Utilisateur:Jacques Tassin

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Les espèces invasives par-delà nature et culture


Habilitation Degree (HDR), Institut Polytechnique of Toulouse, France - Dissertation: "Seed dispersal pathways. Dispersal, migration, introduction: a contribution to seed movement ecology" (2009)

PhD - Laboratory of Terrestrial Ecology, University Toulouse III Paul Sabatier, France - Advisor: Prof Lauga J. - Dissertation: "Dynamics and consequences of the invasion of Acacia mearnsii in rural landscapes of Reunion Island" (1998-2002)

Chercheur au département « Environnements et Sociétés » au Cirad (Montpellier, France) ; Adresse : CIRAD - TA 10/D - Campus international de Baillarguet - 34398 Montpellier Cedex 5 - France ; jacques.tassin(at)cirad.fr

jacques.tassin(at)cirad.fr


L'invasion biologique est un concept hybride qui tend à dissocier la dimension biophysique d'un phénomène de la représentation que l'on s'en fait, en conflit avec la vision post-moderne de l'environnement. L'une et l'autre procèdent pourtant d'un même continuum que l'écologie des invasions ignore le plus souvent. Une telle posture doit beaucoup à la représentation organiciste de la nature proposée par Charles Elton, fondateur de l'écologie des invasions, dans son ouvrage fondateur : "L'écologie des invasions animales et végétales". Envisagée à l'image d'un organisme vivant, la nature bénéficierait d'une intégrité donnée par avance qui lui confèrerait notamment des propriétés de résistance biotique. Mes recherches visent à comprendre l'écart entre la réalité biophysique des invasions et de leurs conséquences avec la perception que l'on en a, et à identifier les origines de cette représentation. Elles s'inscrivent principalement en référence aux concepts d'écosystème et de socio-écosystème qui constituent les cadres normatifs majeurs des sciences de l'environnement. Elles procèdent donc de l'analyse de faits et de discours, et tendent à comprendre les origines de la tension qui en résulte, en explorant tout particulièrement celles qui opèrent entre le local et le global.


Le concept d'invasion biologique renvoie à une représentation remarquablement normative de la nature[modifier | modifier le code]

La représentation organismique de la nature prédomine dans le discours relatif aux invasions biologiques, conformément à la vision du monde proposée par Platon dans son Timée. La nature apparaît ici avoir été créeé en référence à un idéal vers lequel elle ne cesserait jamais de tendre. En ont découlé par la suite des concepts de l'écologie aujourd'hui largement remis en cause comme l'équilibre des processus naturels, la compétition entre espèces ou la niche trophique. Ainsi les écosystèmes insulaires, dysharmonieux et dotés d'une moindre diversité biologique, davantage saturés, que les écostystèmes continentaux, apparaissent-ils plus invasibles que ces derniers. Une partie de mes recherches conduit à montrer beaucoup plus simplement que les espèces invasives ont emboîté le pas à l'homme.

La présentation des conséquences environnementales des invasions biologiques n'échappe pas à cette représentation normative[modifier | modifier le code]

Nombre d'auteurs ont récemment montré combien la présentation de données scientifiques objectives quant aux conséquences environnementales des invasions biologiques n'en étaient pas neutres pour autant. L'analyse des observations relatées, des référentiels retenus, des citations choisies, ou des exemples relatés, traduit un biais récurrent tendant à incriminer les espèces invasives au détriment d'autres facteurs responsables de modifications de l'environnement. De la même manière, les espèces invasives sont volontiers considérées comme responsables d'un changement qu'elles ne font la plupart du temps qu'accompagner, en dépit d'exemples spectaculaires relatifs aux îles, aux lacs et aux organismes prédateurs, parasites ou pathogènes. Je m'attache à explorer dans quelle mesure l'écologie des invasions échappe parfois à la neutralité affichée.

En privilégiant les échelles globales, les études et discours relatifs aux invasions biologiques déforment la réalité locale tangible des situations[modifier | modifier le code]

Depuis le milieu des années 1990, les invasions biologiques sont envisagées comme un changement global, au même titre que le changement climatique. Elles procèdent pourtant de situations locales, où les communautés humaines en présence interviennent en référence à une représentation du vivant renvoyant à une alpha-diversité. S'il banalise quelque peu la faune et la flore à l'échelle planétaire, l'apport d'espèces exotiques contribue en revanche à accroître les diversités biologiques locales. La globalisation des invasions biologiques s'accompagne en outre de leur virtualisation, les rendant moins visibles, plus complexes, et de fait davantage propices à l'utilisation de registres métaphoriques ambivalentes. Mes recherches visent ici à analyser tout particulièrement les tensions qu'opère cette distanciation entre le global et le local.

L'écologie des invasions comme possible discipline d'accompagnement à la transformation des écosystèmes et des socio-écosystèmes[modifier | modifier le code]

Les écosystèmes sont voués à se transformer, non seulement par le jeu dynamique des mécanismes écologiques, ménageant des plages d'incertitude dans la nécessité, mais aussi sous l'effet des changements liés aux activités humaines qui les sous-tendent. Plutôt que stigmatiser les invasions biologiques, il apparaît opportun de se saisir de ces dernières comme un révélateur de changements apparaissant plus en amont, mais aussi de pointer les biais qu'utilisent parfois les écologues pour accabler les espèces invasives dans la transformation des écosystèmes. Mon rôle se situe ici à l'interface de la recherche et de la société, et s'exprime à la faveur de manifestations diverses (salons, conférences, produits médiatiques) auxquelles il m'est donné de participer.



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(Dernière mise à jour : 01 août 2011)