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Bull Gamma 3

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Bull Gamma 3
Vue intérieure du Gamma 3, montrant les alimentations sur la gauche, et les tiroirs de circuits électroniques sur la droite
Fabricant
Compagnie des Machines Bull
Date de sortie
1952
Date de retrait
1962
Fonctions
Type
Calculateur électronique, puis ordinateur (Gamma ET)
Génération
Première génération
Unités vendues
Plus de 1200
Caractéristiques
Alimentation
3 x 220V (unité centrale), consommation de 3kW (UC seule)
Processeur
Circuits logiques à tubes et diodes au germanium, 281 kHz
Mémoire
7 registres de 48 bits (12 caractères BCD), mémoire tambour de 49 à 98 ko (Gamma ET)
Mesures
Dimensions
155 cm x 150 cm x 68 cm
Masse
900 kg

Le Gamma 3 est un calculateur électronique conçu par la Compagnie des Machines Bull et commercialisé à partir de 1952.

Initialement conçu comme accélérateur électronique pour les tabulatrices électromécaniques, à l'instar de l'IBM 604, il fut progressivement enrichi de nouveaux dispositifs jusqu'à devenir un ordinateur de première génération (Gamma ET, 1957), plus précisément une machine Von Neuman à programme enregistré. Les notions d'ordinateur et d'informatique n'existant pas encore, Bull désigna le Gamma ET comme un "ordonnateur".

Au cours des dix ans de sa carrière, cette machine considérée comme charnière permis la transition entre la mécanographie et l'informatique, et entre le calculateur et l'ordinateur[1].

Historique

Jusqu'aux années 1950, la Compagnie des Machines Bull, à l'instar de son rival IBM, commercialise majoritairement des tabulatrices à carte perforée dédiées à la gestion des stocks, paye, et comptabilité.

Ces tabulatrices réalisent les opérations arithmétiques via une série de roues de totalisation, incrémentées par un dispositif électro-mécanique. Seule l'incrémentation, et donc l'addition, est supportée; les soustractions et multiplications s'avèrent donc particulièrement lentes.[2]

Afin d’accroître la vitesse de calcul, et donc de ne pas retarder la lecture des cartes perforées lors des opérations plus complexes, un accélérateur pouvant s'affranchir des limites électro-mécaniques devient nécessaire.

À partir de 1949, la Compagnie Bull s'intéresse aux tubes à vide pour leur vitesse de commutation par rapport aux roues totalisatrices et aux relais électromécaniques. Le calculateur est conçu à partir de circuits logiques comprenant environ 400 tubes, de diodes au germanium et de 7 lignes à retard d'une capacité de 48 bits pour les registres[3]. L'ensemble est cadencé par une horloge à une fréquence de 281 kHz[4], une vitesse alors significativement supérieure aux 50 kHz de l'IBM 604, et plusieurs ordres de grandeur plus rapide que les dispositifs électromécaniques. Le Gamma 3 se connecte à la tabulatrice par un câble branché en lieu et place de son tableau de connexion (instructions du programme); le programme est donc installé sur le Gamma 3 plutôt que sur la tabulatrice.

Néanmoins, si le Gamma 3 est programmable par un tableau de connexion amovible analogue à ceux des tabulatrices, il n'en reste pas moins un périphérique de ces dernières et non l'inverse. De plus, bien qu'électronique, binaire et programmable, le Gamma 3 n'est pas un ordinateur à proprement parler, car il n'a pas la possibilité d'exécuter de code : sa programmation est dépendante du tableau de connexion.

Une première évolution vers l'ordinateur apparaît avec le Programme Par Carte (PPC), apportant la possibilité d’exécuter un programme chargé par carte perforée, plutôt que câblé sur un tableau de connexion. Ce concept est également expérimenté par IBM avec l'extension CPC (Card Programmed Calculator) ajoutée au 604[5]. Néanmoins, le programme n'est pas exécuté en mémoire vive, alors inexistante, sa vitesse d'exécution dépend donc de la vitesse de lecture des cartes perforées du programme.

C'est finalement en 1957 qu’apparaît un dispositif de mémoire vive : le tambour magnétique, d'une capacité de 49 à 98 ko (64 à 128 pistes de 8 blocs de 16 mots de 48 bits)[6],[7], quantité remarquable pour l'époque. Avec la possibilité de charger et d’exécuter des programmes en mémoire, le Gamma ET (Extension Tambour) devient le premier ordinateur français. La tabulatrice est désormais un périphérique d'entrée/sortie et le Gamma ET l'unité centrale. La mécanographie cède alors progressivement sa place à l'informatique pour le traitement de l'information[8].

Le premier client à recevoir un Gamma 3 est le Crédit Lyonnais de Saint-Étienne en 1952. Le Gamma 3 et ET fût ensuite employé tant en informatique de gestion au sein de grandes entreprises, qu'en calcul scientifique, notamment au sein du CERN et CNRS alors naissants[9].

Le Gamma ET se positionne en concurrent de l'ordinateur IBM 650, de conception très similaire.

Particularités historiques et techniques

Tout comme l'ENIAC, le Gamma 3 est né comme calculateur électronique programmable avant de devenir un ordinateur à programme enregistré.

Le Gamma 3 possède une ALU bi-mode, pouvant fonctionner en mode décimal (mots de 12 caractères BCD) pour l'informatique de gestion, ou binaire (mots de 48 bits) pour l'informatique industrielle et scientifique[10].

Le Gamma 3 fût pourvu en option d'une bibliothèque virgule flottante câblée, peu commune dans les années 1950. Ce modèle dénommé 3M était dédié au calcul scientifique.

Les premiers cours de programmation universitaires de France furent dispensés sur des Gamma 3 ET en 1959 par le professeur Louis Bolliet. Ces cours sont aujourd'hui disponibles en ligne[11] et ont servi à la création de simulateur de programmation.

Le succès commercial du Gamma 3 entraîna en réaction la création de l'IBM 1401[12].

Préservation

Trois exemplaires du Gamma 3 existent encore aujourd'hui. L'un est exposé au Technikum à proximité de Frankfort[13], un autre à la Fédération des Équipes Bull à Angers[14], où il était fabriqué. Enfin, l'ACONIT à Grenoble héberge un exemplaire unique du Gamma ET. [6]

Galerie

Références

  1. « Destin d'objets scientifiques et techniques : L'aventure du Gamma 3 (5/10 - année 2018) », sur www.echosciences-grenoble.fr (consulté le )
  2. « tabulatrice BS120 Bull , chr3inf2, », sur www.histoireinform.com (consulté le )
  3. « Compagnie des machines Bull », sur www.feb-patrimoine.com (consulté le )
  4. « Compagnie des machines Bull », sur www.feb-patrimoine.com (consulté le )
  5. (en-US) « IBM Archives: Card-Programmed Calculator », sur www.ibm.com, (consulté le )
  6. a et b « DBAconit V25.13 : », sur db.aconit.org (consulté le )
  7. Jean Chabrol, « Cours ET-ORD »,
  8. INRIA, « Musée virtuel de l'informatique »
  9. « Destin d'objets scientifiques et techniques : L'aventure du Gamma 3 (5/10 - année 2018) », sur www.echosciences-grenoble.fr (consulté le )
  10. Alain Guyot (ACONIT), « Arithmétique du Bull Gamma 3 » [PDF],
  11. Louis Bolliet, « Université de Grenoble - Mathématiques Appliquées - Programmation Gamma E.T », Cours universitaire,‎ (lire en ligne)
  12. « Information Technology Industry TimeLine », sur www.feb-patrimoine.com (consulté le )
  13. (en-US) « A first generation tube calculator: BULL GAMMA 3 - technikum29 », sur www.technikum29.de (consulté le )
  14. ocgall, « Angers, depuis 56 ans, Bull pionnier en électronique ! », sur Des Mauges en Anjou ..., (consulté le )

Références externes