de 1906-1907, les nationaux démocrates organisent sur le  territoire de la Galicie, près de deux cents manifestations, lors desquelles on revendique une réforme du droit de vote, un statut à part, afin que la province puisse s’arracher de la dépendance économique de Vienne, ainsi qu’une autonomie au niveau juridique.

    Głąbiński appartient aux ennemis de ce qu’on appelle le Bloc de la Régence, créé par Michał Bobrzyński. Il s’oppose aux plans du nouveau régent au sujet d’un nouvel accord polono-ukrainien stipulant une démocratisation du droit de vote au Sejm régional et la création de nouvelles facultés ukrainiennes à l’Université de Lwów. Il exige que soit maintenu le statut quo polonais, c’est-à-dire national, en Galicie. Il participe à l’élaboration d’un nouveau programme politique national. Il se prononce pour l’élargissement des pouvoirs du Sejm régional  (contrôle de l’administration), du Conseil régional de l’éducation et d’une mise en place, auprès de la Régence, d’un tribunal régional spécial déservant l’administration. En 1910, Głąbiński est pris en compte comme un éventuel ministre pour les questions de la Galicie. La candidature est cependant tout de suite contestée par Bobrzyński. Głąbiński obtient cependant le poste de ministre des chemins de fer dans le cabinet de Richard Bienerth. Comme ministre, il s’oppose aux milieux financiers et politiques de Vienne; aux cercles militaires aussi. Il arrive à réaliser une décentralisation et une commercialisation des chemins de fer et applique une polonisation de l’administration sur les terres de la Galicie.

    Lors des années 1912-1913, il prend part aux travaux visant à la formation d’une coalition nationale-paysanne. Il en résulte, en septembre 1913, l’Union nationale chrétienne-paysanne (pol: Narodowy Związek Chrześcijańsko-Ludowy; le NZChL). Malgré ce succès, la position de Głąbiński au sein de la National démocratie n’est point stable. Le mouvement National démocrate subit un étiolement interne. La sécession vient du groupement « Fronda », tenu par les partisans du « Zet », voulant ainsi rompre leur dépendance envers la « Ligue nationale » et le Parti national démocrate. Entre 1908 et 1909, naît un nouveau milieu de séparatistes : « Rzeczpospolita » (fr : La République), du nom de l’hebdomadaire portant le même nom. Son noyau dur est formé par des jeunes nationaux, anciens partisans du « Zet »: Stanisław Stroński, Edward Dubanowicz, Ludwik Jaxa-Bykowski, Stanisław Kasznica, Stefan Dąbrowski, Adam Skałkowski, Stanisław Gieysztor et d’autres.

    Głąbiński est toujours perçu comme chef de file des nationaux démocrates, mais le Parti est dirigé par Stanisław Grabski et Jan Gwalbert Pawlikowski. Avant l’éclatement de la Première guerre mondiale, Głąbiński reste dans l’opposition envers les activistes du Royaume de Pologne (sous tutelle russe) et déclare sa loyauté envers l’Autriche-Hongrie. Il reste sceptique pour ce qui est soutien de la Russie et est considéré critique envers le courant néoslave. Les décisions prises lors de la conférence du Parti national démocrate, en mai 1910 et mars 1912, ont permis de maintenir la stratégie de Roman Dmowski. Le 28 juillet 1914, Głąbiński prend part à la formation d’un comité pour la réalisation de « l’unification et l’indépendance des terres polonaises ». Ainsi, se constitue à Lwów, un Comité Principal de la Nation , le CKN, composé du Parti national démocrate, Parti polonais paysan « Piast », du NZChl,  Parti catholique national, Parti des municipalités, Club du milieu, Club des autonomes, groupe « République », organisations paramilitaires des « Sokół », Brigades de Bartosz (pol: Drużyny Bartoszowe), une partie des Formations de tirailleurs polonais, les associations sociales, dont le Conseil National, l’Union polonaise des organisations nationales, la Société d’aide aux combattants de l’Insurrection de 1863, ainsi que le clergé. Comme délégué du CKN, Głąbiński assiste aux pourparlers de Vienne, avec le ministre des affaires étrangères d’Autriche-Hongrie, le conte Leopold Bertchold, ainsi que le chef du Quartier général des armées, le général Franz Conrad Hotzendorf, au sujet de la création d’une armée polonaise. Ces discussions se soldent par un échec. Après la formation du Comité Principal de la Nation, Głąbiński en devient l’un des membres. Suite au conflit avec les socialistes (au sujet du contenu du serment militaire des Légions), il remet sa démission.

    Après la prise de Lwów par les Russes, Głąbiński part pour Vienne, où il entreprend une intense activité auprès du Cercle polonais, centrée sur la question polonaise. En 1915, il prend contact avec l’Agence centrale polonaise de Lausanne, dirigée par Erazm Piltz (ancien membre du Mouvement de la politique réelle du Royaume de Pologne) et Marian Seyda (membre de la « Ligue nationale » et de la direction du Parti national démocrate sur les terres sous tutelle prussienne). Il soutient l’Agence en y envoyant des textes sur la politique économique, l’économie nationale et des commentaires sur les événements politiques en cours. La même année, il commence une étroite collaboration avec le « Rok Polski » (fr: L’An polonais), publication faisant la promotion des idées nationales. Il participe aussi à un cycle de rencontres programmées, suivies de discussions, réunissant les activistes du Cercle politique de tous les partis au Royaume de Pologne, qui revendiquent une base plus large pour un accord avec le Parti paysan « Piast », ainsi que d’autres milieux et groupes du centre-droit. Un tel semi-accord a lieu en Galicie, en juillet 1917. Ainsi, le Parti national démocrate, accompagné du Parti paysan « Piast » et de l’Union nationale, mettent en place  « L’Union multipartite ».

    Après la proclamation de l’acte du 5 novembre 1916, annonçant la création d’un État polonais sur les terres sous tutelle russe, mais occupées par les Allemands, Głąbiński commence à prendre ses distances envers l’orientation austro-hongroise, qu’il soutenait jusqu’à présent. Il proclame au nom du Cercle polonais de Vienne, un projet qui s’oppose aux plans impériaux autrichiens voulant séparer la Galicie et créer un Royaume de Petite Pologne, soumis à la monarchie austro-hongroise.

    Głąbiński appartient au Cercle polonais et au Cercle parlementaire polonais, qui initie, ce qu’on appelle, les résolutions de mai, revendiquant la création d’une Pologne unifiée, indépendante et avec accès à la mer. Les conservateurs y sont opposés, ce qui provoque la dissolution de la coalition au sein du Cercle polonais (4 novembre 1917) et le départ des nationaux démocrates (mars 1918). Głąbiński se prononce de manière permanente contre la politique autrichienne, dans le contexte -  voici un exemple -, de la signature du traité de paix de Brześć (anciennement: Brest-Litovsk) du 23 janvier 1918. Il présente alors au Premier ministre autrichien, Ernest Seidler, une interpellation concernant cette situation et dépose une lettre de protestation auprès de l’Empereur. Il y argumente, que la paix de Brześć n’est pas conforme au droit international et aux décisions de la Conférence de Londres (1879). Il annonce vouloir renvoyer à l’Empereur, en signe de protestation, toutes ses décorations et distinctions, dont l’Ordre de Léopold. Le 2 octobre 1918, au forum du Conseil d’État, Głąbiński accompagné d’Ignacy Daszyński et Tadeusz Tertil, présente une demande s’opposant à la ligne pro autrichienne des conservateurs. Il demande une fois encore la création d’une Pologne unie et indépendante, avec accès à la mer. Il fait au Conseil d’État une requête stipulant la mise en place d’une Commission de liquidation polono-austro-hongroise, dans le but d’abolir l’occupation et de transmettre à la Pologne la Galicie et la Silésie de Cieszyn (anciennement: Teschen). Au printemps 1918, en tant que délégué du Parti national démocrate, il se rend à Prague pour des pourparlers avec les politiciens tchèques, au sujet de la Silésie de Cieszyn. Il participe, avec Aleksander Skarbek, à la Conférence des Slaves méridionaux à Lubliana en Slovénie.


    Głąbiński entre au gouvernement de Józef Świeżyński, en tant que ministre des affaires étrangères, ( du 23.10.1918 au 04.11.1918), ce qui peu apprécié parmi les leaders nationaux démocrates. Lors d’une rencontre des dirigeants du Parti national démocrate à Lwów (30 10.1918), il s’explique en affirmant que son entrée au gouvernement, formé par le Conseil de Régence - auparavant critiqué - était pleinement justifiée, car le Conseil a obtenu sa pleine souveraineté en vertu d’une proclamation prononcée le 7 octobre. Il considère aussi, que c’est le 7 octobre 1918, et non le 11 novembre, que la Pologne a accédé à son indépendance. Vu sa fonction de ministre, Głąbiński envoie des télégrammes aux pays ayant démembré la Pologne, en les informant que désormais tous les liens avec les autorités d’occupation dans le Royaume de Pologne sont coupés. Il élabore un projet d’une loi électorale en cinq points, qui sera par la suite adoptée par le gouvernement de Jędrzej Moraczewski. Il participe aux travaux d’organisation de la Commission de liquidation à Cracovie et de la Commission gouvernementale de Lwów, où il est commissaire supérieur gouvernemental. Les deux institutions ont pour but de transférer le pouvoir des mains des institutions  et de l’administration autrichienne, vers celle nouvellement instaurée.

    Après le retour de Józef Piłsudski en Pologne et sa prise de pouvoir dans le gouvernement délégué par le Conseil de Régence, Głąbiński est le seul leader du Parti national démocrate à être resté au pays et participe ainsi aux discussions avec Piłsudski. Il exige de la part du Commandant de l’État, temporairement, que soit enlevé le drapeau rouge qui se trouve sur la tour du Château Royal à Varsovie et qu’un nouveau gouvernement national soit mis en place, ayant en son sein les représentants des plus importants partis politiques.

    Après la formation du cabinet d’Ignacy Paderewski, en janvier 1919, et sur demande express du général Lucjan Żeligowski, Głąbiński est envoyé comme émissaire à Bucarest. Il y obtient la permission du gouvernement roumain et du délégué de la France de former des unités militaires polonaises à Constantinople, Odessa et en Bessarabie, avec autorisation de traverser la Roumanie vers la Pologne. Ces unités devant prendre part aux combats contre les Ukrainiens en Galicie. Le 10 février 1919, il réussit sa mission avec succès.

    Głąbiński ne participe pas à la campagne du Comité national électoral des partis démocrates au Sejm, appelé aussi Sejm législatif (1919). Il est cependant élu comme député et prête serment après son retour au pays, le 20 février 1919, puis rejoint la direction du nouveau club parlementaire: l’Union parlementaire nationale paysanne (pol : Związek Sejmowy Ludowo Narodowy) - le ZLN.  Wojciech Korfanty en assume la présidence, toutefois, c’est dans les mains de Stanisław Grabski que repose le pouvoir effectif. Głąbiński travaille alors à la formation des structures organisatrices du ZLN. On unit d’abord (le 2 mars 1919) tous les Conseils principaux des territoires sous tutelle étrangère, y installant une Direction tripartite. On convoque à cette fin un Comité exécutif auquel participe Głąbiński. Ensuite, lors de la première réunion du « Parti suprapolonais » (11 au 12 mai 1919) à Varsovie, on nomme le secrétariat central de l’Union parlementaire nationale paysanne de la République de Pologne. C’est finalement lors de la deuxième réunion du « Parti suprapolonais » à Varsovie, que se constitue définitivement l’Union nationale paysanne (26-27 octobre 1919). Les autorités du nouveau groupement se forment en novembre. Głąbiński fait partie du Conseil supérieur et reste le président du club parlementaire ZLN. Mais c’est Stanisław Grabski qui détient le pouvoir  politique de la Nationale démocratie. Une fois de retour au pays (février 1920), Roman Dmowski maintient ce partage des rôles et la répartition des tâches. Głąbiński, mis à part ses obligations dues aux travaux parlementaires, mène une intense activité sur les terres de Galicie et des Confins Est de la Pologne. Il y crée entre autres: l’Union des organisations de Petite Pologne orientale, l’Association d’aide aux Confins Est et la Ligue de défense du terroir de Wilno et de l’ensemble de la République.

    Au Sejm polonais, Głąbiński siège dans la Commission du Trésor, du Budget et de la Constitution (président). Le 30 mai 1919, il  soumet à la Commission constitutionnelle, au nom du ZLN, un projet de constitution dont il est l’auteur. Il est assailli par les critiques  ne venant pas seulement de l’opposition, mais principalement des socialistes, qui ne sont pas d’accord sur les alinéas concernant l’Église catholique, la limitation des droits des minorités nationales et l’existence de deux chambres parlementaires. Il réfère à l’assemblée du Sejm les droits et devoirs des citoyens et expose son approche sur la loi concernant la nationalité. Il dépose bon nombre de projets de loi dans le domaine de la trésorerie, de l’économie et de la question ouvrière. Il fait partie des auteurs d’une loi fiscale sur le remplacement de la monnaie autrichienne - la couronne - et sa dénomination. Il initie la création du Conseil national pour les chemins de fer.

    Głąbiński poursuit aussi son combat pour la délimitation du territoire de l’État polonais. En tenant compte des arguments historiques et ethnographiques, il conçoit l’État polonais comme suit: les Confins Est de la Pologne avec Wilno et les terres de Grodno, la Galicie, la Grande Pologne, la Haute Silésie et ses mines, la Silésie de Cieszyn, Spisz et Orawa, la Poméranie avec Gdańsk, la Warmie et la Mazurie. Dans les pages de divers journaux, il mentionne les liens historiques qui unissent la Poméranie occidentale à la République polonaise. Le fait d’unir ce territoire à la Pologne, est pour lui un processus historique à long terme, qui tiendra compte des différents changements futurs dans la politique européenne. C’est pour cette délimitation des frontières qu’il se bat au forum parlementaire, dans les dizaines de textes journalistiques et aussi en apportant son soutien aux multiples initiatives locales, principalement aux Confins Est polonais et en Galicie. En mai 1924, il fait un voyage aux États-Unis, accompagné du docteur Stanisław Zieliński. Il essaye d’y influer sur les milieux de l’émigration polonaise qui forment l’opinion publique (les journalistes) et les  « représentants du gouvernement », afin d’obtenir un large soutien pour le programme territorial polonais.

    Lors des années 1919-1926, il participe à la construction  d’un gouvernement à majorité polonaise, car c’est ainsi qu’on l’appelle. Au départ cela paraissait fort difficile, car le ZLN devait faire face aux sécessions. En juillet 1920, il entre au Conseil de la défense de l’État. Il n’y sera présent que lors de trois rencontres, entre le 15 et le 22 juillet 1920. Après la chute du gouvernement de Władyslaw Grabski, principalement à cause des conclusions de la Conférence de Spa, Głąbiński est pressenti comme éventuel candidat au poste de ministre des affaires étrangères. Il ne recevra pas ce portefeuille. Suite à la démission du cabinet de Wincenty Witos, Wojciech Trąpczyński lui propose la mission de former un gouvernement. Dans une lettre adressée au président du Sejm, Głąbiński présente le plan du nouveau gouvernement. Il y annonce vouloir organiser de nouvelles élections au Parlement (dans quatre mois), entreprendre une réforme monétaire (instaurer le zloty polonais), augmenter les revenus des entreprises d’État (principalement des chemins de fer), appliquer un contrôle fiscal plus effectif, etc. Il présente aussi son programme au Sejm lui-même, lors de la Convention des députés seniors. La candidature de Głąbiński n’est cependant pas acceptée. Seuls les clubs: ZLN, Chrétiens démocrates du Parti paysan et le Parti national démocrate, ont voté en sa faveur.

    Durant les années 1921-1922, Głąbiński agit ponctuellement pour former un gouvernement majoritairement polonais. Il reste actif lors de la campagne électorale pour élire le Parlement et durant les élections présidentielles (1922). Son nom apparaît dans les couloirs, en tant que candidat au poste de Président de la République. Lors des élections parlementaires, il est candidat sur deux listes électorales, celle de Lwów, traditionnellement, et celle municipale varsovienne. La direction du Parti pensait que son nom, son expérience et sa popularité, pourraient renforcer la liste électorale de la capitale. En résultat, il obtient un « double » mandat et se désiste de ce dernier au profit de Władysław Rabski. Après l’assassinat de Gabriel Narutowicz, Président de la République, Głąbiński participe aux pourparlers avec le Parti paysan « Piast », afin de former un gouvernement de coalition. Après la victoire aux élections, Wincenty Witos devient Premier ministre (28.05.1923) et Głąbiński obtient le portefeuille de vice-premier ministre et Ministre des cultes et de l’éducation. Lors de son action ministérielle, il instaure plusieurs réformes d’importance: exonération des enfants des frais de transport en train, instauration d’un système d’évaluation scolaire unifié, mise en place d’un programme d’études harmonisées, destinées aux cours supérieurs pour enseignants d’État. Il promulgue un règlement décrivant les compétences des conseils pédagogiques et un règlement des punitions appliquées aux enseignants par les autorités scolaires. Il instaure un enseignement professionnel et technique. Ainsi voient le jour des écoles de cheminots à Sosnowiec et à Radom, des établissements d’enseignement agricole à Żyrowice, une Faculté d’artisanat et d’industrie à l’École nationale des industries de Bydgoszcz. Dans les établissements scolaires pour les minorités ethniques, il applique un cours de polonisation pour le moins radical. Il change les écoles secondaires ukrainiennes en écoles bilingues; on installe même sur les bâtiments des écriteaux en langue polonaise. Il a aussi limité le nombre d’heures d’enseignement de la langue ukrainienne, toutefois, il veut la création d’une université ukrainienne à Varsovie, ce qui lui vaut les critiques, aussi bien des nationaux démocrates que des Ukrainiens, ces derniers revendiquant un tel établissement supérieur à Lwów. La polonisation devait aussi englober les séminaires orthodoxes (avec le polonais comme langue d’enseignement). Il fait même des démarches pour que la langue polonaise soit introduite dans la liturgie de l’Église orthodoxe et postule une autocéphalie de celle-ci, afin que l’Église orthodoxe soit plus indépendante du patriarcat de Moscou. Dans l’éducation, surtout dans l’enseignement supérieur,  il n’abolit pas le principe discriminatoire du numerus clausus (les jeunes d’origine juive ont un accès limité aux études supérieures), laissant le droit de décider sur la question aux Conseils des facultés respectives. Pour ce qui est de l’éducation en allemand, il annonce la fermeture des petites écoles provinciales, où le nombre d’élèves ne dépasse pas la trentaine et ferme quelques établissements du secondaire, pour les jeunes d’origine allemande; Toruń est un exemple. Le 14 novembre 1923, protestant contre la politique économique, monétaire et la gestion du gouvernement, il remet sa démission.

    Après la chute du cabinet de Witos (14.12.1923), la candidature de Głąbiński est à nouveau prise en considération pour le poste de Premier ministre. En octobre 1924, lors du IV Congrès suprapolonais, il propose une réforme de la Constitution et de l’ordination électorale. Il exige que l’on élargisse les pouvoirs du Président de la République, augmente l’âge de voter aux élections parlementaires et limite les droits civiques des minorités ethniques qui ne sont pas « loyales envers l’État polonais ». Des propositions identiques sont publiées dans une série d’articles parus dans les pages du journal « Le Verbe polonais » à Lwów. Il est interrogé par la Commission d’enquêtes sur les organisations secrètes, car il est soupçonné de collaborer avec le « Secours des Patriotes Polonais ». En mai 1926, il participe à des pourparlers pour former le troisième cabinet de Wincenty Witos.

    Après le coup d’État de mai 1926, la position de Głąbiński au sein du mouvement national faiblit ostensiblement. De même que Władysław Grabski, il est accusé de mener une politique obsolète et de prendre de mauvaises décisions. En juin 1926, durant les assises du Conseil principal du ZNL à Poznań, il se maintient  à la Direction générale, mais uniquement comme représentant du Cercle parlementaire du ZLN. Malgré ceci, sa candidature réapparaît lors des élections présidentielles de 1926. Głąbiński se consacre alors entièrement au travail parlementaire. Plus d’une fois il prend la parole au Sejm, surtout pour ce qui est du budget, de la trésorerie et des questions économiques. Il élabore un projet qui vise une révision de la Constitution et de la législation électorale (sur la base d’un projet du ZLN de mars 1926). Les changements qu’il postule ont pour but la formation d’un État national, et donc la limitation du rôle politiques des minorités ethniques. En tant qu’auteur d’un chapitre de la Constitution polonaise, dite de mars : « Sur les droits des citoyens », il se prononce à présent pour leur limitation (surtout envers les minorités).

    Lors de la campagne électorale de 1927-1928, Głąbiński participe aux discussions pour composer une plus large coalition avec les Chrétiens démocrates, le Parti national des travailleurs (NPR), le Parti paysan « Piast », le Parti national-chrétien » (SChN). Finalement, l’accord n’est pas signé. La majorité des partis du centre-droit se présente aux élections de manière indépendante. Le ZLN et le Parti de la Grande Pologne (OWP) ainsi que le SChN, forment le Bloc catholique national et en Galicie orientale, on arrive a un accord avec le « Piast », tandis qu’à Varsovie, une entente avec les chrétiens démocrates a lieu. Głąbiński est candidat au Sejm et obtient un mandat. Roman Rybarski, est élu comme président du club ZLN,  dirigé par Głąbiński. La candidature de ce dernier est proposée au poste de président du Sénat, mais il n’obtient que 8 voix. Durant ses occupations parlementaires, il prend position au sujet de questions se rapportant au budget et à la trésorerie; participe aux travaux de la commission budgétaire. Il critique le gouvernement et les économistes des « sanateurs » du régime, pour leur politique étatiste, l’interventionnisme de l’État et le manque d’un plan d’envergure pour le développement économique du pays, qui serait doté d’une perspective à longue terme.

    Głąbiński maintient des contacts avec les milieux nationaux de Lwów. Il patronne le mouvement « L’Action des jeunes » de l’OWP, avec Zdzisław Stahl à sa tête. Il participe aux travaux d’organisation du Parti national. Il entre au Comité d’organisation du Parti national (29.06.1928) et de son Conseil des programmes. Il agit de manière active dans la formation du Comité d’organisation du Parti national à Lwów (1928) et devient délégué aux assises de la Direction principale du Parti national à Varsovie. En octobre 1928, il y est élu au Comité politique. Il est l’un des initiateurs de la Ligue de défense nationale (organisation paramilitaire du Parti national).

    Lors des élections de Brześć, en 1930, Głąbiński est candidat au Sénat et obtient une seconde fois un mandat, devenant président du Club sénatorial du Parti national. Dans ses travaux parlementaires, il est occupé traditionnellement des affaires économiques et budgétaires. Il reste critique envers la nouvelle Constitution, dite d’avril (discours au Sénat du 4 juillet 1935). Suite à la main mise sur le journal « Le Verbe polonais » par une équipe appelée « Groupe des cent », qui collabore avec le régime sanateur, Głąbiński édite un nouveau journal : « L’Hebdomadaire national de Lwów », qui disparaîtra du marché de la presse au bout de deux ans. Il soutient et patronne un autre périodique «  Le Verbe national » (1937-1939). Durant les années 1937-1939, Głąbiński exerce la majorité de ses activités politiques à Lwów et publie systématiquement et cycliquement ses articles dans la presse à orientation nationale, au niveau local ( « Journal national de Lwów et « Le Verbe polonais ») et dans toute la Pologne (« Journal National de Varsovie », «  La Pensée nationale » et « Le Courrier de Poznań »). Il est aussi actif comme homme de science, en publiant des écrits au sujet de l’économie nationale, des questions liées à la trésorerie, à la politique budgétaire. Il est l’auteur d’expertises juridiques (sur les systèmes politiques) dans lesquelles il évalue le système constitutionnel polonais.

     En 1939, il édite à Pelplin ses mémoires politiques et commence à rédiger un traité sur l’histoire de l’économie polonaise. En mai 1939, il participe à la campagne électorale aux municipales de Lwów. Il est cofondateur du Comité électoral du Parti national catholique, qui se lance dans les élections avec le slogan « Lwów était, est et sera polonais ». Il ne se mêle pas aux animosités internes du Parti et les fractions qui s’y affrontent - celle de Jędrzej Giertych et Kazimierz Kowalski contre le groupe de Tadeusz Bielecki.


    Dans les premiers jours après l’éclatement de la Seconde guerre mondiale, il s’engage dans les activités du Comité social d’auto-défense de Lwów et du Comité citoyen pour la défense de Lwów. Le 11 septembre 1939, il se dirige vers la frontière avec la Roumanie, mais un accident de voiture interrompt son déplacement, l’obligeant de retourner à Lwów. Il est arrêté le 17 septembre 1939 et emprisonné au siège du NKWD. Quelques jours plus tard, on le transporte à la célèbre prison de Brygitki. On formule contre lui l’accusation de diriger une organisation contre révolutionnaire et le fait de vouloir traverser illégalement la frontière. Au printemps 1940, il est envoyé à Moscou et incarcéré à la prison de Lubianka, puis dans la prison de Butyrki. Le 14 juin 1941, le Tribunal Suprême de la Fédération des Républiques socialistes soviétiques, prononce une sentence le concernant. On l’accuse d’activités antisoviétiques, ainsi que de vouloir illégalement traverser la frontière. Il est condamné à huit années de détention. Le 14 août 1941, à l’âge de 79 ans, Stanisław Głąbiński meurt dans la prison de Charków.

    Son épouse Maria, née Zadurowicz (1872-1926), a été inhumée au Cimetière Łyczakowski de Lwów.