Carmen (Théophile Gautier)

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Carmen
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Carmen est un poème publié en 1852 par Théophile Gautier.

Il s'inscrit dans le recueil Émaux et Camées[1].

Texte[modifier | modifier le code]

Carmen est maigre - un trait de bistre

Cerne son œil de gitana ;

Ses cheveux sont d'un noir sinistre ;

Sa peau, le diable la tanna.

Les femmes disent qu'elle est laide,

Mais tous les hommes en sont fous ;

Et l'archevêque de Tolède

Chante la messe à ses genoux ;

Car sur sa nuque d'ambre fauve

Se tord un énorme chignon

Qui, dénoué, fait dans l'alcôve

Une mante à son corps mignon,

Et, parmi sa pâleur, éclate

Une bouche aux rires vainqueurs,

Piment rouge, fleur écarlate,

Qui prend sa pourpre au sang des cœurs.

Ainsi faite, la moricaude

Bat les plus altières beautés,

Et de ses yeux la lueur chaude

Rend la flamme aux satiétés.

Elle a dans sa laideur piquante

Un grain de sel de cette mer

D'où jaillit nue et provocante,

L'âcre Vénus du gouffre amer.

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Carmen », sur Poemes, (consulté le )