Affrontement de 2023 entre l'Afghanistan et l'Iran

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Affrontement de 2023 entre l'Afghanistan et l'Iran
Description de cette image, également commentée ci-après
Carte des combats.
Informations générales
Date
Lieu Frontière entre l'Afghanistan et l'Iran
Issue Statu quo ante bellum : Les talibans sont revenus à leurs positions d'origine, pourparlers en cours.
La frontière a été rouverte au commerce le
Belligérants
Drapeau de l'Afghanistan Afghanistan Drapeau de l'Iran Iran
Forces en présence
Drapeau de l'Afghanistan Forces armées de l'émirat islamique Commandement des gardes-frontières (en)
Pertes
14 morts (selon l'Afghanistan)[1]
32 morts (selon l'Iran)[1]
2 morts[2]
2 blessés[2]

Conséquences du conflit afghan

L'affrontement de 2023 entre l'Afghanistan et l'Iran est survenu le lorsque les forces armées de l'émirat islamique d'Afghanistan et les gardes-frontières (en) iraniens se sont affrontés le long de la frontière entre l'Afghanistan et l'Iran entre la province afghane de Nimroz et la province iranienne du Sistan-et-Baloutchistan[3].

Contexte et origine du conflit[modifier | modifier le code]

Dans le passé, les relations entre la République islamique d'Iran, une théocratie chiite, et l'émirat islamique d'Afghanistan, dont le gouvernement est dominé par des fondamentalistes sunnites appartenant aux talibans, ont toujours été très volatiles.

En outre, Téhéran accuse Kaboul de violer un accord remontant à 1973, régissant le débit du fleuve Helmand. Celui-ci coule sur plus de 1 000 kilomètres, du Wardak afghan à la province iranienne du Sistan-et-Baloutchistan. En vertu de cet accord, l'Iran a un droit d'utilisation de 22 mètres cubes par seconde des eaux du fleuve, plus éventuellement 4 mètres cubes supplémentaires, soit au total quelque 820 millions de mètres cubes par an. Selon Téhéran, l’Afghanistan construit de nouveaux barrages hydroélectriques et d’irrigation, ces changements affecteraient le débit en aval, en Iran, dans une région déjà en proie à la sécheresse. Amir Khan Muttaqi (en), ministre afghan des Affaires étrangères par intérim, a affirmé que les talibans « restaient attachés » au traité de 1973, tout en rappelant que « la sécheresse prolongée en Afghanistan et dans la région ne devait pas être ignorée ».

Enfin, des rapports font état de graves sévices infligés par les autorités iraniennes à l’encontre des réfugiés afghans qui entrent sur son sol. Selon un rapport d’Amnesty International, les forces de sécurité iraniennes ont « tué illégalement » au moins 11 Afghans[4],[5].

Affrontement[modifier | modifier le code]

La déclaration officielle publiée par les deux parties sur la façon dont les affrontements se sont déroulés différait considérablement, chaque partie accusant l'autre :

  • Drapeau de l'Afghanistan Enayatullah Khwarizmi, porte-parole du ministère afghan de la Défense (en), a déclaré : « Malheureusement, aujourd'hui encore une fois dans les zones frontalières du district de Kang de la province de Nimroz, il y a eu une fusillade par des soldats iraniens, [et] un conflit [...] a éclaté. »[6]
  • Drapeau de l'Iran Ghasem Rezaei (fa), le chef adjoint des forces de l'ordre iraniennes, a déclaré : « Sans respecter les lois internationales et le bon voisinage, les forces talibanes ont commencé à tirer sur le poste de contrôle de Sasuli [...] provoquant une riposte décisive. »

Selon l'agence de presse iranienne Tasnim, les affrontements ont commencé lorsqu'un groupe de trafiquants de drogue armés a tenté de pénétrer en Iran et que les forces iraniennes ont tiré sur eux. Les forces talibanes locales, ignorant ce qui se passait, ont supposé que les forces iraniennes les attaquaient, et un affrontement s'est ensuivi. Les forces talibanes ont alors tenté d'attaquer les villages frontaliers de Sasuli (en), Hatam (en) et Makaki (en), mais ont été repoussées[7].

Les gardes-frontières iraniens ont fait usage de l'artillerie lors des affrontements, mais ont nié les allégations concernant l'utilisation de missiles[8].

Conséquences[modifier | modifier le code]

L'Iran a rouvert la frontière avec l'Afghanistan au pont d'Abrisham le , qui avait été fermée auparavant en raison des affrontements[9].

L'ambassade d'Iran à Kaboul et les responsables talibans ont ensuite pris contact pour enquêter sur l'incident. Le général iranien Kioumars Heydari (en) et le chef adjoint des forces de l'ordre iraniennes Ghasem Rezaei ont également tenu une réunion conjointe avec des responsables talibans dans la ville de Zabol, discutant de la manière d'empêcher que de tels incidents ne se reproduisent à l'avenir.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) Jon Gambrell, « Iran exchanges heavy gunfire with Taliban on Afghan border, escalating tensions over water rights », Associated Press, (consulté le )
  2. a et b (en) « Iranian Official Says Conflict With Afghanistan Detrimental To Both Sides », RFE/RL's Radio Azadi RFE/RL's Radio Farda, (consulté le )
  3. (en) « Iranian and Taliban forces engage in shootout on border over water dispute », sur The Times of Israel,
  4. « Guerre de l’eau ou guerre de religions ? Escalade à la frontière Afghanistan-Iran. », sur France Inter, (consulté le )
  5. Par Ronan Tésorière Le 30 mai 2023 à 17h59, « Tirs échangés, attaques... pourquoi les talibans et les Iraniens s’affrontent violemment à leur frontière », sur leparisien.fr, (consulté le )
  6. (en) « At least three killed in shooting at Iran-Afghan border », sur Al Jazeera,
  7. (fa) « جزئیات جدید از علت آغاز درگیری در مرز با افغانستان/ ممانعت از ورود کاروان قاچاقچیان به درگیری با طالبان انجامید », sur Tasnim News Agency,‎
  8. (en) « Iran Police Blame Taliban for Eruption of Border Clash », sur Tasnim News Agency,
  9. (fa) « بازگشایی پل ابریشم در مرز افغانستان پس از درگیری مرزبانان ایران با نیروهای طالبان », sur Tasnim News Agency,‎

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]