Voir la source de Paco de Lucía

{{En-tête label|AdQ|année=2018}}
{{Voir homonymes|Francisco Sánchez|Sánchez|Gomez|Lucia}}
{{Infobox Biographie2 
| image             = Paco de Lucía 4.jpg
| alt               = Photographie d'un homme assis sur scène, jouant de la guitare
| légende           = Paco de Lucía en 2007
| nom alias         = 
| nom de naissance  = Francisco Sánchez Gómez
| date de naissance = 21 décembre 1947
| lieu de naissance = [[Algésiras]] ([[Espagne]])
| date de décès     = 25 février 2014
| lieu de décès     = [[Playa del Carmen]] ([[Mexique]])
| profession        = Guitariste et Virtuose
| profession autre  = 
| genre             = [[Flamenco]], [[jazz fusion]]
| instrument        = 
| années actives    = 1959–2014
| label             = [[Philips Records|Philips]], [[Mercury Records|Mercury]],<br /> [[Universal Music]]
| influences        = 
| site web          = [http://www.pacodelucia.org/ pacodelucia.org]
| logo              = 
}}
[[Fichier:Paco de Lucia in 1972.jpg|vignette|alt=Photographie en vue partielle, en noir et blanc, en plan rapproché, d'un guitariste assis, au visage vu de trois quart profil, concentré, tenant sa guitare assez haute|[Détail] : Paco de Lucia en 1972, au regard concentré et « brûlant de ''[[duende]]'' » (voir ci-dessous la section consacrée au ''"[[#La technique « sensible » ou le duende de Paco|duende de Paco]]"'', ainsi que la photo complète à la section :   ''"[[#Convergence|Convergence]]"'').]]
[[Fichier:Paco de Lucia in 2010 2.jpg|vignette|alt=Photographie d'un homme, souriant, debout sur scène, tenant sa guitare verticalement de sa main gauche|Paco de Lucía au ''Vito Jazz Festival'' en juillet 2010.]]
'''Francisco Sánchez Gómez'''<ref>{{Lien web |langue=es |titre=Legado |url=https://fundacionpacodelucia.com/legado/#quien-es |site=Fundación Paco De Lucía |consulté le=2024-10-28}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=es-ES |titre=Paco de Lucía |url=https://www.andalucia.org/es/paco-de-lucia |site=www.andalucia.org |consulté le=2024-10-28}}</ref>, connu sous le nom de '''Paco de Lucía''' {{MSAPI|ˈpä.ko̞ ð̞e̞ lu.ˈθi.ä}}<ref group="N" name="prononciation">En français, on doit prononcer son nom « à la française » ainsi : [pako de lusi:a] en [[alphabet phonétique international]] (API) appliqué au français ; et non « à l’italienne » : /Paco de Loutchia/ [pako de lutʃia], comme on l’entend souvent par erreur ; sachant qu’en espagnol-castillan standard son nom se prononce : [ˈpä.ko̞ ð̞e̞ lu.ˈθi.ä] en API appliqué à l’espagnol avec ses signes [[diacritique]]s, et que la prononciation andalouse se situerait un peu entre la prononciation à la française et le castillan standard.</ref>, né le {{Date|21|décembre|1947}} à [[Algésiras]] ([[province de Cadix]]) en [[Espagne]] et mort le {{date|25|février|2014}} à [[Playa del Carmen]] au [[Mexique]], est un [[guitariste]] et [[compositeur]] [[Espagne|espagnol]].

Il est considéré par plusieurs flamencologues, notamment [[Félix Grande]] et Guillermo Castro Buendía comme le meilleur guitariste de [[flamenco]] de tous les temps, et l'un des meilleurs [[instrumentiste]]s de l'histoire de la [[guitare]]. [[Compositeur]] prolifique, il a notamment apporté des innovations importantes à la [[guitare flamenca]]. Nombre de ses pairs guitaristes se réclament de son influence. Il est le guitariste de flamenco contemporain le plus connu dans le monde. Sa reconnaissance est attestée par les nombreux prix et distinctions qui lui ont été décernés, dont le [[Prix Princesse des Asturies|prix Prince des Asturies]] des arts, le plus prestigieux d'Espagne, et la [[médaille d'or du mérite des beaux-arts]].

Enraciné dans une longue tradition dont il a su exprimer la quintessence, puis devenu pour le public le plus large la figure principale et la plus universelle du flamenco des dernières décennies, il a pu imposer l'évolution, voire la réforme, qui a porté cet art, pour un temps, sur les devants de la scène musicale internationale, en important de nouveaux rythmes issus du [[jazz]], de la [[bossa nova]] ou des musiques [[caraïbes]], de même que des traits empruntés à la [[musique classique]]. En témoignent, entre autres, la diversité de ses enregistrements ainsi que ses collaborations avec des musiciens internationaux comme [[Carlos Santana]], [[Al Di Meola]] et [[John McLaughlin (musicien)|John McLaughlin]], le cinéaste [[Carlos Saura]], et d'autres grandes figures du flamenco telles que [[Camarón de la Isla]], [[Tomatito]] et [[Antonio Gades]], avec lesquelles il a modernisé les concepts de base du flamenco originel.

Avec quelques enregistrements novateurs et controversés du ''{{langue|es|cantaor}}'' (chanteur de flamenco) [[Enrique Morente]] (de la même génération que Paco de Lucía), considérés par certains « puristes » de la tradition flamenca comme « [[Iconoclasme|iconoclastes]] », Paco et Camarón représentent les grands initiateurs du courant {{traduction|langue=es|1=flamenco nuevo|2=[[Nouveau flamenco]]}} de la génération suivante, qui expérimente la fusion avec de nombreuses musiques du monde. Malgré le rayonnement international que Paco de Lucía a donné à sa musique, malgré sa maîtrise de la guitare flamenca dans toute sa dimension traditionnelle, ces puristes ne lui ont jamais pardonné ses ouvertures (au jazz notamment) et estiment qu’il a « trahi » les racines idiomatiques du flamenco originel.

Tout au long de sa carrière, de 1961 à 2014, il a gravé en propre sous son nom {{nobr|42 disques}}, et participé à des créations musicales de chanteurs de flamenco ou d'interprètes de genres musicaux très variés.

== Biographie ==
=== Les débuts ===
==== L'enfance ====
[[Fichier:Paco de Lucía Casa natal (2).JPG|vignette|upright=1|alt=Photographie d'une maison blanche, vue depuis la rue|Maison natale de Paco de Lucía au 8, rue San Francisco, quartier de Fuentenueva, [[Algésiras]] en [[Andalousie]].]]
Paco de Lucía<ref group="N" name="prononciation"/> est né dans le quartier de La Fuentenueva (rue San Francisco) et a vécu enfant dès l’âge de cinq ans dans le quartier de La Bajadilla (rue Barcelone) du port andalou d’Algésiras, une des deux communes les plus au sud de la [[péninsule Ibérique]], juste à l’ouest de Gibraltar{{sfn|Pohren|1992|p=55–56|gr=B}}. Ce sont des quartiers populaires à prédominance gitane<ref name="Bio y vidas">{{Lien web|langue=es|titre=Paco de Lucía|auteur institutionnel=Biografías y vidas|année=2017|mois=mai|jour=29|lire en ligne=https://www.biografiasyvidas.com/biografia/l/lucia.htm|site=biografiasyvidas.com|consulté le=2018-01-02}}.</ref>. Dans la rue comme dans sa famille, il baigne depuis sa plus tendre enfance dans une ambiance musicale marquée par le flamenco.

Il est le plus jeune des cinq enfants du couple formé en 1934 par Antonio Sánchez Pecino (1908-1994) et par Lúzia Gomes Gonçalves (son nom en portugais, hispanisé en Lucía Gómez Gonzálvez ; mais Paco lui rendra hommage en 1998 sous son prénom portugais dans l’album intitulé ''Luzia''){{sfn|Pohren|1992|p=21|gr=B}}. Sa mère est originaire du village de Montinho{{sfn|Tellez|2015|p=14|gr=B}}, pas très loin de la ville de [[Castro Marim]] (nom d’un autre album en 1981) au Sud du Portugal, et tout proche de la frontière espagnole.

La fratrie est composée de María Luisa, l’aînée et unique sœur (née en 1935){{sfn|Pohren|1992|p=25–26|gr=B}}, puis Ramón (né en 1938){{sfn|Pohren|1992|p=29–30|gr=B}}, Antonio junior (né en 1942){{sfn|Pohren|1992|p=41–42|gr=B}}, Pepe (diminutif de José, né en 1945){{sfn|Pohren|1992|p=45–47|gr=B}} et enfin Paco (diminutif de Francisco, né en 1947){{sfn|Pohren|1992|p=55|gr=B}}. Les enfants sont tous les cinq initiés au ''{{langue|es|cante}}'' (chant flamenco) ou au ''{{langue|es|toque}}'' (jeu de la guitare flamenca), mais seuls Ramón, Pepe et Paco en feront leur métier{{sfn|Pohren|1992|p=25–56|gr=B}}.

Le père fait vivre, difficilement, sa famille nombreuse comme marchand de tissu ambulant<ref name="Bio y vidas" />, et, à l’occasion, marchand de fruits{{sfn|Téllez|2009|p=68–69|gr=B}}, ou encore ouvrier à l’usine<ref name="Saosaudade2010"/>. Mais il est aussi un bon guitariste de flamenco amateur, et sous le nom de scène d’« Antonio de Algeciras »{{sfn|Téllez|2009|p=68–69|gr=B}}, il arrondit les fins de mois en jouant la nuit dans les {{langue|es|tablaos}} et les fêtes locales. Là, il se rend compte qu’il y a pléthore de {{Citation étrangère|lang=es|cantaores}} (chanteurs de flamenco, variante dialectale andalouse du castillan {{Citation étrangère|lang=es|cantadores}} qui signifie chanteurs en général), pas toujours {{traduction|langue=es|1=al compás|2=dans le rythme}} par défaut d’accompagnement, justement parce qu’on manque de guitaristes ; c’est pourquoi il initie promptement la formation professionnelle de ses fils en les orientant vers cet instrument{{sfn|Téllez|2009|p=68–69|gr=B}}. Le flamencologue américain [[Donn E. Pohren]] considère même que le père a conçu très tôt pour ses enfants un grand projet de carrière artistique, à son sens plus lucrative que les travaux subalternes dans lesquels il s’épuisait le jour tout en vivant chichement{{sfn|Pohren|1992|p=7, 20–22|gr=B}}. Les Sánchez sont donc une famille {{traduction|langue=es|1=paya|2=non gitane}}, mais entre les fêtes et le petit commerce, ils vivent dans une telle proximité avec la communauté des Gitans que ceux-ci iront jusqu’à surnommer Antonio père {{traduction|langue=es|1=el gitano rubio|2=le gitan blond}}{{sfn|Téllez|2009|p=68–69|gr=B}}.

Dès son plus jeune âge, l'environnement de Paco de Lucía est donc favorable à l'apprentissage du flamenco, tout d'abord par son père, qui lui donne ses premières leçons dès l'âge de cinq ans<ref>{{Ouvrage|langue=en|nom=Bennett|prénom=Joe|titre=Guitar Facts|année=2002|éditeur=Hal Leonard Corporation|lieu=[[Milwaukee]]|pages totales=224|passage=39|isbn=978-0-634-05192-0|oclc=52282608|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=yPOGykZY1C8C&pg=PA39}}.</ref> et lui impose bientôt de travailler douze heures par jour, seul ou en compagnie de ses frères Pepe et Antonio{{sfn|Pohren|1992|p=56–57|gr=B}}{{,}}{{sfn|Pérez Custodio|2005|p=78|gr=B}}.

Selon une tradition andalouse, il doit son surnom au prénom de sa mère, Lucía<ref name="Saosaudade2010">{{Lien web|langue=fr|auteur=Fatiha Miloua Saosaudade|titre=Paco de Lucía|sous-titre=l'enfant prodige d'Algeciras|éditeur=[[Olympia (Paris)|Olympia]]|url=https://www.olympiahall.com/artistes/paco-de-lucia/|site=www.olympiahall.com|année=2010|consulté le=15 janvier 2018|id=Saosaudade2010}}.</ref>, portugaise de naissance ; il était désigné tout jeune comme {{traduction|langue=es|1=Paquito el hijo de Lucía|2=Petit Paco, le fils de Lucía}}<ref>{{Article|auteur=[[Georges Didi-Huberman]]|titre=Mélodie fantôme|périodique= Po&sie|numéro=120|année=2007|mois=février|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-poesie-2007-2-p-207.htm|format électronique=pdf|passage=207|éditeur=[[Éditions Belin]]|issn=0152-0032|doi=10.3917/poesi.120.0207|consulté le=24 janvier 2018}}.</ref>{{,}}{{sfn|Tellez|2015|p=20|gr=B}} ou {{traduction|langue=es|1=el hijo de la portuguesa|2=le fils de la portugaise}}, ce qui par la suite deviendra le titre d'un ouvrage qui lui sera consacré<ref>{{Article|langue=es|prénom1=Fermín|nom1=Lobatón|titre=Retrato sucesivo del guitarrista universal|périodique=[[El País]]|date=2015-05-12|lire en ligne=https://elpais.com/cultura/2015/05/06/babelia/1430922796_454094.html|consulté le=2017-12-29}}.</ref>{{,}}{{sfn|Tellez|2015|gr=B}}. Au moment de prendre un pseudonyme, il a voulu lui rendre hommage, tout comme son frère [[Pepe de Lucía]], alors que leur frère aîné [[Ramón de Algeciras]] avait choisi, comme beaucoup de chanteurs de rue, et aussi comme leur père Antonio, de prendre le nom de leur ville ou village{{sfn|Pohren|1992|p=55|gr=B}}{{,}}{{sfn|Pohren|1992|p=29|gr=B}}.

Après leur travail, les {{traduction|langue=es|1=tocaores|2=musiciens, guitaristes de flamenco : variante dialectale andalouse du castillan ''tocadores''=musiciens}} que fréquente leur père (entre autres les guitaristes [[Melchor de Marchena]] et [[El Titi de Marchena]], qui sera son premier professeur){{sfn|Téllez|2009|p=55–83|gr=B}}{{,}}<ref name=":11">{{Article|langue=es|auteur1=Rocío Vázquez|titre=El flamenco pierde su luz|périodique=lavozdigital.es|date=27 février 2014|lire en ligne=http://www.lavozdigital.es/cadiz/v/20140227/sociedad/flamenco-pierde-20140227.html|consulté le=13 novembre 2017}}.</ref>, prolongent les nuits festives dans le patio de la maison familiale. Puis ses frères aînés stimuleront aussi son premier apprentissage : Ramón de Algeciras déjà reconnu comme guitariste de talent et Pepe de Lucía qui mène très tôt une carrière de chanteur de [[flamenco]]. Il explique lui-même ainsi sa vocation et sa précocité : {{citation|Avant même de poser les doigts sur un manche de guitare, je connaissais tout du flamenco : les rythmes les plus complexes, le langage.}} Il quitte définitivement l'école à onze ans. Son père estime que les finances familiales ne permettent plus à son fils de suivre une formation scolaire, et préfère qu'il se consacre exclusivement à la guitare, espérant que le talent qu'il a décelé en lui puisse aider à subvenir aux besoins de la famille{{sfn|Pohren|1992|p=57|gr=B}}{{,}}{{sfn|Pohren|1992|p=56–57|gr=B}}. Le travail acharné que fournit Paco, tout au long d'un apprentissage étroitement encadré par son père, finit par payer. En 1958, à seulement onze ans, il donne sa première représentation à la radio locale d'Algésiras. Sa prestation est alors considérée comme stupéfiante, sa technique déjà très sûre<ref name="Saosaudade2010"/>.
{{Citation bloc|Quand à douze ans il a commencé à monter sur scène dans son Algésiras natal, Francisco Sánchez Gómez n’était qu’un garçon extrêmement studieux avec un seul objectif dans sa vie : être un grand guitariste de flamenco. Les années passant, Francisco, le fils d’Antonio et de Lucía, est parvenu beaucoup plus loin et s’est métamorphosé en une référence musicale pour le monde entier.|J. M. Valenzuela{{Note|group=vo|texte={{citation étrangère|langue=es|Cuando a los doce años comenzó a subirse a los escenarios en su Algeciras natal, Francisco Sánchez Gómez no era más que un niño extremadamente estudioso con un solo objetivo en su vida: ser un gran guitarrista flamenco. Con el paso de los años, Francisco, hijo de Antonio y Lucía, ha llegado mucho más lejos y ha pasado a convertirse en un referente musical en todo el mundo.}}}}{{,}}<ref name="Valenzuela" />.}}

==== Premières prestations, premiers prix, premiers engagements ====
À [[Jerez de la Frontera]], à l'âge de quatorze ans, Paco participe avec son frère Pepe au Concours international ou {{traduction|langue=es|1=Certamen|2=joute}} d'Art Flamenco de 1962. Pepe y gagne le premier prix du chant pour ses ''[[malagueña]]s'', et Paco pour sa part, trop jeune pour être dans la catégorie générale, remporte le prix spécial, ou prix Javier Molina, créé ''{{langue|la|ex professo}}'' tout exprès pour lui{{sfn|Pohren|1992|p=60|gr=B}}. La même année, toujours à quatorze ans, il est engagé comme guitariste dans la compagnie de danse [[José Greco]] et effectue sa première tournée aux [[États-Unis]]<ref name=":3">{{Article|langue=fr|auteur1=Véronique Mortaigne|auteur2=Francis Marmande|titre=Paco de Lucía, maître de la guitare flamenco, est mort|périodique=[[Le Monde]]|date=2014-02-26|id=Marmande2014|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2014/02/26/paco-de-lucia-maitre-de-la-guitare-flamenco-est-mort_4373387_3382.html|consulté le=2017-10-30}}.</ref>{{,}}<ref name="Saosaudade2010"/>. À [[New York]], il rencontre [[Mario Escudero]] et [[Sabicas]], deux guitaristes espagnols réputés qui l'encouragent à mener une carrière de soliste{{sfn|Marmande|2014|gr=B}}. Sabicas en particulier l'encourage à composer sa propre musique, plutôt que de reprendre les succès d'el [[Niño Ricardo]], son maître. Paco confesse que cette phrase de Sabicas fut pour lui une révélation qui a changé sa vie, et qu'il raconte ainsi :

{{Citation bloc|Alors que je jouais pour lui [Sabicas], il me disait : « Joue-moi ci, joue-moi ça, joue-moi une ''soleá'', une ''taranta'' ! », et je ne sais quoi encore… Et quand j'eus terminé de jouer, comme je jouais les morceaux de Niño Ricardo… (je crois que cela l'offensait d'une certaine manière…) alors il m'a dit une parole qui fut une phrase-clé pour l'essor ultérieur de ma carrière de guitariste, il dit : « Oui, tu joues bien, mais… un guitariste se doit de jouer sa propre musique ! » Cela m'a marqué profondément, ce fut un choc. Ah, malheureux ! Parce que j'ai dû oublier tout ce que j'avais, oublier toutes les ''{{langue|es|falsetas}}'', toute la musique de Niño Ricardo que je jouais, et… je me suis mis à composer !|Paco de Lucía{{sfn|Sánchez|2014|loc={{Heure||25|10}}|gr=B|id=Sanchez2014}}{{,}}{{Note|group=vo|texte={{citation étrangère|langue=es|Como yo tocaba para ello [Sabicas], me decía: “¡Toca por esto, toca por otro, toca por soleá, por taranta!”, y no sé qué… Y cuando terminé a tocar, como yo tocaba las cosas de Niño Ricardo… (yo creo que eso le ofendió en una manera…) entonces, me dijo una palabra, una frase que fue clave para mi desarrollo luego como guitarrista, dice: “Sí, tocas bien, pero… ¡un guitarrista tiene que tocar su propia música!” Me impactó muchísimo, fue un choque. ¡Ay infeliz! Porque me olvidé de todo lo que había, me olvidé de todas las falsetas, de toda la música que tocaba de Niño Ricardo, y… ¡empecé a componer!}}}}{{,}}{{sfn|Sánchez|2014|loc={{Heure||25|00}}|gr=B|id=Sanchez2014}}{{,}}<ref>Le passage est également cité sur : {{Ina|P14057895|Paco de Lucia : son évolution musicale (2003, 2 min)}}.</ref>.}}

==== Premiers enregistrements ====
Dès 1961, à treize ans, Paco enregistre ses premiers disques chez [[Hispavox]] comme accompagnateur de son frère le ''cantaor'' Pepe de Lucía, sous le nom de ''[[Los Chiquitos de Algeciras]]'', trois disques de quatre chansons chacun, qui seront réédités remastérisés en [[Disque compact|CD]] en 2016<ref name="LosChiquitosdeAlgeciras_974532342">''{{langue|es|Los Chiquitos de Algeciras : antología inédita (1961-1988) : las primeras grabaciones de Pepe y Paco de Lucía remezcladas y remasterizadas}}'', [[Warner Music Group]], {{OCLC|974532342}}.</ref>. Puis en 1963, les mêmes ''Chiquitos de Algeciras'' enregistrent un [[long play|LP]] de douze titres sous le titre ''cante flamenco tradicional''<ref name="discogs 1200286">[[Hispavox]] HH 10-218 : {{Discogs master|1200286|Cante flamenco tradicional|type=album}}.</ref>, réédité en 1982, puis en [[Disque compact|CD]] en 1995, en 2003<ref>{{Discogs release|5440435|Los Chiquitos De Algeciras|type=album}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=es|auteur=Juan José Téllez|titre=Biografia|url=http://www.pepedelucia.es/index.php/biografia|site=www.pepedelucia.es|consulté le=2017-12-21}}.</ref>, et enfin en 2016<ref name="LosChiquitosdeAlgeciras_974532342" /> en un double CD réunissant treize titres de 1963 (les douze initiaux plus un bonus) et quinze titres de 1961 (les douze déjà enregistrés en trois [[Extended play|EP]] plus trois inédits).

En 1964, il enregistre son premier disque en solo, ''La guitarra de Paco de Lucía''{{sfn|Meert|1994|loc={{Heure||15|00}}|gr=B}} (un super {{nobr|45 tours}}, ou ''[[extended play]]'', de {{nobr|4 titres}}). L'accueil réservé à ses compositions personnelles dans le milieu du flamenco et le succès de ses concerts font que son talent et sa technique instrumentale commencent à être plus largement reconnus. S'ouvrent alors à lui d'autres horizons musicaux.

=== L'envol international ===
==== Des enregistrements et des rencontres qui comptent ====
De 1964 à 1967, il enregistre quatre albums [[long play|LP]], d'abord avec le guitariste [[Ricardo Modrego]] qu'il avait connu quand ils travaillaient ensemble pour le ''bailaor'' (danseur de flamenco){{note|Comme pour ''cantaor'' et ''tocaor'', ''bailaor'' est une variante dialectale andalouse du castillan ''bailador'' ; mais ce dernier est réservé, même en castillan, aux danses andalouses, car le terme générique en castillan pour danseur est ''bailarín'', ou ''danzante'' pour les danses de procession<ref>{{Lien web|langue=es|auteur institutionnel=[[Académie royale espagnole]]|titre=bailador, ra|année=2018|mois=janvier|url=http://dle.rae.es/?id=4n9WJmi|consulté le=13 janvier 2018}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|éditeur=[[Lonely Planet]]|auteur1=Anthony Ham|auteur2=Stuart Butler|auteur3=Vesna Marić|titre=Andalousie|lieu=[[Paris]]|collection=Lonely planet guide de voyage|année=2010|passage=163-164|pages totales=448|isbn=9782816102338|isbn10=2816102335|oclc=690799148|bnf=42173959}}.</ref>.|group="N"}} [[José Greco]], et qui avait ses entrées dans la compagnie [[Philips Records|Philips]] Music, puis avec son frère aîné Ramón de Algeciras{{sfn|Pérez Custodio|2005|p=86|gr=B}}. Ces disques montrent un Paco à la fois très enraciné dans la tradition flamenca la plus pure, et maîtrisant déjà solidement les techniques de la [[guitare flamenca]] moderne. Au cours de l'année 1967, Paco enregistre aussi son premier album complet en solo sous le titre ''La fabulosa guitarra de Paco de Lucía'', rappelant le titre de son premier super {{nobr|45 tours}} en solo (''[[extended play]]'', de {{nobr|4 titres}}) de 1964 : ''La guitarra de Paco de Lucía'' (réédité en CD en 2003 sous le titre ''Por descubrir'', en complément de l'intégrale publiée en {{nobr|27 CD}} par [[Philips Records|Philips]] puis [[Universal Music Group|Universal Music]])<ref name="nueva"/>{{,}}{{sfn|Pérez Custodio|2005|p=86|gr=B}}.

Après l'[[Actes de capitulation du Troisième Reich|effondrement du nazisme en 1945]], la [[Espagne franquiste|dictature instaurée par Franco]] réaffirme son [[anticommunisme]], et rejoint le camp occidental alors que s'ouvre la période de [[guerre froide]]. Dans les années 1950, la culture espagnole, marquée par le [[conservatisme]] et le [[nationalisme]] du régime franquiste depuis la [[Guerre d'Espagne|guerre civile d'Espagne]] de 1936, s'expose de nouveau aux influences extérieures, notamment américaines<ref name="MartinezFouce_2013_4_8">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Sílvia Martinez|directeur1=oui|auteur2=Héctor Fouce|directeur2=oui|auteur3=Iván Iglesias|auteur4=Jaume Ayats|auteur5=Maria Salicrú-Maltas|et al.=oui|titre=Made in Spain|sous-titre=Studies in Popular Music|traduction titre=Fait en Espagne : études de la musique populaire|éditeur=[[Routledge]]|lieu=[[Londres]]|année=2013|collection=Routledge global popular music series|pages totales=219|passage=4-8|isbn=9780415506403|oclc=860801499}}.</ref>. Le jazz, banni dans les années 1930 des diffusions radiophoniques et des scènes musicales, est de retour dans le pays. Dans le courant des années 1960, en plein développement du [[miracle économique espagnol]], l'ouverture au monde de l'Espagne s'approfondit<ref name="MartinezFouce_2013_4_8" />. À son niveau, Paco de Lucía y contribue<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur=Belkacem Bahlouli|titre=Paco de Lucia, l'hommage de Rolling Stone|jour=27|mois=février|année=2014|url=https://www.rollingstone.fr/paco-de-lucia-lhommage-de-rolling-stone/|éditeur=[[Rolling Stone]]|consulté le=22 janvier 2018}}.</ref>.

En effet, dès 1967 et jusqu'en 1969, Paco, en duo avec son frère Ramón, élargit son répertoire musical, en enregistrant plusieurs morceaux de musique latino-américaine<ref>{{Ouvrage|langue=es|auteur=Norberto Torres Cortés|titre=Guitarra Flamenca|volume=1|titre volume=Lo clásico|éditeur=Signatura Ediciones|lieu=[[Séville]]|collection=Signatura de flamenco|année=2004|pages totales=204|passage=81-83, 154|ean=9788496210288|isbn=8496210286|oclc=76898330}}.</ref> à la façon flamenca. Les albums ''Dos guitarras flamencas en América Latina''<ref name="Discogs 500678">{{Discogs master|500678|Dos guitarras flamencas en América Latina|type=album}}.</ref>, sorti en 1967, puis, en 1969, ''En Hispanoamérica''<ref>{{Discogs master|265847|En Hispanoamérica|type=album}}.</ref> et ''12 Hits Para Dos Guitarras Flamencas Y Orquesta De Cuerda''<ref>{{Lien web|langue=en|titre=Paco De Lucía Y Ramón De Algeciras - 12 Hits Para 2 Guitarras Flamencas Y Orquesta De Cuerda|url=https://www.discogs.com/fr/Paco-De-Lucía-Y-Ramón-De-Algeciras-12-Hits-Para-2-Guitarras-Flamencas-Y-Orquesta-De-Cuerda/release/7406589|site=Discogs|consulté le=2018-01-24}}</ref> constitutent un ensemble assez hétéroclite de succès populaires arrangés pour deux guitares{{sfn|Pérez Custodio|2005|p=82-84, 154|gr=B}}. Les deux jeunes musiciens revisitent, entre autres, les [[boléro]]s ''[[Perfidia (chanson)|Perfidia]]'', ''[[Quizás, quizás, quizás]]'', ''[[Bésame mucho]]'', le tango ''Tango Delle Rosa'', l'air traditionnel du folklore chilien ''Yo vendo unos ojos negros'', ''Las Mañanitas'', une chanson d'anniversaire traditionnelle  d'[[Amérique latine]], ''La flor de la canela'', une [[Valse péruvienne|valse du Pérou]] écrite par la chanteuse péruvienne [[Chabuca Granda]], la romance « ''Je crois entendre encore'' » extraite de l'opéra de [[Georges Bizet]] ''Les Pêcheurs de perles'', sous le titre ''Los Pescadores De Perlas'', la [[bossa nova]] ''[[Manhã de Carnaval]]'' de [[Luiz Bonfá]], un [[choro]] ''Tico, Tico'', œuvre du brésilien [[Zequinha de Abreu]], la [[habanera]] ''[[La paloma (chanson)|La paloma]]'', les chansons ''Granada'' de [[Agustín Lara]], ''Guadalajara'' de Pepe Guízar, typique du genre [[mariachi]], et ''[[Que sera, sera (Whatever Will Be, Will Be)|Que será, será]]''. Selon les flamencologues [[Donn E. Pohren]] et Diana Pérez Custodio, cette production discographique relève davantage de la volonté du père des deux artistes de tirer un bénéfice financier du talent de ses fils{{sfn|Pohren|1992|p=66|gr=B}} et des impératifs commerciaux de leurs maisons de disques que d'un véritable projet artistique{{sfn|Pérez Custodio|2005|p=79, 86|gr=B}}{{,}}<ref>{{Lien web|langue=es|auteur=Conseil municipal d'Algésiras|traduction titre=Route Paco de Lucía|titre=Ruta Paco de Lucía|année=2018|mois=janvier|url=http://www.algeciras.es/pacodelucia/|site=www.algeciras.es|consulté le=24 janvier 2018}}.</ref>. Pérez Custodio précise qu'au début de sa carrière, comme tout autre artiste, Paco n'échappe pas aux contraintes économiques de l'[[industrie culturelle]]{{sfn|Pérez Custodio|2005|p=86|gr=B}}. Certains de ces morceaux, avec quelques inédits, seront toutefois réédités en un quatrième [[Long Player|LP]] de compilation en 1981, sous le titre ''En Hispanoamerica Vol. 2''<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Paco De Lucía, Ramón De Algeciras – En Hispanoamerica Vol. 2|url=https://www.discogs.com/Paco-De-Luc%C3%ADa-Ram%C3%B3n-De-Algeciras-En-Hispanoamerica-Vol-2/master/1104781|site=Discogs|consulté le=2018-01-28}}</ref>.

En 1967, tout juste vingtenaire, Paco, seul cette fois, avait aussi participé en tant que guitariste à l'élaboration de l'un des premiers disques de fusion mêlant flamenco et jazz : ''Jazz Flamenco'', une œuvre expérimentale conçue par son compatriote le saxophoniste [[Pedro Iturralde]]<ref>{{Discogs release|id=590722|name=Jazz Flamenco|type=album}}.</ref>{{,}}<ref>{{Chapitre|langue=en|auteur1=Iván Iglesias|auteurs ouvrage=Sílvia Martinez, Héctor Fouce, Jaume Ayats, Maria Salicrú-Maltas, {{et al}}|titre ouvrage=Made in Spain|sous-titre ouvrage=Studies in Popular Music|traduction titre=Fait en Espagne : études de la musique populaire|titre chapitre=Swinging Modernity|sous-titre chapitre=Jazz and Politics in Franco's Spain (1939—1968)|éditeur=[[Routledge]]|lieu=[[Londres]]|année=2013|collection=Routledge global popular music series|pages totales=219|page début chapitre=101|isbn=9780415506403|oclc=860801499|consulté le=13 janvier 2018}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en|titre=Swinging Modernity|sous-titre=Jazz and Politics in Franco’s Spain (1939-1968)|auteur=Iván Iglesias|année=2018|mois=janvier|éditeur=[[Routledge]]|site=Global Popular Music|url=http://www.globalpopularmusic.net/?page_id=229|consulté le=13 janvier 2018}}.</ref>{{,}}{{sfn|Pohren|1992|p=99|gr=B}}. L'année suivante, il est le seul guitariste flamenco sur l'album ''Jazz Flamenco 2'' d'Iturralde<ref>{{Discogs release|id=590723|name=Jazz Flamenco 2|type=album}}.</ref>, et l'invité du quintet d'Iturralde sur l'album ''Flamenco-Jazz'' produit par [[Joachim-Ernst Berendt]]<ref>{{Discogs release|id=822463|name=Flamenco-Jazz|type=album}}.</ref>{{,}}<ref name="Steingress_2002_192_196">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Gerhard Steingress|directeur1=oui|auteur2=Susana Asensio|auteur3=Enrique Baltanás|auteur4=Enrique Cámara|et al.=oui|titre=Songs of the Minotaur|sous-titre=Hybridity and Popular Music in the Era of Globalization : a Comparative Analysis of Rebetika, Tango, Rai, Flamenco, Sardana, and English Urban Folk|éditeur=LIT Verlag|lieu=[[Munich]]|année=2002|collection=Research in Popular Music and Jazz Series|volume=9|pages totales=315|passage=192-196|isbn=9783825863630|oclc=469268734}}.</ref>. Dans ce disque, les expérimentations d'Iturralde et Paco s’éloignent de leurs compositions précédentes, et de celles, antérieures de près d’une décennie, de [[Miles Davis]] qui s'inscrivaient en fait dans une démarche-sœur de celle d'Iturralde et de Paco, mais inverse pourrait-on dire de fusion jazz-flamenco : car Miles partait du jazz pour approcher « de l'extérieur » l'esthétique et les constantes du flamenco<ref name="Steingress_2002_192_196" /> : ce sont, en 1959, les ''Flamenco sketches'' qui closent l'album ''[[Kind of Blue]]'' {{incise|le thème et l’album ont un grand retentissement dans l'univers du jazz, en raison des improvisations modales proposées par Miles et [[Bill Evans (pianiste)|Bill Evans]], mais aussi des solos de [[John Coltrane]] dont la couleur flamenca est bien plus qu'un décor}}, immédiatement suivis, en 1960, par les ''[[Sketches of Spain]]''<ref>{{Lien web|langue=en|auteur=Thom Jurek|titre=Miles Davis  - Sketches of Spain|url=https://www.allmusic.com/album/sketches-of-spain-mw0000191713|site=[[AllMusic]]|consulté le=2017-12-21}}.</ref>, arrangés ou composés par [[Gil Evans]], et qui montrent la version de Miles du ''[[Concerto d'Aranjuez]]'', et des titres évocateurs du flamenco : ''Saeta'' et ''Solea''. Nul doute que la démarche de Miles Davis a influencé Iturralde et Paco dans leurs projets ultérieurs de fusion flamenco-jazz-rock. Régulièrement, Paco reviendra (en plus de ses collaborations avec [[John McLaughlin (musicien)|McLaughlin]], [[Al Di Meola]], [[Larry Coryell|Coryell]], [[Chick Corea|Corea]] et [[Carlos Santana|Santana]]) à ces explorations de fusion flamenco-jazz<ref>{{Lien web|langue=en|auteur1=Ezequiel Paz|auteur2=Gary Cook|année=2003|mois=février|titre=The state of flamenco jazz|sous-titre=Blending sounds across cultures|url=https://www.flamenco-world.com/magazine/about/jazz_flamenco/jazz.htm|description=page archivée sur [[Archive.is]]|éditeur=Flamenco-World.com|consulté le=13 janvier 2018|archiveurl=https://archive.today/20141011182936/https://www.flamenco-world.com/magazine/about/jazz_flamenco/jazz.htm|archivedate=11 octobre 2014}}.</ref>, comme l'atteste par exemple la [[rumba]] ''Casa Bernardo'' qui clôt l'album multi-primé ''[[Cositas Buenas]]'' en 2004, avec notamment la participation de Jerry González à la trompette.

{{Infobox Liste de fichiers
|fichier01 = Entre-dos-aguas-laucke-version-sample.flac
|titre01 = Extrait du titre ''Entre dos aguas'' (''Entre deux eaux'') de Paco de Lucía, arrangé et joué par Michael Laucke.
}}
[[Fichier:Paco de Lucía Málaga.jpg|vignette|alt=Photographie montrant un homme jouant de la guitare.|gauche|Paco de Lucía au festival Málaga en Flamenco (2007).]]
À partir de la publication de son album ''[[Fuente y caudal]]'' (''La source et le flux'') en 1973, la musique de Paco de Lucía touche le grand public : on y trouve entre autres la rumba ''Entre dos aguas'', grand succès, qui, dit-on, fut presque le fruit du hasard lors d'une improvisation en fin de séquence de travail en studio<ref name="Saosaudade2010"/>{{,}}{{sfn|Pohren|1992|p=80|gr=B}}. Dans l'émission « ''La hora de... : la guitarra de Paco de Lucía'' » qui lui est consacré{{sfn|Quintero, De la Vega|1976|loc={{Heure|1|02|45}}|gr=B|id=VegaQuintero1976}}, il raconte lui-même, en 1976, l'anecdote de la genèse de cette pièce qui sera si importante pour sa popularité. Avec ce titre, le flamenco de Paco entre pour la première fois dans les boîtes de nuit à la mode. On trouve aussi dans l'album la délicatesse des trémolos et les audaces harmoniques de ''Solera'' (''[[Bulería]]s por [[soleá]]''), de ''Plaza de San Juan'' (''Alegrías''), et du morceau éponyme ''Fuente y caudal'' (''Taranta'')<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur institutionnel=[[Office de radiodiffusion-télévision française|ORTF]]|titre=Paco de Lucia "Tarentas"|url=http://www.ina.fr/video/I14057684|site=[[Institut national de l'audiovisuel|Ina]].fr|année=1974|mois=mai|jour=4|consulté le=2018-01-30}}.</ref>, qui sont joués à la guitare seule. Le disque devient en peu de mois numéro un des ventes en Espagne<ref name="SpainisCulture_Paco_de_Lucía">{{Lien web|langue=fr|titre=Paco de Lucía|url=http://www.spainisculture.com/fr/artistas_creadores/paco_de_lucia.html |site=spainisculture.com|année=2018|mois=janvier|éditeur=[[Ministère de l'Éducation, de la Culture et des Sports]]|consulté le=2017-10-30}}.</ref>.
En 1975, Paco de Lucía se produit avec son frère Ramón en concert au prestigieux [[Théâtre royal de Madrid]], c'est le premier artiste de flamenco à accéder à cette salle{{sfn|Pohren|1992|p=82|gr=B}} habituellement plutôt réservée à la musique classique.
Le guitariste se rapproche d'une reconnaissance internationale. Avec les années, sa musique s'est progressivement ouverte à de nouveaux styles, en même temps qu'il la faisait entendre dans des aires de diffusion de plus en plus larges et d'autant plus éloignées des traditionnels [[tablao]]s et des [[peña]]s où il officiait jusque-là. Au cours des [[années 1970]], il se produit avec un succès grandissant dans toute l'[[Europe]], en [[Amérique du Nord]] et au [[Japon]]{{sfn|Pérez Custodio|2005|p=89|gr=B}}.

Lors de ces tournées, qui occupent désormais la majeure partie de son temps, il rencontre des musiciens fameux venus d'horizons divers. Des affinités et des projets musicaux en commun naissent de ces contacts, ce qui accentue sa propension déjà exprimée à hybrider son flamenco avec des univers musicaux qu'il découvre compatibles, non seulement la musique latine, mais aussi le jazz, le rock, le blues, voire les musiques indienne et arabe<ref name=":3" />.

Cette fusion lui apparaît d'autant plus à portée de main et stimulante que son aisance virtuose dans tous les secteurs et types de jeu de la guitare n'est plus à démontrer. On pourrait presque dire, à la suite de l'écrivain espagnol [[José Manuel Caballero Bonald]], qu'au-delà même de la virtuosité, Paco de Lucía faisait preuve d'un véritable « virtuosisme énigmatique<ref name="Caballero Bonald" /> » littéralement enflammé de ''[[duende]]''. Ce « virtuosisme » lui permet une adaptation rapide à des styles pourtant tout à fait étrangers à son imprégnation initiale, et lui offre la possibilité d'orienter sa guitare désormais vers d'autres projets musicaux plus ambitieux encore{{sfn|Meert|1994|loc={{Heure||19|45}}|gr=B}}.

==== Musique classique ====
Par la suite, Paco de Lucía adapte aussi en style flamenco plusieurs thèmes de compositeurs espagnols de musique classique, qui étaient eux-mêmes influencés par le flamenco, en une sorte de « va-et-vient » de fusions convergentes : c'est d'abord [[Manuel de Falla]] en 1978 avec l'album ''[[Interpreta a Manuel de Falla]]'' (notamment une version très rythmique et innovante pour le flamenco de la célèbre ''[[L'Amour sorcier|Danse rituelle du feu]]'', avec flûte et basse électrique)<ref>{{Lien web|langue=en|titre=Paco de Lucia Interpreta a Manuel de Falla|url=https://www.allmusic.com/album/paco-de-lucia-interpreta-a-manuel-de-falla-mw0000337730|année=2018|mois=janvier|auteur institutionnel=[[AllMusic]]|consulté le=13 janvier 2018}}.</ref>{{,}}{{sfn|Pohren|1992|p=84, 109|gr=B}}. Son incursion dans le domaine de la [[musique savante]] choque alors l'interprète classique [[Andrés Segovia]]{{sfn|Pérez Custodio|2005|p=90|gr=B}}.

Quelques années plus tard, en 1991, il enregistre avec l'[[Orchestre de Cadaqués]], dirigé par le [[chef d'orchestre]] [[Edmon Colomer]], l'œuvre majeure de [[Joaquín Rodrigo]] : le ''[[Concerto d'Aranjuez]]'', en présence du compositeur lui-même, âgé de {{nobr|90 ans}} et aveugle{{sfn|Pohren|1992|p=112|gr=B}}{{,}}<ref name="MartaCervera_2015_11_09">{{Lien web|langue=es|auteur=Marta Cervera|traduction titre=Les 75 ans du ''Concerto d'Aranjuez''|titre=75 años del 'Concierto de Aranjuez'|jour=9|mois=novembre|année=2015|url=http://www.elperiodico.com/es/ocio-y-cultura/20151108/75-anos-concierto-aranjuez-4655174|éditeur=[[El Periódico de Catalunya]]|consulté le=24 janvier 2018}}.</ref>. Ne lisant pas le solfège, Paco s'était isolé pendant une vingtaine de jours pour parvenir à déchiffrer la partition à l'aide d'un manuel de musique{{sfn|Pohren|1992|p=113|gr=B}}. Des années plus tard, il confie dans une interview qu'il avait appris la totalité du concerto d'oreille (à 80 %), à l'aide de ses disques, s'enfermant un mois avec eux dans sa maison du Yucatán, et à 20 % seulement avec la partition et les tablatures, parce qu'il avait du mal à lire la musique<ref name="Enrique Planas">{{Article|langue=es|auteur1=Enrique Planas|titre=El genial Paco de Lucía en su última entrevista con El Comercio|périodique=[[El Comercio (Pérou)|El Comercio]]|date=26 février 2014|lire en ligne=https://elcomercio.pe/luces/musica/genial-paco-lucia-ultima-entrevista-comercio-166626|consulté le=24 janvier 2018}}.</ref>. Le résultat est une interprétation originale, fidèle, dans les grandes lignes, à la composition de Rodrigo{{sfn|Pohren|1992|p=113|gr=B}}. Pour le [[Musicologie|musicologue]] Guillermo Castro Buendía, {{citation|il réalise là une importante version dans laquelle est mis en évidence l'aspect rythmique de la composition de Joaquín Rodrigo, en général négligé dans les mains d'autres guitaristes{{sfn|Buendía|2014|p=4|gr=B}}.}} Mais, par cette initiative risquée{{sfn|Pohren|1992|p=112|gr=B}}, {{citation|il ravive la polémique du divorce consommé entre le monde classique et le flamenco{{sfn|Buendía|2014|p=4|gr=B}}.}} En effet, l'artiste de flamenco s'attire la réprobation du guitariste classique [[Narciso Yepes]], auteur d'une version du concerto en 1947, alors que Rodrigo, qui, en 1960, n'avait pas apprécié la [[Sketches of Spain|version de Miles Davis]]<ref name="MartaCervera_2015_11_09" />, juge son interprétation {{citation|belle, exotique et inspirée<ref name="SpainisCulture_Paco_de_Lucía" />}}{{sfn|Pérez Custodio|2005|p=91|gr=B}}. Paco lui-même avait devancé ce point de vue, confiant à Enrique Planas (du périodique péruvien ''[[El Comercio (Pérou)|El Comercio]]'')<ref name="Enrique Planas" /> : {{citation|Les musiciens classiques sont plutôt racistes ! [rire] Là, ce concerto est joué comme doit le faire un Espagnol. Les musiciens classiques ont un son très beau, mais ils n'ont aucune idée de ce qu'est le rythme.}}
 
La même année, il a aussi enregistré en trio avec les guitaristes [[José María Bandera Sánchez]] et [[Juan Manuel Cañizares]], trois extraits d'[[Iberia (Albéniz)|''Iberia'']] d'[[Isaac Albéniz]] : ''Triana'', ''El Albaicín'', ''El Puerto'', complétant ce disque d'Aranjuez<ref>{{Lien web|langue=en|titre=Paco de Lucía - Alcazar de Sevilla|url=https://www.allmusic.com/album/alcazar-de-sevilla-mw0000667109|année=2018|mois=janvier|auteur institutionnel=[[AllMusic]]|consulté le=13 janvier 2018}}.</ref>.

==== Collaborations et ''[[Crossover (musique)|crossover]]''<ref>''Crossover'' : anglicisme souvent importé directement en français dans de nombreux domaines. En musique, il désigne le métissage entre plusieurs styles musicaux pour faire évoluer la musique et croiser des univers différents afin de créer une œuvre et un style originaux. Paco de Lucía s'est illustré autant dans le style flamenco le plus pur que dans son métissage, notamment avec le jazz, la musique classique et d'autres style latins comme le tango, la salsa, le retour à la copla, etc.. Le terme "savant" équivalent en français est [[wikt:chiasmatypie|« chiasmatypie »]]. Voir aussi les équivalents indiqués sur le site [http://www.btb.termiumplus.gc.ca/tpv2alpha/alpha-fra.html?lang=fra&i=1&index=ent&__index=ent&srchtxt=crossover ''Termium''].</ref> ====
[[Fichier:Tres GUITARRISTAS (así, con mayúsculas).jpg|vignette|alt=Photographie en noir et blanc montrant trois guitaristes assis.|En 1981, un trio réunit les guitaristes [[John McLaughlin (musicien)|John McLaughlin]], [[Al Di Meola]] et Paco de Lucía.]]
[[Fichier:Camarón de la Isla y Paco de Lucía.jpg|vignette|alt=Peinture représentant un homme chantant et un guitariste|[[Camarón de la Isla]] et Paco de Lucía, par Antonio Guijarro Morales.]]

Parallèlement à la création d’une œuvre personnelle, Paco de Lucía collabore avec de nombreux musiciens de [[jazz]] et/ou guitaristes réputés : [[Larry Coryell]]<ref>{{Lien web|langue=en|auteur1=Tom Cole|auteur2=Otis Hart|titre=Guitarist Larry Coryell, Godfather Of Fusion, Dies At 73|éditeur=[[National Public Radio]]|année=2017|mois=février|url=https://www.npr.org/sections/therecord/2017/02/20/516245069/guitarist-larry-coryell-godfather-of-fusion-dies-at-73|consulté le=13 janvier 2018}}.</ref>, [[Chick Corea]], [[Carlos Santana]]<ref group="N">Voir par exemple la version de S''amba Pa' Ti'' en duo par Paco et Carlos.</ref>, [[Eric Clapton]]… En 1981, un trio réunit les guitaristes [[John McLaughlin (musicien)|John McLaughlin]], [[Al Di Meola]] et Paco de Lucía avec le disque en public ''[[Friday Night in San Francisco]]'' enregistré à l'issue d'une tournée mondiale<ref>{{Allmusic|class=artist|id=mn0000600228|label=Al Di Meola, Biography & History}}.</ref>{{,}}{{sfn|Pohren|1992|p=102|gr=B}}, qui se classe rapidement parmi les meilleures ventes historiques de disques de guitare instrumentale<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Raphael|nom1=Minder|titre=Paco de Lucía, Master Flamenco Guitarist, Dies at 66|périodique=[[The New York Times]]|date=2014-02-26|issn=0362-4331|lire en ligne=https://www.nytimes.com/2014/02/27/arts/music/paco-de-lucia-flamenco-guitarist-dies-at-66.html|consulté le=13 janvier 2018}}.</ref>. Réussite confirmée en 1983 par le succès de l'album ''Passion, Grace and Fire'' du même trio de guitares. Au contact de ces jazzmen, cet artiste, qui ne lit pas la musique, se familiarise avec les codes de l'[[Jazz|improvisation jazz]], basée sur une suite d'harmonies à respecter. En effet, l'improvisation flamenco a ses codes propres. Malgré ces difficultés, il apprend à jouer sur scène avec des spécialistes en la matière, au prix de maux de tête terribles, disait-il lui-même avec humour{{sfn|Meert|1994|loc={{Heure||15|00}}|gr=B}}, si ce n'est qu'il s'agissait d'une opération complexe : désapprendre des réflexes acquis pour les recomposer autrement, sans pour autant désorganiser en soi les conventions initiales{{sfn|Pohren|1992|p=101–104|gr=B}}.

Il a exploré à fond ces ouvertures sans jamais oublier son univers musical d'origine : il a continué à composer et enregistrer des albums plus nettement flamencos, et a partagé ses tournées dans le monde entier entre ses collaborations jazz et les tournées de son sextet de flamenco. Il s'est aussi associé à l'enregistrement de nombreux albums de la grande figure du chant flamenco [[Camarón de la Isla]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Elijah Wald|titre=Global Minstrels|éditeur=Routledge|année=2007|passage=185|isbn=978-0-415-97929-0|id=Wald2007}}.</ref>{{,}}{{sfn|Pohren|1992|p=90-91|gr=B}} : neuf albums co-réalisés de 1969 à 1977{{sfn|Buendía|2014|p=4|gr=B}}, puis cinq albums de Camarón où Paco apparaît, parfois avec [[Tomatito]], de 1981 à 2006 (dont un posthume<ref name=":13" />{{,}}<ref name="El Universal 2014">{{Article|langue=es|titre=''Canción andaluza'', disco póstumo de Paco de Lucía|périodique=[[El Universal (Mexique)|El Universal]]|date=2014|lire en ligne=http://archivo.eluniversal.com.mx/espectaculos/2014/disco-postumo-paco-de-lucia--990679.html|consulté le=2017-12-22}}.</ref> pour [[Camarón de la Isla|Camarón]] donc). Cette rencontre, artistique et amicale, fut décisive pour les deux artistes, mais aussi pour le flamenco car leur tandem et ses succès auront une grande influence sur l'évolution générale de cette musique<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Camaron De La Isla|url=https://www.universalmusic.fr/artiste/11093-camaron-de-la-isla/bio|auteur institutionnel=[[Universal Music France]]|année=2018|mois=janvier|consulté le=2017-12-23}}.</ref>. Paco en parle ainsi<ref name="Saosaudade2010"/> : {{citation|En tournée, nous partagions la même chambre d'hôtel. Nous étions très créatifs et avions de grands rêves. Je préférais le chant à la guitare. Pour lui, c'était l'inverse. Parfaitement complémentaires, nous improvisions des nuits entières [en échangeant les rôles].}}

==== Consécration et mort ====
[[Fichier:Paco de Lucia in 2010.jpg|vignette|gauche|alt=Photographie en plan rapproché d'un homme dans la maturité, assis, jouant de la guitare les yeux mi-clos, la guitare posée sur son genou droit, jambe repliée posée sur genou gauche, dans la posture habituelle pour la guitare flamenca. |Paco de Lucía, jouant toujours très concentré au ''Vito Jazz Festival'' en juillet 2010.]] 
Paco de Lucía a influencé de nombreux guitaristes de tous genres, au-delà même du flamenco, et a ouvert la voie à l'expression d'un [[nouveau flamenco]] qui élargit considérablement son audience à travers le monde<ref name=":12">{{Article|langue=fr|auteur1=François-Xavier Gomez|titre=Paco de Lucía, béatification d'un guitariste|périodique=[[Libération (journal)|Libération]]|année=2015|mois=octobre|jour=29|lire en ligne=http://next.liberation.fr/cinema/2015/10/29/paco-de-lucia-beatification-d-un-guitariste_1409634|consulté le=13 janvier 2018}}.</ref>{{,}}<ref name=":8">{{Lien web|langue=es|auteur=Miguel Mora|titre=Paco de Lucía, el genio que extendió el duende flamenco por el mundo|traduction titre=Paco de Lucía, le génie qui a répandu le duende flamenco dans le monde entier|éditeur=[[El País]]|année=2014|mois=février|jour=27|url=https://elpais.com/cultura/2014/02/26/actualidad/1393426383_691930.html|consulté le=19 janvier 2018}}.</ref>.

Plusieurs flamencologues, notamment [[Félix Grande]], qui lui a consacré un livre en partage avec le chanteur [[Camarón de la Isla|Camarón]], ainsi que Guillermo Castro Buendía<ref>{{Lien web|langue=es|auteur institutionnel=El arte de vivir el flamenco|titre=Guillermo Castro Buendía|url=https://elartedevivirelflamenco.com/guitarristas381.html|site=elartedevivirelflamenco.com|consulté le=2017-12-29}}.</ref>, qui a publié l'article {{citation étrangère|lang=es|Paco de Lucía y su importancia histórica}}{{sfn|Buendía|2014|gr=B}}, le considèrent comme le meilleur guitariste de toute l'histoire du [[flamenco]] et l'un des meilleurs guitaristes de l'histoire.

À l'automne 2004, Paco de Lucía reçoit à [[Oviedo]] le [[Prix Princesse des Asturies|prix Prince des Asturies]] des arts qui est le plus prestigieux d'Espagne<ref name=":9">{{Lien web|langue=es|auteur institutionnel=[[Fondation Princesse des Asturies]]|titre=Francisco Sánchez Gómez, Paco de Lucía|url=http://www.fpa.es/es/premios-princesa-de-asturias/premiados/2004-paco-de-lucia.html|année=2004|consulté le=13 janvier 2018}}.</ref>. Ce prix est accordé aux artistes de toutes disciplines et de toutes nationalités dont l’expression et l’œuvre représentent un apport décisif au [[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|patrimoine culturel de l’humanité]]. Le jury a estimé qu’il était {{citation|considéré comme le plus universel des artistes flamenco, son style a fait école parmi les plus jeunes générations et son art est devenu un des meilleurs ambassadeurs de la culture espagnole à travers le monde}}<ref name=":6">{{Article|langue=fr|titre=Le guitariste espagnol Paco de Lucia est parti vers sa légende|auteur=Jean-Yves Dana|périodique=[[La Croix]]|date=2014-02-26|issn=0242-6056|lire en ligne=https://www.la-croix.com/Culture/Musique/Le-guitariste-espagnol-Paco-de-Lucia-est-parti-vers-sa-legende-2014-02-26-1112491|consulté le=13 janvier 2018}}.</ref> et que {{citation|tout ce qui peut s'exprimer avec les six cordes d'une guitare peut sortir de ses mains, qui s'animent avec l'émouvante profondeur de la sensibilité}}. Selon la [[Fondation Princesse des Asturies|fondation Prince des Asturies]], {{citation|Paco de Lucía a dépassé les frontières et les styles, pour devenir un musicien de dimension universelle. À partir de la guitare flamenco, il a aussi exploré le répertoire classique espagnol, d'Isaac Albéniz à Manuel de Falla, l'émotion de la bossa nova et du jazz<ref name=":9" />}}. Il est le seul artiste de flamenco à avoir jamais reçu cette distinction.

Il devient [[Doctorat honoris causa|Docteur ''honoris causa'']] de l’[[université de Cadix]] en 2007, et du [[Berklee College of Music]] en 2010{{sfn|Marmande|2014|gr=B}}.

Paco de Lucía vivait jusqu'à sa mort à [[Palma|Palma de Majorque]] en Espagne, où un studio d'enregistrement était à sa disposition dans sa maison même<ref name=":6" />.

Il est mort le {{date-|25 février 2014}}, d'une [[Infarctus du myocarde|crise cardiaque]], à [[Playa del Carmen]], au [[Mexique]]<ref>{{lien web|langue=fr|auteur=Guillaume Schnee|titre=Le guitariste flamenco Paco de Lucía est mort|année=2014|mois=mars|jour=2|url=http://www.fipradio.fr/fip-actualite-le-guitariste-flamenco-paco-de-lucia-est-mort|éditeur=[[FIP (radio)|FIP]]|consulté le=13 janvier 2018}}.</ref>, où il passait des vacances (entre autres pour pratiquer une autre passion : l'exploration et la pêche sous-marines). À la presse, sa famille déclare : {{citation|Paco de Lucía a vécu comme il l'a voulu, et il est mort ainsi, jouant avec ses enfants au bord de la mer...}}<ref>{{Article|langue=es|titre=''Paco de Lucía vivió como quiso y murió jugando con sus hijos al lado del mar'', dice su familia|périodique=Semana|date=26 février 2014|lire en ligne=http://www.semana.es/muere-el-guitarrista-paco-de-lucia-a-los-66-anos-de-un-infarto-20140226-00145684/|consulté le=13 janvier 2017}}.</ref>.

[[File:Funeral Paco de Lucía (1).jpg|thumb|Amis et parents de Paco de Lucía portant son cercueil sur le chemin de l'[[Église Nuestra Señora de la Palma|église Notre-Dame de la Palma]] ([[Algésiras]], Andalousie, Espagne), le {{date-|1er mars 2014}}. En tête des porteurs à gauche, on reconnaît le guitariste flamenco [[Vicente Amigo]], l'un des nombreux amis et disciples de Paco.]]

À l'annonce de sa mort, [[Mariano Rajoy]] , [[président du gouvernement d'Espagne]], [[José Ignacio Wert]], [[Ministère de l'Éducation, de la Culture et des Sports (Espagne)|ministre de l'Éducation et de la Culture]] et [[Alfredo Pérez Rubalcaba]], chef du [[Parti socialiste ouvrier espagnol|principal parti d'opposition]] lui rendent un hommage public, tandis que la [[famille royale d'Espagne]] adresse ses condoléances à sa famille<ref>{{Lien web|langue=es|auteur institutionnel=[[Andalucía Televisión]]|traduction titre=La famille royale, Susana Díaz et Rajoy pleurent une perte|titre=Los Reyes, Susana Díaz y Rajoy lamentan la pérdida|année=2014|mois=février|jour=26|url=http://www.canalsur.es/los-reyes-susana-diaz-y-rajoy-lamentan-la-perdida/371008.html|site=www.canalsur.es|consulté le=21 janvier 2018}}.</ref>.

Le 28 février, date du Jour de l'Andalousie, [[Susana Díaz]], [[Président de la Junte d'Andalousie|présidente de la Junte d'Andalousie]], Manuel Gracia, président du [[Parlement d'Andalousie]], le chanteur [[Miguel Ríos]] et la chanteuse [[Estrella Morente]], réunis dans le [[théâtre de la Maestranza]] à [[Séville]], honorent la mémoire de l'artiste au cours d'une cérémonie officielle<ref>{{Lien web|langue=es|auteur institutionnel=eldiario.es|traduction titre=Susana Díaz et Miguel Ríos évoquent Paco de Lucía le Jour de l'Andalousie|titre=Susana Díaz y Miguel Ríos evocan a Paco de Lucía en el Día de Andalucía|année=2014|mois=février|jour=28|url=http://www.eldiario.es/politica/Susana-Miguel-Paco-Lucia-Andalucia_0_233777215.html|consulté le=21 janvier 2018}}.</ref>.

Son corps est rapatrié en Espagne, et enterré au vieux cimetière d'Algésiras, patio de San José, où reposent aussi ses parents<ref>{{Article|langue=es|prénom1=Miguel|nom1=Mora|titre=Algeciras da su último ole a Paco de Lucía|périodique=[[El País]]|date=2014-03-01|lire en ligne=https://elpais.com/cultura/2014/03/01/actualidad/1393634030_693162.html|consulté le=2017-12-22}}.</ref>.
Depuis, un mausolée y a été érigé en son honneur ainsi qu'une statue de bronze sculptée par Nacho Falgueras<ref>{{Article|langue=es|titre=Inaugurado en Algeciras el mausoleo de Paco de Lucía|périodique=Diario de Jerez|date=2 décembre 2014|lire en ligne=http://www.diariodejerez.es/ocio/Inaugurado-Algeciras-mausoleo-Paco-Lucia_0_867513318.html|consulté le=7 novembre 2017 }}.</ref>.

En 2014, l'année de sa mort, la [[Bienal de Flamenco]], à laquelle il avait participé en [[1984]] en tant que juge artistique sur le thème de la [[guitare]]<ref name="Bienal de Flamenco_1984">{{Lien web|langue=en|auteur institutionnel=[[Bienal de Flamenco]]|traduction titre=Biennale de Séville 1984|titre=Bienal de Flamenco 1984|année=2017|mois=décembre|jour=28|url=http://www.labienal.com/en/ano-1984/|site=www.labienal.com|consulté le=13 janvier 2017}}.</ref>, lui rend hommage<ref name="Bienal de Flamenco_2014">{{Lien web|langue=en|auteur institutionnel=[[Bienal de Flamenco]]|traduction titre=Biennale de Séville 2014|titre=Bienal de Flamenco 2014|année=2017|mois=décembre|jour=28|url=http://www.labienal.com/en/ano-2014/|site=www.labienal.com|consulté le=13 janvier 2017}}.</ref>, de même que le [[Festival de Flamenco de Jerez]]<ref>{{Lien web|titre=Paco de Lucia (1947-2014)|sous-titre=Hommage|url=http://flamenco-culture.com/article.html?category=2&rubrique=1&id=594|auteur institutionnel=Flamenco culture|site=flamenco-culture.com|date=26 février 2014|consulté le=13 janvier 2018}}.</ref> où une minute de silence est observée avant chaque spectacle.

Le {{date-|25 mars 2015}}, un projet d'extension de la [[Ligne 9 du métro de Madrid|ligne 9]] du [[Métro de Madrid|métro madrilène]], lancé en 2009, s'achève par l'inauguration d'un nouveau [[Terminus (dernier arrêt)|terminus]] : la [[Paco de Lucía (métro de Madrid)|station Paco de Lucía]]. Nommée en hommage au musicien qui habitait dans le quartier de Mirasierra, cette dernière abrite une fresque murale de {{unité|300 m 2}}, figurant un portrait de l'artiste<ref>{{Lien web|langue=en|auteur institutionnel=[[Railway Gazette International]]|traduction titre=Le métro de Madrid s'étend à Paco de Lucia|titre=Madrid Metro extended to Paco de Lucía|année=2015|mois=mars|jour=27|url=http://www.railwaygazette.com/news/single-view/view/madrid-metro-extended-to-paco-de-lucia.html|site=Railway Gazette|consulté le=31 décembre 2017}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=es|auteur= F. Javier Barroso|traduction titre=Mise en service de la station Paco de Lucía dans le quartier de Mirasierra|titre=Metro abre la estación de Paco de Lucía en el barrio de Mirasierra|jour=26|mois=mars|année=2015|url=https://elpais.com/ccaa/2015/03/25/madrid/1427306042_246229.html|site=[[El País]]|consulté le=31 décembre 2017}}.</ref>.

En 2017, [[Louis Winsberg]] et son groupe de jazz Jaleo lui rend hommage dans un album intitulé ''For Paco''<ref>{{Lien web|titre=Louis Winsberg-Jaleo pour Paco|url=http://flamenco-culture.com/article.html?category=2&rubrique=1&id=823|auteur institutionnel=Flamenco culture|site=flamenco-culture.com|date=4 février 2017|consulté le=2018-01-04}}.</ref>.

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Paco de Lucía lápida 1.JPG|Pierre tombale de Paco de Lucía au vieux cimetière d'[[Algésiras]].|alt=Photographie d'une pierre tombale horizontale recouverte de fleurs.
Spain, Seville - tribute to Paco de Lucia 2014.jpg|Hommage officiel rendu à Paco de Lucía (Séville, 2014).|alt=Photo couleur de l'intérieur d'une salle de conférence. Sur un tapis vert formant la scène, une dizaine de personnes se tiennent debout les mains jointes, le visage tourné vers un grand écran sur lequel est projetée l'image (fond noir) d'un homme barbu, assis, tenant une guitare. Des spectateurs sont assis au premier plan.
Metro de Madrid - Paco de Lucía 02.jpg|[[Paco de Lucía (métro de Madrid)|Station de métro Paco de Lucía]], {{Nobr|à [[Madrid]]}}.|alt=Photo couleur d'une fresque murale dans une station de métro. Elle figure le visage d'un jeune homme partiellement composé de triangles de diverses couleurs.
Escultura de Paco de Lucía 05.jpg|Statue de Paco de Lucia à Algésiras, œuvre du sculpteur Nacho Falgueras.|alt=Photographie d'une statue de guitariste assis croisant ses jambes et tenant sa guitare en mains.
</gallery>

== Influences et apports ==
[[Fichier:Paco de Lucia y Camarón.jpg|vignette|alt=Peinture représentant, sur fond rouge, un homme chantant et un guitariste.|''Camarón y Paco''.<br />Peinture Fernando Apodaca.]]
J. M. Valenzuela résume ainsi l'apport de Paco de Lucía :

{{Citation bloc|Dans le monde de la musique il y a peu de figures indiscutables, peu de génies capables de durer des décennies sans recevoir une seule critique négative. Le cas de Paco de Lucía est, probablement, unique. […] Dans les années 1960, ses travaux (ou parutions) avec ses frères Pepe de Lucía et Ramón de Algeciras et, surtout, le retentissement que connut la paire qu'il a formée avec Camarón de la Isla, ont totalement bouleversé la manière de voir, interpréter et écouter le flamenco. Dans les [[Palo (flamenco)|''palos'']] classiques ont infusé (se sont faufilés) de nouveaux rythmes, de nouvelles harmonies et même de nouveaux instruments. Paco et Camarón ont redéfini le genre et l'ont fait sortir du ''[[tablao]]'' pour porter leur musique dans les plus grandes enceintes.|J. M. Valenzuela, Un revolucionario de la guitarra, ''[[El País]]'', {{date-|14 juillet 2014}}{{Note|group=vo|texte={{citation étrangère|langue=es|En el mundo de la música hay pocas figuras indiscutibles, pocos genios capaces de sobrevivir durante décadas sin recibir una mala crítica. El caso de Paco de Lucía es, probablemente, único. […] En los años 60, sus trabajos con sus hermanos [[Pepe de Lucía]] y Ramón de Algeciras y, sobre todo, la explosión que supuso la pareja que formó con Camarón de la Isla, dieron un vuelco al modo de ver el flamenco, al modo de interpretarlo y al modo de escucharlo. En los palos clásicos se colaron nuevos ritmos, nuevas armonías, y hasta nuevos instrumentos. Paco y Camarón redefinieron el género y salieron del tablao para llevar su música a los grandes recintos.}}}}{{,}}<ref name="Valenzuela">{{Article|langue=es|auteur1=J. M. Valenzuela|titre=Un revolucionario de la guitarra|périodique=[[El País]]|date=14 juillet 2004|lire en ligne=https://elpais.com/cultura/2004/07/14/actualidad/1089756007_850215.html|consulté le=3 novembre 2017}}.</ref>.}}

=== Place dans l'évolution de la guitare flamenca ===
==== Convergence ====
Paco de Lucía, selon ses propres dires, même s'il fut d'abord l'élève de son père puis d'[[El Titi de Marchena]]<ref name=":11" /> (cousin germain de Melchor de Marchena, autre guitariste connu adepte du ''toque gitano'', jeu de style gitan), a surtout reçu l'influence de deux écoles distinctes de jeu pour la guitare flamenca. C'est d'abord celle d'el [[Niño Ricardo]] (1904-1972), considéré comme une des figures les plus éminentes de la [[guitare flamenca]] et précurseur le plus direct de Paco de Lucía ({{Citation|Ricardo avait une expression, une créativité que pas même Sabicas ne possédait}} selon Paco de Lucía{{sfn|Sánchez|2014|loc={{Heure||23|30}}|gr=B|id=Sanchez2014}}). Puis vient celle de [[Sabicas]] (1912-1990), qu'il considérait comme son influence majeure pour la beauté du son, le développement, le perfectionnement et l'innovation technique dans le jeu de la guitare flamenca enfin considérée comme instrument de concert soliste<ref>{{Lien web|langue=es|titre=Un encuentro con Sabicas (1907-1990) - Entrevista histórica - Mona Morlasky 1990|url=https://www.deflamenco.com/revista/entrevistas/un-encuentro-con-sabicas-1907-1990-entrevista-historica-mona-morlasky-1990-1.html|site=www.deflamenco.com|consulté le=2018-01-24}}.</ref>. Auparavant, la guitare était plutôt un instrument d'accompagnement des ''{{langue|es|cantaores}}''<ref>{{Lien web|langue=es|auteur=Clara de la Flor|traduction titre=Paco de Lucía, le génie du flamenco|titre=Paco de Lucía, el genio flamenco|année=2018|mois=janvier|jour=26|url=https://hablacultura.com/cultura-textos-aprender-espanol/artes-escenicas/paco-de-lucia/|éditeur=[[Ministère de l'Éducation, de la Culture et des Sports (Espagne)|Ministère de l'Éducation, de la Culture et des Sports]]|consulté le=26 janvier 2018}}.</ref>, même si l'on intercalait déjà depuis longtemps des parties en solo, des phrases mélodiques et lyriques nommées ''{{langue|es|falsetas}}'', pendant les suspensions du chant{{sfn|Meert|1994|loc={{Heure||13|40}}|gr=B}}.

Sabicas et Paco de Lucía ont parachevé et synthétisé ce mouvement d'émancipation et de singularisation de la guitare flamenca, dans une longue et double lignée d'intention qui avait été probablement initiée dès le {{s-|XIX}} : d'un côté par le [[José Patiño González|Maestro Patiño]] (1829-1902)<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur institutionnel=Ministère du Tourisme et des Sports de la [[Junte d'Andalousie]]|titre=Maestro Patiño|url=http://www.andalucia.org/fr/flamenco/artists/maestro-patino/|site=www.andalucia.org|consulté le=14 janvier 2018}}.</ref>, passant le témoin successivement à [[Paco El Barbero]]<ref>{{Lien web |titre=Paco el Barbero |url=https://elartedevivirelflamenco.com/guitarristas216.html |site=El arte de vivir el flamenco |consulté le=12 novembre 2017}}.</ref> (1840-1910), lequel donne en 1885 des récitals de guitare mêlant des pièces de guitare flamenca et de guitare classique, puis à Javier Molina<ref>{{Lien web|langue=fr+es|auteur institutionnel=Ministère du Tourisme et des Sports de la [[Junte d'Andalousie]]|titre=Javier Molina|url=http://www.andalucia.org/fr/flamenco/artists/javier-molina/|site=www.andalucia.org|consulté le=14 janvier 2018}}.</ref> (1868-1956), à Rafael del Águila<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur institutionnel=Ministère du Tourisme et des Sports de la [[Junte d'Andalousie]]|titre=Rafael del Águila|url=http://www.andalucia.org/fr/flamenco/artists/rafael-del-aguila/|site=www.andalucia.org|consulté le=14 janvier 2018}}.</ref> (1900-1976), puis à la saga des Morao de Jerez (dont [[Moraíto Chico]]<ref>{{Lien web|titre=Moraíto Chico: Estandarte y compás del toque jerezano|url=https://uah-chs.blogspot.fr/2013/06/moraito-chico-estandarte-del-mas-puro.html|site=uah-chs.blogspot.fr|consulté le=2018-01-24}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=es|prénom1=Ángeles|nom1=Castellano Gutierrez|titre=Moraíto Chico, el toque que buscaban los cantaores|périodique=[[El País]]|date=11 août 2011|lire en ligne=https://elpais.com/diario/2011/08/11/necrologicas/1313013602_850215.html|consulté le=25 janvier 2018}}.</ref>, 1956-2011) constituant peu à peu ce que l'on a appelé le {{traduction|langue=es|1=toque jerezano|2=jeu de guitare de Jerez}}, marqué par un traitement privilégié et particulier du rythme. De l'autre côté, cette évolution du style guitaristique flamenco est entrée en résonance, et même en confluence chez Sabicas et Paco<ref>{{Ouvrage|langue=es|auteur1=Norberto Torres Cortés|titre=Guitarra Flamenca, Vol. I, Lo Clásico|passage=70-72 et 140-142|lieu=Madrid|éditeur=Signatura Ediciones (de flamenco)|date=2004|pages totales=204|isbn=84-9621-029-4|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=I9sFMCozMRsC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false}}.</ref>, avec une autre lignée, celle qui empruntait de plus en plus de traits et de techniques, d'éléments mélodiques à la guitare classique espagnole<ref>{{Ouvrage|langue=es|auteur1=Norberto Torres Cortés|traduction titre=Histoire de la guitare flamenca : le sillon, le rythme et la mesure|titre=Historia de la guitarra flamenca : el surco, el ritmo y el compás|lieu=Madrid|éditeur=Almuzara|date= 2005|pages totales=145|isbn=84-9641-658-5}}.</ref>, et qui fut illustrée d'abord par [[Miguel Borrull]] (1866-1926, élève du compositeur espagnol, père de la guitare classique moderne, [[Francisco Tárrega]])<ref>{{Ouvrage|langue=es|prénom=Ignacio|nom= Ramos Altamira|éditeur= Editorial Club Universitario|titre= Historia de la guitarra y los guitarristas españoles|année=2005|isbn= 84-8454-458-3|passage=80, 99, 168}}.</ref>, puis par les Montoya : [[Ramón Montoya]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=D. E. Pohren|titre=Lives and Legends of Flamenco|passage=273-277|lieu=Madrid|date=1964-1988}}.</ref> (1879-1949), un des premiers « concertistes classiques », seul en scène, de la guitare flamenca<ref name=":1">{{Lien web|langue=es|titre=La guitarra, última en incorporarse- Web oficial de turismo de Andalucía|url=http://www.andalucia.org/es/flamenco/la-guitarra-ultima-en-incorporarse/|site=www.andalucia.org|consulté le=2018-01-27}}.</ref>, lui-même inspiré par [[Miguel Llobet]] l'un des guitaristes classiques les plus notoires de son temps<ref>{{Lien web|titre=Ramón Montoya|url=https://elartedevivirelflamenco.com/guitarristas2.html|site=el arte de vivir el flamenco|consulté le=25 janvier 2018}}.</ref> ; puis son neveu [[Carlos Montoya]] (1903-1993) et [[Niño Ricardo]]<ref>{{Lien web|langue=es|auteur institutionnel=El Arte de Vivir el Flamenco|titre=Niño Ricardo -Guitarristas|url=https://elartedevivirelflamenco.com/guitarristas5.html|site=elartedevivirelflamenco.com|consulté le=2018-01-26}}.</ref>. Après Sabicas et Paco de Lucía, inventeurs de nouveaux standards de jeu et de nouvelles références avec les Sanlúcar et les Habichuela, les guitaristes de la génération suivante ont bien sûr prolongé cette voie d'émancipation de la guitare flamenca, parmi lesquels on peut distinguer entre autres comme héritiers directs : [[Tomatito]]<ref>{{Lien web|nom1=Hidalgo|prénom1=Fran|titre=José Fernández 'Tomatito' - Los cien almerienses del siglo XX|url=http://canales.ideal.es/almerienses/tomatito.html|site=canales.ideal.es|consulté le=2018-01-24}}.</ref> (1958), [[Gerardo Núñez]]<ref name=":1" /> (1961), [[Rafael Riqueni]] (1962){{sfn|Buendía|2014|p=3|gr=B}}, [[Vicente Amigo]]<ref>{{Lien archive|titre=Flamenco, Vicente Amigo|horodatage archive=20120119155857|url=https://www.flamenco-world.com/tienda/autor/vicente-amigo/215/|date=2012-01-19|consulté le=2018-01-25}}.</ref> (1967), [[Diego del Morao]]<ref>{{Lien web|titre=Diego Moreno Jiménez [Diego del Morao]|url=http://www.flamenco-culture.com/artiste.html?art_id=102|site=www.flamenco-culture.com|consulté le=2018-01-25}}.</ref> (1978).

[[Fichier:Juan el de la Vara con Paco de Lucía.jpg|vignette|alt=Photographie en noir et blanc montrant un chanteur accompagné d'un guitariste.|Juan el de la Vara accompagné par Paco de Lucía en 1972.]]
Parallèlement au rôle que ces éminents solistes ont joué dans cette création de la guitare flamenca comme instrument autonome, parfois même auto-suffisant, au centre de la scène, il faut remarquer qu'ils n'ont jamais délaissé leur rôle d'accompagnateur pour les plus grands ''cantaores'' de leur temps, jusqu'à constituer des duos fameux : par exemple Miguel Borrull, Javier Molina ou surtout Ramón Montoya pour [[Antonio Chacón]]<ref>{{Lien web|langue=es|titre=Antonio Chacón García - Ateneo de Córdoba|url=http://ateneodecordoba.com/index.php/Antonio_Chac%C3%B3n_Garc%C3%ADa|site=ateneodecordoba.com|consulté le=2018-01-27}}</ref> ; encore Ramón Montoya pour [[la Niña de los Peines]] ; Juan Gandulla Habichuela ou Miguel Borrull ou Javier Molina pour [[Manuel Torre]]<ref>[https://web.archive.org/web/20080128165408/http://www.apaloseco.com/article/voix-anciennes_manuel_torre/ Pierre Lefranc ''Manuel Torre (1878-1933)'' 78 tours] apaloseco.com</ref> ; [[Melchor de Marchena]] pour [[Manolo Caracol]] ou [[Antonio Mairena]]{{sfn|Pohren|1992|p=69-70|gr=B}} ; Sabicas pour [[Carmen Amaya]] ; [[Manolo Sanlúcar]] et [[Pepe Habichuela]] pour [[Enrique Morente]] ; Moraíto Chico pour [[José Mercé]] ; Vicente Amigo pour [[El Pele]], [[Miguel Poveda]], [[Potito]] (pour ''Amoralí)'' et de nombreux autres ; Diego del Morao pour [[La Macanita]], [[Diego el Cigala]] ou [[Niña Pastori]] ; bien sûr Paco de Lucía, puis Tomatito et Vicente Amigo pour [[Camarón de la Isla|Camarón]]<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Camarón de la Isla. Flamenco,Musique.Biographie et œuvres sur Spain is Culture.|url=http://www.spainisculture.com/fr/artistas_creadores/camaron_de_la_isla.html|site=www.spainisculture.com|consulté le=2018-01-20}}.</ref> ; de même que l'accompagnement de danseuses comme celui de Carlos Montoya pour [[La Argentina (danseuse)|La Argentina]] puis [[La Argentinita]]. Au début de sa carrière, Paco de Lucía, avait été sollicité pour accompagner des ''cantaores'' de la génération précédente ou déjà installés dans le paysage flamenco du début des [[années 1960]], comme [[Fosforito]]{{sfn|Pérez Custodio|2005|p=79|gr=B}} (aussi en 2013, pour son album « testament » : ''Cante y guitarra''), ou encore [[El Lebrijano]]{{sfn|Pérez Custodio|2005|p=79|gr=B}}, Porrina de Badajoz, [[Naranjito de Triana]], María Vargas, El Chato de La Isla{{sfn|Buendía|2014|p=4|gr=B}}. Dans les années 2000, il a aussi accompagné des ''{{langue|es|cantaores}}'' et ''{{langue|es|cantaoras}}'' de la nouvelle génération comme [[Duquende]] (pour l'album ''Samaruco'' en 2000<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur institutionnel=Ministère du Tourisme et des Sports de la [[Junte d'Andalousie]]|titre=Duquende|année=2018|mois=janvier|url=http://www.andalucia.org/fr/flamenco/artists/duquende/|site=www.andalucia.org|consulté le=26 janvier 2018}}.</ref>), [[Miguel Poveda]] (notamment pour son album ''ArteSano'' en 2012)<ref>{{Lien web|langue=es|auteur institutionnel=[[La Vanguardia]]|traduction titre=Miguel Poveda publie ''ArteSano'', un album « artisanal et plein de couleurs »|titre=Miguel Poveda publica 'ArteSano', un disco "artesanal y con mucho colorido"|jour=22|mois=mars|année=2012|url=http://www.lavanguardia.com/cultura/20120322/54275201299/miguel-poveda-publica-artesano-un-disco-artesanal-y-con-mucho-colorido.html|site=www.lavanguardia.com|consulté le=26 janvier 2018}}.</ref>, [[Montse Cortés]]<ref>{{lien web|langue=fr|auteur institutionnel=[[FIP (radio)|FIP]]|titre=Paco de Lucía « cositas buenas »|année=2014|mois=mars|jour=2|url=http://www.fipradio.fr/decouvrir/cositas-buenas-6053|consulté le=26 janvier 2018}}.</ref>, [[Estrella Morente]]<ref name=":13">{{lien web|langue=fr|auteur=Guillaume Schnee|titre=Ecoutez Cancion Andaluza l'ultime album de Paco de Lucia|année=2014|mois=août|jour=12|url=http://www.fipradio.fr/actualites/ecoutez-cancion-andaluza-l-ultime-album-de-paco-de-lucia-14145|éditeur=[[FIP (radio)|FIP]]|consulté le=14 janvier 2018}}.</ref> entre autres.

Paco de Lucía a porté à son plus haut niveau d'incandescence cette synthèse que [[Sabicas]], après les Montoya et [[Niño Ricardo]], avait réussi à établir pour asseoir la place de la guitare dans la [[scénographie]] culturelle et historique du flamenco : au centre, mais solitaire. {{citation|Avant eux, les guitaristes du flamenco passaient inaperçus, accompagnateurs anonymes des chanteurs et danseurs<ref name="Jamet_2014_02_26">{{lien web|langue=fr|auteur=Marie Jamet|titre=Paco de Lucía, père de toutes les révolutions de la guitare flamenco|éditeur=[[Euronews]]|date=2014-02-26|url=http://fr.euronews.com/2014/02/26/paco-de-lucia-pere-de-toutes-les-revolutions-de-la-guitare-flamenco|consulté le=14 janvier 2018}}.</ref>}}<ref name="ElTelegrafo_2014_11_10">{{Lien web|langue=es|auteur=Freddy Russo|traduction titre=Paco de Lucía, le magicien du flamenco|titre=Paco de Lucía, el Mago del flamenco|jour=10|mois=novembre|année=2014|url=http://www.eltelegrafo.com.ec/noticias/carton-piedra/34/paco-de-lucia-el-mago-del-flamenco|éditeur=El Telégrafo|consulté le=30 janvier 2018}}.</ref>. Désormais, à côté du chant et de la danse, la musique du guitariste est une composante à part entière du flamenco{{sfn|Meert|1994|loc={{Heure||13|40}}|gr=B}}.

==== Approfondissement ====
[[Fichier:PacoPena-Sabicas.png|vignette|gauche|alt=Photographie en noir et blanc montrant deux hommes posant devant une porte.|Les guitaristes Paco Peña et [[Sabicas]] à [[Cordoue]], devant l'école du premier.]]Assumant totalement cet héritage, mais en l'élargissant, Paco de Lucía garde cette place centrale à la guitare. Mais il en fait comme le point de [[focale]] convergente et l'élément structurant d'un ensemble plus vaste et plus collectif, intégrant un groupe de musiciens élargi, introduisant des instruments nouveaux, investissant le concept de groupe emprunté à l'univers du jazz et à la scène rock, recréant l'espace flamenco comme spectacle total par le dialogue interpersonnel que la guitare, maître du jeu, noue successivement avec chacune des composantes de l'art flamenco. Il approfondit les innovations de Sabicas à la guitare et les met en synergie avec ces divers éléments<ref name="Jamet_2014_02_26" />.

La contribution de Sabicas au flamenco était double. D'un côté, il élargissait la technique de la [[guitare flamenca]] : il a inventé, par exemple, le [[Battement (instruments à cordes pincées)|battement]] à trois doigts seulement de l'accord plaqué et rythmique ou frotté « au galop », ou l’''[[alzapúa]]'' sur une seule corde (au lieu d'un accord) en réponse à la corde libre<ref name="ElTelegrafo_2014_11_10" />. De l'autre côté, Sabicas se distinguait pour la première fois dans le flamenco comme un compositeur à part entière, parce que ses œuvres ne se présentaient plus comme une suite de ''falsetas'' semi-improvisées réunies en un thème unique pouvant se passer de parties chantées, mais se caractérisaient par une structure mélodique (exposition/variations/reprises), rythmique et harmonique parfaitement cohérente du début à la fin du morceau, tout comme une œuvre classique. Ceci ne s'était quasiment jamais fait dans le flamenco, à l'exception de quelques tentatives isolées de contemporains, par exemple [[Esteban de Sanlúcar]] (1910-1989), dans des créations comme {{traduction|langue=es|1=Mantilla de feria|2=Mantille de fête}} ou {{traduction|langue=es|1=Panaderos flamencos|2=Boulangers flamencos}}. Ainsi les prestations scéniques de Sabicas manifestaient un art parvenu à sa maturité : technique accomplie, sonorité puissante à forte pulsation (il préférait souvent jouer en scène sans aucun micro), qualité, ambition et originalité des compositions.

[[Fichier:Andrey Ostapenko, guitarist.jpg|vignette|redresse|Placement de la guitare par un instrumentiste classique.|alt=Photo couleur d'un homme tout de noir vêtu, assis, de face, en train de jouer de la guitare.]]

Paco de Lucía a repris l'ensemble de ces éléments et de ces acquis de son aîné, en les accentuant<ref name="Jamet_2014_02_26" />. Parmi les innovations techniques apportées par Paco, la plus visible est le placement de son instrument à l'horizontale, la [[caisse de résonance]] reposant sur sa cuisse droite, la jambe droite repliée sur sa jambe gauche, contrairement à la pratique antérieure. Dans cette position, moins rigide et plus stable, la guitare s’éloigne du corps et laisse plus de place à la main gauche sur le manche. Cela permet de jouer des mélodies et des accords jusque-là impossibles<ref name="Jamet_2014_02_26" />{{,}}<ref name="ElTelegrafo_2014_11_10" />{{,}}{{sfn|Rioja|2017|p=61-65|gr=B}}. Lorsque, dans les années 1960, Paco a fait son entrée sur la scène de la musique flamenco, les techniques distinctives de la guitare flamenca étaient déjà fermement établies. Le ''picado'', l{{'}}''alzapúa'', le [[trémolo]], le ''rasgueado'' et les [[arpège]]s formaient l'arsenal de base du guitariste flamenco<ref name="VictorCoelho_2003_16_20">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Victor Coelho|directeur1=oui|titre=The Cambridge Companion to the Guitar|éditeur=[[Cambridge University Press]]|lieu=[[Cambridge]]|collection=Cambridge Companions to Music|année=2003|pages totales=264|passage=16-20|ean=9780521000406|isbn=0521000408}}.</ref>. Dès sa première création artistique en solo, ''La fabulosa guitarra de Paco de Lucía'', il a démontré non seulement sa maîtrise du rythme et du [[Contrepoint rigoureux|contrepoint]], mais surtout sa vélocité dans l'exécution d{{'}}''alzapúas'' et de ''picados''{{sfn|Pohren|1992|p=76-77|gr=B}}{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=es|auteur=Mercedes García Plata|titre=Camarón de la Isla, 1969-1992|sous-titre=entre Tradición y Evolución|éditeur=Conseil provincial de Cadix|lieu=[[Cadix]]|année=2002|pages totales=326|passage=46|isbn=9788495388391|oclc=433276593}}.</ref>. Son deuxième album en solo, ''Fantasía flamenca de Paco de Lucía'', a dévoilé son art du silence pour nuancer l'émotion qu'il souhaitait transmettre, et la clarté de ses rapides trémolos{{sfn|Pohren|1992|p=76-77|gr=B}}. À l'image de son prédécesseur Sabicas{{sfn|Rioja|2017|p=75|gr=B}}, dont la virtuosité est reconnue{{sfn|Rioja|2017|p=73-74|gr=B}}, Paco s'est forgé une solide réputation d'habile technicien de la guitare grâce, en particulier, à la rapidité de ses ''picados''{{sfn|Pohren|1992|p=129, 162|gr=B}}{{,}}<ref name="TheWashingtonPost_2014_02_27" />. Son pouce de la main droite orienté vers la paume et ses [[Phalange (os)|phalanges]] intermédiaires recourbées vers l'intérieur de la main lui permettraient de développer davantage de puissance qu'un Sabicas qui maintenait ses doigts raides<ref>{{Article|langue=en|auteur=Adam Del Monte|titre=The Practice of Picado|traduction titre=La pratique du picado|périodique=Flamenco Guitar Magazine|année=2015|numéro=1|titre numéro=Who is the next Paco?|passage=13|consulté le=2018-01-20}}.</ref>. L'instrumentiste d'Algésiras a aussi innové de sa main gauche, du côté du manche de la guitare, dans la pratique du [[glissando]] et des tirés de cordes<ref name="VictorCoelho_2003_16_20" />.

==== Ouverture ====
[[Fichier:Paco de lucia 2007.jpg|vignette|alt=Photographie en noir et blanc d'un homme assis jouant de la guitare, une cigarette aux lèvres.|Paco de Lucía en [[Arles]] (France) avant un concert avec [[John McLaughlin (musicien)|John McLaughlin]].]]

La plus grande contribution de Paco de Lucía au flamenco est d'avoir réussi à le populariser et à l'internationaliser sans lui faire perdre son âme<ref name=":8" />.

Il mêle le flamenco à d'autres styles de musique qui, bien que de structures mélodiques et rythmiques différentes, peuvent vibrer avec lui. D'abord, la plupart des [[Musique latine|musiques latines]] et latino-américaines, mais aussi le [[jazz]], le [[jazz fusion|jazz-rock]], le [[Rock en espagnol|latin-rock]], la [[Pop (musique)|pop musique]], les musiques arabe et indienne. Certes, il n'est pas le seul ni le premier à l'avoir fait : certains l'ont précédé, accompagné ou suivi sur ce chemin, comme le guitariste [[Pepe Habichuela]]<ref>{{Article|langue=fr|titre=Pepe Habichuela - Flamenco On Fire|périodique=Flamenco On Fire|date=2017|lire en ligne=http://www.flamencoonfire.org/fr/programa/pepe-habichuela/|consulté le=2018-01-16}}.</ref>, ou les ''cantaores'' [[Enrique Morente]]<ref>{{Lien web| url = https://www.ledevoir.com/culture/actualites-culturelles/312970/deces-d-enrique-morente-l-une-des-grandes-voix-du-flamenco | titre = Décès d'Enrique Morente, l'une des grandes voix du flamenco | date = 14 décembre 2010 | site =[[Le Devoir]] | éditeur = [[Agence France-Presse|AFP]]| consulté le = 16 janvier 2018
}}.</ref>, [[Duquende]][[Diego el Cigala|, Diego El Cigala]], [[Concha Buika|Buika]]<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=François-Xavier Gomez|titre= Buika, gitane d'Afrique|url=http://www.liberation.fr/culture/0101112009-buika-gitane-d-afrique|date=2 octobre 2007|périodique=Libération|consulté le=16 janvier 2018}}.</ref>, [[Miguel Poveda]]. Mais il est certainement celui qui a donné le plus d'ampleur à ce mouvement. En témoignent les nombreuses collaborations de Paco de Lucía avec de grandes vedettes de la scène jazz-rock de l'époque (comme on l'a vu ci-dessus à la section Collaborations et ''[[Crossover (musique)|crossover]]'') ; comme il était très demandé, cela lui a ouvert les plus grandes scènes des festivals du monde entier<ref>{{Article|langue=fr|auteur=Thierry Hillériteau |titre=Paco de Lucia : l'hommage au Jimi Hendrix du flamenco|périodique=[[Le Figaro]]|date=2014-02-26|lire en ligne=http://www.lefigaro.fr/musique/2014/02/26/03006-20140226ARTFIG00266-paco-de-lucia-l-hommage-au-jimmy-hendrix-du-flamenco.php|consulté le=2017-12-19}}.</ref>.

Il a ainsi ouvert la voie aux expérimentations et fusions regroupées dans le courant du [[Nouveau flamenco|nouveau flamenco (ou ''flamenco nuevo'')]], mais aussi à d'autres tentatives en provenance d'artistes d'autres univers musicaux qui se rapprochent du flamenco pour « faire ensemble un bout de chemin », ou pour déceler des correspondances secrètes et anciennes dans le précieux [[palimpseste]] des musiques du monde, comme avec les musiques indiennes {{incise|n'oublions pas que les Gitans seraient venus, depuis l'an 1000 environ, du nord-ouest du sous-continent indien, arrivant en Europe comme en Espagne au {{s-|XV}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur=[[Edmond Jouve]]|titre=Relations internationales|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|lieu=[[Paris]]|collection=Collection Premier cycle|année=1992|pages totales=479|passage=194|ean=9782130445319|isbn=2130445314|oclc=300912008|bnf=35507533}}.</ref>}}, lorsque la sitariste [[Anoushka Shankar]] (album [[Traveller (album d'Anoushka Shankar)|''Traveller'']] en 2011) reconduit dans l'autre sens avec Pepe Habichuela et d'autres musiciens flamencos le geste qui avait conduit Paco de Lucía à rencontrer son père, [[Ravi Shankar]], et à marier le son de la guitare flamenca avec celui du [[sitar]]{{note|name="RTE1976"|group="N"|Un témoignage vidéo{{sfn|Quintero, De la Vega|1976|loc={{Heure||32|00}}|gr=B|id=VegaQuintero1976}} immortalise ce dialogue entre Paco de Lucía et le maître indien du sitar. Ce dernier évoque les styles de ragas qui selon lui gardent la trace d'une parenté entre la musique traditionnelle de l'Inde et la musique flamenca. On trouve aussi dans cette émission quelques beaux solos de Paco, Paco accompagnant Camarón et la bailaora Manuela Carrasco, des prestations de la chanteuse de [[copla]]s [[Marifé de Triana]], et de la cantatrice [[Victoria de los Ángeles]], enfin le compositeur et chef d'orchestre français [[Paul Mauriat (musicien)|Paul Mauriat]] qui a arrangé pour orchestre la fameuse rumba de Paco ''Entre dos aguas''. Ainsi que l'anecdote de la création improvisée de cette rumba, et quelques allusions discrètes de Paco à la situation politique qui lui coûteront cher.}}.

Le cadre traditionnel du flamenco dans les ''{{langue|es|tablaos}}'' était relativement immuable : un(e) ''cantaor''(''a''), un(e) ''bailaor''(''a''), un guitariste, parfois accompagné d'une seconde guitare, les percussions étant prises en charge exclusivement par les [[Palmas (flamenco)|''palmas'']] (frappe des mains), le ''{{langue|es|taconeo}}'' (claquettes), les [[castagnettes]]. Avec la création de son [[sextuor|sextet]], empruntant le concept de groupe à l'univers du jazz et à la scène rock, Paco fait exploser ce cadre, ou lui fait exprimer tout autre chose. Ce sextet était composé de membres quasiment permanents, que rejoignaient selon l'opportunité divers autres musiciens : outre Paco et sa guitare, il y avait ses frères, Ramón de Algeciras (deuxième guitare) et Pepe de Lucía (''cante''), puis [[Carles Benavent]] (basse), [[Jorge Pardo (musicien)|Jorge Pardo]] (flûte, saxophone), et [[Rubem Dantas]] (percussions).

Au gré des évolutions et des concerts comme au fil du temps, le sextet de Paco de Lucía, à peu près permanent, s'est élargi et a invité de nombreux autres artistes, parmi lesquels [[Antonio Serrano (musicien)|Antonio Serrano]] (harmonica, claviers), ou à la guitare [[Juan Manuel Cañizares]], [[José María Bandera Sánchez]] (neveu de Paco), Antonio Sanchez Palomo, à la basse Álvaro Yébenes, Alain Perez, au chant (''{{langue|es|cante}}'') David de Jacoba, [[Duquende]], [[Montse Cortés]], Rafaelito Utrera, à la danse (''{{langue|es|baile}}'') [[Joaquín Grilo]], Farru, aux percussions El Piraña. À plusieurs reprises, soit sur ses propres disques, soit sur ceux de ''Dolores''<ref name=":4">{{Lien web|langue=es|titre=Dolores|auteur institutionnel=Asociación Cultural Arabiand Rock|url=http://www.arabiandrock.org/dolores.html|site=Arabiand Rock|consulté le=14 janvier 2018}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=es|titre=Dolores|sous-titre=Dream team del jazz fusión madrileño|url=http://lafonoteca.net/grupos/dolores/|auteur=Julián Molero|année=2011|mois=juin|jour=15|site=La Fonoteca|consulté le=14 janvier 2018}}.</ref>, groupe de jazz-rock des années 1970, Paco a collaboré avec son fondateur le batteur et chanteur [[Pedro Ruy-Blas]]. Il a partagé la scène aussi avec [[Rubén Blades]] (le chanteur de [[salsa]] panaméen), et avec de nombreux autres.

Mais l'expérimentation musicale était l'objectif, et Paco est resté maître du jeu, assez loin de toute visée commerciale ou iconoclaste. En 1986, comme le rapporte son fils Curro dans une interview de 2015, Paco de Lucía est approché par [[Ronnie Wood]], le guitariste des [[The Rolling Stones|Rolling Stones]], qui l’avait entendu jouer avec [[Bryan Adams]], et qui voulait faire quelque chose d’important avec lui. {{Citation bloc|Pour le convaincre, il lui a fait suivre trois disques des Stones. Quand mon père a écouté, il a dit quelque chose comme :  « Ces gars-là ont sans doute du talent, mais ils sont trop bruyants pour moi, cette façon de jouer, ce n’est pas mon truc.» La proposition avait beau être alléchante financièrement, il l’a déclinée.|Curro Sánchez Varela, interviewé par Anne Berthod le {{date-|4 novembre 2015}} pour le magazine ''[[Télérama]]''<ref name=":5">{{Lien web|auteur=Anne Berthod|titre=''Paco de Lucía, légende du flamenco'' : la face inconnue de l'illustre Andalou|url=http://www.telerama.fr/cinema/paco-de-lucia-legende-du-flamenco-la-face-inconnue-de-l-illustre-andalou,133759.php|éditeur=[[Télérama]]|consulté le=14 janvier 2018}}.</ref>.}}

[[Fichier:Paco de Lucia Malaga.jpg|vignette|centré|upright=3|alt=Photo panoramique montrant des musiciens et des chanteurs sur scène|Paco de Lucía au Gibralfaro de [[Malaga]], Espagne, le {{date-|22 septembre 2007}} ; les grands concerts du Paco de Lucía [[sextuor|Sextet]], devenu parfois septuor, octuor, et plus, au gré des artistes invités.]]

=== De nouveaux instruments ===
==== Varier les timbres ====
[[Fichier:Miles Davis (Antibes Juan-les-Pins 1963).jpg|vignette|alt=Photo noir et blanc d'un homme en concert jouant de la trompette.|Le compositeur et [[trompettiste]] de [[jazz]] américain [[Miles Davis]] (1963).]]
Cette ouverture n'a pas été que stylistique (comme pour la fusion flamenco/jazz-rock), mais aussi [[Harmonie|harmonique]] et [[Timbre (musique)|timbrique]], notamment après sa découverte de la bossa nova<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Simon Broughton|directeur1=oui|auteur2=Mark Ellingham|directeur2=oui|auteur3=Richard Trillo|directeur3=oui|auteur4=Jan Fairley|et al.=oui|traduction titre=Musiques du monde : Afrique, Europe et Moyen-Orient|titre=World Music|sous-titre=Africa, Europe and the Middle East|éditeur=Rough Guides|lieu=[[Londres]]|collection=The rough guide|année=1999|mois=novembre|pages totales=762|passage=284|ean=9781858286358|isbn=1858286352|oclc=772716191}}.</ref>{{,}}{{sfn|Pohren|1992|p=77-78|gr=B}}.

Il a ainsi employé de nouveaux [[Accord (musique)|accords]], de nouvelles suites harmoniques, mais aussi des ruptures dans ces suites harmoniques (empruntées au jazz et au blues), inhabituelles dans le paysage sonore et les harmonies du flamenco. De plus, sans jamais oublier le rôle central de sa guitare, Paco de Lucía n'a eu de cesse d'introduire de nouveaux sons et de nouveaux instruments dans le flamenco, pour le faire sortir de son archétype folklorique et le faire accéder au statut de musique universelle<ref name="ElPais_2005_12_7">{{Lien web|langue=es|auteur=Pedro Espinosa|traduction titre=Un livre place Paco de Lucía comme moteur du flamenco|titre=Un libro sitúa a Paco de Lucía como motor del flamenco|jour=7|mois=décembre|année=2005|url=https://elpais.com/diario/2005/12/07/andalucia/1133911348_850215.html|éditeur=[[El País]]|consulté le=30 janvier 2018}}.</ref>{{,}}{{sfn|Pohren|1992|p=76-77|gr=B}}.

Ainsi, pour lui et grâce à lui, le flamenco, dont il a étendu la richesse du langage, peut être joué sur toutes les scènes, sur tous les instruments, et par tout le monde, pas seulement les Gitans de [[Triana (Séville)|Triana]] ni les Espagnols en général<ref name="ElPais_2005_12_7" />{{,}}{{sfn|Pohren|1992|p=78|gr=B}}. De même, le blues et le jazz ne sont plus l'apanage des Noirs du Delta et des faubourgs de [[La Nouvelle-Orléans]], ni le tango celui des quartiers chauds de [[Buenos Aires]].

On pourrait dire, bien que les contextes et les résultats en soient extrêmement différents, que Paco de Lucía a joué pour le flamenco un rôle assez analogue à celui d'[[Astor Piazzolla]] pour le tango (donnant naissance au ''[[Tango nuevo]]'')<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jean-Louis Mingalon|auteur2=Gwen-Haël Denigot|auteur3=[[Emmanuelle Honorin]]|titre=Dictionnaire passionné du Tango|éditeur=Le Seuil|collection=Essais|année=2015|pages totales=768|passage=510-511|isbn=9782021298437|isbn10=2021298434}}.</ref>, ou de [[Miles Davis]] pour le [[jazz fusion]] des années 1970-1980<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur=Laurent Denave|titre=Un siècle de création musicale aux États-Unis|sous-titre=histoire sociale des productions les plus originales du monde musical américain, de Charles Ives au minimalisme (1890-1990)|éditeur=Éditions Contrechamps|collection=Essais historiques ou thématiques|lieu=[[Genève]]|année=2017|année première édition=2012|pages totales=416|isbn=9782940599493|isbn10=2940599491|doi=10.4000/books.contrechamps.857|présentation en ligne=http://books.openedition.org/contrechamps/857}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur=Albéric Tellier|titre=Bonnes vibrations|sous-titre=quand les disques mythiques nous éclairent sur les défis de l'innovation|éditeur=[[Éditions Management et Société|Éditions EMS]]|année=2017|pages totales=264|passage=35|isbn=9782376870258|isbn10=2376870259}}.</ref>, ou encore de [[João Gilberto]], [[Antônio Carlos Jobim]] et [[Stan Getz]] pour la [[bossa nova]] et le jazz-bossa nova<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur=Erwann Pacaud|titre=Easy listening|sous-titre=exotica et autres musiques légères|éditeur=[[Le Mot et le Reste]]|lieu=[[Marseille]]|année=2016|pages totales=238|passage=128|isbn=9782360542529|isbn10=2360542524}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur=Nicholas Churchill|titre=Stan Getz|sous-titre=An Annotated Bibliography and Filmography, with Song and Session Information for Albums|éditeur=[[McFarland & Company|McFarland]]|lieu=[[Jefferson (Caroline du Nord)|Jefferson]]|année=2004|pages totales=404|passage=86-88|ean=9780786419494|isbn=0786419490}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=es|auteur institutionnel=Todo Noticias|traduction titre=Astor Piazzolla : le dernier rebelle du tango|titre=Astor Piazzolla|sous-titre=el último rebelde del Tango|jour=4|mois=juillet|année=2012|lieu=[[Argentine]]|url=https://tn.com.ar/musica/clips/piazzolla-rock_101339|consulté le=31 janvier 2018}}.</ref>.

Toujours est-il que, sans être toujours le premier à le faire, mais en le systématisant, Paco de Lucía a donc introduit dans la musique flamenca de nombreux instruments qui étaient étrangers à son univers d'origine{{sfn|Marmande|2014|gr=B}}. Cette initiative prend place après le grand mouvement qui a marqué, dans les [[années 1950]], une volonté de « retour aux sources » et vers une certaine pureté de style, enracinée dans le monde gitan, portée entre autres par [[Antonio Mairena]] à la suite du « purisme » de [[Federico García Lorca|García Lorca]] et de [[Manuel de Falla|Falla]] dans les [[années 1920]]<ref name=":10">{{Article|langue=fr|auteur1=Frédéric Deval|titre=[Compte rendu de] Bernard Leblon : ''Flamenco''|périodique=Cahiers d’ethnomusicologie|date=1996|numéro=9|lire en ligne=http://journals.openedition.org/ethnomusicologie/1286}}.</ref>. Ce mouvement se produisait en réaction à ce que certains artistes et [[Aficionado (corrida)|aficionados]] considéraient comme une dérive « music-hall » ou à l'inverse « folkloriste » de la période précédente, entre-deux guerres, qu'on appelle parfois ''Ópera flamenca'', lors de la première internationalisation du flamenco. De ce fait, les initiatives de Paco de Lucía dans ces domaines, comme celles de ses amis [[Camarón de la Isla|Camarón]] et [[Enrique Morente]], n'ont pas fait au début l'unanimité chez les spécialistes et les aficionados puristes, pour qui elles étaient à la limite des hérésies<ref name=":10" />, d'autant qu'elles préludaient à une deuxième internationalisation et à d'autres évolutions du flamenco. Les incontestables réussites de Paco de Lucía dans cette voie ont le plus souvent achevé de convaincre jusqu'aux plus réticents au départ.

==== Instruments divers ====
Comme le flamenco était déjà depuis un certain temps devenu un véritable concert, n'incluant plus obligatoirement de chanteur, cela laissait une place libre pour un instrument mélodique, monodique et à notes tenues, toutes caractéristiques propres aussi à la voix humaine (et à la différence de la guitare, justement). Ce rôle sera le plus souvent donné par Paco à la [[Flûte traversière|flûte]] qui fait partie intégrante de la couleur musicale de son sextet flamenco, dès la création de celui-ci. La flûte est le plus souvent jouée par [[Jorge Pardo (musicien)|Jorge Pardo]], flûtiste virtuose issu du jazz, membre permanent du sextet (et plus tard du sextet de [[Carles Benavent]]). Pardo remplacera la flûte parfois par le [[saxophone]]. En 1967, Paco avait joué et enregistré avec le saxophoniste de jazz espagnol [[Pedro Iturralde]]<ref>{{Lien web|langue=es|nom1=adolphesax.com|titre=Artículos - Pedro Iturralde - Jazz Flamenco|url=http://www.adolphesax.com/index.php/es/actualidad/articulos/saxofon/238-articulos-pedro-iturralde-jazz-flamenco/|site=www.adolphesax.com|consulté le=2018-01-21}}.</ref>. On verra aussi cette place tenue (rarement) par un [[violon]], ou plus souvent par un [[harmonica]]<ref>{{Article|langue=en|prénom1=John L.|nom1=Walters|titre=Paco de Lucía obituary|périodique=The Guardian|date=2014-02-26|issn=0261-3077|lire en ligne=https://www.theguardian.com/stage/2014/feb/26/paco-de-lucia|consulté le=2017-12-22}}.</ref> (comme lors du concert At 31st Leverkusener Jazztage en 2010, ou lors du [[Montreux Jazz Festival]] en 2012), le plus souvent joué dans les [[années 2000]] par [[Antonio Serrano (musicien)|Antonio Serrano]] (issu du jazz et de la musique classique). Paco fait aussi assez souvent appel à des [[Clavier (instrument)|claviers]] (surtout piano, mais aussi orgue électronique, synthétiseur, tenus encore parfois par l'harmoniciste Antonio Serrano), même s'il n'y en eut pas d'attitré dans son sextet. Mais on se souvient de sa collaboration récurrente avec le pianiste de jazz [[Chick Corea]]<ref>{{Article|langue=fr|titre=Olé ! Paco y Chick de concert à Vitoria|périodique=Jazz Magazine|date=2013-07-22|lire en ligne=http://www.jazzmagazine.com/ole-paco-y-chick-de-concert-a-vitoria/|consulté le=2017-12-22}}.</ref>.

Autre membre permanent de son sextet, [[Carles Benavent]] et sa [[Guitare basse|basse électrique]] (autre « hérésie » pour les puristes), souvent étonnamment virtuose et considérée comme un instrument soliste et mélodique, ce qui donne lieu à des dialogues enfiévrés de solos en [[répons]] entre la guitare de Paco et la basse (peut-être dans la lignée de [[Stanley Clarke]] et de [[Jaco Pastorius]], bassistes virtuoses du jazz-rock qui ont aussi croisé la route de Paco). Il introduira parfois aussi dans sa musique d'autres instruments à cordes pincées comme la [[mandoline]], tenue aussi par Carles Benavent, et, plus rarement, l'[[oud]] ou le [[sitar]]. Paco fera aussi dialoguer sa [[guitare flamenca]] avec la [[guitare électrique]] de [[Larry Coryell]] et celle de [[Carlos Santana]], alors que pour leur trio, [[John McLaughlin (musicien)|John McLaughlin]] et [[Al Di Meola]] ont toujours utilisé avec lui plutôt une guitare acoustique sonorisée, voire une guitare classique seulement amplifiée<ref group="N">Voir par exemple leur concert du {{date-|12 juin 1980}} au {{lang|en|texte=Warfield Theatre}} de [[San Francisco]].</ref>.

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Jorge Pardo en la Fundación Casa Patas.jpg|alt=Photographie couleur montrant un guitariste assis et un flûtiste debout, en pleine performance.|{{centrer|[[Jorge Pardo (musicien)|Jorge Pardo]], à la Fundación Casa Patas ([[Madrid]]).}}
Carles Benavent (7103730683).jpg|alt=Photo montrant un homme de face tenant une guitare basse.|{{centrer|[[Carles Benavent]].}}
Pedro Iturralde.jpg|alt=Photo noir et blanc, en gros plan, d'un homme jouant du saxophone.|{{centrer|[[Pedro Iturralde]].}}
Santana 1984.jpg|alt=Photo noir et blanc d'un homme sur scène jouant de la guitare.|{{centrer|[[Carlos Santana]].}}
Larry Coryell 1979.jpg|alt=Photo noir et blanc d'un homme jouant de la guitare.|{{centrer|[[Larry Coryell]] (1979).}}
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==== Percussions. Le cas du ''cajón'' péruvien ====
Autre apport décisif de Paco de Lucía à la musique flamenca d'aujourd'hui : c'est lui qui a « importé » dans le flamenco, depuis le Pérou, le ''[[cajón]]'', caisse percussive empruntée aux musiques afro-péruviennes traditionnelles des Andes. Il l'a découvert à la fin des [[années 1970]] lors d'une tournée en Amérique latine, pendant une fête où [[Caitro Soto]], percussionniste et compositeur péruvien, accompagnait au ''cajón'' la grande chanteuse [[Chabuca Granda]]<ref name="Enrique Planas" />. Dès sa première écoute, il a l'intuition que le ''cajón'' pourrait être la solution à ce qu'il ressent comme un problème récurrent de la percussion dans le flamenco. Le lendemain même, en toute complicité avec son percussionniste brésilien [[Rubem Dantas]], il l'intègre en concert au groupe de percussions utilisées dans son sextet d'alors. Depuis ce jour, le ''cajón'' est devenu incontournable dans le flamenco contemporain, et par suite dans d'autres courants musicaux internationaux.

Paco de Lucía raconte ainsi cet événement : {{citation bloc|Ce fut un moment décisif. Pas seulement pour moi, mais pour la musique en général. Je l’ai toujours appelé le ''cajón'' péruvien. Il y a beaucoup de gens qui ne savent pas d’où vient le ''cajón'', mais moi je l’ai toujours indiqué (réattribué). J’ai toujours parlé de Caitro Soto, qui fut celui [qui me l'a fait entendre] pour la première fois et qui me l’a vendu. […] C’est là que je me suis dit : c’est de cet instrument que le flamenco a besoin [pour les percussions]. Je me suis rendu compte que le ''cajón'' avait [à la fois] le son grave de la plante du pied d’un danseur [sur le bois], et aussi l’aigu de son talon ferré. Je sais qu’il y a beaucoup de gens au Pérou qui disent que nous les flamencos nous leur avons volé le ''cajón'', mais ce n’est pas le cas. Pour ma part, je parle toujours, avec beaucoup de respect, du ''cajón'' du Pérou. Je serai toujours reconnaissant pour ce que m’a apporté ce voyage, et pour cette nuit unique qui m’a permis de découvrir cet instrument qui d’ailleurs aujourd’hui n’est pas joué seulement par les flamencos. Maintenant, n’importe quel groupe de rock, de pop ou de quelque musique que ce soit, comporte un joueur de ''cajón''.|Extrait traduit de l'article d'Enrique Planas dans le journal ''El Comercio'' du {{date-|26 février 2014}}, entretien du {{date-|6 octobre 2013}}<ref name="Enrique Planas" />.}}

Et il analyse ainsi le problème et la réponse que le ''cajón'' lui apportait : {{citation bloc|La question de la percussion dans le flamenco n'était pas nouvelle. Traditionnellement, on utilise les ''palmas'' [claquements de mains], mais les ''palmeros'' se fatiguent vite. On a essayé les tambours cubains, bongos et congas, mais ils donnent une couleur caraïbe, africaine, qui ne me convainc pas [cela ne sonnait pas flamenco]. En 1983, lors d'une tournée au Pérou, à une réception à l'ambassade d'Espagne à Lima, j'écoute un percussionniste noir, Caitro Soto, jouer du ''cajón''. Le son très sec m'a rappelé les claquements de talon des danseurs de flamenco. J'ai acheté un ''cajón'' à Caitro pour mon percussionniste brésilien Rubem Dantas. Un an après, tous les groupes de flamenco nous imitaient.|Extrait de l'article de François-Xavier Gomez dans ''Libération'' du {{date-|30 juin 2001}}<ref name=":2">{{Lien web|langue=fr|url=http://next.liberation.fr/culture/2001/06/30/paco-de-lucia-le-chant-des-cordes_369833|titre=Paco de Lucía : le chant des cordes|auteur=François-Xavier Gomez|date=30 juin 2001|site=Libération}}.</ref>.}}

Rubem et Paco ont assez vite ajouté des cordes de guitares au revers de la table du ''cajón'' péruvien, pour timbrer plus le son et l'éclaircir (un peu comme le timbre dans la [[caisse claire]] de la batterie de jazz).

Il faut noter que Rubem Dantas avait aussi importé dans le son du sextet de Paco de Lucía d'autres percussions d'Amérique du Sud (Brésil, Amazonie) : le ''[[berimbau]]'', la ''[[cuíca]]'', la calebasse trouée.
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Cajon walter.ogv|Le [[cajón]], exemple acoustique.
PACO DE LUCIA.jpg|alt=Photo de quatre hommes souriant.|{{centrer|Paco de Lucía lors d'une tournée en [[Argentine]] à la fin des années 1970 au ''JM Café'' de [[Buenos Aires]].}}
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=== Personnalité de Paco de Lucía ===
==== Chaleur et timidité ====
[[Fichier:Paco de Lucia 2.jpg|vignette|alt=Photo d'un homme assis jouant de la guitare.|Paco de Lucía à Málaga, au Festival Flamenco de septembre 2007.]]
Tous ceux qui ont connu Paco de Lucía en attestent : il était très accueillant et chaleureux, mais aussi modeste et presque timide<ref name="Enrique Planas" />. Un paradoxe pour un homme de spectacle qui a su s'imposer sur les plus grandes scènes du monde, et dont le charisme reconnu lui a permis d'impulser des évolutions majeures pour son art. Et pourtant, Paco n'a cessé de le répéter toute sa vie, encore une dernière fois dans le documentaire posthume que son fils Curro lui a consacré en 2014{{sfn|Sánchez|2014|gr=B|id=Sanchez2014}} : « Si je n’avais pas eu la guitare, je serai resté un [[introverti]] toute ma vie. »<ref name=":14" />{{,}}{{sfn|Sánchez|2014|loc={{Heure||1|50}}|gr=B|id=Sanchez2014}}.

Ce que Miguel Mora complète ainsi dans le journal ''El País'' du {{date-|27 février 2014}} :
{{citation bloc|Loin de la scène, celui qui était le Prince des Asturies des Arts 2004, prix décerné pour la première et seule fois de l’histoire à un artiste de flamenco, était un homme timide, farceur gentil, anarchique et simple<ref name=":8" />.}}

L'interruption prématurée de sa scolarité a contribué à faire naître dans l'esprit de l'adolescent qu'il a été des complexes relatifs à un manque de culture générale. Bien que reconnaissant envers son père de l'avoir poussé à travailler assidûment la guitare, l'adulte qu'il est devenu exprime parfois sa frustration de ne pas avoir eu accès à une éducation scolaire plus complète, ne serait-ce qu'une formation musicale plus formelle{{sfn|Pohren|1992|p=57|gr=B}}{{,}}{{sfn|Pérez Custodio|2005|p=78|gr=B}}.

==== Les marques de l'enfance ====
Dans l’interview d{{'}}''El Comercio'' déjà citée, Paco de Lucia témoigne que, de son propre aveu, il n'a jamais oublié les souffrances de son enfance modeste qui ont forgé sa détermination et sa « conscience professionnelle », mais qui l'ont aussi rendu sensible à la souffrance des autres :

{{Citation bloc|J'ai tellement souffert enfant d'être un garçon un peu gros, que je n'avais vraiment pas envie de le montrer. Ce qui se passe, c'est que l'on apprend à ne pas le paraître. […]. Aujourd'hui, je parais même extraverti, mais il y a une grande charge d'insécurité qui me vient de mon enfance. […] Il y a beaucoup de gens qui pensent, du fait de leur souffrance, que ''malgré'' la faim, ils sont parvenus à faire de grandes choses de leur vie… Mais c'est tout le contraire! C'est ''grâce à'' la faim, que l'on parvient à être grand. Si néanmoins la faim ne t'anéantit pas. Il faut toujours la garder présente à l'esprit. Surtout si l'on pense à ceux qui en souffrent maintenant. Si tu sais ce que c'est que d'avoir faim, tu comprends la souffrance des autres. Ces larmes de ma mère parce qu'elle n'avait pas de quoi manger ont été pour moi la motivation la plus forte. Quand j'eus grandi et commencé à gagner de l'argent, je me suis dit : « Et maintenant, quoi ? Quelle motivation ? » Alors j'ai décidé d'être un musicien de vérité. La motivation n'était plus le ventre vide, quelque chose qui s'emplit vite. C'était d'essayer de contenter ton esprit avec l'art, d'atteindre une plénitude spirituelle, une chose déjà beaucoup plus difficile. Et j'ai continué comme ça.
|Enrique Planas{{Note|group=vo|texte={{citation étrangère|langue=es|He sufrido tanto siendo un niño gordito, que no me apetece para nada presumir de eso. Lo que pasa es que uno aprende a no parecerlo. […]. Ahora parezco hasta extrovertido, pero hay una gran carga de inseguridad que viene de la niñez. […] Hay mucha gente que presume de lo que ha sufrido, que, ''a pesar'' del hambre, han conseguido ser grandes en la vida. ¡Es todo lo contrario! ''Gracias'' al hambre es que uno llega a ser grande. Siempre y cuando el hambre no te aniquile. Hay que tenerla presente siempre. Sobre todo pensando en quiénes la están pasando ahora. Si tú sabes qué es pasar hambre, entiendes el sufrimiento de los demás. Aquellas lágrimas de mi madre porque no había para comer fueron para mí el estímulo más grande. Cuando crecí y empecé a ganar dinero, me dije: “¿Y ahora qué? ¿Cuál es el estímulo?”. Entonces decidí tratar de ser un músico de verdad. Ya el estímulo no era la barriga, algo que se llena rápido. Era tratar de contentar tu espíritu con el arte, algo ya más difícil. Y allí sigo.}}}}{{,}}<ref name="Enrique Planas" />.}}

De même, dans sa biographie ''Paco de Lucía : El hijo de la portuguesa''<ref>Juan José Téllez, ''Paco de Lucía : El hijo de la portuguesa'', Chapitre I , phrases traduites d'un extrait du paragraphe ''En la casa del gitano rubio'' (« Dans la maison du gitan blond [surnom de son père Antonio, {{ndt}}] » , {{p.|27-41}}.</ref>, Juan José Tellez, qui connaît bien l'artiste qu'il a suivi de longues années depuis leur première rencontre en 1982<ref>{{Article|langue=es|prénom1=Fermín|nom1=Lobatón|titre=Retrato sucesivo del guitarrista universal|périodique=El País|date=2015-05-12|lire en ligne=https://elpais.com/cultura/2015/05/06/babelia/1430922796_454094.html|consulté le=2018-01-14}}</ref>, recueille, met en avant et confirme les souvenirs du guitariste ainsi décrits : {{citation|Et moi je voyais souvent ma mère pleurer ... Je lui demandais ce qui se passait et elle me disait qu'aujourd'hui nous n'avions rien à manger. Elle avait toujours comme une anxiété, une angoisse, du fait qu'il n'y avait pas d'argent. Moi j'avais très envie de grandir pour aider le foyer. Et cela motive beaucoup.}}

==== Perfectionnisme ====
Paco de Lucía affirmait qu'il n'avait jamais rien planifié dans sa vie{{sfn|Buendía|2014|gr=B}}, que tout était arrivé par hasard. Il se distinguait toujours par son professionnalisme, son sérieux dans le travail, sa modestie et son respect pour les autres musiciens. Mais aussi par un perfectionnisme, semblable à celui de [[Miles Davis]] dit-on, et qui s'incarnait dans sa volonté de ne jamais se répéter, de toujours se placer dans le flux d'un changement constant comme dans son intention d'exiger de soi chaque jour de faire mieux et d'être meilleur. « Jamais deux fois la même musique ! » −semble être leur mot d'ordre commun.

Mais ceci provoquait aussi en lui une anxiété et une pression permanente, parce qu'en général il n'était jamais content de ses enregistrements ni de ses concerts, malgré leur succès. Ce dont témoigne, le lendemain de la mort de Paco, le photographe franco-suisse [[René Robert (photographe)|René Robert]], qui le connaissait bien et qui l'a portraituré des douzaines de fois en concert :
{{citation bloc|C'est un moment très dur pour nous, il est mort trop jeune... Mais il est logique que le cœur lui ait manqué : malgré l'apparente facilité avec laquelle il jouait, son art exigeait de lui une concentration extrême, et toujours tenter d'améliorer ce qu'il venait de faire, cela devait engendrer chez lui beaucoup de stress<ref name=":8" />.}}
Cette exigence couplée avec une réelle modestie ne trouvait d'exutoire que dans un travail inlassable : {{citation|Je ne crois pas au génie, mais aux gens qui travaillent, et qui ont du talent. Mais le travail reste fondamental. La seule chose commune, entre moi et tous ces gens, c’est l’impression de ne rien savoir<ref name=":7">{{Lien web|langue=fr|auteur=Matthieu Conquet|titre=Paco de Lucía, père et fils, maitre et traitre|url=https://www.franceculture.fr/emissions/la-revue-musicale/paco-de-lucia-pere-et-fils-maitre-et-traitre|éditeur=[[France Culture]]|date=2015-10-29|consulté le=14 janvier 2018}}.</ref>. }}

==== Quelques satisfactions tout de même ====
[[Fichier:Marifé de Triana Copla.jpg|vignette|upright=0.8|alt=Portrait photo en noir et blanc d'une jeune femme.|[[Marifé de Triana]], chanteuse (copla, flamenco) et actrice (1936–2013).]]
Néanmoins, à Enrique Planas qui lui demandait en octobre 2013<ref name="Enrique Planas" />, de quels disques il se sentait particulièrement fier s'il devait en choisir trois, Paco concède d'abord qu'il est difficile d'être objectif avec soi-même. Puis il propose : {{citation|[…] à la rigueur ''Siroco'' [1987] ou ''Zyryab'' [1990] ; le dernier en direct aussi ''[Conciertos España'' ''2010]'', je crois que c'est un bon disque.}} Puis enfin il évoque le dernier disque qu'il est en train de mixer (ce sera ''Canción Andaluza'', son album posthume<ref name="Canción Andaluza">{{Lien web|auteur=Paco De Lucía |titre=Canción Andaluza |éditeur=Universal Music Group (n° cat. : 0602537814923)|jour=28|mois=avril|année=2014 |url=https://www.discogs.com/fr/release/5639656-Paco-De-Lucía-Canción-Andaluza |site=Discogs |consulté le= 27/04/2022}}.</ref>), peut-être son préféré, justement parce que marqué par la nostalgie, et qui se révélera donc testamentaire : {{citation|[…] c'est le disque que je voulais faire depuis mon enfance, quand à la maison nous n'avions que la radio [pour écouter des chansons et du flamenco].}} Et d'évoquer les chanteuses [[Marifé de Triana]] ou [[Concha Piquer|Conchita Piquer]], superbes chanteuses de ''[[copla]]s'', à son sens injustement oubliées. C'étaient aussi les chanteuses que sa mère aimait quand il était jeune, et ce disque est encore un hommage à sa mémoire, comme une révérence envers le lyrisme andalou. Il faut noter que Paco avait d'ailleurs invité Marifé dans son émission ''« La hora de... : la guitarra de Paco de Lucía »'', en 1976, sur la chaîne publique espagnole [[Radiotelevisión Española|TVE]], pour trois remarquables ''[[copla]]s''<ref name="RTE1976" group="N"/>. Cet album sera d'ailleurs primé aux {{15e}} Latin Grammy Awards de 2014. On pourrait peut-être citer encore trois albums qui ont marqué une date et furent particulièrement remarqués par le public et les critiques : ''[[Fuente y caudal]]'' en 1973, record de vente qui signe le début de son essor international<ref name="spainisculture"/> ; ensuite l'album en public ''Friday Night in San Francisco'', sorti en 1981 à l'issue d'une tournée mondiale avec John McLaughlin et Al di Meola, et qui est, à ce jour, l'une des meilleures ventes de disques dans l'histoire de la guitare instrumentale<ref name="Saosaudade2010"/>, puisqu'il s'en est vendu plus d'un million d'exemplaires<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.flamenco-guitars.com/paco_de_lucia.html|titre=Paco de Lucia flamenco guitar master and virtuoso, Flamenco-guitars.com, La Sonanta|consulté le=2018-01-02}}.</ref> ; enfin ''[[Cositas Buenas]]'' en 2004, dernier album de création publié de son vivant et le plus récompensé de tous. En somme, les débuts de sa carrière, le sommet de ses tournées mondiales, et le couronnement de sa dernière partie.

En fait, il a plusieurs fois confié qu'il aurait rêvé dans sa jeunesse être chanteur, à l'inverse de son ami Camarón qui, lui, voulait être guitariste{{sfn|Buendía|2014|gr=B}} : {{citation bloc|Paradoxe du destin qui nous permet d'honorer la figure de Paco, « celui de Lucía », homme brave, guitariste exceptionnel, d'ores et déjà éternel et universel, qui prit la guitare dès l'âge de cinq ans et ne l'a plus jamais lâchée, qui jamais ne se laissa enfermer en quelconque limite ni dévier de son propre chemin. Tout un exemple pour les futures générations de musiciens qui verront en lui un modèle à suivre.|Traduit de Guillermo Castro Buendía, revue ''Sinfonía virtual'', {{numéro|26}}, février 2014{{sfn|Buendía|2014|gr=B}}.}}

<!-- versus est critiqué par l'Académie française -->

=== Caractéristiques du style de Paco de Lucía ===
==== Son jeu : virtuosité, puissance rythmique, dynamique ''versus'' lyrisme, délicatesse ====
{{Infobox Liste de fichiers
|fichier01 = Fundación Joaquín Díaz - ATO 00611 30 - Soleares de Paco de Lucía.ogg
|titre01 = Fundación Joaquín Díaz - ATO 00611 30 - ''Soleares'' de Paco de Lucía.
}}
Paco de Lucía est généralement considéré comme un remarquable interprète pour sa grande virtuosité<ref name=":12" />{{,}}<ref>{{Article|langue=en-GB|titre=The greatest guitarists of all time, in pictures|périodique=The Telegraph|date=2015-07-23|issn=0307-1235|lire en ligne=https://www.telegraph.co.uk/music/artists/the-greatest-guitarists-of-all-time-in-pictures/paco-de-lucia/|consulté le=2017-12-23}}.</ref> et son style très personnel, reconnaissable entre tous<ref name=":14" />, que l'on peut définir d'abord comme vigoureux et rythmique, très dynamique, d'une grande précision d'élocution en même temps que d'une labilité extrême, d'une volubilité enflammée parfois véhémente mais jamais bavarde, comme dans ses ''[[bulería]]s'' d’''[[Almoraima]]''<ref name="Nickson_2018_01" />, dans ses [[Alegría (flamenco)|''alegrías'']] de la ''Barrosa'' (album ''Siroco'' 1987)<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Paul Jared|nom1=Newman|titre=A New Anthology of Falsetas for Flamenco Guitar|éditeur=Bold Strummer, Ltd.|date=2009-09-15|isbn=9781577840725 |id=Jared2009|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=aWmf6nhAG5IC&pg=PA24&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false|consulté le=2017-12-19}}.</ref>, ou dans sa [[rumba]] ''Entre dos aguas'' (''[[Fuente y caudal]]'', 1973)<ref name="spainisculture"/>.

Mais c'est aussi, selon les moments et les morceaux, une interprétation d'une grande douceur<ref>{{Article|langue=fr|auteur=Olivier Rajchman|titre=Le guitariste flamenco Paco de Lucia est mort à 66 ans|périodique=[[Télé Star]]|date=2014-02-26|lire en ligne=https://www.telestar.fr/culture/paco-de-lucia-le-guitariste-flamenco-est-mort-a-66-ans-video-24381|consulté le=2018-01-31}}.</ref>, d'une tendresse lyrique ou facétieuse sans égale, par exemple quand il nous parle de sa mère dans ''Luzia'' ou dans ''Guajiras de Lucía'' (''Antología'' 1996, {{vol.|2}}), ou quand il chante sa première épouse et sa fille dans ''Casilda'', ou encore son fils aîné dans ''Mi niño Curro'' (les deux dans ''Siroco'' 1987<ref>{{Article|langue=fr|titre=Paco de Lucía|sous-titre=disparition d'un virtuose|périodique=Les Inrocks|date=2014|lire en ligne=http://www.lesinrocks.com/2014/02/26/musique/paco-de-lucia-disparition-virtuose-11481125/|consulté le=2017-12-22}}.</ref>), ou bien quand il évoque son maître dans ''Gloria al Niño Ricardo'' (''[[soleá]]'', albums ''Siroco'', 1987 ou ''Antología'', 1996, {{vol.|1}}), son ami Camarón (dans l'album ''Luzia)'', ou le charme du quartier de la Viña à Cadix dans ''Barrio la Viña'' (album ''[[El duende flamenco]]'', 1972), ou de [[Triana (Séville)|Triana]], le quartier gitan de [[Séville]] dans ''Gitanos Trianeros'' (''La fabulosa guitarra de Paco de Lucía'', 1967), ou encore dans ''Mantilla de feria'' (d'Esteban de Sanlúcar, dans l'album ''[[Fantasía flamenca|Fantasía flamenca de Paco de Lucía]]'', 1969). On peut encore citer la douceur lyrique de sa longue introduction à la guitare pour le thème ''Moraíto Siempre'', un hommage à son ami guitariste [[Moraíto Chico]] qui clôt avec une ''[[bulería]]'' aux allures de [[requiem]] le premier disque de son album ''Paco de Lucía en vivo (conciertos live in Spain 2010)''. Pour plusieurs de ces pièces, sa tendresse est particulièrement sensible dans la délicatesse de son jeu de [[trémolo]], comme dans ''Solera'' ou ''Plaza de San Juan'' (''[[Fuente y caudal]]'', 1973), ou dans ''Mi niño Curro'', dans ''Callejón del Muro'', et dans ''Gloria al Niño Ricardo'' (les trois dans l'album ''Siroco'', 1987) ; ou encore dans la ''bulería'' ''Río de la Miel'' qui ouvre l'album ''Luzia'' « sur un trémolo à la fois innovant et poignant » (Guillermo Castro Buendía{{sfn|Buendía|2014|gr=B}}). On peut encore évoquer son enthousiasme communicatif dans le thème ''Río ancho'' (dans ''[[Almoraima]]'', 1976) sur un rythme endiablé de [[rumba]] brésilienne mâtinée de [[bossa nova]]<ref name="Nickson_2018_01">{{Lien web|langue=en|auteur=Chris Nickson|url=http://www.allmusic.com/album/almoraima-mw0000336954|titre=Revue de ''Almoraima''|année=2018|mois=janvier|site=allmusic.com|consulté le=4 novembre 2017}}.</ref>.

==== Tension fructueuse, mais douloureuse ====
[[Fichier:Paco, el de Lucía (el maestro).jpg|vignette|alt=Photo en noir et blanc d'un guitariste|Paco de Lucía, ici en concert avec [[John McLaughlin (musicien)|John McLaughlin]] et [[Al Di Meola]] dans les années 1980.]]
Paco n'a pas toujours bien vécu cette sorte de tension qui existe entre les deux dominantes de son jeu à la guitare : virtuosité spectaculaire d'un côté, forte volonté expressive de l'autre.

Au journaliste du journal ''Libération'', François-Xavier Gomez<ref name=":2" /> qui affirmait : {{citation|Pour beaucoup d'amateurs de guitare, en particulier ceux qui l'ont découvert aux côtés de [[John McLaughlin (musicien)|John McLaughlin]] et d'[[Al Di Meola]], Paco de Lucía est l'homme des prouesses techniques, du tour de force permanent. Un statut agaçant [pour le musicien].}}

Ce dernier confiait :
{{citation bloc|J'ai eu de la facilité dès le début, j'ai de bonnes mains pour ça, c'est tout. Le public est plus impressionné par la rapidité de l'exécution que par le sentiment que je cherche à transmettre. Il m'arrive de jouer quelque chose de profond, d'intime, et dès que je lâche une grappe de notes, une séquence électrique, là le public réagit, crie, s'enthousiasme. Ça ne me plaît guère, mais je n'y peux rien<ref name=":2" />.}}

Cette inclination au lyrisme ne s'est jamais démentie, mais elle a peut-être culminé dans son opus de 1998, ''Luzia'', album dont l'accouchement fut douloureux, marqué par la mort de deux êtres chers, sa mère et son ami, le chanteur Camarón. Lyrisme qui est allé cette fois plus loin que jamais puisque dans ce disque on entendait pour la première fois Paco chanter : en arrière-plan de son frère Pepe dans le thème éponyme dédié à leur mère (''Luzia''), et surtout en soliste à la fin du thème ''Camarón'' qui lui-même clôt le disque, laissant comme dernière impression l'appel sans réponse du nom de son ami, où son émotion est particulièrement sensible.

Il commente ainsi cette expérience : {{Citation bloc|Je ne risque pas de le refaire sur scène, concède le guitariste. Au départ, j'avais enregistré une voix témoin sur le titre dédié à Camarón, l'idée étant de faire appel à un vrai ''cantaor'' de flamenco. Nous avons finalement laissé ma voix, parce que c'était un hommage très personnel. Il est vrai aussi que j'adore chanter, mais je n'ose pas le faire en public. Je me considère même comme un chanteur manqué. Ce qui a influencé ma façon de jouer. Presque tout ce que j'interprète est chantable. Et puis, alors que dans la guitare flamenca, très percussive, les notes sont courtes, je cherche à les prolonger en anticipant sur le temps. Pour les faire chanter<ref name=":2" />.}}

==== Architecture ====
En ce qui concerne la qualité de ses compositions, à l'évidence Paco de Lucía s'est inspiré de l'exigence de cohérence manifestée avant lui par Sabicas, car elles présentent toutes un caractère fortement structuré, voire architecturé, mais avec en plus une ambition orchestrale, car ses arrangements incluent de nombreux instruments inaccoutumés dans le flamenco{{sfn|Marmande|2014|gr=B}}, comme dans ''Zyryab'' (en hommage à la grande figure [[Ziriab|du même nom]] de la [[musique arabo-andalouse]] au {{s|IX}})<ref>{{Ouvrage|langue=en-gb|titre=Zyryab by Paco de Lucía on Apple Music|date=1990-01-01|lire en ligne=https://itunes.apple.com/sa/album/zyryab/id90361224|consulté le=2017-12-30}}.</ref>.

==== La technique « sensible » ou le ''duende'' de Paco ====
[[Image:Paco de Lucia October 2010.jpg|vignette|upright=1.1|gauche|alt=Portrait photo en noir et blanc d'un homme.|Paco de Lucía en octobre 2010.]]
Au lendemain exact de la mort, le {{date-|25 février 2014}}, de Paco de Lucía, l'écrivain espagnol [[José Manuel Caballero Bonald]] décrit et tente de caractériser ainsi le style singulier de Paco de Lucía, ce que l'on pourrait appeler son ''[[duende]]'', ou l'âme de sa musique, dans le journal ''El País'' :

{{citation bloc|[…] Sa technique était impeccable, d’une perfection irréelle même, mais il lui fallait aller plus loin encore : il souhaitait subordonner la technique à la sensibilité, assujettir le langage à son potentiel créateur en liberté. Paco de Lucía faisait preuve d'un véritable « virtuosisme » énigmatique, imprévisible par moments, littéralement inscrit dans un système expressif que l’on pourrait appeler {{incise|empruntant un terme certes trop galvaudé}} l’esthétique du ''{{langue|es|duende}}''. Par-là se profile le prodige de parvenir là où personne n’est jamais allé, à une situation limite où la nouveauté n’a d’égale que la clairvoyance. Jouer de la guitare pour Paco de Lucía cela consistait à mettre à nu l’intimité. Et dans cette intimité se joignaient avec une égale lucidité la connaissance et l’intuition, l'appris et le divinatoire, une sorte de synthèse créatrice exactement accomplie. Je ne me réfère pas ici à ses ''{{langue|es|falsetas}}'' [solos de guitare intercalés entre les strophes du ''{{langue|es|cante}}''], c’est-à-dire à ces inoubliables filigranes ornementaux avec lesquels il avait coutume d’accompagner le chant, mais à l’exigeante structure mélodique, à l’exquise plénitude de son œuvre de soliste. […] Avec lui, la guitare flamenca est parvenue à un sommet, a atteint un niveau d’aboutissement, ou plus exactement de vertu extrême que l’on pourrait aussi appeler {{incise|comme je l’ai pointé plus haut}} une situation limite. Tout le reste est silence.|José Manuel Caballero Bonald : extrait traduit de {{traduction|langue=es|1=La potencia musical del flamenco|2=La puissance musicale du flamenco}}, {{date-|26 février 2014}}<ref name="Caballero Bonald">{{Article |prénom1= José Manuel |nom1= Caballero Bonald |titre=La potencia musical del flamenco |périodique=[[El País]] |date=27 février 2014 |lire en ligne=https://elpais.com/cultura/2014/02/26/actualidad/1393439440_712310.html |consulté le=7 novembre 2017 }}.</ref>.}}

== Vie privée et opinions politiques ==
Paco de Lucía, un {{citation|[[Antifascisme|antifasciste]] de cœur}}, comme le quotidien basque [[Deia (journal)|Deia]] le décrit en 2016, a épousé en premières noces Casilda Varela Ampuero, née à [[Bilbao]] en 1945 et fille du [[José Enrique Varela|général Varela]] qui a participé aux préparatifs définitifs du [[soulèvement nationaliste des 17 et 18 juillet 1936 en Espagne]] menant à la [[guerre d'Espagne|guerre civile espagnole]] en 1936 et qui a été par la suite ministre franquiste<ref>{{lien web|langue=es|auteur=Iban Gorriti|url=http://www.deia.com/2015/03/01/sociedad/historias-de-los-vascos/el-payo-antifascista-y-la-hija-del-general-varela|titre=El payo antifascista y la hija del general Varela|traduction titre=Le ''payo'' antifasciste et la fille du général Varela|éditeur=[[Deia (journal)|Deia]]|année=2015|mois=mars|jour=1|description=page archivée sur [[Archive.is]]|consulté le=26 janvier 2018|archiveurl=https://archive.today/20150804085234/http://www.deia.com/2015/03/01/sociedad/historias-de-los-vascos/el-payo-antifascista-y-la-hija-del-general-varela|archivedate=4 août 2015}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=es|auteur=Koldo Domínguez|éditeur=[[El Correo]]|traduction titre=Le refuge de Paco de Lucía à Durango|titre=El refugio de Paco de Lucía en Durango|jour=3|mois=mars|année=2014|url=http://www.elcorreo.com/vizcaya/20140303/mas-actualidad/sociedad/refugio-paco-lucia-durango-201402271314.html|site=elcorreo.com|consulté le=26 janvier 2018}}.</ref>. Ce mariage ne se fit qu'en 1977, à la fin du franquisme et après la mort de Franco, en conclusion du développement d'une relation amoureuse de huit ans, connue de tout Madrid mais réprouvée par la famille aristocratique de Casilda qui refusait, comme gendre, un artiste de flamenco censé mener une mauvaise vie<ref name=":16">{{Lien web|langue=es|url=http://www.abc.es/estilo/gente/20140301/abci-mujeres-paco-lucia-201402281257.html|titre=Casilda y Gabriela, las dos mujeres que amó Paco de Lucía|site=[[ABC (journal)|ABC]]|année=2014|consulté le=4 août 2015}}.</ref>. Leur détermination et leur amour fou étaient tels, néanmoins, qu'ils passèrent outre le refus catégorique de la famille de Casilda, qui provenait surtout de sa mère (issue de la grande bourgeoisie basque), car son père, le général franquiste et marquis de San Fernando, était mort en 1951<ref name=":16" />. Leur mariage fut donc célébré sans l'assentiment de la belle-famille de Paco. Il eut lieu dans une église d'Amsterdam le {{date-|27 janvier 1977}}, sous le parrainage de la [[Label discographique|maison de disques]] Philips{{sfn|Pérez Custodio|2005|p=80|gr=B}}. Aucun membre de la famille Varela Ampuero n'assista à la cérémonie<ref name=":16" />. Le couple s'installa alors dans le quartier Mirasierra en banlieue de Madrid<ref name=":16" />. Paco fit mentir la légende, se révélant particulièrement distingué dans ses concerts et sobre dans ses tenues de scène, sa virtuosité lui ouvrant les portes des théâtres les plus huppés d'Espagne et des plus grandes scènes du monde<ref name=":16" />. Bien qu'ayant plutôt des idées de gauche, il ne s'engagea pas dans la politique, d'une certaine manière par honnêteté intellectuelle comme il l'explique : {{citation|j’ai été de gauche jusqu’à deux millions de pesetas […] après je n’ai plus jamais dit que j’étais de gauche}}<ref name=":7" />.

Le {{date-|13 décembre 1976}}, il fut agressé par une bande d'une dizaine de partisans du franquisme exaltés, interprétant certains termes d'une de ses interview à la télévision comme une allusion politique anti-fasciste alors que Franco venait de mourir le {{date-|20 novembre 1975}}<ref>{{Article|langue=es|prénom1=Jorge A.|nom1=Rodríguez|titre=La paliza a Paco de Lucía cuando ni soñaba ser ''doodle'' de Google|périodique=[[El País]]|date=2016-12-21|lire en ligne=https://elpais.com/cultura/2016/12/21/actualidad/1482312953_008394.html|consulté le=2018-01-14}}</ref>. En effet, le {{date-|25 février 1976}}, dans l'émission de la [[Radiotelevisión Española|télévision publique espagnole]]  {{Citation étrangère|lang=es|La hora de... la guitarra de Paco de Lucía}}{{sfn|Quintero, De la Vega|1976|gr=B|id=VegaQuintero1976}}, diffusée en [[première partie de soirée|prime time]], la réponse de Paco{{sfn|Quintero, De la Vega|1976|loc={{Heure|1|15|03}}|gr=B|id=VegaQuintero1976}} à une question concernant le rôle de chaque main dans son jeu de guitare, fut résumée ainsi : {{citation|la gauche pense et la droite exécute}}, formule qui a même donné son titre au compte-rendu de l'émission<ref name=":16" />. Cette formule fut aussitôt sortie du contexte musical de l'interview et appliquée directement au contexte politique<ref name=":16" /> : de fait, cinq militants anti-franquistes (deux basques de l'[[Euskadi ta Askatasuna|ETA]] politico-militaire et trois antifascistes révolutionnaires du [[Front révolutionnaire antifasciste et patriote|FRAP]]) venaient justement d'être exécutés le {{date-|27 septembre 1975}}, et la période de la succession du dictateur était délicate, les esprits échauffés et les clivages accentués ; l'Espagne entamait à peine sa transition démocratique dans l'incertitude. Dans la même émission, le journaliste [[Jesús Quintero]] demanda à Paco : {{citation|Que craignez-vous le plus, la mort ou le ridicule ?}} à quoi celui-ci répondit : {{citation|On peut toujours éviter le ridicule, la mort non : elle est inévitable... Voyons, mais il y a pire, c'est une mort ridicule. Comme à la guerre.}}{{sfn|Quintero, De la Vega|1976|loc={{Heure||53|50}}|gr=B|id=VegaQuintero1976}} [Seulement trois mois après la mort du généralissime Franco, vainqueur d'une guerre civile très meurtrière]. Emilio de Diego, le guitariste d'[[Antonio Gades]] et compagnon de Paco (propos rapportés par José Manuel Gamboa), émet l'hypothèse que Paco avait volontairement joué sur l'ambiguïté de ses paroles apparemment anodines et plaisantes, donc impossibles à censurer, pour lancer un message politique subliminal<ref>{{Lien web|langue=es|url=http://elafinadordenoticias.blogspot.fr/2013/03/la-derecha-que-casi-ejecuta-paco-de.html|traduction titre=La droite qui a presque exécuté Paco de Lucía|titre=La derecha que casi ejecuta a Paco de Lucía|site=el Afinador de Noticias|jour=14|mois=mars|année=2013|consulté le=15 janvier 2018}}.</ref>. Selon lui, à cette époque, tout le monde faisait de la politique et tous politisaient la moindre parole. Toujours est-il que certains poussèrent les hauts-cris trouvant intolérable un tel propos venant du gendre du général Varela<ref name=":16" />. Ce jour-là, donc, Paco fut roué de coups par ces hommes de main de l'ultradroite, sous les yeux de sa fiancée Casilda rendue à l'impuissance, en pleine ''[[Gran Vía (Madrid)|Gran Vía]]'' madrilène à la sortie du cinéma Avenida , au cri de : {{citation|Alors comme ça, toi, tu dis que la droite exécute ? Tiens, prends, fils de ... Tu ne joueras plus jamais !}} Ses doigts et ses mains furent piétinés. Fort heureusement, cette fois Paco se remit vite de ses blessures<ref>{{Lien web|langue=es|url=http://233grados.lainformacion.com/blog/2014/02/la-noche-que-jesús-quintero-entrevistó-a-paco-de-lucía.html|traduction titre=La nuit où Jesús Quintero interviewa Paco de Lucía|titre=La noche que Jesús Quintero entrevistó a Paco de Lucía|site=233grados.com|année=2014|consulté le=15 janvier 2018}}.</ref>.

Lorsqu'en 1992, son partenaire artistique et ami gitan [[Camarón de la Isla|Camarón]] décéda<ref name=":16" />, Paco se retrouva sous le feu d'accusations violentes émanant de la communauté gitane. Il aurait non seulement spolié Camarón de sa part des droits d'auteur sur leurs œuvres communes, mais aurait aussi accédé à un train de vie princier tout en se montrant ingrat envers ceux dont il aurait exploité à son seul profit la tradition musicale<ref name=":12" />{{,}}<ref name="LeTemps_2004_02_21">{{Lien web|auteur=Luis Lema|titre=Inconsolable, Paco de Lucia redonne vie à Camarón|jour=21|mois=février|année=2004|url=https://www.letemps.ch/culture/2004/02/21/inconsolable-paco-lucia-redonne-vie-camaron|éditeur=[[Le Temps (quotidien suisse)|Le Temps]]|consulté le=27 janvier 2018}}.</ref>. Ces attaques injustes lui occasionnèrent des sentiments de colère, de peine et de tristesse, qui l'empêchèrent de dire adieu à son ami et de faire son deuil<ref name=":8" />{{,}}<ref>{{Lien web|éditeur=[[Libération (journal)|Libération]]|auteur=François-Xavier Gomez|titre=Paco de Lucía, flamme éteinte|jour=26|mois=février|année=2014|url=http://next.liberation.fr/musique/2014/02/26/paco-de-lucia-flamme-eteinte_983177|consulté le=28 janvier 2018}}.</ref>. Réfugié à [[Cancún]], au Mexique, il enchaîna, pendant des années, concerts publics, sessions musicales et travail de studio<ref name="LeTemps_2004_02_21" />. Accaparé par sa vie professionnelle, il fut de moins en moins présent auprès de sa famille. En 1998, après son divorce d'avec Casilda, son nouvel album ''Luzia'' fut un double adieu à son ami Camarón et à sa mère défunte<ref name="LetrasLibres_2014_06_21">{{Lien web|langue=es|auteur=Enrique Helguera de la Villa|traduction titre=Paco de Lucía : les hauts et les bas d'un cantaor frustré|titre=Paco de Lucía: abismo y aire de un cantaor frustrado|année=2014|mois=juin|jour=21|url=http://www.letraslibres.com/espana-mexico/revista/paco-lucia-abismo-y-aire-un-cantaor-frustrado|éditeur=[[Letras Libres]]|consulté le=29 janvier 2018}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur=Emma Martínez|traduction titre=Flamenco|titre=Flamenco|sous-titre=all You Wanted to Know|éditeur=Mel Bay Publications|lieu=[[Pacific (Missouri)|Pacific]]|année=2003|pages totales=128|passage=104|ean=9780786667383|isbn=0786667389|oclc=54901805}}.</ref>. Au début des années 2000, remarié à Gabriela Canseco Vallejo, une citoyenne mexicaine, il partagea son temps entre sa famille et la composition musicale dans sa résidence mexicaine<ref name="LetrasLibres_2014_06_21" />. De son nouveau mariage naquirent deux enfants : Antonia Sánchez Canseco (2000) et Diego Sánchez Canseco (2007)<ref>{{Lien web|langue=es|url=http://www.abc.es/cultura/musica/20140227/abci-muerte-paco-lucia-201402271310.html|titre=Paco de Lucía, a su mujer: «Gabriela, llévame al hospital que tengo un frío muy raro en la garganta»|auteur institutionnel=[[ABC (journal)|ABC]]|jour=27|mois=février|année=2014|consulté le=28 janvier 2018}}.</ref>{{,}}<ref name=":16" />. Il renoua avec sa terre natale, en déménageant à [[Tolède]]  durant l'année 2003, puis à [[Palma|Palma de Majorque]]<ref>{{Lien web|éditeur=[[Libération (journal)|Libération]]|auteur=François Musseau|titre=Paco de Lucía sur le qui-vive|jour=26|mois=octobre|année=2004|url=http://next.liberation.fr/culture/2004/10/26/paco-de-lucia-sur-le-qui-vive_497292|consulté le=29 janvier 2018}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=es|auteur1=Cándido Romaguera|auteur2=Iker Seisdedos|traduction titre=Paco de Lucía mort à 66 ans|titre=Paco de Lucía muere a los 66 años|jour=26|mois=février|année=2014|url=https://elpais.com/cultura/2014/02/26/actualidad/1393402092_307878.html|éditeur=[[El País]]|consulté le=29 janvier 2018}}.</ref>.

== Prix et distinctions ==
[[Fichier:Paco de Lucia UV.jpg|vignette|gauche|redresse|alt=Peinture couleur représentant un homme en train de jouer de la guitare.|''{{langue|en|Paco de Lucia and Guardian Angel}}'', œuvre de [[Lola Lonli]] (2012).]]
Tout au long de sa carrière, longue de plus de {{nobr|50 ans}}, Paco de Lucia a reçu de nombreux prix et distinctions{{sfn|Buendía|2014|p=5|gr=B}}{{,}}{{sfn|Pohren|1992|p=123–124|gr=B}}{{,}}<ref name="SGAE_2016_12_21">{{Lien web|langue=es|auteur institutionnel=Société générale des auteurs et éditeurs d'Espagne|titre=Google rinde homenaje a Paco de Lucía en el día de su cumpleaños|traduction titre=Google rend hommage à Paco de Lucía, le jour de son anniversaire|année=2016|mois=décembre|jour=21|url=http://www.sgae.es/es-es/sitepages/EstaPasandoDetalleActualidad.aspx?i=1593&s=5|site=www.sgae.es|consulté le=28 décembre 2017}}.</ref>.

Adolescent, il reçoit, en 1962, le prix spécial du concours d'art flamenco organisé par la ville andalouse de [[Jerez de la Frontera]]{{sfn|Pohren|1992|p=123|gr=B}}. Au niveau national, il est récompensé, en 1968, par le premier prix de guitare du concours national d'Art flamenco de [[Cordoue]], puis, deux ans plus tard, par le prix national de guitare flamenca de la chaire de flamencologie de Jerez de la Frontera{{sfn|Pohren|1992|p=123|gr=B}}.

En 1975, il décroche, à [[Sanremo|San Remo]], le diapason d'or du festival de musique international, et, lors du festival de chant des mines de [[La Unión (Région de Murcie)|La Unión]], créé en 1961 dans la [[région de Murcie]]<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur institutionnel=Office espagnol du Tourisme|titre=Festival de chant des mines en Espagne|année=2017|mois=décembre|jour=27|url=http://www.spain.info/fr_FR/que-quieres/agenda/fiestas/murcia/festival_del_cante_de_las_minas.html|site=Spain.info|consulté le=27 décembre 2017}}.</ref>, un prix au concours de guitare{{sfn|Buendía|2014|p=5|gr=B}}. En [[1976]], l'album ''Fuente y Caudal'', est couronné d'un [[Disque de certification|disque d'or]], et son titre-phare, la rumba ''Entre dos aguas'', d'un [[Single (musique)|single]] d'or{{sfn|Buendía|2014|p=5|gr=B}}.

Comme tout instrumentiste désireux de faire carrière, Paco de Lucia participe à des concours musicaux. Dès le milieu des années 1970 cependant, sa réputation bien établie lui permet de ne plus devoir courir les compétitions, même pour simplement gagner sa vie. Ayant inscrit son nom au sommet des palmarès de tous les prix prestigieux, il intervient désormais comme maître reconnu de la guitare. En 1984, par exemple, il est présent à la {{IIIe|[[Bienal de Flamenco|Biennale de flamenco de Séville]]}}, en tant que juge artistique, aux côtés du chanteur Enrique Morente, et des guitaristes Rafael Riqueni et [[Manolo Sanlúcar]]<ref name="Bienal de Flamenco_1984" />{{,}}{{sfn|Pohren|1992|p=124|gr=B}}. La manifestation culturelle, devenue le rendez-vous biennal mondial du flamenco<ref>{{Lien web|langue=es|auteur institutionnel=''[[El País]]''|traduction titre=La Biennale, grand événement international du monde flamenco|titre=La Bienal, el gran acontecimiento Internacional del Mundo del Flamenco|jour=6|mois=septembre|année=2016|url=https://elpais.com/tematicos/2016/08/31/elpaismas/1472645835_083668.html|site=El País.com|éditeur=elpais|consulté le=28 décembre 2017}}.</ref>, lui rend hommage, trente ans plus tard, à sa mort, en 2014<ref name="Bienal de Flamenco_2014" />.

[[Fichier:Badge of the Gold Medal of Merit in the Fine Arts (Spain).svg|vignette|upright=0.7|alt=Dessin d'une médaille formée d'un disque central au fond bleu, au centre duquel sont inscrites les deux lettres B et A. Trois cercles dorés constituent le bord de l'objet, le plus excentré étant composé de deux branches de laurier surmontées d'une couronne dorée.|La [[médaille d'or du mérite des beaux-arts]], décernée à Paco de Lucia en 1992.]]
En 1992, le [[Ministère de l'Éducation, de la Culture et des Sports (Espagne)|ministère de l'Éducation, de la Culture et des Sports]] lui remet la [[médaille d'or du mérite des beaux-arts]]<ref name="spainisculture">{{Lien web|langue=fr|titre=Paco de Lucía. Flamenco, musique. Biographie et œuvres sur Spain is Culture|url=http://www.spainisculture.com/fr/artistas_creadores/paco_de_lucia.html|site=www.spainisculture.com|consulté le=2017-12-19}}.</ref>{{,}}<ref name="TheWashingtonPost_2014_02_27">{{Lien web|langue=en|auteur=Ciaran Giles|traduction titre=Paco de Lucia, guitariste de flamenco, est mort à l'âge de 66 ans|titre=Paco de Lucia, flamenco guitarist, dies at 66|jour=27|mois=février|année=2014|url=https://www.washingtonpost.com/entertainment/paco-de-lucia-flamenco-guitarist-dies-at-66/2014/02/27/2b378672-9f1b-11e3-9ba6-800d1192d08b_story.html|éditeur=[[The Washington Post]]|consulté le=22 janvier 2018}}.</ref>.

En [[1997]], puis [[1998]], Paco de Lucia est déclaré ''{{langue|es|hijo predilecto}}'' (titre honorifique propre à l'Espagne, équivalent de « enfant chéri » ou [[Citoyen d'honneur (titre honorifique)|citoyen d'honneur]]) successivement de la [[province de Cadix]] et de la commune d'[[Algésiras]]<ref>{{Article|langue=es|titre=Muere Paco de Lucía|sous-titre=emblema de la renovación del flamenco|périodique=Informativos 24 horas|éditeur=[[Radiotelevisión Española]]|date=2014-02-26|lire en ligne=http://www.rtve.es/noticias/20140226/paco-lucia-emblema-renovacion-del-flamenco/887441.shtml|consulté le=2018-01-31}}.</ref>.

Dans les années 2000, il est honoré de plusieurs prix : le prix Pastora Pavón, instauré par le gouvernement d'Andalousie à la mémoire de {{Citation étrangère|lang=es|[[La Niña de los Peines]]}}<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur institutionnel=Flamenco Vivo Records|traduction titre=Pastora María Pavón Cruz|titre=La Niña de los Peines|jour=14|mois=septembre|année=2017|url=https://flamencovivo.es/la-nina-de-los-peines-francais/|site=Flamenco Vivo Records|consulté le=28 décembre 2017}}.</ref>, et une distinction honorifique de la Société générale des auteurs et éditeurs d'Espagne, en 2002, le prix du meilleur album de [[flamenco]] pour ''Cositas Buenas'' aux [[Latin Grammy Awards 2004|Latin Grammy Awards]] de [[2004 en musique|2004]]<ref>{{lien web|langue=es|auteur=A. Carrasco Ragel|titre=Paco de Lucía, a través de sus citas|éditeur=[[20 minutos]]|jour=26|mois=février|année=2014|url=http://www.20minutos.es/fotos/cultura/paco-de-lucia-a-traves-de-sus-citas-10291/11/|consulté le=28 décembre 2017}}.</ref>, le [[Prix Princesse des Asturies|prix Prince des Asturies]] des arts, la même année<ref name="spainisculture"/>{{,}}{{sfn|Marmande|2014|gr=B}}, le prix de l'album [[Latin jazz|Latin Jazz]] de l'année pour ''Cositas Buenas'' aux [[Prix Billboard de musique latine 2005]]<ref>{{Lien web|langue=en|auteur institutionnel=Harris Center for the Arts|titre=Flamenco Legends by Javier Limón|sous-titre=The Paco de Lucía Project|traduction titre=Les légendes du flamenco par Javier Limón|année=2017|mois=août|jour=22|url=https://www.harriscenter.net/online/images/flc/documents/1718/playbills/Flamenco Legends_Paco de Lucia Project.pdf|format électronique=pdf|consulté le=26 janvier 2018}}.</ref>.

Il est aussi promu, pour son enseignement musical, [[Doctorat honoris causa|docteur ''honoris causa'']], par l'[[université de Cadix]], en [[2007]], puis, en [[2010]], par le [[Berklee College of Music]]{{sfn|Marmande|2014|gr=B}}.

L'année de sa mort, au cours de la {{15e|édition}} des [[Latin Grammy Award]]s, son dernier album ''{{langue|es|Canción Andaluza}}'' remporte les prix du « meilleur album de l'année » et du « meilleur album de Flamenco »<ref name="spainisculture"/>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en|auteur institutionnel=[[Académie nationale des arts et des sciences]]|traduction titre=Recherche de gagnants passés|titre=Past Winners Search|année=2017|mois=décembre|jour=28|url=https://www.latingrammy.com/en/nominees/search?artist=Paco+de+Lucia&year=2014&genre=All|site=Latin Grammys|consulté le=28 décembre 2017}}.</ref>.

== Discographie ==
La discographie de Paco de Lucía comporte quarante-deux albums en propre, sous son nom, (dont un [[Œuvre posthume en droit de la propriété intellectuelle|posthume]], huit [[anthologie]]s ou [[Compilation (musique)|compilations]], six disques en public, et donc vingt-huit albums originaux) ; mais aussi de nombreux disques en collaboration avec d'autres musiciens<ref>[https://rateyourmusic.com/artist/paco-de-lucia Discographie] sur ''[[Rate Your Music]]''.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|auteur institutionnel=Musique Alhambra|titre=Paco de Lucia|sous-titre=hommage au grand Maitre|année=2014|mois=novembre|jour=22|url=http://www.musiquealhambra.com/paco_de_lucia_.htm|site=www.musiquealhambra.com|consulté le=30 janvier 2018}}.</ref>{{,}}<ref>{{Discogs artiste |artiste=20184 | nom=Paco de Lucía}}.</ref>, ainsi que des participations à des albums d'autres artistes, de genres musicaux très divers. Une compilation intitulée ''Nueva Integral'', parue chez Universal en 2010, comprend 27 disques<ref name="nueva">{{Discogs release|7906926|Nueva Integral|type=album}}.</ref>{{,}}<ref>''Paco de Lucía : integral'', [[Universal Music Group|Universal Music]], {{OCLC|776434291}}.</ref>.

Dans une interview donnée à l'occasion de la sortie de son disque ''Luzía'' en 1998, il se confiait ainsi sur sa façon de travailler : {{citation|Faire un disque c'est avoir quelque chose de nouveau à raconter ; alors tu dois vivre, tu dois sentir des choses, t'imprégner de choses nouvelles pour que ce disque ne soit pas la répétition du précédent. Chaque fois que je fais un disque, il me plaît de dire quelque chose de neuf, de créer une surprise, pour que le guitariste qui mettra ce disque puisse l'apprécier, y trouver quelque chose à apprendre ou à éprouver émotionnellement. C'est pour ça que cela peut tarder un peu<ref name="Livret Luzia ES">Interview reprise dans le livret accompagnant l'édition espagnole de l'album ''Luzia''.</ref>.}}

En effet, huit ans séparent cet album du précédent disque de création (''Zyryab'') sorti en 1990, même si ont été enregistrés trois disques en public (dont celui consacré à ''Aranjuez'') entre-temps.

{{citation bloc|J'ai passé plus de six mois à voyager, or pour composer tu dois réellement passer des heures dans une chambre sans rien qui te perturbe, seul, centré sur ce disque. Donc, je me suis dit : « Bon, ça fait longtemps maintenant, je vais m'enfermer dans une pièce chez moi, et tant que ce disque n'est pas sorti, je ne vais pas faire un seul concert » ; et effectivement, après sept mois à dix heures par jour, voilà le disque<ref name="Livret Luzia ES" />.}}

=== En propre ===
==== Albums de création en studio ====
[[Fichier:Paco de Lucia 1.jpg|vignette|redresse|alt=Photo d'un homme jouant de la guitare|Paco de Lucía au Gibralfaro, à [[Malaga]], le {{date-|22 septembre 2007}}.]]
* 1961 : ''Los Chiquitos de Algeciras'', {{vol.|1, 2 et 3}}, avec Pepe de Lucía : trois [[Extended play|EP]] de {{nobr|4 titres}} chacun ([[Hispavox]])<ref>{{Lien web|langue=en|auteur institutionnel=[[Rate Your Music]]|titre=Los Chiquitos de Algeciras Vol. 1|année=2018|mois=janvier|url=https://rateyourmusic.com/release/ep/los_chiquitos_de_algeciras/los_chiquitos_de_algeciras_vol__1/|consulté le=30 janvier 2018}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en|auteur institutionnel=[[Rate Your Music]]|titre=Los Chiquitos de Algeciras Vol. 2|année=2018|mois=janvier|url=https://rateyourmusic.com/release/ep/los_chiquitos_de_algeciras/los_chiquitos_de_algeciras_vol__2/|consulté le=30 janvier 2018}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en|auteur institutionnel=[[Rate Your Music]]|titre=Los Chiquitos de Algeciras Vol. 3|année=2018|mois=janvier|url=https://rateyourmusic.com/release/ep/los_chiquitos_de_algeciras/los_chiquitos_de_algeciras_vol__3/|consulté le=30 janvier 2018}}.</ref>, réédités en 2016 en double CD avec le suivant (EMI/Warner)<ref name="LosChiquitosdeAlgeciras_974532342" />. En duo accompagnant le chant.
* 1963 : ''Los Chiquitos de Algeciras'', avec Pepe de Lucía : ''cante flamenco tradicional'' et thèmes populaires ibéro-américains<ref name="discogs 1200286" />. Réédité en [[Long play|LP]] en 1982<ref>Hispavox 150001 : {{Discogs release|5440435|Los Chiquitos de Algeciras|type=album}}.</ref>, et en CD en 1995<ref>''Los Chiquitos de Algeciras : cante flamenco tradicional'', [[Hispavox]] 8354122.</ref>, puis en 2003<ref>''Los Chiquitos de Algeciras : cante flamenco tradicional'', {{OCLC|431840156}}.</ref> et en 2016<ref name="LosChiquitosdeAlgeciras_974532342" />. En duo accompagnant le chant.
* 1964 : ''La guitarra de Paco de Lucía'' : ''Rondeña De Ramón Montoya ; Aires Andaluces ; Piropo Gaditano ''et ''Cielo Sevillano'' (super {{nobr|45 tours}} ou [[extended play]] de {{nobr|4 titres}}, premier disque en solo)<ref>{{Lien web|langue=en|auteur institutionnel=[[Rate Your Music]]|titre=La guitarra de Paco de Lucía|année=2018|mois=janvier|url=https://rateyourmusic.com/release/ep/paco-de-lucia/la-guitarra-de-paco-de-lucia/|consulté le=30 janvier 2018}}.</ref>, réédité en 2003 sous le titre'' Por descubrir<ref>{{Discogs release|7702999|Por Descubrir 1964-2000|type=album}}.</ref>.''
* 1964 : Paco de Lucía et [[Ricardo Modrego]], ''Dos guitarras flamencas en stereo'' (Philips 843 105 PY)<ref>{{Lien web|langue=en|auteur institutionnel=[[Rate Your Music]]|titre=Dos guitarras flamencas en stereo|année=2018|mois=janvier|url=https://rateyourmusic.com/release/album/paco-de-lucia-y-ricardo-modrego/dos-guitarras-flamencas-en-stereo/|consulté le=30 janvier 2018}}.</ref>. En duo.
* 1965 : Paco de Lucía et Ricardo Modrego, ''12 éxitos para dos guitarras flamencas'' (Philips, 843 120 PY)<ref>{{Lien web|langue=en|auteur institutionnel=[[Rate Your Music]]|titre=12 éxitos para 2 guitarras flamencas|année=2018|mois=janvier|url=https://rateyourmusic.com/release/album/paco-de-lucia-y-ricardo-modrego/12-exitos-para-2-guitarras-flamencas/|consulté le=30 janvier 2018}}.</ref>. En duo.
* 1965 : Paco de Lucía et Ricardo Modrego, ''Doce canciones de García Lorca para guitarra'' (Philips, 843 118 PY)<ref>{{Lien web|langue=en|auteur institutionnel=[[Rate Your Music]]|titre=12 canciones de García Lorca para guitarra|année=2018|mois=janvier|url=https://rateyourmusic.com/release/album/paco-de-lucia-y-ricardo-modrego/12-canciones-de-garcia-lorca-para-guitarra/|consulté le=30 janvier 2018}}.</ref> ; réédition en CD : 1995<ref>''12 canciones de García Lorca para guitarra'', {{OCLC|920703903}}.</ref>. En duo.
* 1967 : Paco de Lucía et Ramón de Algeciras, ''Canciones andaluzas para dos guitarras'' (Philips, 843 140 PY)<ref>{{Lien web|langue=en|auteur institutionnel=[[Rate Your Music]]|titre=Canciones andaluzas para 2 guitarras|année=2018|mois=janvier|url=https://rateyourmusic.com/release/album/paco-de-lucia-y-ramon-de-algeciras/canciones-andaluzas-para-2-guitarras/|consulté le=30 janvier 2018}}.</ref>{{,}}<ref>''Canciones andaluzas para dos guitarras'', {{OCLC|804375139}}.</ref>. En duo.
* 1967 : ''La fabulosa guitarra de Paco de Lucía,'' (Philips, 843 139 PY)<ref>{{Lien web|langue=en|auteur institutionnel=[[Rate Your Music]]|titre=La fabulosa guitarra de Paco de Lucía|année=2018|mois=janvier|url=https://rateyourmusic.com/release/album/paco-de-lucia/la-fabulosa-guitarra-de-paco-de-lucia/|consulté le=30 janvier 2018}}.</ref>. En solo.
* 1967 : Paco de Lucía et Ramón de Algeciras, ''Dos guitarras flamencas en América Latina''<ref name="Discogs 500678" />. En duo.
* 1969 : Paco de Lucía et Ramón de Algeciras, ''12 hits para 2 guitarras flamencas y orquesta de cuerda''<ref>{{Discogs master|760750|12 hits para 2 guitarras flamencas y orquesta de cuerda|type=album}}.</ref>. En duo.
* 1969 : ''[[En Hispanoamérica]]'' avec Ramón de Algeciras<ref>{{Discogs master|265847|Hispanoamérica|type=album}}.</ref>. En duo.
* 1969 : ''[[Fantasía flamenca|Fantasía flamenca de Paco de Lucía]]''<ref>{{Discogs master|506757|Fantasía flamenca de Paco de Lucía|type=album}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien archive|titre=Fantasia Flamenca De Paco De Lucia {{!}} pacodelucia.org|horodatage archive=20160303210725|url=http://www.pacodelucia.org/en/disc/fantasia-flamenca-de-paco-de-lucia|date=2016-03-03|consulté le=2018-01-06}}.</ref>. En solo.
* 1969 : ''Paco De Lucía / Ramón de Algeciras en Hispanoamérica'' ({{vol.|2}})<ref>{{Discogs release|5907240|Hispanoamérica vol. 2|type=album}}.</ref>. En duo.
* 1971 : ''El mundo del flamenco.'' ''Paco de Lucía presenta a Raul, bailaor, y Pepe de Lucía, cantaor'' ; et avec aussi Ramón de Algeciras<ref>{{Discogs master|447894|El mundo del flamenco|type=album}}.</ref>. En groupe.
* 1971 : ''[[Recital de guitarra]]'', avec Ramón de Algeciras, Enrique Jiménez de Melchor, Paco Cepero, Isidro Sanlúcar Muñoz et Julio Vallejo. En groupe.
* 1972 : ''[[El duende flamenco]]'', avec Ramón de Algeciras<ref>{{Discogs master|423667|El duende flamenco|type=album}}.</ref>. En duo.
* 1973 : ''[[Fuente y caudal]]''. En groupe ou En solo.
* 1976 : ''[[Almoraima]]'' (Philips)<ref>''[[Almoraima]]'', [[Philips Records|Philips]], {{OCLC|806440352|795554953}}</ref>. En groupe.
* 1978 : ''[[Interpreta a Manuel de Falla]]'' (Philips)<ref>''[[Interpreta a Manuel de Falla]]'', [[Philips Records|Philips]], {{OCLC|837893631|431985335}}</ref>. En groupe.
* 1981 : ''[[Castro Marín]]'' (du nom du village natal de sa mère, [[Castro Marim]], à l'extrême sud du Portugal, en [[Algarve]], [[district de Faro]], tout près de la frontière et de la ville espagnole d'[[Ayamonte]]), avec John McLaughlin et Larry Coryell entre autres. En groupe.
* 1983 : Al Di Meola, John McLaughlin & Paco de Lucía, ''{{langue|en|Passion, Grace & Fire}}'' (Philips, 811 334-1 LP et 811 334-2 CD<ref>{{Lien web|langue=en|auteur institutionnel=[[Rate Your Music]]|titre=Passion Grace & Fire|année=2018|mois=janvier|url=https://rateyourmusic.com/release/album/john-mclaughlin-al-di-meola-paco-de-lucia/passion-grace-and-fire-8/|consulté le=30 janvier 2018}}.</ref>). En trio.
* 1987 : ''Siroco'', avec Ramón de Algeciras, Pepe de Lucía, Rubem Dantas, José María Bandera et Juan Ramírez. En groupe.
* 1990 : ''Zyryab'', avec Chick Corea, Manolo Sanlúcar, Carles Benavent, Jorge Pardo, Rubem Dantas, Ramón de Algeciras et Pepe de Lucía. En groupe.
* 1981 : ''[[Solo quiero caminar]]''. En groupe.
* 1996 : Al Di Meola, John McLaughlin et Paco de Lucía, ''The Guitar Trio'' (Verve, 533 215-2)<ref>{{Lien web|langue=en|auteur institutionnel=[[Rate Your Music]]|titre=The Guitar Trio|année=2018|mois=janvier|url=https://rateyourmusic.com/release/album/paco-de-lucia-al-di-meola-and-john-mclaughlin/the-guitar-trio/|consulté le=30 janvier 2018}}.</ref>. En trio.
* 1998 : ''Luzia'', avec Pepe de Lucía, Ramón de Algeciras, [[Duquende]], Tino di Geraldo, [[Carles Benavent]], [[Josemi Carmona]], Luis Dulzaides. En groupe.
* 2004 : ''[[Cositas Buenas]]'' (album [[latin jazz]] de l'année aux [[Prix Billboard de musique latine 2005|Billboard Latin Awards 2005]]), avec entre autres : Alejandro Sanz, Diego el Cigala, Tomatito, Juan D'Angellyca, Jerry González et Alain Pérez. En groupe.
* 2014 : ''{{Lien |langue=es |trad=Canción Andaluza |fr=Canción Andaluza}}'' (album posthume)<ref name="El Universal 2014" />. Avec entre autres [[Estrella Morente]], [[Pepe Romero]], [[Oscar D'León]], {{Lien |langue=es |trad=Vicente de Castro "Parrita" |fr=Vicente de Castro "Parrita" }}, Ricardo Sanchís, Tony Morales, Lester Devoe, Hermanos Conde<ref name="Canción Andaluza"/>. En groupe.

==== Albums en public ====
* 1975 : ''[[En vivo desde el Teatro Real]]'' ([[Disque microsillon|LP]] [[Philips Records|Philips]] 9113 001)<ref>{{Discogs master|752506|En vivo desde el Teatro Real|type=album}}.</ref>.
* 1981 : Al Di Meola, John McLaughlin et Paco de Lucía, ''[[Friday Night in San Francisco]]''.
* 1984 : Paco de Lucía Sextet, ''Live One Summer Night.''
* 1993 : ''Live in America, Paco de Lucía Sextet''.
* 1991 : ''[[Concerto d'Aranjuez]]'', avec l'[[Orchestre de Cadaqués]], [[Chef d'orchestre|dir.]] [[Edmon Colomer]] (Philips 510 301-2 /Universal)<ref>''Concierto de Aranjuez'', [[Universal Music Group|Universal Music]], {{OCLC|964337263|971826368}}.</ref>.
* 2011 : ''En vivo. Conciertos España'', 2010 (album en public)<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur institutionnel=[[France Musique]]|titre=Paco de Lucia, icône de la guitare Flamenco, est mort|jour=26|mois=février|année=2014|url=https://www.francemusique.fr/actualite-musicale/paco-de-lucia-icone-de-la-guitare-flamenco-est-mort-2693|consulté le=26 janvier 2018}}.</ref>.
* 2023: Paco de Lucía : ''The Montreux Years.''

==== Compilations ====
* 1977 : ''[[En Hispanoamérica|Hispanoamérica con Paco de Lucía y Ramón de Algeciras]]'' (Compilation).
* 1983 : ''Entre dos aguas'', compilation, réédition en CD d'un [[Disque microsillon|LP]] d'abord publié en 1975.
* 1996 : ''Antología'', compilation en {{nobr|2 CD}}.
* 2003 : ''Paco De Lucía Integral'' (intégrale en {{nobr|27 CD}}).
* 2003 : ''Por descubrir'' (réédition du super {{nobr|45 tour}} de 1964, plus {{nobr|11 titres}} en collaboration éparpillés ; vient compléter l'intégrale de Phillips, puis Universal, précédente).
* 2004 : ''Nueva antología'', édition commémorative.
* 2005 : ''Gold'', compilation.
* 2008 : ''Flamenco virtuoso. Paco de Lucía''. Compilation de titres de 1966 à 1998 remastérisés. [[Universal Music Group|Universal Music]] Classics & Jazz, LC-00699-06007-5312687.

=== En collaboration sur les albums d'autres artistes (non exhaustif) ===

==== Avec des musiciens de flamenco ====
* 1969 : [[Camarón de la Isla]], ''Al verte las flores lloran''.
* 1970 : Camarón de la Isla, ''Cada vez que nos miramos''.
* 1971 : Camarón de la Isla, ''Son tus ojos dos estrellas''.
* 1972 : Camarón de la Isla, ''Canastera''.
* 1972 : Camarón de la Isla, ''Una Noche en Torres Bermejas,'' enregistré en 1969 en public avec Camarón et Pepa de Utrera, Philips 63 28 033.
* 1973 : Camarón de la Isla, ''Caminito de Totana''.
* 1974 : Camarón de la Isla, ''Soy caminante''.
* 1975 : Camarón de la Isla, ''Arte y majestad''.
* 1976 : Camarón de la Isla, ''Rosa María''.
* 1977 : Camarón de la Isla, ''Castillo de arena''.
* 1981 : Camarón de la Isla, ''Como el agua'', avec aussi [[Tomatito]].
* 1983 : [[Jorge Pardo (musicien)|Jorge Pardo]], ''El canto de los guerreros'', sur le thème ''Al doblar la esquina''.
* 1983 : [[Camarón de la Isla]], ''Calle Real'', avec aussi [[Tomatito]].
* 1984 : [[Camarón de la Isla]], ''Viviré'', avec aussi Tomatito.
[[Fichier:Tomatito in 2016.jpg|vignette|upright=0.9|[[Tomatito]], héritier direct de Paco de Lucía, qui a aussi accompagné Camarón, comme lui et parfois avec lui (ici en 2016).]]
* 1986 : [[Luis Eduardo Aute]], ''20 canciones de amor y…'', sur le thème ''Epílogo: un poema desesperado''.
* 1992 : [[Camarón de la Isla]], ''Potro de rabia y miel'', avec aussi Tomatito.
* 1995 : [[Carles Benavent]], ''Agüita que corre''.
* 1995 : [[Vicente Amigo]], ''Vivencias imaginadas'', sur le thème ''Querido Metheny''.
* 1996 : [[Pepe de Lucía]], ''El orgullo de mi padre''.
* 1999 : [[Enrique de Melchor]], ''Arco de las rosas''.
* 2000 : [[Juan Manuel Cañizares]], ''Punto de Encuentro''.
* 2000 : [[Duquende]], ''Samaruco''.
* 2000 : [[Pepe de Lucía]], ''Cada día''.
* 2006 : [[Camarón de la Isla]], ''Camarón en la Venta de Vargas''.
* 2012 : [[Miguel Poveda]], ''ArteSano''.
* 2013 : [[Fosforito]], ''Cante y guitarra''.

==== Avec des musiciens de jazz ====
* 1967 : [[Pedro Iturralde]] Quintet, ''Flamenco-Jazz''.
* 1977 : [[Al Di Meola]], ''[[Elegant Gypsy]]''.
* 1978 : Dolores (groupe de jazz-rock des années 1970, fondé par [[Pedro Ruy-Blas]]<ref name=":4" />), ''Asa Nisi Masa'', sur le thème ''Por donde caminas''.
* 1981 : [[John McLaughlin (musicien)|John McLaughlin]], ''{{Lien|langue=en|trad=Belo Horizonte (album)|fr=Belo Horizonte (album de John McLaughlin)|texte=Belo Horizonte}}''.
* 1982 : [[Al Di Meola]], ''{{Lien|langue=en|fr=Electric Rendezvous}}''.
* 1982 : [[Chick Corea]], ''{{Lien|langue=en|trad=Touchstone (album)|fr=Touchstone (album)|texte=Touchstone}}''.
* 1995 : [[John McLaughlin (musicien)|John McLaughlin]], ''{{Lien|langue=en|trad=The Promise (John McLaughlin album)|fr=The Promise (album de John McLaughlin)|texte=The Promise}}'', sur le thème ''El ciego'' <small>(John McLaughlin, Paco de Lucía, Al Di Meola)</small>

==== Avec d'autres musiciens ====
* 1987 : [[Georges Dalaras]], ''Live recordings''.
* 1989 : [[Djavan]], ''Océano''.
* 1989 : [[Joan Manuel Serrat]], ''Material Sensible'', sur la chanson ''Salam Rashid''.
* 1990 : [[Claudio Baglioni]], ''Oltre'', sur le thème ''Domani Mai''.
* 1990 : [[Dyango]] : ''Corazón de Bolero'', sur le thème ''Europa'' de Santana.
* 1992 : [[Raphael Rabello]], ''Todos os Tons'', sur le thème ''Samba do Aviao'' d'Antonio Carlos Jobim.
* 1992 : [[Joan Manuel Serrat]], ''Utopia'', sur la chanson ''Utopia''.
* 1996 : [[Bryan Adams]], ''18 'Til I Die'', sur le thème ''Have You Ever Really Loved A Woman''.
* 2007 : [[Tomeu Penya]], ''Paraules que s'endú es vent'', sur la chanson éponyme.

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Fichier:Chick Corea - Festival de Jazz de Vitoria 2010.jpg|alt=Photo d'un homme sur scène en train de chanter.|{{centrer|[[Chick Corea]].}}
Fichier:Vicenteamigo.jpg|alt=Photo d'un homme tenant une guitare.|{{centrer|[[Vicente Amigo]].}}
File:Tomeu penya Lloret.JPG|alt=Photo de deux hommes sur scène en train de chanter.|{{centrer|[[Tomeu Penya]].}}
Fichier:Serrat.jpg|alt=Photo en gros plan d'un homme chantant.|{{centrer|[[Joan Manuel Serrat]].}}
Fichier:Juan Manuel Cañizares.jpg|alt=Photo d'un homme jouant de la guitare.|{{centrer|[[Juan Manuel Cañizares]].}}
Fichier:Danilo Pérez, Herbie Hancock, Wayne Shorter, Rubén Blades.jpg|alt=Photo montrant quatre hommes alignés.|{{centrer|[[Danilo Pérez]], [[Herbie Hancock]], [[Wayne Shorter]], [[Rubén Blades]] (2013).}}
</gallery>

=== Musique de films ===
[[Fichier:Carlos Saura.jpg|vignette|redresse|alt=Photo portrait couleur d'un homme souriant, aux cheveux gris.|Le réalisateur [[Carlos Saura]] (ici en 2008) a collaboré à plusieurs reprises avec Paco de Lucía.]]
Au cours de sa carrière, Paco de Lucía compose quelques [[Musique de film|bandes originales de films]]. Des [[cinéaste]]s, [[Carlos Saura]] notamment<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Carlos Saura]]|auteur2=Linda M. Willem|directeur2=oui|titre=Carlos Saura|sous-titre=Interviews|éditeur=[[University Press of Mississippi (édition)|University Press of Mississippi]]|collection=Conversations with filmmakers series|lieu=[[Jackson (Mississippi)|Jackson]]|année=2003|pages totales=179|titre chapitre=Filmography|ean=9781578064946|isbn=1578064945|oclc=470616200|bnf=41388598|id=Saura2003}}.</ref>, le sollicitent directement ou puisent dans son [[Répertoire (art)|répertoire]]<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur institutionnel=[[Allociné]]|titre=Filmographie Paco de Lucía|année=2018|mois=Janvier|jour=1|url=http://www.allocine.fr/personne/fichepersonne-560/filmographie/|consulté le=1 janvier 2018}}.</ref>{{,}}<ref>{{Imdb nom|id=0524834|nom=Paco de Lucía}}.</ref>. En [[1979]], trois ans après avoir réalisé, pour Gonzalo Sebastián de Erice, la [[bande-son]] d'un [[court métrage]] de {{heure||20|durée=oui}}, ''{{langue|es|La nueva Costa del Sol}}''<ref>{{Imdb titre|id=0279278|titre=La nueva Costa del Sol}}.</ref>, il crée la bande sonore d'un [[Drame (cinéma)|drame]] de [[José Luis Borau]] : ''{{langue|es|La Sabina}}''<ref name="DiairodeCádiz_2014_02_26">{{Lien web|langue=es|auteur institutionnel=Diario de Cádiz|traduction titre=De Lucía et le cinéma : de Carlos Saura à Wes Anderson|titre=De Lucía y el cine|sous-titre=de Carlos Saura a Wes Anderson|jour=26|mois=février|année=2014|url=http://www.diariodecadiz.es/ocio/Lucia-Carlos-Saura-Wes-Anderson_0_783821619.html|consulté le=2 janvier 2018}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=es|auteur institutionnel=La Información|traduction titre=Paco de Lucía, créateur de musique durant plus de cinq décennies|titre=Paco de Lucía, más de cinco décadas creando música|jour=18|mois=mars|année=2016|url=https://www.lainformacion.com/asuntos-sociales/fallecimiento-y-muerte/paco-de-lucia-mas-de-cinco-decadas-creando-musica_jVnJM8SPv0WVm1evmpZ714/|consulté le=1 janvier 2018}}.</ref>. Sa rencontre avec son compatriote Carlos Saura se traduit par une première collaboration, en 1983, en tant que compositeur et [[acteur]], pour le film ''[[Carmen (film, 1983)|Carmen]]'', primé au [[festival de Cannes 1983]]{{sfn|Saura|2003|p=XL-XXXVI|gr=B}}{{,}}<ref>{{allociné titre|id=1855|titre=Carmen}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur=[[Jean Tulard]]|titre=Le Nouveau guide des films|éditeur=[[Éditions Robert Laffont]]|lieu=[[Paris]]|collection=Bouquins|année=2005|année première édition=1990|pages totales=9658|passage=1201|isbn=2221124863|présentation en ligne=http://www.bouquins.tm.fr/site/le_nouveau_guide_des_films_integrale_&100&9782221124864.html}}.</ref>. La contribution musicale de Paco lui vaut, en 1985, une nomination au [[38e cérémonie des British Academy Film Awards|British Academy Film Awards]], aux côtés de [[Mike Oldfield]], [[Ry Cooder]], et [[Ennio Morricone]], ce dernier remportant le prix pour la bande-son d{{'}}''[[Il était une fois en Amérique]]'' de [[Sergio Leone]]<ref>{{Lien web|langue=en|auteur institutionnel=[[British Academy of Film and Television Arts]]|titre=Score For A Film in 1985|année=2018|mois=janvier|jour=1|url=http://awards.bafta.org/award/1985/film/score-for-a-film|site=awards.bafta.org|consulté le=1 janvier 2018}}.</ref>{{,}}<ref name="DiairodeCádiz_2014_02_26" />. En 1984, le [[Royaume-Uni|britannique]] [[Stephen Frears]] fait appel au guitariste de flamenco pour son [[long métrage]] ''[[The Hit (film, 1984)|The Hit]]''. Tandis qu'[[Eric Clapton]] compose la musique du générique, Paco de Lucía élabore celle du film<ref>{{article|langue=fr|périodique=[[La Revue du cinéma (1969-1992)|La Revue du cinéma]]|titre=La chronique du filmélomane|année=1985|numéro=404|passage=87|consulté le=1 janvier 2018}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Nguyen-Trong Binh|auteur2=José Moure|auteur3=Frédéric Sojcher|titre=Cinéma et musique. Accords parfaits|sous-titre=dialogues avec des compositeurs et des cinéastes|éditeur=[[Les Impressions nouvelles]]|collection=Caméras subjectives|lieu=[[Bruxelles]]|année=2014|pages totales=208|passage=151|isbn=9782874491900|présentation en ligne=https://lesimpressionsnouvelles.com/catalogue/cinema-et-musique-accords-parfaits/}}.</ref>.

Quatre ans plus tard, il signe la bande originale de ''{{langue|es|Montoyas y Tarantos}}'', une [[adaptation cinématographique]] de la célèbre [[tragédie]] de [[William Shakespeare]] : ''[[Roméo et Juliette]]'', réalisée par Vicente Escrivá et ayant pour vedette la danseuse [[Cristina Hoyos]]<ref name="DiairodeCádiz_2014_02_26" />. La même année, conjointement avec Jesús Glück, il compose la bande-son de ''L'Indomptée'', une œuvre de Javier Elorrieta, inspirée d'une nouvelle de [[Vicente Blasco Ibáñez]] et comptant dans sa distribution internationale l'actrice américaine [[Sharon Stone]]<ref>{{allociné titre|id=108554|titre=L'indomptée}}.</ref>.

En 1991, il retrouve Carlos Saura ; il apparaît comme guitariste dans une séquence du [[Documentaire|film documentaire]] ''{{langue|es|[[Sevillanas (film)|Sevillanas]]}}'', consacré à la forme sévillane du flamenco{{sfn|Saura|2003|p=XLII|gr=B}}{{,}}<ref>{{Imdb titre|id=0105364|titre=Sevillanas}}.</ref>. Il est de nouveau à l'affiche d'un documentaire de Saura en 1995. Le film, ''[[Flamenco (film, 1995)|Flamenco]]'', présente divers aspects du flamenco, illustrés par des performances d'artistes tels que [[Fernanda de Utrera]], [[Rocío Jurado]], [[Juan Moneo]], [[María Pagés]], [[Manolo Sanlúcar]] et Paco de Lucía{{sfn|Saura|2003|p=XLII|gr=B}}{{,}}<ref>{{allociné titre|id=15983|titre=Flamenco}}.</ref>. Toujours en 1995, il apporte sa touche flamenco au [[Tube (musique)|tube]] de Bryan Adams, ''{{langue|en|Have You Ever Really Loved a Woman?}}'', pour la [[comédie romantique]] ''[[Don Juan DeMarco]]'' de [[Jeremy Leven]], dont la bande originale est signée [[Michael Kamen]] et qui réunit les acteurs [[Marlon Brando]] et [[Johnny Depp]]<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur institutionnel=[[Discogs]]|titre=Don Juan DeMarco|année=2018|mois=janvier|jour=1|url=https://www.discogs.com/fr/Michael-Kamen-Don-Juan-DeMarco-Original-Motion-Picture-Soundtrack/release/|consulté le=1 janvier 2018}}.</ref>{{,}}<ref name="DiairodeCádiz_2014_02_26" />. En 2005, des morceaux, nés de la collaboration de Paco de Lucía avec Camarón de la Isla, sont utilisés par [[Jaime Chávarri]] dans son [[film biographique]] retraçant la vie du chanteur de flamenco mort treize ans plus tôt<ref>{{allociné titre|id=108846|titre=Camarón}}.</ref>{{,}}<ref>{{Imdb titre|id=0448404|titre=Camarón}}.</ref>. Le documentaire ''[[Flamenco, Flamenco]]'' de Saura, sorti en 2010 et sélectionné au [[Festival de Contis|festival international de Contis]] en 2011, rassemble de nouveau des maîtres du flamenco, dont Paco de Lucía<ref>{{allociné titre|id=186134|titre=Flamenco, Flamenco}}.</ref>{{,}}<ref>{{Imdb titre|id=1550481|titre=Flamenco, Flamenco}}.</ref>.

Des œuvres composées ou interprétées par Paco de Lucía apparaissent au générique de quelques films : ''{{langue|es|La Niña De Puerta Oscura}}'', extraite de l'album ''Entre dos aguas'', et le ''Concerto d'Aranjuez'' dans le film ''[[La Vie aquatique]]'' (2004) de [[Wes Anderson]]<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur institutionnel=[[Discogs]]|titre=The Life Aquatic With Steve Zissou|année=2017|mois=décembre|jour=30|url=https://www.discogs.com/fr/Various-The-Life-Aquatic-With-Steve-Zissou-Original-Soundtrack/master/101541|consulté le=30 décembre 2017}}.</ref>, la rumba ''{{langue|es|Entre dos aguas}}'' dans ''[[Vicky Cristina Barcelona]]'' (2008) de [[Woody Allen]]<ref>{{allociné titre|id=126148|titre=Vicky Cristina Barcelona}}.</ref>. Le réalisateur [[Agustín Díaz Yanes]], admirateur du guitariste, intitule un de ses [[Thriller (genre)|thrillers]], sorti en 2008, du titre du [[Tango (Flamenco)|tango]] qui donne son nom à l'album ''{{langue|es|Solo quiero caminar}}''<ref name="DiairodeCádiz_2014_02_26" />{{,}}<ref>{{Lien web|langue=es|auteur institutionnel=''[[El País]]''|traduction titre=La violence au cinéma, c'est comme les taureaux|titre=La violencia en el cine es como los toros|jour=23|mois=octobre|année=2008|format=vidéo|url=https://elpais.com/cultura/2008/10/23/videos/1224712802_870215.html|consulté le=31 décembre 2017}}.</ref>.

== Partitions (transcriptions) ==
=== Collection officielle ===
La technique guitaristique de Paco de Lucía est restituée par différents experts de l'instrument dans deux séries de [[Partition (musique)|partitions]]. La {{citation|collection officielle des transcriptions de l'œuvre de Paco de Lucía}}, composée de six livrets dont le contenu est certifié par Paco et rédigé en espagnol, français et anglais, permet d'apprécier le travail du guitariste au cours de ses décennies d'exploration musicale, avec des titres extraits d'albums emblématiques du parcours de l'artiste tels que ''La fabulosa guitarra de Paco de Lucía'' (1967), ''Fuente y caudal'' (1973) et ''Zyryab'' (1990)<ref>{{Lien archive|langue=fr+es|horodatage archive=20100815003921|url=http://www.flamencolive.com/html/l_paco_f.htm|titre=Livres de partitions de Paco de Lucía|auteur institutionnel=Flamenco Live|éditeur=Éditions RGB Arte Visual|année=2010|mois=août|jour=15|description=page issue du site [[Internet Archive]]|consulté le=14 janvier 2018}}.</ref>{{,}}<ref name="FlamencoLive_2017_09_8">{{Lien web|langue=en|url=http://www.flamencolive.com/html/l_Paco de Lucia_i.htm|titre=Antology of Falsetas of Paco de Lucía by David Leiva|traduction titre=Anthologies de falsetas de Paco de Lucía par David Leiva|auteur institutionnel=Flamenco Live|éditeur=Éditions RGB Arte Visual|année=2017|mois=septembre|jour=8|consulté le=14 janvier 2018}}.</ref>.

* ''Libro I: La fabulosa guitarra de Paco de Lucía'' (Lucía Gestión).
* ''Libro II: Fantasía flamenca de Paco de Lucía'' (Lucía Gestión).
* ''Libro III: Fuente y caudal'' (Lucía Gestión).
* ''Libro IV: Almoraima'' (Lucía Gestión).
* ''Libro V: Siroco'' (Flamencolive).
* ''Libro VI: Zyryab'' (Flamencolive).

Les trois anthologies de ''falsetas'', publiées par les éditions {{langue|es|RGB Arte Visual}}, présentent les diverses [[Palo (flamenco)|facettes stylistiques du flamenco]] abordées par le maître durant sa carrière ici divisée en trois périodes historiques<ref name="FlamencoLive_2017_09_8" /> :
* ''Antología de falsetas de Paco de Lucía, Bulerías 1.ª época'' (Flamencolive) ;
* ''Antología de falsetas de Paco de Lucía, Tangos 1.ª época'' (Flamencolive) ;
* ''Antología de falsetas de Paco de Lucía, Tientos 1.ª época'' (Flamencolive).

=== Autres transcriptions ===
* ''La fabulosa guitarra de Paco De Lucía'' (Gendai Guitar).
* ''Friday night in San Francisco'' (Hal Leonard).
* ''La guitarra de Paco de Lucía'' (Seemsa).
* ''Entre dos aguas'' (Seemsa).
* Claude Worms : ''Paco de Lucía tocando a Camarón. Étude de style'' (Play Music Publishing).
* David Leiva : ''Paco de Lucía guitar tab anthology'' (Carisch).
* ''Lo mejor de Paco de Lucía'' (éditeur : Canciones del Mundo, 1970)<ref>{{Ouvrage|langue=es|auteur=Paco de Lucía|auteur2=José Torregrosa|traduction titre=Le meilleur de Paco de Lucía|titre=Lo mejor de Paco de Lucía|éditeur={{langue|es|Ediciones musicales Fontana}}|lieu=[[Madrid]]|année=1976|pages totales=44|oclc=435775634|champ libre=partition de musique}}.</ref>.

=== Collections d'autres compositeurs reliés ===
* Bryan Adams : ''Have You Ever Really Loved a Woman?'', en ''18 Til I Die'' (Hal Leonard).
* David Leiva : ''Camarón'' (Nueva Carisch España).
* David Leiva : ''Guía de la guitarra flamenca'' (Flamencolive).
* Al Di Meola : «Passion, grace & fire», ''2 Chitarre in Music Words Pictures'' (Hal Leonard).

== Filmographie ==
=== Documentaires qui lui sont consacrés ===
Au début des années 1990, la maison de [[production audiovisuelle]] {{langue|en|EuroArts Music International}} s'associe avec la [[chaîne de télévision]] franco-allemande [[Arte]], la [[Radiotelevisión Española|télévision publique espagnole]] et la [[Westdeutscher Rundfunk|WDR]], un membre de l'[[audiovisuel public]] allemand, pour réaliser un [[Documentaire|film documentaire]] sur Paco de Lucía. Le portrait du guitariste, réalisé sous la direction du documentariste allemand Michael Meert et intitulé ''Paco de Lucía, Light And Shade'' (« ''Paco de Lucía, Lumière et Ombre'' »), sort en [[1994]]<ref>{{lien web|langue=en|auteur institutionnel=EuroArts Music International|titre=Paco de Lucia "Light and Shade"|mois=janvier|année=2018|url=http://www.euroarts.com/tv-license/0526-paco-de-lucia-light-and-shade|consulté le=2018-01-21}}.</ref>{{,}}<ref name=":15">{{lien web|langue=fr|auteur=Clément Daniez|titre=Vidéos. Paco de Lucia en cinq moments magiques |éditeur=[[L'Express]]|jour=26|mois=février|année=2014|url=http://www.lexpress.fr/culture/musique/videos-paco-de-lucia-en-cinq-moments-magiques_1495362.html|consulté le=2018-01-21}}.</ref>. Le document audiovisuel retrace des étapes importantes de la carrière de l'artiste, de sa formation dans les années 1950 et 1960, sous la houlette de son père{{sfn|Meert|1994|loc={{Heure||11|25}}|gr=B|id=Meert1994}}, jusqu'à l'enregistrement de sa version du ''Concerto d'Aranjuez'' en 1991{{sfn|Meert|1994|loc={{Heure||1|25}}|gr=B|id=Meert1994}}, en passant par ses duos avec ses frères Ramón{{sfn|Meert|1994|loc={{Heure||10|35}}|gr=B|id=Meert1994}} et Pepe{{sfn|Meert|1994|loc={{Heure||11|50}}|gr=B|id=Meert1994}}, Camarón de la Isla{{sfn|Meert|1994|loc={{Heure||21|30}}|gr=B|id=Meert1994}}, et des prestations scéniques seul{{sfn|Meert|1994|loc={{Heure||8|25}}|gr=B|id=Meert1994}} ou en compagnie de Carlos Santana{{sfn|Meert|1994|loc={{Heure||0|30}}|gr=B|id=Meert1994}}, de John McLaughlin et Al di Meola{{sfn|Meert|1994|loc={{Heure||29|20}}|gr=B|id=Meert1994}}, ou encore des membres de son sextet{{sfn|Meert|1994|loc={{Heure||39|30}}|gr=B|id=Meert1994}}. Des images d'archives sont entrecoupées de séquences dans lesquelles Paco évoque des souvenirs de jeunesse et son travail d'interprètre et de compositeur, ou joue de la guitare<ref>{{lien web|langue=en|auteur institutionnel=[[Billboard]]|titre=Light and Shade: A Portrait|jour=8|mois=décembre|année=2001|url=https://www.billboard.com/articles/news/77586/light-and-shade-a-portrait|consulté le=2018-01-21}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en|auteur=Perry Seibert|titre=Paco de Lucia|sous-titre=Light and Shade|url=https://www.allmusic.com/album/light-and-shade-mw0001891993|site=[[AllMusic]]|consulté le=2018-01-21}}.</ref>.

Vingt ans plus tard, quelques mois après sa mort, l'« enfant chéri » d'Algésiras est le sujet central d'une nouvelle [[biographie]] filmée : ''La búsqueda'' (titre français : ''Paco de Lucía, légende du flamenco'')<ref name="BodegaFilms_2018_01">{{Lien web|titre=Paco de Lucia, légende du flamenco|auteur institutionnel=Bodega Films|année=2018|mois=janvier|url=http://www.bodegafilms.com/film/paco-de-lucia-legende-du-flamenco/|site=www.bodegafilms.com|consulté le=21 janvier 2018}}.</ref>. Tourné par son fils, produit et écrit par ses filles<ref name=":12" />{{,}}<ref name="LaGaceta_2015_02_25">{{Lien web|langue=es|auteur institutionnel=La Gaceta|traduction titre=Paco de Lucía, condamné à la perfection|titre=Paco de Lucía, condenado a la perfección|jour=25|mois=février|année=2015|url=https://gaceta.es/noticias/paco-lucia-perfeccion-condena-25022015-0026/|consulté le=21 janvier 2018}}.</ref>, le long métrage documentaire, sorti en Espagne en octobre 2014<ref>{{Article|titre=Paco de Lucia se met à nu dans un documentaire posthume signé de son fils|périodique=[[Le Parisien]]|date=2015-10-22|lire en ligne=http://www.leparisien.fr/flash-actualite-culture/paco-de-lucia-se-met-a-nu-dans-un-documentaire-posthume-signe-de-son-fils-22-10-2015-5209623.php|consulté le=2017-12-30}}.</ref>, déroule sur {{heure|1|35|durée=oui}} la vie de l'artiste, mêlant photos, images d'archives, [[interview]]s de Paco recueillies de 2010 à 2014<ref>{{Lien web|auteur institutionnel=[[Allociné]]|titre=Les secrets de tournage du film Paco de Lucía, légende du flamenco|année=2018|mois=janvier|url=http://www.allocine.fr/film/fichefilm-230569/secrets-tournage/|consulté le=21 janvier 2018}}.</ref>, témoignages de ses proches, comme son frère Pepe{{sfn|Sánchez|2014|loc={{Heure||4|55}}|gr=B|id=Sanchez2014}}, et de ses partenaires de studio ou de concert, tels que les guitaristes Ricardo Modrego{{sfn|Sánchez|2014|loc={{Heure||16|05}}|gr=B|id=Sanchez2014}}, John McLaughlin{{sfn|Sánchez|2014|loc={{Heure||55|20}}|gr=B|id=Sanchez2014}} et Carlos Santana{{sfn|Sánchez|2014|loc={{Heure||57|40}}|gr=B|id=Sanchez2014}}, les chanteurs Rubén Blades{{sfn|Sánchez|2014|loc={{Heure||53|00}}|gr=B|id=Sanchez2014}} et Alejandro Sanz{{sfn|Sánchez|2014|loc={{Heure||28|10}}|gr=B|id=Sanchez2014}}, le danseur Farru{{sfn|Sánchez|2014|loc={{Heure||29|50}}|gr=B|id=Sanchez2014}}, le compositeur Chick Corea{{sfn|Sánchez|2014|loc={{Heure|1|03|05}}|gr=B|id=Sanchez2014}}, et des membres de son sextet Carles Benavent{{sfn|Sánchez|2014|loc={{Heure||29|20}}|gr=B|id=Sanchez2014}} et Jorge Pardo{{sfn|Sánchez|2014|loc={{Heure||56|05}}|gr=B|id=Sanchez2014}}. En 2015, l'œuvre, restée inachevée du fait de la mort du guitariste en février 2014<ref>{{Lien web|langue=es|auteur=Pilar Ayuso|titre=Paco de Lucia|sous-titre=A Journey, un guitarrista infinito|traduction titre=Paco de Lucia|éditeur=[[El Nuevo Herald]]|année=2015|mois=mars|jour=5|url=http://www.elnuevoherald.com/entretenimiento/cine/article12812372.html|consulté le=21 janvier 2018}}.</ref>{{,}}<ref name="LaGaceta_2015_02_25" />, a reçu le [[Prix Goya|Goya]] du meilleur documentaire espagnol<ref name=":14">{{Article |langue=fr|auteur1=Annie Yanbékian |titre=''Paco de Lucía, légende du flamenco'', l'indispensable témoignage|périodique=Culturebox|date=27 octobre 2015|lire en ligne=http://culturebox.francetvinfo.fr/cinema/sorties/paco-de-lucia-legende-du-flamenco-l-indispensable-temoignage-229799|consulté le=2017-10-30}}.</ref>{{,}}<ref name=":5" />. À sa sortie en France, le {{date-|28 octobre 2015}}, les critiques de presse sont partagées. {{citation|c'est cette confession assumée du musicien andalou, avec ses doutes et ses névroses, qui fait la réussite du film : un document d'exception, émouvant pour les fans comme pour les néophytes}}, selon [[Télérama]]<ref>{{Lien web|auteur=Anne Berthod|titre=''Paco de Lucía, légende du flamenco''|url=http://www.telerama.fr/cinema/films/paco-de-lucia-legende-du-flamenco,501872,critique.php|éditeur=[[Télérama]]|année=2015|mois=octobre|consulté le=20 janvier 2018}}.</ref>. À voir, à lire parle d'un {{citation|portrait vivant et intime de l’artiste guitariste... [qui] laisse la part belle à la musique.}}<ref>{{lien web|auteur=Nathalie Piche|titre=Paco de Lucía, légende du flamenco - la critique du documentaire|site=aVoir-aLire.com|année=2015|mois=octobre|jour=28|url=https://www.avoir-alire.com/paco-de-lucia-legende-du-flamenco-la-critique-du-documentaire|consulté le=20 janvier 2018}}.</ref>. [[Critikat]] juge que {{citation|le film n’adopte pas le goût pour l’improvisation de son sujet, et s’avère plutôt impersonnel et superficiel}}<ref>{{Lien web|auteur=François Giraud|titre=Paco de Lucía, légende du flamenco|jour=27|mois=octobre|année=2015|url=https://www.critikat.com/actualite-cine/critique/paco-de-lucia-legende-du-flamenco/|éditeur=[[Critikat]]|consulté le=20 janvier 2018}}.</ref>. Selon le journal [[Libération (journal)|Libération]], le documentaire {{citation|a pour principal défaut de mettre bout à bout de lassantes louanges de l’artiste. Et d’éviter soigneusement tout aspect un tant soit peu polémique.}}, néanmoins {{citation|le magnétisme de l'artiste espagnol [...] et de superbes images d'archives sauvent un documentaire hagiographique conçu par sa famille}}<ref name=":12" />.

* [[1994]] : ''Paco de Lucía, Light And Shade'', documentaire réalisé par Meert Michael<ref name=":15" />.
* [[2014]] : ''Paco de Lucía, légende du flamenco'', documentaire réalisé par Curro Sánchez<ref name="BodegaFilms_2018_01" />.

=== Autres films ===
En 1971, Paco de Lucía fait un [[caméo]] dans le [[western]] ''[[Un colt pour trois salopards]]'' de [[Burt Kennedy]]. Un chapeau de paille sur la tête et un [[poncho]] sur les épaules, il joue à la guitare le thème principal de la bande-son signée [[Ken Thorne]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Robert W Pohle|auteur2=Douglas C Hart|auteur3=Rita Pohle Baldwin|préface=[[Tim Burton]] et [[Johnny Depp]]|titre=The Christopher Lee Film Encyclopedia|éditeur=Rowman & Littlefield|lieu=[[Lanham (Maryland)|Lanham]]|collection=Cambridge Companions to Music|année=2017|pages totales=414|passage=107|isbn=9780810892705|isbn10=0810892707}}.</ref>. En 1983, il apparaît à l'écran comme acteur, dans le rôle d'un musicien de flamenco, dans le film ''[[Carmen (film, 1983)|Carmen]]'' de [[Carlos Saura]]<ref name=":15" />. Dans les films-ballets de Carlos Saura : ''{{langue|es|[[Sevillanas (film)|Sevillanas]]}}'' en 1991, ''[[Flamenco (film, 1995)|Flamenco]]'' en 1995, et ''[[Flamenco, Flamenco]]'' en 2010, il est aussi à l'image, mais dans son propre rôle cette fois.

== Notes et références ==
{{Traduction/Référence|lang1=es|art1=Paco de Lucía|type=note}}
=== Notes ===
{{Références|groupe="N"}}

=== Citations originales ===
{{Références|groupe=vo}}

=== Références bibliographiques et vidéographiques ===
{{Références|groupe=B|taille=18}}

=== Autres références ===
{{Références nombreuses}}

== Voir aussi ==
{{Autres projets|commons=Category:Paco de Lucía}}

=== Bibliographie ===
* {{Article|langue=fr|titre=Paco de Lucía à la une|périodique=Le Guitariste magazine|numéro=4|mois=février|année=1981|issn=0247-5316}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur=[[Donn E. Pohren]]|titre=Paco de Lucía and Family|sous-titre=The Master Plan|traduction titre=Paco de Lucia et sa famille : une œuvre/Le Grand Projet|éditeur=Society of Spanish Studies|lieu=[[Madrid]]|pages totales=169|présentation en ligne=https://books.google.es/books?id=3OokB5W9seoC|date=1992|isbn=0-933224-62-1|oclc=30159393|id=Pohren1992|plume=oui}}
* {{ouvrage|langue=es|auteur=Paco de Lucía|titre=La guitarra de Paco de Lucía|éditeur=Schaum Pubns|année=1993|isbn=9788488120045|plume=oui}}
* {{ouvrage|langue=es|prénom1=Juan José|nom1=Téllez|titre=Paco de Lucía|sous-titre=Retrato de familia con guitarra|année=1994|pages totales=396|éditeur=Qüásyeditorial|lieu=Séville|collection=Señales de vida|numéro dans la collection=2|isbn=9788487435232|oclc=431208507|id=Téllez1994}}
* {{Ouvrage|langue=es|auteur1=[[Félix Grande]]|titre=Paco de Lucía y Camarón de la Isla|éditeur=Lunwerg|lieu=Paris|année=2000|isbn=9788477825593|pages totales=168|id=Grande2000|plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=en|nom=Koster|prénom=Dennis|titre=Guitar Atlas, Flamenco|url=https://books.google.com/books?id=l8SMixi1mbQC&pg=PA5|date=1 juin 2002|éditeur=Alfred Music Publishing|isbn=978-0-7390-2478-2}}
* {{ouvrage|langue=es|prénom1=Juan José|nom1=Téllez|titre=Paco de Lucía|sous-titre=en vivo|éditeur=A.C.A.D.A.P.|année=2003|isbn=9788493304522}}
* {{Ouvrage|langue=es|nom=Ramos Altamira|prénom=Ignacio|éditeur=Editorial Club Universitario|titre=Historia de la guitarra y los guitarristas españoles|date=2005|lieu=San Vicente, Alicante|isbn=8484544583|passage=175-177|numéro chapitre=13|titre chapitre=La guitarra flamenca}}.
* {{Ouvrage|langue=es|nom=Pérez Custodio|prénom=Diana|titre=Paco de Lucía: la evolución del flamenco a través de sus rumbas|éditeur=[[Université de Cadix]]|lieu=[[Cadix]]|collection=Cádiz y la música|année=2005|pages totales=174|isbn=84-96274-75-6|ean=9788496274754|oclc=64430198|id=PérezCustodio2005|plume=oui}}
* {{Article|langue=fr|titre=Paco de Lucía, l'homme qui a transformé le flamenco|périodique=Guitarist acoustic|numéro=12|mois=février|année=2007|oclc=225435739}} — dossier spécial à la une avec CD rom audio + vidéo, partitions et tablatures.
* {{Article|langue=es|prénom1=Juan José|nom1=Téllez|titre=Más allá de Paco de Lucía. Una aproximación a la tradición del flamenco en el Campo de Gibraltar|traduction titre=Au-delà de Paco de Lucía. Une approche de la tradition du flamenco dans l’aire de Gibraltar|périodique=Música oral del Sur|éditeur=Centro de Documentación Musical de Andalucía|lieu=[[Grenade (Espagne)|Grenade]]|année=2009|numéro=8|lire en ligne=http://www.centrodedocumentacionmusicaldeandalucia.es/export/sites/default/publicaciones/pdfs/mas-alla-paco-lucia.pdf|format électronique=pdf|consulté le=2018-01-03|id=Téllez2009|plume=oui}}
* {{Article|langue=es|auteur=Guillermo Castro Buendía|préface=Daniel Martín Sáez|titre=Paco de Lucía y su importancia histórica|traduction titre=Paco de Lucía et son importance historique|périodique=Sinfonía Virtual|numéro=26|mois=février|année=2014|lire en ligne=http://www.sinfoniavirtual.com/revista/026/paco_lucia_homenaje.pdf|format électronique=pdf|issn=1886-9505|consulté le=29 décembre 2017|id=Buendía2014|plume=oui}}
* {{Article|langue=en|auteur1=Rusel DeMaria|titre=Paco de Lucia: My Memories of a Flamenco Legend|périodique=Waterfront Digital Press|numéro=1831|année=2014|id=DeMaria2014|oclc=949369426}} — dossier spécial avec partitions et tablatures.
* {{ouvrage|langue=es|prénom1=Juan José|nom1=Téllez|titre=Paco de Lucía|sous-titre=El hijo de la portuguesa|lieu=Barcelone|éditeur=Editorial Planeta|année=2015|isbn=9788408136750|oclc=930504505|pages totales=469|id=Tellez2015|plume=oui}}
* {{Article|langue=es|auteur=Eusebio Rioja|titre=La Guitarra Flamenca. Sus Técnicas Interpretativas / Orígenes, Historia y Evolución|traduction titre=La guitare flamenca|périodique=Sinfonía Virtual|numéro=32|mois=février|année=2017|lire en ligne=http://www.sinfoniavirtual.com/revista/032/tecnicas_flamenca.pdf|format électronique=pdf|issn=1886-9505|consulté le=31 janvier 2018|id=Rioja2017|plume=oui}}
{{Légende plume}}

=== Vidéographie ===
* {{lien vidéo|langue=es+en|people=Michael Meert ([[réalisateur]])|date=1994|titre=Paco de Lucia "Light and Shade"|url=http://www.euroarts.com/tv-license/0526-paco-de-lucia-light-and-shade|medium=documentaire|éditeur=EuroArts Music International, [[Arte]], [[Radiotelevisión Española|RTE]] et [[Westdeutscher Rundfunk|WDR]]|lieu=[[Berlin]]|consulté le=20 janvier 2018|id=Meert1994}} {{plume}}
* {{lien vidéo|langue=es|people=Curro Sánchez ([[réalisateur]])|date=2014|titre=Paco de Lucía, légende du flamenco|url=http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=230569.html|medium=documentaire|éditeur=Bodega Films|lieu=[[Espagne]]|consulté le=20 janvier 2018|id=Sanchez2014}} {{plume}}
* {{lien vidéo|langue=es|people=Fernando García de la Vega ([[réalisateur]]), [[Jesús Quintero]] ([[Animateur de télévision|présentateur]])|date=1976-02-25|titre={{langue|es|La hora de... : la guitarra de Paco de Lucía}}|url=http://www.rtve.es/alacarta/videos/programas-y-concursos-en-el-archivo-de-rtve/hora-guitarra-paco-lucia-1976/2418425/|medium=production de télévision|éditeur=[[Radiotelevisión Española|RTE]]|lieu=[[Espagne]]|consulté le=24 janvier 2018|id=VegaQuintero1976}} {{plume}}
* {{Ina|RAF04016601|Interview de Paco de Lucía (1971)}}
* {{Ina|I14057689|Paco de Lucía interprète « Reflejo de luna » (1974)}}<!-- avec un col de chemise d'époque ! -->
{{Légende plume}}

=== Articles connexes ===
* [[Flamenco]] - [[Liste d'artistes de flamenco]]
* [[Latin Grammy Award du meilleur album flamenco]]
* [[Nouveau flamenco]]
* ''[[Duende]]''
* [[Guitare flamenca]] - [[Techniques de jeu pour guitare]]

=== Liens externes ===
{{liens}}
* {{Lien web|langue=en+es|auteur institutionnel=Institut Andalou du Flamenco ([[Junte d'Andalousie]])|traduction titre=Souvenirs de Paco|titre=Memories of Paco|année=2018|mois=janvier|url=https://www.google.com/culturalinstitute/beta/exhibit/mAIyq5VsZOvILQ|consulté le=22 janvier 2018}}.
* {{Lien web|auteur1=Carmen Alvarez|auteur2=Christine Diger|titre=Paco de Lucía|sous-titre=Sur la plage du Rinconcillo mon âme est restée|année=2015|mois=février|jour=25|url=https://www.franceculture.fr/emissions/latelier-de-la-creation-14-15/paco-de-lucia-sur-la-plage-du-rinconcillo-mon-ame-est-restee|description=émission ''L'Atelier de la création'' ([[Podcasting|podcast]] de {{heure||60|durée=oui}})|éditeur=[[France Culture]]|consulté le=22 janvier 2018}}.
* {{Lien web|langue=fr|auteur=Eusébia Munoz|titre=Paco de Lucia|jour=9|mois=novembre|année=2017|url=https://rcf.fr/culture/musique/paco-de-lucia-0|description=rediffusion de l'émission ''Voces Flamencas'' (25 min)|éditeur=[[Radios chrétiennes francophones]]|consulté le=22 janvier 2018}}.

{{Portail|musique|guitare|musiques du monde|Andalousie|Espagne}}
{{Article de qualité|oldid=145074625|date=1 février 2018}}

{{DEFAULTSORT:Lucia, Paco de}}
[[Catégorie:Paco de Lucía| ]]
[[Catégorie:Lauréat du prix Princesse des Asturies en arts]]
[[Catégorie:Docteur honoris causa de l'université de Cadix]]
[[Catégorie:Guitariste espagnol]]
[[Catégorie:Guitariste de flamenco]]
[[Catégorie:Guitariste de jazz]]
[[Catégorie:Personnalité andalouse]]
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[[Catégorie:Nom de scène]]
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[[Catégorie:Artiste d'Island Records]]
[[Catégorie:Artiste de Philips Records]]