Espagne noire
L'« Espagne noire » désigne un courant pictural espagnol, contemporain de la génération de 98 en littérature, qui s’est attaché à donner une image sombre, douloureuse, dramatique de l’Espagne.
Histoire
[modifier | modifier le code]Le nom de ce courant vient des cahiers España negra, édités en 1899[1], consistant en des notes de voyages d'Émile Verhaeren et des dessins et gravures de Darío de Regoyos[2] : compilation de ruines, cimetières, novilladas, processions catholiques. Au tournant des XIXe et XXe siècles, alors que l'Espagne est plongée dans une profonde crise politique[3] et morale, plusieurs peintres ont ainsi recherché et souligné les détails les plus misérables, lugubres voire violents de la société et de la culture de leur pays, particulièrement de la Castille rurale et conservatrice. Leur pessimisme empreint de romantisme prolonge le mythe de la légende noire espagnole et les peintures noires de Francisco de Goya, sans exclure une certaine tendresse pour leurs personnages de paysans, marginaux et autres manolos. L'expressionniste José Gutiérrez-Solana, qui publie en 1920 un ouvrage lui aussi intitulé L'Espagne noire, affirme ainsi que « ce qui est noir est beau, est vrai ».
L'Histoire de l'art oppose cette « Espagne noire » avec l'« Espagne blanche » de Joaquín Sorolla ou Ramon Casas[4].
Artistes associés
[modifier | modifier le code]Quelques œuvres
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Constantin Meunier 1883, Procession du silence, Séville (Musée Meunier)
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Ramon Pichot 1897, Crépuscule (MNAC)
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Darío de Regoyos 1903, Vendredi Saint à Orduña (MNAC)
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Isidre Nonell 1903, Dolores (MNAC)
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Ignacio Zuloaga 1904, L'Ermite (Ermitage)
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Ignacio Zuloaga 1911, Le Christ de sang (Reina Sofía)
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Catalogue des œuvres de Verhaeren
- Notice sur Google Livres.
- Le désastre de 1898 en est le point culminant.
- Voir par exemple L'art espagnol (Flammarion, 2001, dir. Véronique Gerard-Powell), pages 246 à 250 ; ou l'exposition L'Espagne entre deux siècles de Zuloaga à Picasso - 1890-1920 au musée de l'Orangerie à Paris en 2011 : « Le parcours exalte deux visions de l'Espagne. Une Espagne noire, dont Zuloaga et Solana sont les meilleurs représentants, et une Espagne blanche magnifiée par la palette lumineuse et chatoyante de Sorolla. » (présentation sur le site du musée d'Orsay).
Annexes
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Denis Vigneron, La Création artistique espagnole à l’épreuve de la modernité esthétique européenne (1898-1931), Paris, Publibook (Terres hispaniques), , 634 p. (ISBN 2748348346, lire en ligne)