Scènes d'occupation à Gaza

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Scènes d’occupation à Gaza (titre original : Mashahid min al-ihtilal fi Ghazza) est un court-métrage réalisé par le cinéaste palestinien Mustapha Abu Ali en 1973.

Synopsis[modifier | modifier le code]

Le court-métrage est monté à partir d’images qui n’ont pas été filmées par Mustapha Abu Ali lui-même, mais qui sont des séquences d’actualités tournées par un cameraman occidental accompagnant une patrouille israélienne[1]. Se succèdent des plans de paysages de la bande de Gaza (la mer, les routes bordées de grillages barbelés, les camps fermés) et des scènes de surveillance de l’armée israélienne (contrôles d’identité de la population palestinienne, fouille de véhicules, patrouilles). Une voix-off se superpose aux images, retraçant l’histoire de la bande de Gaza, et son statut de foyer de la résistance révolutionnaire palestinienne, illustré entre autres par l’énumération des actes de résistance palestiniens (sabotages, attaques de patrouilles) et des opérations sionistes (actes de représailles armées, destruction des habitations à des fins d’évacuation des habitants, mise en place de couvre-feux). Ces affrontements, directs ou indirects, ne sont jamais montrés : ils sont ou bien énumérés par la voix-off, ou bien suggérés par des bruits d’explosion et de tirs ou des images fixes (une carcasse de véhicule militaire incendiée).

Fiche technique[modifier | modifier le code]

  • Titre original : Mashahid min al-Ihtilal fi Ghazza
  • Réalisation : Mustapha Abu Ali
  • Production : Groupe du Cinéma Palestinien
  • Pays d’origine : Palestine
  • Langue originale : arabe palestinien
  • Format : 16 mm – couleur
  • Durée : 13 minutes
  • Date de sortie : 1973

Analyse[modifier | modifier le code]

Ce court-métrage de Mustapha Abu Ali, qui constitue le seul film produit par le « Groupe du Cinéma Palestinien[2] », s’inscrit dans les ambitions de ce mouvement : créé en 1973, et regroupant artistes, techniciens et intellectuels, ce groupe se donne pour mission de « développer un cinéma palestinien susceptible d’appuyer dignement le combat de [leur] peuple en dévoilant les véritables raisons de [leur] situation et en décrivant les étapes de [leur] lutte d’Arabes et de Palestiniens pour libérer [leur] terre[3] ». Dans cette perspective, Scènes d’occupation à Gaza s’attache à renverser les perceptions dominantes de la question palestinienne véhiculées par les médias occidentaux[1]. Pour produire un contre-discours révolutionnaire, Mustapha Abu Ali fait le choix de s’appuyer sur un matériau préexistant, et d’en modifier la narration implicite à travers le montage et l’ajout d’une voix-off. Ainsi, malgré le foyer de perception retenu – le spectateur est associé à une patrouille israélienne, qu’il suit dans ses déplacements et ses opérations –, le film renverse le naturel effet d’identification, grâce au procédé de la voix-off, qui crée une distanciation, mais aussi aux gros-plans sur les visages et regards des hommes et femmes palestiniennes qui se soumettent aux contrôles d’identité, et à l’insertion d’images abstraites dans le montage (grenade et pistolet sur fond rose, qui font exister par métonymie le désir de révolte tenu secret).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) Guy HENNEBELLE, « THE NATIONAL QUESTION IN PALESTINIAN CINEMA: How to Get Down to Business », Cinéaste, vol. 10, no 1,‎ 1979-80, p. 32-34
  2. Guy HENNEBELLE et Khemaïs KHAYATI, La Palestine et le cinéma, Paris, Editions du Centenaire, , 289 p., p. 30
  3. Groupe du Cinéma Palestinien, Manifeste du Groupe du Cinéma Palestinien, (lire en ligne)