Voir la source de Décret d'abolition de l'esclavage du 27 avril 1848

{{Infobox Norme juridique
 | désignation courte          = Décret du 27 avril 1848
 | image                       = Décret d'abolition de l'esclavage-Archives nationales-BB-30-1125-A-296.jpg
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 | légende                     = Décret du gouvernement provisoire sur l'abolition définitive de l'esclavage dans les colonies datant du 27 avril 1848. Archives nationales BB-30-1125-A-296.
 | titre                       = Abolition de l'esclavage dans l'ensemble de [[Second empire colonial français|l'empire colonial français]]
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 | sigle                       = 
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 | pays                        = {{France}}
 | territoire d'application    = <!-- Si différent du pays ou de l'organisation internationale -->
 | langue                      = <!-- Langue(s) de rédaction du texte si pertinent -->
 | type de norme               = [[Décret]]
 | branche                     = 
 | rédacteur                   = [[Victor Schoelcher]]
 | législature                 = [[Deuxième République (France)|Deuxième République]]
 | gouvernement                = [[Jacques Charles Dupont de l'Eure]]
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 | lire en ligne               = [[s:Décret du 27 avril 1848 abolissant l’esclavage|Texte sur Wikisource]]
 | précédent                   = [[Loi sur la traite des noirs et le régime des colonies du 20 mai 1802|Loi du 20 mai 1802]]<ref name="Note1">Entre 1802 et 1848, le [[Décret impérial abolissant la traite des Noirs|décret du 29 mars 1815]] marque l'abolition de la traite à l’initiative de l'empereur [[Napoléon Ier|{{nobr|Napoléon {{Ier}}}}]].</ref>
<br /><small>Loi de maintien de l'esclavage </small>
 | suivant                     = [[Indigénat|Code de l'indigénat]]<br/><small>Établissement d'un statut d'exception pour les « indigènes » des colonies</small><br>[[Engagisme]]<br/><small>Appel aux immigrés « engagés volontaires » pour remplacer les esclaves</small>
}}

Le deuxième '''décret de l'[[abolition de l'esclavage]]''' en [[France]] a été signé le {{date|27 avril 1848}} par le [[Gouvernement provisoire de 1848|Gouvernement provisoire de la Deuxième République]]<ref>[http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/esclavage/decret1848.asp Site de l'Assemblée nationale].</ref>. 46 ans après le [[Loi sur la traite des noirs et le régime des colonies du 20 mai 1802|rétablissement de l'esclavage par Napoléon]], il est adopté sous l'impulsion de [[Victor Schœlcher]]. Cette abolition définitive s'accompagne toutefois de l'indemnisation des propriétaires esclavagistes, en compensation du préjudice financier causé par l'[[affranchissement]] de leurs esclaves<ref name=":0">{{Lien web |langue=fr |titre=Les indemnités versées aux propriétaires d’esclaves recensées dans une base de données {{!}} CNRS |url=https://www.cnrs.fr/fr/les-indemnites-versees-aux-proprietaires-desclaves-recensees-dans-une-base-de-donnees |site=www.cnrs.fr |date=2021-05-07 |consulté le=2023-07-14}}.</ref>.

== La première abolition de l'esclavage ==
=== En France sur le territoire métropolitain ===
En [[France]], sur le royaume de France continental, l'esclavage est aboli par [[Louis X]] en 1315 via l'[[édit du 3 juillet 1315|édit du {{date-|3 juillet 1315}}]], qui affirme que {{Citation|''selon le [[Droit naturel|droit de nature]], chacun doit naître [[Franchise (servage)|franc]]''}} et que {{Citation|''par tout [[Domaine royal français#Règnes de Philippe le Bel et de ses fils|notre royaume]] les serviteurs seront amenés à [[Franchise (servage)|franchise]]''}}. À la suite de cet édit, tout esclave qui pose le pied dans le Royaume est automatiquement affranchi<ref name=herodote>{{Lien web|langue=fr|url=https://www.herodote.net/almanach-ID-3420.php|titre=Louis X le Hutin interdit l'esclavage en France|date=|site=Herodoteherodote.net|consulté le=24 avril 2018}}.</ref>.

Mais bien plus tard, en 1642, le roi [[Louis XIII]] autorise officiellement la [[Traite négrière occidentale|traite des noirs]], uniquement dans les [[Antilles]] françaises (mais pas en métropole)<ref>{{Ouvrage|auteur1=Jean Sévillia|titre=Historiquement correct : pour en finir avec le passé unique|lieu=Paris|éditeur=Perrin|date=2003|isbn=2-262-01772-7}}.</ref>. Et en 1671, son fils [[Louis XIV]] autorise spécifiquement le [[commerce triangulaire]], permettant aux ports de [[Traite négrière à Bordeaux|Bordeaux]], [[Traite négrière à Nantes|Nantes]] et [[Traite négrière à La Rochelle|La Rochelle]] de pratiquer le commerce d'esclaves à destination des colonies<ref>{{Lien web |langue=fr|titre=Louis XIV roi négrier |url=http://www.une-autre-histoire.org/louis-xiv-roi-negrier/|site=une-autre-histoire.org|année=2013|consulté le=24 avril 2018}}.</ref>. Cette traite négrière ne remettait pas en cause l'édit relatif à l'esclavage en métropole<ref name="herodote" />.

Ce principe du « [[Privilège de la terre de France]] » est cependant battu en brèche dès le {{s-|XVIII}} : en effet, les planteurs ne s'accommodent pas d'une jurisprudence permettant l'affranchissement des esclaves débarquant en métropole. Après plusieurs actions de lobbying, des déclarations sont promulguées en 1716, 1738 et 1777. Ces déclarations autorisent les propriétaires à amener des esclaves en France métropolitaine : ces esclaves gardent ce statut si le propriétaire s'est soumis en amont à une série d'obligations administratives (paiement d'une taxe, enregistrement auprès des Amirautés…)<ref>{{Ouvrage|auteur1=Sue Peabody|auteur2=Pierre Boulle|titre=Le Droit des Noirs en France au temps de l'esclavage|lieu=Paris|éditeur=L'Harmattan|date=2014|lire en ligne=https://journals.openedition.org/africanistes/5131|consulté le=20/05/2022}}.</ref>.

=== Dans les colonies ===
[[File:Décret d'abolition de l'esclavage-Archives nationales-BB-30-1125-A-296 page 2.tif|thumb|Décret d'abolition de l'esclavage [[Archives nationales (France)|Archives nationales]] BB-30-1125-A-296 page 2]]
[[File:Décret d'abolition de l'esclavage-Archives nationales-BB-30-1125-A-296 page 3.tif|thumb|Décret d'abolition de l'esclavage- [[Archives nationales (France)|Archives nationales]] BB-30-1125-A-296 page 3]]
{{Article détaillé|Décret d'abolition de l'esclavage du 29 août 1793|Décret d'abolition de l'esclavage du 4 février 1794|Loi sur la traite des noirs et le régime des colonies du 20 mai 1802 {{!}}Loi du 20 mai 1802}}

En [[1791 en France|1791]], la [[Assemblée constituante de 1789|Constituante]] issue de la Révolution rétablit le principe du privilège de la terre de France par loi du 28 septembre qui dispose que : « Tout individu est libre aussitôt qu'il est entré en France ».

La première émancipation des esclaves aux colonies a lieu quant à elle à [[Saint-Domingue (colonie française)|Saint-Domingue]] le 29 août 1793 à l'initiative du commissaire civil Sonthonax.

La loi du {{date-|4 février 1794}} {{Incise|16 pluviôse an II}} est le premier décret de l'abolition de l'esclavage dans l'ensemble des colonies françaises, qui est très inégalement appliqué.

La loi est abrogée par [[Loi sur la traite des noirs et le régime des colonies du 20 mai 1802|celle du 20 mai 1802]]<ref>[https://books.google.fr/books?id=q94qr9fJg2sC&hl=fr&pg=PA336#v=onepage&q&f=false Loi du 30 floréal an X], relative à la traite des nègres et au régime des colonies.</ref>, le Premier consul Napoléon Bonaparte ne restaure pas l'esclavage, ni à la [[Guadeloupe]], ni à la [[Guyane]] (l'esclavage étant restauré dans ces colonies par des arrêtés consulaires distincts du 16 juillet et 7 décembre 1802 respectivement), ni à Saint Domingue, puisque l'abolition y est déjà appliquée, mais le {{référence souhaitée|maintient partout où la loi du 4 février 1794 n'a pas encore été administrée, à cause de l'opposition locale aux [[Mascareignes]] : [[La Réunion]], l'[[Île Maurice|île de France]] {{Incise|Maurice}} et [[Rodrigues]], mais aussi, à la [[Martinique]], [[Tobago]], [[Saint-Martin (île)|Saint-Martin]] et [[Sainte-Lucie]]|date=27 avril 2018}}, îles récemment restituées à la France par l'Angleterre, au [[Paix d'Amiens|traité d'Amiens]] du {{date-|25 mars 1802}}.

À la suite de la révolte des esclaves de Saint-Domingue, [[Haïti]] devient le premier État à abolir officiellement l'esclavage sur son sol.

=== L'interdiction de la traite ===
Lors du [[congrès de Vienne]], le 8 février [[1815]], la [[Traite négrière occidentale|traite négrière]] (c'est-à-dire le commerce des esclaves, l'achat et le transport d'êtres humains revendus comme esclaves dans l'[[empire colonial]]) est en théorie abolie en [[Angleterre]], [[France]], [[Autriche]], [[Prusse]], [[Portugal]], [[Russie]], [[Espagne]], [[Suède]] sous la pression de l'Angleterre anti-esclavagiste (pression de la Quadruple-Alliance), pays qui proclament que {{Citation|la traite répugne aux principes généraux de la morale et de l'Humanité}}.

De retour de l'[[île d'Elbe]] en [[1815]], Napoléon décrète l'abolition de la traite des esclaves, qui aligne la France sur la décision que vient de prendre le [[congrès de Vienne]]. Sa résolution est confirmée par le [[Traité de Paris (1815)|traité de Paris]] le 20 novembre 1815. L'[[ordonnance du 8 janvier 1817]] signée par [[Louis XVIII]] interdit la traite des esclaves dans les colonies françaises.

Mal acceptée par les Français qui la considèrent comme {{Citation|importée dans les fourgons de l'étranger}}{{référence souhaitée}}, elle rencontre l'opposition des ports atlantiques ([[Traite négrière à Bordeaux|Bordeaux]], [[Traite négrière à Nantes|Nantes]]) qui espèrent reprendre le fructueux négoce, interrompu depuis 1793 par le blocus britannique. {{refsou}} Si les lois, règlements et circulaires français interdisent officiellement la traite, le ministre de la Marine de 1819 à 1821, le comte [[Pierre-Barthélémy Portal d'Albarèdes|Portal]], ancien [[armateur]] bordelais, ou le [[Joseph de Villèle|comte Joseph de Villèle]], Premier ministre de 1821 à 1828, parent de planteurs de l'[[Île Bourbon]] ([[La Réunion]]) et lui-même ancien propriétaire d'esclaves, sont volontairement très laxistes dans l'application de la législation<ref>[http://www.portail-esclavage-reunion.fr/documentaires/l-habitation-desbassayns/la-famille-desbassayns/le-sejour-de-joseph-de-villele-aux-mascareignes-1791-1807/ Le séjour de Joseph de Villèle aux Mascareignes]</ref>.

Mais la suppression officielle de la traite ne signifie pas pour autant sa fin réelle. En effet la traite continue dans les colonies en France, en Espagne et au Portugal sous forme clandestine. Ainsi en 1820, {{Unité|40000|esclaves}} auraient quitté l'[[Afrique]] vers les îles du Sud des États-Unis et surtout du Brésil, qui en importait environ {{formatnum:20000}} par an entre 1820 et 1823 puis {{formatnum:10000}} environ entre 1823 et 1852. Ce commerce étant en théorie illicite le sort des esclaves s'aggrava encore. Ils étaient en effet transportés dans les pires conditions et jetés par-dessus le bord lorsque le [[navire négrier|négrier]] croisait un navire de guerre britannique. Mais les peuples de certains pays européens, alertés par des sociétés anti-esclavagistes comme l'Angleterre et quelques écrivains comme [[André-Daniel Laffon de Ladebat]] ou encore des associations comme le « Comité pour l'abolition de la traite des Noirs et de l'esclavage », étaient de plus en plus émus par le sort des esclaves. Divers gouvernements européens accordèrent donc aux Britanniques le droit de visite en 1831 et en 1833, ce qui leur permit d'exercer légalement la police des mers contre les négriers.

== L'abolition repoussée sous la monarchie de Juillet ==
[[Fichier:Paul Gavarni - Voilà une jolie liberté et un beau pays.jpg|vignette|« Voilà une jolie liberté et un beau pays ! Où un homme n’est pas seulement libre de vendre son nègre. »<br> Caricature de [[Paul Gavarni]] dépeignant l'exaspération d'un propriétaire d'esclave en raison des mesures abolitionnistes envisagées par la [[monarchie de Juillet]] à la suite de la [[Abolition de l'esclavage au Royaume-Uni|récente abolition]] au [[Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande]].<br> [[Lithographie]] publiée dans ''[[Le Figaro]]'' en 1839, puis reprise dans ''[[La Caricature]]'' en 1842.]]
En 1831, le [[gouvernement de Jacques Laffitte]], où siègent de nombreux membres de la [[Société de la morale chrétienne|Société de morale chrétienne]], une organisation d'oppositionnels libéraux engagés dans le combat contre la traite, fait adopter la [[loi du 4 mars 1831]] qui vise à son abolition définitive : elle prévoit vingt à trente ans de travaux forcés pour les responsables, la réclusion pour l'équipage du navire et un engagement de sept ans dans les colonies pour les esclaves libérés lors de la prise du navire.

Voir le contexte politique de la [[monarchie de Juillet]].

=== Aménagement de la condition servile ===
Les modérés pensent que les esclaves doivent être {{Citation|préparés à la liberté}} avant de prétendre pouvoir en jouir pleinement : l'éducation et la conversion religieuse apparaissent comme des préludes à une abolition sans cesse repoussée. Après l'adoption des [[lois Mackau]] en 1845, le [[Victor de Broglie (1785-1870)|duc de Broglie]] estimait ainsi que {{Citation|la loi actuelle est une loi de préparation à l'émancipation, loi qui arrivera un jour à améliorer la condition des Noirs, à les rendre dignes de la liberté}}<ref>Cité dans Nelly Schmidt, ''op. cit.'', p. 159.</ref>.

=== Les lois Mackau ===
{{Article détaillé|Lois Mackau}}

Les lois Mackau constituent la dernière vague législative avant l'abolition de 1848. Votées en juillet 1845, elles reprennent la logique des textes précédents, sans marquer de rupture vers l'abolition. Elles rendent obligatoire une durée minimale accordée à l'instruction des esclaves. {{référence souhaitée|Elles limitent à quinze le nombre de coups de fouet que les propriétaires peuvent dispenser sans avoir à recourir à une autorisation judiciaire. Les esclaves mariés mais de maîtres différents obtiennent le [[Regroupement familial|droit de réunion]].}}

En juillet 1846, le roi {{Louis-Philippe Ier}} abolit l'esclavage dans les domaines royaux de la Martinique et de la Guadeloupe et dans l'île de [[Mayotte]] qui vient d'être acquise par la France, mais [[François Guizot|Guizot]], principal ministre, n'entend pas aller plus loin<ref>{{lien web|url=https://www.persee.fr/doc/cea_0008-0055_1976_num_16_61_2901|titre=L'affranchissement des esclaves de Mayotte, décembre 1846-juillet 1847|éditeur=Cahiers d'études africaines|date=1976|auteur=Jean martin|consulté le=24 avril 2018}}.</ref>.

==== Une application aléatoire ====
L'application de ces différentes mesures dans les colonies est très aléatoire comme ne manquent pas de le souligner les partisans de l'abolition. [[Alexandre Ledru-Rollin|Ledru-Rollin]] et [[Agénor de Gasparin]] s'opposent ainsi au projet de loi Mackau lors des séances de la Chambre des députés en dénonçant l'inutilité de législations successives qui restent largement inappliquées<ref>Nelly Schmidt, ''op. cit.'', p. 223.</ref>. Dans les colonies, l'ouverture de nouvelles écoles s'est par exemple assortie d'une sélection des élèves par les maires qui vise manifestement à en exclure les esclaves<ref>''Ibid.''</ref>.

== L'action en faveur de l'abolition ==
Dès 1831, après un voyage à Cuba, Schœlcher affirme dans ''la Revue de Paris'' que les esclaves sont des hommes donc sont libres de droit. En 1833, dans ''De l'esclavage et de la législation coloniale'', il propose une libération progressive évitant les vengeances ethniques et permettant aux esclaves d'acquérir l'autonomie économique et intellectuelle. Puis en 1838, participant au concours littéraire organisé par la Société de morale chrétienne, il préconise une libération immédiate sans période transitoire. À la suite de son voyage aux Antilles, en 1840-1841, il dédicace aux planteurs son ouvrage ''Colonies françaises, abolition immédiate de l'esclavage'' et propose d'interdire le sucre de canne pour le remplacer par le sucre de betterave.

Le mouvement abolitionniste s'illustre notamment par la création en 1842 de l'[[Le Code noir (opéra)|opéra-comique « Le Code noir »]].

En avril 1847, la campagne de pétitions de la Société de morale chrétienne recueille {{nombre|11000|signatures}} (dont celles de trois évêques, dix-neuf vicaires généraux, plus de huit cent cinquante prêtres, près de quatre-vingt-dix présidents de consistoire ou pasteurs, six mille négociants).
[[File:Bureau de Victor Schœlcher.jpg|thumb|Bureau sur lequel a été signé le décret d'abolition de l'esclavage de 1848 ([[Hôtel de la Marine]])]]

À la fin de février 1848, pendant son voyage d'enquête au Sénégal, Schœlcher apprend la chute du roi Louis-Philippe. Il regagne Paris, contacte [[François Arago]], ministre de la Marine et des Colonies, qui le nomme [[sous-secrétaire d'État]] chargé des colonies et des mesures relatives à l'esclavage. Le {{nobr|4 mars}} 1848, le décret, qui nomme Schœlcher, président de la commission d'abolition de l'esclavage chargée de préparer l'émancipation, est signé par le [[gouvernement provisoire de 1848|gouvernement provisoire]] de la toute jeune République. Le {{nobr|5 mars}}, la commission voit le jour ; elle est présidée par Schœlcher, et comprend, outre un chef de bataillon d'artillerie de marine (officier de la [[Légion d'honneur]]), futur député et ami de Schœlcher, [[Auguste-François Perrinon]], le directeur des colonies, l'avocat à la cour de cassation [[Adolphe Ambroise Alexandre Gatine|Adolphe Gatine]] et un ouvrier horloger, Charles Jean-Baptiste Gaumont. {{refsou}} La commission tient sa première réunion le {{nobr|6 mars}}, et le {{nobr|27 avril}}, elle propose une série de douze décrets<ref>Nelly Schmidt, ''Abolitionnistes de l'esclavage et réformateurs des colonies : 1820-1851'', Analyse et documents, p. 330-331.</ref> qui émancipent les esclaves (un article leur octroie le statut de citoyen, ils sont désormais appelés {{Citation|nouveaux citoyens}} ou {{Citation|nouveaux libres}}) et organisent l'avenir dans les colonies. Des ateliers nationaux sont établis dans les colonies ; on crée des ateliers de discipline pour la répression de la mendicité ainsi qu'une caisse d'épargne ; un décret agence l'impôt personnel, les taxes sur les tafias, vins et spiritueux ; un autre institue une fête du Travail dans les colonies ; un décret organise les hypothèques ; les commissaires généraux de la République sont créés et envoyés dans les colonies pour y appliquer les décrets ; la liberté de la presse est étendue aux colonies ; un décret précise les modalités du recrutement militaire, de l'inscription maritime, de la Garde nationale (extension des dispositions ayant cours en France) ; le sort des vieillards, des infirmes et des orphelins est pris en charge ; des jurys cantonaux sont créés.{{refsou}}

== Contenu des décrets ==
=== Décret du 4 mars 1848 ===
{{Encadré
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| titre   = Décret du Gouvernement provisoire créant la Commission d’abolition de l’esclavage, 4 mars 1848
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« Le gouvernement provisoire de la République,
Considérant que nulle terre française ne peut plus porter d’esclaves ; <br/>

Décrète : <br/>

Une commission est instituée auprès du ministre provisoire de la marine et des colonies pour préparer, dans le plus bref délai, l’acte d’émancipation immédiate dans toutes les colonies de la République.

Le ministre de la marine pourvoira à l’exécution du présent décret.
Paris le 4 mars 1848.
[[François Arago|F. ARAGO]] »<ref name="Sénat">[[Sénat (France)|Sénat français]], [http://www.senat.fr/evenement/victor_schoelcher/abolitions.html « Victor Schœlcher (1804-1893) • Une vie, un siècle • L'esclavage d'hier à aujourd'hui »], consulté le 20/09/2016.</ref>.
}}

=== Décret du 27 avril 1848 ===
{{Encadré
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| titre   = Décret d'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises, 27 avril 1848
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| contenu =

« Ministère de la Marine et des Colonies - Direction des Colonies <br/>
République Française <br/>
Liberté - Égalité - Fraternité <br/>

Au nom du Peuple Français <br/>

Le Gouvernement provisoire, <br/>
Considérant que l'esclavage est un attentat contre la dignité humaine ; <br/>
Qu'en détruisant le libre arbitre de l'homme, il supprime le principe naturel du droit et du devoir ; Qu'il est une violation flagrante du dogme républicain : « Liberté - Égalité – Fraternité » ; <br/>
Considérant que si des mesures effectives ne suivaient pas de très près la proclamation déjà faite du principe de l'abolition, il en pourrait résulter dans les colonies les plus déplorables désordres ; <br/>

Décrète : <br/>

'''Article {{Ier}}''' <br/>
L'esclavage sera entièrement aboli dans toutes les colonies et possessions françaises, deux mois après la promulgation du présent décret dans chacune d'elles. À partir de la promulgation du présent décret dans les colonies, tout châtiment corporel, toute vente de personnes non libres, seront interdits. <br/>

'''Article 2''' <br/>
Le système d'engagement à temps établi au Sénégal est supprimé. <br/>

'''Article 3''' <br/>
Les gouverneurs ou Commissaires généraux de la République sont chargés d'appliquer l'ensemble des mesures propres à assurer la liberté à la Martinique, à la Guadeloupe et dépendances, à l'île de La Réunion, à la Guyane, au Sénégal et autres établissements français de la côte occidentale d'Afrique, à l'île Mayotte et Dépendances et en Algérie. <br/>

'''Article 4''' <br/>
Sont amnistiés les anciens esclaves condamnés à des peines afflictives ou correctionnelles pour des faits qui, imputés à des hommes libres, n'auraient point entraîné ce châtiment. Sont rappelés les individus déportés par mesure administrative. <br/>

'''Article 5''' <br/>
L'Assemblée Nationale règlera la quotité de l'indemnité qui devra être accordée aux colons. <br/>

'''Article 6''' <br/>
Les colonies purifiées de la servitude et les possessions de l'Inde seront représentées à l'Assemblée Nationale. <br/>

'''Article 7''' <br/>
Le principe ‘que le sol de la France affranchit l'esclave qui le touche’ est appliqué aux colonies et possessions de la République. <br/>

'''Article 8''' <br/>
À l'avenir, même en pays étranger, il est interdit à tout français de posséder, d'acheter ou de vendre des esclaves, et de participer, soit directement, soit indirectement, à tout trafic ou exploitation de ce genre. Toute infraction à ces dispositions entraînerait la perte de la qualité de citoyen français.
Néanmoins, les Français qui se trouveront atteints par ces prohibitions, au moment de la promulgation du présent décret, auront un délai de trois ans pour s'y conformer. Ceux qui deviendront possesseurs d'esclaves en pays étranger, par héritage, don ou mariage, devront, sous la même peine, les affranchir ou les aliéner dans le même délai à partir du jour où leur possession aura commencé. <br/>

'''Article 9''' <br/>
Le Ministre de la Marine et des Colonies et le Ministre de la Guerre sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret. <br/>

Fait à Paris, en conseil de gouvernement, le 27 avril 1848. <br/>

Signé: <br/>
Les membres du Gouvernement provisoire : [[Jacques Charles Dupont de l'Eure|DUPONT (de l’Eure)]], [[Alphonse de Lamartine|LAMARTINE]], [[Adolphe Crémieux|CRÉMIEUX]], [[Louis-Antoine Garnier-Pagès|GARNIER-PAGÈS]], [[Armand Marrast|A. MARRAST]], [[Louis Blanc|Louis BLANC]], [[Alexandre Martin|ALBERT]], [[Ferdinand Flocon|FLOCON]], [[Alexandre Ledru-Rollin|LEDRU-ROLLIN]], [[François Arago|ARAGO]], [[Pierre Marie de Saint-Georges|MARIE]]. <br/>
Le Secrétaire général du Gouvernement provisoire : [[Laurent-Antoine Pagnerre|PAGNERRE]] »<ref name="Sénat" />.
}}

== L'application des décrets ==
=== Dans les colonies françaises ===
[[Fichier:Unknown maker, France, Getty edu, Religious Ceremony on Martinique, Daguerreotype, summer 1850.png|300px|vignette|droite|1850 - Daguerreotype représentant la cérémonie religieuse pour l'anniversaire de l'abolition de l'esclavage de 1848 à la Martinique.]]
[[Fichier:Cayenne Victor Schoelcher statue by Louis-Ernest Barrias.jpg|vignette|[[Victor Schœlcher]], rédacteur du décret d'abolition de l'esclavage du {{date-|27 avril 1848}}, sur une [[Statue de Victor Schœlcher (Cayenne)|statue lui rendant hommage]] à [[Cayenne]] en [[Guyane]], sculptée par [[Louis-Ernest Barrias|Barrias]] en 1896 et retrouvée renversée le 18 juillet 2020<ref>[https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/on-vous-explique-motivations-ceux-qui-ont-renverse-statue-abolitionniste-victor-schoelcher-guyane-1855260.html On vous explique les motivations de ceux qui ont renversé une statue de l'abolitionniste Victor Schoelcher en Guyane], francetvinfo, 20 juillet 2020</ref>.]]
La nouvelle que la République abolit l'esclavage (décision du [[gouvernement provisoire de 1848|gouvernement provisoire]] du 4 mars) parvient quelques semaines plus tard dans les colonies américaines et y provoque une profonde émotion. Aussi quand les décrets du 24 avril y parviennent la situation est explosive. Les décrets prévoient deux mois de délai mais les évènements précipitent les décisions.

Le 21 mai, à [[Saint-Pierre (Martinique)|Saint-Pierre]] en [[Martinique]], alors que l'île attend l'abolition, un esclave, Romain, est arrêté après avoir joué du tambour, moyen par lequel les esclaves se transmettaient des informations. Cet événement déclenche un soulèvement qui s'étend à toute l'île<ref>{{lien web|titre=Comment a été aboli l'esclavage en Martinique|url=https://www.franceculture.fr/histoire/comment-a-ete-aboli-lesclavage-en-martinique|auteur=Derwell Queffelec|site=France Culture|date=29 mai 2020}}.</ref>, poussant le gouverneur de l’île à déclarer l’abolition de l’esclavage dès le 23 mai, avant l'arrivée de l’émissaire qui apporte le décret du 27 avril<ref>{{article|titre=Ces « hommes dangereux » de 1848|auteur=Myriam Cottias|périodique=Genèses|année=2007|volume=1|numéro=66|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-geneses-2007-1-page-30.htm}}.</ref>.

Le {{nobr|27 mai}}, alors que la situation est plus calme, le gouverneur de la Guadeloupe [[Marie Jean-François Layrle|Jean-François Layrle]] proclame l'abolition générale<ref>{{Lien web |titre=27 mai 1848 : le récit de l'abolition de l’esclavage en Guadeloupe |url=https://la1ere.francetvinfo.fr/27-mai-1848-recit-abolition-esclavage-guadeloupe-155775.html |langue=fr |date=27 mai 2017 |site=La 1ère France TV info |consulté le=13 décembre 2023 |auteur=Philippe Triay}}.</ref>. Fin mai, l'île de La Réunion est enfin mise au courant, mais le gouverneur attend le 20 décembre pour appliquer les décrets. Ce n'est que le 10 juin que le gouverneur de la Guyane prend la même décision (avec effets au {{nobr|10 août}}).

La situation est plus délicate en Algérie et au Sénégal, car une partie des esclaves appartiennent aux indigènes. En Algérie, le décret est mal appliqué dans les campagnes. Au Sénégal pour ne pas mécontenter les Maures qui sont esclavagistes, mais qui assurent le ravitaillement de la colonie, le gouverneur demande aux autorités locales de refouler les esclaves qui rechercheraient asile dans les colonies françaises.

Une loi votée le 30 avril 1849 (alors que [[Louis-Napoléon Bonaparte]] a été élu président, et [[Odilon Barrot]] chef du gouvernement - gouvernement auquel n'appartient évidemment pas Schoelcher) indemnise les planteurs et les colons<ref name=":0" />. Ceux-ci reçoivent environ six millions de francs pour dédommagement de la libération de près de leurs {{nombre|248500|esclaves}}. Cette loi est abrogée en juin 2016 {{citation|au titre d’une réparation morale du préjudice subi par les esclaves}}<ref>[http://www.assemblee-nationale.fr/14/amendements/3679/CSEGALITE/680.pdf Amendement 680, La loi n° 285 du 30 avril 1849 relative à l’indemnité accordée aux colons par suite de l’abolition de l’esclavage est abrogée.] Assemblée Nationale, 9 juin 2016</ref>.

{{article connexe|Réparations pour esclavage}}

De [[1848]] à [[1870]], les décrets d'abolition sont mal appliqués ou amendés : les cadres de l'esclavage sont reconstruits par les autorités locales qui proclament des arrêtés de « police du travail », imposant notamment des passeports intérieurs<ref>Oruno D. Lara, ''La Liberté assassinée : Guadeloupe, Guyane, Martinique et la Réunion en 1848-1856'', Éd. L'Harmattan, 2005.</ref>.

Près de {{formatnum:250000}} esclaves sont libérés (plus de {{formatnum:87000}} en [[Guadeloupe]], près de {{formatnum:74450}} en [[Martinique]], plus de {{formatnum:62000}} à [[La Réunion]]<ref>Sudel Fuma, ''Esclaves et citoyens, le destin de {{nombre|62000|Réunionnais}} : Histoire de l'insertion des affranchis de 1848 dans la société réunionnaise'', Documents et recherches, Fondation pour la recherche et le développement dans l'océan Indien : Saint-Denis, 1982.</ref>, {{formatnum:12500}} en [[Guyane]], plus de {{formatnum:10000}} au [[Sénégal]]) d'après les demandes d'indemnisation présentées par les propriétaires<ref>[https://la1ere.francetvinfo.fr/martinique/scandaleuse-indemnisation-colons-1848-564275.html La scandaleuse indemnisation des colons en 1848, Jean-Marc Party, francetvinfo, 02 mars 2018]</ref>.

Au total, entre les premières installations de colons au {{s-|XVI}} et le décret d'abolition de l'esclavage du 27 avril 1848, soit deux siècles, environ quatre millions d’esclaves (2 millions nés en Afrique et 2 millions nés dans les colonies) ont vécu dans les territoires sous domination française<ref>Frédéric Regent, ''La France et ses esclaves'', Pluriel, 2012, p. 9.</ref>.

=== Effets sur les Français résidant dans des pays esclavagistes ===
L'article 8 du décret de 1848 interdit à tout Français la possession ou le trafic d'esclave, sous peine de {{Citation|la perte de la qualité de citoyen français}} ; ceux qui se trouvent en infraction au moment de la promulgation, ou qui y entreraient ensuite {{Citation|par héritage, don ou mariage}}, ont un délai de trois ans pour s'y conformer. Par ces dispositions, le bannissement de l'esclavage est étendu, au-delà du territoire de la France, à tous ses ressortissants qui résident dans des pays où il est encore légal : ils sont alors environ {{nombre|20000}}, répartis entre le [[Brésil]], [[Cuba]], [[Puerto-Rico]] et le Sud des [[États-Unis]], dont approximativement une moitié de propriétaires d'esclaves. Sur ces quelque {{nombre|10000}} Français directement visés par l'article, 5 à {{nombre|6000}} se concentrent en [[Louisiane (Nouvelle-France)|Louisiane]]{{sfn|Jennings|1969|p=377-378}}.

L'objet de l'article et la nature de la peine {{incise|la perte de la nationalité, au lieu de la simple amende prévue par la législation anglaise de 1843}} traduisent les principes abolitionnistes qui animent les gouvernants républicains de 1848 : en faisant de tout Français établi à l'étranger {{Citation|une protestation vivante, permanente, contre l'esclavage}}, selon les termes de Victor Schœlcher, leur volonté est de promouvoir la cause de l'abolition et d'inciter les sociétés esclavagistes à suivre l'exemple donné, en particulier aux États-Unis{{sfn|Jennings|1969|p=379-382}}.

C'est en Louisiane que l'article 8 suscite les plaintes les plus vives. Dès juillet 1848, le consul à [[La Nouvelle-Orléans]] avertit que les résidents français se feraient naturaliser Américains s'il était maintenu, et appelle à son abrogation. Si les fondateurs de la {{IIe République}} refusent tout compromis, à partir de 1849, des gouvernants moins intransigeants se montrent plus réceptifs aux arguments contraires{{sfn|Jennings|1969|p=383-387}}.

L’article 8 a accordé aux Français résidant à l'étranger possesseurs d'esclaves un délai de {{nobr|3 ans}} pour se défaire de cette propriété. L’échéance approchant, le {{date-|11 février 1851}}, un amendement soutenu par le gouvernement porte ce délai à {{nobr|10 ans}}, ce qui en remet la date d’expiration au {{date-|27 avril 1858}}. Néanmoins, les Français esclavagistes résidant à l'étranger ne se satisfont pas à l’idée de se retrouver dans la même situation sept ans plus tard. En Louisiane, le consul fait état d'une nouvelle loi locale qui rend financièrement impraticable la libération des esclaves, en imposant à leur propriétaire de les faire transporter à ses frais au [[Liberia]] ; ses positions rencontrent auprès des ministres français concernés un accueil favorable{{sfn|Jennings|1969|p=388-391}}.

Cependant l'arrivée du [[Second Empire]] donne aux gouvernants d'autres priorités, et aucune mesure n'est prise avant l'expiration du délai prolongé. En 1858, la loi du {{nobr|28 mai}}<ref>« De la possession des esclaves par des Français résidant à l'étranger », dans ''Revue coloniale'', juillet-décembre 1858, tome 20, {{p.|249-255}} {{Lire en ligne|url=https://books.google.fr/books?id=jdIaAQAAMAAJ&pg=PA249}}.</ref>, sans abroger l'{{nobr|article 8}}, y introduit des exceptions : elle en exempte les Français propriétaires d'esclaves avant 1848, ou par suite de mariage, héritage ou don. En pratique, ces dispositions vident largement l'article de son effet, grâce notamment au vague de la notion de don. De fait, les propriétaires d'esclaves en Louisiane qui conservaient encore leur nationalité française purent les garder jusqu'à l'abolition de l'esclavage à la suite de la [[guerre de Sécession]]{{sfn|Jennings|1969|p=392-395}}.

== Un mouvement généralisé ==
À la même époque, un grand nombre d'États pratiquant la traite et l'esclavage, décident de les abolir. Les États-Unis dans leur constitution de 1787, interdisent la traite, décision appliquée à partir de 1807, en revanche l'esclavage est maintenu. Le Royaume-Uni est à la pointe du combat abolitionniste. Le {{date-|6 février 1807}}, une loi fixe la limite de la traite pour le {{date-|1 janvier 1809}}. Le {{date-|15 août 1833}}, les [[Abolition de l'esclavage au Royaume-Uni|Britanniques abolissent l'esclavage]] (avec effet au {{date-|1 août 1834}}). En 1835, au cours des troubles métropolitains qui suivent la mort de [[Ferdinand VII]], le gouvernement libéral espagnol abolit la traite dans les [[Empire espagnol|colonies de la couronne]]. L'année suivante, le Portugal en fait de même, mais l'application est peu suivie et le décret n'est même pas publié au [[Mozambique]] (qui fait partie de la zone où se pratique la traite en direction des pays de l'océan Indien et du golfe Persique). Le {{date-|3 décembre 1837}}, par son bref pontifical ''In suprema apostolatus fastigio'', le pape [[Grégoire XVI]] condamne la traite et l'esclavage.

Le 28 juillet 1847, le [[Danemark]], qui avait interdit la traite dès 1802, abolit l'esclavage dans [[Indes occidentales danoises|ses colonies des Antilles]] mais prévoit un délai de {{nobr|12 ans}}, cependant dès l'année suivante il accorde la liberté immédiate ({{date-|3 juillet 1848}}). En 1850, le Brésil réprime la traite. À partir de 1854, le Portugal libère progressivement les esclaves de [[Empire colonial portugais|ses possessions]]. En 1856, ce sont ceux des municipalités, des établissements charitables de l'ordre de la Miséricorde puis ceux des églises. Le {{date-|5 juillet 1856}}, les esclaves d'[[Angola]] sont libres et le 25 août 1856, ce sont ceux des [[Inde portugaise|Indes portugaises]] qui obtiennent leur liberté. Ce n'est que le {{date-|1 janvier 1860}} que les Pays-Bas suppriment l'esclavage en Malaisie; en revanche les [[Antilles néerlandaises|Antilles]] et la [[Guyane néerlandaise]] devront attendre 1863. Le {{date-|1 janvier 1863}}, le président américain [[Abraham Lincoln]] signe le décret qui libère les esclaves des États du Sud des États-Unis, au milieu de la [[guerre de Sécession]] (1861-1865), mais la loi ne sera votée que le {{date-|8 avril 1864}} à la Chambre des représentants, le {{date-|31 janvier 1865}} par le Sénat et ce ne sera que le {{date-|18 décembre 1865}}, que les trois quarts des États alors constitués l'ont ratifiée. Le [[Brésil]] a été le dernier pays du continent américain à [[Abolition de l'esclavage au Brésil|avoir aboli l'esclavage]] : seulement en 1888 par la « ''Lei Áurea'' » (la [[loi d'or]]), et sans compensation pour les propriétaires. Le dernier pays du monde qui a aboli l'esclavage est la [[Mauritanie]] en 1981.

=== Commémoration ===
La [[Loi tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité]] a institué une journée de Commémoration de l'abolition, mais dans le contexte tendu de l'[[Affaire Olivier Grenouilleau]], sa date ne sera fixée que quatre ans plus tard, au {{date-|10 mai}}, date d'adoption de la loi.

== Bibliographie ==
* [[Louis Blanc]], ''De l'abolition de l'esclavage aux colonies'', dans ''Revue du progrès politique, social et littéraire'', Paris, 1840, tome {{1er}}, {{p.|3-17}} {{Lire en ligne|url=https://books.google.fr/books?id=wscaAQAAMAAJ&pg=PA3#v=onepage&q&f=false}}.
* 1847 : {{Bibliographie|Q25710929}}.
* 1848 : {{Bibliographie|Q25710814}}.
* Les différents ouvrages de [[Victor Schœlcher]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Victor Schoelcher|lien auteur1=Victor Schœlcher|titre=Esclavage et colonisation|éditeur=PUF|lieu=Paris|année=2018|pages totales=220|isbn=978-2-13-079904-7}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Victor Schoelcher|titre=Des colonies françaises|sous-titre=abolition immédiate de l'esclavage|éditeur=Éd. du CTHS|lieu=Paris|année=1998|pages totales=443|isbn=2-7355-0382-8}}.</ref>.
* [[Janine Alexandre-Debray]], ''Victor Schœlcher. L'homme qui a fait abolir l'esclavage'', Paris, Perrin, 2006.
*[[Marcel Dorigny]], ''Les abolitions de l'esclavage (1793-1888)'', Presses Universitaires de France - PUF (2018).
* {{Article|auteur1 = Lawrence C. Jennings|titre = L'abolition de l'esclavage par la IIe République et ses effets en Louisiane (1848-1858)|périodique = Revue française d'histoire d'outre-mer|numéro = 205|jour = |mois = |année = 1969|issn = |lire en ligne = http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/outre_0300-9513_1969_num_56_205_1493|pages = 375-397|volume = 56}}.
* Nelly Schmidt, « 1848 dans les colonies françaises des Caraïbes. Ambitions républicaines et ordre colonial », dans ''Outre-Mers. Revue d'histoire'', 1998, {{n°|320}}, {{p.|33-69}} {{Lire en ligne|url=https://www.persee.fr/doc/outre_0300-9513_1998_num_85_320_3656}}.
* {{en}} Laurence C. Jennings, ''French anti-slavery. The movement for the abolition of slavery in France, 1802-1848'', Cambridge University Press, 2000.
* Nelly Schmidt, ''Abolitionnistes de l'esclavage et réformateurs des colonies. Analyse et documents'', Paris, Karthala, 2000.
* Nelly Schmidt, ''L'abolition de l'esclavage. Cinq siècles de combats ({{XVIe siècle}}-{{XXe siècle}})'', Paris, Fayard, 2005.
* [[Françoise Vergès]], ''Abolir l'esclavage. Une utopie coloniale. Les ambiguïtés d'une politique humanitaire'', Paris, Albin Michel, 2001.
* Lawrence C. Jennings, ''La France et l'abolition de l'esclavage 1802-1848'', éditions André Versaille, 2010.
* Rodolf Étienne, ''Lalibèté ka vini ! – Décrets d'abolition de l'esclavage du 27 avril 1848 / Dékré labolisyon lesklavaj 27 avril 1848'', [https://www.scitep-editions.fr/ouvrages/lalibete-ka-vini/ éditions SCITEP], 2018.
* {{Article |prénom1=Jean-Pierre |nom1=Sainton |lien auteur1=Jean-Pierre Sainton |titre=De l'état d'esclave à « l'état de citoyen » |sous-titre= modalités du passage de l'esclavage à la citoyenneté aux Antilles françaises sous la Seconde République (1848-1850)|périodique= [[Outre-mers|Outre-Mers. Revue d'histoire ]]|lieu= |éditeur= |tome=90 |numéro= 338-339|titre numéro= L'État et les pratiques administratives en situation coloniale |date= {{1er}} semestre 2003|pages=47-82|lire en ligne=http://www.persee.fr/doc/outre_1631-0438_2003_num_90_338_4014}}.

== Notes et références ==
{{Références}}

== Voir aussi ==
{{Autres projets|wikisource=Décret du 27 avril 1848 abolissant l’esclavage}}

=== Articles connexes ===
* [[Esclavage]]
* [[Abolition de l'esclavage]]
* [[Nouveau Code noir]]
* [[Cyrille Bissette]]
* [[Édit du 3 juillet 1315]]
* [[Décret d'abolition de l'esclavage du 29 août 1793]]
* [[Décret d'abolition de l'esclavage du 4 février 1794]]

=== Liens externes ===

* [https://esclavage-indemnites.fr/public/ Base de données Repairs - Esclavage & indemnités]
{{Palette|Esclavage}}
{{Portail|droit français|esclavage|France au XIXe siècle|politique française|monde colonial|années 1840}}

{{DEFAULTSORT:Decret abolition esclavage 1848-04-27}}
[[Catégorie:Loi coloniale française]]
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[[Catégorie:Loi française de 1848]]
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