Voir la source de Théorie de la séduction

La '''{{Terme défini |théorie de la séduction}}''' (dite aussi ''[[neurotica]]'') est une première théorie de [[Sigmund Freud]], que celui-ci  a élaborée entre 1895 et 1897, dans les débuts de la [[psychanalyse]]. Elle aura surtout permis à Freud de faire l'hypothèse du [[refoulement]] dans l'[[inconscient]], au contact notamment des personnes [[Hystérie|hystériques]].

L'abandon par Freud de la théorie de la séduction en septembre 1897 marque « la naissance de la psychanalyse » (comme on a pu dire), avec le passage à la théorie du [[Fantasme (psychologie)|fantasme]] et la reconnaissance de la [[réalité psychique]], d'une autre facture que la réalité matérielle.  

== Psychonévroses, ''Études sur l'hystérie'', « cas Emma » ==
{{Articles connexes|Psychonévrose de défense|Études sur l'hystérie|Emma Eckstein|Après-coup}}
La théorie de la séduction (dite aussi ''[[neurotica]]''<ref group=note>{{citation|Meine Neurotica}} : d'après une note dans les ''[[Libres Cahiers pour la psychanalyse]]'' sur la lettre du 21 septembre 1897, où Freud confie à Fliess qu'il ne croit plus à sa / ses ''neurotica'', {{citation|la construction allemande de la phrase ne permet pas de décider si le mot latin neurotica est un féminin singulier (ma neurotica) ou un neutre pluriel (mes neurotica). Plusieurs arguments plaident en faveur du pluriel}}.</ref>{{,}}<ref>Sigmund Freud, « Lettre à Wilhelm Fliess »,''[[Libres Cahiers pour la psychanalyse]]'', 2002/2 (N°6), {{p.|11-14}}. DOI : 10.3917/lcpp.006.0011. {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-libres-cahiers-pour-la-psychanalyse-2002-2-page-11.htm}}</ref>) est formulée en 1896, puis abandonnée en 1897 par [[Freud]]<ref>Les Grands dossiers des Sciences Humaines {{n°}}21.</ref>. Elle apparaît  dans les ''[[Études sur l'hystérie]]''<ref>
{{Ouvrage
 |prénom1=Sigmund
 |nom1=Freud
 |lien auteur1=Sigmund Freud
 |prénom2=Josef
 |nom2=Breuer
 |lien auteur2=Josef Breuer
 |titre=Études sur l'hystérie
 |éditeur=Presses universitaires de France
 |collection=Bibliothèque de psychanalyse
 |année=2002
 |isbn=2-13-053069-9
}}</ref>, ouvrage publié par Freud et [[Josef Breuer|Breuer]] en 1895,  et concerne la genèse de cette affection, l'[[hystérie]].
[[File:Portrait of S. Freud in 1891 Wellcome L0015371.jpg|thumb|left|upright=0.7|[[Sigmund Freud]] élabore la théorie de la séduction entre 1895 et 1897]]
[[File:De Studien über Hysterie A01.jpg|thumb| upright=0.5|''[[Études sur l'hystérie]]'', 1895]]
La théorie freudienne de la séduction fut exposée publiquement pour la première fois le {{date-|30 mars 1896}} dans un article intitulé « L'Hérédité et l'étiologie des névroses », paru dans ''La Revue Neurologique''<ref>Sigmund Freud,« L'Hérédité et l'étiologie des névroses », in ''[[OCF.P]]'' volume  III 1894-1899, Paris, PUF, 1989, {{p.|105-120}}, {{ISBN|2 13 042697 2}}.</ref>, périodique français, en hommage à [[Jean-Martin Charcot|Charcot]] et à ses disciples. Les mots « [[psychanalyse]] » et « [[Psychonévrose de défense|psychonévrose]] » y sont mentionnés pour la première fois.

Durant cette brève époque des années 1895-1897, où il professe la théorie de la séduction, Freud considère que la cause des psychonévroses (l'hystérie et la [[névrose obsessionnelle]]) est une séduction sexuelle dont la patiente ou le patient  aurait été victime avant la [[puberté]]<ref name="Brès">[[Yvon Brès]], « Avant la sexualité infantile » dans : « Freud au ras des pâquerettes. Une psychanalyse psycho-neurologique ? », ''[[Psychanalyse à l'université]]'' {{vol.|19}}, {{n°|74}}, 1994, {{p.|3-46}}.</ref>{{,}}<ref group=note> En intitulant son article « Freud au ras des pâquerettes », [[Yvon Brès]] se propose d'éclairer non pas ''toute'' l'œuvre de Freud, {{citation|mais une ''couche'' de cette œuvre qui se situe “au ras des pâquerettes”}}, à savoir la théorie des [[Névrose actuelle|névroses actuelles]] plus négligée des psychanalystes et historiens de Freud, lesquels, selon lui, s'intéressent bien davantage aux [[Psychonévrose de défense|psychonévroses de défense]].</ref>.  

=== L'abus sexuel réel ===
Quand il construit cette première théorie entre 1895 et 1897, Freud est d'avis que {{citation|la [[névrose]] aurait pour origine un [[abus sexuel]] réel : un “attentat” comme il le dit}}{{Sfn|Roudinesco et Plon|2011|p=1423}}. Il s'appuie autant sur une réalité sociale<ref group=note>Dans son ouvrage critique de l'abandon par Freud de sa première théorie, intitulé dans sa réédition en 2012 ''[[Le Réel escamoté|Enquête aux archives Freud]], des abus réels aux pseudo-fantasmes'', [[Jeffrey Moussaieff Masson]] rapporte ({{p.|35-72}}) que pendant son séjour à [[Paris]] et en suivant les cours de [[Jean-Martin Charcot]] sur l'[[hystérie]], du {{date-|3 octobre 1885}} au {{date-|28 février 1886}}, Freud avait suivi les conférences et assisté aux autopsies de [[Paul Brouardel|Brouardel]] à la morgue de Paris sur des cas de viol et d'assassinat d'enfants ou de violence sexuelle accompagnée de violence physique.</ref> que sur sa clinique : dans les familles, dans la rue parfois, des enfants peuvent être victimes de viols de la part des adultes, et le souvenir de ces traumatismes est si pénible qu'il est le plus souvent oublié, dénié ou refoulé{{Sfn|Roudinesco et Plon|2011|p=1423}}.

=== L'hypothèse du refoulement ===
Dans sa clinique, en écoutant des femmes hystériques, Freud est amené à cette époque à bâtir sa première hypothèse du [[refoulement]] et de la causalité sexuelle de l'[[hystérie]] sur la théorie d'une séduction ayant eu lieu de fait : c'est parce que ces femmes hystériques qui sont ses patientes ont été réellement séduites qu'elles sont atteintes de troubles névrotiques, pense-t-il{{Sfn|Roudinesco et Plon|2011|p=1423}}. Il émet alors des doutes sur {{citation|les pères en général}}, le sien compris (Jacob Freud), et sur lui-même quant à des {{citation|[[Désir|désirs]] coupables}} vis-à-vis de ses filles{{Sfn|Roudinesco et Plon|2011|p=1423}}.

=== Le « cas Emma » et le traumatisme en deux temps : l'après-coup ===
L'[[après-coup]] hystérique, révélé généralement par un événement plus anodin dans l'adolescence, montrait le retour traumatique d'une séduction de fait par un adulte, qui se trouvait ainsi sexualisée au moment de la [[puberté]] de la jeune fille au niveau de son [[refoulement]] dans le [[psychisme]]. L'exemple du cas d'« [[Emma Eckstein|Emma]] » (exposé dans ''[[Esquisse d'une psychologie scientifique|L'Esquisse]]''<ref group=note>Le « cas Emma » est consigné dans la deuxième partie de ''[[Esquisse d'une psychologie scientifique|L'Esquisse]]'' (écrit en 1895) intitulée « [[Psychopathologie]] » où il est question de la « psychopathologie de l'[[hystérie]] » (dans ''La naissance de la psychanalyse'').</ref>) est le plus illustratif de ce « [[Après-coup|traumatisme en deux temps]] » : Il va donner lieu pour Freud à un développement théorique sur le [[refoulement]] hystérique et à la notion de « ''proton pseudos'' »  ou « premier mensonge hystérique »<ref>Freud, « Psychopathologie de l'hystérie »,  dans ''La naissance de la psychanalyse'' [titre de l'éditeur], Paris, P.U.F., [[1956]], {{5e}} éd. 1985, {{p.|364-367}}.</ref>{{,}}{{Sfn|Vichyn|2005|p=507}}.

== ''Lettres à Wilhelm Fliess'', ''L'Interprétation du rêve'' ==
[[File:FreudFliess1890.jpg|thumb|left|upright=0.6|Freud et Fliess, 1890]]

=== La relation avec Fliess ===
La relation avec [[Wilhelm Fliess]] va progressivement se révéler déterminante dans la renonciation de [[Sigmund Freud]] à sa première théorie (la théorie de la séduction){{Sfn|Roudinesco et Plon|2011|p=1423}}, et dans l'invention du fantasme qui accompagne cette renonciation{{Sfn|Roudinesco et Plon|2011|p=468}}. Freud empruntera à son ami ses thèses sur la [[Bisexualité (psychanalyse)|bisexualité]] en les transformant, et la correspondance avec Fliess montre aussi, au travers de {{citation|ce qu'il appelle son auto-analyse}}, comment il élabore ses premières hypothèses sur l'[[hystérie]], la [[névrose]] et l'[[Complexe d'Œdipe|Œdipe]]{{Sfn|Roudinesco et Plon|2011|p=467-468}}.

Fliess, qui s'est spécialisé au cours de ses études de médecine en [[oto-rhino-laryngologie]]{{Sfn|Roudinesco et Plon|2011|p=467}}, est en effet l'{{citation|adepte d'une théorie biologique de la bisexualité et d'une conception de la sexualité fondée sur la “trace” réelle}}{{Sfn|Roudinesco et Plon|2011|p=1423}} : il met en relation la muqueuse nasale et les activités génitales et pense que {{citation|la vie est conditionnée par des phénomènes périodiques en relation avec la nature bisexuée de la constitution humaine}} ; il remarque par ailleurs {{citation|le caractère polymorphe de la [[Sexualité infantile (psychanalyse)|sexualité infantile]]}}{{Sfn|Roudinesco et Plon|2011|p=468}}.

=== Le rêve de l'injection faite à Irma ===
{{article détaillé|L'injection faite à Irma}}
[[File:Emma eckstein.jpg|thumb|upright=0.6|[[Emma Eckstein]]]]
Dans ''[[L'Interprétation du rêve]]'', à travers l'interprétation du rêve de [[Freud]] « [[L'injection faite à Irma]] »<ref group=note> Freud fait ce rêve en 1895, dans la nuit du 23 au {{date-|24 juillet}}, durant ses vacances et alors qu'il séjournait à la Villa Bellevue dans les environs de Vienne.</ref>{{,}}{{Sfn|Roudinesco et Plon|2011|p=776}}, où [[Emma Eckstein]] apparaîtrait en tant qu' « élément diurne » dans l'image composite du personnage d' Irma, revient le fait que  [[Wilhelm Fliess]] avait {{citation|commis auparavant une faute grossière}} avec cette patiente de Freud, {{citation|en oubliant un pansement dans ses cavités nasales après une opération, ce qui avait occasionné infection et grave hémorragie}}{{Sfn|Perron / L'injection faite à Irma|2005|p=890}}. D'après [[Roger Perron]], le rêve princeps de l'injection faite à Irma {{citation|inaugure la période d'autoanalyse de Freud}}, où son ami Wilhelm Fliess, qui figure à l'arrière-plan du rêve, joue un rôle important{{Sfn|Perron / L'injection faite à Irma|2005|p=890}}.

== L’abandon de la théorie de la séduction ==

C'est dans une lettre à [[Wilhelm Fliess]]<ref>Lettre 69 du 21 septembre 1897 
{{Ouvrage
 |langue=fr
 |langue originale=en
 |titre=Lettres à Wilhelm Fliess
 |sous-titre=1887-1904
 |lieu=Paris
 |éditeur=Presses universitaires de France
 |année=2006
 |pages totales=763
 |isbn=2-13-054995-0
}}</ref> de {{date-|septembre 1897}}, appelée {{citation|lettre de l’équinoxe}} par Jean Laplanche<ref>[https://www.cairn.info/revue-libres-cahiers-pour-la-psychanalyse-2002-2-page-67.htm Accuser réception, Dominique Scarfone, ''Libres cahiers pour la psychanalyse 2002/2'' (n°6)], {{p.|67}}</ref>, que Freud remet en question sa première théorie jugée invérifiable dans la réalité, en parlant de l'abandon de sa ''[[neurotica]]'' à son ami et correspondant. Il est habituel de considérer que cet abandon représente l'un des moments fondateurs de la construction de la théorie psychanalytique et de l'abandon du modèle neurologique<ref>{{ouvrage|langue=fr|prénom1=Elisabeth|nom1=Roudinesco|prénom2=Michel|nom2=Plon|lien auteur1=Élisabeth Roudinesco|titre=Dictionnaire de la psychanalyse|éditeur=Fayard|lien éditeur=Fayard (maison d'édition)|lieu=Paris|année=2011|collection=La Pochothèque|année première édition=1997|isbn=978-2-253-08854-7}}, {{p.|1424}}</ref>{{,}}<ref>{{ouvrage |langue=fr |prénom1=Roger |nom1=Perron |titre= Histoire de la psychanalyse |numéro d'édition=5|collection=Que sais-je ? |éditeur=PUF |lien éditeur=Presses universitaires de France |lieu=Paris |année première édition=1988 |année=2014 |isbn=978-2-13-063375-4}}, {{p.|3-9}}</ref> basée sur le schème « traumatisme = affection ». 

Cependant, {{citation|Freud ne désavouera jamais sa théorie du [[Traumatisme psychologique|traumatisme]]}}{{Sfn|Perron|2005|p=1633}}. Il centre son attention par la suite sur la « [[Scène primitive (psychanalyse)|scène primitive]] », c'est-à-dire sur l'observation réelle ou fantasmée par l'enfant des rapports sexuels entre les parents{{Sfn|Perron|2005|p=1633}}. Selon [[Roger Perron]],  {{citation|le problème des relations entre “[[réalité psychique]]” et “réalité historique” (événementielle)}} continuera chez Freud de faire l'objet d'une interrogation constante{{Sfn|Perron|2005|p=1633}}.

L'abandon par Freud de sa ''neurotica''<ref group=note>Lettre à Wilhelm Fliess du 21 septembre 1897 : {{citation|Il faut que je te confie tout de suite le grand secret qui, au cours de ces derniers mois s'est lentement révélé. Je ne crois plus à ma ''neurotica''...}} (in ''La naissance de la psychanalyse'', Paris, PUF, 1956, {{p.|190}}).</ref> a donné lieu à une abondante littérature<ref name="Brès"/>. Le [[philosophe]] Yvon Brès distingue trois périodes : 1) Autour de 1970, un grand nombre de psychanalystes et de philosophes, le plus souvent [[Psychanalyse en France|français]], ont fait de l'abandon de la théorie de la séduction, {{citation|l'acte de naissance de la “vraie” psychanalyse}}, c'est-à-dire et selon eux, {{cita|celle qui s'intéresse au [[Fantasme (psychologie)|fantasme]] et non à l'événement, à la “réalité psychique” et non à la vérité historique}}<ref name="Brès"/>. 2) La réaction se fait jour autour de 1980 et prend selon Brès {{citation|une forme assez amusante}} : Freud est soupçonné d'avoir eu {{citation|des raisons inavouables — conscientes ou inconscientes — de cesser de croire que ses patientes avaient été violées}} (Mary Balmary, ''L'homme aux statues'', 1979 ; Marianne Krüll, ''Freud und sein Vater'', Munich, 1979, trad. française ''Sigmund fils de Jacob'', 1983 ; [[Jeffrey Moussaieff Masson]], ''The Assault on Truth'', New York, 1984, trad. franç. ''Le réel escamoté''<ref group=note>Yvon Brès rapporte que page 142, et page 152 dans la traduction française chez Aubier, Masson suspecte [[Wilhelm Fliess]] d'avoir abusé de son propre fils.</ref>{{,}}<ref name="Brès"/>) ; 3) Dans une troisième période, poursuit Yvon Brès, {{citation|on laisse de côté les ragots}} : Freud n'aurait pas cessé de s'intéresser aux souvenirs traumatiques oubliés, il aurait {{citation|tout au long de sa vie, accordé de l'importance aux expériences sexuelles infantiles, quitte à donner à la séduction un sens “généralisé”<ref group=note>Yvon Brès fait allusion à la [[théorie de la séduction généralisée]] de Jean Laplanche.</ref>}}. En 1994, Yvon Brès considère que {{citation|le débat n'est évidemment pas clos}}<ref name="Brès"/>.

== Ferenczi et la réalité du traumatisme infantile ==
[[File:20060905-Ferenczi S12-1.gif|thumb|upright=0.6|left|[[Sándor Ferenczi]] redonne au traumatisme infantile toute son importance.]]
Alors que Freud a envisagé une troisième voie, entre réalité du trauma et fantasme, c'est-à-dire le [[refoulement]] de la [[Représentation (psychanalyse)|représentation]] [[après-coup]]{{sfn|Sabourin|2011|p=149}}, [[Sándor Ferenczi]] propose quant à lui de redonner de l'importance au traumatisme infantile{{sfn|Sabourin|2011|p=153}}.

Dans « Confusion de langue entre les adultes et l’enfant. Le langage de la tendresse et de la passion » (1933), Ferenczi distingue radicalement entre {{citation|la langue d'enfance et sa logique (recherche de tendresse, de sécurité, d'amour élémentaire, d'“amour objectal passif”), et la logique de la langue passionnelle }} chez certains adultes séducteurs, qui recherchent l'excitation génitale et la violence dominatrice{{sfn|Sabourin|2005|p=367}}.

== Continuation de la théorie de la séduction ==

D'après Dominique Bourdin, Freud semble renoncer à cette théorie, mais continue de postuler l'idée de séduction<ref>« L’œuvre freudienne revient sans cesse, en même temps que sur les constructions fantasmatiques, sur l'idée d'une séduction traumatique, » in: ''La psychanalyse de Freud à aujourd'hui: histoire, concepts, pratiques'', par Dominique Bourdin. {{p.}}251, Éditions Bréal, 2007.</ref> comme origine des troubles psychiques ou névrotiques. Pour Yves-Hiram Haesevoets, il s'agirait ainsi d'une relégation, plus que d'un abandon<ref>«...Freud relègue sa théorie de la séduction traumatique au profit de celle de l'imaginaire œdipien...» in: ''L'enfant victime d'inceste: De la séduction traumatique à la violence sexuelle'', par Yves-Hiram Haesevoets, De Boeck Supérieur, 2003, {{p.}}31</ref>.

[[Peter Gay]] souligne que deux semaines après la lettre à Fliess où il déclare son abandon, Freud lui en écrivait une autre où il se déclare tout à fait prêt à croire au récit d'une patiente qui témoigne d'avoir été violée par son père à l'âge de deux ans ; trois mois plus tard, il lui écrit encore pour affirmer sa « confiance dans l'étiologie liée au père », en 1924, Freud insiste toujours sur la part de vérité de ses premiers travaux<ref> Peter Gay, 1988, ''Freud, une vie'', Paris, Hachette, trad. Tina Jolas, p. 111-112.</ref>. Tabin<ref> Johanna Krout Tabin, "Freud's Shift From the Seduction Theory: Some Overlooked facts, ''Psychoanalytic Psychology'', 1993, 10:291-297 </ref>, Lothane<ref> "Freud's Alleged Repudiation of the Seduction Theory Revisited: facts and Fallacies", ''Psychoanalytic Review'', 2001, 88: 673-723 </ref> ou Lynn<ref> David J. Lynn, 1993, « L’analyse par Freud d’un homme psychotique, A.B., entre 1925 et 1930 », ''Filigrane'', Québec, 2007, vol. 16, n° 1, pp. 110-123; ''Psychologie Clinique'', Paris, 2008, n° 26, pp. 101-116, trad. Prado de Oliveira </ref>, sont du même avis que Peter Gay . Ainsi, Lynn affirme que Freud est très attentif à la séduction infantile dans sa conduction de l'analyse de son patient, A.B., ce qui porterait à relativiser la portée de l’idée généralement admise de sa "[[neurotica]]".

=== La théorie de la séduction généralisée (Jean Laplanche) ===
{{article détaillé|Théorie de la séduction généralisée}}
En [[1987]], dans ''Nouveaux fondements pour la psychanalyse. La séduction originaire'', [[Jean Laplanche]] pose la [[théorie de la séduction généralisée]]{{Sfn|Perron|2005|p=1634}}{{,}}{{Sfn|Roudinesco et Plon|2011|p=1428}}, par laquelle il reformule la théorie de la séduction de Freud en lui donnant une plus grande ampleur {{Sfn|Merot|2013|p=XIV}}. Dans la conclusion de son ouvrage sur l' ''Histoire secrète de la séduction sous le règne de Freud'', la psychanalyste Jacqueline Lanouzière écrit qu' {{cita| avec le concept de séduction “originaire”, Laplanche [...] dégage ce qui est “l'essence” même du phénomène séductif: l'énigme}}<ref>Jacqueline Lanouzière, ''Histoire secrète de la séduction sous le règne de Freud'', Paris, P.U.F., 1991, {{p.|164}}.</ref>.

== Notes et références ==

=== Notes ===
{{Références|groupe=note|colonnes=2}}

=== Références ===
{{Références |colonnes=2}}

== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
{{Légende plume}}

==== Textes de référence ====
* [[Sigmund Freud]], 
** « L'Hérédité et l'étiologie des névroses », in ''[[OCF.P]]'' volume  III 1894-1899, Paris, PUF, 1989, {{p.|105-120}}, {{ISBN|2 13 042697 2}}. 
** ''La naissance de la psychanalyse'' (titre de l'éditeur pour les ''Lettres à Fliess'', suivi de l' ''[[Esquisse d'une psychologie scientifique|Esquisse]]''), dans  {{Ouvrage|auteur1=Sigmund Freud|titre=La Naissance de la psychanalyse|éditeur=Presses universitaires de France|année première édition=1956|année=1996|numéro d'édition=7|isbn=978-2-13-043972-1|id=Freud, 1996}} ; ''Lettres à Wilhelm Fliess 1887-1904'', Édition complète établie par [[Jeffrey Moussaieff Masson]]. Édition allemande revue et augmentée par Michael Schröter, transcription de Gerhard Fichtner. Traduit de l'allemand par Françoise Kahn et François Robert PUF, 2006, {{ISBN|2130549950}}. {{plume}}
** ''L'interprétation du rêve'', œuvres complètes : T {{IV}} 1899-1900, {{ISBN|213052950X}} ([[L'injection faite à Irma]]).
* [[Wilhelm Fliess]], ''Les relations entre le nez et les organes génitaux de la femme'', Ed.: Seuil, 1977, {{ISBN|2020046717}}.
* [[Sandor Ferenczi]], ''Confusion de langue entre les adultes et l'enfant'' (1933 [1932]), Paris, Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2004 {{ISBN |9782228899185}}.
* [[Jean Laplanche]], ''Nouveaux fondements pour la psychanalyse. La séduction originaire'', Paris, PUF, 1987, {{ISBN|2 13 040279 8}}

==== Études ====
(Dans l'ordre alphabétique des noms d'auteurs)
* [[Didier Anzieu]], ''L'auto-analyse de Freud'', [[Presses universitaires de France|PUF]] (rééd. PUF ([[L'auto-analyse de Freud]] et la découverte de la psychanalyse), 1998, {{ISBN|2130420842}}.
* {{Chapitre| auteur1=Harold P. Blum| titre chapitre = [[Archives Sigmund Freud|Sigmund Freud Archiv]]| auteur ouvrage = [[Alain de Mijolla]] (dir.)|titre ouvrage = [[Dictionnaire international de la psychanalyse]]|id=Blum|passage=1659-1660|année=2005|éditeur=Hachette Littératures|isbn  = 2-0127-9145-X}}.
* [[Yvon Brès]], « Freud au ras des pâquerettes. Une psychanalyse psycho-neurologique ? », ''[[Psychanalyse à l'université]]'' {{vol.|19}}, {{n°|74}}, 1994, {{p.|3-46}}. {{plume}}
* Collectif, « Les secrets de la séduction », ''[[Libres Cahiers pour la psychanalyse]]'', 2002/2, N° 6, In Press, {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-libres-cahiers-pour-la-psychanalyse-2002-2.htm}}
* Collectif : [[André Green]], Ilse Grubrich-Simitis, Jean Laplanche, Jean-G. Schimek et [[Catherine Chabert|C. Chabert]], [[Christophe Dejours|C. Dejours]], J.-C. Rolland, dans ''Libres Cahiers pour la psychanalyse - Études'', « Sur la théorie de la séduction », Paris, Éditions In Press, 2003, {{ISBN|2-84835-008-3}}.
* [[Henri F. Ellenberger]] ''À la découverte de l'inconscient, histoire de la psychiatrie dynamique'' (Réédité sous le titre: "Histoire de l'inconscient", [[Librairie Arthème Fayard|Fayard]], 2001, 975 pages) {{ISBN|2213610908}}.
* {{en}} Han Israëls et Morton Schatzman « The seduction theory » ''History of Psychiatry'' 1993;4(13):23-59 {{DOI|10.1177/0957154X9300401302}}.
* [[Ernest Jones]], ''La vie et l'œuvre de Sigmund Freud (trois tomes)'', [[Presses universitaires de France|PUF]]-Quadridge rééd. 2006 (T 1 : {{ISBN|2130556922}} ; T2 : {{ISBN|2130556930}} ; T3 : {{ISBN|2130556949}} ).
* Jacqueline Lanouzière, ''Histoire secrète de la séduction sous le règne de Freud'', Paris, P.U.F., 1991, {{isbn|2 13 043476 2}} {{plume}}
* [[Jean Laplanche]] et [[Jean-Bertrand Pontalis]], ''Fantasme originaire Fantasmes des origines Origines du fantasme'' [1964], Paris : © Hachette (collection « Textes du {{s-|XX|e}} »), 1985 ; Paris, Hachette Pluriel, 2002.
* Jean Laplanche et Jean-Bertrand Pontalis, ''[[Vocabulaire de la psychanalyse]]'', Paris, 1967, éd. 2007, Ed.: PUF - Quadrige, Coll.: Quadrige Dicos Poche, {{ISBN|2-13-056050-4}}
* {{Chapitre| auteur1=Jean Laplanche| titre chapitre = séduction généralisée (théorie de la -)| auteur ouvrage = Alain de Mijolla (dir.)|titre ouvrage = Dictionnaire international de la psychanalyse|id=Laplanche|passage=1634-1635|année=2005|éditeur=Hachette Littératures|isbn  = 2-0127-9145-X}}.
* {{en}} « Jeffrey Masson and Freud's seduction theory: a new fable based on old myths » Allen Esterson, History of the Human Sciences, volume 11, no. 1, February 1998, {{p.|1-21}}. 
* {{Ouvrage |prénom1=Jeffrey Moussaieff |nom1=Masson |lien auteur1=Jeffrey Moussaieff Masson |titre=Le réel escamoté. Le renoncement de Freud à la théorie de la séduction |lieu=Paris |éditeur=Aubier |année=1984 |isbn=}}, republié en 2012 sous le titre ''Enquête aux archives Freud, des abus réels aux pseudo-fantasmes''. {{plume}}
* {{Chapitre| auteur1=Patrick Merot| titre chapitre = Jean Laplanche| auteur ouvrage = Alain de Mijolla (dir.)|titre ouvrage = Dictionnaire international de la psychanalyse|id=Merot|passage=XIV|année=2013|éditeur=Hachette Littératures|isbn =9782818503393}}.{{plume}} 
* {{Chapitre| auteur1=[[Roger Perron]]| titre chapitre = séduction (scènes de -)| auteur ouvrage = Alain de Mijolla (dir.)|titre ouvrage = Dictionnaire international de la psychanalyse|id=Perron|passage=1633-1634|année=2005|éditeur=Hachette Littératures|isbn  = 2-0127-9145-X}}.{{plume}} 
* {{Chapitre| auteur1=Roger Perron| titre chapitre = Irma (rêve de l'injection faite à -)| auteur ouvrage = Alain de Mijolla (dir.)|titre ouvrage = Dictionnaire international de la psychanalyse |id=Perron / L'injection faite à Irma|passage=890|année=2005|éditeur=Hachette Littératures|isbn  = 2-0127-9145-X}}. {{plume}}
* {{ouvrage|langue=fr|prénom1=Elisabeth|nom1=Roudinesco|prénom2=Michel|nom2=Plon|lien auteur1=Élisabeth Roudinesco|titre=Dictionnaire de la psychanalyse|éditeur=Fayard|lien éditeur=Fayard (maison d'édition)|lieu=Paris|année=2011|collection=La Pochothèque|année première édition=1997|isbn=978-2-253-08854-7}}, chapitres : « Séduction (Théorie de la -) »{{p.|1423-1429}} {{plume}} ; « Fliess, Wilhelm (1858-1928) », {{p.|467-469}} ; « [[Library of Congress]] », {{p.|929-931}} ; « Irma (L'injection faite à) », {{p.|776-777}}.
* Pierre Sabourin :
**{{Ouvrage |titre=Sandor Ferenczi, un pionnier de la clinique |éditeur=Campagne Première |année=2011 |pages totales=340 |isbn=978-2-915789-67-6 |isbn2=2-915789-67-3}} (rééd. de ''Ferenczi, paladin et grand vizir secret'', Éditions universitaires, 1985, {{nb p.|230}} {{ISBN|2711302970}}). {{plume}}
**{{Chapitre |langue=fr |titre chapitre=''Confusion de langue entre les adultes et l'enfant, le langage de la tendresse et de la passion''|auteurs ouvrage=Alain de Mijolla (dir.)|titre ouvrage=Dictionnaire international de la psychanalyse |lieu=Paris |éditeur=Hachette |année=2005 |isbn=201279145X|passage=367|id=Sabourin:cl}}. {{plume}}
* {{Chapitre| auteur1=[[Henri Sztulman]]| titre chapitre = Séduction| auteur ouvrage = Alain de Mijolla (dir.)|titre ouvrage = Dictionnaire international de la psychanalyse|id=Sztulman|passage=1631-1632|année=2005|éditeur=Hachette Littératures|isbn  = 2-0127-9145-X}}.
* {{Chapitre| auteur1= Juan Eduardo Tesone| titre chapitre = De la théorie de la séduction à la séduction traumatique| auteur ouvrage = Dominique Cupa, Hélène Parat, Guillemine Chaudoye (dir.)|titre ouvrage =Le sexuel, ses différences et ses genres. Enjeu du sexuel dans les cultures contemporaines |id=Tesone|passage=179-188|année=2011|lieu=[[Les Ulis]]|éditeur=EDK, Groupe EDP Sciences|collection=Pluriels de la psyché|lire en ligne =https://www.cairn.info/le-sexuel-ses-differences-et-ses-genres--9782842541606-page-179.htm}}.
* Juan Eduardo Tesone, « Une activité peu masculine : l'inceste père-fille », ''[[Revue française de psychanalyse]]'', 1998/2 (no 62), {{p.|513-526}}. {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-francaise-de-psychanalyse-1998-2-page-513.htm}}, sur [[Gallica|Gallica/Bnf]] [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5452294q.image.r=revue+fran%C3%A7aise+de+psychanalyse.f131.pagination.langFR]
* {{Chapitre| auteur1=Bertrand Vichyn| titre chapitre = Eckstein, Emma| auteur ouvrage = Alain de Mijolla (dir.)|titre ouvrage = Dictionnaire international de la psychanalyse|id=Vichyn|passage=507|année=2005|éditeur=Hachette Littératures|isbn  = 2-0127-9145-X}}. {{plume}}

=== Articles connexes ===
* ''[[Neurotica]]''
* [[Psychanalyse]]
* [[Hystérie]]
* ''[[Études sur l'hystérie]]''
* [[Emma Eckstein]]
* [[Après-coup]]
* [[Théorie de la séduction généralisée]]
* [[Traumatisme psychologique|Traumatisme psychique]]
* [[Sándor Ferenczi]]

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{{Portail|psychologie|psychanalyse}}

{{DEFAULTSORT:Theorie de la seduction}}
[[Catégorie:Concept de psychanalyse]]
[[Catégorie:Séduction]]
[[Catégorie:Histoire de la psychanalyse]]