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Événements du 23 mars 1965

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Modèle:PolitiqueMaroc Les évènements du 23 mars 1965 sont des protestations de rue dans plusieurs villes du Maroc ayant démarré à Casablanca. Il s'agit d'une contestation estudiantine, à la base, qui s'est étendue aux franges défavorisées de la population. Le bilan est contesté. Les autorités marocaines l'évaluant à une dizaine de morts, la presse étrangère et l'UNFP le chiffrant à plus de 1000 morts [1].

Contexte

Au début du mois de mars 1965, le ministre de l'éducation nationale, Youssef Belabbès, est à l'origine d'une circulaire interdisant l'accès au second cycle des lycées aux jeunes de plus de 17 ans. De fait, cela écartait 60% des lycéens. Même si, à l'époque, le Baccalauréat ne concerne qu'une infime partie (1500 pas an), cela reste un symbole fort qui déclenche la mobilisation des étudiants[2].

Le mouvement lycéen est à l'époque très politisé. L'UNEM , est un syndicat puissant et bien qu'il n'agisse que dans le milieu étudiant, il possède des liens étroits avec l'UNFP [1].

22 mars 1965

Le , des milliers de lycéens se retrouvent sur le terrain de foot du Lycée Mohammed V. Vers 10 heures, ils sont déjà nombreux. Selon un témoin, « Il y avait au moins quinze mille lycéens » présents dès le matin [1].

Le but du rassemblement est d'organiser une marche pacifique afin d'interpeller l'administration sur l'atteinte à leur droit à l'enseignement publique. Arrivée au niveau du centre culturel français, la manifestation est dispersée brutalement par les forces de l'ordre. Sans pour autant que ceux-ci fassent usage de leurs armes à feu. Les lycéens sont, ainsi, repoussés vers les quartiers populaires ce qui permettra leur rencontre avec les chômeurs. Ils se donnent rendez-vous dès le lendemain[1].

La journée du 23 mars

Le , les lycéens se regroupent encore une fois sur le stade du Lycée Mohammed-V. Ils sont rapidement rejoints par leurs parents, des ouvriers, des chômeurs ainsi que par des gens venus des bidonvilles[2]. Mais cette fois-ci, le rassemblement n'a rien de pacifique. Les manifestants avancent en saccageant les magasins, en brûlant bus et voitures et en lançant des slogans hostiles au roi[1]

Un témoin déclare : « J'ai vu des hommes, jeunes et vieux, qui attaquaient furieusement à coups de pierres et d'insultes, une caserne des forces auxiliaires près d'El Koréa, le bidon-marché des pauvres gens; j'ai vu partout un bouillonnement grondant mais contrairement aux premiers jours de l'indépendance, on lisait la haine et le désespoir dans les yeux, au lieu d'y lire la joie et l'espoir... » [3].

La répression ne se fait pas attendre, l'armée et la police sont mobilisées. Les chars d'assaut mettent deux jours à venir à bout des manifestants et on rapporte que le Général Oufkir n'a pas hésité à mitrailler la foule depuis un hélicoptère[4].

Le roi imputera la responsabilité des évènements aux enseignants et parents. Il déclarera, dans un message à la nation le : « `Permettez-moi de vous dire qu'il n'y a pas de danger aussi grave pour l'Etat que celui d'un prétendu intellectuel. Il aurait mieux valu que vous soyez tous illettrés »[4].

Conséquences

Suite aux évènements du 23 mars, Hassan II tente de réagir en recevant à Ifrane une délégation de l'UNFP, dont font partie notamment Abderrahim Bouabid, Abdelhamid Zemmouri et Abderrahmane Youssoufi. Il leur propose de former un gouvernement et leur demande de transmettre ce message à Mehdi Ben Barka. Mais par la suite ces discussions ne se traduisent par aucune action concrète[1].

En juin de la même année, Hassan II déclare l'état d'exception. L'UNFP critique alors cette mesure et le , Mehdi Ben Barka est enlevé et assassiné à Paris[1],[5].

Ces événements donnent leur nom à une organisation marxiste-léniniste issue de l'UNFP, le Mouvement du 23 mars, qui donne naissance plus tard en 1983 à l'Organisation de l'action démocratique populaire, l'une des composantes fondatrices du Parti socialiste unifié. Parmi les personnalités qui ont milité dans ce mouvement, on trouve l'homme politique Bensaïd Aït Idder, le chercheur et auteur Abdelghani Abou El Aazm[6], la conseillère d'entreprises Amal Cherif Haouat[7], mais aussi l'homme politique belge Mohamed Daïf.

Notes et références

  1. a b c d e f et g Jeune Afrique article
  2. a et b Marguerite Rollinde, Le Mouvement marocain des droits de l'Homme : Entre consensus national et engagement citoyen, =Karthala, coll. « Homme et Société : Sciences économiques et politiques », , 506 p. (ISBN 2845862091), p. 122
  3. Driss Bouissef-Rekab, À l'ombre de Lalla Chafia, Paris, =L'Harmattan, coll. « Ecritures Arabes, numéro 52 », (ISBN 2738404537), p. 70
  4. a et b Marguerite Rollinde, Le Mouvement marocain des droits de l'Homme : Entre consensus national et engagement citoyen, =Karthala, coll. « Homme et Société : Sciences économiques et politiques », , 506 p. (ISBN 2845862091), p. 123
  5. Marguerite Rollinde, Le Mouvement marocain des droits de l'Homme : Entre consensus national et engagement citoyen, =Karthala, coll. « Homme et Société : Sciences économiques et politiques », , 506 p. (ISBN 2845862091), p. 127
  6. « Abou El Aazm : L’encyclopédie vivante », Telquel, 7 novembre 2013
  7. Mohamed El Maâroufi, « Amal Cherif Haouat, DG d'Attitudes Conseil », La Vie économique, 16 janvier 2012