Utilisateur:Wuyouyuan/brouillon

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Le mot "cantine"

Petit rappel linguistique:[modifier | modifier le code]

En chinois, chaque syllabe-caractère a un sens (sémantique). Les mots pleins (substantif, verbe, adjectif) sont obtenus en un ou deux caractères, parfois plus, en combinant les sens pour obtenir un sens nouveau, sachant que la plupart des caractères ne sont pas utilisables seuls.

Caractères

食 Shi: manger

餐 Can: nourriture

饭 Fan: nourriture (spécialement le riz, le pain, les nouilles)

堂 Tang: salle de classe, hall, nef d'église ...

厅 Ting: lieu couvert

店 Dian: boutique

馆 Fan: bâtiment aménagé

盒 He: petite boîte

箱 Xiang: grande boîte avec couvercle ou porte

Mots

食堂 Shi tang La cantine ou le réfectoire, espace social du repas en collectif

餐厅 Can ting L'endroit construit où on mange, salle à manger d'hôtel etc.

饭店 Fan dian La boutique où on achète des choses prêtes à manger, au sens large (petit restau, comptoir avec des tables dehors, éventaire de traiteur)

饭馆 Fan guan Le restaurant (en dur) où on est servi

快餐 Kuai can Le fast food

餐盒 Can he La boîte à nourriture, s'applique à la boîte plastique à usage unique, et à la gamelle

箱子 xiāngzi La valise ou la malle.

笼子 longzi la grande malle.


L'institution cantine[modifier | modifier le code]

Emploi du temps[modifier | modifier le code]

Les Chinois au travail n'aiment pas la journée continue. L'amplitude est grande (10 heures entre le début et la fin du travail dans les bureaux et dans les usines modernes, 12 heures sur les chantiers, autant et plus dans le petit commerce) mais on s'arrête deux heures autour de midi pour déjeuner et faire la sieste. Le repas de midi est donc un point social important avec les collègues de travail, ou avec les clients, fournisseurs, fonctionnaires, pour les chefs. Ca ressemble beaucoup à la situation française jusqu'aux années 198.

Dans les universités[modifier | modifier le code]

Sur le campus d'une université, qui est grand comme une ville (Xinhua Daxue au nord-ouest de Pékin loge plus de 40 000 personnes) et souvent loin du centre de la ville, on trouve plusieurs ressources pour manger (en dehors des magasins d'alimentation et hypermarché intérieur au campus):

  • La cantine (shitang) est une grande salle, ou sur plusieurs étages, avec tables et chaises, et des plateaux à disposition. Sur les côtés de la salle, des éventaires avec cuisine en arrière, analogues à ce qu'on trouve sur la rue, proposent des plats plus ou moins raffinés, bon marché, riz et pain à la vapeur (mantou) et des boissons. On prend un plateau et on va choisir aux éventaires, on paie, puis on s'installe à table; éventuellement on va chercher un plat commandé quand il est prêt. Pas de queue. L'institution paie la salle et son mobilier, l'équipement de cuisine des éventaires, la vaisselle et les plateaux, et le salaire du personnel qui nettoie et fait la vaisselle. Les exploitants des éventaires équilibrent eux-mêmes leur exploitation. On peut se nourrir pour 0.5 euro.
  • Les restaurants de divers standing, où on est servi à table.
  • Les comptoirs et cuisines roulantes, avec des combinaisons. Les restaurants peuvent avoir des comptoirs, et le comptoir peut avoir des roulantes.

Les usagers peuvent manger sur place, ou emporter leur plat au dortoir dans une boîte plastique à usage unique, dans une gamelle personnelle, ou dans un sac plastique, y compris les soupes.


Dans les écoles primaires[modifier | modifier le code]

Les écoliers sont nourris au moins le midi, souvent aussi le matin et le soir, ça fait partie de l'éducation. La formule ressemble à ce qui se passe en Occident. Les parents paient avec la scolarité (les écoles publiques sont gratuites en théorie, mais on demande une « participation à l'amélioration de l'enseignement » aux parents). A la campagne, où il y a peu d'argent, les parents paient une partie en nature. Lire « Le journal de Ma Yan » en n'oubliant pas que c'est une région très misérable.

Dans les écoles secondaires[modifier | modifier le code]

La situation est très variée. Il y a toujours une cantine. Comme les lycées sont dispersés en ville (contrairement aux universités), les lycéens en profitent souvent pour sortir et manger dans la rue, où les vendeurs de nourriture se pressent aux bonnes heures.

Dans les entreprises modernes[modifier | modifier le code]

(filiales de multinationales et locales)

Le schéma est semblable à celui de l'Europe. Self avec plateaux. La restauration est assurée par un professionnel (dont Sodhexo et Eurest). L'entreprise fournit les locaux et l'équipement, et subventionne. Une commission d'usagers gère l'affaire. La nourriture de base est généralement gratuite pour l'usager. Carte préchargée pour les extras. Ces entreprises sont généralement dans des zones industrielles qui n'offrent aucune autre ressource, et loin des logements. Un des problèmes du chef d'entreprise est d'attirer et de garder le personnel compétent qu'il a formé. La qualité de sa cantine est un des arguments.

Dans les unités de travail[modifier | modifier le code]

Dans les entreprises datant du socialisme, qui sont souvent en pleine ville, et dans les administrations, la cantine est un des éléments qui restent du danwei 单位 , l'unité de travail qui s'occupait de toute la vie de ses membres, nourriture, logement, santé, retraite ... (lire la source 1 pour comprendre). La nourriture est gratuite et médiocre. La salle de cantine est un lieu social important, avec décor et slogans. Dans une administration, la journée commence par le repas du matin pris en groupe. A midi, les travailleurs qui habitent près de l'entreprise ont le droit d'emporter chez eux le plat du jour et le riz dans une gamelle, assez pour la famille. La cantine distribue aussi des produits alimentaires gratuits, avec des allocations exceptionnelles pour les fêtes.

En ville[modifier | modifier le code]

Dans les quartiers de bureaux, commerces et artisanat en ville, il n'y a pas de cantines. Les vendeurs arrivent à l'heure des repas avec des stocks de plats préparés chauds en boîtes plastique, bon marché (moins de 1 euro pour un plat du jour plus riz ou nouilles), et les travailleurs mangent sur le lieu de travail. Il est normal de voir une boîte-repas à côté de la caisse enregistreuse ou sur l'établi.

Sur les chantiers[modifier | modifier le code]

Sur les chantiers, les ouvriers viennent généralement de la campagne et logent sur place dans des dortoirs en préfabriqué ou sous de grandes tentes. Les repas sont livrés par des cuisines roulantes et on mange en équipe en aménageant un coin du bâtiment en construction. Il n'y a que sur les grands chantiers, qui ont une petite ville en préfabriqué pour loger le personnel, qu'il y a des locaux collectifs. La nourriture et le logement sont gratuits, généralement assurés par l'entreprise de main d'oeuvre avec qui l'entreprise de construction a passé contrat. Cela permet de ne pas payer régulièrement la totalité du salaire, en le promettant pour la fin du chantier. D'où très souvent des scandales et des manifestations, l'entreprise de main d'oeuvre disparaissant à la fin du chantier sans honorer la totalité des salaires dus. Note pittoresque: les symboles du travailleur de chantier sont le casque jaune pour travailler et le grand bol en fer émaillé pour se faire servir à manger. Le casque jaune est porté en ville pour se distinguer du prolétaire citadin.

Dans les usines à la campagne[modifier | modifier le code]

Dans les usines à la campagne ou dans les banlieues éloignées des villes (à ne pas confondre avec les entreprises modernes ni avec les entreprises d'Etat) la situation ressemble à celle des chantiers, sans le prestige du métier: pas de locaux collectifs, nourriture de subsistance et dortoir, salaires en retard, retour dans la famille au village une fois par an. Il n'y a que là qu'on trouve vraiment le schéma misérabiliste qui a cours vu d'Occident

Dans les communes populaires[modifier | modifier le code]

(historique, ça n'existe plus) Voir la source 2 page 70

A la fin des années 1950, le maoïsme avait lancé la commune populaire dans les campagnes. Les champs et l'organisation du travail sont communs, les familles sont regroupées en collectivités et on crée des cantines où tout le monde doit aller manger, les parents s'occupant de leurs enfants et les femmes étant libérées de l'approvisionnement et de la cuisine. 一大二公 1/ grand, 2/ commun. Le but est de briser la société traditionnelle. Ca n'a duré que moins de 2 ans, le temps que la pénurie s'installe, et n'a jamais été généralisé, mais ça fait partie de la légende.

Sources[modifier | modifier le code]

Source 1 Les Annales 1999 Réforme de l'entreprise d'état chinoise Corinne Eyraud

Source 2. Thèse Univ. Louvain 2006 Pan Huaqiong Rapports Etat-paysannerie en Chine abstract

Salé-sucré, film de Ang Lee, 1994[modifier | modifier le code]

Mr Chu, héros du film, est un grand cuisinier qui commence à prendre de l'age. Il est veuf. Il est entouré de femmes, à commencer par ses trois filles qui vivent chez lui alors qu'elles devraient être mariées. Une veuve de son age veut mettre la main sur lui. On découvre qu'il est amoureux d'une jeune femme divorcée qui a une fille de 10 ans à peu près. Il veut refaire sa vie, mais c'est socialement difficile de conclure. La petite fille le traite comme son grand-père.

A la cantine de l'école, les enfants peuvent manger ce qui est servi, ou ce qu'elles ont apporté dans la gamelle préparé par la maman. Elles s'échangent la nourriture. La petite fille a une maman qui ne sait pas cuisiner, et son prestige est donc bas. Elle a idée de demander à son "grand-père" de lui préparer une meilleure gamelle. Mr Chu lui prépare donc des plats délicieux et échange les contenus. Il mange le poulet mal cuit par celle qu'il aime, et la petite fille distribue les bons plats de son grand-père. Son prestige est au plus haut chez ses copines, elle prend les commandes pour le repas suivant. La maman finit par s'en apercevoir et comprendre le sentiment de Mr Chu.

(c'est juste un élément de l'intrigue, qui est proliférante avec quatre ou cinq destinées à suivre; c'est intéressant pour la cantine, lieu de la rivalité sociale des petites filles par la nourriture que les mamans préparent. Collision entre le collectif et la famille dans le cadre de l'endroit où les enfants mangent hors de chez eux).

A la fin du film, Mr Chu sera débarrassé de ses filles, de la veuve envahissante, aura pris sa retraite, et aura réussi à séduire la jeune femme. Tout finit bien ou à peu près.