Voir la source de Mont Blanc

{{Semi-protection longue}}
{{En-tête label|BA|année=2007|TdQ}}
{{Voir homonymes}}
{{Infobox Montagne
| nom=Mont Blanc
| image=Mont Blanc_depuis_Valmorel_2.jpg
| légende=Vue du versant sud-ouest du mont Blanc en hiver depuis [[Valmorel]] en [[Vallée de la Tarentaise|Tarentaise]].
| altitude=4805.59
| ref altitude=<ref name="Altitude2023"/>
| massif=[[Massif du Mont-Blanc]] ([[Alpes]])
| latitude=45.832627
| longitude=6.864717
| ref coord=<ref name="Géoportail">{{Géoportail|latitude=45.832627|longitude=6.864717|échelle=25000|desc=Mont Blanc}}</ref>
| pays={{France}}<br />{{Italie}}
| région=[[Auvergne-Rhône-Alpes]]<br />[[Vallée d'Aoste]]
| lien région=[[Région française|Région]]<br />{{nobr|[[Région italienne à statut spécial|Région à statut spécial]]}}
| subdivision=[[Haute-Savoie]]<br />[[Unité des communes valdôtaines du Valdigne - Mont-Blanc|Valdigne - Mont-Blanc]]
| lien subdivision=[[Département français|Département]]<br />{{nobr|[[Unité de communes valdôtaines|Unité de communes]]}}
| première ascension={{date|8|août|1786}} par [[Jacques Balmat]] et [[Michel Paccard]]
| voie=[[Voie normale (alpinisme)|Voie normale]] depuis le [[refuge du Goûter]] (difficulté [[Cotation en alpinisme|PD]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=François Labande|titre=La Chaîne du Mont-Blanc|sous-titre=Guide Vallot. Sélection de voies|tome=1|titre volume=À l'ouest du col du Géant|éditeur=[[Arthaud (maison d'édition)|Éditions Arthaud]]|année=1987|passage=42|isbn=}}.</ref>)
| âge= 30 millions d'années
| roches=[[Granite]], [[gneiss]]
| type=[[Pic pyramidal]]
| géolocalisation=France/Italie/Haute-Savoie/Vallée d'Aoste
}}

Le '''mont Blanc''' ({{en lang|it|Monte Bianco}}), dans le [[massif du Mont-Blanc]], est le point culminant de la chaîne des [[Alpes]]. Avec une altitude de [[Sommets des Alpes de plus de 4 000 mètres|{{unité|4806|mètres}}]], il est le plus haut sommet d'[[Europe de l'Ouest|Europe occidentale]] et de l'[[Union européenne]] ainsi que le [[Liste des plus hauts sommets sur Terre#Europe|sixième sur le plan continental]] en prenant en compte les montagnes du [[Caucase]], dont l'[[Elbrouz]] ({{unité|5643|mètres}}) est le plus haut sommet. Il se situe sur la frontière franco-italienne, entre le département de la [[Haute-Savoie]] (en [[France]]) et la région autonome de la [[Vallée d'Aoste]] (en [[Italie]]) ; cette frontière est l'objet d'un [[Histoire de la frontière sur le mont Blanc|litige historique entre les deux pays]].

Le sommet, objet de fascination et d'inspiration de nombreuses œuvres culturelles, a depuis plusieurs siècles représenté un objectif pour toutes sortes d'aventuriers, depuis sa [[première ascension]] en 1786. De nombreux itinéraires, très fréquentés, permettent désormais de le gravir sous réserve d'une préparation sérieuse.

Afin de déterminer son altitude précise et mesurer son évolution, liée aux variations d'épaisseur de la crête neigeuse du sommet, des géomètres experts en font l'ascension périodiquement. La dernière mesure connue, en 2023, est de {{unité|4805.59|mètres}}.

== Toponymie ==
La première mention du « mont Blanc » daterait de 1685, avec la première mesure géodésique par le géomètre et astronome genevois [[Nicolas Fatio de Duillier|Nicolas Fatio]] et son frère Jean-Christophe, qui donne un calcul de l'altitude de la montagne ({{Unité|2426|toises}}, soit {{Unité|4728|m}})<ref name="Jouty p136">Article de Sylvain Jouty, « Fictions naturelles », {{p.|136}}, publié dans {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Gilbert|nom1=Pons|titre=Le paysage|sous-titre=sauvegarde et création|volume=Actes du colloque d'Ussel|éditeur=[[Éditions Champ Vallon]]|année=1999|pages totales=172|isbn=978-2-87673-285-8|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=ytS_yDAoQEEC&printsec=frontcover|consulté le=juillet 2014}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Pierre de|nom1=Félice|titre=L'histoire de la climatologie|éditeur=[[Éditions L'Harmattan]]|année=2007|pages totales=138|passage=28|isbn=978-2-296-15898-6|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=NBaOCN83uRgC&printsec=frontcover|consulté le=juillet 2014}}.</ref>. Toutefois, il utilise l'[[Oronymie|oronyme]] « montagne Maudite »<ref name="Jouty p136"/>. Comme le rappelle l'historienne Thérèse Leguay « pendant longtemps la haute montagne [est] source d'épouvante »<ref name="Leguay p.22">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Thérèse|nom1=Leguay|titre=Histoire de la Savoie|lieu=Paris|éditeur=Éditions Jean-Paul Gisserot|année=2005|pages totales=128|passage=22|isbn=978-2-87747-804-5|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=3ulRIrRAz8AC&printsec=frontcover|consulté le=juillet 2014}}.</ref>, d'où cette expression pour désigner ce haut sommet enneigé.

Le sommet n'est jamais clairement nommé dans les différents écrits ou cartes des {{s2-|XVI|XVII}}<ref name="Vivian_p30-34">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Robert|nom1=Vivian|titre=Les glaciers du Mont-Blanc|lieu=Les Marches|éditeur=[[La Fontaine de Siloé]]|collection=Les Savoisiennes|année=2005|pages totales=315|passage=30-34|isbn=978-2-84206-285-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=wRYW5Rth6aIC&printsec=frontcover|consulté le=juillet 2014}}.</ref>. Dans son ouvrage ''Les glaciers du Mont-Blanc'', le glaciologue Robert Vivian établit une chronologie des différentes représentations cartographiques ou citations de la montagne, par exemple dans la ''{{langue|it|Descrittione del Ducato di Savoia novamente posto in luce in Venetia, l'anno MDLXII}}'' (1562)<ref name="Vivian_p30-34"/>. Une mention plus précise figure dans un ouvrage du conseiller du duc de Savoie, [[Emmanuel-Philibert de Pingon]] (''{{langue|la|Inclytorum Saxoniae, Sabaudiaeque principum arbor gentilitia}}''), en 1581, qui présente les différentes parties des provinces du [[duché de Savoie]]<ref name="Vivian_p30-34"/>. Dans la partie consacrée à la [[Faucigny (province)|province du Faucigny]], la montagne est désignée par « ''{{langue|la|Glaciales Montes}}'' »<ref name="Vivian_p30-34"/>.

Quelques années plus tard, une « carte du Faucigny » est réalisée par [[Jean de Beins]] (v. 1600), dans laquelle l'ingénieur militaire français mentionne une « montagne Maudite »<ref name="Vivian_p30-34"/>, parfois de « Mont-Mallet »<ref name="Lejeune"/>. Dans les productions suivantes, la montagne est désignée par l'abréviation « la Mont. Maudite », puis « la Mont Maudite » (sans le point)<ref name="Vivian_p30-34"/>. Le travail cartographique de l'ingénieur militaire et cartographe piémontais [[Giovanni Tommaso Borgonio]] pour le ''{{langue|la|[[Theatrum Statuum Sabaudiæ]]}}'', en 1682, et des représentations au 1/{{formatnum:190000}}, mentionne : « Dans le Faucigny, on dit seulement qu'il y a des montagnes d'une prodigieuse hauteur (…) c'est là où est celle (…) que les habitants appellent la montagne Maudite parce qu'elle est toujours couverte de neige et de glace. »<ref name="Vivian_p30-34"/>{{,}}<ref>[http://www.savoie-archives.fr/archives73/dossiers_sabaudia/theatrum/scientifique7.php Page 7] du dossier {{Lien web|url=http://www.sabaudia.org/3197-le-theatrum-sabaudie.htm|titre=Dossier « Le Theatrum Sabaudiæ »|auteur=Anne Weigel|site=sabaudia.org|consulté le=mars 2014|id=Dossier}} ({{nobr|16 pages}}, une bibliographie ainsi que {{nobr|5 pages}} consacrées à des documents). Site des [http://www.sabaudia.org/v2/index.php Archives départementales de la Savoie et de la Haute-Savoie - Sabaudia.org].</ref>. On trouve aussi parfois la mention « les Glacières » désignant l'ensemble de la montagne<ref name="Vivian_p30-34"/>.

L'[[Oronymie|oronyme]] de la montagne devient « mont Blanc » sur les croquis dressés en 1742<ref name="Jouty p136"/>{{,}}<ref name="Sorrel">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Christian|nom1=Sorrel|lien auteur1=Christian Sorrel|titre=Histoire de la Savoie en images|sous-titre=images, récits|lieu=Les Marches|éditeur=[[La Fontaine de Siloé]]|collection=Les Savoisiennes|année=2006|pages totales=461|passage=377|isbn=2-84206-347-3|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=T2FnC3WZBBMC&printsec=frontcover|consulté le=juillet 2014}}.</ref>{{,}}<ref name="Flacelière"/> par le naturaliste genevois [[Pierre Martel (mathématicien)|Pierre Martel]]<ref name="Lejeune">{{article|langue=fr|prénom1= Dominique |nom1=Lejeune|lien auteur1=Dominique Lejeune|titre= La conquête du Mont-Blanc|périodique=L'Histoire|lien périodique=L'Histoire|numéro=88|jour=1|mois=avril|année=1986|pages=}}.</ref>. Le ''Dictionnaire historique et géographique portatif de l'Italie'', paru en 1775 à Paris, possède d'ailleurs une entrée pour le mont Blanc précisant les différentes appellations avec en premier nom « Monte Maledetto, Mont Maudit, ou Mont Blanc, appelé aussi les Glacières »<ref>{{Ouvrage|langue=fr|titre=Dictionnaire historique et géographique portatif de l'Italie|volume=2|lieu=Paris|éditeur=Lacombe|année=1775|pages totales=703|passage=117|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k107328r/f118|consulté le=juillet 2014}}.</ref>. Un des sommets du massif, le [[mont Maudit]], conserve cette dénomination. La première carte à proprement parler à faire figurer le nom du mont Blanc est celle de Suisse établie par le Britannique William Faden en 1778<ref name="Flacelière"/>.

== Géographie ==
=== Situation ===
[[Fichier:Mont-Blanc topo.png|vignette|gauche|redresse=1.5|Carte topographique du mont Blanc.]]
[[Fichier:Mont Blanc photo aerienne.jpg|vignette|Vue aérienne du mont Blanc et des sommets voisins depuis l'ouest.]]

Le mont Blanc est situé entre le Sud-Est de la [[France]], dans la [[Région française|région]] [[Auvergne-Rhône-Alpes]] et le [[Département français|département]] de la [[Haute-Savoie]], et le Nord-Ouest de l'[[Italie]], dans la [[Région italienne à statut spécial|région à statut spécial]] de la [[Vallée d'Aoste]]. Le tracé exact de la [[Frontière entre la France et l'Italie|frontière]] est ponctuellement l'[[Histoire de la frontière sur le mont Blanc|objet d'une controverse]]. La montagne s'étend sur les territoires des communes de [[Chamonix-Mont-Blanc]] et de [[Courmayeur]], son sommet est à environ dix kilomètres au sud du bourg de la première et à la même distance au nord-ouest du bourg de la seconde ; la partie revendiquée par la France au sud de la ligne de partage des eaux traversant le sommet constituerait une [[Enclave et exclave|exclave]] de la commune de [[Saint-Gervais-les-Bains]]<ref name="Géoportail"/>. [[Aoste]] est à {{nobr|37 kilomètres}} à l'est-sud-est, [[Genève]] à {{nobr|70 kilomètres}} au nord-ouest, [[Turin]] à plus de cent kilomètres au sud-est, [[Grenoble]] à {{nobr|115 kilomètres}} et [[Lyon]] à plus de {{nobr|150 kilomètres}} à l'ouest.

Le sommet s'élève à {{unité|4806|mètres}}<ref name="Altitude2023"/> au cœur du [[massif du Mont-Blanc]] et constitue le [[point culminant]] de la chaîne des [[Alpes]]. C'est également le plus haut sommet d'[[Europe de l'Ouest]]<ref name="Guide Vallot">[[Guide Vallot]], référence de l'alpinisme dans le massif du Mont-Blanc.</ref>, ce qui lui vaut le surnom de « toit de l'Europe ». Cependant, selon les limites historiquement définies par le tsar [[Pierre Ier le Grand|Pierre le Grand]] étendant le continent européen jusqu'au [[Caucase]]<ref>{{en}} [[National Geographic Society|National Geographic]], ''National Geographic Atlas of the World'', {{7e|éd.}}, Washington DC., 1999 {{ISBN|978-0-7922-7528-2}}, {{p.|68–69, 90–91}}.</ref>, cinq sommets principaux {{incise|de plus de cinq cents mètres de [[proéminence]]}} le dépassent au nord ou sur la ligne principale de partage des eaux entre les territoires [[Russie|russes]] et [[Géorgie (pays)|géorgiens]] : l'[[Elbrouz]] qui culmine à {{unité|5643|mètres}}<ref>{{Lien archive|horodatage archive=20080205104224|url=https://www.humanite.fr/1994-07-13_Articles_-Le-mont-Blanc-destitue|titre=Le mont Blanc destitué|date=13 juillet 1994 |site=[[L'Humanité]]|consulté le=17 septembre 2009}}.</ref>, le [[Dykh-Taou]] à {{unité|5204|mètres}}, le [[Chkhara]] à {{unité|5193|mètres}}, le [[Kochtan-Taou]] à {{unité|5152|mètres}} et le [[mont Kazbek]] à {{unité|5047|mètres}}. Par sa [[Proéminence|hauteur de culminance]] de {{unité|4693|mètres}}<ref>{{en}} Petter Bjørstad, Jonathan de Ferranti, Eberhard Jurgalski, Vasja Kavcic, Aaron Maizlish, [http://www.peaklist.org/WWlists/ultras/EuroCoreP1500m.html Europe ultra-prominences - 99 Peaks with Prominence of 1,500 meters or greater], ''peaklist.org''.</ref> par rapport au canal Volga-Baltique à {{nobr|113 mètres}} d'altitude en Russie<ref>{{Lien web|titre=Volga-Baltic Canal|url=https://www.peakbagger.com/KeyCol.aspx?pid=9941|site=www.peakbagger.com|consulté le=2020-02-19}}.</ref>, il arrive juste derrière l'Elbrouz ({{unité|4741|m}}<ref>{{en}} A. Maizlish, J. de Ferranti, [http://www.peaklist.org/WWlists/ultras/CaucasusP1500m.html European Russia and the Caucasian states ultra-prominence page - 12 Peaks with Prominence of 1,500 meters or greater], ''peaklist.org''.</ref>) en Europe et en {{11e|position}} mondiale des [[Sommet ultra-proéminent|sommets ultra-proéminents]].

Le mont Blanc domine notamment le [[mont Maudit]] ({{unité|4465|m}}) et l'[[aiguille du Midi]] ({{unité|3842|m}}) au nord-nord-est, les [[Grandes Jorasses]] ({{unité|4208|m}}) à l'est-nord-est, le [[mont Blanc de Courmayeur]] ({{unité|4748|m}}) au sud-est et le [[dôme du Goûter]] ({{unité|4304|m}}) au nord-ouest<ref name="Géoportail"/>. Il est à cheval sur la [[vallée de l'Arve]] au nord et le [[val Vény]] au sud<ref name="Géoportail"/>.

[[Fichier:Barillette Lac Leman Mont Blanc.jpeg|vignette|gauche|Vue du lac [[Léman]] et, en arrière-plan, des [[Alpes]] de [[Haute-Savoie]] avec le mont Blanc au centre, depuis [[la Barillette]].]]
[[Fichier:Mont Blanc aout 2011.JPG|vignette|Vue du mont Blanc depuis l'Ouest lyonnais en été.]]

Le panorama théoriquement visible depuis le sommet, dépendant du relief et de la [[Horizon optique|courbure terrestre]] mais pas des phénomènes de [[réfraction]], s'étend, outre les Alpes, sur six massifs : le [[Massif central]] (montagne d'Aulas et [[mont Aigoual]] dans le sud des [[Cévennes]] à 326 et {{unité|321|km}}, pic Cassini au [[mont Lozère]] à {{unité|286 km}}, [[mont Mézenc]] à {{unité|233 km}}, [[mont Mouchet]] dans la [[Margeride]] à {{unité|289|km}}, [[crêt de la Perdrix]] dans le [[Pilat]] à {{unité|185|km}}, [[puy du Rocher]] et [[puy de Peyre-Arse]] dans les [[monts du Cantal]] à 332 et {{unité|335|km}}, [[monts du Lyonnais]] à {{unité|185|km}}, [[Pierre-sur-Haute]] et [[puy de Montoncel]] dans les [[monts du Forez]] à 239 et {{unité|247|km}}, [[puy de Dôme]] dans la [[chaîne des Puys]] à {{unité|304|km}}, [[mont Saint-Cyr]] dans le [[Mâconnais]] à {{unité|197|km}}), le [[Morvan]] ([[Haut-Folin]] à {{unité|253|km}}, [[Le Télégraphe|Tureau des Grands-Bois]] à {{unité|258|km}}), le [[Massif du Jura|Jura]] (également pour sa partie suisse), les [[Massif des Vosges|Vosges]] ([[Grand Ballon]] à {{unité|231|km}}), la [[Forêt-Noire]] ([[Belchen]] à {{unité|233|km}}, [[Feldberg (Forêt-Noire)|Feldberg]] à {{unité|243|km}}) en Allemagne et les [[Apennins]] ([[mont Penice]] à {{unité|225|km}}, [[mont Ragola]] à {{unité|252|km}}, [[mont Ebro]] à {{unité|221|km}}) en Italie<ref>{{en}} Jonathan de Ferranti, « ''View from mont Blanc looking [http://viewfinderpanoramas.org/panoramas/EUR/BLANC-N.gif north] and [http://viewfinderpanoramas.org/panoramas/EUR/BLANC-S.gif south]'' ».</ref>. Cependant, il n'est pas toujours évident de distinguer les massifs les plus lointains, même par temps clair et ensoleillé. La pollution émise dans les plaines, conjuguée à l'absence de vent, peut réduire la visibilité à {{unité|100|km}}.
{{clr}}
{{wide image|Mont Blanc Panorama beschriftet.jpg|3000|Vue panoramique annotée depuis le mont Blanc.}}

=== Topographie ===
[[Fichier:Mont Blanc, Mont Maudit, Mont Blanc du Tacul.jpg|vignette|gauche|Vue du mont Blanc, du mont Maudit et du mont Blanc du Tacul depuis le [[glacier du Géant]].]]
{{PanoViewer|Mont Blanc Spherical Panorama.jpg|Panorama depuis le mont Blanc}}

Le sommet du mont Blanc est recouvert par un dôme de neige allongé grossièrement d'ouest en est, alors que ses versants forment une pyramide dont les faces sont orientées au nord, au sud-ouest et au sud-est. Le versant septentrional présente un dénivelé de {{unité|3800|mètres}} avec la [[vallée de Chamonix]]. Il alimente principalement le [[glacier des Bossons]] ; le [[glacier de Taconnaz]] naît entre l'[[aiguille du Goûter]] et le [[dôme du Goûter]], sur l'arête nord-ouest du mont Blanc. Les versants sud-ouest et sud-est, plus rocheux, présentent un dénivelé maximal de {{unité|3300|mètres}} avec le [[val Vény]] un peu en amont de la ''{{langue|it|frazione}}'' d'[[Entrèves]]. Ils alimentent, d'ouest en est, le [[glacier du Dôme]] et le [[glacier du Mont-Blanc]] qui s'épanchent tous deux vers le [[glacier du Miage]], le [[glacier du Brouillard]] et le [[glacier de Frêney]] qui naissent en contrebas du sommet et ne confluent plus jusqu'au fond de la vallée, et enfin le [[glacier de la Brenva]]<ref name="Géoportail"/>.

[[Fichier:Sommet-Mont-Blanc-2007.JPG|vignette|Vue de l'arête sommitale du mont Blanc en août 2007.]]

L'altitude du mont Blanc est définie par la hauteur d'accumulation de neige surplombant le sommet rocheux. Ce dernier est situé à {{unité|4792|m}}<ref name="LeMonde-20231005">{{lien web|langue=fr|prénom=Jean-Philippe|nom=Lefief|titre=Le mont Blanc va à nouveau être mesuré : « Il faudra plus de temps pour savoir si le réchauffement climatique a une influence sur ce sommet »|url=https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/10/05/le-mont-blanc-fait-l-objet-d-une-nouvelle-mesure-il-faudra-plus-de-temps-pour-savoir-si-le-rechauffement-climatique-a-une-influence-sur-ce-sommet_6192566_3244.html|site=Le Monde|date=5 octobre 2023}}.</ref> et serait recouvert par une calotte de neige et de glace d'une épaisseur d'environ {{unité|15 à 30|m}}. L'épaisseur de cette calotte dépend des précipitations et du vent qui sculpte la crête sommitale comme une [[dune]]. L'altitude de la crête fluctue donc au gré des saisons. Plus les vents sont faibles et les précipitations importantes et plus la calotte s'épaissit et le point culminant est élevé. Celui-ci est ainsi plus haut en été qu'en hiver car le vent est moindre. Ces conditions météorologiques influencent plus généralement la morphologie de l'arête sommitale en modifiant la répartition de la couverture neigeuse ce qui a aussi pour effet de modifier la position du sommet de celle-ci par rapport au sommet rocheux selon un axe orienté ouest-sud-ouest – est-nord-est. De manière générale, le sommet rocheux est décalé à l'ouest par rapport à la cime neigeuse. En 2004, il se trouvait, d'après des instruments [[radar]] et des [[carottage]]s, à {{unité|40|mètres}} à l'ouest de cette dernière<ref>{{lien web|langue=fr|format=pdf|prénom=Christian|nom=Vincent|titre=Dossier de presse - L'altitude du sommet du mont Blanc sans ses glaces|url=http://www2.cnrs.fr/sites/communique/fichier/dossier_presse_mont_blanc.pdf|site=cnrs.fr|date=2 août 2004|accès url=libre}}.</ref>, et les relevées depuis 2001 montrent que le sommet enneigé s'éloigne vers l'est. Le sommet en 2009 était ainsi situé {{unité|34|m}} plus à l'est qu'en 2003<ref name="Flacelière"/>.

Depuis le lever topographique du capitaine Jean-Joseph Mieulet en 1863, l'altitude officielle du plus haut sommet des [[Alpes]] est longtemps demeurée définie à {{unité|4807|mètres}} (altitude ellipsoïdale géopotentielle). Depuis 2001, des mesures sont effectuées tous les deux ans pour suivre l'évolution de l'altitude.

=== Géologie ===
Le mont Blanc est représentatif de la géologie du massif<ref name="geolMB">{{Lien web|langue=fr|prénom=Maurice|nom=Gidon|titre=Mont-Blanc, Miage, Tré-la-Tête|url=http://www.geol-alp.com/h_mt_blanc/_lieux/mt_blanc_lieux/Mont-blanc.html|site=Geol-Alps|date=17 décembre 2017|consulté le=10 janvier 2019|accès url=libre}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=fr|prénom=Maurice|nom=Gidon|titre=Le massif du Mont-Blanc|url=http://www.geol-alp.com/h_mt_blanc/mt_blanc_general/0_mt_blanc.html|site=Geol-Alps|date=31 octobre 2016|consulté le=10 janvier 2019|accès url=libre}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=fr|prénom=Matthieu|nom=Petetin|titre=Architecture et formation|url=http://www.geologie-montblanc.fr/formation.htm|site=geologie-montblanc.fr|consulté le=10 janvier 2019|accès url=libre}}.</ref>. Il appartient aux [[massifs cristallins externes]] qui sont des [[Socle (géologie)|socles]] anté-[[trias]]siques de la [[plaque européenne]], affiliés au domaine delphino-helvétique et exhumés lors de l'[[orogenèse alpine]]. Ces socles sont constitués d'un ensemble de [[Roche métamorphique|roches polymétamorphiques]]<ref>{{ouvrage|langue=en|prénom1=Jürgen F.|nom1=von Raumer|prénom2=François|nom2=Bussy|titre=Mont Blanc and Aiguilles Rouges Geology of their polymetamorphic Basement (External Massifs, Western Alps, France-Switzerland)|collection=Mémoires de Géologie (Lausanne)|année=2004|volume=42|pages totales=217|issn=1015-3578|lire en ligne=https://serval.unil.ch/resource/serval:BIB_F3C1004512A8.P001/REF.pdf|accès url=libre}}.</ref> dont le [[protolithe]] est d'âge [[néoprotérozoïque]] à [[ordovicien]] et d'un [[granite]] intrusif, le granite du mont Blanc<ref>{{lien web|langue=fr|titre=Granite du Mont Blanc|url=https://www.strati.ch/fr/stratigraphic/mont-blanc-granit|site=Lexique lithostratigraphique de la Suisse|accès url=libre}}.</ref>, d'âge [[Carbonifère supérieur|carbonifère tardif]] ({{unité|303±2|Ma}}<ref name="Bussy2000">{{Article|langue=en|prénom1=François|nom1=Bussy|prénom2=Jean|nom2=Hernandez|prénom3=Jurgen|nom3=Von Raumer|titre=Bimodal magmatism as a consequence of the post-collisional readjustment of the thickened Variscan continental lithosphere (Aiguilles Rouges-Mont Blanc Massifs, Western Alps)|périodique=Earth and Environmental Science Transactions of The Royal Society of Edinburgh|année=2000|volume=91|numéro=1-2|pages=221-233|doi=10.1017/S0263593300007392|accès doi=payant |issn=1755-6910 }}.</ref>). Il est délimité sur son versant sud-est par des [[couverture sédimentaire|couvertures sédimentaires]] autochtones du domaine delphino-helvétique et sur son versant nord-ouest par la zone de cisaillement du Mont-Blanc et une bande étroite de couverture sédimentaire organisées en un pli synclinal (synclinal médian) qui le séparent du [[Aiguilles Rouges|massif des Aiguilles Rouges]]. Le contact entre la zone de cisaillement et les unités du mont Blanc se comporte en [[faille inverse]] avec une légère composante [[décrochement|décrochante]] [[Dextre (orientation)|dextre]]. Son enracinement en profondeur semble indiquer qu'elle serait responsable du chevauchement du mont Blanc et par extension de son exhumation<ref>{{article|langue=fr|prénom1=Frédéric|nom1=Masson|prénom2=Frédéric|nom2=Gal|prénom3=Philippe-Hervé|nom3=Leloup|titre=Une carte gravimétrique haute résolution du massif du Mont-Blanc : implications structurales|périodique=Comptes Rendus Geoscience|date=novembre 2002|volume=34|numéro=14|pages=1011-1019|doi=10.1016/S1631-0713(02)01846-1|accès doi=libre}}.</ref>.

Les unités du mont Blanc décrivent une variété de contextes tectoniques ([[arc volcanique|arcs volcaniques]], [[Bassin sédimentaire|bassins sédimentaires]]) et de lithologie ([[Roche sédimentaire|roches sédimentaires]], [[Roche magmatique|magmatiques]]) entre le [[Néoprotérozoïque]] et la première moitié du [[Paléozoïque]]. Ces roches ont ensuite été métamorphosées durant les [[cycle orogénique|cycles orogéniques]] successifs (orogenèses [[orogenèse calédonienne|calédonienne]] puis [[orogenèse varisque|varisque]]). Elles sont traversées par plusieurs [[Pluton (géologie)|plutons granitiques]], dont le granite du mont Blanc, à la fin de l'[[orogenèse varisque]]. Au [[Trias]], l'ensemble de ces roches forme un relief aplani par l'érosion ([[pénéplaine]]) puis constitue la [[Marge continentale|marge]] nord de la [[Téthys alpine]] à son ouverture au [[Jurassique moyen]]. Des séries sédimentaires marines à dominante [[calcaire|carbonatée]] s'accumulent entre le [[Trias]] et le [[Crétacé]] dans un environnement marin de plateforme distale (domaine delphino-helvétique), prolongement au large des [[Géologie du massif du Jura|unités du Jura]]. La plateforme carbonatée évolue ensuite en [[bassin d'avant-pays]] à l'[[Éocène]] où prédominent des séries carbonatées (Éocène) puis [[Roche détritique|détritiques]] marines héritées de l'érosion des Alpes en cours de formation (Éocène - [[Oligocène]]). Cette couverture sédimentaire se décolle à l'Oligocène pour former des [[Nappe de charriage|nappes de charriages]] (nappes helvétiques) durant l'[[orogenèse alpine]] puis les unités du socle sont soumises à un [[métamorphisme]] [[schiste vert]] et exhumées au [[Miocène]] pour former le mont Blanc. La morphologie du relief est enfin façonnée par les [[Glaciations quaternaires|cycles glaciaires successifs]] au [[Quaternaire]] qui sont aussi à l'origine des [[glacier]]s ceinturant le sommet.

Le sommet du mont Blanc est composé de [[gneiss]] et [[Micaschiste|micaschites]] paléozoïques sur sa moitié sud-ouest et du granite du mont Blanc pour la moitié nord-est. Cependant la calotte de neige et de glace qui coiffe le sommet ne permet pas de définir la nature exacte des roches qui constituent le sommet, bien que certains<ref name="geolMB"/>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=fr|prénom=Matthieu|nom=Petetin|titre=Structures géologiques|url=http://www.geologie-montblanc.fr/structures.htm|site=geologie-montblanc.fr|consulté le=10 janvier 2019|accès url=libre}}.</ref> considèrent qu'il s'agirait de gneiss. Le granite du mont Blanc est un granite calco-alcalin [[Potassium|potassique]], [[leucocrate]], à granulométrie grossière (entre {{unité|0,5 et 1|mm}}) et [[Porphyre (roche)|porphyrique]] ([[Phénocristal|phénocristaux]] de [[feldspath alcalin|feldspaths alcalins]]). Ces derniers ont par ailleurs tendance à décliner vers les parties externes de l'intrusion ce qui pourrait résulter du refroidissement plus rapide en bordure qu'au cœur de l'intrusion. Deux variétés d'[[Xénolithe|enclaves]] de couleurs sombres sont aussi décrites<ref name="Bussy1989">{{article|langue=en|prénom1=François|nom1=Bussy|prénom2=Urs|nom2=Schaltegger|prénom3=Christian|nom3=Marro|titre=The age of the Mont-Blanc granite (Western Alps): a heterogeneous isotopic system dated by Rb-Sr whole rock determinations on its microgranular enclaves|périodique=Bulletin suisse de minéralogie et pétrographie|année=1989|volume=69|numéro=1|pages=3-13|doi=10.5169/seals-52773|accès doi=libre}}.</ref>. La première à dominante magnésienne (MgO/FeO<sub>total</sub> = 0,6 - 0,7) forme des enclaves de tailles métriques, riches en [[hornblende]] et [[biotite]]. Elle résulterait du démantèlement de [[dyke]]s de [[roche magmatique|composition basique à intermédiaire]] et sa stabilisation chimique est datée à {{unité|316,1±19,5Ma}}<ref name="Bussy1989"/>. La seconde variété est de composition ferreuse (MgO/FeO<sub>total</sub> = 0,3). Elle constitue des enclaves de plus petite taille (inférieure à {{unité|1|m}}) et plus riches en biotite (15 à 25 %). Son origine est plus complexe et semble liée à des phases de différenciation et de contamination du magma. L'hétérogénéité de composition ne permet pas de dater ces enclaves par [[Datation rubidium-strontium|datation Rb/Sr]]<ref name="Bussy1989"/>. Le granite est localement [[Mylonite|mylonitisé]] à la suite de sa mise en place et a été soumis à un métamorphisme [[schiste vert]] durant l'orogenèse alpine. Des [[dyke]]s de plusieurs mètres de largeur de [[microgranite]] [[Glossaire de géologie|hololeucocrate]] sont aussi répertoriés dans la partie orientale du massif.

=== Climat ===
Les conditions météorologiques peuvent changer très rapidement (neige, brouillard). Au sommet, la vitesse du vent peut atteindre {{unité|150|km/h}} et la température {{tmp|-40|°C}}<ref name="Guide Vallot"/> (minimum absolu de {{tmp|-43|°C}})<ref name="mherrera">{{en}} [http://www.mherrera.org/temp.htm Extreme temperatures around the world]</ref>. Le vent renforce l'effet de froid ([[refroidissement éolien]]) : la température apparente chute de {{tmp|10|°C}} tous les {{unité|15|km/h}} de vent<ref name="Préparation">{{pdf}} {{Lien web |url=http://www.ohm-chamonix.com/pdf/MBAscFr.pdf |titre= L'ascension du mont Blanc est affaire d'alpiniste |site=ohm-chamonix.com|consulté le= 17 septembre 2009}}.</ref>. Il peut contribuer à lui seul à l'échec d'une ascension, même par des professionnels.

À partir de {{unité|3700|m}} environ, toutes les précipitations se font sous forme de neige. Ces dernières sont plus abondantes en été qu'en hiver, du fait que l'air froid ne contient pas beaucoup d'humidité. Le sommet peut connaître quelques journées de dégel dans l'année, notamment entre juillet et septembre, le maximum absolu étant de {{tmp|9|°C}}<ref name="mherrera"/>. L'[[isotherme zéro degré]] peut dépasser les {{unité|5000|m}} d'altitude.

=== Faune et flore ===
[[Fichier:Alpendohle.jpg|vignette|droite|Chocard à bec jaune.]]

L'essentiel des pentes du mont Blanc se situant au-dessus de {{unité|3000|mètres}} d'altitude, elles se trouvent au-delà de la limite de l'[[étage nival]], caractérisé par la présence de [[névé]]s. Le manteau neigeux important, les conditions climatiques extrêmes, l'acidité des roches et l'absence d'[[humus]]<ref name="autourdumontblanc">[https://www.autourdumontblanc.com/territoire-1/flore-et-faune Autour du Mont-Blanc - Flore et faune].</ref> rendent les conditions de vie presque impossibles. Pourtant, dans les creux de falaises abrités, certaines plantes arrivent à subsister comme la [[Ranunculus glacialis|renoncule des glaciers]]<ref name="autourdumontblanc"/>{{,}}<ref name="flore"/>, l'[[Arabette des Alpes|arabette naine]]<ref name="flore"/> et des espèces de [[saxifrage]]s<ref name="flore">[https://www.pro-mont-blanc.org/biodiversite-du-mont-blanc/flore-endemique-du-mont-blanc/ Protection du Mont-Blanc - Flore endémique du Mont-Blanc].</ref>, notamment [[Saxifrage à deux fleurs|celle à deux fleurs]]<ref name="autourdumontblanc"/>. Cependant, les formes de vie se limitent essentiellement à des [[Bryophyta|mousses]] et [[lichen]]s.

Les [[mammifère]]s ne peuvent pas vivre durablement dans les conditions décrites<ref name="autourdumontblanc"/>{{,}}<ref name="faune"/>. De rares [[campagnol]]s peuvent faire des incursions à plus de {{unité|3000|mètres}}<ref name="faune"/>. Certaines espèces d'oiseaux sont capables de survoler les pentes supérieures du mont Blanc : [[chocard à bec jaune]]<ref name="autourdumontblanc"/>{{,}}<ref name="faune"/>, [[lagopède alpin]], [[accenteur alpin]], [[niverolle alpine]]<ref name="faune">[https://www.pro-mont-blanc.org/biodiversite-du-mont-blanc/faune-endemique-du-mont-blanc/ Protection du Mont-Blanc - Faune endémique du Mont-Blanc].</ref> ou [[tichodrome échelette]]<ref name="autourdumontblanc"/>.

== Histoire ==
=== La montagne maudite ===
[[Fichier:Joseph Mallord William Turner 006.jpg|vignette|Le mont Blanc est en arrière-plan sur le tableau ''Vue générale de Bonneville'' peint par [[Joseph Mallord William Turner|Turner]].]]

Au {{s|XVII}}, lors du [[petit âge glaciaire]], des processions et exorcismes sont organisés afin de mettre fin à l'avancée de la [[Mer de Glace]] qui s'approche dangereusement de ''Chamouny''<ref name="Zumstein">{{Lien web|auteur1=Hélène Zumstein|titre=Société. Histoire|sous-titre=L'invention de la Mer de glace|url=http://www.lecourrier.ch/l_invention_de_la_mer_de_glace|site=[[Le Courrier]]|date=23 juin 2009|consulté le=28 septembre 2016}}.</ref>. Jusqu'au {{s|XVIII}}, le massif inspire de la crainte aux habitants de la vallée et ses sommets ne sont parcourus que par quelques chasseurs de [[chamois]] et [[cristallier]]s<ref name="Fournier"/>.

Toutefois, il éveille la curiosité de la bourgeoisie [[Genève|genevoise]]<ref name="Fournier"/>. Elle se rend au [[Le Môle|Môle]], bien visible au sud-est de la ville, en présence d'Anglais, pour observer le mont Blanc de plus près<ref name="Vivian_p314">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Robert|nom1=Vivian|titre=Les glaciers du Mont-Blanc|lieu=Les Marches|éditeur=[[La Fontaine de Siloé]]|collection=Les Savoisiennes|année=2005|pages totales=315|passage=314|isbn=978-2-84206-285-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=wRYW5Rth6aIC&printsec=frontcover|consulté le=juillet 2014}}.</ref>. Toutefois, en l'absence de cartes décrivant l'organisation interne de cette partie des [[Alpes]], ils sont rapidement désorientés : {{citation|Qu'on tire de Genève une ligne passant par le sommet du Môle, la montagne maudite sera située en un point quelconque du prolongement de cette ligne jusqu'à sa rencontre avec la [[Vallée du Rhône (Suisse)|vallée du Rhône]], mais, nécessairement, toujours au nord de la [[vallée de Chamonix]] au lieu d'être au midi}}<ref name="Vivian_p314"/>. Cette erreur perdure pendant un demi-siècle, expliquée ainsi par [[Charles Henri Durier]] : {{citation|On aperçoit fort bien le mont Blanc des environs de Genève mais en avançant vers les Alpes, on le perd de vue, et les premières sommités couvertes de neige que l'œil retrouve au sortir de [[Bonneville (Haute-Savoie)|Bonneville]], ce n'est pas le mont Blanc, ce sont les dents de [[Dents de Morcles|Morcle]] et du [[Dents du Midi|Midi]], c'est le [[Mont Buet|Buet]] surtout, qui couronne l'extrémité de la vallée, le Buet qui est effectivement au nord de Chamonix dans la directement de Genève au Môle et qu'on a pris pour la haute montagne qu'on avait aperçue de loin… Le peuple de Genève nomma le mont Blanc la montagne maudite, le peuple prit le Buet pour la montagne maudite : les géographes suivirent !}}<ref name="Vivian_p314"/>.

Ainsi, Durier explique que le mont Blanc lui-même est identifié trop tardivement pour que des mythes religieux et une symbolique poétique lui soient associés ; il entre directement dans l'ère du [[rationalisme]] scientifique<ref>{{harvsp|Durier|2001}}.</ref>.

=== Études et premières tentatives ===
[[Fichier:The Saussure monument, Chamonix.jpg|vignette|gauche|redresse=0.8|Monument à [[Jacques Balmat]] et [[Horace Bénédict de Saussure]] à [[Chamonix-Mont-Blanc]].]]

Jean-Christophe et [[Nicolas Fatio de Duillier]] semblent être les premiers en 1683 à mesurer la hauteur du mont Blanc à {{unité|4728|mètres}} ({{unité|2426|toises}}) au-dessus de la [[mer Méditerranée]]<ref name="Flacelière"/>. À partir de [[1760]], le [[naturaliste]] [[suisse]] [[Horace Bénédict de Saussure]] entreprend une douzaine de voyages à [[Chamonix-Mont-Blanc|Chamonix]] pour observer le [[massif du Mont-Blanc]] et se focalise sur la conquête de son point culminant<ref name="Fournier">{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=André |nom1=Fournier |titre=Mer de Glace |sous-titre=Montenvers |lieu=Montmélian |éditeur=[[La Fontaine de Siloé]] |collection=Voyage de l'œil |année=2005 |pages totales=62 |format livre=13 × 17 cm |passage=3-5 |isbn=978-2-84206-256-9}}.</ref>. Le scientifique effectue plusieurs tentatives notamment avec le guide [[courmayeur]]in Jean-Laurent Jordaney. Celui-ci, originaire de [[Pré-Saint-Didier]] et surnommé « Patience », accompagne Horace Bénédict de Saussure à partir de 1774 sur le [[glacier du Miage]] et sur le mont Crammont lorsqu'il décide d'ouvrir une voie au mont Blanc. Après des mesures depuis [[Genève]] en [[1775]]<ref name="Flacelière"/>, [[George Shuckburgh-Evelyn]], fraîchement élu à la [[Royal Society]], propose à Saussure, l'année suivante, de l'accompagner au [[Le Môle|Môle]] pour peaufiner la mesure de l'altitude du mont Blanc<ref name="Freshfield">Douglas William Freshfield, ''Horace Bénédict de Saussure'', Slatkine, 1989 {{ISBN|9782051010450}}, pages 156-157.</ref> ; il obtient {{unité|4787|mètres}} ({{unité|15662|pieds anglais}}) par [[triangulation]] et le recours au [[baromètre]] depuis [[le Môle]]<ref name="Flacelière"/>{{,}}<ref name="Freshfield"/>{{,}}<ref>{{article|langue=en|prénom=George|nom=Shuckburgh|titre=Observations Made in Savoy, in Order to Ascertain the Height of Mountains by Means of the Barometer|périodique=Philosophical Transactions of the Royal Society of London|année=1777|volume=67|pages=513-597|passage=592|lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/106253|accès url=libre}}.</ref>. Sur la base de ce résultat, l'altitude est ramenée en [[1840]] par le corps des [[Ingénieur géographe|ingénieurs géographes]] d'abord à {{unité|4799.5|mètres}} après correction de la [[planimétrie]] puis à {{unité|4806.5|mètres}} après intégration d'un [[Indice de réfraction|coefficient de réfraction]]<ref name="Flacelière"/>.

Dès 1760, Saussure offre une récompense de {{unité|48|livres}} (environ {{unité|1000|euros}}) pour la première ascension en pensant ainsi percer le mystère de la formation géologique des Alpes<ref name="SaussureT2P550">{{Ouvrage|auteur1=Horace Bénédicte de Saussure|titre=Voyages dans les Alpes. Tome 2|passage=550|date=1779-1796|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1029499/f572}}.</ref>. Il faut cependant attendre le {{date-|3 juillet 1775}} pour assister à une première tentative sérieuse par quatre guides de la vallée. Ils suivent l'itinéraire des Grands Mulets mais doivent rebrousser chemin épuisés par la chaleur et inquiétés par le mauvais temps qui menace<ref name="SaussureT2P550"/>{{,}}<ref name="BourritP158">{{Ouvrage|auteur1=Marc Théodore Bourrit|titre=Nouvelle description des glacières et glaciers de Savoie|passage=158|date=1785|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6537804t/f327}}.</ref>. Une nouvelle tentative a lieu en 1783 par le même itinéraire, également gênée par la réverbération du soleil. À leur retour, ils conseillent à Saussure d'emporter un parasol et du parfum<ref name="SaussureT2P550"/>. La même année, [[Marc-Théodore Bourrit]] engage ces trois guides et invite [[Michel Paccard]] pour une nouvelle tentative vite avortée en raison du mauvais temps<ref name="Stevens">{{Article|langue=en|auteur1=E. H. Stevens|titre=Dr. Paccard's Lost Narrative|périodique=Alpine Club Journal|date=1929|url=https://www.alpinejournal.org.uk/Contents/Contents_1929.html|pages=98-156}}.</ref>{{,}}<ref name="Vola">{{Ouvrage|auteur1=Eric Vola|titre=La Première ascension du mont Blanc|date=19 mai 2021|isbn=979-8506836032|lire en ligne=https://ghm-alpinisme.fr/dossiers.php?id=14}}.</ref>. En {{date-|septembre 1784}}, Paccard et un guide entreprennent de monter à l'[[aiguille du Goûter]] en partant du hameau de [[Bionnassay (hameau)|Bionnassay]] mais ils progressent difficilement et doivent redescendre. Quelques jours plus tard, Bourrit fait une tentative par le même itinéraire. Deux de ses guides parviennent à atteindre les rochers Vallot, mais l'arête des Bosses qui les sépare du sommet leur parait trop escarpée<ref name="BourritP158"/>. L'année suivante, Saussure organise une grande expédition par le même itinéraire, à laquelle se joignent Bourrit et son fils. Ils progressent sur l'arête de l'aiguille du Goûter mais ils sont finalement bloqués par l'accumulation de neige fraîche. En {{date-|juin 1786}}, cinq guides de Chamonix se séparent en deux groupes pour étudier l'accès le plus commode au [[dôme du Goûter]]. Trois partent de Chamonix et passent la nuit à la montagne de la Côte. [[Jacques Balmat]], le [[cristallier]], se joint à eux sans y être invité. Deux autres partent de Bionnassay et dorment dans l'abri aménagé par Saussure l'année précédente. Ils se rejoignent au [[col du Dôme]] et parviennent jusqu'aux rochers Vallot, mais l'arête des Bosses leur semble impossible à franchir et ils décident de redescendre. Jacques Balmat reste en arrière pour explorer les rochers à la recherche de cristaux. Surpris par la nuit, il est forcé de dormir sur place. Au grand étonnement des habitants de la vallée, Balmat redescend sain et sauf le lendemain.

=== Premières ascensions ===
[[Fichier:Monument Balmat Pacard Pélerins 01.jpg|vignette|Monument à [[Jacques Balmat]] et [[Michel Paccard]] érigé le {{date|8 août 1986}} aux [[Les Pélerins (Chamonix-Mont-Blanc)|Pélerins]] à l'occasion du bicentenaire de la première ascension du mont Blanc.]]

Le {{date-|7 août 1786}}, [[Jacques Balmat]] et [[Michel Paccard]] se mettent en route, discrètement, depuis [[les Bossons]]<ref name="remontees-mecaniques">{{Lien web |url=https://www.remontees-mecaniques.net/bdd/reportage-tsf2-du-glacier-des-bossons-poma-353.html |titre=TSF2 du Glacier des Bossons |consulté le=9 mars 2023}}.</ref>{{,}}<ref name="montblancnaturalresort">{{Lien web |url=https://www.montblancnaturalresort.com/fr/bossons |titre=Le télésiège des Bossons |consulté le=9 mars 2023}}.</ref> et partent bivouaquer en haut de la montagne de la Côte. Le 8 août, ils suivent l'itinéraire des Grands Mulets et parviennent vers {{heures|15}} sur le Grand Plateau. De là, ils partent vers l'est et franchissent les pentes raides au-dessus des rochers Rouges Supérieurs<ref name="Vola"/>. Ils apparaissent alors distinctement depuis la vallée, observés à la lunette par le baron {{Lien|langue=de|fr=Adolf Traugott von Gersdorff}}. Ils atteignent les Petits Rouges qu'ils quittent à {{heures|17|45}}, puis les Petits Mulets et parviennent au sommet à {{heures|18|23}}. Ils y restent trente-trois minutes puis entament la descente. À {{heures|23}}, ils quittent le glacier et s'arrêtent pour dormir. Le lendemain, ils se réveillent à {{heures|6}} et poursuivent vers le village. Paccard souffre d'ophtalmie et doit être aidé par Balmat pour le reste de la descente. Au village, Balmat apprend que sa fille est morte le jour où il atteignait le mont Blanc. Cet exploit marque les débuts de l'alpinisme tel qu'on le connaît aujourd'hui. Jacques Balmat, accompagné de François Paccard, se déplace par la suite à Genève pour toucher la récompense de Saussure, auquel se rajoutent {{unité|460|livres}} offertes par le baron Adolf Traugott von Gersdorff, ainsi que {{unité|240|livres}} par le royaume de Piemont-Sardaigne pour service rendu car {{citation|cette brillante action amènera un grand nombre de voyageurs à visiter les glaciers et enrichira la province}}<ref>{{article|langue=fr|prénom=Dominique|nom=Ernst|titre=Jacques Balmat et Michel Paccard, les conquérants du mont Blanc|périodique=Le Messager|date=29 février 2024}}.</ref>.

Presque un an plus tard, Saussure entreprend de monter lui-même au sommet, accompagné de dix-neuf personnes, dont Balmat. Il y parvient le {{Date-|3 août 1787}}. Il procède au premier calcul de l'altitude du mont Blanc depuis son sommet. Après un calcul de la moyenne avec trois mesures précédemment effectuées, il annonce comme altitude {{unité|2450|toises}}, soit {{unité|4775|mètres}}<ref name="Flacelière"/>{{,}}<ref name="Freshfield"/>{{,}}<ref>{{ouvrage|langue=fr|prénom=Horace Bénédict|nom=de Saussure|titre=Relation abrégée d'un voyage à la cime du Mont-Blanc|année=1787|pages totales=31|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k1315450}}|accès url=libre}}.</ref>.

De nouvelles mesures par [[Nivellement (topographie)|nivellement trigonométrique]] réalisées dans les années 1820, d'abord par [[Giovanni Antonio Amedeo Plana|Plana]] et [[Francesco Carlini|Carlini]] dans le cadre des opérations austro-piémontaises, fixent l'altitude à {{unité|4801.9|mètres}}, corrigée par les ingénieurs géographes à la valeur de {{unité|4811.6|mètres}}. Puis le [[Charles-Marie Filhon|commandant Filhon]], avec l'aide des travaux de triangulation du [[Jean Baptiste Corabœuf|commandant Corabœuf]] menés vingt-cinq ans plus tôt, obtient {{unité|4810.9|mètres}} d'altitude<ref name="Flacelière"/>.

La première femme à atteindre le sommet est la Chamoniarde [[Marie Paradis]], le {{date-|14 juillet 1808}}. De son propre aveu, elle est « traînée, tirée, portée » par les guides sur la fin de l'ascension. Cette première reste néanmoins un exploit, compte tenu des conditions de l'époque. La seconde ascension féminine est réussie par [[Henriette d'Angeville]], par ses propres moyens, vêtue d'une simple robe, le {{date-|4 septembre 1838}}<ref>Colette Cosnier, ''Henriette d'Angeville, la Dame du Mont-Blanc'', la « Petite Collection », 2006 {{ISBN|978-2-911755-97-2}}.</ref>.

Jusqu'en 1827, les ascensionnistes utilisent sensiblement la même voie que Balmat et Paccard en passant du Grand Plateau au sommet par la face Nord au-dessus des rochers Rouges. Le passage du Corridor plus à l'est est ensuite emprunté pour rejoindre l'itinéraire des Trois Monts au niveau du Mur de la Côte<ref name="Stevens"/>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Albert Richard Smith|titre=Le Mont Blanc à la mode|éditeur=Editions Paulsen|date=1999|isbn=978235221-1181}}.</ref>. L'arête des Bosses, qui est la voie normale actuelle, n'est parcourue pour la première fois qu'en 1861.

=== Première controverse alpine ===
La première ascension est aussi à l'origine de la première controverse alpine, qui a pour conséquence de minimiser fortement le mérite qui revient à Paccard dans cette entreprise<ref name="Vola"/>. Elle débute par des échanges par voie de presse entre [[Marc-Théodore Bourrit|Bourrit]] et [[Michel Paccard|Paccard]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Yves Ballu|titre=La montagne sous presse|éditeur=Editions du Mont Blanc|date=24 octobre 2018|pages totales=320|isbn=978-2365450508}}.</ref>. Bourrit est en effet le premier à faire le récit de l'ascension et il minimise le rôle de Paccard. Selon lui, Balmat aurait découvert la voie, réalisé toute la montée en tête pour arriver le premier au sommet, puis serait redescendu pour aider Paccard, exténué, à atteindre le sommet ; Paccard n'aurait même pas payé son dû à Balmat. Il conteste cette version et fait signer à Balmat une attestation sous serment avec témoins décrivant le vrai récit de l'ascension. Pressé par Saussure et von Gersdorf, Bourrit est forcé d'édulcorer quelque peu son récit. Mais il est bien plus influent que Paccard auprès des éditeurs genévois, et Paccard ne réussit pas à publier son récit de l'ascension. C'est la version de Bourrit qui est largement reprise pendant plus d'un siècle.

La première ascension de Balmat et Paccard est par ailleurs largement éclipsée par celle de Saussure un an plus tard, qui reste {{heure|4|30}} au sommet et qui publie son récit dans ''Relation abrégée d'un voyage à la cime du Mont Blanc''<ref>{{Ouvrage|auteur1=Horace Bénédicte de Saussure|titre=Relation abrégée d’un voyage à la cime du Mont Blanc|date=1787|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1315450}}.</ref>. La controverse est relancée par [[Alexandre Dumas]] : en 1832, cinq ans après la mort de Paccard, il dîne avec Balmat qui fait un récit encore plus à son avantage de l'ascension de 1786. Dumas publie ce récit dans son livre ''Impressions de Voyage en Suisse''<ref>{{Ouvrage|auteur1=Alexandre Dumas|titre=Impressions de Voyage en Suisse|date=1982|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7407j?rk=21459;2}}.</ref> qui assied la légende de Balmat, conquérant du mont Blanc, et relègue dans l'oubli la participation de Paccard. Pour preuve, la statue érigée à Chamonix en 1887, à la gloire de Balmat et Saussure. Il faut attendre 1986 pour que la statue en l'honneur de Paccard soit érigée.

Ce récit à la gloire exclusive de Balmat est remis en question par des membres de l'[[Alpine Club]]. En 1860, [[Edward Whymper]] pose ainsi la question « Qui est le docteur Paccard ? »<ref>{{Ouvrage|auteur1=Edward Whymper|titre=Guide à Chamonix et dans la chaîne du mont-blanc|passage=30|date=1910|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96567428/f48.item.r=paccard}}.</ref>. Ils reconstituent notamment le récit perdu du docteur Paccard<ref name="Stevens"/>. De nos jours encore, les récits de cette première ascension historique sont influencés par les versions de Bourrit et Dumas.

=== Premier accident mortel et création des compagnies de guides ===
[[Fichier:Caravane Bardy.jpg|vignette|La caravane du {{Dr}} Bardy en 1880.]]

Le premier accident mortel a eu lieu en [[1820]], lors de la dixième ascension<ref name="Compagnie">[http://www.montblanc.to/fr/mtblanc/index3.html La Compagnie des guides de Chamonix].</ref>. Cette expédition a été rapportée par [[Alexandre Dumas]] qui en a recueilli le récit détaillé auprès du guide Marie Coutet, rescapé de l'expédition<ref>Alexandre Dumas, ''Impressions de voyage - En Suisse'', chapitre {{XII}} : « Marie Coutet ».</ref> : les clients sont le colonel britannique [[Joseph Anderson (officier)|Joseph Anderson]] et le docteur [[Joseph Hamel]], météorologue de l'empereur de Russie. [[Paul Verne]] évoque l'événement dans son récit ''Quarantième ascension au Mont Blanc''<ref>[[Alexandre Tarrieu]], ''Dictionnaire des personnes citées par Jules Verne'', vol.1 : A-E, éditions Paganel, 2019, {{p.|44}}.</ref>. Après deux nuits et une journée passées aux Grands Mulets, les clients exigent de monter au sommet malgré les conditions météorologiques défavorables et les guides, au nombre de treize, n'osent refuser. La caravane progresse avec de la neige fraîche jusqu'aux genoux. Les alpinistes progressent en file indienne, leur trace coupe une [[plaque à vent]] et déclenche une [[avalanche]] qui les emporte. Les trois guides de tête tombent dans une crevasse deux cents mètres plus bas et périssent. Leurs restes sont retrouvés en [[1861]], en bon état de conservation, au bas du glacier des Bossons.

Toutefois, la peine et la consternation poussent les guides à s'unir l'année qui suit le drame. Le {{date-|9 mai 1823}}, un manifeste de la chambre des députés de [[Turin]], approuvé par [[Charles-Félix (roi de Sardaigne)|Charles-Félix de Savoie]], rend officielle la création de la [[Compagnie des guides de Chamonix]]. Ses statuts prévoient que le voyageur est conduit sur les montagnes par des guides de première classe qui ont l'expérience et le contact nécessaires. La seconde classe est constituée par des guides de moindre expérience qui travaillent surtout comme porteurs. Les statuts définissent enfin une troisième catégorie, celle des aspirants-guides apprenant le métier<ref name="Compagnie"/>. En 2018, la Compagnie compte dans ses rangs plus de {{nobr|220 membres}} professionnels, guides et accompagnateurs en moyenne montagne<ref>[https://www.chamonix-guides.com/fr/membres Les membres de la compagnie], [[Compagnie des guides de Chamonix]].</ref>.

Créée en 1850<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Robert|nom1=Vivian|lien auteur1=Robert Vivian|titre=Les glaciers du Mont-Blanc|lieu=Les Marches|éditeur=[[La Fontaine de Siloé]]|collection=Les Savoisiennes|année=2005|pages totales=315|passage=60|isbn=978-2-84206-285-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=wRYW5Rth6aIC&printsec=frontcover|consulté le=juillet 2014}}.</ref>, la [[Société des guides de Courmayeur]] est fondée sur le versant valdôtain, devenant ainsi la première d'[[Italie]]<ref>[https://www.courmayeurmontblanc.it/fr/soci%C3%A9t%C3%A9-des-guides-alpins-de-courmayeur La Société des guides alpins de Courmayeur-Mont-Blanc]</ref> et la deuxième au monde après la Compagnie des guides de Chamonix. Le chef de file a été [[Jean-Laurent Jordaney]], originaire de [[Pré-Saint-Didier]]. Il accompagne, entre autres, Horace Bénédict de Saussure à partir de 1774 sur le [[glacier du Miage]] et sur le [[mont Crammont]] lorsqu'il décide d'ouvrir une voie au mont Blanc, et le Britannique [[Thomas Ford Hill]] au [[col du Géant]] en 1786<ref>[[Douglas William Freshfield]], ''Horace Bénédict de Saussure'', Éditions Slatkine, 1989 {{ISBN|978-2051010450}} {{lire en ligne|url=https://books.google.com/books?id=Vq1rWX5pmokC&printsec=frontcover}}.</ref>.

=== Tracé de la frontière ===
{{Article détaillé|Histoire de la frontière sur le mont Blanc}}
[[Fichier:Mbianco.png|vignette|gauche|« Point de vue italien » : l'Atlas sarde de 1869.]]

Selon qu'on consulte une carte éditée en France ou en Italie, on ne lit pas le même tracé de la frontière au sommet du mont Blanc : sur les cartes italiennes, le sommet est un point de la ligne séparant les deux États, et est donc binational ; en revanche, les cartes françaises font apparaître une bande de terre française approximativement triangulaire qui pointe vers le sud au niveau du mont Blanc : selon ces cartes, le sommet du massif serait donc entièrement en France, la frontière passant par le [[mont Blanc de Courmayeur]]. Les [[Cartes nationales de la Suisse|cartes nationales suisses]]<ref>{{Swisstopo|latitude=45.83417|longitude=6.86106|zoom=7}}.</ref>, couvrant aussi tout le massif, montrent de manière neutre les deux territoires contestés autour du mont Blanc ainsi qu'autour du [[dôme du Goûter]] (ceci après avoir suivi les conventions françaises jusqu'en 2018). Les tenants et aboutissants de cette situation sont liés à l'existence d'une frontière à travers le massif qui remonte à l'[[annexion de la Savoie]] par la France, donc à [[1860]], régie par le [[traité de Turin (1860)|traité de Turin]] et ses protocoles annexes<ref>[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k960724 Gallica] propose le traité de Turin de 1860 ({{p.|32}}), les protocoles de Paris ({{p.|59}}) et Nice ({{p.|150}}) et la convention de délimitation de Turin de 1861 ({{nobr|page 185}}).</ref>. La « carte au 1/{{formatnum:50000}} de la frontière de la Savoie depuis le mont Grapillon, du côté suisse, jusqu'au mont Thabor où la limite de la Savoie rejoint la frontière de la France » annexée à la convention de Turin (annexe III) fait clairement passer la frontière par la calotte sommitale du mont Blanc. Très tôt néanmoins, à partir de [[1865]], les cartes françaises présentent une nouvelle version du tracé : la carte topographique d'état-major du capitaine Jean-Joseph Mieulet fait en effet apparaître le triangle de terres françaises qui figure jusqu'à aujourd'hui sur les cartes éditées du côté français. Les cartes italiennes, notamment l'Atlas sarde de [[1869]] font, elles, état du tracé passant par le sommet.

[[Fichier:Carte Mieulet Mont Blanc+frontispice.jpg|vignette|« Point de vue français » : la carte du capitaine Mieulet de 1865.]]

Côté français, l'[[Arrêté en France|arrêté préfectoral]] du {{date-|21 septembre 1946}} partage le secteur du [[dôme du Goûter]] et du mont Blanc entre les trois communes de [[Saint-Gervais-les-Bains]], [[Les Houches]] et [[Chamonix-Mont-Blanc]]. Cet arrêté adopte l'interprétation du tracé frontalier des cartes d'état-major françaises et divise d'ailleurs le triangle litigieux au sud du mont Blanc entre les deux communes de Chamonix et de Saint-Gervais. Des pièces analysées par un érudit italien montrent que la préparation de cet arrêté a été étudiée jusqu'au niveau ministériel (une note datée du {{date-|5 juin 1946}} et établie par le ministère des Affaires étrangères français y a été consacrée).

Sur la fin du {{s-|XX}}, la question est évoquée à plusieurs reprises dans des articles ou ouvrages érudits, particulièrement du côté italien, qui soutiennent que le tracé figurant sur les cartes françaises est sans fondement juridique. La question ayant attiré la curiosité du grand public (elle est même relayée officiellement par le député du [[Vallée d'Aoste|Val d'Aoste]] [[Luciano Caveri]] dans une question à la Chambre), les autorités italiennes font valoir en 1995 leur position aux autorités françaises par un mémoire, à l'occasion des travaux d'une commission chargée de fournir un tracé plus précis de la frontière. La France a rejeté la thèse italienne notamment sur l'hypothèse d'un principe de division par la ligne de crête qui n'est nulle part établi et est contredit par les faits comme par le texte même des traités. Les dernières propositions de discussion du sujet en commission mixte de démarcation (2021), qui rassemble les techniciens et les spécialistes du sujet, ont été rejetées par l'Italie qui revendique un traitement plus politique du sujet. La situation perdure donc aujourd'hui encore et n'est pas définitivement tranchée<ref>Cf. [[Histoire de la frontière sur le mont Blanc]] pour les sources et une bibliographie détaillée.</ref>.

=== Travaux et legs des Vallot ===
[[Fichier:228 grande.jpg|vignette|gauche|Observatoire du mont Blanc en 1890, d'après une photographie de M.J. Vallot.]]

Les premières véritables études scientifiques du sommet du mont Blanc sont conduites sur commande du botaniste, météorologue et glaciologue [[Joseph Vallot]] à la fin du {{s-|XIX}}. Ce dernier veut pouvoir séjourner plusieurs semaines dans le voisinage du sommet pour y étudier la météorologie, l'accumulation de neige à haute altitude et la physiologie du mal des montagnes. Il fait procéder, à ses frais, à la construction de son premier observatoire, en bois. Mais il s'aperçoit très rapidement que le travail scientifique n'est pas compatible avec l'accueil des alpinistes. C'est pourquoi il fait construire, à proximité, le [[refuge Vallot]]<ref>[http://www.montblanc.to/fr/mtblanc/index2.html Le refuge Vallot].</ref>.

À partir de [[1892]], l'ingénieur [[Henri Vallot]], cousin de Joseph Vallot et avec son aide, se lance dans la réalisation d'une carte au 1:{{formatnum:20000}} du massif du Mont-Blanc<ref>''[[L'Essor savoyard]]'', {{date-|29 janvier 2004}}.</ref>. Quelques décennies avant lui, vers le milieu du siècle, [[James David Forbes]], {{Lien |langue=en |trad=Alphonse Favre |texte= Alphonse Favre}} et [[Eugène Viollet-le-Duc]] avaient respectivement effectué quelques relevés et mesuré l'altitude du sommet<ref name="Flacelière"/>{{,}}<ref>[[Eugène Viollet-le-Duc]], ''Le massif du Mont Blanc'', éd. J. Baudry, 1876 ; rééd. Slatkine Reprints, 1993 {{ISBN|9782051012614}}, page {{VIII}}.</ref> : {{unité|4810|mètres}}<ref name="Flacelière"/>. Une mire en bois est alors installée au sommet pour permettre d'affiner la mensuration du mont Blanc. L'altitude est affinée à {{unité|4807.20|mètres}} par [[Nivellement (topographie)|nivellement trigonométrique]] entre 1892 et 1894 par Henri et Joseph Vallot<ref name="Flacelière">{{article|langue=fr|format=pdf|prénom1=Bernard|nom1=Flacelière|prénom2=Michel|nom2=Kasser|prénom3=Vincent|nom3=Gaillard|prénom4=Farouk|nom4=Kadded|prénom5=Paul|nom5=Chambon|prénom6=Delphine|nom6=Guillon|titre=La mesure du mont Blanc|périodique=XYZ|date={{4e|trimestre}} 2015|numéro=145|pages=25-36|lire en ligne=http://www.aftopo.org/download.php?matricule=414505&_sm_nck=1|accès url=libre}}.</ref>. Ce travail considérable de cartographie, effectué avec les moyens encore rudimentaires de l'époque, n'est achevé qu'après la mort des deux cousins par Charles Vallot, le fils d'Henri, qui lance par ailleurs la collection du ''[[Guide Vallot]]'', réputée parmi les alpinistes.

Peu avant de mourir, Joseph Vallot confie l'observatoire à A. Dina qui — avec sa fondation — y développe un projet d'observatoire astronomique. Il est ensuite légué par sa veuve, madame Shillito, à la France qui le confie à l'Observatoire de Paris<ref name=CREA2013/>. Puis, en 1973, le [[Centre national de la recherche scientifique|CNRS]] devient gestionnaire des deux observatoires de Chamonix<ref name=CREA2013/>. En 1975, l'observatoire d'altitude est alors transmis au laboratoire de géophysique et de glaciologie de l'environnement (LGGE), alors que l'observatoire de Chamonix devient un {{Citation|camp de base}} pour les chercheurs du CNRS<ref name=CREA2013/>.

[[Fichier:Capanna Vallot.JPG|vignette|droite|Le refuge Vallot actuel.]]

Ce refuge non gardé du [[Fédération française des clubs alpins et de montagne|Club alpin français]] n'est plus destiné qu'à la survie des alpinistes, en cas de mauvais temps. L'observatoire Vallot, situé une cinquantaine de mètres plus bas, n'est pas un refuge. Confié par le [[Centre national de la recherche scientifique|CNRS]] à l'[[Institut des géosciences de l'environnement]], il est régulièrement utilisé par des scientifiques qui y mesurent les retombées des aérosols atmosphériques, pratiquent des forages sur le site du [[col du Dôme]] et étudient la physiologie en haute altitude.

En {{date-|mars 2013}}, l'observatoire est mis en vente, avant annulation le {{date-|29 août 2013}} de la vente par le [[Ministre chargé du Budget|ministre du Budget]], à la demande du [[Centre de recherches sur les écosystèmes d'altitude]] (CREA) et de divers acteurs mobilisés pour qu'on tienne compte d'une condition imposée par Joseph Vallot lors de sa donation à l'État : l'usage scientifique du bâtiment. Un autre appel d'offres est lancé, prenant cette fois en compte la [[Servitude (droit)|servitude]] d'usage scientifique qui doit rester attachée au lieu. La mairie de Chamonix et le CREA proposent de racheter le site qui serait consacré à la science<ref name=CREA2013>[http://www.creamontblanc.org/fr/contact/observatoire-du-mont-blanc/ L'Observatoire du Mont-Blanc], CREA, consulté le 6 septembre 2013.</ref>. Finalement, en 2016, la mairie de Chamonix se porte acquéreur de l'observatoire<ref>Charlotte Mader, [http://blog.creamontblanc.org/?p=27 L’Observatoire du Mont-Blanc restera lieu de sciences], blog du CREA Mont-Blanc, 3 février 2016.</ref>.

=== Observatoire Janssen ===
En [[1891]], [[Jules Janssen]], académicien des sciences, envisage la construction d'un observatoire au sommet pour y effectuer des mesures sur le spectre solaire. [[Gustave Eiffel]] accepte de procéder à l'exécution du projet, à condition de pouvoir construire sur une fondation rocheuse et que celle-ci soit au plus à {{unité|12|mètres}} de profondeur. Des explorations préliminaires sont lancées pour trouver un point d'ancrage sous la direction de l'ingénieur suisse Imfeld, qui fore deux tunnels horizontaux de {{unité|23|mètres}} de long à {{unité|12|mètres}} sous la calotte sommitale. Il ne rencontre pas la roche, ce qui entraîne l'abandon du projet d'Eiffel<ref name="Janssen">[http://www.lesia.obspm.fr/perso/jean-marie-malherbe/Montagne/Obs_MtBlanc/Janssen.htm Janssen et l'observatoire du sommet du mont Blanc (1893-1909)], JM. Malherbe, Observatoire de Paris, section de Meudon</ref>.

L'observatoire est malgré tout construit en [[1893]] ; il repose sur des vérins destinés à compenser les éventuels mouvements de la glace. Le tout fonctionne peu ou prou jusqu'en [[1906]], quand le bâtiment commence à pencher sérieusement. La manœuvre des vérins permet de compenser l'assiette. Mais, trois ans plus tard, deux après la mort de Janssen, une crevasse s'ouvre sous l'observatoire qui est abandonné. Il disparaît dans les glaces et seule la tourelle est sauvée ''in extremis''<ref name="Janssen"/>. La construction de l'observatoire est le contexte de la légende des trois pruneaux de Jacques Balmat narrée par [[Blaise Cendrars]] dans son roman ''[[Les Confessions de Dan Yack]]''.

=== Exploits ===
{{Article détaillé|Record d'ascension du mont Blanc}}
[[Fichier:Mont-Blanc 200507.JPG|vignette|Le mont Blanc en {{date-|juillet 2005}}.]]

Le {{date|15|juillet|1865}}, George Spencer Mathews, [[Adolphus Warburton Moore]], [[Horace Walker]], Franck Walker, [[Melchior Anderegg]] et [[Jakob Anderegg]] réussissent la première ascension du mont Blanc par l'éperon de la Brenva. Le {{date|31|janvier|1876}}, la première [[ascension hivernale]] est effectuée par la [[Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande|Britannique]] [[Isabella Straton]], avec les guides [[Jean Charlet-Straton]], Sylvain Couttet et le porteur [[Michel Balmat]]<ref>{{Lien web |url=http://geneajosie.free.fr/GuideSuite2.html|titre=Les Dames du Mont-Blanc|site=geneajosie.free.fr|consulté le=17 septembre 2009}}.</ref>. En [[1892]], [[Laurent Croux]], [[Émile Rey]] et [[Paul Güssfeldt]] réalisent la traversée du mont Blanc par l'éperon de la Brenva<ref>{{pdf}} [[Geoffrey Winthrop Young]], [http://www.alpinejournal.org.uk/Contents/Contents_1939_files/AJ51%20119-132%20In%20Memoriam.pdf In memoriam], ''[[Alpine Journal]]'', {{n°|51}}, pages 128-130.</ref>.

Le {{date|11|février|1914}}, [[Agénor Parmelin]] est le premier aviateur à survoler le massif en se maintenant pendant un quart d'heure à {{unité|5540|mètres}} d'altitude, et à passer entre le sommet et le [[mont Blanc de Courmayeur]]<ref>[http://www.pionnair-ge.com/spip1/spip.php?article=17 Un premier avion survole le mont Blanc en février 1914.]</ref>.

Les 19 et {{date-|20 août 1919}}, Stephen Lewis Courtauld et Edmund Gifford Oliver avec les guides Henri et [[Adolphe Rey]] et [[Alfred Aufdenblatten]] effectuent la première remontée intégrale de l'arête de l'Innomée<ref>[https://www.montagnes-magazine.com/topos-mont-blanc-arete-innominata Mont Blanc : arête de l’Innominata], ''Montagnes Magazine'', 9 mai 2022.</ref>{{,}}<ref>René Dittert, [https://www.sac-cas.ch/fr/les-alpes/linnominata-5257/ L'Innominata], [[Club alpin suisse]], 1938.</ref>. En {{date-|février 1929}}, [[Marguette Bouvier]] est la première femme à effectuer la descente à skis au moins partielle, par des conditions météorologiques dantesques, avec le guide [[Armand Charlet]]<ref>[https://www.mountainmuseums.org/fr/items/skis-paire-41/ Skis (paire)], Catalogue collaboratif des patrimoines de la montagne.</ref>. Le {{date-|23 mars 1953}}, Arturo Ottoz et Toni Gobbi réussissent la première hivernale de la voie Major<ref>[https://grivel.com/fr/blogs/toni-gobbi/part-2-the-mountaineer-from-the-alps-to-the-world L'alpiniste : des Alpes au monde], 15 novembre 2022.</ref>.

[[Fichier:Mont Blanc view from a plane.jpg|vignette|gauche|Vue aérienne du sommet du mont Blanc depuis l'est.]]

Le {{date|23|juin|1960}}, l'aviateur [[Henri Giraud (aviateur)|Henri Giraud]] se pose sur le sommet du mont Blanc sur un « terrain » de {{unité|30|mètres}} de long<ref>[http://www.pionnair-ge.com/spip1/spip.php?article=203 Le premier avion se pose sur le massif du Mont-Blanc en juillet 1921.]</ref>. Le {{date-|1|juillet|1986}}, Dominique Jacquet et Jean-Pascal Oron atterrissent en [[parachute]] sur le sommet après un largage à {{unité|6100|mètres}} et établissent ainsi le premier record mondial<ref>[https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/cac96007159/carreau-a-4807 Carreau à 4807], [[Institut national de l'audiovisuel]], 17 septembre 1986.</ref>. Le {{date-|13|août|2003}} à {{heure|13|30}}, sept parapentistes français réalisent une première en se posant au sommet du mont Blanc<ref>[http://www.skyandsummit.com/vol%20mont%20blanc%20090904.htm Décollage en parapente du sommet du mont Blanc, photos et récit]</ref> : cinq d'entre eux sont partis de Planpraz à {{unité|1900|mètres}} d'altitude, de l'autre côté de la vallée de Chamonix, un autre est parti de [[Rochebrune (massif du Beaufortain)|Rochebrune]] à Megève et le dernier de Samoëns. Ils profitent de conditions climatiques dues à la canicule qui leur permettent de réaliser leur exploit en passant par l'aiguille du Tricot ({{unité|3600|mètres}}), puis portés par des [[Ascendance thermique|ascendances thermiques]] exceptionnelles, de monter jusqu'à {{unité|5200|mètres}}<ref>{{en}} [https://xcmag.com/news/experts-only/ Adventure: top-landing Mont Blanc 2003], ''Cross Country'', 3 octobre 2003.</ref>.

Entre 1986 et 1988, une série de records est établie au départ de [[Chamonix-Mont-Blanc]] : le {{date-|6 août 1987}} le Grenoblois Laurent Smagghe amène le record aller-retour à {{heure|6|47|19}}, Pierre Lestas le porte à {{heure|6|22}} le {{date-|13 juillet 1988}}, Laurent Smagghe arrive ensuite en {{heure|6|15}} le {{date-|26 juillet 1988}}, le {{date-|28 juillet 1988}} Jacques Berlie améliore le record en l'établissant à {{heure|5|37|56}}<ref>{{Lien web|url=https://www.lemonde.fr/vous/article/2002/07/31/montagne-records-dans-les-alpes-les-pelerins-presses-du-mont-blanc_286306_3238.html#1c6s3bWCHSeBdV2z.99 |titre=Montagne : records dans les Alpes Les pèlerins pressés du mont Blanc|date=31 juillet 2002|site=[[Le Monde]].fr|consulté le=17 août 2015}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |url=https://www.dailymotion.com/video/xln22k_record-mt-blanc-1988_sport|format=vidéo|titre=Interview de Laurent Smagghe dans le journal télévisé de la chaîne FR3|date=28 juillet 1988|site=[[Dailymotion]]|consulté le=17 août 2015}}.</ref>. Le {{date-|5 août 1988}} Laurent Smagghe reprend le record en {{heure|5|29|30}}<ref>{{Lien web|url=http://www.larousse.fr/archives/journaux_annee/1989/chrono/1988-08|titre=Archives>Les Journaux de l'Année>Journal de l'année Édition 1989>Août, 1988 |site=le site des [[éditions Larousse]]|consulté le=17 août 2015}}.</ref> puis deux ans plus tard, le {{date-|21 juillet 1990}} Pierre André Gobet fixe le record à {{heure|5|10|44}}<ref name="LaLIB">{{Lien web|url=http://www.laliberte.ch/info-regionale/course-a-pied/gobet-revient-sur-son-exploit-295178|titre=Gobet revient sur son exploit|date=13 août 2015|site=le site du quotidien suisse [[La Liberté]]|consulté le=18 août 2015}}.</ref>{{,}}<ref name="LeFIG">{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2013/07/11/97001-20130711FILWWW00353-recordascension-du-mont-blanc-en-4h57.php|titre=Record : ascension du Mont-Blanc en 4h57|date=11 juillet 2013|site=[[Le Figaro]].fr |consulté le=18 août 2015}}.</ref>. Le {{date-|11|juillet|2013}}, le [[Catalogne|Catalan]] [[Kílian Jornet]] réalise l'ascension au départ de Chamonix-Mont-Blanc en {{heure|3|30}} et {{heure|4|57|40}} aller-retour<ref name="LaLIB"/>{{,}}<ref name="LeFIG"/>. Le {{date-|6 juillet 2016}}, il réalise l'ascension du mont Blanc deux fois dans la même journée en moins de douze heures : départ des Houches à {{heure|5|30}}, ascension par la voie normale (''via'' le refuge du Goûter), atteinte du sommet à {{heure|9|50}} puis descente côté italien via le [[refuge Gonella]] et le [[glacier de Miage]] puis remontée pour atteindre le sommet une deuxième fois à {{heure|15|20}}<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Deux Mont-Blanc en moins de 12h pour Kilian Jornet|url=https://www.lequipe.fr/Adrenaline/Tous-sports/Actualites/Deux-mont-blanc-en-moins-de-12h-pour-kilian-jornet/703968|consulté le=2016-07-18}}.</ref>. Le {{date|12 août 2021|en sport}}, l'Espagnol [[Manuel Merillas]] effectue l'aller-retour au départ de Courmayeur en {{Heure|6|35|32}}<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Philippe Poulet |titre=En 6 h 35, l'Espagnol Manuel Merillas bat le record de vitesse d'ascension du mont Blanc, versant italien |url=https://www.montagnes-magazine.com/actus-en-6-35-espagnol-manuel-merillas-bat-record-vitesse-ascension-mont-blanc-versant-italien |site=montagnes-magazine.com |date=2021-08-18 |consulté le=2021-08-21}}.</ref>.

=== Naufragés de 1956 et création du peloton de gendarmerie de haute montagne ===
{{Article détaillé|Affaire Vincendon et Henry}}

En {{date|décembre 1956}}, deux jeunes alpinistes, Jean Vincendon, un [[Paris]]ien de {{nobr|24 ans}}, et François Henry, un [[Belgique|Belge]] de {{nobr|22 ans}}, ont comme projet l'ascension hivernale du mont Blanc par l'éperon de la Brenva. Ils ont bien préparé leur expédition mais ils vont se heurter à une succession de malchances et de mauvais choix qui leur seront fatals, d'autant plus que la période de mauvais temps prolongée est exceptionnelle<ref name="Naufragés">[http://www.lefigaro.fr/france/20061222.FIG000000001_il_y_a_cinquante_ans_les_naufrages_du_mont_blanc.html Il y a cinquante ans, les naufragés du mont Blanc] {{Lien archive|url=http://www.lefigaro.fr/france/20061222.FIG000000001_il_y_a_cinquante_ans_les_naufrages_du_mont_blanc.html |horodatage archive=20090115023410 |titre=Copie archivée}}, journal ''[[Le Figaro]]'', {{date-|22|décembre|2006}}.</ref>. Ils partent le {{date|22 décembre 1956}}. Au début de leur ascension, les conditions météorologiques se détériorent et les alpinistes décident de renoncer, lorsqu'ils croisent sur les pentes un de leurs héros, l'Italien [[Walter Bonatti]]. Cette rencontre va les inciter à reprendre leur ascension, mais la tempête qui s'installe les bloque sur un [[sérac]] en bordure du Grand Plateau<ref name="Naufragés"/>.

Un long calvaire de cinq jours commence pour les deux jeunes alpinistes, suivis aux jumelles depuis le sommet du [[Le Brévent|Brévent]] et à la longue-vue depuis Chamonix. Plus de deux cents journalistes accourent de France et de Belgique pour couvrir l'événement. Les professionnels de la montagne déclarent le {{date|26 décembre}} : {{citation|On ne va pas risquer nos vies pour ces imprudents ! Vouloir faire la Brenva en hiver est pure folie.}} [[Lionel Terray]] organise une caravane de secours sans l'accord des guides de Chamonix. Cependant, profitant d'une brève accalmie, un [[hélicoptère]] [[Sikorsky H-34|Sikorsky S-58]] de l'armée française, avec deux pilotes et deux sauveteurs secouristes, tente de les sauver mais s'écrase. Lionel Terray choisit de secourir en priorité l'équipage de l'hélicoptère vers le [[refuge Vallot]]. Avant de partir, il transfère les deux jeunes alpinistes dans la carlingue de l'appareil, leur donne de la nourriture et de la [[Amphétamine|benzédrine]] pour les aider à ne pas s'endormir<ref name="Naufragés"/>. Mais la tempête s'installe et toute nouvelle expédition est rendue impossible. De leur côté, les autorités rechignent à engager des moyens militaires importants pour sauver les deux jeunes imprudents alors que le contingent est engagé dans la [[guerre d'Algérie]]. Le {{date|3 janvier 1957}}, les autorités déclarent la fin des opérations de secours. Cette affaire vaudra à Lionel Terray son exclusion de la [[Compagnie des guides de Chamonix]] et va secouer le monde de la montagne car {{citation|elle reste le symbole d'un manquement, celui de la communauté des guides, qui a failli au devoir sacro-saint du secours}}<ref>Blaise Agresti, ''In extremis, l'épopée du secours dans le massif du Mont-Blanc'', éd. Guérin, coll. « Texte et Images », 2006 {{ISBN|978-2-35221-002-3}}.</ref>.

Finalement, le {{date|20 mars 1957}}, la caravane de secours découvre les corps des deux alpinistes dans l'hélicoptère<ref name="Naufragés"/>. La Compagnie des guides de Chamonix est montrée du doigt, pourtant les guides avaient à plusieurs reprises déjà tiré la sonnette d'alarme en soulignant que {{Citation|toujours plus d'amateurs alpinistes, c'était aussi toujours plus d'accidents}} et qu'ils ne pouvaient plus faire face. La polémique qui s'ensuit et les tergiversations des autorités civiles et militaires sont à l'origine de la professionnalisation des secours et de la création du [[Unités de montagne de la Gendarmerie nationale|Peloton de gendarmerie de haute montagne]] (PGHM). En 1958, les autorités décident de la création d'une organisation professionnelle de secours en montagne confiée à la [[Gendarmerie nationale (France)|Gendarmerie nationale]] et au corps des [[Compagnies républicaines de sécurité]] sous l'autorité du préfet. Le premier groupe constitué d'une douzaine de gendarmes est installé à Chamonix le {{date|2 octobre 1958}}<ref>[http://www.pghm-chamonix.com/fr-historique.php Historique du PGHM de Chamonix].</ref>.

=== Campagnes de mesures modernes ===
[[Fichier:Mont Blanc 3D.gif|vignette|Animation représentant le mont Blanc en trois dimensions.]]

Alors qu'une restitution [[Photogrammétrie|photogrammétrique]] de l'[[Institut national de l'information géographique et forestière|IGN]] en 1980 avait confirmé l'altitude de {{unité|4807|m}}, une mesure orthométrique par satellite en {{date-|août 1986}} donne celle de {{unité|4808.4|m}}<ref name="Flacelière"/>. Il s'agit alors de la première mesure moderne effectuée grâce au [[Système de positionnement par satellites|GPS]] [[géodésique]] qui est alors balbutiant au regard des technologies de l'époque, avec une précision de l'ordre du mètre. Le {{date-|8 septembre 2001}}, des [[géomètre-expert|géomètres-experts]] réalisent une nouvelle série de mesures au sommet du mont Blanc et obtiennent l'altitude de {{unité|4810.4|m}}. Depuis cette date, les mesures deviennent biennales. Elles sont soutenues par la Chambre départementale des [[Ordre des géomètres-experts|géomètres-experts]] de la Haute-Savoie, l'[[Institut national de l'information géographique et forestière|IGN]], la société [[Leica Geosystems]] et encadrées par des [[Guide de haute montagne|guides]] de [[Chamonix-Mont-Blanc|Chamonix]] et de [[Saint-Gervais-les-Bains|Saint-Gervais]]<ref name="Flacelière"/>.

Les mesures montrent depuis 2001 une tendance à la baisse du point culminant mais le [[réchauffement climatique]] n'est pas considéré à ce jour comme responsable, car les conditions climatiques au sommet demeurent favorables à la préservation de la glace voire à son engraissement. Les températures moyennes au sommet sont généralement négatives ({{unité|-15|°C}}) et atteignent rarement des valeurs positives et uniquement sur de courtes durées<ref name="LeMonde-20231005"/>. De même, des mesures en 2004 ont fourni une température de la glace en profondeur de {{unité|-17|°C}}<ref name="Flacelière"/>.

[[Fichier:Photo du mont Blanc depuis 9000 mètres d'altitude.jpg|vignette|upright|Vue aérienne du mont Blanc depuis {{unité|9000|mètres}} d'altitude.]]

Les 6 et {{date|7 septembre 2003}}, les mesures montrent un décalage de l'arête sommitale de {{nobr|75 centimètres}} vers le nord-ouest par rapport à la campagne de 2001<ref name="Flacelière"/>. Lors de cette campagne, les mesures de plus de {{nobr|500 points}} de repère ont été prises, afin d'étudier le volume de neige de la calotte sommitale au-dessus de {{unité|4000|mètres}} dans son ensemble et de la modéliser. L'impact de la [[canicule européenne d'août 2003]] est exclu car elle n'a pas entrainé de fonte significative des [[glace]]s au-dessus de {{unité|4000|m}} d'altitude<ref>{{Lien web|langue=fr |url=http://www.futura-sciences.com/fr/sinformer/actualites/news/t/terre-3/d/laltitude-du-mont-blanc-revue-a-la-baisse_2634/|titre= L'altitude du mont Blanc revue à la baisse|site=futura-sciences|date=23 octobre 2003}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|langue=fr|titre=Résultat de la nouvelle campagne de mesure de l’altitude du Mont-Blanc|url=http://lauviah.ign.fr/telechargement/P.I/ActusAgenda/Presse/2005/CP_MtBresultat2005%20.pdf|site=IGN|date=16 décembre 2005}}.</ref>.

En {{date|septembre 2019}}, la campagne de mesure révèle l'altitude de {{unité|4806.03|m}}, la plus basse mesurée depuis 2001. La différence avec les précédentes années conduit les géomètres-experts à ne pas rendre cette mesure officielle et à attendre la campagne de 2021 pour voir si l'altitude remonte.

En 2021, deux mesures de précision équivalente sont réalisées à quinze jours d'intervalle. La première, par [[lidar]] héliporté de très haute densité, obtient l'altitude de {{unité|4807,27 ± 0,1|m}} (2 σ)<ref>{{article|langue=fr|prénom=Mathieu|nom=Peyréga|titre=Le mont Blanc mesuré au LiDAR héliporté|périodique=XYZ|date=novembre 2021|numéro=169|pages=33-37|présentation en ligne=https://www.aftopo.org/produit/xyz-n169/|lire en ligne=https://www.aftopo.org/download.php?type=pdf&matricule=aHR0cHM6Ly93d3cuYWZ0b3BvLm9yZy93cC1jb250ZW50L3VwbG9hZHMvYXJ0aWNsZXMvcGRmLzQxNjkwOC5wZGY=|accès url=libre}}.</ref>, et la seconde, par l'expédition alpiniste traditionnelle, obtient celle de {{unité|4807.8 ± 0.1 m}}<ref name="Altitude2021">{{Lien web|langue=fr|titre=Le mont Blanc a perdu un mètre en quatre ans et culmine désormais à 4807,81 mètres|url=https://www.francetvinfo.fr/meteo/climat/le-mont-blanc-a-perdu-un-metre-en-quatre-ans-et-culmine-desormais-a-4807-81-metres_4787791.html|site=francetvinfo.fr|date=29 septembre 2021}}.</ref>. Le sommet s'est déplacé en planimétrie de presque {{unité|13|m}} durant la période. En altimétrie, compte tenu d'une méthodologie différente entre les deux techniques, la différence estimée, rapportée à la référence de surface affleurante, est de presque un mètre. L'écart, qui peut sembler important, est cohérent avec les précipitations observées en vallée entre les deux mesures et les gradients d'altitude<ref>{{Article|prénom1=Jean|nom1=Corbel|titre=Glaciers et climats dans le massif du Mont-Blanc|périodique=Revue de Géographie Alpine|volume=51|numéro=2|date=1963|doi=10.3406/rga.1963.3132|pages=321-360|accès doi=libre}}.</ref>. Ces résultats amènent à relativiser les conclusions que l'on peut tirer sur la série de mesures encore courte, et avec la capture des extrêmes saisonniers qui semble au mieux de précision métrique.

{| class="wikitable centre"
|-
|+ Campagnes de mesure<ref name="Flacelière"/>{{,}}<ref>{{lien web|langue=fr|titre=L'évolution de la mesure|url=https://4810.eu/la-mesure-2/|site=4810.eu}}.</ref>
!scope="col"| Date
!scope="col"| Altitude
!scope="col"| Volume de la calotte sommitale <br> au-dessus de {{unité|4800|m}}
!scope="col"| Commentaires
|-
| {{date-|8 septembre 2001}} || {{unité|4810.40|m}} || ||
|-
| 7 septembre 2003 || {{unité|4808.45|m}} || {{unité|14598|m|3}} || 
|-
| septembre 2005 || {{unité|4808.75|m}} || {{unité|14248|m|3}} || 
|-
| 16 septembre 2007 || {{unité|4810.90|m}} || {{unité|24062|m|3}} || 
|-
| septembre 2009 || {{unité|4810.45|m}} || {{unité|21626|m|3}} || Campagne organisée dans le cadre de la candidature d'[[Annecy]] aux [[Jeux olympiques d'hiver de 2018]]<ref>{{lien web|langue=fr|titre=L'altitude du Mont Blanc reste stable|url=https://www.lefigaro.fr/flash-actu/2009/11/05/01011-20091105FILWWW00525-l-altitude-du-mont-blanc-reste-stable.php|site=Le Figaro|date=5 novembre 2009}}.</ref>.
|-
| {{date-|septembre 2011}} || {{unité|4810.44|m}} || {{unité|21281|m|3}} || Première mesure avec le réseau Teria. Deux journalistes de [[TF1]] participent à l'ascension.
|-
| {{date-|septembre 2013}} || {{unité|4810.02|m}} || {{unité|20213|m|3}} || Initialement mesurée à {{unité|4810.06|m}} puis corrigée à {{unité|4810.02|m}} un mois plus tard<ref name="Altitude2013">{{lien web|langue=fr|titre=La mesure définive du Mont-Blanc est à 4810,02 mètres|url=https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/haute-savoie/la-mesure-definive-du-mont-blanc-est-481002-metres-335835.html|site=France 3 Auvergne Rhône-Alpes|date=10 octobre 2013}}.</ref>.
|-
| {{date-|30 mai 2015}} || {{unité|4807.88|m}} || {{unité|13395|m|3}} || Première campagne estivale pour comparer avec les mesures hivernales.
|-
| {{date-|septembre 2015}} || {{unité|4808.73|m}} || {{unité|18120|m|3}} || 
|-
| {{date-|12 septembre 2017}} || {{unité|4808.72|m}} ||  ||
|-
| {{date-|septembre 2019}} || {{unité|4806.03|m}} ||  || Il s'agit alors de la valeur mesurée la plus basse depuis 2001.
|-
| {{date-|septembre 2021}} ||{{unité|4807.8 ± 0.1 m}} ||  || Première campagne lidar héliportée.
|-
| {{date-|15 septembre 2023}} || {{unité|4805.59|m}} ||  || [[Martin Fourcade]] participe à l'expédition qui est aussi sa première ascension du mont Blanc<ref name="Altitude2023">{{lien web|langue=fr|prénom=Paolo|nom=Philippe|titre=Le mont Blanc a perdu plus de deux mètres en deux ans et culmine désormais à 4 805,59 mètres|url=https://www.francetvinfo.fr/meteo/climat/infographie-le-mont-blanc-a-perdu-plus-de-deux-metres-en-deux-ans-et-culmine-desormais-a-4-805-59-metres_6098727.html|site=francetvinfo.fr|jour=5|mois=octobre|année=2023}}.</ref>.
|}

{{Mesures d'altitude du mont Blanc}}

== Activités ==
=== Ascensions ===
==== Préparation ====
[[Fichier:Mont Blanc - Goûter route.jpg|vignette|droite|redresse=1.3|Itinéraire de la voie normale par le Goûter.]]

De nos jours, ce sommet accueille près de {{unité|20000|alpinistes}} chaque année{{pas clair}} et jusqu'à {{nobr|500 alpinistes}} certains jours<ref name="rts1">[https://www.rts.ch/info/monde/4133470-la-forte-frequentation-du-mont-blanc-entraine-des-risques-pour-les-alpinistes.html La forte fréquentation du Mont-Blanc entraîne des risques pour les alpinistes], ''[[RTS Info]]'', 12 juillet 2012.</ref>. L'itinéraire le plus fréquenté, la [[Voie normale (alpinisme)|voie normale]] par le refuge du Goûter, est considéré comme long mais « [[Cotation en alpinisme|peu difficile]] » pour un alpiniste entraîné et acclimaté à l'[[altitude]]<ref name="C2Cbosses">[http://www.camptocamp.org/routes/53781/fr/mont-blanc-arete-des-bosses Mont Blanc : Arête des Bosses], sur ''camptocamp.org''.</ref>.

L'éloignement et les dangers objectifs caractérisent<ref name="C2Cbosses" /> toute course d'alpinisme qui ne doit pas être faite sans une bonne connaissance de la [[haute montagne]] et la préparation physique et matérielle qui convient<ref name="Préparation"/>. La voie normale présente notamment des passages délicats comme le couloir du Goûter avec des chutes de pierres. L'altitude élevée expose l'alpiniste au [[mal aigu des montagnes]] qui peut entraîner la mort et l'acclimatation préalable à l'altitude est nécessaire.

La forte fréquentation du mont Blanc explique le grand nombre d'incidents par rapport à d'autres sommets alpins<ref name="rts1" />. Chaque année, l'ascension du mont Blanc fait ainsi de nombreuses victimes (cinq à sept morts par an pour la voie normale). En 2006, {{nobr|120 interventions}} ont été réalisées par le [[Unités de montagne de la Gendarmerie nationale|peloton de gendarmerie de haute montagne]] (PGHM), dont 80 % pour épuisement (mauvaise préparation physique, manque d'acclimatation) ; 30 % des alpinistes présentent des blessures (gelures, blessures par crampons) ou des troubles liés à l'altitude lors de leur retour au refuge. Le taux de réussite est de 33 % seulement sans l'aide d'un guide (50 % avec)<ref name="Préparation"/>. Malgré ce taux d'échec élevé, l'importante affluence fait que {{formatnum:2000}} à {{unité|3000|personnes}} réussissent l'ascension chaque année.

Certaines agences proposent désormais des stages de quelques jours aux débutants, comprenant une initiation à l'alpinisme, une période d'acclimatation à l'altitude et l'ascension du mont Blanc sous la direction d'un professionnel ([[Guide de haute montagne|guide de montagne]]). Ce concept, permettant la pratique d'une nouvelle forme d'alpinisme « sans lendemain » met fin à une certaine philosophie de la montagne selon laquelle l'ascension du mont Blanc s'adresserait à des alpinistes déjà expérimentés et rompus aux techniques de l'alpinisme. Le retour d'expérience dans ce domaine ne confirme pas, à ce stade, la pertinence d'une telle approche de la montagne ni la probabilité de réussite dans une entreprise où l'objectif affiché reste une chasse au trophée plutôt qu'un rite de passage<ref>{{Lien web |titre=La montagne interdite ? (3/4) : l'expérience mont Blanc, au prix de la liberté |url=https://www.montagnes-magazine.com/actus-la-montagne-interdite-3-4-experience-mont-blanc-prix-liberte |site=montagnes-magazine.com |date=21 mai 2019}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Guides et mont Blanc : s'affranchir ou subir ? |url=https://www.montagnes-magazine.com/actus-guides-mont-blanc-affranchir-subir |site=montagnes-magazine.com |date=4 septembre 2019}}.</ref>.

==== Différents itinéraires ====
[[Fichier:Absolute MtBlanc 01.jpg|vignette|alt=Panorama de sommets enneigés.|Le mont Blanc, vu du [[Le Brévent|Brévent]].]]
[[Fichier:Mont Blanc (from Les Saisies).jpg|vignette|alt=Un sommet enneigé.|Le versant italien du mont Blanc (vu du [[Beaufortain]]).]]

Plusieurs itinéraires « classiques » permettent de faire l'ascension du mont Blanc<ref name="Topo">{{Lien web|langue=fr|url=http://www.camptocamp.org/summits/37355/fr/mont-blanc#voies-d-ascension|titre= Mont Blanc|site=camptocamp.org |consulté le= 17 septembre 2009}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=http://www.montblanc.to/fr/mtblanc/texte4.html|titre=Les itinéraires classiques de montée|site=montblanc.to|consulté le=17 septembre 2009}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=François|nom1=Damilano|titre=Mont Blanc 4808 m|sous-titre=5 Voies pour le sommet|éditeur=JMEditions|année=2004|pages totales=157|isbn=978-2-9521881-0-4}}.</ref> :
* la [[Voie normale (alpinisme)|voie normale]] ou voie des Cristalliers. Au départ du [[Le Fayet|Fayet]], on monte tout d'abord par le [[tramway du Mont-Blanc]] (TMB) pour rejoindre la [[gare du Nid-d'Aigle]]. L'ascension débute alors en direction du [[refuge de Tête Rousse]], puis passe par le couloir du Goûter, situé vers {{unité|3340|mètres}}, rendu dangereux par de fréquentes chutes de pierres<ref>[http://www.fondation-petzl.org/userfiles/Etude-Accidents-Gouter_A4-leger(1).pdf Accidentologie dans le couloir du Goûter, sur la voie normale du mont Blanc]</ref> afin de rejoindre le [[refuge du Goûter]] pour la nuit. Le lendemain (départ vers {{nobr|4 h}}), l'ascension passe par le [[dôme du Goûter]], le [[refuge Vallot]] et l'[[Grande Bosse|arête des Bosses]]. Il s'agit de l'itinéraire le plus fréquenté ;
* la voie des Trois Monts Blancs, ou « La Traversée ». Au départ de [[Chamonix-Mont-Blanc]], on monte tout d'abord par le [[téléphérique de l'Aiguille du Midi]] puis on descend en direction du [[col du Midi]]. De là, on rejoint le [[refuge des Cosmiques]] pour y passer la nuit. Le lendemain, l'ascension passe par le [[mont Blanc du Tacul]] puis le [[mont Maudit]]. Certains, pour éviter l'inconfort d'une nuit en refuge, font la course « à la benne » en partant le matin de Chamonix ;
* l'itinéraire historique, par les [[refuge des Grands Mulets|Grands Mulets]], plutôt utilisé l'hiver en ski, ou en été pour la descente vers Chamonix. Il est actuellement peu fréquenté car considéré comme dangereux et exposé aux chutes de [[sérac]]s. Un itinéraire alternatif passe au-dessus des séracs ;
* la voie normale italienne, ou la route des aiguilles Grises. Après la traversée du [[glacier du Miage]], nuitée au [[refuge Gonella]]. Le lendemain, passage par le col des Aiguilles Grises, puis par le dôme du Goûter où l'on retrouve l'arête des Bosses ;
* la traversée Miage – Bionnassay – mont Blanc, qui se fait généralement en trois jours. Au départ des [[Les Contamines-Montjoie|Contamines-Montjoie]], la nuit se passe au [[refuge des Conscrits]]. Le lendemain, traversée des [[dômes de Miage]] pour rejoindre le [[refuge Durier]]. Le troisième jour, ascension de l'[[aiguille de Bionnassay]], puis passage par le dôme du Goûter ;
* la traversée de l'arête de Peuterey en passant par le [[Grand Pilier d'Angle]] et par l'[[aiguille Blanche de Peuterey]] par le [[refuge Monzino]] ou le [[Bivouac des Dames Anglaises|bivouac Craveri]] ; cette voie est l'une des plus difficiles pour accéder au sommet.

[[Fichier:Panoramique Mont Blanc voie normale.jpg|redresse=2.0|alt=Plan rapproché d'une crête enneigée avec les sommets annotés.|centré|vignette|Panorama de la voie normale du mont Blanc.]]

=== Protection environnementale ===
[[Fichier:PanoMontBlancHDR.jpg|vignette|redresse=1.2|Vue du mont Blanc depuis l'aiguille du Midi en septembre 2007.]]

Le site du [[massif du Mont-Blanc]] fait l'objet d'un projet de classement sur la liste du [[patrimoine mondial]] de l'[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|Unesco]] en tant que « site exceptionnel unique au monde » et en tant que haut lieu culturel, lieu de naissance et symbole de l'[[alpinisme]]<ref>[http://pro-mont-blanc.org/fr_art_aff.php?id_article=18 Le Mont-Blanc - Site potentiel du Patrimoine Mondial].</ref>{{,}}<ref>[http://fig-st-die.education.fr/actes/actes_99/montagne/article.htm Un nouveau défi : la « montagne durable »].</ref>. Ce projet ne fait pas consensus et devrait faire l'objet de demandes conjointes des trois gouvernements français, italien et suisse<ref>[http://www.espaces-transfrontaliers.org/affiche_projet.php?affiche=projet/proj_espace_mont_blanc.html L'Espace Mont-Blanc].</ref>.

Le seuil de surfréquentation{{Lequel}} du mont Blanc est atteint, avec 300 à {{nobr|400 départs}} par jour en été<ref name="Préparation"/>. Lors du sommet du [[Conseil national de la montagne]] qui s'est tenu à [[Sallanches]], fin {{date|août 2006}}, il a été estimé que {{formatnum:25000}} à {{unité|30000|personnes}} se sont lancées en 2005 à la conquête du mont Blanc. Avec l'ouverture des nouveaux marchés ([[Russie]], [[Chine]], [[Inde]]), ce sont {{formatnum:50000}} à {{unité|100000|personnes}} qui pourraient demain tenter l'aventure, le chiffre de {{formatnum:200000}} ayant même été avancé<ref name="Protection">[http://www.lefigaro.fr/reportage/20060913.WWW000000221_le_mont_blanc_souille_par_son_succes.html « Le Mont-Blanc souillé par son succès »] {{Lien archive|url=http://www.lefigaro.fr/reportage/20060913.WWW000000221_le_mont_blanc_souille_par_son_succes.html |horodatage archive=20090325095243 |titre=Copie archivée}}, journal ''[[Le Figaro]]'', {{date|13 septembre 2006}}.</ref>. Ces perspectives sont cauchemardesques pour les défenseurs du site et pour certains responsables politiques de la vallée, comme le maire de [[Saint-Gervais-les-Bains]], commune dans laquelle se situe le mont Blanc. Lors de l'été 2003, avec la sécheresse et la fréquentation accrue du site, [[Pollution due à l'alpinisme|plusieurs dizaines de tonnes de détritus et déchets divers]] ont été laissées par les alpinistes qui campaient dans le secteur du refuge du Goûter. L'association Pro-mont Blanc a édité en 2002 le livre ''Le Versant noir du mont Blanc'', qui expose les problèmes actuels et futurs qui se posent pour conserver le site en l'état<ref>{{pdf}} [http://pro-mont-blanc.org/textes/versantnoir.pdf Association Pro-mont Blanc, ''Le Versant noir du mont Blanc''].</ref>.

Selon Jean-Marc Peillex<ref name="Protection"/>, le maire : {{citation|C'était plus des WC à ciel ouvert qu'un glacier. On est pourtant dans un site classé où, selon la loi de 1930, le camping est interdit. Et on laisse malgré tout des dizaines d'alpinistes s'installer et polluer notre réservoir d'eau de demain.}} Selon le gardien du refuge<ref name="Protection"/> : {{citation|Ces gens qui dorment dans des tentes sont en majorité étrangers, ont peu de moyens et ne peuvent pas forcément se payer les {{nobr|25 euros}} de la nuit en refuge [en 2013, la nuitée sans repas coûte {{unité|60|€}}]. Alors ils campent parfois plusieurs jours en attendant un créneau météo favorable. Il y en a qui sont respectueux de la montagne, qui redescendent leurs déchets au refuge, viennent dans nos toilettes et d'autres qui abandonnent leurs poubelles sur ce camping improvisé. Quand on monte là-haut, on peut voir des traces d'urine partout dans la neige, des excréments… alors qu'on pense se trouver dans une montagne pure et préservée.}}

Le maire de [[Saint-Gervais-les-Bains]] a proposé la mise en place d'un permis d'ascension — comme cela se fait au Népal —, dont la délivrance serait liée au nombre de places disponibles dans les refuges du Goûter — qui va être agrandi avec la construction d'un nouveau bâtiment — et de la Tête rousse. Cependant certains alpinistes, dont certains très connus, sont contre l'idée de ce permis d'ascension, qui serait contraire à leur conception de la liberté. Selon le président des guides : {{citation|La montagne doit rester un espace de liberté… Chacun doit pouvoir accéder aux sommets sans contrainte financière. De nombreux collègues ne seraient sans doute jamais devenus guides si une telle réglementation avait existé}}, et le célèbre alpiniste [[Christophe Profit]] demande même la suppression des refuges : {{citation|Car si les gens plantent leur tente là-haut, c'est parce qu'il y a un hébergement à proximité. Sans refuge, le problème serait réglé}}<ref name="Protection"/>.

Depuis 2019, un système de réservation nominative permet de réguler la fréquentation des refuges situés sur les voies d'accès au mont Blanc et de mieux y répartir le public.

=== Économie ===
==== Retombées financières régionales ====
L'émergence d'un [[tourisme de masse]] engendré par l'afflux d'alpinistes ou de simples randonneurs (plus adeptes du [[Sentier de grande randonnée Tour du Mont-Blanc|Tour du Mont-Blanc]]) est favorisée depuis 1945 par le renforcement des infrastructures routières et par le percement du [[tunnel du Mont-Blanc]]. Malgré les problèmes liés à la surfréquentation, ce tourisme génère des retombées économiques directes pour la région qui compensent les frais d'entretien des installations (refuges, etc.) et des sauvetages d'urgence. Au début du {{s-|XXI}}, Chamonix connaît ainsi une fréquentation quotidienne estivale de {{unité|100000|touristes}}, hébergés ou de passage<ref>{{Ouvrage|auteur1=Paul Guichonnet|auteur2=Philippe Joutard|auteur3=Hugues Lebailly|titre=Mont-blanc. Conquête de l'imaginaire|éditeur=[[La Fontaine de Siloé]]|année=2002|passage=16|isbn=}}.</ref>. Chaque été, entre juin et septembre, {{unité|25000|personnes}} tentent l'ascension du mont Blanc, soit 250 par jour<ref>[[Jean-Noël Jeanneney]], « Le Mont Blanc, désiré et fragile », émission ''[[Concordance des temps (émission de radio)|Concordance des temps]]'', [[France Culture]], 21 juin 2014, 1 min 45 s.</ref>.

Différentes formules permettent de faire l'ascension du mont Blanc avec ou sans stage d'acclimatation à l'altitude. Les activités de la [[Compagnie du Mont-Blanc]] s'étendent sur tout le massif. Elle a été créée en 2000 pour regrouper les domaines skiables des différentes sociétés de la [[vallée de Chamonix]] et fusionner toutes les remontées mécaniques des environs. Elle emploie {{nobr|215 personnes}} (jusqu'à 600 avec les saisonniers)<ref>{{Lien web|titre=Sports d'hiver : Les enjeux humains du travail saisonnier avec La Compagnie du Mont-Blanc France|url=https://www.tendancehotellerie.fr/articles-breves/communique-de-presse/12290-article/sports-d-hiver-les-enjeux-humains-du-travail-saisonnier-avec-la-compagnie-du-mont-blanc-france |site=tendancehotellerie.fr |consulté le=2022-07-06}}.</ref>. La montagne apporte également des retombées économiques indirectes bénéficiant à toute la vallée de Chamonix, par exemple avec l'installation de nombreuses entreprises liées aux [[Sport d'hiver|sports d'hiver]] et le doublement du nombre de marques et enseignes<ref>[https://www.lesechos.fr/info/metiers/4541883.htm « Les marques investissent le mont Blanc »], ''[[Les Échos]]'', {{date-|23 février 2007}}.</ref>.

==== Label « mont Blanc » ====
Le label « mont Blanc » est porteur, à tel point que des entreprises sans lien direct apparent ont choisi un nom similaire. Depuis 1906, la société allemande [[Montblanc (entreprise)|Montblanc]] (''Montblanc International GmbH'') commercialise d'abord des [[stylo]]s, puis des [[Montre (horlogerie)|montres]], de la [[maroquinerie]], des [[lunettes]] et des [[parfum]]s<ref>[http://www.montblanc.fr/ Site de la société Montblanc].</ref>. La marque est déposée. Le symbole le plus fort de la marque est l'étoile blanche à six branches stylisée, dont chaque branche représente un glacier du massif. Le nombre 4810 est également un symbole récurrent.

La boisson Tonimalt, jadis à base de [[malt]], lait, miel et cacao, aujourd'hui commercialisée par [[Nestlé]], était vendue sous l'appellation Mont Blanc et l'étiquette de la boite représentait ce sommet<ref>France Poulain et Élisabeth Poulain, ''L'esprit du camping'', Cheminement, 2005, 311 p., {{p.|294}}.</ref>. Les crèmes dessert [[Mont Blanc (entreprise)|Mont Blanc]] sont fabriquées par la laiterie de [[Chef-du-Pont]] ([[Manche (département)|Manche]]), rachetée par Activa Capital en 2003 à Nestlé<ref>[http://www.activacapital.com/MontBlanc.asp La marque Mont Blanc, société Activa Capital].</ref>. L'entreprise propose également depuis 2006 des gourdes et des bâtonnets glacés.

== Dans la culture ==
Le peintre anglais [[Joseph Mallord William Turner|William Turner]] réalise vers [[1836]] une aquarelle ''Mont Blanc et [[Glacier des Bossons]] au-dessus de [[Chamonix-Mont-Blanc|Chamonix]], Soir'', conservée à la [[Tate Britain]] à [[Londres]]<ref>[https://www.tate.org.uk/art/artworks/turner-mont-blanc-and-the-glacier-des-bossons-from-above-chamonix-evening-d35996 Turner, Tate Britain]</ref>.

Les sept premières photos prises au sommet du mont Blanc ont été faites en [[1861]] par Joseph Tairraz (1827-1902) premier guide-photographe de la montagne professionnel.

=== Cinéma et télévision ===
{{Article détaillé|Liste de films tournés dans la vallée de Chamonix}}
* Film ''[[Premier de cordée (film)|Premier de cordée]]'' réalisé en 1943.
* Documentaire : ''La Terre, son visage'' de Jean-Luc Prévost - éd. Société nationale de télévision française, 1984, série Haroun Tazieff raconte sa terre, vol. 1 ; il présente la traversée ouest-est du mont Blanc qu'il a faite jadis en compagnie d'amis cinéastes.
* Téléfilm ''[[Premier de cordée (téléfilm)|Premier de cordée]]'', réalisé en 1998.
* Film ''[[Malabar Princess]]'' (2004).

=== Littérature ===
* [[Horace Bénédict de Saussure]] (1740-1799), ''[[Voyages dans les Alpes]]'', 1779 ({{1er|tome}})
* [[Percy Bysshe Shelley]] (1792-1822), ''Vers écrits dans la vallée de Chamonix'', 1816
* [[Juliusz Słowacki]] (1809-1849), ''{{Lien|langue=en|trad=Kordian|fr=Kordian|texte=Kordian}}''
* [[Alphonse Daudet]] (1840-1897), ''Tartarin sur les Alpes'', 1885
* [[John Ruskin]] (1819-1900)
* [[Paul Verne]] (1829-1897), ''[[s:Quarantième ascension française au mont Blanc|Quarantième ascension française au mont Blanc]]'' (1874)
* [[Samivel]] (1907-1992), ''Monsieur Dumollet sur le Mont Blanc''
* [[Roger Frison-Roche]] (1906-1999), ''[[Premier de cordée (roman)|Premier de cordée]]'' (et d'autres…)
* [[Gaston Rébuffat]] (1921-1985), ''Mont-Blanc, jardin féerique'', Ed. Guérin, coll. Texte & Images, 1998 {{ISBN|978-2-911755-25-5}}
* [[Claire-Éliane Engel]] (1903-1976), ''La Littérature alpine'', réédition [[La Fontaine de Siloé]].
* [[Colette Cosnier]] (1936-2016), ''Hugo et le Mont-Blanc''

=== Personnalités liées ===
[[Jean-François Ducis]] (1733-1816), dans une lettre adressée à [[Marie-Jean Hérault de Séchelles|Hérault de Séchelles]], écrit : {{citation|Quel piédestal pour la liberté, que ce mont Blanc ! […] Je l'avoue, je donnerais vingt mondes en plaine pour douze lieues en rochers et en montagnes}}<ref>{{Gallica|id=bpt6k2093617|t=Lettres de Jean-François Ducis}}.</ref>.

[[Mary Shelley]] (1797-1851) en villégiature en [[1816]] à [[Cologny]] près de [[Genève]], en compagnie de son amant et de leur ami commun [[Lord Byron]], découvre les montagnes alpines qui offrent à sa plume tant d'occasions de peindre des paysages qui forcent l'admiration. Le [[massif du Mont-Blanc]] est tout à côté et sa présence, en particulier le secteur du Montanvert, est réelle dans son œuvre majeure ''[[Frankenstein ou le Prométhée moderne|Frankenstein]]''<ref>Mary Shelley, Percy Bysshe Shelley, ''Histoire d'un voyage de six semaines'', « Lettre {{IV}} », p. 103-112.</ref>{{,}}<ref>Anne Rouhette, « Apogée ou appendice ? « Mont Blanc » et le mont Blanc dans Histoire d’un voyage de six semaines, de Mary Shelley et Percy Bysshe Shelley (1817) », vol. 2, 2015, {{DOI|10.52497/viatica506}}.</ref>, lorsqu'elle décrit : {{citation|le rugissement furieux de la rivière […] les précipices […] les immenses montagnes […] révélaient en ces lieux la présence de forces évoquant celle de la toute-puissance […], les géants prestigieux des Alpes [sont des] pyramides et des dômes blancs et étincelants […] un autre monde, habitat d'une espèce inconnue de nous.}}

[[Victor Hugo]] (1802-1885) vient admirer le mont Blanc dans les années 1820 et rédige son récit de voyage en [[1825]]<ref>Odile Parsis-Barubé, ''Figures romantiques de la mobilité et de l’immobilité montagnardes : les voyages aux Alpes et aux Pyrénées de Victor Hugo (1825-1843)'' in Louis Bergès, ''La Montagne explorée, étudiée et représentée : évolution des pratiques culturelles depuis le {{s-|XVIII}}''.</ref>. En [[1877]], dans son recueil épique ''[[La Légende des siècles]]'', il lui consacre le poème ''Désintéressement''.

[[George Sand]] (1804-1876), venue en Savoie en [[1836]] accompagnée de son ami [[Franz Liszt]] et du savant et philosophe genevois [[Adolphe Pictet]], parcourt la [[vallée de Chamonix]]<ref>Nicolas Bourguinat, ''Le Voyage au féminin'', « Franz Liszt et Marie d’Agoult sur les routes de Suisse en 1835 : un voyage d’un autre genre », pages 37-58.</ref>. Elle commence sa description, puis laisse filer son imagination dans des [[métaphore]]s : {{citation|La pomme de terre est l'unique richesse de cette partie de la Savoie. Les paysans pensent qu'en établissant une couche de fumée sur la région moyenne des montagnes, ils interceptent l'air des régions supérieures et préservent de son atteinte le fond des gorges (…) cette ligne de feux, établis comme des signaux tout au long du ravin, m'offrit au milieu de la nuit un spectacle magnifique. Ils perçaient de taches rouges et de colonnes de fumée noire le rideau de vapeur d'argent où la vallée était entièrement plongée et perdue. Au-dessus des feux, au-dessus de la fumée et de la brume, la chaîne du mont Blanc montrait une de ces dernières ceintures granitiques, noire comme de l'encre et couronnée de neige. Ces plans fantastiques semblaient nager dans le vide. Sur quelques cimes que le vent avait balayées, apparaissaient, dans un firmament pur et froid, de larges étoiles. Ces pics de montagnes, élevant dans l'éther un horizon noir et resserré, faisait paraître les astres étincelants. L'œil sanglant du Taureau, le farouche Aldébaran, s'élevait au-dessus d'une sombre aiguille, qui semblait le soupirail du volcan d'où cette infernale étincelle venait de jaillir. Plus loin, Formalhaut, étoile bleuâtre, pure et mélancolique, s'abaissait sur une cime blanche et semblait une larme de compassion et de miséricorde tombée du ciel sur la pauvre vallée, mais prête à être saisie en chemin par l'esprit perfide des glaciers.}}

Le Britannique [[John Ruskin]] (1819-1900) écrit de nombreuses pages sur les sentiments qu'il éprouve face aux sommets alpins et au mont Blanc. Il les considère comme magiques et habités d'une force divine, mystique, seule l'émotion de la contemplation donnant accès à leur essence sacrée. Il joue un grand rôle dans l'élaboration d'une mythologie du mont Blanc<ref>Rémi Mogenet, ''L'Essor savoyard'', {{date-|8 octobre 2009}}, {{p.|40}}.</ref>.

=== Postérité ===
Le [[Mont Blanc (Lune)|mont Blanc]], sommet des [[Montes Alpes]], sur la [[Lune]], est [[éponymie|nommé en son honneur]]. L'[[astéroïde]] {{PM1|10958|Mont Blanc}} est également nommé en son honneur.

== Notes et références ==
{{Références}}

== Annexes ==
{{Autres projets
|commons=Mont Blanc
|Wiktionary = Mont-Blanc
|wikivoyage=Mont Blanc
}}

=== Articles connexes ===
* [[Sommets des Alpes de plus de 4 000 mètres|Sommets des Alpes de plus de {{unité|4000|mètres}}]]
* [[Liste des sommets ultra-proéminents d'Europe]]
* [[Liste des sommets de France les plus proéminents]]
* [[Liste des pays par point culminant]]
* [[Mont-Blanc (département)|Département du Mont-Blanc]]
* [[Tunnel du Mont-Blanc]]
* [[Sentier de grande randonnée Tour du Mont-Blanc|Tour du Mont-Blanc]]
* [[Sport en Pays de Savoie]]

=== Bibliographie ===
Par ordre chronologique de publication :
* [[Gaston Rébuffat]], ''Mont-Blanc, jardin féerique : historique des ascensions du Mont-Blanc'', Denoël, 1987 {{ISBN|978-2-207-23396-2}}.
* [[Roger Frison-Roche]], [[Mario Colonel]], ''Mont Blanc éternel'', Arthaud, coll. « Panoramique », 2000 {{ISBN|978-2-7003-1299-7}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Nicolas Giudici]] |titre=La philosophie du Mont Blanc |sous-titre=de l'alpinisme à l'économie immatérielle |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Grasset]] |année=2000 |pages totales=453 |isbn=2-246-57481-1 |bnf=37181148p |sudoc=048993700 |présentation en ligne=https://www.grasset.fr/livre/la-philosophie-du-mont-blanc-9782246574811/ |lire en ligne={{Google Livres|gk8AoJ1JSNkC}}}}.
* Béatrice Bressand, [[Mario Colonel]], ''L'ABCdaire du mont Blanc'', Flammarion, 2001 {{ISBN|978-2-08-012728-0}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Charles|nom1=Durier|lien auteur1=Charles Henri Durier|titre=Le Mont-Blanc|lieu=Les Marches|éditeur=[[La Fontaine de Siloé]]|année=2001|année première édition=1877|pages totales=415|isbn=2-84206-020-2}}.
* [[Yves Ballu]], ''Naufrage au Mont-Blanc'', Glénat, 2002 {{ISBN|978-2-7234-3935-0}}.
* [[Paul Guichonnet]], Philippe Joutard, Marie-Christine Vellozi, Marie-Thérèse Vercken, Hugues Lebailly, ''Mont-blanc : conquête de l'imaginaire'', [[La Fontaine de Siloé]], coll. « Paul Payot », 2002 {{ISBN|978-2-84206-206-4}}.
* Daniel Duret, ''Mont-Blanc'', Éditions de Faucompret, 2003 {{ISBN|978-2-906922-50-1}}.
* Michel Tailland, « Les mises en récit d'un demi-siècle d'ascensions anglo-saxonnes au Mont-Blanc, voyage initiatique entre science et aventure (1787-1851) », dans ''Babel. Littératures plurielles'', 2003, {{n°|8}}, {{p.| 37-56}} {{lire en ligne|url=https://journals.openedition.org/babel/1310}}.
* [[François Damilano]], ''Mont Blanc {{unité|4808|m}} : 5 Voies pour le sommet'', JMEditions, 2004 {{ISBN|978-2-9521881-0-4}}.
* Sylvie Tomei, ''Mont Blanc Blues'', Glénat, coll. « Hommes et Montagnes », 2004 {{ISBN|978-2-7234-4762-1}}.
* [[Yves Ballu]], ''Le Mont-Blanc : Temple de l'alpinisme'', Dauphiné Libéré, 2005 {{ISBN|978-2-911739-87-3}}.
* Alain de L'Harpe, ''L'espace Mont-Blanc en question'', L'Harmattan, 2005 {{ISBN|978-2-7475-9744-9}}.
* [[Horace Bénédict de Saussure]], ''Premières ascensions au Mont-Blanc 1774-1787'', La Découverte, 2005 {{ISBN|978-2-7071-4703-5}}.
* {{en}} Stefano Ardito, ''Mont Blanc, discovery and conquest of a giant of the Alps'', White Star, 2006 {{ISBN|978-88-544-0152-5}}.
* Stéphane Baumont, ''Le goût du mont Blanc'', Mercure de France, coll. « Le petit Mercure », 2006 {{ISBN|978-2-7152-2498-8}}.
* André Fournier, ''Panoramas du Mont-Blanc'', [[La Fontaine de Siloé]], {{3e|édition}}, 2006 {{ISBN|978-2-84206-220-0}}.
* Markham Sherwill (trad. M. Tailland), ''Lettres du Mont-Blanc : Récit d'une ascension du sommet les 25, 26 et {{date-|27 août 1825}}'', Guérin, 2006 {{ISBN|978-2-911755-82-8}}.
* Olivier Montalba, dynastie Tairraz, ''Joseph, Georges I, Georges II et Pierre Tairraz. Les Alpes de père en fils'', éd. Hoëbeke, {{date-|novembre 2010}}.
* Marc Lemonnier, Cécile Auréjac et Pilo, ''Sacré mont Blanc !'', éditions AO - André Odemard, 2012 {{ISBN|978-2-913897-34-2}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=François Carrel |photographe=Pascal Tournaire |titre=Mont-Blanc |sous-titre=mesures d'un mythe |lieu=Chamonix |éditeur=Éditions Ésope |année=2021 |pages totales=142 |isbn=978-2-492831-11-9 |bnf=469550123 |sudoc=260809241 |présentation en ligne=https://www.esope.info/fr-produits-11}}.
* {{ouvrage|langue=fr|prénom=François|nom=Michel|titre=Curiosités géologiques de Chamonix - Mont-Blanc|éditeur=BRGM|date=29 janvier 2024|pages totales=135|isbn=9782715927797}}.

=== Liens externes ===
{{Liens}}
* {{Lien web |url=http://www.geol-alp.com/h_mt_blanc/_lieux/mt_blanc_lieux/Mont-blanc.html |titre=Mont Blanc ouest, Miage, Tré-la-Tête |site=geol-alp.com}}
* {{Lien web |url=http://www.geol-alp.com/h_mt_blanc/_lieux/mt_blanc_lieux/chamonix.html |titre=Chamonix, vallée des sources de l'Arve |site=geol-alp.com}}

{{Portail|montagne|Alpes|records|Chamonix-Mont-Blanc|Savoie|Vallée d'Aoste}}
{{Bon article|vote=BA|oldid=23123076|date=20 novembre 2007}}
{{Wikipédia:Thèmes de qualité/Propositions/Sept sommets}}

[[Catégorie:Sommet des Alpes françaises|Blanc]]
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[[Catégorie:Frontière entre la France et l'Italie]]
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