« Biais de négativité » : différence entre les versions

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Définition et explication

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Aussi connu sous le nom “d’asymétrie positive-négative ”, le biais de négativité est une distorsion de la pensée au sujet des choses qui retiennent l’attention d'une personne durant le processus de traitement d’information. Selon le dictionnaire de l’American Psychology Association, le biais de négativité désigne « la tendance des gens à accorder un poids et une considération disproportionnés aux informations et aux événements négatifs dans la prise de décision et la perception »[1].

De manière générale, les éléments négatifs marquent plus l’esprit que ceux qui sont positifs. En outre, l’effet de négativité, généralement utilisé de manière subconsciente[2], peut amplifier cette tendance en provoquant même un sentiment de pessimisme.

On retrouve ce biais aussi impliqué dans le maintien des préjugés, les stéréotypes, les superstitions, et les émotions négatives.

Le biais de la négativité dans santé mentale.

Des études s’étant intéressées à l’impact de ce biais, ont révélé sa présence chez les personnes atteintes de trouble d’anxiété généralisée[3][2]. Ce qui les amène à porter attention vers des stimuli négatifs, par exemple les sentiments de colère. Aussi, dans les cas de dépression, les personnes se focalisent plus sur les stimuli menaçants [2][3].

L’asymétrie positive-négative a la capacité de déformer la pensée et la perception d’un individu à un tel niveau que celui-ci ignore les points positifs d’une situation, et soit incapable de mobiliser les biais cognitifs appropriés de cette situation[4].

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Étant donné l’impact négatif que ce biais pourrait avoir, il existe une série de recherches qui visent à développer des programmes d’aide à la modification de l’attention (PMA). Ces programmes sont des pratiques thérapeutiques consistant à entraîner les anxieux à détourner leur attention aux signaux négatifs dans leur environnement.

Une étude expérimentale a été menée auprès de participants ayant été diagnostiqués selon les critères cités dans la 4e édition du manuel diagnostique et statistique de troubles mentaux (DSM-IV) de l’association américaine de psychiatrie (APA)[3]. Durant cette étude, les participants ont suivi un programme de modifications de l’attention pendant 4 semaines. Lorsqu'ils ont comparé, les réactions attentionnelles et émotionnelles des participants avant et après le programme de modification, les chercheurs ont constaté une diminution de l’anxiété chez eux, et une tendance moins considérable à orienter leur attention vers des stimuli négatifs. Ils ont même remarqué qu’un bon nombre de participants ne présentaient plus les symptômes de l’anxiété conformément au DSM-IV[3].

Ces découvertes s’annoncent assez prometteuses et pertinentes pour remédier à l’attention excessive que pourraient porter certaines personnes aux stimulis susceptibles d’induire de l'angoisse. Les PMA sont donc des solutions à envisager dans les techniques visant à réduire l’apparition des troubles d’anxiété[3]. Dans l’article cette étude, les chercheurs suggèrent que ce programme pourrait être envisagé comme une alternative dans les traitements de l'anxiété, en complément ou en dehors des traitements existants, comme les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) ou les médicaments[3].

Par ailleurs, il convient de nuancer en précisant que le biais de négativité n’est pas uniquement un attribut propre qu’aux personnes souffrant de troubles anxieux (TA). Sa manifestation récurrente chez des personnes non-anxieuses pourrait les prédisposer à développer ce trouble[2].

Cognition et médias sociaux

L'effet de négativité n'est pas uniquement un indicateur d'angoisse ou de détresse. Il se trouve que de façon naturelle, le cerveau manifeste un penchant envers les signaux négatifs[5].

En 2014, les chercheurs Trussler Marc et Soroka Stuart, ont mené une étude pertinente et assez particulière au sujet des informations négatives et stratégiques véhiculées par les médias[5]. Un des objectifs majeurs de leur recherche était de savoir s’il existait une différence entre les préférences implicites et explicites des gens en matière de types d’informations auxquels ils choisissaient de s'exposer. En d’autres termes, ils cherchait à savoir si les individus choisiraient réellement ce qu’ils ont affirmé préférer. Pour ce faire, ils les ont questionnés sur leurs genres d’informations favoris. Par la suite, ils leur ont présenté plusieurs types de journaux (positifs, négatifs et neutre ), et ensuite les ont invités à choisir ce qu'ils souhaitaient lire. De manière surprenante, les chercheurs se sont rendus compte que les choix des participants étaient contradictoires avec leurs affirmations explicites. En fait, plusieurs d'entre eux prétendaient préférer les informations positives, mais en ont choisi le contraire. Ces résultats ont donc mis en évidence le caractère implicite du biais de négativité chez les humains.

Le monde des médias tire avantage de ce fait en diffusant de plus en plus du contenu négatif, puisque, cela est en concordance avec les préférences profondes des téléspectateurs, même si, ceux-ci ne s’en rendent pas compte[5].

Toujours en est-il qu’une exposition excessive à du contenu négatif pourrait être néfaste car le biais de négativité donne une impression d'absence totale d'éléments positifs.

Conclusion

En résumé, l’asymétrie positive-négative est un processus de traitement de l’information qui fait en sorte que l’attention d’un individu se focalise plus sur les choses négatives au détriment de celles qui sont positives. Ce biais intervient de façon implicite dans la perception de l’entourage, le traitement des émotions, le choix des préférences et bien plus. Comme le cerveau humain présente naturellement une attraction pour les informations à connotations négatives, il arrive que le monde des médias sociaux en profite pour propager plus d’informations de ce genre. Toutefois, l’effet de négativité pourrait conduire les personnes à une détresse psychologique et limiter leur exploration du monde extérieur, à cause d'une conception biaisée de la réalité. C’est pourquoi il est important d'être vigilant et de réguler la manifestation de ce effet.

Références

  1. (en) « APA Dictionary of Psychology », sur dictionary.apa.org (consulté le )
  2. a b c et d Sylvie Blairy, « La modification du biais attentionnel dans les troubles anxieux et la dépression : une revue synthétique de la littérature », Annales Médico-psychologiques, revue psychiatrique, vol. 175, no 6,‎ , p. 522–527 (ISSN 0003-4487, DOI 10.1016/j.amp.2015.11.010, lire en ligne, consulté le )
  3. a b c d e et f (en) Nader Amir, Courtney Beard, Michelle Burns et Jessica Bomyea, « Attention modification program in individuals with generalized anxiety disorder. », Journal of Abnormal Psychology, vol. 118, no 1,‎ , p. 28–33 (ISSN 1939-1846 et 0021-843X, PMID 19222311, PMCID PMC2645540, DOI 10.1037/a0012589, lire en ligne, consulté le )
  4. G. Benoit et James Everett, « Problèmes dattention et dépression », L'Année psychologique, vol. 93, no 3,‎ , p. 401–426 (DOI 10.3406/psy.1993.28703, lire en ligne, consulté le )
  5. a b et c (en) Marc Trussler et Stuart Soroka, « Consumer Demand for Cynical and Negative News Frames », The International Journal of Press/Politics, vol. 19, no 3,‎ , p. 360–379 (ISSN 1940-1612 et 1940-1620, DOI 10.1177/1940161214524832, lire en ligne, consulté le )