Tortues de Bristol
Les tortues de Bristol (en anglais : Bristol's Robot Turtoises) sont des dispositifs automobiles automatiques, deux robots inventés par le neurophysiologiste William Grey Walter à l’Institut de neurologie Burden situé à Bristol à partir de 1947 au moment où se met en place la cybernétique[1].
Description
[modifier | modifier le code]Elmer et Elsie, acronymes composites pour ELectro MEchanical Robots, Light Sensitive : c'est ainsi que Walter nomma ses deux premières tortues qui avaient en réalité la taille d'un petit chien[2]. Qualifiées de Machina speculatrix en références aux travaux de René Descartes[3], ces dispositifs sont considérés comme étant les premiers robots électroniques autonomes, bien qu'il faille manier avec précaution ici le principe d'autonomie, autrement complexe. Ces machines reproduisent le mécanisme de l'apprentissage par acquisition de réflexes conditionnés.
Comportement
[modifier | modifier le code]Les tortues Elmer et Elsie repéraient les sources de lumière de faible intensité dans les environs et tournaient autour d'elles. Elles pouvaient contourner les obstacles et éviter les sources de lumière plus vives qui avaient pour effet de les brûler, mais lorsque leurs batteries commençaient à faiblir, elles étaient, au contraire, attirées par une source lumineuse pour y puiser leur énergie. En plus, elles étaient dotées d'un système d'identification de la lumière avec le son de telle sorte que la reproduction simultanée de ces deux signaux à plusieurs reprises les entraîne à réagir au son seul, par association du son avec la lumière. C'était la reproduction du fonctionnement du réflexe conditionné, jusque-là propriété exclusive de la vie.
L'invention des tortues électroniques incita de nombreux chercheurs à développer la vie artificielle, autrement dit à tenter de reproduire sous forme de machines la vie dans toute sa complexité, le point névralgique ou central restant le cerveau comme centre de prise de décision autonome et autocognitif. Leur tendance à explorer leur environnement (d’où leur nom de Machina speculatrix), leur comportement réflexe simple vis-à-vis de la lumière en fonction de son intensité et leur capacité d'adaptation par réflexe conditionné inaugurait ce qui sera appelé bien plus tard, la robotique.
Autres dispositifs
[modifier | modifier le code]De nombreux dispositifs reproduisant de manière artificielle la vie sont nés après ceux de Grey Walter dont le renard électronique d'Albert Ducrocq et le chariot industriel autonome de type Zebulon.
Notes
[modifier | modifier le code]- Cyrille Foasso, « Les robots au musée — Un signe des temps? », e-Phaïstos, vol. XI, no 1, (DOI 10.4000/ephaistos.10944)
- Alexandre Counis, « Les cybertortues de William Grey Walter », Les Echos, (lire en ligne, consulté le ).
- W. Grey-Walter, « A Machine that Learns », Scientific American, , p. 40-43 (lire en ligne [PDF])
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Pierre de Latil, La Pensée artificielle : Introduction à la cybernétique, Paris, Gallimard, coll. « L'Avenir de la science » (no 34), , p. 206-227.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Leonardo Torres Quevedo
- l'homéostat de W. Ross Ashby
- Norbert Wiener
- La Cybernétique, documentaire de 1964.