Maréorama

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Le Maréorama est une attraction combinant une grande plateforme mobile et deux peintures panoramiques déroulantes. La conception du dispositif et les peintures panoramiques sont d'Hugo d'Alesi. Le Maréorama est exposé à l'Exposition universelle de 1900 à Paris. Il est l'un des derniers développements majeurs de la technologie des panoramas, peu avant que le médium ne devienne démodé[1].

Description de l’attraction[modifier | modifier le code]

Présentée à l'Exposition universelle de 1900 à Paris, l'attraction est située à l'intérieur d'un bâtiment de la section des divertissements, sur le Champ de Mars, à l'angle du quai d'Orsay et de l'avenue de Suffren[2]. Le Maréorama développe simultanément deux panoramas en mouvement créant l'illusion d'être sur le pont d'un navire.

Les deux peintures sont des images de la mer et du rivage vues d'un navire. Elles mesurent chacune 13 m de haut sur 750 m de long. Hugo d'Alesi présente un voyage de Villefranche-sur-Mer à Constantinople. Une équipe de peintres et de décorateurs travaillèrent durant huit mois pour traduire les croquis de d'Alesi, durant un voyage en bateau jusqu’à Constantinople, sur les 19 500 m2 des toiles.

Montées sur de gros cylindres soutenus par des flotteurs et entraînées par des moteurs hydrauliques, les deux toiles se déroulent devant les spectateurs au cours du trajet simulé. Le bord supérieur de chaque toile est accroché à de petits chariots sur un rail et renforcé par une fine bande d'acier pour éviter l'affaissement. Les cylindres eux-mêmes sont cachés par des rideaux et des accessoires[3]. Les spectateurs sont installés sur une plate-forme représentant le pont d'un bateau à vapeur de 33 m de long et 9 m de large. Afin de lui donner un mouvement de roulis et de tangage, la plateforme est montée sur des vérins hydraulique lui permettant de s'incliner jusqu'à 50 cm en tangage et 20 cm en roulis[4].

Une séance, pouvant accueillir 700 spectateurs, simule, en demi-heure environ, une croisière de Villefranche-sur-Mer à Constantinople en passant par Sousse, Naples et Venise[5]. Pour renforcer l'illusion immersive, des soufflets simulent une brise océanique, des effets de lumière créent le passage du jour à la nuit et un orage. Des algues et du goudron assurent l'immersion olfactive. Le tout est accompagné par un orchestre jouant une symphonie d'Henri Kowalski, et des acteurs costumés en matelots aident les spectateurs pris de mal de mer[6],[7]

Le Maréorama est sans doute le panorama le plus réaliste jamais imaginé. Les panoramas disparurent lors de l'apparition du cinématographe.

Présentation des panoramas[modifier | modifier le code]

Le rapport général administratif et technique de l'Exposition universelle de 1900 décrit ainsi l'attraction :

« Le vaisseau quittait la belle rade de Villefranche, et, pendant le voyage, les vues offertes aux spectateurs étaient les suivantes :

Villefranche. Tribord : Ville en amphithéâtre; citadelle ; fort du Montalban ; darse des torpilleurs.

Bâbord : Villas ; hauteurs de la Tête de chien, qui domine Monaco ; presqu’île Saint-Jean ; garde-côte ; sémaphore du cap Ferrat.

Sousse. Tribord : Port et nouvelle jetée ; casbah ; huileries.

Bâbord : Escadre de la Méditerranée.

Naples. Tribord : îles d’ischia et de Procida ; cap du Pausilippe, avec ses grottes fameuses ; quartier de la Chiaja et son jardin public ; école militaire et caserne ; château Saint-Elme ; église et chartreuse de San-Martino ; château de l’Œuf.

Bâbord : île de Capri.

Venise. Bâbord : Bains du Lido ; barques de pêcheurs ; jetée.

Tribord : Contreforts des Alpes, barques de pêcheurs, île de Sant’Elena ; jardin public.

Bâbord : Village de San-Nicolo.

Tribord : Bateaux de Chiogga ; entrée de l’Arsenal ; clochers, dont celui de Saint-Zacharie ; quai des Esclavons, palais Ducal, dôme de Saint-Marc, Piazzetta, etc. ; église de Santa-Maria délia Salute ; douane ; île de Saint-Georges.

Bâbord : Lagune ; village du Lido, etc.

Constantinople. Bâbord : Pointe de San-Stefano ; château des Sept Tours ; quartier grec et autres ; mosquées.

Tribord : lie des Princes ; ville de Kadi-Keui.

Bâbord : Tour du Seraskerat ; mosquées Aya-Sofia et du sultan Achmet ; palais de Justice ; Sainte-Sophie ; platanes des Janissaires ; Vieux Sérail ; Corne d’Or ; tour de Galata ; quartiers de Péra et de Galata ; caïque impérial ; palais Dolma-Bagtché.

Tribord : Kadi-Keui ; hôpital anglais ; caserne de Scutari ; cimetière et quartiers de cette ville ; tour de Léandre ; Bosphore.

Entre Venise et Constantinople, le navire essuyait une tempête. »

— Alfred Picard[8].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Sonsoles Hernández Barbosa, « The 1900 World's Fair or the Attraction of the Senses: The Case of the Maréorama », The Senses and Society 10(1),‎ (lire en ligne).
  2. De Mercy, « Le Maréorama », La Vie Moderne,‎ , p. 72 (lire en ligne)
  3. Albert Quantin, Catalogue général - L'exposition du siècle, Paris, revue Le Monde moderne, , 394 p. (lire en ligne), p. 352-353.
  4. G Mareschal, « Le maréorama », La Nature Vingt-huitième année, deuxième semestre,‎ , p. 67-70 (lire en ligne).
  5. Georges Labouchère, « Le maréorama », La Vie moderne,‎ (lire en ligne).
  6. Louis Rousselet, « Maréorama - Expo Paris 1900 », sur worldfairs.info (consulté le ).
  7. (en) Olivier Castel, « The Maréorama of Hugo d’Alesi: Illusion of a Sea Voyage », sur blog.imagesmusicales.be, (consulté le ).
  8. Alfred Picard, Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique, Tome septième, Paris, Imprimerie nationale, 1902-1903 (lire en ligne), p. 222-223.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Sofie Deckers, « Hugo d’Alesi’s Maréorama Recapturing and deconstructing the spectacle of the Mediterranean », FORUM+, Volume 28, Issue 3, octobre 2021, p. 24-35 (en ligne sur aup-online.com).