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Henri Favory, né le 17 mars 1941[1] à Mahébourg, Ile Maurice[2], est un dramaturge, écrivain, metteur en scène et acteur de théâtre. Surnommé "le petit Shakespeare de l'Océan Indien" par Lindley Couronne, ancien directeur d'Amnesty International Maurice[3], il est considéré comme l'une des figures emblématiques du théâtre mauricien depuis les années 70[4] et l'un des pionniers de la littérature en créole mauricien. Son père mécanicien et sa mère au foyer[1] avaient cinq enfants qui ont tous réussi les examens d'école. Henry Favori a rencontré son épouse Marie-France dans le milieu du théâtre et ils se sont mariés le 17 novembre 1973[2]. Ils ont eu deux enfants[1].

Carrière

Henri Favory, instituteur à l'école Primaire aujourd'hui retraité après quarante d'enseignement,[2][5] découvre le théâtre après l'indépendance de l'Ile Maurice en 1968, notamment grâce à des accords culturels passés avec la France[2]. Il suit des cours de théâtre au Centre culturel français, à Mahébourg et dans la capitale Port-Louis, notamment auprès de Bernard Matona qui le familiarise avec le nouveau théâtre, lui apprend à travailler le corps sur la scène et l'art de l'improvisation.[2].

Il écrit sa première pièce Le Blanc pendant son apprentissage théâtral puis La Rencontre qu'il a créée avec sa femme pour le jour de leur mariage en novembre 1973. En 1974, il écrit et met en scène la première pièce de théâtre en créole mauricien, Tizan Zoli[2] qui marque l'étape initiale d'une démarche artistique et linguistique. Jusqu'alors marginalisé, le créole mauricien devient un moyen d'expression privilégié pour Henri Favory et d'autres écrivains comme Dev Virahsawmy ou Azize Asgarally. Pour eux, le théâtre doit permettre d'établir une culture nationale et la reconnaissance d'une langue propre au pays est donc nécessaire. Ils pensent que le créole est la seule langue qui peut réellement décrire de manière nuancée et sincère la culture mauricienne. Leur choix littéraire devient alors militant et politique, en réaction au passé colonial[6][7].

En 1980, Henri Favory met en scène Anjalay[8] en hommage à Anjalay Devi Coopen, l'une des grandes figures de l'Ile Maurice. Tuée en 1943 alors qu'elle était enceinte et en grève, cette jeune ouvrière agricole est devenue un symbole de la résistance à l'oppression[9]. En 1983, il poursuit son travail sur le thème des travailleurs engagés avec Tras l'une de ses pièces les plus connues. Elle raconte l'histoire d'un procès inspiré d'une histoire vraie du début des années 70 qui a eu lieue après qu'un groupe de laboureurs de l'industrie sucrière soient entrer en conflit avec leur patron. Inspirée entre autre par Bertold Brecht[6], la pièce est un grand succès tant populaire que critique et est même joué à l'étranger, notamment au Festival mondial de théâtre de Nancy[10]. C'est la seule qu'il a effectivement publiée à l'époque, préférant mettre l'accent sur la performance artistique plus que sur l'écriture figée[6]. C'est le groupe Ledikasyon Pu Travayer (LPT) qui a publié à ses frais la première version de l'oeuvre et l'a ensuite utilisée pour des missions d'alphabétisation[2][11]. Etudiée à l'université[2], Tras a été rééditée en 2013 aux Editions de l'Océan Indien en version bilingue créole-français avec le soutien de l'association des droits humains DIS-MOI, à l'initiative de son directeur Lindley Couronne. La poétesse réunionnaise Catherine Boudet a participé à la préparation de la version française[11].

Après Tras, Henri Favory a écrit et mis en scène de nombreuses pièces. Il a monté sa propre troupe de théâtre avec sa femme qui enseigne l'art dramatique au collège, et ils gèrent en même temps une école de théâtre[2]. Henri Favory est aussi très engagé auprès de l'éducation théâtrale de la jeunesse et travaille avec de nombreuses associations, notamment en Afrique du Sud[12]. Fin 2014 et début 2015, son projet principal est Sans, une pièce commandée par l'association DIS-MOI pour lutter contre le communalisme[1].

Références

  1. a b c et d « ‘SANS’ : Tous ensemble contre le KOMINALIS », sur Défi Média, (consulté le )
  2. a b c d e f g h et i « INTERVIEW - HENRI FAVORI : « La compétition tue la création » », sur Le Mauricien, (consulté le )
  3. « La “TRAS” du « petit Shakespeare de l’océan Indien » », sur Le Mauricien, (consulté le )
  4. « Henri Favory : «Je propose un théâtre qui dérange» », sur L'Express Maurice (consulté le )
  5. (en) Roshni Mooneeram, From Creole to Standard: Shakespeare, Language, and Literature in a Postcolonial Context, Rodopi, coll. « Cross/Cultures » (no 107), , 252 p. (ISBN 9042026235)
  6. a b et c (en) Roshni Mooneeram, « Mauritian Theatre in Creole. Discourse, Language and Identity. », Francophone Studies: Discourse and Identity,‎ (ISBN 1902454057)
  7. Frédéric Helias, « La poésie réunionnaise et mauricienne en langues créoles : entre proximité et éloignement », Revue de littérature comparée, no 318,‎ (ISSN 978252035559[à vérifier : ISSN invalide], lire en ligne)
  8. (en) Roshni Mooneeram (dir.), A History of Theatre in Africa, Cambridge University Press, (ISBN 1139451499)
  9. (en) « Labour Day : Remembering the Martyrdom of Anjalay », sur L'Express Maurice, (consulté le )
  10. « Henri Favory, un engagement qui se... tras », sur 5 Plus Dimanche (consulté le )
  11. a et b « THÉÂTRE: Tras - Texte-représentation », sur Le Mauricien, (consulté le )
  12. « Henri Favory, le chasseur de tous les talents », sur L'Express Maurice, (consulté le )