Aperception

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On appelle aperception une perception accompagnée de réflexion et de conscience.

1. L'aperception selon Leibniz

Dans sa théorie des petites perceptions, Leibniz différencie la perception et l'aperception. Les perceptions sont reçues par nos sens mais sont tellement infimes et continues que nous pouvons ne pas les apercevoir (consciemment). Leibniz donne l'exemple[1] des multiples vagues dans la mer qui sont chacune nécessairement perçues, et pourtant la conscience n'a accès qu'au bruit d'ensemble de la mer, résultat de l'addition continue des petites perceptions. Il donne aussi l'exemple du bruit du moulin, que chacun aperçoit aisément, mais auquel on peut tellement s'habituer qu'il finit par être perçu (entendu) sans que nous en ayons encore conscience. La distinction entre les petites perceptions et l'aperception consciente est l'une des premières formulations des limites du champ de la conscience : si Leibniz établit l'existence de sensations perçues mais non conscientes, il faudra attendre Freud pour étendre ce constat à des représentations mentales non conscientes.

2. L'aperception selon Kant

Pour Kant, l'aperception désigne l'unité de la conscience qui précède le contenu de nos intuitions sensibles, sans laquelle la représentation des objets serait impossible.

Kant distingue deux types d'aperception :

  • l'aperception empirique : le "sens intérieur" qui fait connaître le "soi concret", affecté de sensations et de représentations (Kant rejoint ici la théorie de David Hume du soi comme faisceau de perceptions) ;
  • l'aperception transcendantale (ou aperception pure) : la conscience de soi qui accompagne la perception de tout objet, une "conscience pure, originale et immuable qui est la condition nécessaire de l'expérience et la fondation ultime de l'unité de l'expérience" ; cette aperception est nécessaire pour donner la "synthèse a priori des représentations".

Références

  1. Leibniz, Nouveaux essais sur l'entendement humain, préface