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Discussion utilisateur:Jérome Bru/Philosophie quantique

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Philosophie quantique ?[modifier le code]

"Métaphysique" quantique ?[modifier le code]

Certains des savants de la mécanique quantique ne craignent pas de se lancer en philosophie.

  • Niels Bohr, prix Nobel de physique 1922, a élaboré la notion de complémentarité : corpuscule et onde sont deux aspects d'une même réalité.
  • Louis de Broglie, prix Nobel de physique 1929, dans La physique nouvelle et les quanta[1] (1937), montre le caractère contradictoire des idées d'ondes et de corpuscules : une particule est à la fois onde et corpuscule, mais elle n'est ni onde ni corpuscule. Il unifie, dans sa théorie de la lumière, les concepts de matière et de lumière : le photon est constitué par deux demi-photons complémentaires.
  • Werner Heisenberg, prix Nobel de physique 1932, s'est rendu célèbre par sa notion d'incertitude (1927) : on ne peut connaître simultanément la position et de la vitesse d'une particule, ce serait, d'ailleurs, vide de sens. Dans La nature dans la physique contemporaine[2] (1955), il observe que l'observation est elle-même une intervention, le compte-rendu de l'expérience est en même temps compte-rendu de la perturbation causée par l'observateur qui n'est plus extérieur à son objet d'étude. Le concept de causalité, avec les quanta, est devenu statistique, il agit selon les lois de la probabilité. La physique de l'atome a modifié la conception du temps physique, en introduisant la notion d'espace-temps dans l'étude des particules.
  • Paul Dirac, prix Nobel de physique 1933, a avancé en 1927 la notion d'antiélectron (positron) et donc la notion d'antimatière : une antiparticule a la même masse, le même spin que sa particule correspondante, mais elle a une charge électrique opposée. Poursuivant sa théorie du comportement statistique de particules de matière, il a l'audace de réfuter le déterminisme classique, pour dire que "à certains moments la nature fait un choix" ; il parle du "vouloir libre de la nature".

"Mysticisme" quantique ?[modifier le code]

Comme le remarque Pierre Thuillier

"Aujourd'hui même, dans la mécanique quantique ou autour d'elle, s'affrontent intérêts cognitifs et intérêts culturels. Il est remarquable, en particulier, que cette discipline suscite, chez les physiciens eux-mêmes, une vague de 'mysticisme'... Les experts, en discutant sur la 'non-localité' et la 'non-séparabilité', font miroiter (au moins chez les profanes) le fantasme d'une nature capricieuse et déroutante. Ondes et corpuscules, dans les tréfonds de la matière, auraient des comportements étranges."[3]
  • Jean-Émile Charon, théoricien de la Relativité complexe (1962) et célèbre par un essai (La connaissance de l'univers, 1961)[4], estime que chaque particule, appelée "éon", essentiellement les électrons et les quarks, posséderait à la fois un "dehors", porteur de ses caractéristiques physiques, et un "dedans", contenant ses propiétés psychiques, situé dans un autre espace-temps. Cette "notion de psychomatière" est purement théorique. Charon parle d'onde psi, particule de matière correspondant au probabilisme de la mécanique quantique. Sa théorie est restée marginale.
  • Fritjof Capra, physicien d'origine autrichienne, est le plus célèbre des "quantico-mystique", par son livre Le Tao de la physique[5] (1975). Il établit un parallèle entre la mécanique quantique et le mysticisme oriental.

«  L'univers est engagé dans une danse cosmique ininterrompue. C'est un système composé d'éléments inséparables, sans cesse en mouvement, animés par un continuel processus d'interaction. L'observateur en fait partie intégrante. Ce système reflète une réalité, située au-delà du monde de la perception sensorielle ordinaire, il implique des dimensions plus vastes et transcende le langage ordinaire et la logique raisonnante.[6] »

. Gregory Bateson sera sévère : "Capra ? The man is crazy ! He thinks we are all electrons."

  • Olivier Costa de Beauregard[7], qui fut membre de la première équipe de Louis de Broglie, fait, depuis 1979, le lien avec la parapsychologie. Il affirme une causalité "zigzagante", dans laquelle la corrélation se ferait à partir d'une particule en remontant le cours du temps jusqu'à la source commune avant de redescendre jusqu'à l'autre. C'est l'interprétation qu'il propose au paradoxe EPR et ses variantes des expériences de Nicolas Gisin. Il faut toutefois rappeler que ces phénomènes admettent des explications plus conventionnelles, et donc ne démontrent pas les thèses de Beauregard. D'autre part, la parapsychologie reste largement regardée comme une pseudo-science.
  • Un célèbre colloque, "Science et Conscience", le Colloque de Cordoue[8], en 1979, avait réuni des savants porteurs d'un regard "mystique" sur les quanta, dont David Bohm, Olivier Costa de Beauregard.
  • David Bohm, spécialiste en physique quantique, dans La danse de l'esprit, ou le sens déployé (Unfolding meaning, 1985, trad. 1989)[9], explique comment les particules communiquent avec l'énergie universelle et avec une totalité douée de sens. Rien n'est séparé. Tout est en "déploiement" et "repliement", en matière, énergie et sens. Bohm suppose que "quelque chose d'analogue à l'esprit existe dans la matière inanimée, au moins de façon implicite, comme la vie est implicite dans la matière inanimée". "Le mental et le matériel sont deux aspects d'une seule et même réalité".
  • Basarab Nicolescu, spécialiste des particules élémentaires, dans La science, le sens et l'évolution. Essai sur Jakob Boehme[10] (1989), se réfère au mystique illuministe Jacob Boehme, avec pour but le "réenchantement du monde" (p. 41).
  • Bernard d'Espagnat, directeur du Laboratoire de physique théorique et des particules élémentaires à l'Université de Paris XI à Orsay (1980-1987), dans divers livres, dont Une certaine réalité. Le monde quantique, la connaissance et la durée[11] (1985), défend un "réalisme non physique". Il fait une distinction entre "le réel voilé", qui ne sera jamais accessible à la science, et la réalité

Références[modifier le code]

  1. Louis de Broglie, La physique nouvelle et les quanta, Flammarion, 1937.
  2. Werner Heisenberg, La nature dans la physique contemporaine (1955), trad. de l'all., Gallimard, 1962.
  3. Pierre Thuillier, La revanche des sorcières. L'irrationnel et la pensée scientifique, Belin, 119, p. 98-99.
  4. Jean-Émile Charon, La connaissance de l'univers, Seuil, 1961 ; Le Tout, l'Esprit et la Matière, Albin Michel, 1987.
  5. Fritjof Capra, Le Tao de la physique (1975), trad., Sand, 1975.
  6. Fritjof Capra, Le tao de la physique
  7. Olivier Costa de Beauregard, apud Science et Conscience (Colloque de Cordoue, 1979), Stock, 1980 ; La physique moderne et les pouvoirs de l'esprit, Le Hameau/France Culture, 1988. Voir Jean-Pierre Girard, Encyclopédie du paranormal, Éditions Trajectoire, 2005, p. 692 sq.
  8. Science et Conscience (Colloque de Cordoue, 1979), Stock, 1980.
  9. David Bohm, La danse de l'esprit (Unfolding Meaning, 1985), trad., Éditions Séveyrat, La Varenne, 1989.
  10. Basarb Nicolescu, La science, le sens et l'évolution, Éditions du Félin, Paris, 1989.
  11. Bernard d'Espagnat, Une certaine réalité. Le monde quantique, la connaissance et la durée, Gauthier-Villars, 1985.