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Portail:Littérature/Invitation à la lecture/Sélection/octobre 2009

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Edgar Allan Poe - Eldorado

Gaiement accoutré, un galant chevalier, au soleil et par les ténèbres, avait longtemps voyagé, chantant une chanson, à la recherche de l’Eldorado.

Mais il se fit vieux, ce chevalier si hardi, et sur son cœur tomba une ombre, comme il ne trouvait aucun endroit de la terre qui ressemblât à l’Eldorado

Et, quand sa force défaillit à la longue, il rencontra une ombre pèlerine. — « Ombre, dit-il, où peut être cette terre d’Eldorado ? »

— « Par-delà les montagnes de la lune, et au fond de la vallée de l’ombre, chevauche hardiment, répondit l’ombre, — si tu cherches l’Eldorado. »

Edgar Allan Poe (19/01/1809 - 7/10/1849) - Eldorado (Traduction de Stéphane Mallarmé).

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s:octobre 2009 Invitation 1

Jack Kerouac - L’image de la liberté

J’ai lu Whitman, et savez-vous ce qu’il dit ? Debout les esclaves, faites trembler les despotes étrangers. Il croit que telle doit être l’attitude du Barde, du Barde Fou inspiré par le Zen, sur les vieilles pistes du désert. Il croit qu’il faut imaginer le monde comme le rendez-vous des errants qui s’avancent sac au dos, des clochards célestes qui refusent d’admettre qu’il faut consommer toute la production et par conséquent travailler pour avoir le privilège de consommer, et d’acheter toute cette ferraille dont ils n’ont que faire ; réfrigérateurs, récepteurs de télévision, automobiles (tout au moins ces nouvelles voitures fantaisistes) et toutes sortes d’ordures inutiles, les huiles pour faire pousser les cheveux, les désodorisants et autres saletés qui, dans tous les cas, atterriront dans la poubelle huit jours plus tard, tout ce qui constitue le cercle infernal : travailler, produire, consommer. J’entrevois la grande révolution des sacs à dos. Des milliers, des millions de jeunes Américains, bouclant leur sac et prenant la route […]

Jack Kerouac (1922 – 21/10/1969) - "Les Clochards célestes" (éd. Gallimard, 1953 – page 149)

s:octobre 2009 Invitation 2

Nathalie Sarraute – Conversation

Soudain il s’interrompt, il lève la main, l’index dressé, il tend l’oreille… Vous les entendez ? Un attendrissement mélancolique amollit ses traits… Ils sont gais, hein ? Ils s’amusent… Que voulez-vous, c’est de leur âge… Nous aussi, on avait de ces fous rires… il n’y avait pas moyen de s’arrêter…

— Oui, c’est vrai… Il sent comme ses lèvres à lui aussi s’étirent, un sourire bonhomme plisse ses joues, donne à sa bouche un aspect édenté… c’est bien vrai, nous étions comme eux… Il ne faut pas grand-chose, n’est-ce pas ? pour les faire rire… Oui, ils sont gais…

Tous deux la tête levée écoutent… Oui, des rires jeunes. Des rires frais. Des rires insouciants. Des rires argentins. Clochettes. Gouttelettes. Jets d’eau. Cascades légères. Gazouillis d’oiselets…ils s’ébrouent, ils s’ébattent… Aussitôt restés entre eux, ils nous ont oubliés.

Nathalie Sarraute (1900 - 19/10/1999)- Vous les entendez ? (éd. Gallimard, 1972 - incipit)

s:octobre 2009 Invitation 3

Miguel Angel Asturias – Vision et révolte

Gaspar devint terre qui tombe d'où tombe la terre, c'est à dire sommeil qui ne trouve pas d'ombre pour rêver au sol d'Ilom, et la flamme solaire de la voix resta sans force, bafouée qu'elle était par les lapins jaunes qui se mirent à sucer le sucre des papayes et devenus eux-mêmes papayes du bois, s'accrochèrent au ciel, s'y changèrent en étoiles, et se dissipèrent dans l'eau, tels des reflets à l'oreille.

Terre dénudée, terre réveillée, terre à maïs en sommeil, ce Gaspar Ilom qui tombait d'où tombe la terre, la terre à maïs baignée par l'eau des fleuves, nauséabonde à force d'être éveillée, l'eau verte dans le réveil des forêts sacrifiées par le maïs fait homme semeur de maïs. Pour commencer, se présentèrent les « maiceros »(ouvriers planteurs de maïs), avec leur incendie,et leurs haches, dans la sylve immémoriale de l'ombre : deux cents mille jeunes ceibas de mille ans.

Miguel Angel Asturias (19/10/1889 – 1974) - Hommes de maïs, 1949 (éd. Albin Michel, page 10)

s:octobre 2009 Invitation 4

Francis Cabrel - Octobre

Je t'offrirai des fleurs
Et des nappes en couleurs
Pour ne pas qu'Octobre nous prenne
On ira tout en haut des collines
Regarder tout ce qu'Octobre illumine
Mes mains sur tes cheveux
Des écharpes pour deux
Devant le monde qui s'incline

Francis Cabrel (Paroles et Musique) -"Samedi soir sur la Terre" (Label Colombia,1994)

s:octobre 2009 Invitation 5

Edgar Allan Poe - Eldorado

Gaiement accoutré, un galant chevalier, au soleil et par les ténèbres, avait longtemps voyagé, chantant une chanson, à la recherche de l’Eldorado.

Mais il se fit vieux, ce chevalier si hardi, et sur son cœur tomba une ombre, comme il ne trouvait aucun endroit de la terre qui ressemblât à l’Eldorado

Et, quand sa force défaillit à la longue, il rencontra une ombre pèlerine. — « Ombre, dit-il, où peut être cette terre d’Eldorado ? »

— « Par-delà les montagnes de la lune, et au fond de la vallée de l’ombre, chevauche hardiment, répondit l’ombre, — si tu cherches l’Eldorado. »

Edgar Allan Poe (19/01/1809 - 7/10/1849) - Eldorado (Traduction de Stéphane Mallarmé).

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