Aller au contenu

Smelfungus

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 4 décembre 2019 à 13:12 et modifiée en dernier par Antiquary (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

Smelfungus est un personnage fictif imaginé par Laurence Sterne et apparaissant dans son roman Voyage sentimental à travers la France et l'Italie (1768). Il s'inspire de Tobias Smollett, l'auteur de Voyages à travers la France et l'Italie paru deux ans auparavant, en raison des quolibets dont ce dernier affuble les institutions et les us et coutumes des contrées qu'il visite.

Le surnom de Smelfungus (ayant pour pluriel Smelfungi) est passé dans le langage courant en langue anglaise pour désigner un voyageur bougonnant et peut même s'appliquer à un râleur en général[1]. Du point de vue étymologique, le mot se compose de « smell » (signifiant « sentir » en anglais) et « fungus » (désignant le « champignon » en latin) et peut être rendu par « champignon malodorant », ce qui s'accorde au ton moqueur des critiques visant Tobias Smollett.

Voyage de Smollett en Europe

Le voyage de Smollett en 1764 s'est effectué à la suite d'un drame familial (le décès de sa fille unique, alors âgée de 15 ans) et alors qu'il avait quelques problèmes de santé, ce qui explique le caractère acerbe de ses commentaires sur les rencontres, les évènements et les lieux qui influèrent sur le cours de son voyage[2]. Ainsi, par exemple, il décrit la Vénus de Médicis comme étant dépourvue de toute « beauté dans ses traits » et affichant une posture mal appropriée[3] - ce qui fit dire à Laurence Sterne qu'il « s'était mis la déesse à dos en la traitant comme une vulgaire catin »[4].

Certains révisionnistes ont cependant affirmé que le « Smollett » des livres de voyage était un personnage créé intentionnellement, ne représentant pas la voix du narrateur parlant pour lui-même, comme le laisse entendre Sterne sur le ton de la plaisanterie[5].

Utilisation comme nom de plume

Au XIXe siècle, Thomas Carlyle prenait le pseudonyme de Smelfungus lorsqu'il voulait porter une critique sévère. Patrick Proctor Alexander fit également usage de ce nom dans son roman Mill et Carlyle.

Notes et références

  1. O. M. Brach ed., Tobias Smollett, Scotland's First Author (2007) p. 76-8
  2. I. Ousby ed., The Cambridge Guide to Literature in English (1995) p. 887 et p. 953
  3. Cité dans G. Petrie ed., Laurence Sterne: A Sentimental Journey (1979) p. 150
  4. G. Petrie ed., Laurence Sterne: A Sentimental Journey (1979) p. 52
  5. O. M. Brach ed., Tobias Smollett, Scotland's First Author (2007) p. 16

Sources