Voir la source de Programme Artemis

{{Voir homonymes|Artémis (homonymie)}}
{{Titre mis en forme|Programme ''Artemis''}}
{{Infobox Programme spatial
 | nom                 = Programme ''Artemis''
 | légende image       = [[Vue d'artiste]] d'un [[vaisseau spatial]] [[Orion (véhicule spatial)|''Orion'']] approchant la [[station spatiale]] ''{{langue|en|[[Lunar Gateway]]}}''.
 | pays                = [[Fichier:Flag_of_the_United_States.svg|20px]] [[États-Unis|États-Unis d'Amérique]]<br/>[[Fichier:Flag_of_Europe.svg|20px]] [[Europe]]<br/>[[Fichier:Flag_of_Canada_(Pantone).svg|20px]] [[Canada]]<br/>[[Fichier:Flag_of_Japan.svg|20px]] [[Japon]]
 | agence              = [[National Aeronautics and Space Administration|NASA]], [[Agence spatiale européenne|ESA]], [[Agence d'exploration aérospatiale japonaise|JAXA]], [[Agence spatiale canadienne|ASC]]
 | objectifs           = Présence humaine à la surface du [[pôle Sud de la Lune]] à compter de 2025
 | statut              = En développement
 | coût                = 92 mds US$ (phase I)
 | lanceur             = [[Space Launch System]], [[Starship (fusée)|Starship]]
 | capsule             = [[Orion (véhicule spatial)|Orion]], [[Starship HLS]], [[Lunar Orbital Platform-Gateway]]
 | base de lancement   = [[Complexe de lancement 39]], [[Centre spatial Kennedy]]
 | premier lancement   = {{date|16 novembre 2022}} (''[[Artemis I]]'')
 | premier lancement habité = vers septembre 2025 (''[[Artemis II]]'')
 | chronologie         = [[Programme spatial des États-Unis#Vol spatial habité|<span style="color:white">Programme spatial américain habité</span>]]
 | article programme précédent = Programme Constellation
 | programme précédent = Programme ''Constellation''
}}

Le '''programme ''Artemis''''' est un [[programme spatial]] habité de la [[National Aeronautics and Space Administration|NASA]], l'[[agence spatiale]] américaine, dont l'objectif est d'amener un équipage sur le [[sol lunaire]] d'ici 2026. À l'instigation du [[Président des États-Unis|président américain]] [[Donald Trump]], la date du retour de l'humain sur la [[Lune]], que la NASA avait fixée à 2028 sans programmation clairement définie, a été avancée de quatre ans en {{date|avril 2019}} avec des objectifs qui ont été précisés, donnant naissance au programme Artemis. Celui-ci doit déboucher sur une [[Exploration de la Lune|exploration]] durable du [[Satellite naturel|satellite]], c'est-à-dire l'organisation de missions régulières dont l’aboutissement serait l'installation d'un poste permanent sur la Lune. Le programme doit également permettre de tester et de mettre au point les équipements et procédures qui seront mis en œuvre au cours des futures [[Mission habitée vers Mars|missions avec équipage à la surface de la planète Mars]]. La réalisation des missions du programme ''Artemis'' nécessite le développement de plusieurs [[Véhicule spatial|engins spatiaux]] : le [[lanceur (astronautique)|lanceur]] lourd ''{{langue|en|[[Space Launch System]]}}'' (SLS), le [[vaisseau spatial]] [[Orion (véhicule spatial)|''Orion'']], dont la réalisation a débuté dans les années 2010 mais est marquée par des dérapages budgétaires et calendaires réguliers. L'architecture des missions repose sur la future [[station spatiale]] ''{{langue|en|[[Lunar Gateway|Lunar Orbital Platform-Gateway]]}}'' (LOP-G) qui, placée en [[orbite]] autour de la Lune, servira de relais entre la [[Terre]] et la surface de la Lune.

Pour remplir les objectifs ambitieux du programme ''Artemis'' dans le délai très court qui lui est imposé, la NASA [[Externalisation|sous-traite]] de manière particulièrement marquée la conception de composants importants (vaisseau lunaire HLS, modules de la station spatiale LOP-G, [[atterrisseur]]s des missions robotiques) ainsi que les prestations de lancement de ces engins et de ravitaillement de la station spatiale. En {{date-|avril 2021}}, le développement du  HLS est confié à la société [[SpaceX]], qui proposait une version de son [[Starship (fusée)|''{{langue|en|Starship}}'']] baptisé [[Starship HLS]]. Selon le programme établi en {{date|novembre 2021}}, puis modifié en janvier 2024, {{lnobr rom|Artemis III}}, lancée en 2026, sera la première mission qui amènera un équipage mixte de deux astronautes sur la Lune pour un séjour d'une durée de six jours et demi. Après cette date doivent être menées des missions caractérisées par des séjours plus longs, un équipage au sol de quatre personnes au lieu de deux, davantage d'équipements permettant d'étoffer le retour scientifique. Le vaisseau lunaire sera alors partiellement réutilisable. Les sites d'atterrissage retenus pour toutes ces missions se situent au [[pôle Sud de la Lune]] car les [[Eau sur la Lune|réserves de glace d'eau]] présentes dans les cratères perpétuellement à l'ombre présentent un intérêt stratégique dans la perspective de [[Colonisation de la Lune|missions de longue durée]].

[[Fichier:Human landing system and its crew on lunar crater.jpg|vignette|redresse=1.5|L'équipage d'une mission ''Artemis'' à la surface de la Lune près du pôle sud ([[vue d'artiste]]).]]

Outre son délai très serré, le projet rencontre un problème budgétaire similaire à celui qui avait été fatal en 2009 au [[programme Constellation|programme ''Constellation'']] qui poursuivait les mêmes objectifs. En 2022, les trois premières missions du programme sont financées, mais la suite du programme, qui nécessite de lancer des développements immédiatement, ne dispose pas d'un budget suffisant. Le premier vol du lanceur lourd [[Space Launch System|SLS]] (mission [[Artemis I]]), qui constitue un jalon important du programme Artemis, a lieu le 16 novembre 2022. Début 2024 le débarquement d'un équipage sur la Lune est repoussé à septembre 2026 en raison des retards dans le développement et la mise au point des vaisseaux et équipements nécessaires.

== Contexte ==

Le programme ''Artemis'' tire son nom de la déesse grecque [[Artémis]], sœur jumelle d'Apollon, en écho au [[programme Apollo|programme ''Apollo'']] de la NASA<ref>{{Lien web | auteur = Le Monde avec AFP | titre = Mission Artemis-1 : deuxième report du décollage vers la Lune de la mégafusée de la NASA | jour = 04 | mois = septembre | année = 2022 | url = https://www.lemonde.fr/sciences/article/2022/09/03/mission-artemis-1-deuxieme-essai-de-decollage-vers-la-lune-pour-la-megafusee-de-la-nasa_6140099_1650684.html | site = [[Le Monde]] | éditeur = Le Monde | issn = 1950-6244 | consulté le =  4 septembre 2022}}.</ref>. Depuis la mission habitée ''{{lnobr|Apollo 17}}'' de 1972, dernière mission du programme ''Apollo'', plus aucun [[astronaute]] ne s'est éloigné de plus de quelques centaines de kilomètres de la Terre. L'[[agence spatiale]] [[États-Unis|américaine]] réalise depuis cette époque des études sur le scénario d'une [[mission habitée vers Mars]], mais aucun planning précis n'a pu jusque-là être défini pour ce projet dont les coûts sont supérieurs d'un [[ordre de grandeur]] à celui du [[Exploration de la Lune|programme lunaire]]. Les dirigeants américains de leur côté ont initié, au cours des décennies qui ont suivi le programme ''Apollo'', plusieurs programmes habités ambitieux à destination de l'espace lointain (c'est-à-dire au-delà de l'[[orbite terrestre basse]]), mais ceux-ci ont toujours échoué faute de moyens et d'une véritable volonté politique. Ces projets avortés sont dans l'ordre chronologique la [[Colonisation de la Lune#La Space Exploration Initiative de George Bush|{{langue|en|Space Exploration Initiative}}]] de [[George H. W. Bush]] (1989), le [[programme Constellation|programme ''Constellation'']] de [[George W. Bush]] (2004) et le ''{{langue|en|Flexible Path}}'' (2010) dont la première mission, l{{'}}''{{langue|en|[[Asteroid Retrieval and Utilization]]}}'', a été annulée en 2017.

=== Programme ''{{langue|en|Constellation}}'' (2004-2009) ===
{{Article détaillé|Programme Constellation}}
[[Fichier:Altair-Lander (latest).jpg|vignette|Le [[programme Constellation|programme ''Constellation'']] est la tentative la plus aboutie de ramener des hommes à la surface de la Lune. [[Vue d'artiste]] du vaisseau ''Altair'' étudié pour ce programme.]]

Le {{date-|20 juillet 1989}}, pour le {{20e|anniversaire}} de l'alunissage d’''{{nobr|Apollo 11}}'', le [[président des États-Unis]] [[George H. W. Bush]] lance un programme spatial ambitieux sur {{nb|30 ans}}, le [[Colonisation de la Lune#La Space Exploration Initiative de George Bush|{{langue|en|Space Exploration Initiative}}]] (SEI)<ref>{{Lien web | langue  = en | url = http://history.nasa.gov/sei.htm | site= history.nasa.gov | titre= The Space Exploration Initiative | auteur = Steve Garber |éditeur = NASA History Division | consulté le = 19 octobre 2009}}.</ref>, qui doit permettre l'installation d'une [[Colonisation de la Lune|base permanente sur la Lune]]. Mais son coût, l'absence de soutien dans l'opinion publique et les fortes réticences du [[Congrès des États-Unis|Congrès]] font échouer le projet. En 2004, son fils, le président [[George W. Bush]], rend publics les objectifs à long terme qu'il souhaite assigner au [[Programme spatial des États-Unis|programme spatial américain]] alors que l'[[accident de la navette spatiale Columbia|accident de la navette spatiale ''Columbia'']] vient de clouer au sol une flotte de [[navette spatiale américaine|navettes spatiales]] vieillissantes et que le sort de la [[Station spatiale internationale]], dont l'achèvement approche, est en suspens. Le projet présidentiel ''{{langue|en|[[Vision for Space Exploration]]}}'' veut replacer l'être humain au cœur de l'[[Histoire du vol spatial|exploration spatiale]] : le retour d'astronautes sur la Lune est programmé avant 2020 pour une série de missions destinées à préparer une éventuelle présence permanente de l'humain sur le sol lunaire et mettre au point le matériel nécessaire à de futures [[Mission habitée vers Mars|missions habitées sur Mars]] fixées à une échéance beaucoup plus lointaine<ref>{{Chapitre |langue=en |titre ouvrage=Societal impact of spaceflight |auteur1=Andrew Chaikin |titre chapitre=Live from the Moon: The Societal Impact of Apollo |éditeur=NASA |année=2007 |numéro dans collection=SP-2007-4801 |isbn= |lire en ligne=http://history.nasa.gov/sp4801-part1.pdf |format=pdf |id=SOC}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en | url = http://history.nasa.gov/Bush%20SEP.htm | site = history.nasa.gov |éditeur=NASA | titre = President Bush Announces New Vision for Space Exploration Program | auteur = George Bush |date= janvier 2004 | consulté le = 11 octobre 2009 }}.</ref>. Cette fois-ci, l'opinion comme le Congrès sont favorables au projet : le [[programme Constellation|programme ''Constellation'']] est alors mis sur pied par la NASA pour répondre aux attentes présidentielles. Il prévoit la construction de deux types de [[lanceur (astronautique)|lanceur]], {{lnobr rom|Ares I}} et {{lnobr rom|Ares V}}, ainsi que, de manière similaire au programme ''Apollo'', deux vaisseaux habités, [[Altair (véhicule spatial)|''{{langue|en|Altair}}'']] et [[Orion (véhicule spatial)|''Orion'']]<ref>{{Ouvrage | url=http://www.nasa.gov/pdf/163092main_constellation_program_overview.pdf |format=pdf | éditeur= NASA | titre=Constellation Program Overview | auteur=John Connolly |pages totales=22 |date=octobre 2006 |consulté le=11 octobre 2009 }}.</ref>. La NASA utilise, en les adaptant, des [[moteur-fusée|moteurs-fusées]] développés pour la fusée {{lnobr rom|Saturn V}}, les propulseurs à poudre de la navette spatiale ainsi que de nombreuses installations au sol remontant à l'époque du programme ''Apollo''. Mais le programme prend du retard et se heurte à un problème de financement qui, selon les plans initiaux, doit s'effectuer sans augmentation substantielle du budget global de la NASA<ref>{{Lien web |url=https://www.usatoday.com/tech/science/space/2009-09-15-return-to-moon_N.htm?csp=34 | titre=Return-to-moon plan gets boost on Capitol Hill | auteur=Seth Borenstein, Associated Press | éditeur=USA Today |date=16 septembre 2009 | consulté le=10 octobre 2009 }}.</ref>. À la suite de son investiture, le président américain [[Barack Obama]] fait expertiser le programme ''Constellation'' par la [[commission Augustine]], créée à cet effet le {{date-|7 mai 2009}}. Celle-ci conclut qu'il manque trois milliards de dollars par an pour atteindre les objectifs fixés{{sfn|NASA|2010|id=NASA2010|p=97}}, mais confirme l'intérêt d'une seconde exploration humaine de la Lune comme étape intermédiaire avant une mission habitée vers Mars{{sfn|NASA|2010|id=NASA2010|p=69}}. Début {{date-|février 2010}}, le président Obama annonce l'annulation du programme ''Constellation'', qui est confirmée par la suite<ref>{{lien web |langue=en |titre=Statement by Charlie Bolden | url=http://www.nasa.gov/pdf/420994main_2011_Budget_Administrator_Remarks.pdf |format=pdf | site = NASA | description = Présentation du budget 2011 de la NASA par son administrateur | date=1 février 2010 }}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web |langue=en |titre=Fiscal year 2011 budget estimates | url=http://www.nasa.gov/pdf/420990main_FY_201_%20Budget_Overview_1_Feb_2010.pdf |format=pdf | site = NASA | description=Synthèse du budget 2011 de la NASA proposé le 1 février 2010 | date=1er février 2010 | éditeur=NASA}}.</ref>.

=== ''{{langue|en|Flexible Path}}'' : Mars en plusieurs étapes (2010) ===

Malgré l'arrêt du [[programme Constellation|programme ''Constellation'']], la NASA décide de poursuivre le développement du lanceur lourd ''{{langue|en|[[Space Launch System]]}}'' (SLS) et du vaisseau spatial interplanétaire ''[[Orion (véhicule spatial)|Orion]]''. Ces engins spatiaux doivent être utilisés pour réaliser des missions interplanétaires d'une complexité croissante dans le but ultime de déposer des humains sur [[Mars (planète)|Mars]]. La stratégie ainsi définie, baptisée « ''{{langue|en|Flexible Path}}'' », est beaucoup plus progressive que ce qui a été envisagé dans les projets martiens antérieurs. Avant de poser l'humain sur Mars, il est prévu de mener des missions autour de la Lune, sur des [[astéroïde]]s proches puis sur la lune martienne [[Phobos (lune)|Phobos]] pour mettre au point les matériels et gagner en expérience. Les premières missions de SLS et Orion à destination de l'espace cis-lunaire sont progressivement définies au cours des années suivantes. Toutefois la stratégie d'exploration du système martien proprement dit reste vague<ref name=NASAspaceflight23012010>{{lien web|langue=en|url=http://www.nasaspaceflight.com/2010/01/taking-aim-phobos-nasa-flexible-path-precursor-mars/|titre=Taking aim on Phobos – NASA outline Flexible Path precursor to man on Mars |date=23 janvier 2010 |éditeur=nasaspaceflight.com|auteur1=Chris Bergin}}</ref>.

=== Mission avortée ''{{langue|en|Asteroid Retrieval and Utilization}}'' (2012-2017) ===
{{Article détaillé|Asteroid Retrieval and Utilization}}

La première mission du programme ''{{langue|en|Flexible Path}}'' est l'envoi d'un équipage à la surface d'un [[astéroïde géocroiseur]] : l{{'}}''[[Asteroid Retrieval and Utilization]]'' (ARU) doit combiner l'étude ''in situ'' de cet objet et tester les nouveaux équipements, notamment en déplaçant une roche de quatre mètres de diamètre située à la surface de l'astéroïde pour la placer sur une orbite lunaire<ref name=NASAspaceflight23012010/>. Toutefois, en interne à la NASA comme au [[Congrès des États-Unis]], peu de personnes soutiennent cette mission et celle-ci est finalement annulée en {{date-|juin 2017}}<ref>{{lien web|langue=en|url=http://spacenews.com/nasa-closing-out-asteroid-redirect-mission/|titre=NASA closing out Asteroid Redirect Mission |date=14 juin 2017 |éditeur=[[SpaceNews]]|auteur1=Jeff Foust }}</ref>. Cette annulation replace la Lune au cœur du programme spatial habité.

=== Analyse des raisons de l'échec des projets lunaires et martiens antérieurs ===

Plusieurs raisons expliquent les échecs répétés des projets de missions lunaires et martiens<ref>{{lien web|langue=en|url=https://arstechnica.com/science/2019/07/half-a-century-after-apollo-why-havent-we-been-back-to-the-moon/?comments=1|titre=Half a century after Apollo, why haven’t we been back to the Moon? |date=19 juillet 2019|site=arstechnica.com|auteur1=Eric Berger}}.</ref>.
* Il y a peu de justification économique à de telles missions. Une mission robotique permet d'explorer l'espace lointain à un coût cent fois moins élevé et sans risquer la vie d'un équipage, bien que les missions habitées soient plus agiles au plan scientifique que les missions robotiques. La justification avancée pour une mission habitée, selon laquelle il est dans la nature de l'être humain d'explorer et d'étendre son horizon, est faible si on la rapproche de ses implications financières.
* Les Américains qui soutiennent ces projets sont minoritaires. Les sondages récents, qui rejoignent des analyses antérieures, montrent que seulement un quart des américains considère comme important ou très important l'envoi d'astronautes sur la Lune ou sur Mars. Une large majorité considère que les priorités vont à la protection de la Terre contre l'impact d'un astéroïde, l'étude de la planète et l'exploration du système solaire par des missions robotiques.
* Une mission habitée vers Mars est un objectif très ambitieux sur le plan financier et technologique. Pour illustrer cette complexité, l'astronaute [[Donald Pettit|Don Pettit]] cite le fait que si les toilettes ne fonctionnaient plus à bord de la Station spatiale internationale, la NASA peut envoyer une pièce de rechange, tandis que si le même incident se produit sur Mars il entraîne la mort de l'équipage<ref>{{Article|langue=en-US|prénom1=Josh|nom1=McHugh|titre=Mission to Mars: Staying Alive|périodique=Wired|date=2004-12-1|issn=1059-1028|lire en ligne=https://www.wired.com/2004/12/mission/|consulté le=2022-08-29}}.</ref>.
* Une mission lunaire de son côté constitue aux yeux de beaucoup d'Américains un objectif présentant peu d'intérêt dans la mesure où il s'agit seulement de renouveler à un coût élevé une réalisation remontant déjà à plus de 50 ans.
* Les différents acteurs impliqués dans le programme spatial ont des vues divergentes qui freinent la réalisation de projets de grande envergure. La [[Maison-Blanche]] est favorable à un programme ambitieux mais elle dépend du [[Congrès des États-Unis|Congrès]] pour obtenir le budget. Ce dernier est souvent hostile à des dépenses aussi importantes dans le domaine spatial. Certains de ses membres sont guidés par des objectifs purement électoraux (créer de l'emploi dans leur circonscription) comme le sénateur républicain de l'[[Alabama]] [[Richard Shelby]] qui contrôle de facto le budget de la NASA. Les différents établissements de la NASA sont eux-mêmes en conflit entre eux pour préserver leur budget et leur pouvoir au sein de l'agence spatiale. Enfin les grands industriels du spatial ([[Boeing]], [[Northrop Grumman Innovation Systems|Orbital ATK]], [[Aerojet Rocketdyne]]) font jouer leurs appuis au Congrès de manière à préserver leur activité éventuellement en contradiction avec les objectifs de l'agence spatiale. Les acteurs du [[NewSpace]] ([[SpaceX]], [[Blue Origin]]...) tentent également d'influencer les décideurs au mieux de leurs intérêts financiers.

=== Développement récent du programme lunaire habité ===
==== Regain d'intérêt des puissances spatiales pour la Lune ====

La [[Russie]] annonce au milieu de la décennie 2010 qu'elle projette de développer une station orbitale lunaire, la ''Lunar Orbital Station'' et d'envoyer des astronautes à la surface de la Lune à l'horizon 2030 en utilisant le vaisseau ''[[Federatsia]]'' en cours de développement. De son côté l'[[Agence spatiale européenne]] lance en 2015 l'idée d'un [[village lunaire]], c'est-à-dire d'une base permanente sur la Lune développée par l'ensemble des nations spatiales. La Chine, dont les réalisations spatiales progressent à grands pas, envisage depuis 2017 de débarquer des humains à la surface de la Lune au cours de la décennie 2030<ref>{{lien web|langue=en|url=https://www.independent.co.uk/news/world/asia/china-moon-landing-manned-mission-space-exploration-programme-lunar-programme-a7776566.html|titre=China prepares first manned mission to the moon |date=7 juin 2017 |éditeur=Independent|auteur1=Ben Blanchard }}</ref>.

==== Station spatiale lunaire ''{{langue|en|Deep Space Gateway}}'' (2017) ====
{{Article détaillé|Lunar Gateway}}

En avril 2017, la NASA précise la stratégie de son programme spatial habité dans la perspective de l'abandon de la [[Station spatiale internationale]] qui est frappée d'obsolescence à moyen terme. Elle annonce le développement d'une station spatiale placée en orbite lunaire baptisée [[Lunar Gateway|''Deep Space Gateway'']] (DSG). Celle-ci pourra accueillir des équipages pour une durée de 42 jours. Elle comprendra un module d'habitation, un module de propulsion et peut-être un module servant de sas. La DSG sera assemblée à partir de composants transportés par le futur lanceur lourd [[Space Launch System|SLS]] et elle sera desservie par le vaisseau [[Orion (véhicule spatial)|''Orion'']]. Dans une première phase du programme, les équipages qui devraient occuper la station à partir de 2028 l'utiliseront pour apprendre à vivre et à travailler en orbite lunaire. Cette phase permettra également de pratiquer les rendez-vous entre vaisseaux loin de l'orbite terrestre basse. La NASA souhaite à ce stade faire appel aux entreprises privées et aux partenaires internationaux pour les missions de ravitaillement. Ces missions sont un préambule à l'envoi de missions vers Mars constituant la phase ultime du programme. Pour convoyer les équipages, il est prévu de développer un vaisseau spatial de grande taille, le ''[[Deep Space Transport]]''. Celui-ci sera convoyé jusqu'à la station lunaire après un lancement par le SLS puis sera ravitaillé avant d'être lancé vers Mars avec un équipage de 4 personnes<ref>{{lien web|langue=en|url=http://www.planetary.org/blogs/jason-davis/2017/20170407-new-mars-plans-unveiled.html|titre=NASA unveiled new plans for getting humans to Mars, and hardly anyone noticed |date=7 avril 2017 |éditeur=[[Planetary Society]]|auteur1=Jason Davis }}</ref>{{,}}<ref name="Gateway_20170328">{{lien web|langue=en|nom1=Kathryn Hambleton|titre=Deep Space Gateway to Open Opportunities for Distant Destinations|website=www.nasa.gov|url=https://www.nasa.gov/feature/deep-space-gateway-to-open-opportunities-for-distant-destinations|éditeur=NASA|consulté le=5 avril 2017}}.</ref>{{,}}<ref name="NASA_March_2017">{{lien web|nom1=Robyn Gatens|prénom1=Jason Crusan|titre=Cislunar Habitation & Environmental Control & Life Support System|url=https://www.nasa.gov/sites/default/files/atoms/files/20170329-nacheoc-crusan-gatens-hab-eclss-v5b.pdf|website=www.nasa.gov|éditeur=NASA|consulté le=31 mars 2017}}.</ref>.

== Lancement du programme ''Artemis'' ==

=== Un objectif fixé à 2024 par le président Trump ===

En avril 2019, à quelques mois du cinquantième anniversaire de la mission ''{{lnobr|Apollo 11}}'' qui a vu le premier homme fouler le sol lunaire, le vice-président américain [[Mike Pence]], après avoir adressé des reproches à la NASA et à ses sous-traitants pour le retard pris dans le développement du lanceur lourd [[Space Launch System|SLS]] (la date du premier vol a glissé de 2017 à 2022), annonce que le Président américain [[Donald Trump]] souhaite qu'un premier équipage soit déposé à la surface de la Lune dès 2024 soit quatre ans avant l'échéance prévue jusque là par la NASA<ref>{{Article |langue=fr |auteur1=Killian Temporel |titre=Les américains sur la Lune en 2024 ? |périodique=Espace & Exploration |numéro=51 |date=mai-juin 2019 |issn=2114-1320 |pages=32-35 }}.</ref>. Le président assigne deux objectifs à l'agence spatiale : tenir la date de 2024 et réaliser à terme des missions dites durables permettant l'[[exploration de la Lune]] puis [[Exploration du système martien|de Mars]]. Pour remplir le premier objectif, la NASA décide de concevoir deux types de missions. Les premières sont simplifiées (séjour court de six jours et demi sur la Lune, masse emportée limitée, équipage de deux personnes, pas de pré-positionnement de matériel à la surface, vaisseau lunaire non réutilisable). Les missions dites durables, qui devaient intervenir à compter de 2026, utilisent un vaisseau lunaire plus gros qui permet d'emporter plus d'équipements et un équipage de quatre personnes pour un séjour à la surface plus long<ref name="HSRConceptofOperations" />. Le site d'atterrissage des missions serait situé près du [[Pôle Sud de la Lune|pôle Sud lunaire]], qui est un objectif scientifique important et recèle des stocks d'eau qui peuvent être exploités pour faciliter les séjours prolongés en augmentant l'autonomie des équipages (eau, oxygène)<ref name="Planetary-04042019">{{lien web|langue=en |auteur1=Casey Dreier|url=https://www.planetary.org/articles/can-nasa-land-humans-by-2024 |titre=T-minus Five Years and Counting |consulté le=21/11/2021 |date=4 avril 2019 |site=[[The Planetary Society]]}}.</ref>.

=== Recherche d'un financement ===

Mi-{{date-|mai 2019}}, une enveloppe supplémentaire de {{nobr|1,6 milliard}} de [[dollar américain|dollars]] est débloquée au titre de l'année budgétaire 2020 pour ce programme lunaire, qui est baptisé à cette occasion « programme ''Artemis'' », du nom de [[Artémis|la déesse grecque]] personnifiant la Lune dans la [[mythologie grecque]]. Il s'agit d'une référence explicite au [[programme Apollo|programme ''Apollo'']], qui est nommé d'après [[Apollon]], le dieu grec et frère jumeau d'Artémis. Les fonds doivent être utilisés de la manière suivante<ref>{{lien web|langue=en |auteur1=William Harwood|url=https://spaceflightnow.com/2019/05/13/trump-adds-1-6-billion-to-nasas-2020-budget-request-to-kick-start-2024-artemis-moon-mission/ |titre=Trump adds $1.6 billion to NASA budget request to kick start ‘Artemis’ moon mission |date=13 mai 2019|site=spaceflightnow.com}}.</ref> :
* un milliard de dollars sont consacrés à la réalisation d'un atterrisseur capable de déposer des humains sur la Lune. La conception et la fabrication de ce module seraient complètement sous-traitées à l'industrie privée ;
* le budget engagé pour le développement de la station spatiale lunaire sera réduit de 321 millions de dollars en limitant sa fonction à celle de support pour déposer l'équipage sur la Lune. La somme libérée doit être affectée à d'autres dépenses du programme ''Artemis'' ;
* 651 millions de dollars sont affectés au développement du lanceur SLS et du vaisseau ''Orion'' ;
* le développement des systèmes de propulsion reçoit 132 millions de dollars, dont {{nobr|90 millions}} affectés à l'exploration robotique.

En septembre 2020, la NASA produit un document recensant les coûts de la {{nobr|phase 1}} du programme ''Artemis'', qui comprend les missions {{lnobr rom|Artemis I}} à {{lnobr rom|Artemis III}} sur la période 2021-2025. Le budget nécessaire est évalué à {{nobr|28 milliards}} US$ mais n'inclut pas la station spatiale ''{{langue|en|Gateway}}'', les habitats de surface et le développement d'un ''astromobile'', qui ne deviennent nécessaires que pour la {{nobr|phase 2}} du programme. Les principaux postes budgétaires sont le développement du module lunaire HLS ({{nobr|16 milliards}} US$) ainsi que celui du vaisseau ''Orion'' et du lanceur SLS ({{nobr|7,6 milliards}} US$ en tout)<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=NASA|titre=NASA’s Lunar Exploration Program Overview|éditeur=NASA|année=2020|mois=septembre|pages totales=74|passage=54|isbn=|lire en ligne=https://www.nasa.gov/sites/default/files/atoms/files/artemis_plan-20200921.pdf|id=Program092020}}.</ref>. À titre de comparaison, le coût du programme ''Apollo'' est évalué à {{nobr|250 milliards}} US$ (en dollars 2020) mais les {{nobr|28 milliards}} ne comprennent pas les sommes déjà dépensées au cours des deux dernières décennies pour développer le lanceur lourd SLS et le vaisseau ''Orion''<ref name=BBC22092020/>. Pour tenir le planning très serré imposé par une première mission à la surface de la Lune en 2024, l'administrateur de la NASA demande en septembre 2020 à disposer de {{nobr|3,2 milliards}} US$ dès 2021 pour le financement du développement du module lunaire HLS<ref>{{lien web|langue=en|url=https://spaceflightnow.com/2020/09/21/nasa-lays-out-28-billion-plan-to-return-astronauts-to-the-moon-in-2024/|titre=NASA lays out $28 billion plan to return astronauts to the moon in 2024 |date=21 septembre 2020|site=spaceflightnow.com|auteur1=Stephen Clark}}.</ref>.

=== ''Artemis'' sous la législature Biden ===

En février 2021, l'Administration du nouveau Président [[Joe Biden|Biden]] confirme son soutien au programme ''Artemis''<ref>[https://www.space.com/biden-administration-commits-to-artemis-moon-landings US still committed to landing Artemis astronauts on the moon, White House says].</ref>.

Le problème de financement persiste fin 2021. À cette date, le budget prévu sur la période 2022/2025 permet théoriquement de financer uniquement les développements des équipements de la {{nobr|phase I}} ainsi que les vols associés (Artemis I, II et III), mais rien n'est prévu pour la {{nobr|phase II}}, qui nécessite de mettre au point des équipements et des composants nouveaux. Le montant total associé au programme en incluant les dépenses antérieures à la création du programme s'élève à {{nobr|92 milliards}} US$<ref name=audi112021>{{lien web|langue=en|auteur1=Stephen Clark |url=https://oig.nasa.gov/docs/IG-22-003.pdf |format=pdf |titre=NASA’S management of the Artemis mission |date=15 novembre 2021|site=Office of inspector general (audit interne NASA) }}.</ref>.

{| class="wikitable alternance centre"
|+Sommes allouées (millions US$) au programme ''Artemis'' ventilées par année fiscale et poste de dépense jusqu'en 2025 avec affectation des dépenses antérieures (màj 11/2021)<ref name=audi112021/>
|-
! scope=col | Poste de dépense
! scope=col | 2012-2020
! scope=col | 2021
! scope=col | 2022
! scope=col | 2023
! scope=col | 2024
! scope=col | 2025
! scope=col | Total
|-
|[[Orion (véhicule spatial)|Vaisseau Orion]]|| align="center"|  {{formatnum:11399}} || align="center"|  {{formatnum:1404}}  || align="center"|  {{formatnum:1407}} || align="center"|  {{formatnum:1340}}|| align="center"|  {{formatnum:1239}} || align="center"|  {{formatnum:1084}} || align="center"|  '''{{formatnum:17872}}'''
|-
|[[Space Launch System|Lanceur lourd SLS]]|| align="center"|  {{formatnum:17234}} || align="center"|  {{formatnum:2561}}  || align="center"|  {{formatnum:2487}} || align="center"|  {{formatnum:2486}}|| align="center"|  {{formatnum:2466}} || align="center"|  {{formatnum:2290}} || align="center"|  '''{{formatnum:29526}}'''
|-
|Installations au sol|| align="center"|  {{formatnum:4246}} || align="center"|  580  || align="center"|  890 || align="center"|  558|| align="center"|  514 || align="center"|  514 || align="center"|  '''{{formatnum:7002}}'''

|-
|[[Starship (fusée)|Starship]]/[[Starship HLS]]  || align="center"|  578 || align="center"|  928  || align="center"|  {{formatnum:1195}} || align="center"|  {{formatnum:1267}}|| align="center"|  {{formatnum:1580}} || align="center"|  {{formatnum:1989}} || align="center"|  '''{{formatnum:7563}}'''
|-
|[[Lunar Gateway|Station spatiale lunaire Gateway]] || align="center"|  703 || align="center"|  699  || align="center"|  785 || align="center"|  811|| align="center"|  765 || align="center"|  670 || align="center"|  '''{{formatnum:4432}}'''
|-
|[[Combinaison spatiale]] extravéhiculaire¹ || align="center"|  174 || align="center"|  N/A  || align="center"|   N/A || align="center"|   N/A|| align="center" |   N/A || align="center"|   N/A || align="center"|  '''{{formatnum:174.2}}'''
|-
|Programme exploration et développement² || align="center"|  {{formatnum:3328}} || align="center"|  346  || align="center"|  417 || align="center"|  553|| align="center"|  700 || align="center"|  968 || align="center"|  '''{{formatnum:6311}}'''
|-
|Programme Lunar Discovery and Exploration³ || align="center"|  605 || align="center"|  444  || align="center"|  497 || align="center"|  501|| align="center"|  458 || align="center"|  458 || align="center"|  '''{{formatnum:2964}}'''
|-
|Autres technologies spatiales⁴ || align="center"|  {{formatnum:1238}} || align="center"|  {{formatnum:1211}}  || align="center"|  {{formatnum:1442}} || align="center"|  {{formatnum:1658}}|| align="center"|  {{formatnum:1756}} || align="center"|  {{formatnum:1854}} || align="center"|  '''{{formatnum:9159}}'''
|-
|Support de mission || align="center"|  498 || align="center"|  {{formatnum:1551}}  || align="center"|  {{formatnum:1506}} || align="center"|  {{formatnum:1501}}|| align="center"|  {{formatnum:1492}} || align="center"|  {{formatnum:1440}} || align="center"|  '''{{formatnum:7988}}'''
|-
|'''Total''' || align="center"|  '''{{formatnum:40002}}''' || align="center"|  '''{{formatnum:9723}}'''  || align="center"|  '''{{formatnum:10326}}''' || align="center"|  '''{{formatnum:10674}}'''|| align="center"|  '''{{formatnum:10970}}''' || align="center"|  '''{{formatnum:11267}}''' || align="center"|  '''{{formatnum:92962}}'''
|-
|colspan="8"| ¹ À compter de 2021, les développements de la combinaison spatiale sont inclus dans le projet de la [[Lunar Gateway|station spatiale Gateway]].<br>² Inclut les programmes ''{{langue|en|Other Advanced Exploration Systems}}'' (développement de nouvelles technologies : système de support de vie, avionique, protection contre les radiations...), ''{{langue|en|Advanced Cislunar and Surface Capabilities}}'' (développement des équipements utilisés à la surface de la Lune) et ''{{langue|en|Human Research Program}}'' (recherches biologiques).<br>³ Comprend les missions d'exploration robotique de la Lune : astromobile [[VIPER (astromobile)|VIPER]] et missions du ''{{langue|en|[[Commercial Lunar Payload Services]]}}''.
|}

== Développement du programme ''Artemis'' ==
[[Fichier:Artemis program (solid contrast with wordmark).svg|vignette|Logo du programme ''Artemis''.]]

=== Sélection des fournisseurs des équipements et composants de la station lunaire ===

En 2019 et 2020 la NASA prend de nombreuses décisions pour tenter de tenir l'échéance de 2024 fixée pour la réalisation du premier objectif du programme, c'est-à-dire le retour d'astronautes sur la Lune. L'agence spatiale décide de déléguer aux entreprises du secteur spatial non seulement la réalisation, mais également la conception de plusieurs équipements :
* courant mai, l'agence spatiale sélectionne la société [[Maxar Technologies]] pour le développement du module [[Power and Propulsion Element|PPE]] (''{{langue|en|Power and Propulsion Element}}'') de la station spatiale lunaire ''{{langue|en|[[Lunar Gateway]]}}''<ref name=NASA23052019/> ;
* la NASA veut lancer plusieurs missions robotiques ayant pour objectif d'effectuer une première reconnaissance. Le développement des atterrisseurs chargés de déposer ces équipements scientifiques sur la Lune est confié à l'industrie privée dans le cadre du programme ''{{langue|en|[[Commercial Lunar Payload Services]]}}'' (CLPS) et fonctionne de manière analogue au programme [[Commercial Orbital Transportation Services|COTS]] consacré au ravitaillement de la [[Station spatiale internationale]]. Trois entreprises, sont pré-sélectionnées en {{date-|juin 2019}}<ref name=Spacenews31052019/> ;
* en juillet, la NASA sélectionne la société [[Northrop Grumman]] pour le développement du module d'habitation [[Habitation and Logistics Outpost|HALO]] (''{{Langue|en|Habitation and Logistics Outpost}}'') de la station spatiale lunaire ''{{langue|en|[[Lunar Gateway]]}}''<ref name=parabolic23072019/> ;
* début septembre 2019, l'agence spatiale soumet aux industriels un cahier des charges pour le vaisseau lunaire HLS. Les réponses sont attendues début novembre et le vainqueur est sélectionné en {{date-|décembre 2019}}. Une somme de 1 milliard US$ a été demandée par la NASA pour financer les développements de ce vaisseau sur l'année budgétaire 2020 (le coût total sera de plusieurs milliards US$). Les trois entreprises susceptibles d'être choisies sont {{langue|en|[[Blue Origin]]}}, [[Boeing]] et [[SpaceX]]<ref>{{lien web |langue=en |url=https://arstechnica.com/science/2019/11/sizing-up-the-contenders-for-nasas-lunar-lander-program/ |titre=Sizing up the contenders for NASA’s lunar-lander program |date=1 novembre 2019 |site=[[Ars Technica]] |auteur1=Eric Berger}}</ref> ;
* fin octobre 2019, la NASA lance le développement de l'[[astromobile]] (''rover'') [[VIPER (astromobile)|VIPER]] dans le but d'étudier la glace d'eau présente dans le [[régolithe]] du fond des cratères situés au [[pôle Sud de la Lune]]. Celui-ci doit effectuer une reconnaissance fin 2022 de la région dans laquelle atterriront les premiers équipages<ref name=NASA25102019/> ;
* en juin 2020, l'agence spatiale sélectionne le constructeur de l'[[atterrisseur]] qui déposera le rover VIPER à la surface de la Lune en 2023. Il s'agit de l'engin spatial [[Griffin (atterrisseur)|Griffin]], développé par la société {{langue|en|[[Astrobotic Technology]]}} de [[Pittsburgh]]<ref>{{lien web |langue=en |auteur1=Joseph Navin |url=https://www.nasaspaceflight.com/2020/06/astrobotic-deliver-viper-to-moon/ |titre=NASA Selects Astrobotic to Deliver the VIPER Rover to the Lunar Surface |date=11 juin 2020|site=nasaspaceflight.com }}.</ref>.
*En juin 2022 l'agence spatiale américaine sélectionne l'institut de recherche [[Draper (laboratoire de recherche)|Draper]] de [[Cambridge (Massachusetts)|Cambridge]] pour le développement de la mission robotique [[SERIES-2]] qui doit se poser dans le [[Schrödinger (cratère)|cratère Schrödinger]] sur la face cachée de la Lune pour étudier les caractéristiques de la surface et de l'intérieur de la Lune (flux thermique, sismicité). Le contrat souscrit dans le cadre du programme CLPS porte sur un montant de 73 millions US$<ref>{{lien web |langue=en |auteur1=Joseph Navin |url=https://www.nasa.gov/press-release/nasa-selects-draper-to-fly-research-to-far-side-of-moon |titre=NASA Selects Draper to Fly Research to Far Side of Moon |date=21 juin 2022|éditeur=NASA }}.</ref>.
*Le développement de la [[combinaison spatiale]] [[AxEMU]] portée par les astronautes durant leurs [[Sortie extravéhiculaire|sorties extravéhiculaires]] à la surface de la Lune fait l'objet d'un appel d'offres qui oppose la société [[Collins Aerospace]] qui est le fabricant historique (il a développé les combinaisons utilisées par les équipages Apollo) et [[Axiom Space]] dont l'activité principale dans le domaine tourne autour des combinaisons utilisées à bord des stations spatiales. A la surprise des spécialistes c'est la société Axiom qui est retenue par la NASA début septembre 2022. Axiom évalue la prestation demandée par l'agence spatiale (développement et test des combinaisons spatiales, fourniture d'un jeu de combinaisons pour la mission Artemis III, première mission à la surface de la Lune) à 228,5 millions US$ soit 20% de moins que le montant de la proposition de Collins<ref>{{lien web |langue=en |url=https://spacenews.com/nasa-selects-axiom-space-to-develop-artemis-spacesuit/ |titre=NASA selects Axiom Space to develop Artemis spacesuit |date=8 septembre 2022 |site=[[SpaceNews]] |auteur1=Jeff Foust }}</ref>.

=== Sélection du vaisseau lunaire (2019-2023) ===

==== Sélection de Starship HLS (2019-2021) ====

Pour respecter ces échéances serrées, la NASA se tourne vers le secteur privé pour développer le vaisseau lunaire qui doit déposer l'équipage à la surface de la Lune, les héberger durant leur séjour puis les ramener en orbite lunaire. Il s'agit du composant le plus complexe du programme Artemis. Elaborées pour répondre à un cahier des charges défini par la NASA les propositions de onze industriels sont pré-sélectionnées mi-mai 2019 pour le développement du vaisseau lunaire ou d'une partie de celui-ci : [[Aerojet Rocketdyne]], [[Blue Origin]], [[Boeing Defense, Space & Security|Boeing]], [[Dynetics]], [[Lockheed Martin]], [[Masten Space Systems|Masten]], [[Maxar Technologies|Maxar]] (qui fournit le module de propulsion de la Gateway), [[Northrop Grumman]], {{Lien|OrbitBeyond}}, [[Sierra Nevada Corporation|Sierra Nevada]] et [[SpaceX]]. Blue Origin, avec son [[Blue Moon (véhicule spatial)|Blue Moon]], et Lockheed Martin, avec un atterrisseur dérivé du vaisseau Orion font figure de favoris<ref>{{Article |auteur1=Killian Temporel |titre=Lune 2024ː Artemis navigue entre politique et budget |périodique=Espace & Exploration |numéro=52 |date=juillet 2019 |lire en ligne= |pages=74-77 }}.</ref>.

Le processus de sélection est effectué en deux temps. Le {{date-|30 avril 2020}}, l'administrateur de la NASA [[Jim Bridenstine]] annonce que trois finalistes ont été retenus pour la deuxième phase de la sélection : {{lang|en|Blue Origin}} qui reçoit 579 millions US$ pour détailler son offre, Dynetics qui reçoit 253 millions US$ et SpaceX qui reçoit 135 millions US$. Le finaliste doit être annoncé en février 2021. Les caractéristiques des propositions sélectionnées sont les suivantes<ref>{{lien web|langue=en|url=https://www.nasa.gov/feature/nasa-selects-blue-origin-dynetics-spacex-for-artemis-human-landers|titre=NASA Selects Blue Origin, Dynetics, SpaceX for Artemis Human Landers |date=30 avril 2020|site= NASA}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web|langue=es|url=https://danielmarin.naukas.com/2020/04/30/las-empresas-finalistas-para-construir-el-modulo-lunar-del-programa-artemisa-de-la-nasa/|titre=Las empresas finalistas para construir el módulo lunar del programa Artemisa de la NASA|date=30 avril 2020|site=Eureka|auteur1=Daniel Marin}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web|langue=en|url=https://beta.sam.gov/api/prod/opps/v3/opportunities/resources/files/3488c1f1556745cb87c046135d8ffe00/download?api_key=null&token= |titre=Source Selection Statement - NextSTEP-2 Appendix H: Human Landing System Broad Agency Announcement NNH19ZCQ001K_APPENDIX-H-HLS |date=28 avril 2020|site= NASA }}.</ref> :
* la proposition de Blue Origin est la plus classique. Elle s'inspire du module lunaire [[Blue Moon (véhicule spatial)|Blue Moon]] et reprend l'architecture à deux étages du module lunaire Apollo. Les deux étages sont propulsés par un moteur [[BE-7]] du constructeur. Un troisième module de transfert est chargé d'abaisser l'orbite du vaisseau lunaire de l'orbite [[Orbite de halo presque rectiligne|NRHO]] (sur laquelle se trouvent la station spatiale lunaire et le vaisseau Orion) vers l'orbite lunaire basse. Cette version du HLS doit être placée en orbite par le lanceur lourd [[New Glenn]] de Blue Origin ou à défaut par le lanceur [[Vulcan (fusée)|Vulcan]] ;
* [[Dynetics]] propose un engin comprenant deux modules dont le module de transfert et le module lunaire proprement dit combinant le rôle de l'étage de descente et de l'étage de remontée. Le DHLS comporte deux réservoirs largables ce qui simplifie la conception. Les réservoirs sont placés de part et d'autre de la cabine pressurisée ce qui permet de réduire la hauteur au-dessus du sol. Les sociétés [[Sierra Nevada Corporation]] et [[Thales Alenia Space]] participent en tant que sous-traitant ;
* SpaceX propose le vaisseau lunaire [[Starship HLS]] mono-module (pas d'étage de descente et de remontée séparés) dérivée de son vaisseau [[Starship (fusée)|Starship]]. Celui-ci doit être placé sur une orbite terrestre par un étage [[Starship (fusée)|Starship]] sur une orbite basse puis ravitaillé sur cette orbite par plusieurs vaisseaux Starship avant de gagner sans équipage la [[Lunar Gateway]] en orbite lunaire, où le vaisseau récupère l'équipage. Le vaisseau Starship lunaire se pose sur la Lune puis redécolle également par ses propres moyens. Le vaisseau se distingue des deux autres par le fait qu'il remplit immédiatement les exigences de réutilisabilité prévue par la NASA dans le cadre de la deuxième phase du programme ''Artemis''. Mais cela s'accompagne d'une grande complexité<ref name=Marin17042021>{{Lien web|langue=es |titre=La NASA elige la Starship como el módulo lunar del programa Artemisa |date=17 avril 2021 |site=Eureka |auteur=Daniel Marin |url=https://danielmarin.naukas.com/2021/04/17/la-nasa-elige-la-starship-como-el-modulo-lunar-del-programa-artemisa/}}.</ref>.

Le {{date-|16 avril 2021}} la NASA sélectionne la proposition de SpaceX ([[Starship HLS]]) pour le développement et le lancement des deux premières missions. L'évaluation de la NASA a porté sur trois critères : dans l'ordre d'importance décroissante les aspects techniques (conception, développement, risques, tests, opérations de lancement et déroulement de la mission...), le cout et la gestion du projet (organisation, gestion du planning, risques...). Sur le plan technique la solution de SpaceX et {{lang|en|Blue Origin}} sont considérées comme acceptable (niveau moyen 3/5 dans l'échelle de la NASA qui comporte cinq niveaux) tandis que celle de Dynetics est considérée comme peu pertinente (2/5). Le cout de la proposition de SpaceX (2,89 milliards US$) est beaucoup moins élevée que celui de ses concurrents (deux fois moins que celle de {{langue|en|Blue Origin}} et quatre fois moins que celle de Dynetics. En matière de gestion de projet la proposition de SpaceX est évaluée comme remarquable (5/5) alors que celle de ses deux concurrents est considérée comme très bonne (4/5). Il était initialement envisagé de sélectionner une deuxième proposition à ce stade du développement mais la proposition de Blue Origin, évaluée comme recevable sur le plan technique et de la gestion de projet, n'a pas été retenue compte tenu de son cout et du budget inférieur à la demande que le Sénat américain a accordé à la NASA (25% du montant demandé) pour ce volet du programme ''Artemis''<ref name=dossierselectionHLS>{{ouvrage|lang=en|id=Seedhouse2008|auteur=Edik Seedhouse|date = 16 avril 2021|titre=Source Selection Statement : Appendix H: Human Landing System, Option A Next Space Technologies for Exploration Partnerships-2 (NextSTEP-2) NNH19ZCQ001K_APPENDIX-H-HLS|isbn= |éditeur=NASA| pages totales =24 |lire en ligne =https://www.nasa.gov/sites/default/files/atoms/files/option-a-source-selection-statement-final.pdf }}</ref>{{,}}<ref name=Marin17042021/>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=fr|url=https://www.lefigaro.fr/sciences/la-nasa-choisit-spacex-pour-sa-prochaine-mission-vers-la-lune-20210416|titre=La Nasa choisit SpaceX pour sa prochaine mission vers la Lune|jour=16|mois=4|année=2021|périodique=''Le Figaro''}}.</ref>.

==== Contestation de la sélection de SpaceX par {{lang|en|Blue Origin}} ====

À la suite de la sélection de la proposition de SpaceX, {{lang|en|Blue Origin}} émet une protestation officielle contre la décision de la NASA. Les arguments avancés par [[Jeff Bezos]], le patron de Blue Origin, sont que contrairement à ce qui était indiqué dans l'appel d'offres, la NASA n'a retenu qu'un seul constructeur au lieu de deux. Par ailleurs, il conteste la pertinence du choix technique de la proposition de SpaceX. Il souligne que le lancement du HLS de SpaceX vers la Lune nécessite le lancement à une cadence très élevée (tous les 12 jours) de 16 cargos transportant des ergols cryogéniques, puis le transfert de ces [[Moteur-fusée à ergols liquides|ergols]] dans le vaisseau HLS, une opération jamais réalisée et qui ne sera testée pour la première fois qu'en 2023. Il souligne la complexité de la mise au point du lanceur géant de SpaceX comprenant 32 moteurs-fusées, propulsant le premier étage et d'une masse de {{unité|1000 à 2000 tonnes}} supérieures à celle de la fusée {{nobr|Saturn V}}. Il met également en avant le fait que le vaisseau qui atterrira sur la Lune n'est qu'un deuxième étage de lanceur adapté qui imposera aux astronautes de descendre d'une hauteur de 38 mètres sur le sol lunaire. Jeff Bezos propose en juillet de réduire de deux milliards US$, soit d'un tiers, le coût de sa proposition. Blue Origin est déboutée successivement par la [[Government Accountability Office|Cour des comptes américaine]] (GAO) le {{date-|30 août}}, puis par le [[Juridictions fédérales des États-Unis|tribunal fédéral]] ({{date-|4 novembre}}) devant lequel il a porté l'affaire après ce premier échec. Son action bloque les travaux de SpaceX jusqu'à la décision du GAO<ref>{{Lien web |langue=en |url=https://spacepolicyonline.com/news/bezos-surprises-with-offer-to-pick-up-2-billion-of-hls-tab/ |titre=Bezos Surprises with Offer to Pick Up $2 Billion of HLS Tab| date = 26 juillet 2021|site=spacepolicyonline.com|auteur=Marcia Smith}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en|url=https://spacepolicyonline.com/news/blue-origin-sues-nasa-over-hls-award/|titre=Blue Origin Sues NASA Over HLS Award| date = 16 aout 2021|site=spacepolicyonline.com|auteur=Marcia Smith}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en|url=https://spacepolicyonline.com/news/blue-origin-loses-hls-court-case/|titre=Blue Origin Loses HLS Court Case| date = 4 novembre 2021|site=spacepolicyonline.com|auteur=Marcia Smith}}.</ref>.

==== Un deuxième fournisseur pour le vaisseau lunaire (mars 2022) ====

La NASA décide en mars 2022 de revenir sur sa décision de ne sélectionner qu'un seul fournisseur pour le vaisseau lunaire. L'agence spatiale américaine prévoit de lancer un appel d'offres au cours de l'année qui doit permettre de choisir un deuxième constructeur. Ce vaisseau lunaire sera utilisé pour la mission [[Artemis V]] dont la date de lancement est programmée en aout 2028<ref name=Marin03112022/>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en|url=https://www.nasa.gov/press-release/nasa-provides-update-to-astronaut-moon-lander-plans-under-artemis|titre=NASA Provides Update to Astronaut Moon Lander Plans Under Artemis| date = 23 mars 2022|site=NASA}}</ref>.

==== Un deuxième vol du Starship HLS financé (novembre 2022) ====

En novembre 2022 la NASA annonce qu'elle a sélectionné le [[Starship HLS]] de [[SpaceX]] pour la deuxième mission qui doit se poser à la surface de la Lune ([[Artemis IV]]). Cette version du vaisseau HLS devra satisfaire aux exigences de l''''option B'' du cahier des charges contrairement au vaisseau HLS utilisé par Artemis III qui ne doit satisfaire qu'à l'option A. Les caractéristiques supplémentaires attendues sont la capacité à s'amarrer à la station [[Lunar Gateway]], emport de quatre astronautes au lieu de trois, charge utile déposée à la surface de la Lune accrue. Pour ce nouveau développement la NASA versera 1,15 milliard US qui viendront s'ajouter aux 2,9 milliards US$ du contrat initial du HLS<ref>{{lien web|langue=en|url=https://www.nasa.gov/press-release/nasa-awards-spacex-second-contract-option-for-artemis-moon-landing-0|titre=NASA Awards SpaceX Second Contract Option for Artemis Moon Landing |date=15 novembre 2022|éditeur=NASA }}</ref>.

==== Blue Moon sélectionné (mai 2023) ====

En mai 2023, la NASA sélectionne l'[[atterrisseur]] lunaire [[Blue Moon (véhicule spatial)|Blue Moon]] de la société [[Blue Origin]] dont le premier exemplaire opérationnel est assigné à la mission [[Artemis V]] programmée alors pour 2029, puis reportée à 2030. Blue Origin développe l'atterrisseur en coopération avec [[Lockheed Martin]], [[Draper (laboratoire de recherche)|Draper]], [[Honeybee Robotics]], [[Astrobotic Technology|Astrobotic]] et [[Boeing]]. La valeur du contrat d'un montant fixe s'élève à 3,4 milliards US$ (tout dépassement est à la charge du constructeur) mais le PDG de Blue Origin a prévu d'injecter un montant encore supérieur de ses propres fonds dans le développement de l'atterrisseur<ref name=SpaceNews19052023>{{lien web|langue=en|url=https://spacenews.com/technical-strengths-and-lower-cost-led-nasa-to-select-blue-origin-lander/|titre=Technical strengths and lower cost led NASA to select Blue Origin lander |date=19 mai 2023|éditeur=[[SpaceNews]] |auteur1=Jeff Foust}}</ref>{{,}}<ref name=Marin19052023>{{lien web|langue=es|url=https://danielmarin.naukas.com/2023/05/19/el-modulo-lunar-de-blue-origin-llevara-astronautas-a-la-luna-en-la-mision-artemisa-v/|titre=El módulo lunar de Blue Origin llevará astronautas a la Luna en la misión Artemisa V |date=19 mai 2023|site=Eureka|auteur1=Daniel Marin}}</ref>.

=== Avancement du programme ===

==== Planification de la phase I en 2020 ====

En septembre 2020, la NASA détaille dans un document la phase 1 du programme ''Artemis'', qui regroupe les trois premières missions Artemis dont {{nobr romains|Artemis III}}, qui sera la première à déposer un équipage sur la Lune. Le calendrier de ces missions est fourni mais depuis certaines d'entre elles ont du être repoussées pour des raisons techniques.

{| class="wikitable sortable mw-collapsible alternance centre"
|+Calendrier et caractéristiques principales des missions de la phase I du programme ''Artemis'' allant de 2022 à 2025 (mise à jour en janvier 2024)<ref>{{Harvsp|texte=NASA’s Lunar Exploration Program Overview|2020|p=14|id=Program092020}}.</ref>{{,}}<ref name=Mehta02112022>{{lien web|langue=en|url=https://blog.jatan.space/p/nasa-clps-moon-missions|titre=NASA CLPS Moon landing missions |date=2 novembre 2022|site=Jatan’s Space|auteur1=Jatan Mehta}}</ref>
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! scope=col | Date
! scope=col | Mission / engin spatial
! scope=col | Type engin
! scope=col | Description / objectif
! scope=col | Destination
! scope=col | Lanceur
! scope=col | Commentaire
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| colspan= "7" align = "center"|'''Missions lancées'''
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|28 juin 2022 ||  [[CAPSTONE (CubeSat)|CAPSTONE]] || [[CubeSat|Nano-satellite]] 12U expérimental || Test de la stabilité de l'orbite choisie pour la station lunaire Gateway || [[Orbite de halo presque rectiligne|NRHO]] autour de la Lune ||  [[Electron (fusée)|Electron]]  || <ref name=nasaspaceflight27062022>{{lien web|langue=en|url=https://www.nasaspaceflight.com/2022/06/capstone-launch/|titre=Rocket Lab & NASA launch CAPSTONE to the Moon |date=27 juin 2022|site=nasaspaceflight.com|auteur1=Mihir Neal  }}</ref>
|-
| 16 novembre 2022 || '''[[Artemis I]]''' || Vaisseau Orion || Premier vol du lanceur lourd SLS || Orbite circumlunaire ||  [[Space Launch System]] Bloc 1  ||Premier vol du lanceur SLS. Mission sans équipage<ref name=Spacenews16112022>{{lien web|langue=en|url=https://spacenews.com/sls-launches-artemis-1-mission/|titre=SLS launches Artemis 1 mission |date=16 novembre 2022|site=[[SpaceNews]]|auteur1=Jeff Foust  }}</ref>.
|-
|8 janvier 2024<ref>{{lien web |langue=en |titre=Astrobotic Awarded $79.5 Million Contract to Deliver 14 NASA Payloads to the Moon |url=https://www.astrobotic.com/2019/5/31/astrobotic-awarded-79-5-million-contract-to-deliver-14-nasa-payloads-to-the-moon |site=Astrobotic_Technology |date=31 mai 2019}}.</ref>||  [[Peregrine (atterrisseur)|Peregrine 1]]|| [[Atterrisseur]] lunaire || Dépose de 28 charges utiles dont 11 instruments de la NASA à la surface de la Lune || [[Lacus Mortis]] ||  [[Vulcan (fusée)|Vulcan]]/[[Centaur (étage de fusée)|Centaur]]|| Premier vol de l'atterrisseur Peregrine. Échec de la mission durant le transit vers la Lune.
|-
|15 février 2024<ref>{{Lien web |titre=SpaceX launches Intuitive Machines IM-1 mission from Florida |site=  |consulté le=|date=13 février 2024|auteur=John Sharp|url=https://www.nasaspaceflight.com/2024/02/im1-launch/}}.</ref>||  [[IM-1]]  || Atterrisseur lunaire || Dépose de six instruments à la surface de la Lune ||  [[Malapert (cratère)|Malapert]]-A ||  [[Falcon 9]]|| Premier vol de l'atterrisseur<ref>{{lien web|langue=en|url=https://spaceflightnow.com/2020/04/15/intuitive-machines-announces-moon-missions-launch-date-landing-site/|titre=Intuitive Machines announces moon mission’s launch date, landing site |date=13 avril 2020|site=spaceflightnow.com|auteur1=Stephen Clark }}.</ref>
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| colspan= "7" align = "center"|'''Missions planifiées'''
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|2024 ||  [[XL-1]] ?<ref>{{lien web|langue=en|url=https://spacenews.com/masten-wins-nasa-lunar-lander-award/|titre=Masten wins NASA lunar lander award  |date=8 avril 2020 |site=[[SpaceNews]] |auteur1=Jeff Foust}}</ref>|| Atterrisseur lunaire || Dépose de 8 instruments à la surface de la Lune || Surface de la Lune ||  [[Falcon 9]]|| A la suite de la banqueroute du constructeur de XL-1, Masten Space, cette société a été reprise en septembre 2022 par Astrobotic qui pourrait utiliser son propre atterrisseur à la place du XL-1.
|-
|2024<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Falcon 9 Block 5 {{!}} PRIME-1 (IM-2) |url=https://nextspaceflight.com/launches/details/6828 |site=nextspaceflight.com |consulté le=2023-09-16}}</ref> ||[[Nova-C]] IM-2 ||Atterrisseur lunaire ||Foreuse PRIME-1 associée à un spectromètre de masse dans le but de tenter de collecter de la glace du pôle sud lunaire, astromobile destinée à tester un réseau de communications 4G. ||[[Shackleton (cratère)|Shackleton]] ||[[Falcon 9]] ||
|-
|Novembre 2024 ||  [[Griffin (atterrisseur)|Griffin]] et [[VIPER (astromobile)|VIPER]]<ref name=AB-VIPER>{{lien web|langue=en|url=https://www.astrobotic.com/astrobotic-awarded-199-5-million-contract-to-deliver-nasa-moon-rover/|titre=Astrobotic Awarded $199.5 Million Contract to Deliver NASA Moon Rover |date=11 juin 2020|site=[[Astrobotic Technology]]}}.</ref>|| [[Atterrisseur]] (Griffin) et [[Astromobile]] lunaire ||  Étude de la glace d'eau  || Surface de la Lune ||  [[Falcon Heavy]]||
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| 2024 ||  [[Lunar Trailblazer]]|| Orbiteur lunaire || Mesure de la température et de la présence de volatiles à la surface de la Lune. ||   ||  [[Falcon 9]] || 
|-
| 2024 ||  [[Blue Ghost]]|| Atterrisseur lunaire || Plusieurs instruments scientifiques destinés à étudier l'environnement lunaire ||  [[Mare Crisium]] ||  [[Falcon 9]] ||  
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| 2024 ||  [[Nova-C]] IM-3|| Atterrisseur lunaire || Plusieurs instruments scientifiques. Objectif principal étude du champ magnétique rémanent. ||  [[Reiner Gamma]] ||  [[Falcon 9]] || 
|-
|2025 || [[Power and Propulsion Element|PPE]]  et [[Habitation and Logistics Outpost|HALO]]   || Modules de la station lunaire Gateway ||  Modules de propulsion et habitat || [[Orbite de halo presque rectiligne|NRHO]] autour de la Lune ||  [[Falcon Heavy]]<ref>{{Lien web |prénom=Sean |nom=Potter |titre=NASA Awards Contract to Launch Initial Elements for Lunar Outpost |url=http://www.nasa.gov/press-release/nasa-awards-contract-to-launch-initial-elements-for-lunar-outpost |site=NASA |date=2021-02-09 |consulté le=2021-04-17}}</ref> ||
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|2025 ||   [[Starship HLS]]  || Vaisseau lunaire ||  Test du vaisseau Starship sans équipage (aller retour de la surface lunaire)  || Surface de la Lune ||  [[Starship (fusée)|Starship]]|| Plusieurs vaisseaux sont lancés en orbite basse pour ravitailler en ergols le Starship HLS avant son départ pour la Lune.
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| 2025 ||  [[SERIES-2]]|| Atterrisseur lunaire || Trois instruments scientifiques. ||  [[Cratère de Schrödinger]] (face cachée de la Lune) ||  [[Falcon 9]] || Des satellites seront mis en place pour relayer les données entre l'atterrisseur et la Terre.
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| 2025 ||| [[Starship HLS]] || Vaisseau lunaire || Dépose de l'équipage à la surface de la Lune  ||   ||  [[Starship (fusée)|Starship]]  || Plusieurs vaisseaux sont lancés en orbite basse pour ravitailler en ergols le Starship HLS avant son départ pour la Lune.
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| 2025 ||  [[Lunar Pathfinder]] || Orbiteur lunaire || Doit assurer le relais entre la surface de la Lune et la Terre ||    ||   || Fourni par l'Agence spatiale européenne.
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| Septembre 2025<ref name=":0">{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Mission Artémis 2 : la Nasa dévoile le nom des quatre astronautes qui iront autour de la Lune en 2024 |url=https://www.francetvinfo.fr/sciences/espace/mission-artemis-vers-la-lune/mission-artemis-2-la-nasa-devoile-le-nom-des-quatre-astronautes-qui-iront-autour-de-la-lune-en-2024_5750213.html |site=Franceinfo |date=2023-04-03 |consulté le=2023-10-12}}</ref>|| '''[[Artemis II]]''' || Vaisseau [[Orion (véhicule spatial)|Orion]]|| Premier vol avec équipage du vaisseau Orion || Orbite circumlunaire || [[Space Launch System]] Bloc 1  ||
|-
| septembre 2026 || '''[[Artemis III]]'''  || Vaisseau Orion || Mission avec équipage à destination de la surface de la Lune || [[Orbite de halo presque rectiligne|NRHO]] autour de la Lune ||  [[Space Launch System]] Bloc 1  ||
|}

==== Le premier débarquement sur la Lune (Artemis III) repoussé  ====

Fin novembre 2023, la [[Government Accountability Office|Cour des Comptes américaine]] (GAO) produit un rapport sur l'avancement du programme Artemis qui souligne le retard pris par deux des composants majeurs : le vaisseau lunaire [[Starship HLS]] de [[SpaceX]] et la [[combinaison spatiale]] développée par la société [[Axiom Space|Axiom]]. Sur la base des métriques fournies par des projets spatiaux antérieurs, le rapport estime que le lancement d'[[Artemis III]] - première mission du programme devant déposer des hommes sur la Lune - qui est alors programmé en 2025, ne pourra pas avoir lieu avant début 2027. Le rapport, qui ne prend pas en compte le relatif succès du deuxième vol du Starship de novembre, base son estimation sur les faits suivants<ref>{{lien web|langue=en|url=https://www.gao.gov/assets/d24106256.pdf|titre=NASA Artemis programs - Crewed Moon Landing Faces Multiple Challenges |date=novembre 2023|auteur1= [[Government Accountability Office]] }}</ref> : 
* 8 des 13 étapes clés du développement du Starship HLS sont en retard d'au moins 6 mois et jusqu'à 13 mois.
* Le premier vol du Starship qui a lieu en avril 2023 avec 7 mois de retard par rapport au planning a été un échec.
* 2 de ces étapes sont désormais programmées pour 2025 alors qu'il s'agit de l'année de lancement d'[[Artemis III]]
* Le lancement des vaisseaux ravitailleurs, la conservation des ergols dans un dépôt spatial et l'opération de ravitaillement elle-même sont des aspects critiques du programme sur lesquels SpaceX a fait peu de progrès.
* La version du moteur Raptor (V3 ?) qui aura la capacité nécessaire à la réalisation de la mission lunaire est encore en phase de développement
* En ce qui concerne la combinaison Axiom, le rapport indique que des fonctionnalités critiques sont en cours de conception car les spécifications initiales de la NASA ont du être modifiées.

En janvier 2024, la NASA, prenant en considération le retard pris dans le développement de ces différents composants, repousse à septembre 2026 le premier débarquement sur la Lune (mission [[Artemis III]])<ref name=spaceflightnow10012024>{{Lien web |langue=en  |titre=First astronaut missions to the Moon since 1972 delayed due to heat shield questions, hardware readiness |url=https://spaceflightnow.com/2024/01/10/first-astronaut-missions-to-the-moon-since-1972-delayed-due-to-heat-shield-questions-hardware-readiness/|sitespaceflightnow.com |date=10 janvier 2024|auteur=Will Robinson-Smith}}</ref>.     

Le changement de calendrier concerne également la mission [[Artemis II]] qui doit emmener pour la première fois un équipage et qui effectuera le tour de la Lune. Le lancement de cette mission est repoussé d'un an à septembre 2025. En effet l'analyse des données produites durant la mission [[Artemis I]] a révélé un comportement non prévu du [[bouclier thermique]] qui protège le vaisseau [[Orion (véhicule spatial)|Orion]] durant la [[rentrée atmosphérique]]. Une quantité anormalement élevée de morceaux de ce revêtement ablatif se sont détachés à la fin du premier plongeon du vaisseau dans l'atmosphère dense (Durant la rentrée atmosphérique, pour limiter son échauffement, le vaisseau réduit sa vitesse en effectuant plusieurs plongeons dans l'atmosphère dense avant d'en ressortir). Si un équipage avait été présent dans la cabine il n'aurait couru aucun risque (la température n'a pas augmenté à l'intérieur du vaisseau) mais l'agence spatiale souhaite comprendre ce phénomène avant le lancement d'une nouvelle mission. Par ailleurs la NASA a découvert une erreur de conception dans le circuit d'un épurateur jouant un rôle critique dans le [[système de support de vie]] du vaisseau Orion de la mission Artemis III (le même composant du vaisseau Artemis II avait passé les tests sans rencontrer de problème). La NASA, ne voulant prendre aucun risque, décide de remplacer ce composant sur le vaisseau Orion utilisé par Artemis II. Mais cette opération nécessite le démontage de nombreux éléments ce qui implique d’exécuter de nombreux tests une fois ces composants remis en place. La complexité de ces opérations sont les principales raisons du report du lancement<ref name=spaceflightnow10012024/>.      

Le calendrier d’[[Artemis IV]] reste inchangé, avec un lancement prévu en 2028. NASA envisage également des modifications du calendrier de la [[Lunar Gateway|station lunaire Gateway]] pour mieux s’aligner sur le calendrier d’Artemis IV<ref>{{Lien web |langue=en-US |titre=NASA Shares Progress Toward Early Artemis Moon Missions with Crew - NASA |url=https://www.nasa.gov/news-release/nasa-shares-progress-toward-early-artemis-moon-missions-with-crew/ |date=10 janvier 2024}}</ref>.    

=== Un projet international ===
{{Article détaillé|Accords Artemis}}

Les pays principaux partenaires traditionnels de la NASA dans le domaine du programme spatial habité ont rapidement annoncé leur intention de participer au programme ''Artemis'', la seule exception étant la Russie qui dans le contexte de tensions créés par les événements en Ukraine, décide de ne pas participer au projet et de se rapprocher de la Chine. L'[[Agence spatiale canadienne]] prévoit de fournir le bras télécommandé Canadarm 3 de la station spatiale {{langue|en|Lunar Gateway}}<ref>{{lien web|langue=en|url=https://www.nasaspaceflight.com/2020/06/canadarm3-to-support-gateway/|titre=Canadarm3 to support Lunar Gateway space station |date=28 juin 2020|site=nasaspaceflight.com|auteur1=Mihir Neal }}</ref>. Le [[Canada]] dispose d'un budget de 1,5 milliard US$ sur 24 ans pour développer et maintenir cet équipement. L'Italie conclut un accord de coopération en septembre 2020 avec la NASA pour ce programme. Le budget de 1 milliard € porte sur la construction des modules ESPRIT et iHab de la station spatiale lunaire Lunar Gateway<ref>{{lien web|langue=en|url=https://spacenews.com/nasa-signs-agreement-with-italy-to-cooperate-on-artemis/|titre=NASA signs agreement with Italy to cooperate on Artemis |date=25 septembre 2020 |site=[[SpaceNews]]|auteur1=Jeff Foust}}.</ref>. Le même mois, le Japon conclut également un accord pour fournir un vaisseau cargo HTV-X dérivé du HTV, qui sera chargé de ravitailler la station spatiale lunaire ainsi qu'un module d'habitation<ref>{{lien web|langue=en|url=https://spacenews.com/nasa-and-jaxa-reaffirm-intent-to-cooperate-in-lunar-exploration/|titre=NASA and JAXA reaffirm intent to cooperate in lunar exploration |date=25 septembre 2020|site=[[SpaceNews]] |auteur1=Jeff Foust}}.</ref>. Enfin, l'[[Agence spatiale européenne]] finance la réalisation du module de service du vaisseau Orion<ref>{{lien web|langue=en|url=https://airlinegeeks.com/2020/05/30/airbus-wins-esa-contract-to-construct-space-module-for-nasa-s-orion-spacecraft/|titre=Airbus Wins ESA Contract to Construct Space Module for NASA’s Orion Spacecraft|date=30 mai 2020|site=airlinegeeks.com|auteur1=Benjamin Pham}}.</ref>.

=== Sélection des astronautes ===
[[Fichier:2017 class of NASA astronauts with Vice President Mike Pence.jpg|vignette|gauche|Douze membres du [[Groupe d'astronautes 22|{{22e}} groupe d'astronautes]] photographiés avec le [[vice-président des États-Unis|vice-président]] [[Mike Pence]].]]

Les équipages des missions Artemis seront composés d'astronautes des différents pays participant au programme ''Artemis'' : américains, japonais, européens, canadiens, etc.

Les membres américains des équipages des premières missions du programme ''Artemis'' sont sélectionnés dans le [[corps des astronautes de la NASA]], qui comprend 48 membres (dont 17 femmes) depuis l'intégration au début de 2020 de la promotion 22 (les ''{{langue|en|Turtles}}'', ou « tortues »). Les astronautes de cette promotion comprennent 7 femmes et 6 hommes, 6 civils et 7 militaires<ref>{{lien web|langue=en|url=https://www.space.com/nasa-astronaut-class-turtles-graduation.html|titre=NASA graduates new class of astronauts to join Artemis-era missions |date=10 janvier 2020|site=[[Space.com]] |auteur1=Stephen Clark}}</ref>. Fin 2020, les 18 astronautes américains (neuf hommes et neuf femmes) qui doivent participer au programme ''Artemis'' sont désignés. Huit d'entre eux font partie de la dernière promotion<ref>{{en}} [https://www.nasa.gov/specials/artemis-team/ The Artemis team], NASA.</ref>{{,}}<ref>[https://www.cieletespace.fr/actualites/les-prochains-humains-a-marcher-sur-la-lune-sont-parmi-les-18-astronautes-d-artemis Les prochains humains à marcher sur la Lune sont parmi les 18 astronautes d’Artemis], ''[[Ciel et Espace]]'', 10 décembre 2020.</ref>{{,}}<ref>[https://www.numerama.com/sciences/675081-les-prochains-astronautes-qui-iront-sur-la-lune-sont-surement-dans-cette-liste.html Les prochains astronautes qui iront sur la Lune sont sûrement dans cette liste], [[Numerama]], 10 décembre 2020.</ref>{{,}}<ref>[https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/vols-habites-voici-18-astronautes-programme-artemis-les-heros-nous-porteront-lune-dela-79185/ Voici les 18 astronautes du programme ''Artemis'' : «  les héros qui nous porteront sur la Lune et au-delà  »], ''Futura Sciences'', 13 décembre 2020.</ref>.

L'[[administrateur de la NASA]], Jim Bridenstine, indique en juillet 2019 que le premier équipage à débarquer sur la Lune comprendrait une femme ayant déjà l'expérience d'une mission spatiale, c'est-à-dire ayant fait partie de l'équipage de la [[Station spatiale internationale]]<ref name=BBC22092020>{{lien web |langue=en|url=https://www.bbc.com/news/science-environment-54246485|titre=Nasa outlines plan for first woman on Moon by 2024 |date=22 septembre 2020|site=[[SpaceNews]]|auteur1=Paul Rincon }}.</ref>. La sélection des équipages des missions ''Artemis'' devrait être effectuées au moins deux ans avant leur lancement. L'équipage [[Artemis II]] a été annoncé le 3 avril 2023. Il comprend trois Américains et un Canadien<ref name=":0" /> :

* [[Commandant de bord|commandant]] : [[Gregory Reid Wiseman]]
* pilote : [[Victor J. Glover]]
* [[spécialiste de mission]] 1 : [[Christina Koch]]
* spécialiste de mission 2 : [[Jeremy Hansen]]
{{Boîte déroulante/début|titre=Liste des astronautes américains sélectionnés pour le programme ''Artemis''|couleurFondT=#E6E6FA}}
* [[Joe Acaba]] ([[Groupe d'astronautes 19|groupe 19]])
* [[Kayla Barron]] ([[Groupe d'astronautes 22|groupe 22]])
* [[Raja Chari]] (groupe 22)
* [[Matthew Dominick]] (groupe 22)
* [[Victor J. Glover]] ([[Groupe d'astronautes 21|groupe 21]])
* [[Warren Hoburg]] (groupe 22)
* [[Jonny Kim]] (groupe 22)
* [[Christina Koch]] (groupe 21)
* [[Kjell N. Lindgren]] ([[Groupe d'astronautes 20|groupe 20]])
* [[Nicole Mann]] (groupe 21)
* [[Anne McClain]] (groupe 21)
* [[Jessica Meir]] (groupe 21)
* [[Jasmin Moghbeli]] (groupe 22)
* [[Kathleen Rubins]] (groupe 20)
* [[Francisco Rubio (astronaute)|Frank Rubio]] (groupe 22)
* [[Scott Tingle]] (groupe 20)
* [[Jessica Watkins]] (groupe 22)
* [[Stephanie Wilson]] ([[Groupe d'astronautes 16|groupe 16]])
{{Boîte déroulante/fin}}

==== Rôle des astronautes européens ====

Les astronautes des pays ayant contribué au programme Artemis - principalement le Japon, le Canada et l'Europe - participeront aux missions du programme Artemis. Comme pour la Station spatiale internationale le nombre d'astronautes invités découlera du montant de la contribution de leur pays. L'Europe, qui fournit les modules de service des six premiers vaisseaux Orion ainsi que les modules I-Hab et ESPRIT de la station lunaire Gateway a théroriquement droit à un nombre de sièges  "important". Mais les quatre premiers modules de service Orion ont servi à financer la participation à des missions à bord de la Station spatiale internationale. Les autres fournitures permettent à l'Europe de disposer de trois sièges à bord de missions Artemis. Le premier astronaute européen devrait faire partie de la mission [[Artemis IV]] prévue en 2028 mais il devrait rester en orbite contrairement à ses collègues<ref name=Marin08042023>{{lien web|langue=es|url=https://danielmarin.naukas.com/2023/04/08/cuando-veremos-un-astronauta-europeo-pisar-la-luna/|titre=¿Cuándo veremos un astronauta europeo pisar la Luna? |date=8 avril 2023 |site=Eureka|auteur1=Daniel Marín}}.</ref>.

== Objectifs ==

Les objectifs du programme Artemis définis par la NASA sont à la fois scientifiques et techniques.

=== Objectifs scientifiques ===

Le programme ''Artemis'' doit contribuer à remplir les objectifs scientifiques assignés par le [[Planetary Science Decadal Survey|rapport décennal sur les sciences planétaires]] produit par le [[Conseil national de la recherche des États-Unis]]. Les principaux thèmes du rapport traités par le programme ''Artemis'' sont la compréhension des processus planétaires et du cycle des matériaux volatils, la reconstitution de l'histoire de l'impact à l'origine de la formation du système Terre-Lune, la recherche d'éléments fournissant des informations sur le Soleil à ses origines, l'observation de l'univers depuis la Lune, la réalisation d'expériences dans l'environnement lunaire et la recherche de méthodes et d'équipements permettant de réduire les risques courus par les équipages des missions d'exploration planétaire<ref name=Plan2020-33>{{Harvsp|texte=NASA’s Lunar Exploration Program Overview|2020|p=33|id=Program092020}}.</ref>.

Pour remplir ces objectifs la stratégie développée par la NASA dans le cadre du programme ''Artemis'' comprend<ref name=Plan2020-33/> :
* la mise en place d'une logistique, confiée à des sociétés commerciales, permettant de livrer de manière continue à la surface de la Lune des équipements techniques et scientifiques ;
* le développement de moyens de transport permettant de faciliter et d'étendre les investigations scientifiques à la surface de la Lune ;
* la mise en place de partenariats internationaux pour accroitre les opportunités (en particulier pour les instruments et les rovers) ;
* l'utilisation de nano-satellites pour obtenir de nouvelles données scientifiques depuis l'orbite lunaire.

Les astronautes à la surface de la Lune seront chargés de mener des expériences scientifiques :
* étude de la [[Géologie de la Lune|géologie lunaire]] ;
* collecte d'échantillons de sol qui seront ramenés sur Terre ;
* installation d'instruments chargés de collecter des données sur les caractéristiques de la surface et de la couche de sol superficielle : interférences électromagnétiques, particules chargées, particules neutres ;
* exploration des zones froides de la Lune (terrains perpétuellement à l'ombre) ;
* exploration de la [[face cachée de la Lune]].

=== Destination : le pôle Sud de la Lune ===
[[Fichier:Artemis-iii-landing-regions space mission.jpg|vignette|Les 13 sites d'atterrissage potentiels sélectionnés par le comité scientifique de la NASA en aout 2022 pour la mission ''[[Artemis III]]''.]]

Le site d'atterrissage des missions sera situé près du [[Pôle Sud de la Lune|pôle Sud lunaire]], car cette région présente un intérêt scientifique important. Mais l'intérêt principal de cette région est qu'elle recèle des stocks d'eau qui peuvent être [[Utilisation des ressources in situ|exploités]] pour faciliter les séjours prolongés en augmentant l'autonomie des équipages (eau, oxygène)<ref name="Planetary-04042019" /> et que par ailleurs le Soleil restant en permanence proche de l'horizon, certains sites situés sur des reliefs [[pic de lumière éternelle|sont éclairés en permanence]] permettent durant la longue nuit lunaire (14 jours) de continuer à produire de l'énergie et d'éviter les chutes de température extrêmes. Toutefois cette position présente également certains inconvénients : la Terre comme le Soleil étant très bas sur l'horizon au niveau du pôle Sud, les communications avec la Terre devront être relayées par la [[station spatiale]] lunaire.

Pour la mission ''[[Artemis III|Artemis 3]]'', la NASA a sélectionné en août 2022 13 sites d'atterrissage potentiels, tous situés à moins de six degrés de latitude du pôle sud. Les sites ont été choisis par une équipe de scientifiques de l'agence spatiale en utilisant notamment les données collectées par la sonde spatiale ''[[Lunar Reconnaissance Orbiter]]''. Les sites retenus prennent en compte les contraintes d'atterrissage du module lunaire [[Starship HLS]]<ref>{{Lien web |prénom=Sean |nom=Potter |titre=NASA Identifies Candidate Regions for Landing Next Americans on Moon |url=http://www.nasa.gov/press-release/nasa-identifies-candidate-regions-for-landing-next-americans-on-moon |site=NASA |date=2022-08-19 |consulté le=2022-08-21}}</ref>.

=== Objectifs techniques ===

La présence continue d'astronautes à la surface de la Lune doit permettre de développer et tester de nouvelles approches, technologies et systèmes qui pourront être utilisés dans des environnements plus difficiles. Les investissements effectués doivent permettre d'abaisser le coût de l'exploration de l'espace profond et permettre de lancer des missions avec équipage vers Mars. Les domaines de recherche présentés comme prioritaires sont<ref>{{Harvsp|texte=NASA’s Lunar Exploration Program Overview|2020|p=35|id=Program092020}}.</ref> :
* l'utilisation des ressources ''in situ'' : collecte, traitement, stockage et utilisation de matériaux disponibles à la surface de la Lune et d'autres corps planétaires ;
* production d'énergie à la surface de la Lune permettant de disposer en permanence d'énergie de jour comme de nuit ;
* technologies permettant de diminuer l'impact de la poussière lunaire sur les équipements déployés à la surface de la Lune : caméras, panneaux solaires, combinaisons spatiales et instruments scientifiques ;
* technologies permettant à des robots et à des humains de se déplacer de manière efficace, de s'orienter et d'accéder à des emplacements en surface ou sous la surface inaccessibles jusque là ;
* technologies permettant de fabriquer de manière automatique des matériaux et de construire des installations.

== Équipements ==
[[fichier:Artist Concept - Space Launch System and Orion Spacecraft.png|vignette|redresse=1.5|[[Vue d'artiste]] du lanceur lourd ''{{langue|en|[[Space Launch System]]}}'', qui sera chargé de lancer le vaisseau [[Orion (véhicule spatial)|''Orion'']].]]

L'architecture de la mission lunaire, telle que définie en {{date-|mai 2019}}, repose sur la disponibilité de plusieurs vaisseaux spatiaux : le lanceur lourd ''{{langue|en|[[Space Launch System]]}}'', la station spatiale lunaire ''{{langue|en|[[Lunar Orbital Platform-Gateway]]}}'', qui joue le rôle de relais entre l'orbite lunaire et la surface de la Lune, le vaisseau [[Orion (véhicule spatial)|''Orion'']], qui est utilisé pour transférer l'équipage entre la Terre et la station spatiale lunaire, et le vaisseau lunaire HLS (''{{langue|en|Human Landing System}}''), chargé de déposer l'équipage sur le sol lunaire puis de le ramener à la station spatiale. Plusieurs vols de lanceurs commerciaux sont également prévus pour positionner des missions robotiques à la surface du satellite afin de préparer l'arrivée des équipages et de ravitailler la station spatiale lunaire.

=== Lanceur lourd SLS ===
{{Article détaillé|Space Launch System}}

Le [[Lanceur (astronautique)|lanceur]] lourd ''{{langue|en|Space Launch System}}'' {{nobr|bloc 1}}, développé principalement par [[Boeing]], permet de placer {{nb|26 tonnes}} en [[Orbite sélénocentrique|orbite lunaire]]. Il est chargé de lancer le vaisseau [[Orion (véhicule spatial)|''Orion'']] avec l'équipage à bord. Huit des 37 lancements prévus d'ici 2028 pour le programme ''Artemis'' sont pris en charge par ce lanceur. Son premier vol a eu lieu avec succès le 16 novembre 2022. La version {{nobr|bloc 1}} comprend un premier étage dérivé du réservoir externe de la [[navette spatiale américaine]] et propulsé par quatre moteurs-fusées [[RS-25]]E version dérivée de moteurs de la navette spatiale. Au décollage la poussée est principalement fournie par deux propulseurs d'appoint à propergol solide à cinq segments, directement dérivés des Solid Rocket Boosters (SRB) de la navette spatiale, qui n'avaient eux que quatre segments. Le deuxième étage ICPS (''{{langue|en|Interim Cryogenic Propulsion Stage}}'') est dérivé du second étage du lanceur {{lnobr rom|Delta IV}}, est propulsé par un unique [[moteur-fusée à ergols liquides]] [[RL-10]]B2, brûlant un mélange d'hydrogène liquide et d'oxygène liquide.

=== Vaisseau ''Orion'' ===
{{Article détaillé|Orion (véhicule spatial)}}
[[Fichier:NASA's Orion Spacecraft for Artemis 1, July 2019.jpg|vignette|Le vaisseau Orion de la mission [[Artemis I]].]]

Le vaisseau spatial [[Orion (véhicule spatial)|''Orion'']] est chargé de transporter l'équipage entre la Terre et la station spatiale lunaire à l'aller comme au retour. Contrairement aux vaisseaux américains développés récemment, il dispose de la capacité à aller au-delà de l'orbite terrestre basse : [[bouclier thermique]] permettant de résister à une vitesse de [[rentrée atmosphérique]] de {{unité|11 km/s}}, capacité de manœuvre importante, protection thermique adaptée au trajet interplanétaire, habitacle permettant un séjour long de l'équipage, etc. Il reprend l'architecture du [[vaisseau Apollo]] avec un module de commande en forme de cône contenant l'habitacle dans lequel séjourne l'équipage et un module de service dans lequel est rassemblé tout ce qui n'est pas nécessaire au retour sur Terre. Ce dernier module est largué avant la rentrée atmosphérique. L'ensemble a une masse de {{nobr|26 tonnes}} dont {{nobr|15,5 tonnes}} pour le module de service. Contrairement au vaisseau Apollo, il utilise des [[Capteur solaire photovoltaïque|panneaux solaires]] pour la fourniture d'énergie. Il dispose d'un système d'amarrage similaire à celui de la [[navette spatiale américaine]]. Il dispose d'une quantité d'ergols nettement inférieure à celle d'Apollo ce qui ne lui permet pas de se placer sur une orbite lunaire basse comme le vaisseau Apollo ([[delta-V]] de {{unité|1340 m/s}} contre {{unité|2800 m/s}}) (il s'amarre à la station spatiale lunaire qui est placée sur une orbite haute qui permet d'économiser un delta-V d'environ {{unité|1500 m/s}}). Le vaisseau Orion est conçu pour se poser sur l'eau à son retour sur Terre. Il peut emporter quatre personnes pour une mission d'une durée de trois semaines<ref name=OrionQuickfacts>{{lien web|langue=en|url=https://www.nasa.gov/sites/default/files/atoms/files/fs-2014-08-004-jsc-orion_quickfacts-web.pdf |format=pdf |titre=Orion quick facts |date=2014|éditeur=[[NASA]]}}</ref>.
{{clr}}
{| class="wikitable centre alternance"
|+ Comparaison des caractéristiques d'Orion avec celles de ses prédécesseurs
|-
! scope=col | Caractéristiques
! scope=col | Orion ([[Artemis II]])<ref name=OrionQuickfacts/>
! scope=col | [[Module de commande et de service Apollo|Apollo]]
! scope=col | [[Soyouz (véhicule spatial)|Soyouz]]
|-
| scope=row | Longueur ||align="center"| ~{{unité|8.14|m}} || align="center"|  {{unité|11.03|m}} || align="center"|  {{unité|7.48|m}}
|-
| scope=row | Diamètre max  ||align="center"|  {{unité|5.03|m}} ||align="center"|   {{unité|3.9|m}} ||  align="center"|   {{unité|2.72|m}}
|-
| scope=row | Envergure||align="center"|  {{unité|18.8|m}} || align="center"|  {{unité|3.9|m}} ||align="center"|  {{unité|10.06|m}}
|-
| scope=row | Masse totale ([[ergol]]s) ||align="center"|  {{unité|25.85|t}} (?) || align="center" |{{unité|30.33|t}} ({{unité|18.5|t}}) || align="center"| {{unité|7.25|t}} ({{unité|0.9|t}})
|-
| scope=row | Volume pressurisé / habitable  ||align="center"|  {{unité|19.56|m|3}} / {{unité|8.95|m|3}} || align="center"|   / {{unité|6.17|m|3}} ||align="center"|   / {{unité|9|m|3}}
|-
| scope=row | [[Delta-v|Delta-V]] ||align="center"|  {{unité|1340|m/s}} ||align="center"|  {{unité|2800|m/s}}   ||align="center"|  {{unité|390|m/s}}
|-
| scope=row | Source énergie || align="center"| [[Capteur solaire photovoltaïque|Panneaux solaires]] ||align="center"|  [[Pile à combustible|Piles à combustible]]  || align="center"| Panneaux solaires
|-
| scope=row | Production énergie || align="center"| {{unité|11|kW}} ||   align="center"| {{unité|0|kW}} ||align="center"|   {{unité|0.6|kW}}
|-
| scope=row | Durée mission || align="center"| 21 j || align="center"| 14 j || align="center"|   14 j
|-
| scope=row | Taille équipage || align="center"| 4 || align="center"| 3 || align="center"| 3
|-
| scope=row | Zone d'atterrissage || align="center"| Mer || align="center"| Mer || align="center"| Terre
|}

=== Station spatiale lunaire ===
{{Article détaillé|Lunar Gateway}}

La station spatiale lunaire ''{{langue|en|[[Lunar Gateway]]}}'' sert de relais entre la Terre et la surface de la Lune. Elle ne constitue pas un élément obligatoire pour les premières missions vers le sol lunaire : dans le cahier des charges du vaisseau lunaire HLS, un [[Rendez-vous spatial|rendez-vous]] en orbite lunaire entre le vaisseau ''Orion'' et le HLS est une possibilité pour laquelle le candidat peut opter. En revanche, pour les missions dites durables à compter de 2026, la station lunaire devient obligatoire, notamment pour permettre la réutilisation de tout ou partie du vaisseau lunaire<ref name="HSRConceptofOperations">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=NASA|titre=Human Landing System Concept of Operations|éditeur=NASA|année=2019|mois=aout|pages totales=12|isbn=|lire en ligne=https://www.fbo.gov/utils/view?id=7c9d7102b1b5d3d1650450c11a89f309|id=HLS-operation}}.</ref>. Pour les premières missions du programme ''Artemis'', la priorité est donnée aux deux modules nécessaires pour les missions qui doivent se dérouler sur le sol lunaire :
* le module PPE (''{{langue|en|Power and Propulsion Element}}'') produit l'énergie de la station et dispose d'un système propulsif principal utilisant des [[Moteur ionique|moteurs ioniques]]. Les panneaux solaires dont il est équipé fournissent {{unité|50 kW}}. Le module dispose également de systèmes de télécommunications permettant d'assurer la liaison avec la Terre d'une part et la surface de la Lune d'autre part. La construction de ce module a été confiée en {{date-|mai 2019}} à la société [[Maxar Technologies]] (autrefois SSL) pour un montant de 375 millions US$. Le module doit être mis à disposition pour un lancement fin 2022<ref name=NASA23052019>{{lien web|titre=NASA Awards Artemis Contract for Lunar Gateway Power, Propulsion|url=https://www.nasa.gov/press-release/nasa-awards-artemis-contract-for-lunar-gateway-power-propulsion|éditeur=[[NASA]]|date=23 mai 2019 }}.</ref> ;
* le module d'habitation HALO (''{{langue|en|Habitation and Logistics Outpost}}''), également baptisé MHM (''{{langue|en|Minimal Habitation Module}}''), est développé par la société [[Northrop Grumman]]. Il s'inspire du cargo spatial [[Cygnus (véhicule spatial)|''{{langue|en|Cygnus}}'']]. De forme cylindrique, il comporte deux ports d'amarrage radiaux pour permettre l'amarrage du vaisseau ''Orion'' et des cargos chargés du ravitaillement, et deux autres ports d'amarrage dans l'axe pour se fixer aux autres modules de la station spatiale. Le module pressurisé dispose d'un système de communications, d'un système de support de vie permettant à un équipage de quatre personnes de vivre durant 30 jours dans le volume fourni par ce module et le vaisseau Orion. Le module HALO doit être fourni par Northrop Grumman de manière à permettre son lancement fin 2023<ref name=parabolic23072019>{{lien web|langue=en|url=http://www.parabolicarc.com/2019/07/23/nasa-awards-contract-to-northrop-grumman-for-lunar-gateway-habitat-module/|titre=NASA Awards Contract to Northrop Grumman for Lunar Gateway Habitat Module |date=23 juillet 2019 |éditeur=parabolicarc.com|auteur1=Douglas Messier}}.</ref>.

La station spatiale est placée sur une orbite autour de la Lune dite NRHO (''[[Orbite de halo presque rectiligne|{{langue|en|Near Rectilinear Halo Orbit}}]]''). C'est une [[orbite de halo]] dont la [[période orbitale]] est de {{nobr|6,5 jours}}, le périlune (le point le plus proche de la Lune) est de {{unité|3366 km}} et l'apolune de {{unité|70000 km}}. Cette orbite est sélectionnée parce qu'elle présente plusieurs avantages<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=NASA|titre=A Continuous 15 Year NRHO Reference Trajectory|éditeur=NASA|année=2019|mois=aout|pages totales=6|isbn=|lire en ligne=https://www.fbo.gov/utils/view?id=1a89eb72516bd13884710e6b957faed1|id=HLS-NRHO}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web|titre=Angelic halo orbit chosen for humankind’s first lunar outpost|url=http://www.esa.int/Enabling_Support/Operations/Angelic_halo_orbit_chosen_for_humankind_s_first_lunar_outpost|éditeur=[[Agence spatiale européenne]]|date=18 juillet 2019 }}</ref> :
* elle permet à la station spatiale d'être en permanence visible de la Terre, c'est-à-dire que celle-ci n'est jamais masquée par la Lune. Les liaisons radio ne sont donc jamais interrompues ;
* il n'y a aucune éclipse du Soleil par la Terre. Celles-ci sont les plus gênantes car elles peuvent atteindre une durée de 2,6 heures (éclipse totale), ce qui dépasse les capacités des batteries du vaisseau Orion et de la station spatiale lunaire (les batteries doivent prendre le relais des panneaux solaires durant les éclipses) ;
* elle comporte quelques éclipses du Soleil par la Lune chaque année mais leur durée n'excède pas 80 minutes ;
* elle est instable, mais elle ne nécessite que de petites corrections : la [[Delta-v|correction de vitesse]] nécessaire pour la maintenance de l'orbite est de {{unité|1,86 mm/s}} par orbite. Cette valeur ne prend pas en compte les perturbations diverses que subit tout engin spatial dans l'espace, quelle que soit sa trajectoire, en particulier la [[Pression de rayonnement|pression solaire]].

<gallery mode="packed" heights="300px" caption="Station spatiale lunaire">
Fichier:The-Initial-Phase-Gateway-with-Orion,-an-HLS-and-a-logistics-module-docked.jpg|La station spatiale lunaire sera en 2024 limitée à deux modules : le module d'habitation HALO ('''2''' sur le schéma) et le module qui fournit l'énergie et la propulsion PPE ('''4'''). Sur le schéma sont amarrés les autres vaisseaux impliqués dans les premières missions Artemis : un vaisseau de ravitaillement ('''3'''), le vaisseau Orion (1) et le vaisseau lunaire ('''5''') qui doit déposer l'équipage sur le sol.
Fichier:Lunar-L1-and-L2-northern-and-southern-NRHOs.png|La station spatiale lunaire est positionnées sur une orbite NRHO. Ce schéma montre les différentes orbites NRHO L1 et L2 Nord et sud. L'orbite retenue est une L2 sud.
</gallery>

=== Vaisseau lunaire ===

Le vaisseau lunaire HLS (''{{langue|en|Human Landing System}}'') a pour rôle de déposer deux astronautes sur le sol lunaire dans la première phase du projet ''Artemis''. À la surface il sert d'habitat durant la mission d'une durée initiale d'environ une semaine puis il ramène l'équipage en orbite lunaire où celui-ci est transféré dans le vaisseau Orion qui le ramène sur la Terre.

==== Cahier des charges ====

Pour remplir ces objectifs la NASA préconise une architecture comprenant trois modules qui permet de limiter la masse de chaque module à moins de 15 tonnes, ce qui la rend compatible avec le positionnement autour de la Lune par des véhicules commerciaux (la version à deux modules similaire au module Apollo aurait une masse de 9 à {{unité|12 t}} (module de remontée) + 32-{{unité|38 t}} (module de descente)<ref name=Planetary-04042019/>{{,}}<ref name=arstechnica10102019>{{lien web|langue=en|url=https://arstechnica.com/science/2019/10/as-nasa-tries-to-land-on-the-moon-it-has-plenty-of-rockets-to-choose-from/|titre=As NASA tries to land on the Moon, it has plenty of rockets to choose from |date=10 octobre 2019|site=arstechnica.com|auteur1=Eric Berger}}.</ref> :
* un module propulsif qui est uniquement chargé d'abaisser l'orbite des deux autres modules. D'une masse de 12 à 15 tonnes, il permet une [[delta-V|modification de la vitesse]] de {{unité|850|m/s}}. Il est éventuellement réutilisable dans le cas des missions « durables » ;
* un module de descente qui après largage du module propulsif est chargé d'annuler la vitesse horizontale et de déposer le module habitable (module de remontée) sur le sol lunaire. D'une masse de 15 à {{nobr|16 tonnes}}, il permet une modification de la vitesse de {{unité|2000|m/s}}. Il pourrait être également utilisé dans une autre configuration pour déposer du fret sur le sol lunaire ;
* un module de remontée/module habitable qui sert d'habitat à l'équipage de quatre astronautes (c'est le seul module pressurisé de l'ensemble) et qui dispose d'une propulsion lui permettant de remonter en orbite. D'une masse de 9 à 12 tonnes, il permet une modification de la vitesse de {{unité|2850|m/s}}. Après la remontée du sol lunaire, il peut être réutilisé après avoir été ravitaillé en consommables.

Le cahier des charges de la NASA précise les principales caractéristiques du vaisseau HLS. Deux versions successives du vaisseau doivent être construites la version non réutilisable 2024 capable de transporter deux astronautes et devant séjourner durant la journée lunaire et la version définitive utilisée à partir de 2026 pouvant transporter trois à quatre astronautes et permettant de survivre à une nuit lunaire<ref name=Specs>{{Harvsp|texte=Human Landing System (HLS) Requirements document|2019|p=28-41|id=HLS-spec}}</ref>.

{| class="wikitable alternance centre"
|+Principales caractéristiques du vaisseau lunaire HLS spécifiées dans le cahier des charges de la NASA<ref name=Specs/>
|-
! scope=col | Caractéristique
! scope=col | Exigences pour la mission de 2024
! scope=col | Exigences pour les missions postérieures à 2026
|-
|'''Équipage''' ||  2 personnes || 3 à 4 personnes
|-
|Capacité de manœuvre ||colspan="2"|  Permet d'effectuer un aller-retour entre l'orbite lunaire et un site situé entre les latitudes 84 et 90° sud<br>Capacité à interrompre la mission <br> Atterrissage automatique à la surface de la Lune<br>Rendez-vous et amarrage automatique à la station spatiale et au vaisseau Orion
|-
|'''Fiabilité''' ||  97,5 % avec au minimum deux sorties extravéhiculaires (non réutilisable) || 98 % par mission, 87 % sur une période de 10 ans (>= 5 missions)
|-
|'''Précision à l'atterrissage''' || colspan="2"| {{unité|100|m}}.
|-
|'''Site d'atterrissage''' ||  Éclairé en permanence || > 50 heures de nuit continue (objectif 191 heures)
|-
|'''Durée du séjour'''   || dans le module huit jours terrestres<br>A la surface de la Lune 6,5 jours || 
|-
|'''Sorties extravéhiculaires''' || durée  > 4 h.<br> Nombre > 2 || durée  > 8 h.<br> Nombre = 5
|-
|'''Charge utile déposée à la surface de la Lune''' ||  > {{unité|865|kg}} dont<br> combinaison xEMU {{unité|373|kg}}<br>Nourriture {{unité|59|kg}}<br> Équipage {{unité|175|kg}}|| > {{unité|1595 kg}}
|-
|'''Autre charge utile à l'atterrissage''' ||  au minimum {{unité|80|kg}} d'instrumentation<br> dont 10-{{unité|20|kg}} pour les caméras et instruments dans l'habitacle   ||  voir supra
|-
|'''Charge utile au décollage''' ||  > {{unité|525|kg}} dont<br> combinaison xEMU {{unité|167|kg}}<br>Nourriture {{unité|18|kg}}<br> Equipage {{unité|175|kg}}|| > {{unité|1070 kg}}
|-
|'''Autre charge utile au décollage''' ||  au minimum {{unité|15 kg}} (cible {{unité|100 kg}})   ||  voir ''supra''
|}

==== Caractéristiques techniques de l'atterrisseur Starship HLS de SpaceX ====
{{Article détaillé|Starship HLS}}

Le vaisseau lunaire [[Starship HLS]] développé par SpaceX retenu pour les premiers vols est un engin mono-module (pas d'étage de descente et de remontée séparés) dérivé de son vaisseau [[Starship (fusée)|Starship]]. Il doit être placé sur une orbite terrestre par un étage [[Starship (fusée)|Starship]] sur une orbite basse puis ravitaillé sur cette orbite par plusieurs vaisseaux Starship avant de gagner sans équipage la [[Lunar Gateway]] en orbite lunaire. Une fois le vaisseau amarré à la station il récupère l'équipage qui y a été amené par le vaisseau Orion. Le vaisseau Starship lunaire se pose sur la Lune puis redécolle également par ses propres moyens. Le vaisseau se distingue des deux autres par le fait qu'il remplit immédiatement les exigences de réutilisabilité prévue par la NASA dans le cadre de la deuxième phase du programme ''Artemis''. Mais cela s'accompagne d'une grande complexité<ref name=Marin17042021/>.

Courant 2022, les caractéristiques précises du Starship HLS ne sont pas connues. Le vaisseau spatial a une masse totale d'environ 1320 tonnes et sera capable d'amener sur le sol lunaire une charge utile de 100 tonnes et de ramener une masse identique en orbite. Contrairement au [[module lunaire Apollo]], c'est l'ensemble du vaisseau qui remonte en orbite. Le vaisseau HLS est haut de 50 mètres pour un diamètre de 9 mètres. Sa propulsion primaire est constituée par 6 moteurs [[Raptor (moteur-fusée)|Raptor]] 2 montés à son extrémité qui sont utilisés pour le transit entre la Terre et la Lune, l'injection en orbite lunaire, la descente vers le sol lunaire et la remontée en orbite. Des moteurs de poussée moindre placés sur le corps du lanceur sont utilisés à proximité du sol lunaire pour limiter les jets de poussière. Le vaisseau permet le séjour sur la Lune d'un équipage durant au moins 100 jours. Étant donné que le Starship HLS ne reviendra pas sur Terre comme les autres versions du vaisseau spatial Starship, il n'est pas équipé d'un [[bouclier thermique]] ni des ailerons utilisés sur les autres versions du Starship pour la rentrée dans l'atmosphère terrestre.

==== Caractéristiques techniques de l'atterrisseur lunaire Blue Moon  de Blue Origin ====
{{Article détaillé|Blue Moon (véhicule spatial)}}

Le développement de l'[[atterrisseur]] [[Blue Moon (véhicule spatial)|Blue Moon]] débute officiellement en mai 2019 mais ses caractéristiques ont été révisées à plusieurs reprises. sélectionné en mai 2023 par la NASA pour déposer l'équipage de la mission [[Artemis V]] à la surface de la Lune. Ce premier vol opérationnel est programmé en 2029. Le vaisseau a été retenu par la NASA pour constituer une alternative au vaisseau {{langue|en|[[Starship HLS]]}} de {{langue|en|[[SpaceX]]}} qui sera utilisé pour déposer les équipages des deux premières missions du programme Artemis à la surface de la Lune. Le développement de l'[[atterrisseur]] {{langue|en|Blue Moon}} débute officiellement en mai 2019 sur mais ses caractéristiques ont été révisées à plusieurs reprises. {{langue|en|Blue Moon}} dans sa dernière version a une masse de 45 tonnes (16 tonnes sans les ergols et la charge utile transportée). Le vaisseau spatial a une hauteur de 16 mètres et un diamètre en position repliée inférieure à 7 mètres (diamètre de la coiffe du lanceur {{langue|en|New Glenn}}). Il présente deux caractéristiques qui le démarquent des modèles concurrents : d'une part la propulsion assurée par un moteur-fusée [[BE-7]] utilisant de l'hydrogène liquide, un ergol très efficace mais difficile à conserver durablement et d'autre part le module contenant l'équipage est placé sous les réservoirs d'ergols. Cette disposition doit faciliter l'accès au sol de l'équipage. Comme son concurrent {{langue|en|[[Starship HLS]]}} la mise en oeuvre de {{langue|en|Blue Moon}} nécessite plusieurs lancements. Il est placé en orbite par la fusée lourde [[New Glenn]] et vient s'amarrer à la station spatiale lunaire {{langue|en|[[Deep Space Gateway]].}} Là il est ravitaillé en ergols par un [[remorqueur spatial]] qui nécessite lui-même un certain nombre de tirs du même lanceur lourd. L'équipage amené par le vaisseau [[Orion (véhicule spatial)|Orion]] jusqu'à la station spatiale lunaire embarque alors. Blue Moon descend à la surface de la Lune et y reste durant une semaine avant de décoller pour venir s'amarrer à la station spatiale pour y débarquer son équipage<ref name="9mai2019_spaceflightnow.com" />{{,}}<ref name="Marin19052023" />.

=== Astromobile LTV ===
{{article principal|Lunar Terrain Vehicle}}
[[Fichier:NASA Lunar Terrain Vehicle.png|vignette|L'astromobile LTV à la surface de la Lune (vue d'artiste).]]

Le '''[[Lunar Terrain Vehicle]]''' (LTV) est un [[astromobile]] non pressurisé qui sera utilisé pour explorer la surface lunaire et pourra embarquer deux [[astronaute]]s équipé avec leur combinaison spatiale ainsi que 250 kilogrammes d'instruments et d'équipements pour des déplacements de courte durée. Il pourra fonctionner sans équipage à bord (télécommandé depuis la Terre ou la Lune). Il présente des fonctionnalités mixant celles du [[rover lunaire Apollo]] (emport de l'équipage) et celles des engins de type robot comme [[Curiosity (astromobile)|Curiosity]] (emport d'instruments scientifiques actifs et d'un bras manipulateur télécommandé). Il sera capable de fonctionner de manière continue durant 8 heures, de réaliser des expéditions de 20 kilomètres et de survivre aux nuits lunaires. La NASA a décidé de sous-traiter complètement la conception et la réalisation de ce véhicule et son transport jusqu'à la surface de la Lune. Le constructeur doit être sélectionné durant l'été 2023. L'engin devra être livré sur le sol lunaire en aout 2028 pour pouvoir être utilisé par l'équipage de la mission [[Artemis V]]<ref>{{lien web|langue=en|url=https://iae-fbo-attachments.s3.amazonaws.com/fbo/files/fd7/fd7440b98ac345c58cda4af1801da5c6.pptx?response-content-disposition=attachment%3B%20filename%3DLTV%2BIndustry%2BDay%2BAug%2B2022%2BPresentation.pptx&X-Amz-Algorithm=AWS4-HMAC-SHA256&X-Amz-Date=20221110T092310Z&X-Amz-SignedHeaders=host&X-Amz-Expires=9&X-Amz-Credential=AKIAY3LPYEEX7DOTQZFZ%2F20221110%2Fus-east-1%2Fs3%2Faws4_request&X-Amz-Signature=562667de419db81c1168c9389b9a9d1ede5ecfae543766a00e0e8c2f63395d10|titre=Lunar Terrain Vehicle (LTV) Industry Day |date=31 aout 2022|page=15-27|auteur1=Rick Hardy|éditeur=NASA }}</ref>.

=== Habitat lunaire ===
{{article principal|Lunar Surface Habitat}}
[[Fichier:Lunar Surface Habitat (program Artemis).jpg|vignette|Le module d'habitation lunaire LSH posé sur l'étage ayant servi à son atterrissage (vue d'artiste de 2021). Compte tenu de son implantation au [[Pôle Sud de la Lune|pôle sud]], les [[Capteur solaire photovoltaïque|panneaux solaires]] sont verticaux tandis que les [[Radiateur (échangeur de chaleur)|radiateur]]s sont horizontaux.]]

Le ''[[Lunar Surface Habitat]]'' (LSH) est un habitat partiellement gonflable de 12 tonnes qui permettra d'accueillir de deux à quatre [[astronaute]]s dans un volume habitable de 175 m³ durant 30 à 60 jours. L'habitat de surface LSH doit permettre aux astronautes de séjourner durant de longues périodes (un à deux mois) à la surface de la Lune. Il doit être conçu, contrairement au [[module lunaire Apollo]], pour survivre à la longue nuit lunaire (éclipse de plus de 100 heures), durant laquelle la température chute de manière importante et la source d'énergie fournie par le Soleil n'est plus disponible. Positionné au pôle sud il doit être également prendre en compte un éclairage systématiquement rasant. Il remplit les fonctions suivantes : Lieu de séjour, centre de télécommunications, atelier de réparations des équipements utilisés durant les sorties extravéhiculaires, recyclage des déchets et consommables, lieu de stockage <ref name=Kessler2022>{{lien conférence |langue = en|url=https://ntrs.nasa.gov/citations/20220000245 |titre=Swift Science and Future |prénom1=Paul |nom1= Kessler|prénom2=Tracie |nom2=Prater |prénom3=Tiffany |nom3=Nickens|prénom4=Danny|nom4=Harris|date=19 janvier 2022 |conférence= IEEE Aerospace Conference |lien conférence=  |lieu= |éditeur=NASA|volume=  | pages =1-12| format =pdf |doi= | id =  |consulté le= }}</ref>. Selon le planning en vigueur en novembre 2022, l'agence spatiale prévoit son lancement par la mission [[Artemis VIII]] en 2031<ref name=Marin03112022>{{lien web|langue=es|url=https://danielmarin.naukas.com/2022/11/03/programa-artemisa-de-la-nasa-un-segundo-alunizaje-en-2027-y-la-base-lunar-de-2031/|titre=Programa Artemisa de la NASA: un segundo alunizaje en 2027 y la base lunar de 2031 |date=3 novembre 2022|site=Eureka|auteur1=Daniel Marin}}.</ref>.

=== Astromobile pressurisé ===

{{...}}

=== Production d'énergie ===

L'énergie nécessaire à la base lunaire installée à la surface de la Lune sera fournie en premier lieu par des [[Capteur solaire photovoltaïque|panneaux solaires]]. Mais pour pouvoir produire suffisamment d'énergie durant les longues nuits lunaires (sa durée dépendra de la localisation de la base lunaire mais pourrait aller jusqu'à 14 jours terriens), la NASA envisage le recours à une [[centrale nucléaire]] à fission capable de fournir environ 40 [[kilowatt]]s. La NASA a mis au point et testé sur Terre un réacteur de ce type dans le cadre du [[projet Kilopower]] qui s'est achevé en 2018. Le réacteur KRUSTY (''Kilopower Reactor Using Stirling Technology''), de un kilowatt de puissance, comprenait un [[Cœur de réacteur nucléaire|coeur]] constitué d'[[uranium 235]] de la taille d'un rouleau de papier essuie-tout. La chaleur produite était transféré par un [[caloduc]] utilisant du [[sodium]] fondu circulant de manière passive (sans pompe) à des [[Moteur Stirling|moteurs Stirling]] chargés de la convertir en électricité<ref>{{lien web|langue=en|url=https://www.nasa.gov/press-release/demonstration-proves-nuclear-fission-system-can-provide-space-exploration-power|titre=Demonstration Proves Nuclear Fission System Can Provide Space Exploration Power |date=2 mai 2018|éditeur=[[NASA]]}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web|langue=en|url=https://www.nasa.gov/mission_pages/tdm/fission-surface-power/index.html|titre=Technology Demonstration Missions - Fission Surface Power |consulté le=24 novembre 2022|date= |éditeur=Space Technology Mission Directorate - [[NASA]]}}</ref>. Pour développer un système opérationnel, la NASA et le [[département de l'Énergie des États-Unis]] ont sélectionné en juin 2022 trois sociétés. Chacune a reçu 5 millions US$ pour détailler en 12 mois son projet de centrale nucléaire. Ces sociétés sont l'établissement de [[Lockheed Martin]] situé à [[Bethesda (Maryland)|Bethesda]] ([[Maryland]]), la [[coentreprise]] IX réunissant [[Intuitive Machine]] et [[X-Energy]] implantée à [[Houston]] ([[Texas]]), l'établissement de [[Westinghouse Electric Company|Westinghouse]] situé à [[Cranberry Township (comté de Butler, Pennsylvanie)|Cranberry Township]] ([[Pennsylvanie]])<ref>{{lien web|langue=en|url=https://www.nasa.gov/press-release/nasa-announces-artemis-concept-awards-for-nuclear-power-on-moon|titre=NASA Announces Artemis Concept Awards for Nuclear Power on Moon |date=21 juin 2022|éditeur=[[NASA]]}}</ref>.

<gallery mode="packed" heights="220px" caption="Prototype et vue d'artiste d'une centrale nucléaire à la surface de la Lune">
Fichier:Kilopower experiment.jpg|Le réacteur KRUSTY du projet expérimental Kilopower destiné à tester la production d'énergie à la surface de la Lune par un réacteur à fission.
Fichier:Kilopower moon render 1 2018.jpg|Une centrale à fission inspiré du projet Kilopower à la surface de la Lune (vue d'artiste).
</gallery>
{{clr}}

=== Equipements ISRU ===

{{...}}

=== Combinaisons spatiales ===
[[Fichier:Artemis HLS xEMU NASA.jpg|vignette|Prototype de la combinaison spatiale [[XEMU (combinaison spaciale)|xEMU]] utilisée pour les sorties extravéhiculaires.]]
[[Fichier:Artemis Orion OCSS Suit NASA.jpg|vignette|Suite OCSS utilisée lors du lancement et de la rentrée atmosphérique.]]

Deux types de [[combinaison spatiale]] sont mis au point pour le programme ''Artemis''.

La combinaison spatiale OCSS (''{{langue|en|Orion Crew Survival System}}'') est portée par les astronautes dans le vaisseau Orion durant le décollage et la phase de [[rentrée atmosphérique]]. Étanche (elle comporte un casque), elle permet de survivre en cas de décompression accidentelle et est traditionnellement de couleur orange pour faciliter le repérage des astronautes après leur amerrissage à la suite de leur retour sur Terre. Ses caractéristiques sont proches de celles des combinaisons spatiales utilisées pour les missions vers la [[station spatiale internationale]]. Mais contrairement à celles-ci chaque combinaison spatiale est taillée aux dimensions exactes de son porteur. Les zones de frottement ont été retravaillées, les gants permettent un meilleur toucher et les bottes fournissent une meilleure protection contre le feu tout en étant plus confortable<ref>{{lien web|lang=en|titre=Orion Suit Equipped to Expect the Unexpected on Artemis Missions|url=https://www.nasa.gov/feature/orion-suit-equipped-to-expect-the-unexpected-on-artemis-missions|éditeur=[[NASA]]|date=15 octobre 2019 }}</ref>.

La combinaison spatiale [[AxEMU]] (''{{langue|en|Exploration Extravehicular Mobility Unit}}'') est portée par les astronautes durant leurs [[sorties extravéhiculaires]] à la surface de la Lune. De nombreuses améliorations ont été apportées par rapport aux combinaisons spatiales portées par les équipages de la [[Station spatiale internationale]] lors de leurs sorties dans l'espace et aux combinaisons des astronautes du [[programme Apollo]]. La combinaison est mieux protégée contre la contamination corrosive de la poussière lunaire. La miniaturisation de l'électronique a permis de dupliquer la plupart des systèmes vitaux ce qui permet de réduire les risques et d'envisager des sorties de plus longue durée. Elle est capable de résister à des températures extrêmes comprises entre {{unité|-250 °C}} et {{unité|+250 °C}}. L'xEMU permet une meilleure agilité grâce à des articulations repensées qui limitent également les efforts fournis par l'astronaute. Le nouveau système micro/écouteurs, amélioré pour une meilleure qualité audio, permet de supprimer l'inconfortable ''casquette snoopy''. Les astronautes enfilent la combinaison spatiale en rentrant par une porte située à l'arrière de celle-ci reprenant le dispositif des combinaisons russes [[Orlan (combinaison spatiale)|Orlan]]<ref>{{lien web|lang=en|titre=A Next Generation Spacesuit for the Artemis Generation of Astronauts|url=https://www.nasa.gov/feature/a-next-generation-spacesuit-for-the-artemis-generation-of-astronauts|éditeur=[[NASA]]|date=8 octobre 2019 }}</ref>.

=== Installations au sol ===
[[Fichier:Sls block1 on-pad sunrisesmall.jpg|vignette|Le lanceur SLS Bloc 1 avec le vaisseau Orion sur le pas de tir 39B ([[vue d'artiste]]).]]

L'EGS (''{{langue|en|Exploration Ground Systems}}'') regroupe l'ensemble des installations nécessaires pour effectuer l'assemblage final et le lancement des fusées (SLS et lanceurs commerciaux) qui emporteront les différents vaisseaux et équipements vers la Lune. À cet effet les installations du [[complexe de lancement 39]] au [[centre spatial Kennedy]] en [[Floride]] sont adaptées et remises en état. Cela concerne le [[pas de tir]] 39B d'où doit décoller le lanceur SLS<ref>{{lien web|lang=en|titre=Launch Complex 39B Prepared to Support Artemis I|url=https://www.nasa.gov/feature/launch-complex-39b-prepared-to-support-artemis-i|éditeur=[[NASA]]|date=6 mais 2020 }}.</ref>, le bâtiment d'assemblage VAB<ref>{{lien web|lang=en|titre=Final Work Platform Installed in Vehicle Assembly Building for NASA's Space Launch System|url=https://www.nasa.gov/feature/final-work-platform-installed-in-vehicle-assembly-building-for-nasas-space-launch-system |éditeur=NASA [[NASA]]|date=9 février 2017 }}.</ref>, la plateforme de lancement mobile et le crawler chargé de la transporter.

Le réseau d'[[antennes paraboliques]] de 36 mètres de diamètre du {{langue|en|[[Deep Space Network]]}} chargé de communiquer avec les vaisseaux dans l'espace lointain et avec les équipages à la surface de la Lune est mis à niveau. Les équipements des antennes de [[Goldstone Deep Space Communications Complex|Goldstone]], [[Canberra Deep Space Communication Complex|Canberra]] et [[Madrid Deep Space Communications Complex|Madrid]] (deux antennes sur chaque site) sont mis à jour de manière à permettre un [[Débit binaire|débit]] de {{unité|100 [[mégabit]]s}} par seconde en [[liaison descendante]] et {{unité|20 Mb/s}} en [[liaison montante]]. Un nouveau réseau d'antennes paraboliques de 18 mètres de diamètre, le LGS ({{langue|en|Lunar Ground Stations}}) est créé pour les communications avec les missions lunaires. Un ensemble de protocoles, interfaces et standards de communications, le LunaNet, est défini pour faciliter les échanges entre les robots, les équipages et les équipements dans l'environnement lunaire<ref>{{Harvsp|texte=NASA’s Lunar Exploration Program Overview|2020|p=40|id=Program092020}}.</ref>.

=== Rôle des lanceurs commerciaux ===

Pour optimiser les coûts et les délais, la NASA fait appel aux lanceurs commerciaux d'une part pour positionner les différents composants - modules de la station spatiale lunaire et du vaisseau lunaire HLS - d'autre part pour assurer le ravitaillement de la station spatiale lunaire ''{{langue|en|[[Lunar Orbital Platform-Gateway]]}}'' en consommables (ergols, eau, oxygène). Sur les 37 lancements programmés entre 1999 et 2028, 29 doivent être pris en charge par des lanceurs commerciaux, les huit autres l'étant par le lanceur géant SLS. Les modalités des contrats qui seront passés avec les fournisseurs de cette prestation, sont similaires à celles du programme [[Commercial Orbital Transportation Services|COTS]] de ravitaillement de la [[Station spatiale internationale]]. Selon l'architecture de mission la plus probable les trois modules du vaisseau lunaire (il pourrait n'y en avoir que deux mais cela mettrait hors jeu les vaisseaux commerciaux pour l'un des deux modules) dont la masse totale atteint une quarantaine de tonnes seront expédiés séparément pour tenir compte des capacités limitées des lanceurs. Pour les missions de ravitaillement, selon le cahier des charges établi par la NASA au cours de l'été 2019, le fournisseur devra mettre à disposition un cargo spatial pouvant s'amarrer à la station spatiale lunaire, générer sa propre énergie et rester amarré durant un an<ref name=NASAspaceflight17062019>{{lien web|langue=en|url=https://www.nasaspaceflight.com/2019/06/nasa-commercial-lunar-gateway-resupply/|titre=NASA determining best course for commercial Lunar Gateway resupply |date=17 juin 2019 |éditeur=nasaspaceflight.com|auteur1=Chris Gebhardt}}</ref>.

{| class="wikitable alternance centre"
|+Comparaison des lanceurs lourds utilisables par le programme ''Artemis''<ref name=arstechnica10102019/>
|-
! scope=col | Lanceur
! scope=col | Constructeur
! scope=col | {{1er}} vol
! scope=col | Capacité en orbite lunaire
! scope=col | Coût
! scope=col | Commentaire
|-
|[[Space Launch System]] bloc 1 ||  [[Boeing]] || align="center"| 2022 || align="center"|{{unité|26|t}} ||  align="center"| || 
|-
|[[Falcon Heavy]] version non réutilisable  ||  [[SpaceX]] ||  align="center"| opérationnel || align="center"|{{unité|15|t}} || align="center"|90 millions US$  || 
|-
|[[Vulcan (fusée)|Vulcan]] avec étage [[Centaur (étage de fusée)|Centaur]]  ||  [[United Launch Alliance]] ||   align="center"| 2023 || align="center"|{{unité|13|t}} || align="center"| env 200 millions US$ ? || Version plus puissante disponible en 2024
|-
|[[New Glenn]]   ||  [[Blue Origin]] ||   align="center"| fin 2022 || align="center"|{{unité|13.6|t}} || align="center"| entre 100 et 200 millions US$ ? || 
|}

== Missions robotiques ==
[[Fichier:NASA Selects First Commercial Moon Landing Services for Artemis Program (47974872533).jpg|vignette|redresse=1.5|Maquette des trois [[atterrisseur]]s lunaires sélectionnés dans le cadre du programme ''{{langue|en|Commercial Lunar Payload Services}}''. De gauche à droite : [[Peregrine (atterrisseur)|Peregrine]] de la société {{langue|en|Astrobotic Technology}}, [[Nova-C]] de {{langue|en|Intuitive Machines}} et [[Z-01]] de {{langue|en|OrbitBeyond}}.]]

Avant de faire atterrir des astronautes dans la région du [[Pôle Sud de la Lune|pôle Sud lunaire]], la NASA veut lancer plusieurs missions robotiques ayant pour objectif d'effectuer une première reconnaissance. Le premier objectif de ces missions est d'étudier les caractéristiques de la glace d'eau présente, raison d'être de la sélection du pôle sud. Les autres objectifs sont l'étude de la géologie lunaire et de l'environnement pour préparer les premières missions avec équipage. Ces missions robotiques se poursuivront après le premier atterrissage d'un équipage sur le sol lunaire.

=== Programme CLPS ===
{{Article détaillé|Commercial Lunar Payload Services}}

L'agence spatiale a décidé de confier le développement des atterrisseurs chargés de déposer ces équipements scientifiques sur la Lune, à l'industrie privée. Le programme ''[[Commercial Lunar Payload Services]]'' (CLPS) fonctionne de manière analogue au programme [[Commercial Orbital Transportation Services|COTS]] consacré au ravitaillement de la [[Station spatiale internationale]]. Elles devront effectuer un premier vol d'ici 2020 et 2021. Les engins développés doivent pouvoir disposer au minimum 40 à {{unité|100 kg}} à la surface de la Lune<ref name=Spacenews31052019>{{lien web|langue=en|url=https://spacenews.com/nasa-awards-contracts-to-three-companies-to-land-payloads-on-the-moon/|titre=NASA awards contracts to three companies to land payloads on the moon |date=31 mai 2019 |site=[[SpaceNews]]|auteur1=Jeff Foust}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|langue=en| url=https://www.nasa.gov/feature/nasa-expands-plans-for-moon-exploration-more-missions-more-science|titre=NASA Expands Plans for Moon Exploration: More Missions, More Science |date=3 mai 2019|éditeur=[[NASA]]}}.</ref>.

Trois [[atterrisseur]]s lunaires ont été sélectionnés en 2019 et en 2020 pour placer {{nb|23 [[Charge utile (astronautique)|charges utiles]]}} technologiques ou scientifiques sur le sol lunaire : [[Peregrine (atterrisseur)|Peregrine]] de la société {{langue|en|[[Astrobotic Technology]]}}, [[Nova-C]] de {{langue|en|[[Intuitive Machines]]}} et [[XL-1]] de {{langue|en|[[Masten Space Systems]]}} devraient effectuer un premier vol entre 2021 et 2022<ref name=Spacenews31052019/>{{,}}<ref name=spaceflightnow14042020>{{lien web|lang=en|url=https://spaceflightnow.com/2020/04/14/nasa-awards-robotic-lunar-landing-contract-to-masten-space-systems/|titre=NASA awards robotic lunar landing contract to Masten Space Systems |date=14 avril 2020|website=spaceflightnow.com|auteur=Stephen Clark }}</ref>.

=== Astromobile VIPER ===
{{Article détaillé|VIPER (astromobile)}}

En octobre 2019 la NASA décide de développer l'[[astromobile]] (''rover'') [[VIPER (astromobile)|VIPER]]. dans le but d'étudier la glace d'eau présente dans le [[régolithe]] du fond des cratères situés au pôle Sud de la Lune. L'eau pourrait jouer un rôle important pour les séjours à la surface de la Lune d'équipage d'astronautes en fournissant les consommables nécessaires - oxygène, eau consommable et ergols - grâce aux technologies d'[[utilisation des ressources in situ|utilisation des ressources ''in situ'']]. L'engin spatial, qui doit être lancé vers décembre 2022, fait partie des missions développées dans le cadre du Programme ''Artemis''. Il emporte une foreuse et trois instruments destinées à analyser les carottes de sol. La dépose du rover de {{unité|250 kg}} sur le sol lunaire doit être confiée au programme [[Commercial Lunar Payload Services]]<ref name=Marin30102019>{{lien web|langue=es|url=https://danielmarin.naukas.com/2019/10/30/viper-un-rover-de-la-nasa-para-explorar-el-hielo-de-los-polos-de-la-luna/|titre=VIPER: un rover de la NASA para explorar el hielo de los polos de la Luna |date=30 octobre 2019 |site=Eureka|auteur1=Daniel Marín}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|langue=en|url=https://spaceflightnow.com/2019/10/30/nasas-viper-rover-in-development-for-scouting-mission-to-moons-south-pole/|titre=NASA’s VIPER rover in development for scouting mission to moon’s south pole |date=30 octobre 2019|site=spaceflightnow.com|auteur1=Stephen Clark }}.</ref>{{,}}<ref name=NASA25102019>{{lien web|langue=en|url=https://www.nasa.gov/feature/new-viper-lunar-rover-to-map-water-ice-on-the-moon|titre=New VIPER Lunar Rover to Map Water Ice on the Moon |date=25 octobre 2019|éditeur=[[NASA]]}}.</ref>.

== Déroulement des missions à la surface de la Lune ==

Trois types de mission sont prévues par la NASA : 
* Les missions courtes de 8 jours qui doivent se poser près du pôle sud de la Lune (type de mission référencée DRM-H-001 par la NASA)
* Les missions d'un mois qui doivent également se poser près du pôle sud de la Lune mais durant lesquelles l'équipage séjourne dans un module d'habitation préalablement installé du ''camp de base Artemis'' (DRM-H-002).
* Les missions à destinations des latitudes moyennes (DRM-H-001B).

=== Mission polaire courte ===

Les premières missions atterriront près du pôle sud de la Lune. Deux astronautes installés à bord du vaisseau lunaire séjourneront durant environ 6 jours.

Le déroulement de ce type de mission  comprend les étapes suivantes<ref name=ConceptOfOpérationsHLS>{{lien web|langue=en|url=https://sam.gov/opp/69caee776b304322a256acd0b5deaf57/view|titre=Sustained Phase Human Landing System (HLS) Concept of Operations (Attachment A01) |date=juin 2022|site=sam.gov|éditeur=NASA}}</ref> :
* Le vaisseau lunaire ({{langue|en|[[Starship HLS]]}} ou [[Blue Moon (véhicule spatial)|Blue Moon]]) est placé sur une orbite basse par son lanceur.
* Pour pouvoir descendre sur le sol lunaire puis remonter en orbite à la fin de la mission, il doit refaire le plein de ses réservoirs. A cet effet il est rejoint par un ou des [[vaisseau ravitailleur|vaisseau(x) ravitailleur(s)]] qui nécessitent eux-memes un certain nombre de tirs d'un lanceur lourd. Selon le vaisseau lunaire, l'opération de ravitaillement est réalisée en orbite terrestre ou lunaire.
* Le vaisseau lunaire utilise sa propulsion pour se placer sur la même orbite lunaire que la station spatiale  {{langue|en|[[Deep Space Gateway]].}} 
* Le vaisseau lunaire s'amarre à la station spatiale {{langue|en|[[Deep Space Gateway]]}}. Un processus de vérification des systèmes  est lancé pour s'assurer que ceux-ci sont opérationnels.
* Lorsque ces vérifications ont été effectuées l'équipage de la mission est lancé à bord d'un vaisseau [[Orion (véhicule spatial)|Orion]] par le lanceur lourd SLS. Le vaisseau Orion vient s'amarrer à la station spatiale lunaire et l'équipage débarque dans celle-ci. Avec le vaisseau lunaire le lanceur lourd SLS peut  également avoir lancé un nouveau composant (module) ou des équipements destinés à la station spatiale. La mise en place de ces composants et/ou ces équipements peut immobiliser l'équipage dans la station spatiale jusqu'à une dizaine de jours (1,5 orbites).
* Deux des quatre astronautes embarquent à bord du vaisseau lunaire ainsi que les différents équipements requis pas la mission dont les combinaisons spatiales utilisées lors des sorties extravéhiculaires.
* Le vaisseau lunaire descend à la surface de la Lune. Il est prévu que ce type de mission dure environ 6 jours. Avec les phases de descente et de remontée du sol lunaire, le vaisseau doit fonctionner en autonomie durant 8 jours.
* Durant le séjour à la surface de la Lune l'équipage effectue jusqu'à quatre [[Sortie extravéhiculaire|sorties extravéhiculaires]] (le nombre de sorties dépendra des objectifs de la mission) d'une durée maximale de 8 heures. Une sortie supplémentaire peut être effectuée pour répondre à un besoin non planifié.
* À l'issue de la mission, le vaisseau lunaire décolle du sol lunaire et vient s'amarrer à la station spatiale. L'équipage et les échantillons lunaires sont transférés dans le vaisseau Orion qui reprend le chemin de la Terre. Si le vaisseau lunaire doit être réutilisé lors d'une mission suivante, il reste amarré à la station spatiale sinon il est largué après le départ du vaisseau Orion et son orbite est abaissé pour qu'il aille s'écraser sur le sol lunaire en respectant les règles de [[protection planétaire]].

=== Mission longue avec séjour à bord d'un module d'habitation ===

Des missions plus longues (séjour sur la Lune de 33 jours) se déroulent également dans la région du pôle sud et comprenant l'utilisation d'un module d'habitation sont prévus dans un deuxième temps. Le déroulement de ce type de mission (codifiée DRM-H-002 par la NASA) diffère de la manière suivante du type de mission précédent<ref name=ConceptOfOpérationsHLS/> :
* Un module d'habitation et éventuellement d'autres équipements sont pré-positionnés à la surface de la Lune. Leur fonctionnement est vérifié à distance préalablement à tout nouveau lancement.
* L'équipage qui descend à la surface de la Lune comprend jusqu'à quatre astronautes.
* Le vaisseau lunaire se pose à faible distance des modules et équipements pré-positionnés pour la mission.
* L'équipage ne séjourne que brièvement à bord du vaisseau lunaire immédiatement après l'atterrissage et avant le décollage. Il est prévu qu'il y séjourne en tout au maximum 5 jours en tout lorsque le vaisseau est à la surface de la Lune.
* L'équipage quitte le vaisseau lunaire avec tous les équipements nécessaires transportés dans le vaisseau lunaire et vient s'installer dans le module d'habitation pour y vivre et y travailler.
* Durant le séjour de l'équipage à bord du module d'habitation, le module lunaire reste prêt à décoller pour faire face à une urgence mais son fonctionnement peut être optimisé de manière à réduire l'utilisation des consommables.

=== Mission courte aux latitudes moyennes ===

Les missions à destination des latitudes moyennes sont une variante des missions polaires courtes. Le site d'atterrissage peut se situer dans une large plage de latitudes moyennes éventuellement sur la [[face cachée de la Lune]]. Aussi le vaisseau lunaire doit pouvoir supporter un large spectre de contraintes thermiques et d'incidence du rayonnement solaire. Le séjour à la surface de la lune peut durer de 2,3 à 6 jours dont un maximum de 40 heures d'obscurité. L'équipage qui est limité à deux astronautes peut effectuer jusqu'à quatre sorties extra-véhiculaires. Une sortie supplémentaire peut être effectuée pour répondre à un besoin non planifié<ref name=ConceptOfOpérationsHLS/>

== Missions Artemis réalisées et prévues ==

=== Missions de la {{nobr|phase 1}} : d{{'}}''{{nobr|Artemis I}}'' à ''{{nobr romains|Artemis III}}'' (2021-2026) ===

Selon le planning diffusé en mai 2019 la NASA prévoit d'effectuer 37 lancements entre 2019 et 2028 dans le cadre du programme ''Artemis''. Ces vols comprennent l'envoi de missions robotiques de reconnaissance, le positionnement en orbite lunaire des composants de la station spatiale et des exemplaires du vaisseau lunaire HLS, le ravitaillement de la station spatiale et enfin l'envoi des équipages destinés à tester le lanceur SLS ({{lnobr rom|Artemis I}}) le vaisseau Orion ({{lnobr rom|Artemis II}}), puis à se poser sur la Lune ({{lnobr rom|Artemis III}}, IV, V, VI). La majorité des lancements est effectuée par des lanceurs commerciaux<ref name=arstechnica20052019/>.

Les missions de la phase I du programme ''Artemis'' (2021-2024) ont pour objectif de tenir l'échéance fixée par le président Trump. Il s'agit, après avoir validé en vol le fonctionnement du lanceur SLS et du vaisseau Orion de déposer à l'aide du module lunaire HLS un premier équipage sur le sol lunaire en 2024 (mission {{nobr romains|Artemis III}}). Le déroulement des trois missions Artemis de cette phase n'exploite pas la station spatiale Gateway mais il est néanmoins prévu de lancer durant cette période les modules de propulsion PPE et d'habitation HALO de la station.

==== Missions préparatoires : ''Artemis I'' et ''Artemis II'' ====

Le programme ''Artemis'' doit commencer par deux missions destinées à mettre au point les véhicules et les procédures avant d'amener le premier équipage sur la Lune.

===== Artemis I : le premier vol du lanceur lourd SLS (novembre 2022) =====
{{Article détaillé|Artemis I}}

[[Artemis I]] a pour objectif de valider le fonctionnement en vol du [[Lanceur (astronautique)|lanceur]] lourd [[Space Launch System|SLS]] dans sa version Bloc 1 et de l'ensemble des systèmes du vaisseau [[Orion (véhicule spatial)|Orion]] dans des conditions proches des missions lunaires. Aucun équipage n'est embarqué. Le lancement programmé initialement fin {{date-|août 2022}} est repoussé à plusieurs reprises pour régler des problèmes de fuites dans l'alimentation des réservoirs d'hydrogène et en raison de passages d'ouragans sur la Floride. Le lancement a finalement lieu le {{date-|16 novembre 2022}}, la mise en orbite autour de la Lune le {{date-|25 novembre 2022}} et le retour sur Terre (en mer) le {{date-|11 décembre 2022}}. La mission est un succès total qui ouvre la voie à la mission suivante emportant un équipage. Le lanceur, dont c'est le premier vol, comme le vaisseau Orion se sont comportés comme prévu. Les seuls incidents notables ont été des interruptions temporaires des liaisons télécom entre le vaisseau et le centre de contrôle sur Terre<ref name=Marin12122022>{{lien web|langue=es|url=https://danielmarin.naukas.com/2022/12/12/regresa-la-capsula-orion-de-la-mision-artemisa-i-de-la-nasa-via-libre-para-el-regreso-de-seres-humanos-a-la-luna/|titre=Regresa la cápsula Orión de la misión Artemisa I de la NASA: via libre para el regreso de seres humanos a la Luna |date=12 décembre 2022 |site=Eureka|auteur1=Daniel Marín}}.</ref>.

===== Artemis II : la première mission avec équipage (septembre 2025) =====
{{Article détaillé|Artemis II}}

''Artemis II'' doit emporter vers septembre 2025 le même vaisseau, cette fois avec un équipage de quatre astronautes ([[Christina Koch]], [[Gregory Reid Wiseman]], [[Victor J. Glover]] et [[Jeremy Hansen]]), pour un vol autour de la Lune. Le vaisseau Orion sera placé en orbite par la même version du [[Space Launch System|SLS]] (Bloc 1). La mission doit durer 10 jours. Le vaisseau doit passer derrière la Lune, sans se placer en orbite, avant de revenir sur Terre.

===== Début de l'assemblage de la station spatiale lunaire Lunar Gateway =====

En 2024, une fusée commerciale doit placer le premier module de la [[Lunar Gateway|station en orbite lunaire]]. Il 
s'agit du module disposant d'une propulsion et fournissant de l'énergie. En 2023 le deuxième module MiniHab, de type habitat, doit être lancé par une fusée commerciale. Ce module dispose d'au moins deux ports d'amarrage libre permettant d'y amarrer simultanément le module lunaire chargé d'amener les astronautes sur le sol lunaire (un homme et une femme) et le vaisseau Orion. Le module lunaire, qui comprend trois sous-ensembles, sera placé en orbite lunaire grâce à trois vols commerciaux<ref name=grush17052019/>.

<gallery mode="packed" heights="350px" caption="Le programme ''Artemis''">
Fichier:Artemis Phase 1.jpg|Les différentes étapes du programme ''Artemis'' entre 2020 et 2024.
Fichier:Artemis III.jpg|Déroulement de la mission ''[[Artemis III]]''.
</gallery>

==== ''Artemis III'' : première mission sur le sol lunaire (septembre 2026) ====
[[Fichier:Artemis III CONOPS.svg|vignette|redresse=1.5|Les principales phases de la mission ''Artemis III'' telles qu'elles résultent de la sélection du vaisseau de [[SpaceX]] qui nécessite de multiples lancements pour ravitailler en orbite les réservoirs d'ergols de l'atterrisseur lunaire.]]
{{Article détaillé|Artemis III}}

La mission ''{{lnobr rom|Artemis III}}'' est la première à amener un équipage sur le sol lunaire. Selon le scénario préconisé par la NASA, sa durée totale est 25 à 34 jours et le séjour sur la Lune est de six jours et demi. L'équipage est composé de quatre personnes dont deux (un équipage mixte) doivent descendre sur le sol lunaire. Le déroulement de cette première mission sur le sol lunaire est le suivant<ref name="HSRConceptofOperations"/>{{,}}<ref name=grush17052019>{{lien web|langue=en|url=https://www.theverge.com/2019/5/17/18627839/nasa-administrator-jim-bridenstine-artemis-moon-program-budget-amendment|titre=NASA administrator on new Moon plan: ‘We’re doing this in a way that’s never been done before’ |date=17 mai 2019|site=theverge.com|auteur1=Loren Grush}}.</ref> :
* pour cette première mission, afin de respecter l'échéance fixée, la [[station spatiale]] lunaire {{langue|en|Gateway}} n'est pas utilisée<!-- Nécessite une source --> ;
* le vaisseau lunaire [[Starship HLS]] est placé sur une orbite terrestre basse par le premier étage réutilisable de la fusée [[Starship (fusée)|Starship]] (Starship Heavy) avant le lancement de l'équipage pour permettre un pré-positionnement. Il est ravitaillé en ergols par plusieurs ''Starship Tanker'' placés chacun en orbite par un étage Starship Heavy. Des programmes de diagnostic sont lancés à distance ;
* si le diagnostic est positif, le lanceur [[Space Launch System|SLS]] {{nobr|Bloc 1}} décolle en emportant le vaisseau [[Orion (véhicule spatial)|''Orion'']] avec son équipage de quatre astronautes ;
* le vaisseau lunaire HLS et le vaisseau Orion se propulsent vers la Lune et s'insèrent en orbite lunaire.
* le vaisseau Orion réalise une manœuvre de rendez-vous avec le vaisseau lunaire [[Starship HLS]] auquel il s'amarre ;
* deux des astronautes (dont au moins une femme) embarquent à bord du vaisseau lunaire HLS et entament la descente vers le sol lunaire ;
* la descente se décompose en cinq phases : le transfert de l'orbite NRHO à une orbite basse circulaire de {{unité|100 km}} (durée 12 heures), l'abaissement du périlune, la phase de freinage consistant à annuler pratiquement la vitesse horizontale, la phase d'approche permettant de positionner le vaisseau au-dessus du site d'atterrissage et la descente verticale finale une fois le vaisseau au-dessus de la zone d'atterrissage.
* le vaisseau lunaire se pose verticalement sur un site du pôle sud qui reste à définir en {{date-|aout 2022}}. Il génère de manière continue de l'énergie avec ses [[Capteur solaire photovoltaïque|panneaux solaires]]. Les astronautes pourraient disposer d'un [[astromobile]] non pressurisé analogue à [[Rover lunaire Apollo|celui du programme ''Apollo'']]. Le séjour à la surface de la Lune doit durer six jours et demi soit trois jours de plus que la dernière mission ''Apollo''. Au moins deux [[Sortie extravéhiculaire|sorties extra-véhiculaires]] d'une durée minimale de quatre heures sont réalisées. Le cahier des charges de l'atterrisseur limite à {{unité|26 kg}} la quantité de roches lunaires que pourront ramener les astronautes<ref>{{lien web|langue=en|url=https://spacenews.com/artemis-missions-face-sample-return-crunch/|titre=Artemis missions face sample return crunch |date=30 octobre 2019|site=[[SpaceNews]]|auteur1=Jeff Foust }}.</ref> ;
* à la fin de son séjour l'équipage redécolle de la surface ;
* une fois sur une orbite lunaire basse, le vaisseau lunaire est manœuvré de manière à réussir un [[rendez-vous spatial]] avec le vaisseau ''Orion'' ;
* son équipage réintègre alors le vaisseau Orion qui est resté amarré à la station spatiale durant leur séjour sur la Lune et retrouve les deux coéquipiers restés en orbite ;
* le vaisseau Orion quitte la station spatiale avec à son bord l'équipage complet, le résultat de la collecte des échantillons lunaires et certaines expériences scientifiques ;
* de retour sur Terre, il amerrit dans l'océan et est recueilli avec son équipage par des navires pré-positionnés.

=== Missions de la phase 2 : vers des installations permanentes sur la Lune (2028-) ===
{{Article connexe|Exploration de la Lune}}

L'objectif final du programme ''Artemis'' est de créer une installation permanente dans la région du pôle sud permettant à des équipages d'effectuer des séjours de longue durée consacrés à la mise au point des technologies nécessaires pour l'exploration des planètes par des êtres humains (préparation de missions à la surface de Mars) et l'étude scientifique de la Lune. Les missions de la {{nobr|phase II}} du programme ''Artemis'' doivent permettre de roder les procédures à la surface d'une planète en s'appuyant sur une station spatiale lunaire Gateway aux capacités accrues et un camp de base établi à la surface de la Lune de manière permanente et occupé à intervalles réguliers. Ce dernier doit comprendre un module d'habitation, un système de production d'énergie, des équipements permettant d'exploiter les ressources in situ (eau, oxygène, matériaux de construction) et deux types d'astromobile (pressurisé et non pressurisé) et des véhicules permettant aux astronautes d'explorer la région<ref>{{Harvsp|texte=NASA’s Lunar Exploration Program Overview|2020|p=64|id=Program092020}}.</ref>.

Une nouvelle version du lanceur plus puissante sera utilisée ([[SLS block 1B)]] ce qui permettra d'utiliser le même lanceur pour lancer le vaisseau Orion et un autre équipement. Les astronautes disposeront d'un vaisseau lunaire HLS aux capacités accrues qui pourra déposer au sol jusqu'à quatre personnes. Un vaisseau lunaire fourni par un autre constructeur sera également testé. L'habitat pourra supporter une nuit lunaire partielle ou même complète (objectif). Les équipements mis à leur disposition sont pré-positionnés par des missions robotiques. La station spatiale sera progressivement étoffée avec de nouveaux modules (sas, habitat…). Le déroulement des missions, tel que défini fin 2022, est le suivant<ref name=Marin03112022 />{{,}}<ref>{{Harvsp|texte=NASA’s Lunar Exploration Program Overview|2020|p=65|id=Program092020}}.</ref> :
* Chaque lancement annuel d'un équipage comprend le lancement d'un cargo spatial de ravitaillement SpaceX Dragon XL (à compter de 2028), du vaisseau Orion par la fusée SLS avec un module de la station spatiale lunaire et d'un vaisseau lunaire HLS chargé de déposer à la surface de la Lune l'équipage et du matériel.
* Envoi à la surface de la Lune d'un astromobile non pressurisé ([[Lunar Terrain Vehicle]] ou LTV) permettant à deux astronautes de se déplacer et d'étendre leur rayon d'action (2030). Une version ultérieure sans pilote pourrait être développée par la suite pour déplacer des marchandises ou explorer la surface de la Lune.
* Extension progressive de la station spatiale lunaire Lunar Gateway avec les modules d'habitation i-Hab (2027), le module télécoms/stockage d'ergols ESPRIT (2030), un sas (2031).
* Envoi à la surface de la Lune d'un astromobile pressurisé (2032) permettant d'étendre le rayon d'exploration des astronautes à plusieurs dizaines de kilomètres. Divers équipements permettent d'allonger la durée des séjours de 7 à 30-45 jours : module d'habitation, système de production d'énergie, équipements ISRU permettant d'utiliser les ressources lunaires.
* Envoi à la surface de la Lune d'un module logistique et d'un habitat ([[Lunar Surface Habitat]] ou LSH). Le LSH sera un module gonflable de 12 tonnes pouvant accueillir de deux à quatre [[Astronaute|astronautes]] durant 30 à 60 jours. Le module offrira un volume habitable de 175 m³. 15 kilowatts électriques seront générés durant la journée lunaire et 2 kilowatts de nuit. Le module comportera des équipements permettant de recycler plus de 95% de l'urine. Il disposera d'un sas et de réservoir d'oxygène pour les sorties à la surface de la Lune. Ce module sera lancé dans le cadre d'Artemis VIII (2033). Pour alimenter en énergie cette base la NASA prévoit de déployer des panneaux solaires ainsi qu'un réacteur nucléaire en 2028/2029.

[[Fichier:Artemis-program---Mission-Reference-Architecture-2028-(february--2019).png|vignette|centré|700px|Architecture des missions ''Artemis'' à compter de 2026 : équipage sur le sol lunaire portée à quatre personnes, réutilisation d'une partie du vaisseau lunaire, ajout de modules à la station lunaire (février 2019).]]

{| class="wikitable sortable mw-collapsible alternance centre"
|+Calendrier et caractéristiques principales des missions de la phase II du programme ''Artemis'' (mise à jour en {{date-|novembre 2022}})<ref name=Marin03112022/>
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! scope=col | Date
! scope=col | Mission / engin spatial
! scope=col | Type engin
! scope=col | Description / objectif
! scope=col | Destination
! scope=col | Lanceur
! scope=col | Commentaire
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| 2027 || [[Starship HLS]] || Vaisseau lunaire || Dépose de l'équipage à la surface de la Lune || Pôle sud lunaire || [[Starship (fusée)|Starship]] || Plusieurs vaisseaux sont lancés en orbite basse pour ravitailler en ergols le Starship HLS avant son départ pour la Lune.
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| 2028 || [[Artemis IV]] || Vaisseau Orion + module I-HAB || Mise en service de la station Lunar Gateway, transport équipage || [[Lunar Gateway]] || [[Space Launch System]] Bloc 1B || Premier vol du lanceur SLS dans sa nouvelle version 1B.
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| 2028 || [[Starship HLS]] || Vaisseau lunaire || Dépose de l'équipage à la surface de la Lune || Pôle sud lunaire || [[Starship (fusée)|Starship]] || Plusieurs vaisseaux sont lancés en orbite basse pour ravitailler en ergols le Starship HLS avant son départ pour la Lune.
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| 2030 || [[Artemis V]] || Vaisseau Orion + module ESPRIT + Canadarm3 || Transport équipage || [[Lunar Gateway]] || [[Space Launch System]] Bloc 1B || Mise en oeuvre de l'astromobile LTV permettant d'accroitre le rayon d'action de l'équipage à la surface de la Lune.
|-
| 2029 || [[Starship HLS]] || Vaisseau lunaire || Dépose de l'équipage à la surface de la Lune || Pôle sud lunaire || [[Starship (fusée)|Starship]] || Plusieurs vaisseaux sont lancés en orbite basse pour ravitailler en ergols le Starship HLS avant son départ pour la Lune.
|-
| 2031 || [[Artemis VI]] || Vaisseau Orion + module sas || Transport équipage || [[Lunar Gateway]]  || [[Space Launch System]] Bloc 1B || 
|-
| 2030 || [[Starship HLS]] || Vaisseau lunaire || Dépose de l'équipage à la surface de la Lune || Pôle sud lunaire || [[Starship (fusée)|Starship]] || Plusieurs vaisseaux sont lancés en orbite basse pour ravitailler en ergols le Starship HLS avant son départ pour la Lune.
|-
| 2032 || [[Artemis VII]] || Vaisseau Orion + ? || Transport équipage || [[Lunar Gateway]] || [[Space Launch System]] Bloc 1B  || 
|-
| 2031 || [[Starship HLS]] || Vaisseau lunaire || Dépose de l'équipage à la surface de la Lune || Pôle sud lunaire || [[Starship (fusée)|Starship]] || Plusieurs vaisseaux sont lancés en orbite basse pour ravitailler en ergols le Starship HLS avant son départ pour la Lune.
|-
| 2033 || [[Artemis VIII]] || Vaisseau Orion + ? || Transport équipage || [[Lunar Gateway]] || [[Space Launch System]] Bloc 1B || 
|}

== Critiques du programme ''Artemis'' ==

À son lancement, la viabilité du programme ''Artemis'' avec l'objectif calendaire qui lui a été fixé (2025) est souvent considéré comme irréaliste, compte tenu de la complexité des éléments (vaisseaux, lanceurs, installations) à développer, de la modestie des sommes allouées au programme au titre du budget 2020 et de l'absence d'une enveloppe budgétaire consacrée au programme pour les années suivantes<ref name=Planetary-13052019>{{lien web|langue=en|url=http://www.planetary.org/blogs/casey-dreier/2019/the-moon-in-2024-a-crash-program-or-modest-proposal.html|titre=A Crash Program or Modest Proposal? The latter. |date=13 mai 2019|éditeur=[[The Planetary Society]]|auteur1=Casey Dreier}}.</ref>{{,}}<ref name=arstechnica20052019>{{lien web|langue=en|url=https://arstechnica.com/science/2019/05/nasas-full-artemis-plan-revealed-37-launches-and-a-lunar-outpost/|titre=NASA’s full Artemis plan revealed: 37 launches and a lunar outpost |date=20 mai 2019|site=arstechnica.com|auteur1=Eric Berger}}.</ref> :
* les estimations de coût du programme varient à l'époque selon les spécialistes interrogés entre 20-25 milliards et 30 milliards de dollars américains. Il faudrait donc consacrer entre six et huit milliards de dollars par an pour atteindre l'objectif à l'échéance imposée par le président Trump ;
* la NASA dépend pour la tenue des objectifs de ses sous-traitants. Or Boeing, qui développe le lanceur géant SLS, a pris un retard considérable alors que celui-ci réutilise des composants existants. Dans ce contexte, le développement de l'atterrisseur lunaire, qui comportera trois modules nouveaux et la mise au point de moteurs, ainsi que plusieurs systèmes complexes, risque de compromettre la tenue des délais ;
* l'architecture retenue nécessite le développement d'un nouvel étage pour le lanceur [[Space Launch System]] (SLS), dont le développement a été arrêté pour permettre à Boeing de tenir ses échéances.

Pour tenter de mener à bien le programme dans le délai imposé malgré la contrainte budgétaire, la NASA choisit de sous-traiter complètement la conception et le développement de plusieurs éléments du programme, en particulier ceux du vaisseau lunaire HLS. Pour ce dernier, l'agence spatiale retient la solution de SpaceX, la moins coûteuse mais également la plus risquée du fait de sa complexité technique : mise au point d'un lanceur lourd, ravitaillement en ergols cryogéniques en orbite, enchainement des lancements très serré pour réaliser ce ravitaillement, vaisseau lunaire mono-étage.

Le développement du lanceur SLS et du vaisseau [[Orion (véhicule spatial)|Orion]] accumulent retards et dépassements budgétaires tout en représentant une grande partie du cout du programme, alors qu'une solution alternative est envisageable{{Laquelle|date=26 mai 2023}}.

Courant 2021, les sommes allouées au projet pour la période 2021-2025 permettent en théorie de mener à bien la première phase du programme, mais aucune somme n'est allouée au développement des équipements nécessaires à sa phase 2, qui démarre théoriquement en 2026<ref>[https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/exploration-tout-interet-programme-artemis-preparer-premiere-mission-destination-mars-83767/ Tout l’intérêt du ''programme Artemis'' est de « préparer une première mission à destination de Mars »]. (consulté le 8 juin 2022).</ref>.

== Notes et références ==
{{Références nombreuses|colonnes=3 | références=

<ref name="9mai2019_spaceflightnow.com">{{ lien web 
   | langue=en
   | url=https://spaceflightnow.com/2019/05/09/blue-origin-announcement/
   | titre=Jeff Bezos unveils ‘Blue Moon’ lander 
   | consulté le=20 mai 2023
   | date=9 mai 2019
   
   | éditeur=Spaceflight Now 
   | auteur1=Stephen Clark }}.</ref>

}}

== Bibliographie ==
{{Légende plume}}
* {{Ouvrage|langue=en |titre=NASA’s Lunar Exploration Program Overview |éditeur=NASA|année=2020|mois=septembre|pages totales=74|isbn=|lire en ligne=https://www.nasa.gov/sites/default/files/atoms/files/artemis_plan-20200921.pdf|id=Program092020}}{{Commentaire biblio|Détail du programme ''Artemis'' actualisé en septembre 2020}}
* {{Lien brisé|langue=en|auteur institutionnel=Centre de vol spatial Marshall|titre=Human Landing System (HLS) Requirements document|éditeur=NASA|année=2019|pages totales=315|isbn=|lire en ligne=https://beta.sam.gov/opp/d5460a204ab23cc0035c088dcc580d17/view|id=HLS-spec}}{{commentaire biblio|Cahier des charges du module lunaire HLS (septembre 2019)}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=NASA|titre=A Continuous 15 Year NRHO Reference Trajectory|éditeur=NASA|année=2019|mois=aout|pages totales=6|isbn=|lire en ligne=https://www.fbo.gov/utils/view?id=1a89eb72516bd13884710e6b957faed1|id=HLS-NRHO}}{{commentaire biblio|Spécifications de l'orbite NRHO de la station spatiale}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=NASA|titre=Human Landing System Concept of Operations|éditeur=NASA|année=2019|mois=aout|pages totales=12|isbn=|lire en ligne=https://www.fbo.gov/utils/view?id=7c9d7102b1b5d3d1650450c11a89f309|id=HLS-operation}}{{commentaire biblio|Déroulement d'une mission Artemis comprenant la dépose d'un équipage sur la Lune}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=NASA|titre=Architecture Analyses of Alternatives|éditeur=NASA|année=2019|mois=aout|pages totales=60|isbn=|lire en ligne=https://www.fbo.gov/utils/view?id=54fbefc8dfae7b225b0c0440bac1c2b2|id=HLS-architecture}}{{commentaire biblio|Les différentes architectures de la mission du vaisseau lunaire étudiées}}
* {{Article |langue=fr |auteur1=Killian Temporel |titre=Lune 2024- Artemis navigue entre politique et budget |périodique=Espace & Exploration {{n°|52}} |date=Juillet 2019 |issn=2114-1320 |lire en ligne= |pages=74-77 }}
* {{Ouvrage |langue=en |auteur institutionnel=[[Commission Augustine|{{langue|en|Review of United States Human Space Flight Plans Committee}}]] |titre=Seeking a human spaceflight program worthy of a great nation |nature ouvrage=rapport final |url=http://www.nasa.gov/pdf/396093main_HSF_Cmte_FinalReport.pdf |format=pdf |éditeur=NASA |date=9 octobre 2009 |pages totales=157 |consulté le=24 janvier 2010 |id=NASA2010 |plume=oui}}

== Voir aussi ==
{{autres projets|commons=Category:Artemis program}}

=== Articles connexes ===
* Artémis 
* {{langue|en|[[Space Launch System]]}}
* [[Orion (véhicule spatial)|''Orion'']]
* [[Starship HLS]]
* {{langue|en|[[Lunar Gateway]]}}
* [[Artemis I]], première mission du programme.
* [[Artemis III]], première mission sur le sol lunaire.
* [[VIPER (astromobile)|''VIPER'']], astromobile automatique qui sera lancé en 2022 en éclaireur.
* [[HERACLES (sonde spatiale)|''HERACLES'']], mission annulée de retour d'échantillons lunaire de l'ESA.
* [[Station de recherche lunaire internationale]], Programme sino-russe similaire.
* [[Programme Apollo|Programme ''Apollo'']], [[Programme Constellation|Programme ''Constellation'']]
* [[Exploration de la Lune]]

=== Liens externes ===
* {{en}} [https://www.nasa.gov/specials/artemis/ Site officiel de la NASA]
* {{en}} [https://www.nasa.gov/topics/moon-to-mars Page de la NASA justifiant le programme ''Artemis'']
* [https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-methode-scientifique/artemis-3465745 « Artémis : on va remarcher sur la Lune »], ''La Méthode scientifique'', France Culture 21 juin 2022.
* [https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-science-cqfd/artemis-4289091 « Artemis : viser la Lune »], ''La Science, CQFD'', France Culture, 5 septembre 2022.
* {{Lien web |langue=en |titre= Planet Earth from Orion |url=https://apod.nasa.gov/apod/ap221117.html | site=[[Astronomy Picture of the Day]] |éditeur=NASA |date=17/11/2022 |consulté le=18-11-2022}} ([https://dpelletier.profweb.ca/AstronomieCompl/APOD/APOD%20NGC%20IC%20et%20M/17_11_22_Artémis.html traduction/adaptation française]).

{{Palette|Programme Artemis|Programme spatial américain|Lune}}
{{Portail|astronautique|Lune|États-Unis|années 2010|années 2020}}

[[Catégorie:Exploration de la Lune]]
[[Catégorie:Vol spatial habité]]
[[Catégorie:Programme Artemis|*]]