Voir la source de Bibliomancie

[[File:Illuminated.bible.arp.jpg|thumb|Bible ancienne ouverte]]
La '''bibliomancie''' (du [[grec ancien|grec]] ''βιϐλία'' [biblia] : livre  et ''μαντεία'' [manteia] : divination) est une [[divination|pratique divinatoire]] consistant à ouvrir au hasard un écrit (livre sacré, recueil de poésie, etc.) et à tirer de la lecture d'un passage, également sélectionné au hasard, une prédiction ou une décision. Lorsque le livre choisi est un recueil de poésies, ce procédé est parfois appelé '''stichomancie''' (du grec ''στιχος'' [stichos] : vers) ou, plus rarement, '''rhapsodomancie''' (du grec ''ῥαψῳδός'' [rhapsōdos] : récitation)<ref>Collin de Plancy, ''Dictionnaire infernal'', {{6e|édition}}, H. Plon, Paris, 1863 {{p.|580}} [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5754923d/f590.image Lire en ligne]</ref>.

On qualifie souvent de bibliomancie des techniques proches, telles que les ''sortes homericœ'' (sorts homériques)  et les ''sortes virgilianœ'' (sorts Virgiliens) de l'antiquité, les ''Sortes Sanctorum'' (sorts des saints) du monde chrétien, le ''Fal'' (bonne parole) des musulmans de Perse, etc. 
 
== Bibliomancie ==
Les termes de bibliomancie, ou de stichomancie lorsque le texte est en vers, recouvrent diverses pratiques qui ont comme point commun le fait que la lecture au hasard d'un fragment de texte, sacré ou profane, apporte la réponse à une question ou décide d'une action. Ces pratiques remontent à l'antiquité et se sont perpétuées jusqu'à nos jours sous des formes diverses.
: « Cette manière de connaitre l'avenir, ou de s'instruire de la volonté du Ciel, a sans doute tiré son origine de l'usage où étaient la plupart des prêtres des Oracles de répondre en vers à ceux qui les consultaient ; elle a régné longtemps dans le paganisme, chez les Grecs comme chez les Romains, d'où il semble qu'elle a passé aux Chrétiens parmi lesquels elle s'est conservée pendant une longue suite de siècles. »<ref>Abbé du Resnel, ''Recherches historiques...'' in ''Histoire de l'Académie royale des inscriptions et belles-lettres'', Imprimerie royale, Paris, [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57210454/f294.image Lire en ligne]</ref>

== Sorts homériques ou virgiliens ==
[[Image:RomanVirgilFolio014rVergilPortrait.jpg|thumb|right|220px|''[[Vergilius romanus]]'', manuscrit des œuvres de [[Virgile]] datant du {{s|V}}]]
L'antiquité avait recours à l'usage des « sorts homériques » (''sortes homericœ'') ou des « sorts virgiliens » (''sortes virgilianœ''), procédé consistant à choisir au hasard un passage d'un des poèmes d'[[Homère]] ou de [[Virgile]] et de tirer de l'interprétation d'un vers la réponse à la question posée. Cette stichomancie était fréquemment utilisée durant l'[[Empire romain]] comme en témoigne  ou au {{IVe siècle}} [[Augustin d'Hippone|Saint Augustin]] :
:« Puisqu’il arrive souvent, disait Vindicien, qu’en ouvrant à l’aventure le livre d’un poète avec l’intention d’y trouver quelque lumière dont on a besoin, on tombe sur tel vers qui s’accorde merveilleusement avec ce que l’on y cherche, bien qu’en le composant ce poète eût, sans doute, tout autre chose dans l’esprit, il ne faut pas s’étonner si, poussé par quelque instinct secret qui le maîtrise et sans même savoir ce qui se passe en lui, par pur hasard enfin et non par sa propre science, les réponses d’un homme s’accordent quelquefois avec les actions et les aventures d’un autre homme qui vient l’interroger. » — ''[[Les Confessions de Saint Augustin|Les Confessions]]'', Livre IV, Chap. 3.

[[François Rabelais]] consacre le chapitre X du ''[[Tiers Livre]]''<ref>François Rabelais, ''Pantagruel'' II-X [https://books.google.fr/books?id=vAY6AAAAcAAJ&dq=%22comment%20pantagruel%20transporta%22&hl=fr&pg=PA65#v=onepage&q=%22comment%20pantagruel%20transporta%22&f=false Lire en ligne]</ref> à ce procédé et aux divers emplois qu'en auraient fait [[Socrate]]<ref group="N">Socrate n'a pas cherché dans un livre mais a entendu les vers dans un songe</ref> et de nombreux empereurs romains : [[Macrin|Opellius Macrinus]], [[Sévère Alexandre|Alexandre Sévère]], [[Hadrien|Adrian]], [[Trajan]], etc.

[[Alfred de Musset]] (1810-1857) les pratiquaient encore au {{s|XIX}}. Selon son frère [[Paul de Musset]] : {{citation|L'auteur avait un goût particulier pour les oracles virgiliens. Il s'amusait souvent à en tirer non seulement dans Virgile mais dans toutes sortes de livres. Le poète qu'il consultait avec le plus de confiance était [[Shakespeare]]}}<ref>Alfred de Musset, ''La Confession d'un enfant du siècle'' Chapitre IX, Note 3 [https://books.google.fr/books?id=knVansretQAC&lpg=PT87&dq=bibliomancie&hl=fr&pg=PT87#v=onepage&q=bibliomancie&f=false Lire en ligne]</ref>.

== ''Bath-Kol'' ==
Au sujet des ''sortes homericœ'' et des ''sortes virgilianœ'', [[Alfred Maury]] avance que {{Citation|Ce mode de consultation de l'avenir était un reste de celui que les Hébreux appelaient ''Bath-Col''.}}<ref>[[Alfred Maury]], ''La magie et l'astrologie dans l'antiquité et au moyen-âge'', Didier et Cie, Paris, 1860 {{p.|156}} [https://books.google.fr/books?id=dGZD0v2h7AUC&dq=intitle%3Ala%20intitle%3Amagie%20intitle%3Aet%20intitle%3Al'astrologie%20intitle%3Adans%20intitle%3Al'antiquit%C3%A9&hl=fr&pg=PA156#v=onepage&q=Sortes&f=false Lire en ligne]</ref>. Or, dans le Talmud, le ''Bath-Kol'' (fille de la voix, en [[Hébreu]]: ''בּת קול'') n'est pas un texte mais une voix céleste qui transmet la volonté divine. Dans la pratique, il s'agit en général d'une voix entendue au hasard disant un texte ayant une relation avec un évènement en cours<ref>[[Augustin Calmet]], ''Dictionnaire historique, archéologique, philologique, chronologique, géographique et littéral de la Bible'', Tome 1, Ateliers catholiques, Paris, 1845 {{p.|769-770}} [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63191915/f501.image Lire en ligne]</ref>. C'est une manifestation de ce type qui est à l'origine de la conversion de [[Augustin d'Hippone|saint-Augustin]] en 386. Dans ses [[Les Confessions (saint Augustin)|Confessions]] il raconte, qu'alors qu'il était plongé dans une profonde affliction sous un figuier, il entendit une voix juvénile qui chantonnait « prends lis, prends lis ». Il y vit un message :  {{Citation|Je réprimai l’essor de mes larmes, et je me levai, et ne vis plus là qu’un ordre divin d’ouvrir le livre de l’Apôtre, et de lire le premier chapitre venu.}}<ref>Saint Augustin, Confessions, VIII-12;22 [http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/augustin/confessions/livre8.htm#_Toc509574279 Lire en ligne sur le site de l'abbaye Saint-Benoit]</ref>

== Bible et évangiles ==
[[File:Dagulf-Psalter-Faksimile.jpg|thumb|Psautier]]
Dès le {{s-|IV|e}}, et durant le [[Haut Moyen Âge]], les clercs pratiquaient fréquemment le tirage au sort d'un passage des [[Saintes Écritures]] pour orienter leurs choix<ref name="Boudet">Jean-Patrice Boudet, ''Entre science et nigromancie : Astrologie, divination et magie dans l'Occident médiéval (XIIe-Xve siècle)'', Publications de la Sorbonne, collection Histoire ancienne et médiévale, 2006 {{ISBN|978-2859445447}} {{p.|95-96}}</ref>. En 625, c'est en pratiquant la bibliomancie sur les évangiles que l'[[Liste des empereurs byzantins|empereur]] [[Empire byzantin|byzantin]] [[Héraclius]] décida que c'est en Albanie qu'il ferait stationner ses troupes pour l'hiver<ref>[[Augustin Calmet]], ''Histoire universelle sacrée et profane depuis le commencement du Monde'' Tome 6, Jean Renault Doulssecker, Strasbourg, 1740 {{p.|495}} [https://books.google.fr/books?id=cMdWg-w6JtIC&lpg=PA495&ots=xTlz4Y5izS&dq=h%C3%A9raclius%20%C3%A9vangiles%20troupes&hl=fr&pg=PA495#v=onepage&q=h%C3%A9raclius%20%C3%A9vangiles%20troupes&f=false Lire en ligne]</ref>. Plus tardivement, le tirage au sort de passages des évangiles pour décider de l'intronisation de quarante-deux évêques est attesté en Angleterre entre 1070 et 1129<ref name="Boudet"/>.

Dans de grandes occasions, on procédait de façon solennelle : on plaçait sur l'autel, le [[psautier]], les [[évangiles]] et le [[missel]] et, à l'issue de la [[messe]], on ouvrait au hasard les trois livres pour en extraire un passage. On considérait que l'oracle était parfait lorsque les trois textes concordaient<ref>[[Jacques Paul Migne|Abbé Migne]], ''Dictionnaire des prophéties et des miracles'' T2, Migne, Paris, 1855 {{p.|1053}} [https://books.google.fr/books?id=gBgoAAAAYAAJ&dq=%22j'aime%20mieux%20voir%20le%20peuple%20chr%C3%A9tien%22&hl=fr&pg=RA2-PT455#v=onepage&q=%22j'aime%20mieux%20voir%20le%20peuple%20chr%C3%A9tien%22&f=false Lire en ligne]</ref>. 

Au {{s-|XVIII|e}}, le [[prêtre anglican]] [[John Wesley]] (1703-1791), fondateur de [[Méthodisme|l'Eglise méthodiste]] pratiquait la bibliomancie : {{Citation|...souvent il ne se déterminait dans sa conduite que d'après le passage de la Bible que le hasard lui avait offerte.}}<ref>''Revue Britannique'', Tome 6 {{4e|série}}, Paris, 1836 {{p.|185}} [https://books.google.fr/books?id=o1X9juGkyCsC&dq=bibliomancie&hl=fr&pg=PA185#v=onepage&q=bibliomancie&f=false Lire en ligne]</ref>

== Sorts des saints ou des apôtres ==
[[Fichier:Papa Gelasio I.jpg|thumb|Le pape Gélase {{Ier}} qui classa les sort des saints parmi les apocryphes]]
Les sorts des saints (''Sortes sanctorum''), également appelés sorts des apôtres (''Sortes apostolorum'') semblent directement hérités des sorts Virgiliens de l'antiquité. Bien que souvent confondue avec la pratique consistant à ouvrir au hasard un livre canonique, les sorts des saints étaient des ouvrages spécifiques, composés de sentences faussement attribuées aux saints ou aux apôtres, dont le choix au hasard était censé donner la réponse à la question posée. C'est bien un livre spécifique que le pape [[Gélase Ier]] classa dans les ouvrages apocryphes en 494<ref>''Liber qui appellatur Sortes sanctorum, apocryphus'' (Le livre qui est appelé sort des saints, apocryphe) [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55103527/f89.image Lire en ligne]</ref>.  

Un exemplaire écrit en provençal, daté de la fin du {{s|XIII}}, a été découvert au cours d'une démolition à [[Cordes-sur-Ciel|Cordes]] à la fin du {{s|XIX}}. Il commence par une longue prière qui se termine par « Ce sont ici les sorts des apôtres ». Suivent cinquante-sept sentences qui correspondent chacune à un fil de couleur. On choisissait un fil au hasard et le texte correspondant était censé apporter la réponse à la question posée<ref>[[Félix Rocquain]], ''Les sorts des saints ou des apôtres'', in ''Bibliothèque de l'École des Chartes'' XLI, Alphonse Picard, Paris, 1880 {{p.|459}} et suivantes [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k124164/f461.image Lire en ligne]</ref>.

D'autres ouvrages d'oracles ont été également utilisés dans l'occident chrétien, tels que les ''Sorts de Saint-Gall'' au {{s-|VII|e}} ou les ''sortes XII Patriarchum, Prenostica Pitagorice et Prenostica Socratis Basilei'' aux {{s2-|XII|e|XIII|e}}<ref name="Boudet"/>.

== Condamnations de l’Église ==
: « Parmi les pratiques diverses de la divination il en est un à l'égard de laquelle les hommes les plus recommandables hésitèrent entre le préjugé et la loi, et à l'égard de laquelle le préjugé l'emporta durant longtemps sur la raison et la loi : nous voulons parler du sort des saints, douce et innocente superstition que rien ne saurait rendre légitime, il est vrai, mais à laquelle la piété sincère et la simplicité de foi qui l'inspirait, peuvent servir d'excuse<ref>[[Jacques Paul Migne|Abbé Migne]],''Dictionnaire des prophéties et des miracles'' T2, Migne, Paris, 1855 {{p.|1052}} [https://books.google.fr/books?id=gBgoAAAAYAAJ&dq=%22j'aime%20mieux%20voir%20le%20peuple%20chr%C3%A9tien%22&hl=fr&pg=RA2-PT454#v=onepage&q=%22j'aime%20mieux%20voir%20le%20peuple%20chr%C3%A9tien%22&f=false Lire en ligne]</ref>. »
   
L’Église condamna ces pratiques à de nombreuses reprises. En 409 [[Gaudence de Brescia]] considéra que les ''sorts'' faisaient partie de l’idolâtrie.  Dès 461, le [[concile de Vannes]] promulgua dans son {{XVIe}} canon : {{Citation|Sous peine d'excommunication, les clercs ne doivent se livrer à la divination par le sort des saints et la sainte écriture.}} L'interdiction du concile de Vannes fut reprise dans le {{XLIIe}} canon du Concile d'Agde en 506 : {{Citation|S'il se trouve des clercs ou des laïques qui, sous le voile de la religion, et au moyen de ce qu'ils appellent faussement les sorts des saints, (''quas mentiuntur sortes sanctorum''), exercent l'art de la divination et promettent de faire connaître l'avenir que tout clerc ou laïque, convaincu d'avoir enseigné cet art ou de l'avoir exercé, soit excommunié}}<ref>[[Félix Rocquain]], ''Les sorts des saints ou des apôtres'', in ''Bibliothèque de l'École des Chartes'' XLI, Alphonse Picard, Paris, 1880 {{pp.|457-464}} [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k124164/f459.image Lire en ligne]</ref>, par le premier [[Concile d'Orléans (511)|concile d'Orléans]] en 511 
dans son {{XXXe}} canon : {{Citation|Soient excommuniés ceux qui observent les divinations, les augures ou les sorts appelés faussement les sorts des saints}} et par le premier synode diocésain d'Auxerre en 565.

Ces fortes interdictions ne semblent pas avoir été suivies de beaucoup d'effet car, encore en 1310, le synode de Trêves stipule dans un de ses canons : {{Citation|Que personne ne promette de faire connaître l'avenir, soit au moyen de ce qu'on appelle les sorts des saints ou des apôtres, soit par l'inspection d'une écriture quelconque.}}

== Dans le monde arabo-musulman ==
[[File:Surat An-Najm.jpg|thumb|Coran ouvert]]
Bien que la divination soit condamnée par l'Islam, il existe une pratique dite «'' fal ''» (bonne parole) qui est attestée au {{s-|XVI|e}} sous la dynastie [[Séfévides]] en [[Empire perse|Perse]] (Iran), et aussi dans les traditions [[Empire ottoman|ottomanes]] [[Sunnisme|sunnites]] à la même période, et poursuivie au moins jusqu'au {{s-|XIX|e}}. Le ''fal'', ou ''istikhar'', consiste à ouvrir au hasard un livre de poèmes, en particulier ceux du poète persan [[Hafez (poète)|Hafez]] ({{s-|XIV|e}}) et d'en tirer un présage<ref>[[James Morier]], ''Voyages en Perse'' III, [[Nepveu (libraire-éditeur) |Nepveu]], Paris, 1813, {{p.|57}} [https://books.google.fr/books?id=032EQ0NWKQkC&dq=istikhar&hl=fr&pg=PA57#v=onepage&q=istikhar&f=false Lire en ligne]</ref>. {{citation|Le poète Hafez se prête très facilement à ce genre d'interprétation à cause de la nature mystique de sa poésie et de la commodité qu'on a à isoler les vers de ses ''gazela'' en leur prêtant un sens plus ou moins approprié à la question qu'on pose.}}<ref name="Larousse">Pierre Larousse, ''Grand dictionnaire universel du XIXe siècle'', Tome 2, Larousse, Paris  {{p.|686}}  [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50724x/f694.image Lire en ligne]</ref>. Les ouvrages de [[Djalâl ad-Dîn Rûmî]] sont aussi fréquemment utilisés à cette fin.     

On peut également ouvrir au hasard un [[Coran]], soit pour en tirer directement un verset<ref group="N">C'est la méthode utilisée pour décider du sort de [[Michel Strogoff]] dans le roman éponyme de [[Jules Verne]]</ref>, soit pour en extraire une lettre qui renvoie à une liste de distiques (couplets) ajoutés à la fin de l'ouvrage et considérés comme étant la réponse à la question posée<ref>Bibliothèque numérique mondiale - Divination par le Coran [http://www.wdl.org/fr/item/6786/ Lire en lign]</ref>. La lecture directe du Coran doit se faire d'une façon précise : le musulman doit préalablement procéder aux ablutions rituelles. Puis, après avoir ouvert le Coran au hasard, il doit lire la septième ligne du feuillet droit, puis la septième ligne de la septième page avant et après. C'est de l'interprétation de la combinaison de ces trois lignes que ressort le présage<ref name="Larousse"/>. Le Fâlnâmeh est un manuel abrégé de bibliomancie qui indique les valeurs divinatoires des lettres de l’alphabet<ref>Catalogue de l'exposition du musée du Louvre, ''Chefs-d’œuvre islamique de l'Agha Khan Museum'', éditions du musée du Louvre, 2007 {{ISBN|978-2-35031-132-6}} {{p.|64}} [http://www.akdn.org/museum/catalogues/louvre.pdf Lire en ligne]</ref>.

== L'ange des bibliothèques ==
Dans un ouvrage paru en 1972, l'écrivain [[Arthur Koestler]] mentionne quelques exemples d'un phénomène qu'il appelle « l'ange des bibliothèques »<ref>Arthur Koestler, ''Le Hasard et l’Infini'', Tchou, collection PSI, 1973 {{pp.|10-16}} {{ISBN|2-7107-0048-4}}</ref>. Si, dans les exemples qu'il relate, il y a bien une relation avec un écrit, il s'agit en général de coïncidences relevant de la [[synchronicité]] et non de la recherche délibérée d'une réponse à un questionnement.

== Bibliomancie amusante ==
[[File:Gaufrettes à messages.jpg|thumb|Gaufrettes à messages]]
Certaines [[gaufrette]]s portent des messages qui peuvent être interprétées comme des sentences s'appliquant à leur lecteur. C'est aussi parfois le cas sur des emballages de bonbons ou de morceaux de sucre.

== Méthode de dépistage des sorciers ==
Dans son [[Dictionnaire infernal]] (1863), [[Collin de Plancy]] indique, sans préciser ses sources, que ce terme recouvrait également une pratique très différente : on plaçait un livre sur le plateau d'une balance et un suspect sur l'autre plateau. S'il était plus lourd que le livre, il était déclaré sorcier ou magicien<ref>Collin de Plancy, ''Dictionnaire infernal'', {{6e|édition}}, H. Plon, Paris, 1863 {{p.|97}} [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5754923d/f108.image Lire en ligne]</ref>.

== Dans la littérature ==
L'usage de la bibliomancie est rapporté dans de nombreux romans :

Dans le ''[[Tiers Livre]]'', Panurge cherche à prédire le sort de son mariage à l’aide des vers virgiliens sur les conseils de Pantagruel : 
: « Apportez-moi les œuvres de Virgile, et, par trois fois avec l'ongle les ouvrant, explorerons, par les vers du nombre entre nous convenu, le sort futur de votre mariage », ''Tiers Livre'', chap. X

[[Alfred de Musset]] a recours à la bibliomancie dans [[La Confession d'un enfant du siècle (roman)|La Confession d'un enfant du siècle]] (1836) :
: « Je saisis une vieille Bible qui était sur ma table, et l’ouvris au hasard. « Réponds-moi, toi, livre de Dieu, lui dis-je, sachons un peu quel est ton avis. » »<ref>Alfred de Musset, ''La Confession d'un enfant du siècle'' [https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Musset_-_La_Confession_d%E2%80%99un_enfant_du_si%C3%A8cle,_1840.djvu/64 Lire en ligne]</ref>
[[File:Michel Strogoff Jugement.jpg|thumb|La sentence condamnant Michel Strogoff tirée d'un verset du Coran ]]

Dans le roman de [[Wilkie Collins]] ''[[La Pierre de lune (roman de Wilkie Collins)|La Pierre de lune]]'' (1868), le narrateur Gabriel Bettredge, fervent admirateur de [[Daniel Defoe]], emploie la bibliomancie en lisant au hasard des passages de ''[[Robinson Crusoé]]''.

Dans le roman de [[Jules Verne]] ''[[Michel Strogoff]]'' (1876) :
: « L'émir fit alors un geste devant lequel se courba toute la foule. Puis, il désigna de la main le [[Coran|Koran]], qui lui fut apporté. Il ouvrit le livre sacré et posa son doigt sur une des pages. C'était le hasard, ou plutôt, dans la pensée de ces Orientaux, Dieu même qui allait décider du sort de Michel Strogoff. Les peuples de l'Asie centrale donnent le nom de « fal » à cette pratique. Après avoir interprété le sens du verset touché par le doigt du juge, ils appliquent la sentence, quelle qu'elle soit. L'émir avait laissé son doigt appuyé sur la page du Koran. Le chef des ulémas, s'approchant alors, lut à haute voix un verset qui se terminait par ces mots : ''Et il ne verra plus les choses de la terre.'' »<ref>Jules Verne, ''Michel Strogoff'', 1905, Partie 2, Chapitre 4, {{p.|228}} [https://fr.wikisource.org/wiki/Michel_Strogoff/Partie_2/Chapitre_4 Lire en ligne]</ref>
Un autre emploi est donné par Jules Verne dans un passage de son  roman ''[[L'Île mystérieuse]]'' (1874) :
:« Monsieur Cyrus, je suis superstitieux. Ouvrez au hasard l'[[Évangile]], et lisez-nous le premier verset qui tombera sous vos yeux. Nous verrons s'il s'applique à notre situation. »<ref>Jules Verne, ''L'Île mystérieuse '', {{2e|partie}} fin du chapitre II [https://books.google.fr/books?id=ExrKLwbwIucC&lpg=PT279&ots=M07PB0-OYX&dq=Monsieur%20Cyrus%2C%20je%20suis%20superstitieux.&hl=fr&pg=PT279#v=onepage&q=Monsieur%20Cyrus,%20je%20suis%20superstitieux.&f=false Lire en ligne]</ref>
[[Victor Cherbuliez]] fait référence à la stichomancie dans ''Après fortune faite'' (1896) :
: {{citation|...il trouva {{Mme}} Wheeler assise dans un fauteuil, tenant sa grande Bible sur ses genoux. Elle croyait, comme Whitefield, à la stichomancie. Ouvrant le livre saint au hasard, elle tirait du premier verset qui lui tombait sous les yeux des inductions sur le succès on l'insuccès de ses entreprises.}}<ref>[[Victor Cherbuliez]], ''Après fortune faite'', Libraire Hachette, Paris, 1896 {{p.|214}} [https://archive.org/stream/aprsfortunefa00cher/aprsfortunefa00cher_djvu.txt Lire en ligne]</ref>

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{references|groupe="N"|colonnes=2}}

=== Références ===
{{Références|colonnes=2}}

== Annexes ==
=== Bibliographie ===
* [[Jean-François Du Resnel du Bellay|Abbé du Resnel]], ''Recherches historiques sur les sorts...'', in ''Histoire de l'Académie royale des inscriptions et belles-lettres'' T21, Imprimerie royale, 1754  {{pp.|287-310}} [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57210454/f294.image Lire en ligne].
* Nicolas Gaillard, ''Les sorts des saints'' in ''Mémoires de la société des antiquaires de l'ouest'' T1, Saurin frères, Poitiers, 1835 {{p.|59-74}} [https://books.google.fr/books?id=aqsXAAAAYAAJ&lpg=PA59&ots=vdo5ZYDz79&dq=%22sorts%20des%20saints%22&hl=fr&pg=PA59#v=onepage&q=%22sorts%20des%20saints%22&f=false Lire en ligne]
* {{la}} [[Charles du Fresne, sieur du Cange|Du Cange]] ''Glossarium mediæ et infimæ latinitatis'', Tome 6, Firmin-Didot, Paris, 1846 ''Sortes sanctorum'' {{p.|304}} [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k61139831/f315.image Lire en ligne].
* Bruno Dusan, ''Les sorts des apôtres'' in ''Revue archéologique du midi de la France'' Volume 1 N° 10 et 11, Rives et Faget, Toulouse, 1866-1867 {{p.|223-237}} [https://books.google.fr/books?id=muNZAAAAYAAJ&dq=bibliomancie&hl=fr&pg=PA229#v=onepage&q=bibliomancie&f=false Lire en ligne]
* [[Félix Rocquain]], ''Les sorts des saints ou des apôtres'', in ''Bibliothèque de l'École des Chartes'' XLI, Alphonse Picard, Paris, 1880 {{pp.|457-464}} [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k124164/f459.image Lire en ligne].
* [[Émile Nourry|Pierre Saintyves]], ''En marge de la Légende dorée : songes, miracles et survivances'', Émile Nourry, Paris 1930 {{commentaire biblio|Chapitre X ''Les sorts de saints et leurs modèles païens'' {{p.|359-409}} [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k54287131/f370.image Lire en ligne]}}
* Harry Gamble, ''Livre et lecteurs aux premiers temps du christianisme'', Labor et Fides, collection Christianismes antiques, Genève, 2012 {{p.|324}} et suivantes {{ISBN|978-2830914641}} [https://books.google.fr/books?id=oGOdWXxix6EC&lpg=PA325&dq=bibliomancie&hl=fr&pg=PA324#v=onepage&q=bibliomancie&f=false Lire en ligne].
* Anonyme, ''Les Sortes sanctorum : Etude, édition critique et traduction'', éditions Classiques Garnier, Textes Littéraires, 2013 {{ISBN|978-2812417245}}

=== Articles connexes ===
* [[Art divinatoire]]

=== Liens externes ===
* [http://divinatoire.unicorne.com/stichomancie/historique.html Historique de la Stichomancie sur le site unicorne.com]

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[[Catégorie:Art divinatoire]]