Tragédie du Carnaval de 1823

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La tragédie du Carnaval de 1823 est un mouvement de foule mortel survenu le au couvent des Minori Osservanti à La Valette, à Malte.

Environ 110 garçons allés au couvent pour recevoir du pain le dernier jour des célébrations du carnaval ont été tués après avoir chuté d'une volée de marches en essayant de sortir du couvent.

Contexte[modifier | modifier le code]

Au moment de la tragédie, Malte était sous domination britannique et était en pleine famine[1],[2]. C'était devenu une tradition de rassembler des garçons de 8 à 15 ans issus des couches les plus pauvres de la population de La Valette et des Trois cités, et participer à une procession cours des derniers jours du carnaval. Après la procession, ils assistaient à la messe et on leur donnait du pain par la suite[3],[4]. Cette activité était organisée par des directeurs ecclésiastiques qui enseignaient le catéchisme, et son objectif principal était de garder les enfants à l'écart des émeutes et de la confusion du carnaval[5],[6].

Cette activité a été organisée le , lorsque les enfants ont assisté à la messe à Floriana et sont ensuite allés au couvent des Minori Osservanti (maintenant mieux connu sous le nom de ta 'Ġieżu) à La Valette où ils ont reçu du pain[3],[4]. Tout s'est déroulé comme prévu, et la même procédure a été prévue pour le lendemain[1],[4].

La catastrophe[modifier | modifier le code]

La distribution de pain a eu lieu presque de la même façon le lendemain, le . Les enfants ont été rassemblés et ont assisté à la messe à Floriana, mais la cérémonie a duré une heure de plus que d'habitude[3],[4]. La procession des enfants au couvent de La Valette a eu lieu en même temps que les célébrations du carnaval, ils ont donc rencontré de nombreuses personnes qui rentraient chez elles[3],[5]. À ce stade, des adultes et des enfants de la foule se sont mélangés aux garçons pour recevoir du pain gratuit[3],[5].

Les garçons sont entrés dans l'un des couloirs du couvent par la porte de la sacristie de l'église et devaient sortir par une autre porte, qui donnait sur la rue Sainte Ursula. Le pain devait être distribué à cette dernière porte[3],[4]. Bien que la porte soit généralement verrouillée pour empêcher les garçons de rentrer une seconde fois pour recevoir plus de pain, elle a cette fois été laissée ouverte car les enfants étaient en retard. Pour cette raison, plus de personnes sont entrées sans que quiconque s'en rende compte[1],[3],[5].

Ceux qui étaient entrés ont commencé à pousser les garçons faisant la queue dans le couloir, qui ont été poussés au bout du couloir près d'une porte entrouverte. À ce stade, une lampe s'est éteinte, laissant le couloir dans l'obscurité, et les gens à l'intérieur ont commencé à avancer et pousser encore plus. Les garçons à l'avant sont tombés de plusieurs marches, bloquant ainsi la porte[1],[3].

Ceux qui distribuaient le pain ainsi que certains voisins se sont précipités pour aider les enfants après avoir entendu des cris. Ils réussirent à ouvrir les portes, et de nombreux garçons sont sortis. Cependant, un certain nombre d'entre eux étaient déjà morts, manquant d'air ou bien ayant été piétinés[1],[3],[6].

Le nombre exact de victimes n'est pas connu. Les archives de la Sacra Infermeria indiquent que 94 corps d'adolescents âgés de 15 à 16 ans ont été transportés à l'hôpital le et enterrés le lendemain[7]. Cependant, des données récentes tels que The Gentleman's Magazine et Historical Chronicle révèlent que « pas moins de 110 enfants ont péri à cette occasion »[2],[3].

Conséquences[modifier | modifier le code]

Une enquête menée par le gouverneur de Malte a eu lieu après la catastrophe et un rapport sur les conclusions a été publié quelques jours après l'incident[3],[4]. L'enquête a conclu que la bousculade avait eu lieu à la suite d'une succession d'erreurs et personne n'a été accusé de la mort des enfants.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Susanna Hoe, Malta : Women, History, Books and Places, Oxford, Women's History Press (a division of Holo Books), , 371–372 p. (ISBN 978-0-9572153-5-1, OCLC 931704918, lire en ligne), « Valletta »
  2. a et b (en) « Flashback: Valletta stampede in 1823 killed 100 children », (consulté le )
  3. a b c d e f g h i j et k Niles' Weekly Registrar, vol. 24, Baltimore, William Ogden Niles, march–september 1823, 189–190 p. (lire en ligne), « Melancholy Affair. Suffocation of one hundred and ten boys. Extract of a private letter from Malta, of February 21, 1823. »
  4. a b c d e et f (en) « To die for a piece of bread », (consulté le )
  5. a b c et d John Bond, The Hazards of Life and All That : A look at some accidents and safety curiosities, past and present, CRC Press, , 124–125 p. (ISBN 978-0-7503-0360-6, OCLC 35001873, lire en ligne)
  6. a et b (mt) Lanfranco, « It-Taghlim tad-Duttrina fil-Gzejjer Maltin; Ftit ta' l-Istorja », L-Imnara, Melita Historica, vol. 3, no 24,‎ , p. 104 (lire en ligne [archive du ])
  7. Cassar, « A note on Three Libri Mortuorum of the Holy Infirmary, the Civil Hospital of Valletta and the Central Civil Hospital of Floriana (1677–1885) », Proceedings of History Week (PHW), Melita Historica,‎ , p. 91 (lire en ligne [archive du ])

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • (mt) Malta bil chzejer tehne u li ghadda min ghaliha: It-tieni parti, Volume 2, 476 p. (lire en ligne), p. 438-440
  • (mt) Edward Attard, Tragedji Maltin : gabra ta' tragedji li graw f'Malta jew b'rabta ma' Malta mill-1800 sal-lum, Book Distributors Limited, , 36–45 p. (ISBN 978-99957-33-72-8, OCLC 828889833, lire en ligne)
  • (en) Fiona Vella et Oliver Gatt, Bizarre Malta : a look beyond the obvious, Book Distributors Limited, , 71-74 p. (ISBN 978-99957-73-33-5, lire en ligne), « Fatal Errors: The 1823 Carnival Tragedy, Valletta »