Uptime Institute

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Uptime Institute
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Uptime Institute est un consortium d'entreprises créé en 1993[1] dont l'objectif est de maximiser l'efficacité des centres de traitement de données[2].

Uptime Institute est connu en particulier pour avoir défini la notion de « Tier » pour les centres de données, largement adopté dans le monde[3],[4].

Uptime Institute a été racheté par The 451 Group (un des concurrents du Gartner) en 2009[5].

La classification comporte les niveaux Tier I, Tier II, Tier III et Tier IV. Un centre de données doit être certifié par l’Uptime Institute pour revendiquer un niveau de Tier. La classification d’un site est fixée par son sous-système de plus bas niveau.

Les notions intermédiaires de type Tier III+ n’existe pas bien qu'elles soient parfois mentionnées pour désigner une conformité incomplète au niveau supérieur.

En 2015, Uptime Institute est le seul organisme à délivrer des certifications de centre de données. Les autres organismes proposant des classifications de centre de données (BICSI 002, TIA 942, Syska Hennessy) ne proposent pas de certification.

Types de centres[modifier | modifier le code]

Chaque niveau reprend les caractéristiques des niveaux précédents, en y ajoutant certaines améliorations.

Tier I - Le Basique[modifier | modifier le code]

Site basique sans redondance (capacité N). Il doit cependant disposer au minimum de salles informatiques dédiées, d'un onduleur, d'un système de refroidissement dédié, d’un groupe électrogène disposant d’une réserve de carburant permettant le fonctionnement du site pendant 12 heures.

Un centre de données Tier I nécessite au moins un arrêt annuel pour maintenance. Une grande partie des maintenances et pannes génèrent un arrêt du site.

Tier II - Redondance de la production d'électricité et du refroidissement[modifier | modifier le code]

Le Tier II est caractérisé par la redondance des "Infrastructure Capacity Components"[6] (production électrique, protection électrique et refroidissement). Cet ensemble regroupe les composants suivants : les générateurs électriques, le stockage du carburant, le stockage d'énergie, les onduleurs, les groupes froids, les climatisations et les protections calorifuges. Les circuits de distribution n’ont cependant pas besoin d’être redondés. Comme pour le Tier I, le site doit disposer d'une réserve de carburant permettant le fonctionnement du site pendant 12 heures.

Un centre de données Tier II nécessite au moins un arrêt annuel pour maintenance. Certaines maintenances et pannes génèrent un arrêt du site, notamment sur les circuits de distribution.


Tier III - La Maintenabilité[modifier | modifier le code]

Tous et chacun des composants d’un centre de données Tier III sont maintenables sans arrêt de l’informatique. Le corollaire est que tous les composants et circuits de distribution sont redondants. De plus les groupes électrogènes doivent pouvoir fonctionner à charge nominale (N) sans limitation de durée. Cela implique que les valeurs de groupe à retenir est la « Continuous Power » (CP) selon la norme ISO8528.1. Un déclassement de 30 % de la PRP (Prime Rating Power) est à appliquer aux groupes ne déposant de classification « CP ».

Aucune maintenance ne doit provoquer un arrêt de l’informatique.

Certaines pannes, incidents ou erreurs humaines peuvent interrompre l’informatique

Tier IV - La tolérance aux pannes[modifier | modifier le code]

Le centre de données Tier IV présente les grandes caractéristiques suivantes :

  • Tous les composants et distributions sont maintenables sans impact informatique ;
  • Réponse automatique aux pannes uniques (N Capacity) ;
  • Compartimentage coupe-feu : les éléments de la voie A ne peuvent pas être dans le même compartiment qu’un composant de la voie B,
  • Continuous Cooling : assurer le refroidissement en absence totale d’alimentation électrique ;
  • Groupe Électrogène fonctionnant sans limitation de durée (Continuous Power),

Le corollaire est l’absence de point unique de défaillance (SPOF, Single Point Of Failure).

Le Tier IV est tolérant aux maintenances, pannes (uniques), et incidents même graves (incendie par exemple).

Résumé des différences entre les différentes catégories Tier[modifier | modifier le code]

Voici un résumé des exigences précédemment définies. Dans ce tableau, la "Distribution Électrique Critique" regroupe l'ensemble du réseau de distribution électrique de la sortie de l'onduleur jusqu'aux équipements informatiques[7].

Composant Tier I Tier II Tier III Tier IV
Électricité et froid pour le fonctionnement en charge N N+1 N+1 N après n'importe quelle défaillance de l'un d'entre eux
Circuits de distribution 1 1 1 actif et 1 alternatif 2 actifs simultanément
Distribution Électrique Critique 1 1 2 actifs simultanément 2 actifs simultanément
Maintien du service en cas de maintenance Non Non Oui Oui
Tolérance aux pannes Non Non Non Oui
Compartimentage Non Non Non Oui
Refroidissement continu Non Non Non Oui

Taux de disponibilité[modifier | modifier le code]

Il est souvent associé à chaque Tier un niveau de disponibilité statistique. Ainsi les centres de données Tier IV ont un taux de disponibilité annoncé de 99,995 %. Cette valeur qui correspond à 26 minutes de coupure par an doit être correctement interprétée. Cette durée peut se traduire par 30 secondes de coupure par semaine (ne correspondant pas à l'objectif de disponibilité), ou une demi-journée tous les 10 ans, correspond à l'objectif recherché.

Il convient donc d’être très prudent dans l’interprétation des valeurs ci-dessous :

Type de tier Caractéristiques Taux de
disponibilité
Indisponibilité

statistique

annuelle

Maintenance
à chaud
possible
Tolérance
aux pannes
Tier I Non redondant 99,671 % 28,8 h  Non  Non
Tier II Redondance partielle 99,749 % 22 h  Non  Non
Tier III Maintenabilité 99,982 % 1,6 h  Oui  Non
Tier IV Tolérance aux pannes 99,995 % 0,4 h  Oui  Oui

Fausses Idées[modifier | modifier le code]

Dans les process de certification Tier III et IV, l’Uptime Institute considère que l’électricité est intégralement produite par les groupes électrogènes. L’alimentation par un fournisseur externe n’est considérée que comme une source d’économie (non de résilience). Il n’y a donc aucune contrainte sur le nombre de fournisseurs externes ni, plus surprenant, sur le nombre d’adductions électriques du site. Le sujet n’est même pas étudié lors de la certification.

La certification Uptime Institute n’impose aucune contrainte d’architecture et ne juge que de la capacité du site à répondre aux évènements endogènes (pannes, incident, maintenance).

Par conséquent le niveau de redondance n’induit en rien le niveau de tiering. Par exemple, un centre de données qui aurai une redondance très élevée 2(N+1) avec une vanne de jonction entre les deux réseaux d’eau glacée relève au maximum du Tier II. En effet, la maintenance de cette vanne commune impose l’arrêt des deux boucles, donc l’arrêt du centre de données.

En revanche, il est (dans la théorie) possible d’atteindre le niveau Tier IV en redondance N+1, même si dans les faits cela conduirait à une architecture très compliquée et difficilement exploitable. En règle générale, les centres de données Tier III ou IV ont un niveau de redondance allant de 2N à 2(N+1).

La certification repose sur les résultats et n’impose pas de contraintes d’architecture telles que la présence de faux-plancher, la méthode de climatisation, les tensions d’alimentation, etc. La certification ne formule aucune exigence sur la localisation du site.

La notion de Tier III+ peut être rencontrée, mais ne correspond pas à un niveau existant chez Uptime Institute.

Le tiering couvre l’intégralité des composants du centre de données. Une seule non-conformité entraine le déclassement. Il est donc impropre de faire mention par exemple de centre de données Tier IV pour l’électricité et Tier III pour la climatisation.

Dans les faits, une grande partie des centre de données relève d’un niveau Tier II.

Principe de la certification[modifier | modifier le code]

Seul l’Uptime Institute peut délivrer une certification. Aucun autre organisme n’est habilité à se prononcer sur le niveau de Tiering d’un centre de données, même avec une approche d'auto-évaluation.

La certification repose sur la réponse à l’exhaustivité des critères. Si un seul critère n’est pas rempli le site est déclassé au niveau correspondant.

Le champ couvert par la certification est très large :

  • Production de froid : calcul des puissances, inertie thermique, alimentation des composants, nombre et positionnement des vannes, automates de pilotage, …
  • Électricité : puissance, autonomie (batteries, groupes électrogènes), nombre et positionnement des tableaux et disjoncteurs, caractéristiques techniques de chaque composant, protection foudre, terre, …
  • Cheminement physique et compartimentage de tous les circuits,
  • Fuel : cheminement physique, détection et réponse aux fuites, positionnement des vannes,
  • Arrêts d’urgence : maintenance parallèle, séparation des voies,
  • Compartiments coupe-feu,
  • Détection des fuites (eau et fuel),
  • Équilibrage des charges,
  • Automates de pilotages, supervision,
  • Adduction télécom.

Les domaines non couverts par la certification sont : les systèmes de détection incendie et extinction, la sécurité physique d’accès au site et salles.

L’absence de maintenance régulière accroît très significativement le risque d’incidents bloquants et fait perdre les bénéfices d’un Tier III ou IV. L’obtention de la certification n’est donc pas une fin en soi. Il est important de maintenir le niveau de qualité tout au long de la vie du centre de données par une maintenance régulière et exhaustive ainsi que des tests de bon fonctionnement.

Dans les faits une grande partie des centres de données, selon la méthode de certification de l’Uptime Institute relèveraient d’un niveau Tier II.

En France[modifier | modifier le code]

Il n'y avait aucun centre de données "certifié Tier" en France jusqu'au début 2014.

Au troisième trimestre 2015, il n’y a en France que trois centres de données certifiés [8] :

  • Greenfield, du Crédit Agricole, est le seul site français à avoir obtenu la certification Tier IV,
  • Gemalto et Online SAS ont chacun un centre de données certifié Tier III.

En 2018 XEFI obtient la certification Uptime Institute Tier III « Constructed Facility » pour son datacenter de Civrieux, conçu par les équipes de Schneider Electric[9].

À la fin du mois de janvier 2021, le centre de données Aurora d'Aqua Ray devient le premier data center Tier IV du Grand Paris.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]