Observatoire spatial pour le climat

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Observatoire spatial pour le climat
Histoire
Fondation
17 juin 2019
Cadre
Sigle
SCO
Type
Alliance internationale
Langue de travail
Organisation
Membres
42 (2023)
Site web

Le Space for Climate Observatory (traduisible en français par « Observatoire spatial pour le climat »), ou SCO, est une initiative internationale née en 2019[1] pour lutter contre les impacts du changement climatique et s'y adapter grâce aux données satellitaires.

Regroupant un ensemble d’entités publiques et privées impliquées dans le secteur de l’observation de la Terre, le SCO rassemble et coordonne les efforts pour l’émergence d’outils opérationnels s’adressant aux décideurs politiques et au grand public pour permettre le suivi, l’atténuation et l’adaptation aux impacts du changement climatique à l’échelle locale.

Histoire[modifier | modifier le code]

Contexte et enjeux[modifier | modifier le code]

Les travaux du GIEC établissent que l’activité humaine est responsable du changement climatique[2] observé par les scientifiques. Températures plus élevées, phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents, élévation du niveau de la mer et fonte des glaces sont quelques-uns des signes les plus visibles, confirmés par les observations spatiales de variables climatiques essentielles (ECV[3]). Toujours selon les rapports du GIEC[4], les changements croissants prévus entraînent une cascade de conséquences : phénomènes météorologiques graves, effets de chaleur extrême, problèmes d’approvisionnement en eau et en nourriture, dégradation de l’environnement et de la qualité de vie, augmentation de la pollution atmosphérique, impacts sur la qualité de l’eau, problèmes sanitaires, accroissement des inégalités sociales, incendies, sècheresse, etc.

L'effort international portant fortement sur l’atténuation du changement climatique, le SCO se concentre sur l’adaptation des territoires aux effets du changement climatique en outillant et en soutenant la prise de décision à l’échelle locale/régionale/nationale. Pour cela, les projets développés par le SCO mobilisent les données spatiales, in situ et socio-économiques pour proposer aux décideurs locaux des outils de prévision, d’analyse, et de suivi d’impacts du changement climatique dans de nombreux domaines comme le recul du trait de côte, les îlots de chaleur en ville, la gestion de l'eau, l'agriculture, les inondations et phénomènes météorologiques extrêmes...

Préparation, de 2015 à 2019[modifier | modifier le code]

Au mois de septembre 2015, à l’occasion du sommet des chefs d’agences spatiales organisé par l’Académie internationale d’astronautique au Mexique, une déclaration[5] affirme la nécessité de renforcer la coopération internationale et de tirer pleinement parti des satellites d’observation de la Terre pour observer le changement climatique et contrôler les engagements pris pour en atténuer les effets.

Le 12 décembre 2015 lors de la COP21, 195 pays signent l’Accord de Paris pour contenir, d’ici à 2100, la hausse de la température de la planète bien en dessous de 2°C, et si possible en dessous de 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels. En 2016, des agences spatiales du monde entier ratifient les déclarations de New-Delhi[6] et de Marrakech[7] pour développer un système commun de mesure des concentrations de gaz à effet de serre et un pour le cycle de l’eau.

Le 11 décembre 2017, 25 d’entre elles paraphent la Déclaration de Paris en faveur d’un Observatoire spatial du climat. La création du SCO[8],[9],[10] est entérinée le lendemain au « One Planet Summit », point d’étape sur la mise en œuvre de l’Accord de Paris organisé par la France. Un premier démonstrateur est présenté au Toulouse Space Show le 28 juin 2018[11],[12].

Naissance et croissance[modifier | modifier le code]

Après une première réunion de coordination[13] en février 2019, le 17 juin 2019, 22 agences spatiales et organismes internationaux signent la Déclaration Conjointe d’Intérêt du SCO[14] au Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace de Paris-Le Bourget (France). Le premier Comité de pilotage international se tient le 22 octobre 2019, en marge du 70ème Congrès International d’Astronautique (IAC) à Washington (USA).

Instigateur de l’initiative, la France lance le premier appel à projets du SCO dès septembre 2019 et labellise les 20 premiers projets en mars 2020. Certains projets sont devenus emblématiques de la démarche SCO, comme la plateforme TropiSCO[15] pour suivre la déforestation tropicale en temps réel, FLAude et son outil FORO[16] pour améliorer la résilience aux inondations, ALEOFEU[17] pour prévenir le risque d’incendie de feu de forêt, EO4Wetlands[18] pour renaturer des zones humides, ou encore SCOLive[19], qui utilise l’olivier comme bioindicateur du changement climatique.

La Charte fondatrice du SCO, élaborée par tous ses membres sous la coordination du Bureau des affaires spatiales des Nations unies (UNOOSA), est ratifiée[20] dès le 27 juin 2022 pour entrer en vigueur le 1er septembre 2022.

Mission[modifier | modifier le code]

Objectifs généraux[modifier | modifier le code]

Le SCO soutient le développement d’un ensemble d’outils opérationnels à destination des décideurs politiques et du grand public, tirant pleinement parti des données satellite, in situ et socio-économiques pour permettre la mise en place de politiques d’atténuation et d’adaptation aux impacts du changement climatique à l’échelle locale[21]. Co-construits avec leurs utilisateurs pour répondre précisément à des besoins locaux, ces outils doivent être facilement transposables à d’autres territoires rencontrant les mêmes enjeux.

Le SCO vise également à améliorer la coordination internationale autour des applications opérationnelles fondées sur les technologies spatiales pour le climat, mettre en avant les outils développés et ainsi servir de forum international pour ces questions.

Objectifs de développement durable[modifier | modifier le code]

Instrument de coopération internationale dans le domaine des impacts du changement climatique, le SCO contribue activement aux 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) adoptés par les Nations Unies en 2015 (Agenda 2030).

100% des projets SCO répondent à 2 ODD :

  • ODD13 - Prendre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions
  • ODD17 - Partenariats pour la réalisation des objectifs

Les projets SCO adressent également tout particulièrement les ODD suivants :

  • ODD6 - Garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau
  • ODD11 - Faire en sorte que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables
  • ODD15 - Préserver et restaurer les écosystèmes terrestres

Organisation[modifier | modifier le code]

Charte et gouvernance internationale[modifier | modifier le code]

Les membres du SCO sont les signataires de la Charte fondatrice de l'Observatoire Spatial pour le Climat. Cette Charte définit le champ d’action, les activités et la gouvernance du SCO. Elle ouvre également son adhésion à toute entité publique ou privée engagée à agir pour le climat.

En tant qu’initiative internationale fondée sur les meilleurs efforts de ses membres, le SCO a une gouvernance multilatérale. Un Point Focal est désigné dans chaque pays pour prendre part aux réunions du Comité de direction, qui se réunit au moins deux fois par an pour décider des grandes orientations de l’alliance. Parmi ces Points Focaux, un sous-groupe constitue le Comité des programmes, qui supervise pour une période donnée les activités du SCO – projets et groupes de travail – menées par chacun des membres. Ces comités ainsi que l’ensemble des activités bénéficient du soutien du Secrétariat Général du SCO, sous la responsabilité d’un membre du SCO.

États et institutions membres[modifier | modifier le code]

Au 31 décembre 2023, 47 institutions ont signé la Charte fondatrice du SCO.

Pays Organisation Acronyme Date de signature
International International Society for Photogrammetry and Remote Sensing ISPRS 07/06/2022
International United Nations Office for Outer Space Affairs UNOOSA 27/06/2022
International United Nations Development Program UNDP 09/01/2023
International United Nations Environment Program UNEP 18/11/2022
Afrique du Sud South African National Space Agency SANSA 06/11/2023
Arabie Saoudite Saudi Space Agency SSA 04/12/2023
Argentine Comisión Nacional de Actividades Espaciales CONAE 19/09/2022
Azerbaïdjan Azercosmos Azercosmos 27/06/2022
Belgique Politique scientifique fédérale belge BELSPO 27/06/2022
Canada Canadian Space Agency CSA 18/09/2023
Chine China National Space Administration CNSA 27/06/2022
Émirats arabes unis UAE Space Agency UAESA 05/12/2022
Émirats arabes unis Mohammed Bin Rashid Space Centre MBRSC 02/06/2023
États-Unis National Oceanic and Atmospheric Administration NOAA 07/06/2022
Éthiopie Space Science and Geospatial Institute SSGI 27/06/2022
Europe European Organisation for the Exploitation of Meteorological Satellites EUMETSAT 24/10/2023
Europe European Space Agency ESA 27/06/2022
France Agence française de la Transition écologique ADEME 30/05/2023
France Agence Française du Développement AFD 27/06/2022
France Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement CEREMA 27/06/2022
France Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement CIRAD 01/09/2022
France Centre national de la recherche scientifique CNRS 27/06/2022
France Centre Scientifique et Technique du Bâtiment CSTB 28/03/2023
France Expertise France Expertise France 04/12/2023
France Institut du développement durable et des relations internationales IDDRI 30/05/2023
France Institut national de l’information géographique et forestière IGN 27/06/2022
France Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement INRAE 27/06/2022
France Institut de recherche pour le développement IRD 23/06/2022
France Agence française de météorologie Météo-France 30/05/2023
France Office français de la biodiversité OFB 27/06/2022
France Office national des forêts ONF 27/06/2022
France Service hydrographique et océanographique de la Marine SHOM 27/06/2022
France Centre National d'Etudes Spatiales CNES 06/06/2022
Gabon Agence Gabonaise d’Études et d’Observations Spatiales AGEOS 21/06/2022
Inde Indian Space Research Organization ISRO 27/06/2022
Italie Italian Space Agency ASI 24/06/2022
Malte Malta Council for Science and Technology MCST 14/06/2022
Mexique Mexican space agency AEM 27/06/2022
Norvège NOrwegian Space Agency NOSA 23/05/2023
Pays-Bas Netherlands Space Office NSO 23/05/2023
Philippines Philippine Space Agency PhilSA 28/11/2022
Portugal Agência Espacial Portuguesa Ptspace 27/06/2022
Royaume-Uni UK Space Agency UKSA 27/06/2022
Singapour Office for Space Technology and Industry OSTIn 23/06/2022
Slovaquie Slovak Space Office - Industry Branch SSO-SARIO 21/06/2022
Suède Swedish National Space Agency SNSA 27/06/2022
Thaïlande Geo-Informatics and Space Technology Development Agency GISTDA 17/06/2022

SCO nationaux[modifier | modifier le code]

  • SCO en Chine
  • SCO en France
  • SCO au Gabon
  • SCO en Suède

Fonctionnement par cas d’usages[modifier | modifier le code]

SCO nationaux et appels à projets[modifier | modifier le code]

Les signataires de la Charte SCO visent à identifier et soutenir des projets à l’échelle locale qui répondent à des besoins concrets des territoires.

Ces projets sont sélectionnés dans le cadre d’appels à projets mis en œuvre par chaque SCO national. Instigateur de l’initiative internationale, la France a conçu un mode opératoire[22] réplicable qui, depuis 2019, labellise environ 15 projets chaque année.

Au niveau international, le partage de connaissance et les synergies entre projets sont organisés de manière à favoriser le passage à l’échelle des solutions développées. Des coopérations internationales sont également assurées pour venir en aide aux territoires les plus vulnérables.

Critères des projets SCO[modifier | modifier le code]

Les projets candidats au label SCO doivent satisfaire plusieurs critères, notamment :

  • Répondre aux besoins des utilisateurs finaux dans une zone géographique spécifique ;
  • Constituer un consortium multi-familles composé a minima de scientifiques, de sociétés et/ou d’autorités publiques et de l’utilisateur final ;
  • Proposer une solution opérationnelle et pratique, type application ou interface cartographique Web, de préférence en open source ;
  • Tirer le meilleur parti des données satellitaires, environnementales et climatiques, en les combinant aux données in situ et socio-économiques disponibles ;
  • S’appuyer sur les infrastructures (pré-)opérationnelles et de recherche, les services et les données locales existantes ;
  • Pouvoir être étendus ou transposés à d’autres zones géographiques.

Retours communautaires[modifier | modifier le code]

Les solutions développées via le SCO doivent, idéalement, pouvoir être transposées en d’autres lieux, pour bénéficier au plus grand nombre. Dans ce cadre, les projets labellisés s’engagent à partager tout ou partie des données, algorithmes et briques techniques. Les collaborations bilatérales, multilatérale ou impliquant d’autres signataires du SCO sont encouragées.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) UNITED NATIONS OFFICE FOR OUTER SPACE AFFAIRS, Annual report 2019, 76 p. (lire en ligne), p. 31
  2. (en) Intergovernmental Panel on Climate Change, IPCC, 2021: Summary for Policymakers., (DOI 10.1017/9781009157896.001, lire en ligne)
  3. « GCOS | WMO », sur gcos.wmo.int (consulté le )
  4. « Reports — IPCC » (consulté le )
  5. (en) « International Academy of Astronautics promulgates Heads of Space Agencies Summit Declaration 2015 | UN-SPIDER Knowledge Portal », sur www.un-spider.org, (consulté le )
  6. « Déclaration de New Delhi - Les chefs d’agences spatiales s’engagent pour la mesure des émissions de gaz à effet de serre », sur presse.cnes.fr, (consulté le )
  7. « Nations Unies: privilégier l’unité d’action face aux causes environnementales des problèmes de santé », sur www.who.int, (consulté le )
  8. Gaétan Supertino, « La préservation de la planète passe aussi par l’espace », sur Europe 1, (consulté le )
  9. (en) « World's space agencies propose setting up climate observatory », sur phys.org, (consulté le )
  10. (en) « Global Space Climate Observatory proposed », sur Air & Cosmos, (consulté le )
  11. « Démarrage officiel de l’Observatoire spatial du climat », sur Air et Cosmos, (consulté le )
  12. (en-US) « Toulouse Space Show – 2018 Space Climate Observatory is “go” – France-Science » (consulté le )
  13. « Réunion internationale au Siège du CNES du Space Climate Observatory (SCO) – France-Science », (consulté le )
  14. « 17 juin 2019, Il était une fois le SCO », sur www.spaceclimateobservatory.org (consulté le )
  15. « TropiSCO »,
  16. Antoine Carrié, « Aude / Inondations : comment la plateforme FORO et l'imagerie spatiale peuvent révolutionner la résilience des territoires », sur lindependant.fr, (consulté le )
  17. Antoine Carrié, « Changement climatique : l’Aude au cœur de risques à réévaluer », sur ladepeche.fr, (consulté le )
  18. « Observer l'évolution d'une zone humide littorale par imagerie satellite: le projet EO4 Wetlands labellisé par le Space Climate Observatory », sur Cerema, (consulté le )
  19. Maxime Rovello, « À Grasse, vous pouvez participer au cadastre des oliviers », sur Nice-Matin, (consulté le )
  20. « Space for Climate Observatory : Trois ans d’existence et vingt-neuf signataires de la Charte fondatrice – France-Science », (consulté le )
  21. (en) « The Space for Climate Observatory powering space data, empowering vulnerable areas », sur IAF International Astronautical Federation,
  22. « Accompagnement technique du SCO », sur Applisat, communauté du satellitaire