Voir la source de Curion

{{Voir homonymes|Caius Scribonius Curio}}
{{Infobox Aristocrate
| nom                = Curion {{fr}}<br />Caius Scribonius Curio {{la}}
| nom de naissance   = ''Caius Scribonius Curio''
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| date de naissance  = Vers [[-90|90 {{av JC}}]]
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| date de décès      = [[24 août]] [[-49|49 {{av JC}}]]
| lieu de décès      = près d'[[Utique]] ([[Afrique (province romaine)|Afrique]])
| titre1             = [[Tribun de la plèbe]] en [[-50|50]] et [[propréteur]] en [[Sicile (province romaine)|Sicile]] puis [[Province d'Afrique|Afrique]] en [[-49|49]]
| conflits           = [[Guerre civile de César]]
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| père               = [[Caius Scribonius Curio (consul)|Caius Scribonius Curio]]
| mère               = 
| conjoint           = [[Fulvie]]
| enfants            = Une fille ?
}}
'''Caius Scribonius Curio''', dit '''Curion''', né vers {{date-|-90}} et mort au combat le {{date-|24 août -49}}, est un personnage politique de la fin de la [[République romaine]].

Membre de la jeunesse dorée de Rome et [[démagogue]], très bon orateur, il devient l'un des favoris de la [[plèbe]]. Ami de [[Cicéron]] et partisan de [[Pompée]], il se rallie à [[Jules César]] à partir de {{date-|-50}} pendant son [[tribun de la plèbe|tribunat de la plèbe]] lorsque ce dernier honore toutes ses dettes. Il défend ses intérêts au [[Sénat romain|Sénat]] puis est un de ses lieutenants dans la prise de contrôle de l'Italie au début de l'an {{date-|-49}} Il est envoyé s'emparer ensuite de la [[Sicile (province romaine)|Sicile]] puis de l'[[Province d'Afrique|Afrique]], où il meurt à la fin de l'été en combattant les ennemis de César, dans une attaque audacieuse, mourant bravement à la tête de ses hommes lors de la [[Bataille de Bagradas (49 av. J.-C.)|bataille de Bagradas]].

== Biographie ==

=== Famille ===

Membre de la noblesse plébéienne<ref name=JMR777/>, il est le fils de [[Caius Scribonius Curio (consul)|Caius Scribonius Curio]], célèbre orateur et [[consul (Rome antique)|consul]] en {{date-|-76}} Il obtient un [[triomphe romain|triomphe]] en {{date-|-71 }} pour ses victoires sur les [[Dardanie (Balkans)|Dardaniens]] et les [[Mésie|Mésiens]] lors de son [[proconsul (Rome antique)|proconsulat]] en [[Macédoine (province romaine)|Macédoine]]<ref group=a>[[Eutrope (historien)|Eutrope]], ''Abrégé de l'Histoire romaine'', 6, 5 [http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/eutrope_breuiarium_06/lecture/1.htm].</ref>{{,}}<ref>François Hinard, {{opcit}}, {{p.}}691.</ref> de {{date-|-75}} à {{date-|-72}} Ami de [[Cicéron]], il le soutient pendant la [[conjuration de Catilina]]. Il est peut-être [[censeur]] en {{date-|-61}}, avec [[Lucius Julius Caesar (consul en -64)|Lucius Julius Caesar]], et assure la défense de [[Publius Clodius Pulcher]] dans l'affaire des mystères de la ''[[Bona Dea]]''<ref>François Hinard, {{opcit}}, {{p.}}742.</ref>. Devenu un adversaire de [[Jules César]], il écrira un dialogue politique contre lui. Il meurt en l'an {{date-|-53}}

=== Jeunesse ===
Il n'est pas un partisan de César dans sa jeunesse<ref>François Hinard, {{opcit}}, {{p.}}651.</ref>. Il s'oppose en effet à la législation de celui-ci lors de son consulat en {{date-|-59}}<ref>Jean-Michel Roddaz, {{opcit}}, {{pp.}}777-778.</ref>. À l'instar de son père, il se lie d'amitié avec [[Cicéron]], qui fonde ses espoirs de renouveau sur de nouveaux hommes politiques respectueux des institutions républicaines traditionnelles<ref group=a>[[Cicéron]], ''[[Epistulae ad familiares]]'', {{II}}, 1-7.</ref>{{,}}<ref>[[Pierre Grimal]], ''Cicéron'', Texto, 1986, {{p.}}252.</ref>, et est reconnu comme étant un bon orateur<ref name=JMR778/>.

[[Pline l'Ancien]] attribue l'invention de l'[[amphithéâtre romain|amphithéâtre]] à Curion, qui a construit selon lui deux théâtres de bois que l'on fait pivoter pour ne former qu'un seul anneau avec une piste circulaire<ref group=a name=Pline>[[Pline l'Ancien]], ''[[Histoire naturelle (Pline l'Ancien)|Histoire Naturelle]]'', {{XXXVI}}, 15, 177.</ref>. Il construit cet édifice extravagant hors les murs en l'an {{date-|-52}}<ref name=FH527>François Hinard, {{opcit}}, {{p.}}527.</ref>, à l'occasion des jeux funèbres en l'honneur de son père<ref group=a name=Pline/>, y dépensant une fortune<ref name=FH527/>. Il devient alors le « nouveau favori de la plèbe<ref name=JMR777/> » mais il se couvre de dettes. Il prend la place de [[Publius Clodius Pulcher]] dans le cœur de la population, ce dernier ayant été assassiné au début de l'année, et il épouse aussi la veuve de Clodius, une femme de pouvoir, [[Fulvie]]<ref name=JMR777/>, dont il a peut-être une fille. [[Jean-Michel Roddaz]] le décrit comme étant « sans fortune, brillant bon à rien, un ingénieux criminel issu de la jeunesse dorée de Rome<ref name=JMR777/> ».

Le jeune [[Marc Antoine]] tombe vraisemblablement sous sa dépendance<ref>Pierre Renucci, ''Marc Antoine'', Perrin, 2015, {{pp.}}41 et 44.</ref>. Selon [[Plutarque]], Curion l'entraîne « dans la débauche des femmes et du vin, et lui fait contracter, par des dépenses aussi folles que honteuses, des dettes beaucoup plus fortes que son âge ne le comporte »<ref group=a>[[Plutarque]], ''[[Vies parallèles des hommes illustres]]'', Antoine, 2.</ref>. L'ennemi d'Antoine, [[Cicéron]], des années après la mort de Curion, est encore plus sévère sur les mœurs des deux jeunes gens dans sa ''[[Philippiques (Cicéron)#Deuxième_Philippique,_24_octobre_44|deuxième Philippique]]'', qui s'avère être un réquisitoire violent et même haineux contre Antoine, une attaque sur tous les plans, vie privée et publique, ancienne et récente : il l’accuse de débauche, de relations homosexuelles avec Curion, d’ivrognerie, de banqueroute financière, d’épousailles douteuses et de bêtise intellectuelle<ref group=a>[[Cicéron]], ''[[Philippiques (Cicéron)#Deuxième_Philippique,_24_octobre_44|Philippiques]]'', {{II}}.</ref>{{,}}<ref>Pierre Renucci, {{opcit}}, {{pp.}}41 et 45.</ref>, mais ses accusations doivent être prises avec beaucoup de prudence<ref>Pierre Renucci, {{opcit}}, {{p.}}45.</ref>.

=== Lieutenant de César ===

Après avoir été [[questeur (Rome antique)|questeur]] en [[Asie (province romaine)|Asie]], Curion est [[tribun de la plèbe]] en {{date-|-50}}, défendant le parti de [[Pompée]] contre celui de [[Jules César]]<ref group=a>[[Appien]], ''Guerres civiles, {{II}}, 26.</ref>. Il rallie cependant le camp de César en février lorsque celui-ci honore toutes ses dettes<ref group=a>[[Plutarque]], ''[[Vies parallèles des hommes illustres]]'', César, 32.</ref>{{,}}<ref name=JMR778/>, feignant d'abord d'être neutre et cherchant par ses propositions législatives à rompre avec Pompée<ref group=a>Appien, ''Guerres civiles, {{II}}, 27.</ref>. Lors de son tribunat Curion propose une législation sur la réparation des routes, une ''lex alimentaria''<ref group=a>[[Cicéron]], ''[[Epistulae ad familiares]]'', {{VIII}}, 6, 5.</ref> ainsi qu'un projet d'annexion du royaume de {{noble|Juba Ier de Numidie}}<ref group=a>[[Jules César]], ''[[Commentaires sur la Guerre civile|Guerre civile]]'', {{II}}, 25.</ref>{{,}}<ref name=JMR777/>. Ces mesures populaires le rapprochent de César, qui l'a soudoyé, mais [[Jean-Michel Roddaz]] souligne qu'il est « impulsif, sans scrupules, il n'a pas de principes de morale politique et surtout aucun objectif précis [...] ce qui plaisait le plus à Curion était de n'être concerné par rien<ref name=JMR777>[[Jean-Michel Roddaz]] dans [[François Hinard]] (dir.), ''Histoire romaine des origines à Auguste'', Fayard, 2000, {{p.}}777.</ref> ». Malgré ses frasques passées, et même son opposition passé, César a de la sympathie pour Curion et espère pouvoir tirer parti de ses talents oratoires. Curion devient effectivement l'avocat de César au Sénat<ref name=JMR778>Jean-Michel Roddaz, {{opcit}}, {{p.}}778.</ref>.

En décembre, Antoine est élu [[tribun de la plèbe]] pour l'année à venir, reprenant le rôle de défenseur de César dans cette magistrature comme Curion l'avait été l'année passée, ce dernier étant parti rejoindre César en Gaule<ref>Pierre Renucci, {{opcit}}, {{p.}}93.</ref>. Celui-ci fait l'intermédiaire entre César et le Sénat et remet à ce dernier un message conciliant le {{date-|1 janvier -49}}<ref>Pierre Renucci, {{opcit}}, {{p.}}94.</ref>. La proposition que les deux généraux se démettent ensemble du commandement est plutôt bien accueillie par les sénateurs, mais les consuls, ainsi que notamment [[Caton d'Utique|Caton]], s'y opposent avec virulence. Toujours par l’intermédiaire de Curion et Antoine, César tente une nouvelle proposition : il accepte de ne conserver que deux légions et le gouvernement de la [[Gaule cisalpine]] et de l’[[Illyrie]], pourvu qu’on accepte sa candidature au [[consul (Rome antique)|consulat]]. Malgré la recherche d’un compromis par [[Cicéron]], Caton refuse qu’un simple citoyen impose ses conditions à l’État, le nouveau consul Lentulus s’emporte et fait expulser du Sénat Curion, Cassius et Antoine par la force. Ces derniers quittent Rome et rejoignent César à [[Ravenne]]<ref>Jean-Michel Roddaz, {{opcit}}, {{pp.}}779-871.</ref>{{,}}<ref>Pierre Renucci, {{opcit}}, {{pp.}}94-96.</ref>.

[[Velleius Paterculus]], sénateur et historien proche de [[Tibère]], considère que c'est Curion qui fait échouer les conditions de paix entre Pompée et César, le décrivant comme « un homme noble, disert, audacieux, prodigue de son argent et de son honneur aussi bien que de ceux des autres ; naturellement pervers, il a une éloquence funeste à l’État. Aucune richesse, aucune passion ne pouvaient rassasier ses désirs<ref group=a>[[Velleius Paterculus]], ''Histoire romaine'', {{II}}, 48.</ref> ».

Après l'arrivée de César et de ses légions à Rome début {{date-|-49}}, Curion est l'un de ses lieutenants lors de la prise de contrôle de l'[[Italie]]<ref group=a>Jules César, ''Guerre civile'', {{I}}, 12-13.</ref>. César lui attribue le titre de [[propréteur]] et le commandement de quatre [[légion romaine|légions]] afin qu'il s'empare de la [[Sicile (province romaine)|Sicile]]<ref name=JMR784>Jean-Michel Roddaz, {{opcit}}, {{p.}}784.</ref>, pour y chasser Caton, puis de l'[[Afrique (province romaine)|Afrique]] dès que l'île sera soumise<ref group=a>Jules César, ''Guerre civile'', {{I}}, 30.</ref>. Caton, sans soutien en Sicile, doit fuir et Curion s'empare de la province<ref group=a>Jules César, ''Guerre civile'', {{I}}, 31.</ref>. En août, il passe en [[Afrique (province romaine)|Afrique]] avec [[Caius Asinius Pollio|Asinius Pollion]]<ref name=JMR788/> et [[Caius Caninius Rebilus (consul en -45)|Caius Caninius Rebilus]]. Trop confiant et tenant le gouverneur d'Afrique [[Publius Attius Varus]] en piètre estime, Curion ne prend avec lui que deux des quatre légions qu'on lui avait confiées pour cette campagne<ref group=a>Jules César, ''Guerre civile'', {{II}}, 23.</ref>. Son armée est composée de légions composées essentiellement de clients de [[Lucius Domitius Ahenobarbus (consul en -54)|Lucius Domitius Ahenobarbus]], le seul « Républicain » à avoir tenté de résister à César en Italie, et dont les troupes ont dû se rendre. César leur a fait prêter allégeance et les a mises sous les ordres de Curion<ref name=JMR784/>. Malgré le fait que ces hommes se retrouvent à combattre contre les « Républicains » en Afrique, parfois contre d'anciens camarades, ils restent fidèles à Curion, qui fait parler ses talents d'orateur<ref group=a>Jules César, ''Guerre civile'', {{II}}, 27-33.</ref>.

[[File:Curios African Campaign 49 BC.JPG|thumb|Carte de la campagne d'Afrique de Curion<ref>T. Rice Holmes, ''The Roman Republic and the Founder of the Empire'', {{noble-|Vol. III}}, Map outlining Curio's African Campaign of 49 BC.</ref>.]]

Le {{date-|20 août -49}}, Curion mène son armée dans une attaque audacieuse et difficile, déroutant rapidement l'armée du gouverneur Varus qui est blessé<ref group=a>Jules César, ''Guerre civile'', {{II}}, 34-35.</ref>{{,}}<ref group=a>Appien, ''Guerres civiles, {{II}}, 44.</ref>. Il met ensuite le siège devant [[Utique]], avant de se préparer à affronter l'armée numide qui marche sur lui<ref group=a>Jules César, ''Guerre civile'', {{II}}, 36-37.</ref>. Le 24 août, lors de la [[Bataille de Bagradas (49 av. J.-C.)|bataille de Bagradas]], sur la rivière [[Medjerda|Bagradas]] près d'Utique<ref>Jean-Michel Roddaz, {{opcit}}, {{pp.}}784 et 788.</ref>, encouragé par ces premiers succès, Curion attaque ce qu'il croit n'être qu'un détachement de cavaliers [[numidie|numides]] de l'armée de {{noble|Juba Ier de Numidie}}, alliés aux pompéiens. En réalité, le gros des forces de Juba est là et, après un succès initial, les soldats de Curion sont encerclés et annihilés par le chef de l'armée de Juba, Saburra, malgré une tentative insensée et présomptueuse de Curion<ref group=a>Jules César, ''Guerre civile'', {{II}}, 38-40.</ref>{{,}}<ref group=a name=App45>Appien, ''Guerres civiles, {{II}}, 45.</ref>. Asinius Pollion a pu se retirer avec une minorité de soldats, pour se replier sur le camp d'Utique et éviter que Varus ne les prenne de revers<ref group=a name=App45/>. Curion, acculé avec les restes de sa troupe sur une colline, est tué ou se suicide dans la bataille, après avoir bravement combattu<ref name=JMR788>Jean-Michel Roddaz, {{opcit}}, {{p.}}788.</ref>.

C'est un désastre pour les césariens, l'Afrique est perdue et seuls quelques hommes, dont Asinius Pollion et Caninius Rebilus, réussissent à s'échapper<ref group=a>Jules César, ''Guerre civile'', {{II}}, 38-44.</ref>{{,}}<ref group=a name=App46>Appien, ''Guerres civiles, {{II}}, 46.</ref>{{,}}<ref name=JMR788/>. Le roi Juba fait exécuter les prisonniers<ref group=a name=App46/>. Curion a commis bien des erreurs dans sa campagne, mais il est mort vaillamment à la tête de ses troupes<ref name=JMR788/>.

Sa veuve [[Fulvie]] épousera [[Marc Antoine]]<ref>Jean-Michel Roddaz, {{opcit}}, {{p.}}798.</ref>.

== Bibliographie ==

* [[Yann Le Bohec]], « L'expédition de Curion en Afrique: étude d'histoire militaire », dans M. Khanoussi, P. Ruggeri, C. Vismara éd., ''L’Africa romana. Ai confini dell’Impero: contatti, scambi conflitti. Atti del {{XV}} convegno di studio. Tozeur, 11-15 dicembre 2002'', Rome, Carocci editore, 2004, {{III}}, {{p.}}1603-1615 [http://www.dirittoestoria.it/8/Memorie/Africa_Romana/Le-Bohec-Expedition-Curion-Afrique.htm Lire en ligne].

== Références ==

* Sources modernes

{{Références|colonnes=3}}

* Sources antiques

{{Références|colonnes=3|groupe=a}}

{{portail|Rome antique}}

{{DEFAULTSORT:Scribonius Curion, Caius}}
[[Catégorie:Tribun de la plèbe du Ier siècle av. J.-C.]]
[[Catégorie:Décès en 49 av. J.-C.]]
[[Catégorie:Personnage cité dans la Divine Comédie (Enfer)]]