Ajournement
L'ajournement d'une partie d'échecs est une procédure d'interruption de cette partie qui doit être reprise ultérieurement. De nos jours, cette pratique est inusitée en raison des nouvelles cadences de jeu en compétition, qui prévoient qu'une partie ne dure guère plus d'une demi-journée. Toutefois, une partie jouée avec une cadence à incrément peut dépasser le temps maximum que l'organisateur avait prévu ; il faut alors l'ajourner.
Modalités
[modifier | modifier le code]Le joueur qui a le trait à la fin de la session de jeu inscrit son coup sur sa feuille de partie (sans le jouer sur l’échiquier). Les feuilles de partie des deux joueurs sont insérées dans une enveloppe qui est cachetée, signée par les deux joueurs et conservée par l’arbitre. Après l’ajournement, le coup inscrit sur la feuille est joué sur l’échiquier[1]. Grâce à cette procédure, aucun des deux joueurs ne connaît la position exacte qui surviendra lorsqu’il sera au trait quand la partie sera reprise.
Un exemple d'ajournement fameux dans l'histoire
[modifier | modifier le code]a | b | c | d | e | f | g | h | ||
8 | 8 | ||||||||
7 | 7 | ||||||||
6 | 6 | ||||||||
5 | 5 | ||||||||
4 | 4 | ||||||||
3 | 3 | ||||||||
2 | 2 | ||||||||
1 | 1 | ||||||||
a | b | c | d | e | f | g | h |
En 1962, à l'Olympiade de Varna, le champion du monde Mikhaïl Botvinnik était au premier échiquier de l'URSS contre Bobby Fischer, qui jouait pour les États-Unis[2]. Au plus fort de la guerre froide, cette confrontation entre l’URSS et les États-Unis était lourde de symboles. Cette partie est aussi restée dans l'histoire car elle a été la seule rencontre sur l'échiquier entre les deux grands maîtres. Elle a été ajournée (les Noirs ont dû sceller un coup sous enveloppe, et les Blancs ont eu la nuit pour analyser tous les coups hypothétiques des Noirs) avec la position suivante :
a | b | c | d | e | f | g | h | ||
8 | 8 | ||||||||
7 | 7 | ||||||||
6 | 6 | ||||||||
5 | 5 | ||||||||
4 | 4 | ||||||||
3 | 3 | ||||||||
2 | 2 | ||||||||
1 | 1 | ||||||||
a | b | c | d | e | f | g | h |
Voici l'annotation par Botvinnik[3] :
« Je n'ai pas été gêné par la variante 45...Tc4 en raison de l'immédiat 46. a5 bxa5 (ou 46...b5 47. Tf7) 47. Tf7 a6 48. h4+ Rh6 49. Td7 avec match nul.
45...Rh6 46. Td3 Tc5 47. h4 Ta5 48. Td4 n'est pas non plus dangereux pour les Blancs.
Mais que doivent faire les Blancs après 45...Tc5 ? »
Un coup de problème
[modifier | modifier le code]C'est Efim Geller, de l'équipe d'URSS, qui a trouvé au bout de la nuit la solution annulante : 45...Tc5 46. Tf7 Ta5 47. Txh7!!
Postérité
[modifier | modifier le code]Cette finale a donné lieu à de nombreuses analyses postérieures[4] pour établir qu'il y avait bien partie nulle.
Références
[modifier | modifier le code]- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Glossaire du jeu d'échecs » (voir la liste des auteurs).
- [PDF] « Directives au cas où une partie doit être ajournée » Livre de l'arbitre, page 18, sur le site de la fédération française des échecs.
- Partie commentée sous Chessgames.com
- Annotations par Botvinnik
- Analyses postérieures de la finale