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Eugene O'Neill – Seule avec les morts

Lavinia, sinistre : Je suis la dernière Mannon. Il faut que je me punisse moi-même ! Vivre ici, toute seule avec les morts, ce sera un acte de justice plus terrible que la mort ou la prison ! Je ne sortirai jamais et je ne verrai personne ! Je ferai clouer les volets pour que la lumière du soleil ne puisse plus jamais entrer. Je vivrai seule avec les morts, je garderai leurs secrets, je les laisserai me traquer jusqu'à ce que la malédiction soit expiée et que le dernier Mannon puisse enfin mourir ! Je sais qu'ils veilleront à ce que je vive longtemps ! Il n'y a que les Mannon pour se punir d'être nés!

Eugene O'Neill (16/10/1888 – 1953) – Le deuil sied à Electre (dernière page) (1931) – (traduction de Louis Lanoix, Editions de l'Arche, 1965)

s:octobre 2008 Invitation 1

Jacques Brel - Le dernier repas

(…) Puis je regarderai
Le haut de ma colline
Qui danse, qui se devine
Qui finit par sombrer
Et dans l'odeur des fleurs
Qui bientôt s'éteindra
Je sais que j'aurai peur
Une dernière fois.

Jacques Brel (1929 - 9/10/1978) – Le dernier repas (éditions Barclay - 1964)

s:octobre 2008 Invitation 2

Leconte de Lisle - Le Sacre de Paris (janvier 1871)

 
Ô Paris ! C’est la cent deuxième nuit du siège,
        Une des nuits du grand hiver.
Des murs à l’horizon l’écume de la neige
        S’enfle et roule comme une mer. (…)

Nourrice des grands morts et des vivants célèbres,
        Vénérable aux siècles jaloux,
Est-ce toi qui gémis ainsi dans les ténèbres
        Et la face sur les genoux ?

Vois ! La horde au poil fauve assiège tes murailles !
       Vil troupeau de sang altéré,
De la sainte patrie ils mangent les entrailles,
       Ils bavent sur le sol sacré !

Tous les loups d’outre-Rhin ont mêlé leurs espèces :
        Vandale, Germain et Teuton,
Ils sont tous là, hurlant de leurs gueules épaisses
        Sous la lanière et le bâton. (…)


Charles Marie René Leconte de Lisle (22 /10/1818 - 1894 ) - Poèmes tragiques (1884)

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s:octobre 2008 Invitation 3

Eugene O'Neill – Seule avec les morts

Lavinia, sinistre : Je suis la dernière Mannon. Il faut que je me punisse moi-même ! Vivre ici, toute seule avec les morts, ce sera un acte de justice plus terrible que la mort ou la prison ! Je ne sortirai jamais et je ne verrai personne ! Je ferai clouer les volets pour que la lumière du soleil ne puisse plus jamais entrer. Je vivrai seule avec les morts, je garderai leurs secrets, je les laisserai me traquer jusqu'à ce que la malédiction soit expiée et que le dernier Mannon puisse enfin mourir ! Je sais qu'ils veilleront à ce que je vive longtemps ! Il n'y a que les Mannon pour se punir d'être nés!

Eugene O'Neill (16/10/1888 – 1953) – Le deuil sied à Electre (dernière page) (1931) – (traduction de Louis Lanoix, Editions de l'Arche, 1965)

s:octobre 2008 Invitation 4

Amos Oz - L'écrivain imagine…

L'auteur détourne donc pudiquement les yeux, il choisit une omelette, plus une salade avec un petit pain et un café, tire de son paquet une cigarette qu'il garde sans l'allumer dans a sa main gauche où il appuie sa joue, et prend un air inspiré qui n'impressionne guère la serveuse, laquelle a déjà tourné les talons pour regagner la cuisine.

En attendant sa commande, l'écrivain imagine le premier amour de la serveuse (qu'il décide d'appeler Riki) : à seize ans, elle s'était amourachée du gardien de but remplaçant des Bnei Yehouda, le club de football, un certain Charlie qui, débarquant par un jour pluvieux à l'institut de de beauté où elle travaillait, l'avait enlevée dans sa Lancia pour une escapade de trois jours dans un hôtel à Eilat (dont son oncle était l'associé du propriétaire)...

Amos OzVie et mort en quatre rimes (page 11) – (Éditions Gallimard, 1947).

s:octobre 2008 Invitation 5

Jules Vallès - Chers parents !

C'est le moment où vous discutez dans les familles, autour de la table et sur l'oreiller, l'avenir de vos enfants !

De tous ces moutards en tunique de collège et de ces garçons, frais bacheliers qui rôdent ces jours-ci à travers les rues, qu'allez-vous faire ?

C'est la rentrée demain dans les lycées, bientôt dans les écoles ; l'heure est décisive et le moment grave, plus grave qu'on ne pense ! J'en ai tant connu de ces pauvres garçons qui ont mal fini parce qu'on les fit mal commencer ! Ce n'était point leur faute, mais celle des hommes qui, chargés de diriger leurs premiers pas, les jetèrent tout petits dans le chemin qui conduit tout de suite à la souffrance et plus tard quelquefois à la honte.

Il y a des pères orgueilleux et dont l'orgueil pèse sur la vie des fils. Ces pères-là, qui sont aubergistes ou drapiers, veulent voir leur rejeton médecin ou avocat. C'est bien ! mais encore faut-il que ces ambitieux, avant de lancer l'enfant dans cette voie, sachent à quoi ils s'engagent et à quels périls ils l'exposent.

Jules Vallès (1832 -1885) - article paru dans La Rue, le 6 octobre 1867 (collection électronique de la Bibliothèque Municipale de Lisieux).