Juifs en Europe après leur expulsion de la péninsule ibérique

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Historiquement, le terme « juif » provient de l'hébreu « Yehudi » dérivé du nom « Yehudah, qui signifie « reconnaissance ». Il fait référence aux membres de la tribu Judah, l'une des douzes tribus d'Israël selon la tradition biblique, qui habitait la région du Moyen-Orient il y a des milliers d'années.

Au fil des siècles, les Juifs ont vécu des périodes de prospérité et d'épanouissement culturel, mais aussi des moments de persécution et de discrimination. Leur présence en Europe remonte à l'Antiquité, mais c'est surtout à partir du Moyen Âge que les communautés juives deviennent des acteurs significatifs de la société européenne. Cette période voit émerger un paysage complexe, où les Juifs occupent des positions diverses, tant sur le plan économique que social, mais sont également confrontés à des défis politiques et religieux. À partir du Moyen Âge tardif et surtout pendant la Renaissance, les communautés juives en Europe ont connu une variété d'expérience, se caractérisant par une combinaison de coexistence et de conflit avec les populations environnantes, reflétant les tensions et les dynamiques complexe de l'époque.

L'Europe, englobe une grande diversité de nations, cultures et peuples qui ont joués des rôles importants dans l'émergence des explorations et découvertes, des conflits mais également des avancées dans les domaines de la science de l'art et de la philosophie.

Mais ce sont notamment par la montée des états nations et l'affirmation du pouvoir royal que l'on observe toute une série d'expulsions de minorités juives, notamment en ce qui concerne l'expulsion de 1492 en Espagne. Ce mouvement massif de déplacement vers l'est a redessiné le paysage démographique de la Méditerranée occidentale et de l'Europe, marquant la fin d'une époque pour les Juifs d'Espagne et le début d'une nouvelle ère d'exil et de diaspora.

Un accueil défavorable dans certains Etats pour ces Juifs expulsés[modifier | modifier le code]

Un traitement spécifique pour les juifs en Italie[modifier | modifier le code]

Ghetto de Florence avant 1885

Au 15e siècle, une importante migration juive vers l'Italie est observée, conséquence de l'expulsion des Juifs d'Espagne. Nombre d'entre eux se réfugient dans le royaume de Naples, mais en 1510, ils sont à leur tour expulsés, le territoire étant déjà peuplé de Juifs français. Ainsi, Venise devient un refuge majeur pour les Juifs au 16e siècle. L'instauration de ghettos, quartiers où les Juifs sont contraints de résider, marque cette période. Le premier ghetto dédié à cette communauté est établi à Venise en 1516. Malgré les limitations imposées par les autorités vénitiennes, les Juifs organisent rapidement leur vie dans le ghetto, y développant des activités commerciales et artisanales.

D'autres ghettos apparaissent en Italie, notamment à Rome en 1555, où une bulle pontificale édictée par le pape Paul IV impose aux Juifs des conditions de vie spécifiques, incluant le port obligatoire d'un chapeau jaune. Les 16e et 17e siècles voient l'Église interférer dans les droits des Juifs à travers diverses mesures restrictives, telles qu'à Florence en 1571, à Vérone en 1600 et à Padoue en 1603.

La France et l’Allemagne, un traitement différencié selon les périodes[modifier | modifier le code]

En France, après l'expulsion des Juifs d'Espagne en 1492, beaucoup trouvent refuge dans le pays. Bien que le roi Henri II leur accorde des lettres patentes en 1550, leur vie reste précaire, ponctuée par des expulsions et des persécutions, notamment durant les guerres de religion.

En Allemagne, les Juifs font face à des difficultés considérables entre 1510 et 1551, avec des expulsions massives dans les villes germaniques. La Réforme luthérienne, bien que dans un premier temps non hostile envers les Juifs, se radicalise sous l'influence de Luther, qui prône leur expulsion en 1543 avec un pamphlet. Au 17e siècle, avec les Traités de Westphalie, les conditions s'améliorent légèrement, mais les Juifs demeurent confrontés à la misère malgré les efforts des populations locales.

Un traitement plus favorable dans d’autres espaces pour cette communauté[modifier | modifier le code]

Amsterdam, ville d’accueil essentielle pour les Juifs[modifier | modifier le code]

La situation des Juifs hollandais, notamment à Amsterdam, était enviable, devenant le principal refuge après la chute d'Anvers. Bien que la liberté de culte ne leur soit jamais explicitement garantie, les marranes d'Amsterdam obtiennent dès 1598 la possibilité d'acquérir le droit de bourgeoisie. Des congrégations juives telles que Bet Yaagov et Neveh Shalom sont établies dès 1611, et en 1614, le premier cimetière juif d'Amsterdam est acquis. Malgré certaines restrictions, les Juifs bénéficient d'une relative bienveillance des autorités, comme en témoigne la visite de Frédéric-Henri d'Orange à une synagogue en 1642.

La Confédération polono-lituanienne, une terre d’accueil juive importante[modifier | modifier le code]

Liste en hébreu des juifs tués en 1648

En Pologne, la communauté juive a pris de l'importance à partir du 15e siècle, accueillie relativement favorablement par la Renaissance et l'ère des Lumières. Les rois polonais accordent des privilèges et une certaine autonomie aux Juifs, attirant des populations persécutées d'autres régions d'Europe. Cependant, la République polono-lituanienne est dévastée par des conflits au 17e siècle, notamment le soulèvement des Cosaques en 1648, entraînant la diminution de la population juive de 100 000 à 200 000. Malgré la protection de la noblesse, les Juifs étaient souvent exploités et soumis à des restrictions, et la Pologne est devenue le berceau du mouvement hassidique au 18e siècle, marquant l'essor du judaïsme mystique en Europe de l'Est.

Une approche, autre que politique, sur la diaspora juive[modifier | modifier le code]

Un apport économique notable des juifs en Europe[modifier | modifier le code]

La diaspora juive à travers l'Europe, favorisée par les grandes découvertes, s'est principalement concentrée dans les zones atlantiques et méditerranéennes, où de nombreuses opportunités professionnelles étaient disponibles. Grâce à leur réseau étendu de contacts et leurs compétences linguistiques, les Juifs ont joué un rôle important dans le commerce international, souvent en tant que prêteurs d'argent, une activité interdite aux chrétiens en raison de restrictions religieuses.

Les Juifs étaient également actifs dans diverses industries telles que l'artisanat, le textile, l'imprimerie, la métallurgie et le commerce de détail. Leur présence était parfois encouragée par les princes pour stimuler le commerce de leur État, comme en témoigne l'octroi de lettres patentes à Bordeaux en 1550. De même, l'Angleterre élisabéthaine et la Toscane entre 1590 et 1603 ont accueilli des marchands juifs, favorisant ainsi le développement économique de leurs ports.

La diffusion de la culture juive à travers l’Europe[modifier | modifier le code]

Synagogue de gwoździec

La culture juive s'est également répandue à travers l'Europe, notamment à travers les synagogues, dont l'architecture variait selon les régions. Les synagogues italiennes étaient souvent discrètes, intégrées aux étages supérieurs des immeubles des ghettos, tandis que celles de la Pologne étaient modestes à l'extérieur mais richement décorées à l'intérieur. Les livres sacrés hébreux ont joué un rôle essentiel dans la préservation de la langue et de la culture juives, avec des écritures ornementales caractéristiques et des techniques d'enluminure sophistiquées.

En ce qui concerne les objets rituels, l'Europe a vu émerger une grande variété d'articles destinés à un usage individuel ou collectif, tels que les tzitzit, les rouleaux de la Torah et les couronnes pour la Torah. En Pologne, les artisans juifs ont bénéficié de privilèges pour pratiquer l'orfèvrerie dès le 17e siècle, produisant ainsi des créations remarquables telles que les couronnes pour la Torah.