Voir la source de Édom

{{av. J.-C.}}
{{Infobox Ancienne entité territoriale
| nom français  = Royaume d'Édom
| nom           = 
| nom langue    = 
| année début   = {{-s|VIII|e}}
| année fin     = [[Années 530 av. J.-C.|533 av. J.-C.]]
| gouvernement  = État [[Tribu (ethnologie)|tribal]] ou [[Société segmentaire|segmentaire]] ?
| drapeau       = 
| blason        = 
| carte         = Royaumes_autour_d'Israel_en_830.svg
| légende       = Le sud du [[Levant (Proche-Orient)|Levant]] vers la fin du {{sav|VII|e}} : Édom apparaît en jaune
| religion      = 
| langues       = édomite
| capitale      = [[Buṣeirah]]
| evt1 date     = début {{-s|VIII|e}}
| evt1          = Première mention
| evt2 date     = {{-s|VII|e}}
| evt2          = Expansion vers le Néguev
| evt3 date     = [[Années 720 av. J.-C.|729]]
| evt3          = Versement d'un tribut à [[Teglath-Phalasar III]]
| evt4 date     = [[Années 710 av. J.-C.|712]]
| evt4          = Versement d'un tribut à [[Sennacherib]]
| evt5 date     = [[Années 530 av. J.-C.|533]]
| evt5          = Attaque de [[Nabonide]]
| titre leaderA = Rois connus
| leaderA1      = Qôsmalka
| leaderA2      = Aiarammu
| leaderA3      = Qôsgabar
}}
'''Édom''' est un royaume du [[Proche-Orient ancien]] situé au sud de la [[mer Morte]], au sud de la [[Transjordanie (région)|Transjordanie]] et de la [[Judée]], de part et d’autre de la vallée de l'[[Arabah]]. Le terme Édom désigne à la fois un peuple, les Édomites, et une région. Comme les [[Israël antique|royaumes israélite]]s et [[Moab (royaume)|moab]]ite voisins, le royaume d'Édom apparaît à l'[[âge du fer]]. Il perdure pendant trois siècles, du {{-sp|VIII|e|au|VI|e}} environ, durant lesquels il se confronte à ses voisins : [[royaume de Juda|Juda]] au nord-ouest et [[Moab (royaume)|Moab]] au nord-est.

Les Édomites connaissent leur plus grande prospérité à l'époque [[assyrie]]nne et [[Empire néo-babylonien|babylonienne]]. Sous la pression des tribus nomades du désert, leur position se fragilise en Transjordanie. Alors que le [[royaume de Juda]] s'affaiblit, ils s'installent graduellement au sud de la [[Judée]]. L'installation continue de populations [[Arabie préislamique|arabiques]] finit par les rendre minoritaires dans leur territoire originel. À partir de la période [[Achéménides|perse achéménide]], le terme apparenté « '''[[Idumée]]''' » est utilisé pour désigner une région du nord du [[Néguev]] et s'étendant dans la [[Shéphélah]], peuplée d'Édomites ou Iduméens.

Comme pour les [[Israël antique|Israélites]], l'origine des Édomites est [[Sémites|sémitique]], mais obscure. Contrairement aux Israélites, les Édomites n'ont pas laissé de littérature semblable à la [[Bible hébraïque]]. Les sources contemporaines assyriennes et égyptiennes donnent peu d'informations sur Édom. La Bible quant à elle rapporte des traditions biaisées et plutôt hostiles. 

Selon la [[Bible]], l'ancêtre fondateur des Édomites est [[Ésaü]], frère de [[Jacob]], tous deux petits-fils d'[[Abraham]]. Cependant, dans la tradition rabbinique ou [[Talmud|talmudique]], Édom est présenté allégoriquement comme l'ennemi héréditaire du peuple juif et toujours identifié avec l'[[Empire romain]] et avec la [[Chrétienté]].

== Cadre ==
=== Édom et Séïr ===
[[Fichier:Yotvata and Edom Mountains.jpg|thumb|right|Les monts d'Édom depuis la [[Arabah|Aravah]]]]
L’étymologie d'{{citation|Édom}}  dérive de la racine {{lang|he|dir=rtl|texte=אדם|trans=Adom}} (rouge, terre, surface plate) en référence au calcaire rougeâtre de la région de l'est de l'[[Arabah|Aravah]]<ref>{{Ouvrage|prénom1=Lévi|nom1=Ngangura Manyanya|titre=La fraternité de Jacob et d'Esaü (Gn 25-36)|sous-titre=quel frère aîné pour Jacob|éditeur=|année=2009|isbn=}} {{p.|243}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=Jean|nom1=König|titre=L'herméneutique analogique du judaïsme antique d'après les témoins textuels d'Isaïe,|éditeur=|année=1982|isbn=}} {{p.|253}}</ref>.

Le terme est utilisé pour désigner à la fois une entité politique, un peuple, les Édomites, et une zone géographique, une région de part et d'autre de la Aravah<ref name="Hoffmeier">{{Ouvrage |langue=en |prénom1=James K. |nom1=Hoffmeier |titre=Ancient Israel in Sinai : The Evidence for the Authenticity of the Wilderness Tradition |éditeur=[[Oxford University Press]] |année=2005 |pages totales=336 |isbn=0-19-515546-7 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=EVcSDAAAQBAJ&printsec=frontcover}}</ref>. Bien que ces deux significations ne coïncident pas nécessairement, il est difficile de les séparer<ref>{{harvsp|Bienkowski|van der Steen|2001|p=22}}</ref>.

La région de {{citation|[[mont Séïr|Séïr]]}} est étroitement associée à Édom. Séïr désigne à l'origine une région du [[Néguev]], peut-être dans le secteur de la [[Aravah]]. Dans la Bible, « Séïr » finit par devenir un synonyme de « Édom »<ref>{{harvsp|Bartlett|1997|p=189}}</ref>.

=== Cadre géographique ===
{{Début d'illustration|right|largeur=400}}
{{Début de carte}}
[[Fichier:{{Géolocalisation/Edom|image}}|400px]]
{{G|Edom|30.7138|35.6580|Buṣeirah|Site archéologique|e}}     <!-- 30.745863 35.604169 -->
{{G|Edom|30.6277|35.4933|Feinan|Site archéologique|e}}
{{G|Edom|30.6805|35.4361|Khirbet en-Naḥas|Site archéologique|o}}

<!-- www.megalithic.co.uk/article.php?sid=27194 -->
{{G|Edom|30.782331|35.576030|Sela|Site archéologique|ne}}

<!-- source Catedra Sela beharei Edom-->
{{G|Edom|30.32917|35.44361|Umm el-Biyara|Site archéologique|e}} <!-- douteux : TBC    -->
{{G|Edom|30.4155|35.4568|Ba'ja|Site archéologique|e}}           <!-- UTM 7360 (3)3674 -->
{{G|Edom|30.2417|35.4431|Jabaj al-Qseir|Site archéologique|e}}  <!-- UTM 7351 (3)3481 -->
{{G|Edom|30.2137|35.3947|Es-Sadeh|Site archéologique|se}}       <!-- UTM 7305 (3)3449 -->
<!-- {{G|Edom|30.6805|35.4361|Jabaj al-Khubta|Site archéologique}}   -->

<!-- Israël -->
{{G|Edom|29.791|34.983|Timna|Site archéologique|o}}
{{G|Edom|29.5443|34.9823|Khirbet Kheleifeh|Site archéologique}}  <!--comprobado amudanan.co.il -->
{{G|Edom|30.8086|35.2458|Ein Ḥaẓeva|Site archéologique|n}}      <!--comprobado amudanan.co.il -->
{{G|Edom|31.2172|35.0258|Tel Malḥata|Site archéologique|so}} <!--comprobado amudanan.co.il -->
{{G|Edom|31.1854|35.0661|Qitmit|Site archéologique|se}}      <!--comprobado amudanan.co.il -->
{{G|Edom|31.2092|35.1656|Horvat Uza|Site archéologique|e}}   <!--comprobado amudanan.co.il -->
{{G|Edom|30.6483|34.4222|Qadesh Barnéa|Site archéologique|n}}
{{G|Edom|31.152457|34.978766|Aroer|Site archéologique|s}}
{{G|Edom|31.232850|34.986795|Tel Ira|Site archéologique|n}}  <!--comprobado amudanan.co.il -->

<!--assyrien-->
{{G|Edom|31.387375|34.444647|Tel Gamma{{!}}Gamma|Tour|o}}
{{G|Edom|31.382117|34.606522|Tel Haror{{!}}Haror|Tour|s}}
{{G|Edom|31.391175|34.681574|Tel Sera{{!}}Sera|Tour|e}}
{{G|Edom|31.516667|34.45|Gaza|Tour|o}}
<!--perse-->
{{G|Edom|31.524|35.103|Hébron|Localité|ne}}
{{G|Edom|31.280833|35.125|Arad (Israël){{!}}Arad|Localité|e}}
{{G|Edom|31.5035|35.0276|Adouraïm|Localité|se}}
{{G|Edom|31.592963|34.898241|Marésha|Localité|no}}
{{G|Edom|31.565|34.849444|Lakish|Localité|o}}
{{G|Edom|31.245|34.840556|Tel Beer Sheva{{!}}Beer-Sheva|Localité|o}}

<!--région-->
{{G|Edom|31.35|35.0|Idumée|Région}}
{{G|Edom|30.50|35.6|Édom|Région}}
{{fin de carte}}
{{Fin d'illustration|{{Géolocalisation/Edom|image}}|Territoire d'Édom}}
Géographiquement, Édom est divisé en trois régions : les hauts plateaux en Transjordanie, les basses terres dans la [[Arabah|Aravah]] et le [[Néguev]], conquis par les Édomites du {{-sp|VIII|e|au|VI|e}}. Le territoire historique des Édomites se situe à la frontière du désert, dans le sud de l'actuelle [[Jordanie]]. Il s'étend sur quelque 160 kilomètres et est approximativement délimité au nord par la rivière [[Zered]], au sud par le [[oued|ouadi]] Hisma et le Jabal Ram dans le golfe d'[[Aqaba]], à l'ouest par la dépression de la Aravah et à l'est à la frontière du [[désert d'Arabie]]. À partir du {{-s|VIII|e}}, le territoire des Édomites s'étend vers l'ouest en direction des vallées d'[[Arad (Israël)|Arad]] et de [[Beer-Sheva]]. Dans l'Antiquité, la vallée de l'Aravah ne constitue pas une frontière entre le sud de la [[Transjordanie (région)|Transjordanie]] et le [[Néguev]] : ces deux régions font partie des mêmes environnements culturel et socio-économique<ref>{{harvsp|Bienkowski|van der Steen|2001|p=21}}</ref>. Pendant l'[[achéménides|époque perse]], les Édomites se déplacent vers la [[Shéphélah]] et les monts d'[[Hébron]]. Sous la pression de tribus arabes, ils ne dominent plus leur territoire historique. Le terme « [[Idumée]] » commence à désigner le territoire qu'ils occupent au sud de la [[Judée]].

En Transjordanie, le nord du territoire consiste en un plateau volcanique. C'est là que sont établis la plupart des sites édomites. Le sud est constitué de collines de [[grès (géologie)|grès]]. Le territoire édomite possède des réserves de [[Minerai (roche)|minerai]] de [[cuivre]] parmi les plus importantes du sud du [[Levant (Proche-Orient)|Levant]]<ref name="Levy2005"/>. La région présente de faibles précipitations. Le territoire se divise entre des hauts plateaux ({{unité|1500|m}} d'altitude) où le climat est semi-aride et les précipitations sont légèrement plus importantes. Dans les basses terres ({{unité|80|m}} sous le niveau de la mer), le climat est désertique et les précipitations annuelles sont inférieures à {{unité|70|mm}}<ref name=Levy2005>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Tom|nom1=Higham|directeur1=oui|prénom2=Thomas Evan|nom2=Levy|directeur2=oui|titre=The Bible and Radiocarbon Dating|sous-titre=Archaeology, Text and Science|éditeur=|année=2005|pages totales=450|isbn=978-1-84553-056-3|titre chapitre=Lowland Edom and the High and Low Chronologies}}</ref>. Les précipitations d'Édom sont insuffisantes pour être utilisées comme une ressource fiable d'eau. L'agriculture y est risquée car les populations peuvent difficilement surmonter plusieurs années de sécheresse consécutives. Ce climat est surtout adapté aux activités d'élevage de [[Bovidae|bovidés]] et à une production limitée de céréales, d'olives et de raisin, principalement au nord dans la région de [[Buṣeirah]]<ref>{{Harvsp|Levy|1995|p=403|id=Levy1995}}</ref>. Une agriculture plus limitée est possible dans les basses terres grâce à l'[[irrigation]].

Édom doit son développement à sa situation géographique. Son territoire se trouve sur la route qui relie l'[[Arabie]] au sud de la côte du [[Levant (Proche-Orient)|Levant]] (via le [[Néguev]] et la vallée de Beer-Shéva) et à la [[Syrie]] (via la Transjordanie). Édom profite ainsi du commerce des arabes. Les relations commerciales entre l'Arabie et le Levant sont bien établies à partir du [[La Tène|second âge du fer]] via une route caravanière, la {{citation|[[route de l'encens]]}}. Les routes de commerce en Arabie jouent un rôle majeur à partir du {{-s|VIII|e}}<ref>{{Article|titre=Les conditions d’émergence de la route de l'encens à la fin du {{IIe}} millénaire avant notre ère|prénom1=Mickaël|nom1=Jasmin|périodique=[[Syria]]|volume=82|année=2005|passage=49-62|jstor=20723365}}</ref>.

=== Fouilles archéologiques et recherche actuelle ===
[[Buṣeirah]] est visitée par l'explorateur allemand [[Ulrich Jasper Seetzen]] lors de son voyage au sud de la [[mer Morte]] en 1806. Il est le premier à identifier le site à la Bozrah biblique<ref name="Buseirah_OEANE">Piotr Bienkowski, « {{lang|en|Buṣeirah}} », dans {{harvsp|id=OEANE|OEANE|1995}} vol. 1, {{p.|388}}</ref>. Les sites du Néguev sont explorés en 1914 par [[Leonard Woolley]] et [[Thomas Edward Lawrence]]. Entre 1932 et 1947, le rabbin et archéologue américain [[Nelson Glueck]] explore la [[Transjordanie (région)|Transjordanie]] méridionale, notamment Buṣeirah, Tawilan et [[Tell el-Kheleifeh]]. Entre 1952 et 1964, il mène avec [[Yohanan Aharoni]] des fouilles dans le Néguev, à [[Qadesh Barnéa]] et Horvat Uza<ref>S. Gitin, « {{lang|en|Glueck, Nelson}} », dans {{harvsp|id=OEANE|OEANE|1995}} vol. 2, {{p.|415-416}}</ref>.

L'archéologue britannique Crystal Bennett fouille les sites de Transjordanie entre 1960 et 1980. Elle effectue des fouilles à Buṣeirah de 1971 à 1974 et en 1980, ainsi qu'à Tawilan et à Umm el-Biyara<ref>P. Bienkowski, « {{lang|en|Bennett, Crystal-Margaret}} », dans {{harvsp|id=OEANE|OEANE|1995}} vol. 1, {{p.|298}}</ref>. Dans les années 1990, Stephen Hart fouille le site de Ghareh. Côté [[Israël|israélien]], les sites du Néguev font l'objet de fouilles dirigées par Moshe Dotan, Rudolph Cohen et Itzhaq Beit-Arieh<ref name="ba">{{harvsp|Beit-Arieh|1996}}</ref>.

Les débats actuels concernant l'histoire d'Édom portent sur la datation de l'apparition d'une entité politique édomite antérieurement au {{-s|VIII|e}} et sur la nature de la présence édomite dans le Néguev à partir du {{-s|VII}} L'intérêt pour le premier stade d'Édom est lié à l'interprétation des fouilles d'importants sites d'[[extraction du cuivre]] dans la vallée de la [[Arabah|Aravah]]. Il s'inscrit plus généralement dans les débats sur la chronologie des [[Israël antique|Israélites]] au début de l'âge du fer<ref name="Crowell2007"/>. Quant à la signification de la présence édomite dans le Néguev, certains chercheurs l'interprètent comme le résultat d'une occupation militaire<ref name="ba" /> alors que d'autres y voient une expansion culturelle au sein d'un territoire présentant une grande diversité ethnique<ref name="bie">{{harvsp|Bienkowski|van der Steen|2001}}</ref>.

== Histoire ==
=== Origine et premiers développements ===
[[Fichier:Umm al-Biyara (Petra).JPG|thumb|left|Umm el-Biyara au-dessus de [[Pétra]]]]
Édom s'est développé à partir de [[nomadisme|tribus nomades]] en une entité politique centralisée. Depuis le [[âge du bronze|bronze ancien]], Édom est occupé par des populations nomades ou semi-nomades<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Tom|nom1=Higham|directeur1=oui|prénom2=Thomas Evan|nom2=Levy|directeur2=oui|titre=The Bible and Radiocarbon Dating|sous-titre=Archaeology, Text and Science|éditeur=|année=2005|pages totales=450|passage=131|isbn=978-1-84553-056-3|titre chapitre=Lowland Edom and the High and Low Chronologies}}</ref>. Comme le royaume voisin de [[Moab (royaume)|Moab]], Édom semble correspondre aux [[bédouins]] [[shasou]]s des documents égyptiens. Ces bédouins habitaient la [[Transjordanie (région)|Transjordanie]] et le [[Néguev]] au bronze récent et au début du premier âge de fer, à partir de 1500 av. J.-C. Le papyrus Anastasi {{VI}} daté de la huitième année du règne de [[Mérenptah]], vers [[Années 1200 av. J.-C.|1205]], fait référence aux {{citation|Shasous d'Édom}}. Le [[pharaon]] Mérenptah les autorise à traverser un fort pour séjourner en [[Égypte]] avec leurs troupeaux<ref>{{harvsp|Lemaire|2010|p=226}}</ref> :
{{citation bloc|Nous avons fini de permettre aux tribus des Shosous d'Édom de passer la forteresse de Mernephtah-hotep-her-Maât qui est en [[Pithôm|Tjekou]] […] afin de les maintenir en vie et de maintenir leurs troupeaux en vie|Papyrus Anastasi {{VI}}}}

La [[Bible]] présente un parallèle tardif à cette histoire dans laquelle Hadad, roi d'Édom, reçoit un bon accueil en Égypte. Les rapports avec l'Égypte sont moins pacifiques dans le [[papyrus Harris]], daté du règne de [[Ramsès III|Ramsès {{III}}]], où celui-ci affirme avoir détruit {{citation|les gens de Séïr parmi les tribus de Shasou}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=Raphael|nom1=Givéon|titre=Les bédouins Shosou des documents égyptiens|lieu=Leyde|éditeur=|année=1971|passage=131 à 136|isbn=}}</ref>. D'autres du début du {{-s mini|XII|e}} mentionnent leur existence. Le [[mont Séïr]] est cité dans plusieurs documents égyptiens, en rapport direct avec les Shasous. La liste d'Amarah parle de {{citation|Séïr en terre de Shasou}}. Le nom d'Édom pourrait même remonter au {{-s|XV|e}} si le toponyme ''idma'' apparaissant dans une liste de [[Thoutmôsis III|Thoutmôsis {{III}}]] signifie effectivement {{citation|Édom}}<ref>{{Article|langue=en|titre=Toward a new synthesis of the god of Edom and Yahweh|prénom1=Justin |nom1 = Kelley|périodique=Antiguo Oriente|volume=7|année=2009|passage=257}}</ref>.

Au bronze récent et durant le premier âge du fer, l'habitat dans les hauts plateaux d'Édom est clairsemé. À partir de l'analyse des poteries découvertes lors des fouilles, les archéologues estiment que l'occupation sédentaire du sud de la Transjordanie commence vers le fer I<ref>{{Article| langue = en|prénom1= Israël| nom1= Finkelstein| lien auteur1= Israël Finkelstein| titre = Edom in the Iron I| périodique = Levant| volume  = 24| année = 1992| pages = 159 à 166| issn = 0075-8914}}</ref> ou au fer II<ref>{{Chapitre | prénom1= Piotr  | nom1= Bienkowski | titre = The Date of Sedentary Occupation in Edom: Evidence from Umm el-Biyara, Tawilan and Buseirah|titre ouvrage=Early Edom and Moab : The Beginning of the Iron Age in Southern Jordan|éditeur=J.R. Collis Publications|lieu=Sheffield|année=1992|langue=en}}</ref>{{,}}<ref>{{Article | langue = en| prénom1= Piotr | nom1= Bienkowski | titre = The Beginning of the Iron Age in Edom : a reply to Finkelstein | périodique = Levant| volume  = 24 | année = 1992| pages = 167 à 169 | issn = 0075-8914}}</ref>. Il existe un débat sur les débuts de l'occupation sédentaire d'Édom. L'attribution des poteries au fer I ou au fer II est délicate et ces débats illustrent la difficulté d'établir une [[stratigraphie]] pour les sites édomites. Dans le cas d'une occupation des Édomites dès le fer I, le processus de sédentarisation serait parallèle à celui des premiers [[Israël antique|Israélites]]<ref name="Grabbe2007_96">{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Lester L.|nom1=Grabbe|titre=Ancient Israel|sous-titre=What Do We Know and How Do We Know It?|lieu=Londres et New York|éditeur=T&T Clark|année=2007|pages totales=306|passage=96 et 97|isbn=978-0-567-03254-6|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=IvfTAwAAQBAJ&printsec=frontcover}}</ref>.

L'occupation sédentaire pourrait être la conséquence de l'effondrement de [[Canaan (région)|Canaan]]. Les populations qui formeront Édom semblent être majoritairement des nomades sédentarisés dont l'origine est indigène. Comme les peuples voisins, [[Ammon (royaume)|Ammonites]], [[Moab (royaume)|Moabites]] ou [[Israël antique|Israélites]], ils sont les descendants de populations déjà présentes dans la région. Il n'y a pas de trace de migration ou d'implantation de nouveaux groupes présentant une culture matérielle distincte de l'occupation du bronze récent, bien qu'un apport de population par migration reste possible<ref>{{Harvsp|Levy|1995|p=406|id=Levy1995}}</ref>. Une contribution à l'occupation sédentaire peut provenir de l'immigration d'agriculteurs ayant fui Canaan. Dans cette perspective, ces nouveaux arrivants seraient identifiés aux [[Nephilim|Horites]] de la Bible<ref>{{Harvsp|id=BienkowskiEarly|texte=Knauf, ''The Cultural Impact of Secondary State Formation: The Cases of the Edomites and Moabites''|p=47 à 54}}</ref>. Le passage du [[pastoralisme]] à la [[Sédentarité|vie sédentaire]] facilite l'organisation économique et politique d'Édom. Il permet la collecte de taxes, le système de redistribution et crée une dépendance vis-à-vis des autorités<ref name="porter">{{harvsp|Porter|2004}}</ref>.

Les Édomites se sédentarisent dans les zones les plus propices à l'agriculture comme [[Umm el-Biyara]], [[Tawilan]] et [[Buṣeirah]]. Des villages s'installent sur des sommets isolés. Peu de sites sont habités, même si l'existence de sites habités est attestée par les sources égyptiennes. Pendant le premier âge de fer, l'habitat y est petit et dispersé, sans centre urbain<ref>{{article|langue=en| prénom1=Israel| nom1=Finkelstein| lien auteur1=Israel Finkelstein| titre=Khirbet en-Nahas, Edom and Biblical History | périodique=Tel Aviv| volume=32|numéro=1|mois=Mars|année= 2005|passage=122}}</ref>. L'histoire et le fonctionnement de ces sites ne sont pas encore clairement établis. L'activité principale semble être le pastoralisme. Jusqu'à l'époque assyrienne, Édom est considéré comme une entité {{citation|[[Tribu (ethnologie)|tribale]]}} ou {{citation|[[société segmentaire|segmentée]]}}, sans administration centrale<ref name="porter" />.

Des fouilles à {{lien|trad=Khirbat en-Nahas|fr=Khirbet en-Naḥas}} montrent une intense production de métaux et des mines de cuivre dans les basses terres d'Édom dès le {{-s|XI|e}}, avec un maximum d'activité dans la première partie du second âge de fer. Cette découverte et les récentes datations au [[carbone 14]] pourraient reculer de deux siècles la date du royaume d'Édom que l'on pensait commencer au {{-s|VII|e}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Thomas E.|nom1=Levy|titre=High-precision radiocarbon dating and historical biblical archaeology in southern Jordan|éditeur=[[Proceedings of the National Academy of Sciences|PNAS]]|année=2008|isbn=}}</ref>. L'émergence d'Édom en tant qu'État pourrait être liée à l'exploitation du cuivre dans les basses terres avant même l'intervention de l'Assyrie. Malgré ces fouilles, les données archéologiques manquent pour caractériser les premiers stades de la naissance d'Édom<ref>{{harvsp|Porter|2004|p=377}}</ref>.

=== La période assyrienne ===
==== Sources épigraphiques ====
Édom apparaît neuf fois dans les textes assyriens datant des règnes d'[[Adad-nerari III|Adad-nerari {{III}}]], de [[Teglath-Phalasar III|Teglath-Phalasar {{III}}]], de [[Sargon II|Sargon {{II}}]], de [[Sennacherib]], d'[[Assarhaddon]] et d'[[Assurbanipal]]. Sept des occurrences sont des inscriptions royales. Édom apparaît aussi dans une lettre, dans une liste de provinces du règne d'Assurbanipal et dans la ''Géographie de Sargon'', un texte historico-légendaire sur les limites du royaume de [[Sargon d'Akkad]]<ref>{{Article|titre=Moab and Edom in the Sargon Geography|prénom1=Wayne|nom1=Horowitz|périodique=[[Israel Exploration Journal]]|éditeur=Israel Exploration Society|volume=43|année=1993|passage=151 à 156|jstor=27926303|langue=en}}</ref>. Édom apparaît aux côtés d'autres petits royaumes proches orientaux vassaux de l'[[Assyrie]] tels que [[Moab (royaume)|Moab]], [[royaume de Juda|Juda]] et  [[royaume d'Israël|Israël]] (désigné sous le nom de {{citation|Maison d'[[Données archéologiques sur Omri et les Omrides|Omri]]}}), des villes [[phénicie]]nnes de [[Tyr]], [[Sidon]], [[Arouad|Arwad]], [[Byblos]] ou d'[[Ashdod]]<ref>{{Harvsp|Briend|Seux|1977}} {{p.|95}} et {{p.|104}}</ref>.

==== Organisation du royaume édomite ====
[[Fichier:Ceramic bowl - Tawilan.JPG|thumb|Poterie, Tawilan (Musée archéologique de Pétra)]]
[[Fichier:Cylinder seals - Tawilan.JPG|thumb|Sceaux, Tawilan (Musée archéologique de Pétra)]]
La première mention d'une entité politique édomite date du règne d'[[Adad-nerari III]], au début du {{-s|VIII|e}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=Jacques|nom1=Briend|prénom2=Marie-Joseph|nom2=Seux|titre=Textes du Proche-Orient ancien et histoire d'Israël|éditeur=[[Éditions du Cerf|Les Éditions du Cerf]]|année=1977|pages totales=188|passage=95|isbn=978-2-204-01169-3}}</ref>. Une inscription de Nimrud (l'ancienne [[Kalkhu]]) cite le tribut payé par les Édomites parmi une liste d'états soumis par Adad-nerari III<ref>{{harvsp|Lemaire|2010|p=231}}</ref>.

Le royaume d'Édom connaît une grande prospérité au {{sav|VII|e}} avec l'arrivée des [[Assyrie]]ns dans la région. Cette domination étrangère transforme l'organisation politique et économique d'Édom et contribue à son développement. Dans le territoire traditionnel d'Édom en Transjordanie, du sud de la [[mer Morte]] jusqu'aux abords du golfe d'[[Aqaba]], les constructions édomites se multiplient. Les temples et les maisons y suivent des modèles assyriens<ref>{{harvsp|Stern|2001|p=275}}</ref>. Le principal site édomite est [[Buṣeirah]], généralement identifié à la capitale édomite {{citation|Bozrah}} de la Bible, bien qu'aucune découverte n'ait permis de le confirmer<ref>{{harvsp|Stern|2001|p=273}}</ref>. C'est la seule ville fortifiée connue des Édomites. Elle est divisée entre une ville haute, possédant des bâtiments administratifs et un temple, et une ville basse où se trouvent les habitations. Les bâtiments les plus importants sont construits après la prise de la ville par les Assyriens et sous leur influence<ref>{{harvsp|Stern|2001|p=274}}</ref>. Deux autres sites non fortifiés sont occupés au {{sav|VII|e}} : [[Umm el-Biyara]], au-dessus de [[Pétra]] (parfois identifié à la {{citation|Sela}} biblique) et [[Tawilan]], au nord de Pétra (la {{citation|Teiman}} biblique). À Umm el-Biyara, des vestiges de maisons et de citernes ont été retrouvés. Les Édomites fabriquent des textiles et des céramiques de qualité et possèdent une certaine maîtrise dans le travail des métaux. Une ligne de [[Fortin militaire|fortins]] installés au sommet de promontoires rocheux assure la défense du territoire en direction de l'ouest. Ce système de fortifications protège leur territoire contre les incursions des tribus nomades du désert<ref>{{he}} {{article|titre={{lang|en|Mountain Strongholds of Edom}}|prénom=Chaim|nom1=Ben David|périodique=Catedra|lien périodique=Catedra (revue) |volume=101|pages=7 à 18|année=2001|issn=0334-4657}}</ref>.

==== Expansion vers l’ouest ====
L'expansion des Édomites à l'ouest de la Transjordanie commence avec la domination assyrienne. Ils profitent de la présence assyrienne dans la région pendant la première moitié du {{sav|VII|e}} et de l'affaiblissement du [[royaume de Juda]] pour s'implanter durablement dans la [[Arabah|Aravah]] et dans le [[Néguev]], au sud de la vallée de Beer-Sheva. Cette expansion vers l'ouest est motivée par deux objectifs<ref>{{harvsp|Stern|2001|p=269}}</ref>. D'une part, il s'agit de disputer au royaume de Juda l'exploitation des mines de cuivre. Les Édomites sont alors en lutte avec les Judéens pour le contrôle des mines situées dans la Aravah, à l'est, les sites de {{lien|trad=Khirbat en-Nahas|fr=Khirbet en-Naḥas}} et de {{Lien|langue=en|trad=Khirbat Faynan|fr=Feinan}} (la {{citation|{{Lien|langue=en|trad=Punon|fr=Punon}}}} biblique) et au sud, [[Parc national de Timna|Timnah]]. Les centres administratifs et militaires du territoire judéen sont alors trop éloignés pour assurer un contrôle durable de la région. Feinan devient un élément majeur de l'économie édomite. D'autre part, les Édomites cherchent à obtenir un débouché sur la côte [[Mer Méditerranée|méditerranéenne]] afin de profiter du commerce arabe vers les marchés d'[[Égypte antique|Égypte]] et de [[Grèce antique|Grèce]]. Les Édomites étant déjà intégrés aux routes du commerce arabe, ils reçoivent l'appui des Assyriens pour obtenir un contrôle sur les routes traversant le sud du territoire de Juda. Pour relier la [[mer Rouge]] à [[Gaza]] et à l'Égypte, deux routes sont alors utilisées : la première remonte d'[[Eilat]] à travers la Aravah puis bifurque dans la vallée de Beer-Sheva, la seconde, plus courte, traverse le Néguev via [[Qadesh Barnéa]]. Ces deux routes constituent les axes majeurs de l'expansion édomite vers l'ouest. L'appui des Assyriens s'explique aussi par le soutien logistique que les Édomites apportent aux armées assyriennes en campagne contre l’Égypte<ref name="Stern278">{{harvsp|Stern|2001|p=278}}</ref>.

Juda contrôle encore les routes du Néguev au début du {{-s|VIII|e}} comme l'indique l'inscription de [[Kuntillet Ajrud]] mais vers [[Années 730 av. J.-C.|734]], il perd le contrôle d'Eilat au profit des Édomites. La menace que représente Édom sur le Néguev est exprimée dans l'[[ostraca d'Arad|ostracon 40 d'Arad]], daté d'avant la campagne de [[Sennacherib]] de [[Années 700 av. J.-C.|701]], et qui parle du {{citation|mal qu'a fait Édom}}<ref>{{harvsp|Lemaire|2010|p=236}}</ref>. À la suite de la campagne de Sennacherib, les  Édomites profitent de la destruction des forts judéens du [[Néguev]] par les Assyriens pour commencer à s'établir dans la région. Lorsque le roi [[Manassé (Juda)|Manassé]] entame la reconstruction de la frontière sud de Juda, les Édomites y sont déjà bien implantés. Juda perd ainsi le contrôle de la Aravah et des forteresses de [[Tell el-Kheleifeh|Khirbet Kheleifeh]] et d'[[Ein Ḥaẓeva]]. Khirbet Kheleifeh, sur les bords de la mer Rouge, l'[[Ezion-Geber]] biblique, est occupé par les Édomites dès la fin du {{sav|VIII|e}}. Un centre administratif et un fort sont installés dans ce port au bord de la mer Rouge. Au nord, à Ein Ḥaẓeva, la {{citation|Tamar}} biblique, les Édomites établissent un petit fort sur ce qui était le plus grand fort judéen de la région<ref>{{harvsp|Stern|2001|p=276}}</ref>. Ce site, situé à proximité d'un point d'eau, est un point de passage sur les routes commerciales arabes. Il est d'ailleurs équipé d'un sanctuaire riche en objets de culte.

L'archéologie montre que l'influence édomite se fait sentir sur le Néguev à partir du {{-s|VII}} Elle est le résultat d'une infiltration de population édomite. Au cours du {{sav|VII|e}}, c'est la ligne de défense du sud de la vallée de Beer-Shéva qui tombe aux mains d'Édom ([[Horvat Uza]], [[Tel Malḥata]] et son sanctuaire de [[Qitmit]], [[Aroër]], [[Tel Ira]] et [[Tel Masos]]) repoussant la frontière de Juda plus au nord<ref name="Stern278"/>. De nouveaux forts sont construits sur les ruines des anciens forts judéens. L'hostilité de la [[Tanakh|Bible hébraïque]] à l'encontre des Édomites fait écho à la pression exercée par les Édomites sur les Judéens pour le contrôle du Néguev. Cette hostilité est aussi confirmée par les [[ostraca d'Arad]] concernant le {{citation|méchant Édom}}<ref>{{harvsp|Stern|2001|p=270}}</ref>. Dans leur expansion, les Édomites s'appuient sur les forts assyriens du Néguev occidental (Tel Masos, [[Tel Haror]], [[Tel Sera]] et [[Tel Gamma]]). Vers [[Années 660 av. J.-C.|660]], des troupes d'Édom et de Séir prennent part à la campagne assyrienne contre l'Arabie, comme le prouve le prisme A d'[[Assurbanipal]]<ref>{{harvsp|Lemaire|2010|p=235}}</ref>. L'expansion édomite est peut-être appuyée par une domination militaire du Néguev. Il n'est cependant pas prouvé qu'Édom ait pris un contrôle politique sur la région<ref>{{harvsp|Grabbe|2004|p=53}}</ref>. L'[[ostraca d'Arad|ostracon 24 d'Arad]] montre seulement qu'Édom représente un danger pour le royaume de Juda vers [[Années 600 av. J.-C.|600]]. De même, les niveaux stratigraphiques de destruction des sites du Néguev indiquent une activité militaire, mais il est difficile de les relier à des campagnes militaires édomites plus qu'assyriennes ou babyloniennes. Comme alternative à l'hypothèse d'une prise de contrôle du Néguev par Édom, l'expansion édomite peut aussi être la conséquence d'un mouvement persistant de groupes nomades qui évoluent dans cette zone géographique. De tels groupes interagissent en suivant probablement les routes commerciales<ref name="bie" />.

=== La période babylonienne ===
[[Fichier:Edomite warrior. Qitmit. Israel Museum, Jerusalem.JPG|vignette|gauche|Guerrier édomite. [[Qitmit|Horvat Qitmit]], {{-sp|VII|e|-|VI|e}} ([[Musée d'Israël]], [[Jérusalem]])]]
La [[empire néo-babylonien|période babylonienne]] dure environ 70 ans, de [[Années 600 av. J.-C.|604]] à [[Années 530 av. J.-C.|539]]. Les Babyloniens mènent des campagnes destructrices en Judée, en Philistie et en Transjordanie, Édom est très largement touché. Par la suite, Babylone néglige ces territoires nouvellement conquis, entraînant leur déclin. La région ne se relève que sous l'administration perse. Le pouvoir babylonien est très centralisé et se préoccupe essentiellement de la prospérité de [[Babylone]] et de ses alentours. Le manque d'intérêt des Babyloniens pour la région expliquent qu'ils n'y aient laissé que peu de traces archéologiques.
[[Fichier:PikiWiki Israel 51448 ein avdat.jpg|vignette]]
En [[Années 590 av. J.-C.|599]], le royaume de Juda choisit de se rallier à l'Égypte contre Babylone. Babylone, ne pouvant intervenir dans l'immédiat, encourage les Édomites à entrer en conflit avec Juda. La pression sur le Néguev peu avant 597 conduit, selon l'ostracon 24 d'Arad, à des mouvements de troupes judéennes<ref>{{harvsp|Lemaire|2010|p=238}}</ref>. En [[Années 580 av. J.-C.|582]], après avoir finalement conquis tout Israël [[Nabuchodonosor II]] mène une campagne contre les populations de Transjordanie, en particulier contre Édom et Moab, [[Ammon (royaume)|Ammon]] apparaissant moins touché. La domination babylonienne se traduit par une destruction à grande échelle des sites habités de la région. Les Babyloniens cherchent à créer des provinces diminuées pour servir de zone tampon entre leur [[Empire néo-babylonien|empire]] et l'[[Égypte antique|Égypte]]<ref>{{Ouvrage| langue=en| prénom1=Oded| nom1=Lipschits| prénom2=Joseph| nom2=Blenkinsopp| directeur2=oui| titre=Judah and the Judeans in the Neo-Babylonian period| lieu=Winona Lake| éditeur=| année=2003| pages totales=612| passage=23| isbn=978-1-57506-073-6| lire en ligne=https://books.google.com/books?id=R65fhpcUFcgC&printsec=frontcover| id=NB}}</ref>. Pratiquement tous les sites sont touchés, sauf Ammon et le territoire de [[Tribu de Benjamin|Benjamin]] en Judée où les Babyloniens établissent les sièges locaux de leur pouvoir. Les sites édomites de la vallée de Beer-Shéva, tels que [[Horvat Uza]], [[Tel Malḥata]], [[Qitmit]] et [[Tel Ira]] sont détruits jusqu'à [[Qadesh Barnéa]], ainsi que la Aravah. Ni Feinan, ni [[Tell el-Kheleifeh]] sur la mer Rouge ne sont réoccupés pendant l'époque babylonienne. Seule la capitale [[Buṣeirah]] reste habitée<ref>{{Harvsp|Stern|2001|p=330}}</ref>. À partir du début du {{-s|VI|e}}, l'effondrement du royaume de Juda encourage les populations nomades du Néguev à s'établir plus au nord<ref name="gra165">{{harvsp|Grabbe|2004|p=165}}</ref>.

Buṣeirah est mentionnée dans les sources babyloniennes lors de sa prise par le dernier roi de l'[[empire néo-babylonien]], [[Nabonide]]. D'après la reconstruction habituelle du règne du [[Nabonide]], celui-ci attaque Édom dans la troisième ou quatrième année de son règne, c'est-à-dire fin [[Années 550 av. J.-C.|553]]. Il attaque Buṣeirah au cours de sa campagne en route vers l'oasis de [[Tayma]]. Les deux seuls bâtiments publics de la ville sont détruits. L'inscription de [[Sela|Silaʿ]], découverte en 1994 à trois kilomètres au nord-ouest de Buṣeirah, est probablement gravée à la suite de cette campagne. Elle fait figurer le roi Nabonide accompagné des symboles divins, le disque lunaire ([[Sîn]]), le soleil ailé ([[Shamash|Šamaš]]) et l'étoile à sept branches ([[Ishtar|Ištar]]). Le mauvais état de conservation de l'inscription ne permet pas d'avoir plus de détails sur le déroulement de la campagne. Les autres villages édomites subissent aussi des destructions. Sous la pression des attaques babyloniennes ou à la suite des désordres engendrés par la disparition de la faible autorité centrale, les villages sont progressivement abandonnés<ref name="Crowell2007">{{article|langue=en|prénom=Bradley L.|nom=Crowell|titre=Nabonidus, as-Silaʿ, and the Beginning of the End of Edom|périodique=Bulletin of the American Schools of Oriental Research|numéro=348|année=2007|passage=75 à 88|jstor=25067039}}</ref>.

Alors que l'administration assyrienne s'appuyait sur un réseau de royaumes vassaux, la présence babylonienne signifie la fin de la royauté non seulement pour le royaume de Juda, avec la déportation de [[Joachin (roi de Juda)|Joachin]], mais aussi pour les royaumes de Transjordanie<ref>{{Harvsp|Stern|2001|p=307}}</ref>. Le pouvoir est transféré à un gouverneur au service de l'administration impériale babylonienne, puis perse. La frontière protégeant la Transjordanie des tribus du désert est négligée. Les tribus nomades pénètrent dans les zones de peuplement édomite, entraînant le déclin des sites édomites de Transjordanie et repoussant Édom au sud de la Judée<ref>{{Harvsp|Stern|2001|p=331}}</ref>.

=== La période perse ===
Malgré les destructions de la période babylonienne, Édom perdure durant la période perse. La zone de peuplement édomite se divise en deux zones géographiques : la [[Transjordanie (région)|Transjordanie]] et l'[[Idumée]]. Si la région traditionnellement édomite du sud de la Transjordanie n'est pas abandonnée, la zone d'influence y est réduite. À l'ouest, les Édomites se réinstallent dans les régions dévastées du sud de la [[Judée]] jusque dans les monts d'[[Hébron]] dont une partie de la population a été déportée en [[Babylone (royaume)|Babylonie]]. Ils se déplacent aussi des vallées d'[[Arad (Israël)|Arad]] et de [[Beer-Sheva]] vers l'ouest en direction de la [[Shéphélah]], sur les territoires des anciennes tribus de [[Tribu de Siméon|Siméon]] et de [[Tribu de Juda|Juda]]. {{Lien|trad=Adurim|fr=Adouraim}} et [[Marésha]] sont alors les grandes villes de la région au sud de la [[Judée]] qui prend le nom d'Idumée, traduction latinisée de la forme grecque ''Idumaia'' pour {{citation|Édom}}<ref>{{harvsp|Grabbe|2004|p=178}}</ref>.

==== La Transjordanie ====
[[Fichier:Cuneiform tablet - Petra.JPG|vignette|Tablette [[cunéiforme]] rédigée à [[Harran]] enregistrant un contrat entre deux [[Araméens (Antiquité)|Araméens]] et un Édomite nommé Qôs-Shama. Première année du règne de [[Darius Ier|Darius {{Ier}}]] ou [[Darius II]])<ref>{{Article|langue=en|prénom1= Stephanie|nom1=Dalley|titre= The cuneiform tablet from Tell Tawilan|périodique= Levant |volume=16|passage=19 à 22|année=1984}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|prénom1 =Francis|nom1=Joannès| titre=À propos de la tablette de Tell Tawilan| périodique=[[Revue d'assyriologie et d'archéologie orientale]]|volume=81|année=1987| passage=165 et 166| url texte = https://www.academia.edu/1155872/A_propos_de_la_tablette_cuneiforme_de_Tell_Tawilan| consulté le=2 octobre 2013|jstor=23281787}}</ref>.]]
La part de la population édomite en Transjordanie diminue progressivement pendant la période perse face à l'arrivée continue de populations arabes. Le pouvoir perse ne semble pas être intervenu pour enrayer ce processus<ref>{{harvsp|Kasher|1988|p=9}}</ref>.

Les sites de Buṣeirah et Tawilan sont à nouveau occupés. Des édifices publics y sont reconstruits sous l'administration perse. À Buṣeirah, un bâtiment administratif probablement d'époque perse remplace un bâtiment édomite plus ancien. À Tawilan, les traces archéologiques indiquent que le site reste lui aussi intégré au reste de l'empire achéménide<ref>{{harvsp|Stern|2001|p=458}}</ref>. Les mines de cuivre de Feinan sont à nouveau exploitées. Le commerce international continue le long de la [[route du Roi]] à travers le plateau édomite. Pourtant, au sud, le fort d'Umm el-Biyara n'est pas réoccupé après sa destruction en [[Années 580 av. J.-C.|580]]. Le commerce entre la mer Méditerranée et la [[Arabie|péninsule arabique]] reprend avec l'aide des [[Phénicie]]ns et des [[Époque hellénistique|Grecs]]. Le port de [[Tell el-Kheleifeh]] au bord de la mer Rouge est à nouveau occupé, mais sa population n'est plus édomite<ref>{{harvsp|Stern|2001|p=460}}</ref>. Buṣeirah est définitivement abandonnée à la fin de l'époque perse<ref name="Buseirah_OEANE"/>. En Transjordanie, l'effondrement du royaume édomite est total. Son nom disparaît même des sources hellénistiques. Édom fait désormais partie de l'[[Arabie]], contrairement aux royaumes moabite et ammonite dont les noms subsistent pour désigner les régions de Moabitide et d'Ammonitide<ref>{{Article|langue=en|prénom=Yigal | nom = Levin | titre = The formation of Idumean identity | périodique = Aram | volume = 27 | numéro = 2 | titre volume = The Idumeans and the Nabateans | année = 2015}} {{p.|189}}</ref>

==== L'Idumée ====
{{Article détaillé|Idumée}}
Après un déclin, le peuplement du Néguev reprend à l'époque perse, notamment autour de Marésha. Au sud, d'autres sites sont à nouveau occupés dans les vallées d'Arad et de Beer Sheva, mais ils sont beaucoup moins nombreux qu'à la fin du second âge de fer<ref>{{harvsp|Grabbe|2004|p=50}}</ref>. Pendant l'époque perse, les principales villes d'Idumée sont [[Lakish]], [[Marésha]] et [[Tel Halif]] (à proximité de l'actuel [[kibboutz]] [[Lahav]]) au nord, et [[Tel Beer Sheva|Tel Shéva]], [[Tel Arad|Arad]] et [[Qadesh Barnéa]] au sud. L'organisation de l'Idumée n'est cependant pas claire. Sa capitale n'est pas non plus identifiée. Si la [[Tanakh|Bible hébraïque]] énumère dans le ''[[Livre de Néhémie]]'' les villes du nord du Néguev occupées par des Judéens, ces villes ne font pourtant vraisemblablement plus partie du territoire de la province perse de Judée, apparaissant dorénavant sous le nom de {{citation|[[Yehoud Medinata|Yehoud]]}}. À l’époque hellénistique, le ''[[livre des Jubilés]]'' ({{-s|II|e}}) insiste sur le lien entre la ville d'Adouraïm et le territoire d'Édom en faisant de cette ville le lieu de la mort et de la sépulture d'[[Ésaü]], l'ancêtre d'Édom<ref group="N">{{citation|Esau's four sons ran away with them. They left their slain father just as he had fallen on the hill that is in Aduram. Jacob's sons pursued them as far as Mt. Seir, while Jacob buried his brother on the hill that is in Aduram and then returned to his house.}} (''[[Livre des Jubilés|Jubilés]]'' 38:8-9) dans {{Ouvrage|langue=en|prénom1=James C.|nom1=Vanderkam|titre=The book of Jubilees|éditeur=|collection=[[CSCO|Corpus Scriptorum Christianorum Orientalium]]|série=(Scriptores Aethiopici 88)|numéro dans collection=511|année=1989|isbn=|id=Vanderkam1989-translation}} {{p.|253}}. De même dans le [[midrash]] [[Midrash Vayisau|Vayisau]] : {{lang|he|dir=rtl|ורדפו בני יעקב אחריהם עד ארוד״ים העיר והינחו לאביהם עשו מת מוטל בארוד״ים והם ברחו להר שעיר  למעלה עקרבים}} dans {{Ouvrage|langue=de,he|prénom1=Adolf|nom1=Jellinek|lien auteur1=Adolf Jellinek|titre=Bet ha-Midrash|sous-titre=Sammlung kleiner Midraschim|volume=3|lieu=Leipzig|éditeur=|année=1855}} {{p.|5}}</ref>{{,}}<ref>{{Harvsp|Stern|2001|p=445}}</ref>.

== Aspects sociaux et religieux ==
=== Société ===
Édom est une société [[Agrarisme|rurale]]. À partir de la fin du {{-s|VIII|e}}, le peuplement d'Édom s'intensifie. Des petits établissements, des villages non fortifiés et des fortins apparaissent. Le système de défense semble avoir pour fonction de défendre des intérêts agricoles et commerciaux, ainsi que de protéger les populations locales<ref name="Bartlett190">{{harvsp|Bartlett|1997|p=190}}</ref>. Le territoire édomite de Transjordanie comporte surtout des villages agricoles d'une superficie modeste. On dénombre onze villages de un à deux [[hectare]]s. Seule la principale ville, [[Buṣeirah]], possède une superficie plus étendue, de huit hectares<ref>{{Harvsp|Crowell|2007}}</ref>. Elle est dotée d'un palais et d'un temple. Depuis [[Buṣeirah]], des élites centralisatrices tentent d'exercer un contrôle sur la région<ref>{{harvsp|Crowell|2007}}</ref>.

Les archéologues considèrent que la cause de l'accélération du peuplement d'Édom est une combinaison entre l'exploitation des mines de [[cuivre]] de la [[Arabah|Aravah]], l'influence de l'[[Assyrie]] et le commerce arabe. Ces facteurs conduisent à l'apparition d'un royaume indépendant, mais [[Société segmentaire|segmentaire]]. Ce royaume est constitué de groupes indépendants qui coopèrent et reconnaissent une [[monarchie]]. Ces groupes vivent d'une économie mixte combinant agriculture et [[pastoralisme]]. Ils se déplacent et interagissent avec les autres populations notamment dans la vallée de Beer-Shéva sur laquelle le royaume de Juda cherche à exercer le contrôle<ref>{{harvsp|Bienkowski|van der Steen|2001|p=21-47}}</ref>. Le caractère tribal de la société édomite persiste jusqu'à l'époque hellénistique, voire romaine<ref>{{Chapitre|langue=en|titre chapitre=The expansion of Hasmonean rule in Idumea and Galilee : toward a historical sociology|prénom1=Richard A.|nom1=Horsley|titre ouvrage=Second Temple Studies III|sous-titre ouvrage=Studies in Politics, Class and Material Culture|auteur ouvrage=Philip R. Davies et John M. Halligan (dir.)|année=2002|collection=Journal for the study of the Old Testament|numéro dans collection=340|série=Supplement series|éditeur=Sheffield Academic Press|isbn=0-8264-6030-5}} {{p.|145}}, {{p.|148}}, {{p.|152}}</ref>.

=== Rois ===
Les noms de plusieurs rois édomites des {{-s2|VIII|VII}} sont connus par des inscriptions assyriennes et édomites<ref>{{Ouvrage|prénom1=Jacques|nom1=Briend|prénom2=Marie-Joseph|nom2=Seux|titre=Textes du Proche-Orient ancien et histoire d'Israël|éditeur=[[Éditions du Cerf|Les Éditions du Cerf]]|année=1977|pages totales=188|isbn=978-2-204-01169-3}}</ref>{{,}}<ref name="Stern268">{{harvsp|Stern|2001|p=268}}</ref>.
* Qôsmalka (« Qôs est roi »), qui verse un tribut à [[Teglath-Phalasar III]] (vers [[Années 720 av. J.-C.|729]]) en même temps que le [[Liste des rois de Juda|roi de Juda]] [[Achaz]]<ref>{{harvsp|Briend|Seux|1977|p=104}}</ref>
* Aiarammu, qui verse un tribut à [[Sennacherib]] en [[Années 710 av. J.-C.|712]] en même temps que le roi de Juda [[Ézéchias]]<ref>{{harvsp|Briend|Seux|1977|p=119}}</ref>.
* Qôsgabar (« Qôs est puissant »), mentionné dans les annales d'[[Assarhaddon]] vers [[Années 670 av. J.-C.|673-672]], en même temps que le roi de Juda [[Manassé (Juda)|Manassé]]. Il est mentionné lors de la première campagne d'[[Assurbanipal]] contre l'Égypte en [[Années 660 av. J.-C.|667]]<ref>{{harvsp|Briend|Seux|1977}} {{p.|128}} et {{p.|132}}</ref>. Il est aussi connu par des sceaux trouvés à [[Umm el-Biyara]] et à [[Babylone]]<ref name="Stern268"/>.

Par contre les noms des rois édomites cités dans la [[Tanakh|Bible hébraïque]] (Béla fils de Béor, Jobab, Huscham, Hadad, Samla, Saül et Baal Hanan)<ref group="N">{{Réf Bible|Gn|36|31|display=long}} et {{Réf Bible|1R|11|14|display=long}}</ref> sont douteux et résultent sûrement d'une confusion entre les noms {{citation|Édom}} et {{citation|Aram}}. En effet, plusieurs de ces noms sont araméens et aucun ne contient le nom de la divinité nationale des édomites, [[Qôs]], élément théophore bien attesté dans l'épigraphie assyrienne notamment<ref>{{harvsp|Lemaire|2010|p=228}}</ref>.

=== Langue ===
La langue édomite est une [[Langues sémitiques|langue ouest-sémitique]] appartenant à la branche cananéenne<ref name="Stern268"/>. Elle est attestée à partir du {{-s|VII|e}} grâce à des [[ostracon|ostraca]] et à grâce à des sceaux portant les noms de rois, de personnages de l'administration ou de prêtres. L'édomite est une langue proche de l'[[hébreu]] et du [[Moab (royaume)|moabite]]. À la fin du {{sav|VIII|e}}, les Édomites adoptent l'[[alphabet araméen]]. L'écriture est influencée par l'araméen utilisé par l'administration [[assyrie]]nne<ref name="Bartlett190"/>.

=== Religion ===
[[Fichier:Edomite stands (3), Hazeva. Israel Museum, Jerusalem.JPG|vignette|Poteries édomites du sanctuaire de Ḥaẓeva ([[Musée d'Israël]], [[Jérusalem]])]]
La pratique religieuse édomite est mal connue. On sait qu'à partir du {{-s|VIII|e}}, le dieu national des Édomites s'appelle [[Qôs]]<ref name="Knauf">{{Chapitre|langue=en|titre chapitre=Qôs|nom1=Knauf|prénom1=E. A.|titre ouvrage=Dictionary of Deities and Demons in the Bible| auteurs ouvrage= K. van der Toorn, B. Becking et P. W. van der Horst (dir.)| lieu=Leyde, Boston et Cologne|éditeur=Brill|lien éditeur=Éditions Brill|année=1999|passage=674 à 677|isbn=978-90-04-11119-6}}</ref>. Le culte de [[Baal]] est aussi pratiqué. Il est possible qu'une déesse féminine, peut-être [[Astarté]], ait fait l'objet de dévotion, ainsi que le dieu [[Sîn]] de [[Harran]]<ref name="Bartlett190"/>. Une référence au culte édomite figure dans le ''[[Deuxième livre des Chroniques]]'' au verset quatorze du vingt-cinquième chapitre, mais cette composition est tardive et l'auteur de ce texte avait sûrement peu de connaissance sur ce culte pratiqué deux siècles auparavant<ref name="Kelley270">{{Harvsp|Kelley|2009|p=270}}</ref>.

==== Qôs ====
Le dieu [[Qôs]], ou Qaus, apparaît dans des documents édomites et [[assyrie]]ns. Il est la principale divinité édomite. Le nom de sa [[parèdre]] n'a pas été conservé. Alors que la [[Tanakh|Bible hébraïque]] condamne les divinités des peuples [[Moab (royaume)|moab]]ite et [[Ammon (royaume)|ammon]]ite voisins, le dieu [[Qôs]] n'y apparaît pas en tant que tel. Il n'apparaît que comme élément dans des noms propres<ref name="Kelley270"/>. Au sein du royaume édomite, Qôs bénéficie d’un statut officiel. Il apparaît dans les noms des rois édomites et dans des formules telles que {{citation|je te bénis par Qôs}}, qui figure dans des correspondances administratives du {{-s|VI|e}}<ref name="Knauf"/>. On connaît plusieurs sceaux appartenant à des prêtres de Qôs, et au moins un sceau attestant du culte de [[Baal]]<ref>{{Harvsp|Stern|2001|p=273}}</ref>. Du {{-s|VIII|e}} à la période perse, le nom du dieu Qôs apparaît comme élément théophore dans une cinquantaine de noms propres sur des tablettes cunéiformes, des sceaux, des ostraca et dans la Bible hébraïque<ref group="N">{{Réf Bible|Ez|2|53|display=long}} {{Où}}et {{Réf Bible|Ne|7|55|display=long}}</ref>{{,}}<ref name="porter" />. Le culte de Qôs reste dominant jusqu'à l'époque perse, y compris en Idumée{{référence nécessaire}}.

Qôs est un dieu originaire du nord de l'Arabie. Avant l'émergence du royaume d'Édom, Qôs figure déjà au {{-s|XIII|e}} dans des noms de listes égyptiennes de clans de bédouins [[Shasou]]. Qôs est un dieu de la Guerre ou un dieu de l'Orage. À [[Qitmit]], il apparaît comme le {{citation|maître des Animaux}}. Sa popularité grandissante en Édom semble coïncider avec l'apparition du royaume édomite au {{-s|VIII|e}}<ref name="kna99">{{harvsp|Knauf|1999}}</ref>. Les modalités de l'introduction du culte de Qôs en Édom sont mal connues<ref name="Bartlett190"/>. Son culte en tant que divinité nationale a pu servir à consolider l'organisation politique de l'état édomite au sein d'une population constituée de clans indépendants<ref>{{harvsp|Porter|2004|p=384}}</ref>. À partir de l'époque perse, les références à Qôs sont encore plus nombreuses, la fidélité à ce dieu national compensant peut-être la perte d'indépendance politique<ref name="kna99" />. Des chercheurs soulignent la proximité entre le dieu israélite [[Yahweh (divinité)|Yahweh]] et le dieu édomite Qôs, notamment à cause de l'origine {{citation|sudiste}} de Yahweh. Ce dernier est en effet perçu par la Bible hébraïque comme venant du sud<ref>{{Article|langue=en|prénom=Joseph|nom=Blenkinsopp|titre=The Midianite-Kenite Hypothesis Revisited and the Origins of Judah|périodique=Journal for the study of the Old Testament|année=2008|volume=33|numéro=2}}</ref>. Il est décrit comme venant d'Édom, de [[Mont Séïr|Séïr]], de [[désert de Paran|Paran]] ou de {{Lien|trad=Teman (Edom)|fr=Teman}}<ref group="N">{{Réf Bible|Dt|33|2|display=long}}, {{Réf Bible|Jg|5|4|display=long}}, {{Réf Bible|Es|63|1|display=long}} et {{Réf Bible|Ha|3|3|display=long}}</ref>. Cette proximité trop grande entre Yahweh et Qôs expliquerait d'une part le silence de la Bible hébraïque sur le dieu Qôs et d'autre part le lien fort établi entre [[Jacob]] (Israël) et [[Ésaü]] (Édom)<ref>{{harvsp|Tebes|2006|p=11}}</ref>.

Au {{s|III|e}}, [[Qôs]] est encore mentionné dans la [[Hazal|littérature rabbinique]] parmi une liste de lieux dont le nom est associé à l'{{citation|[[idolâtrie]]}}, comme dans la ''[[Tossefta]] [[Avoda Zara]]''<ref group="N">[[Tossefta]] [[Avoda Zara]] 7:3 dans l'[[Édition de Vilna du Talmud|édition de Vilna]] et 6:4 (page 496 ligne 25) dans l'édition [[Zuckermandl]].</ref>.

==== Les sanctuaires ====
[[Fichier:Mezad Hazeva - Edomite shrine.JPG|vignette|Sanctuaire de [[Ein Ḥaẓeva|Ḥaẓeva]] ({{-sp|VII|e|/|VI|e}}, vallée de la Arava, [[Israël]]). Le sanctuaire se trouve au pied du mur extérieur de la forteresse.]]
Peu de sanctuaires édomites sont connus. À [[Buṣeirah]], la principale ville édomite, une structure s'apparentant à un temple assyrien a été identifiée comme un sanctuaire édomite<ref name="Stern280">{{harvsp|Stern|2001|p=280}}</ref>. Avec l'expansion édomite, le culte de Qôs se répand dans la [[Arabah|Aravah]] et le [[Néguev]]. Deux autres sanctuaires sont établis à l'ouest du Jourdain, l'un à [[Qitmit]] dans la vallée d'Arad, et l'autre à [[Ein Ḥaẓeva]], dans la Aravah. À Qitmit, le sanctuaire est établi au sommet d'une colline, non loin de [[Tel Malḥata]]. Il est composé d'un bâtiment à trois pièces accompagné d'une plate-forme cultuelle, d'un autel et d'un bassin<ref name="Stern280"/>. Au fort d'[[Ein Ḥaẓeva]], le sanctuaire se trouve lui aussi en dehors du site d'habitation, à l'extérieur de l'enceinte défensive. Dans ces sites, des statuettes en argile d'hommes, de femmes et d’animaux, de la vaisselle aux motifs anthropomorphes et des autels à encens ont été retrouvés<ref>{{Harvsp|Stern|2001|p=282}}</ref>. Le caractère spécifiquement édomite des sanctuaires du Néguev a récemment été contesté<ref>{{harvsp|Bienkowski|van der Steen|2001|p=28}}</ref>. Des figurines ont été exhumées à Buṣeirah, Tawilan et Qitmit. Il s'agit le plus souvent de figurines féminines nues, enceintes et avec les bras sous la poitrine. Elles sont similaires en taille et en forme à d'autres trouvées dans sites du sud du Levant à l'âge du fer<ref>{{chapitre|langue=en|prénom1=Piotr|nom1=Bienkowski|prénom2=Leonie|nom2=Sedman|titre chapitre = Busayra and Judah : sylistic parallels in the material culture| titre ouvrage = Studies in the Archaeology of the Iron Age in Israel and Jordan | auteurs ouvrage = Amihai Mazar (dir.)|année=2001|éditeur=Sheffield Academic Press|collection=Journal for the study of the Old Testament|numéro dans collection=331|série=Supplement|isbn=1841272035}}</ref>.

=== Culture matérielle ===
Le territoire édomite présente une riche culture matérielle à l'âge du fer. Faute de sources écrites, cette culture matérielle est le principal élément utilisé pour reconstruire l'histoire et le fonctionnement de la société édomite. Son interprétation reste cependant difficile. Dans le cas de l'archéologie édomite, cette difficulté est encore accrue par manque de fiabilité dans la stratigraphie des sites de Transjordanie<ref name="Grabbe2007_96"/>. La culture matérielle généralement considérée comme distinctive des Édomites consiste en des poteries, des objets de culte et quelques inscriptions. La présence de l'élément théophore {{citation|Qôs}} est habituellement considérée comme indiquant un contexte édomite<ref name="gra52">{{harvsp|Grabbe|2004|p=52}}</ref>.

Parmi la diversité des poteries de l'âge du fer, un type particulier est appelé {{citation|poterie édomite}}. Les poteries édomites sont considérées comme caractéristique des sites de peuplement édomite du {{-sp|VIII|e|au|VI|e}} en Transjordanie et dans le Néguev. Elles ont été décrites pour la première fois par l'archéologue Nelson Glueck dans les années 1930 lors des fouilles de [[Tell el-Kheleifeh]]<ref name="ba"/>. Des poteries similaires ont ensuite été découvertes dans d'autres sites en Jordanie et dans le Néguev. Elles consistent en des plateaux, des bols, des marmites, des cruches, des jarres de stockages et des lampes. Les objets de fabrication grossière, sans décoration, se retrouvent sur tous les sites. Elles sont destinées à un usage domestique. Des objets peints de facture plus soignée ont été retrouvés à [[Buṣeirah]] et dans certains sites du Néguev. Ils étaient probablement destinés à une classe plus aisée<ref name="Tebes2004"/>. Certaines poteries subissent une influence externe et imitent des modèles assyriens<ref name="Bartlett190"/>. Les motifs les plus répandus consistent en des dessins géométriques rouges et noirs, notamment des lignes horizontales et verticales. Les poteries édomites peintes sont caractéristiques de Buṣeirah. La culture matérielle de Buṣeirah présente un fort parallèle avec celle de [[Qitmit]] et d'[[Ein Ḥaẓeva]] dans le Néguev<ref>{{harvsp|Bienkowski|Sedman|2001|p=318}}</ref>. Les poteries édomites sont le plus souvent produites localement, que ce soit en Transjordanie ou dans le Néguev<ref>{{Harvsp|Grabbe|2004|p=52}}</ref>.

L'apparition des poteries édomites est une des caractéristiques de la fin de l'âge du fer dans le Néguev. On les a retrouvées dans la vallée de Beer-Shéva<ref group="N">[[Tel Malhata]], [[Tel Arad]], [[Tel Shéva]], [[Tel Ira]], [[Tel Masos]], [[Aroer]], [[Qitmit]], Horvat Radum</ref>, dans le Néguev central<ref group="N">[[Qadesh Barnéa]]</ref>, dans la Aravah<ref group="N">[[Ein Ḥaẓeva]], [[Tell el-Kheleifeh]]</ref> et jusque dans le nord du Néguev<ref group="N">[[Tel Sera]], [[Tel Gamma]], [[Tel Haror]]</ref>. Le nombre de poteries édomites est particulièrement important à [[Tel Malhata|Malhata]], [[Qitmit]] et [[Qadesh Barnéa]] si on le rapporte à l'ensemble des poteries découvertes sur ces sites. Malgré le nom qui leur est donné, les poteries édomites font l'objet de questions sur leur relation avec les Édomites et sur leur lien avec les autres poteries contemporaines, les poteries {{citation|néguevites}} et {{citation|[[madian]]ites}} notamment. Les poteries néguevites sont un autre type de poteries découvert en territoire édomite. Elles sont de facture plus grossière : elles sont fabriquées à la main et non sur un tour. En territoire édomite, on les trouve à Buṣeirah, Tawilan, Ghrareh, [[Tel Masos]], [[Tel Arad]] et [[Tel Beer Sheva]]<ref name="Tebes2004">{{article|langue=es|nom=Tebes|prénom=Juan Manuel|titre=Cerámicas ‘Edomita’, ‘Madianita’ y ‘Negevita’: ¿Indicadoras de grupos tribales en el Negev?|périodique=Antiguo Oriente|volume=2|année=2004|éditeur=Centro de Estudios de Historia del Antiguo Oriente|lieu=Buenos Aires|passage=27-49|ISSN=1667-9202}}</ref>.

L'interprétation de cette culture matérielle variée est problématique dans la mesure où il est difficile d'attribuer des poteries à un groupe ethnique déterminé<ref>{{harvsp|Tebes|2004}}</ref>. La diffusion des poteries édomites dans le Néguev a donc donné lieu à différentes théories sur la nature de la présence édomite dans le Néguev. Certains interprètent ces poteries comme le reflet d'une [[Hégémonie culturelle|hégémonie]] politique d'Édom dans une région conquise sur un royaume de Juda affaibli. Les Édomites auraient importé leur culture matérielle lors de leur prise de contrôle du Néguev<ref name="ba" />. D'autres y voient un phénomène culturel, lié aux échanges de part et d'autre de la Aravah. L'expansion des Édomites dans le Néguev refléterait la nature semi-nomade de la société édomite et serait la conséquence d'une activité le long de routes commerciales<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Israel|nom1=Finkelstein|lien auteur1=Israel Finkelstein|titre=Living on the Fringe|sous-titre=the archaeology and history of the Negev, Sinai and Neighbouring Regions in the Bronze and Iron Ages|lieu=Sheffield|éditeur=|année=1995|passage=140-141|isbn=}}</ref>.

Quoi qu'il en soit, la présence des poteries édomites montre l'influence de la culture édomite dans des régions encore contrôlées administrativement et militairement par le royaume de Juda. Elle témoigne de la présence de groupes édomites et d'autres populations ayant adopté une culture édomite. Plus généralement, la diversité des poteries du Néguev s'explique par le mouvement et de l'interaction entre groupes nomades ou semi-nomades<ref name="bie" />.

== Édom dans la Bible ==
[[Fichier:Edom mtns.JPG|vignette|Montagnes d'Édom. Vue de la rive israélienne de la mer Morte.]]
Parmi les peuples voisins d'Israël, la [[Tanakh|Bible hébraïque]] accorde une attention particulière à Édom<ref name="Tebes2006">{{harvsp|Tebes|2006}}</ref>. Édom est un ennemi constant d'[[Israël (Bible)|Israël]]. Plusieurs passages font allusion à une hostilité tenace entre les deux peuples<ref group="N">''[[Deuxième livre des Rois]]'', ''[[Deuxième livre des Chroniques]]'', ''[[Psaume 137 (136)|Psaume 137]]'', ''[[Livre d'Abdias]]'' et ''[[Livre de Jérémie]]''.</ref>.

=== Édom, Ésaü et Séïr ===
Selon la Bible, Édom est relié de manière proche aux [[Israël antique|Israélites]], plus proche que ne le sont les royaumes voisins d'[[Ammon (royaume)|Ammon]] et de [[Moab (royaume)|Moab]]. [[Ésaü]], le fils du patriarche [[Isaac]], est considéré comme l'ancêtre des Édomites, et son frère [[Jacob]] est l'ancêtre des Israélites<ref group="N">{{Réf Bible|Gn|36|2|display=long}}</ref>{{,}}<ref group="N">{{Réf Bible|Gn|35|10|display=long}}</ref>. En comparaison, Ammon et Moab ont pour ancêtre [[Loth]], le neveu du patriarche [[Abraham]]<ref>{{chapitre|titre chapitre=Lot|titre ouvrage=[[Anchor Bible Dictionary]]|nom=Spina|prénom=Franck Anthony|volume=4|année=1992}}</ref>. Toujours selon la ''[[livre de la Genèse|Genèse]]'', il existe un lien étroit entre Ésaü, Édom et le [[mont Séïr]]<ref group="N">{{Réf Bible|Gn|32|3|display=long}} et {{Réf Bible|Gn|36|8|display=long}}</ref>. Les récits de la ''Genèse'' sur l'origine du nom {{citation|Ésaü}} n'en expliquent pas l'étymologie mais elles font allusion à Édom et à Séir. À sa naissance, Ésaü, le premier-né des jumeaux d'[[Isaac]] et [[Rébecca (Bible)|Rébecca]], est {{citation|roux}}, {{Lang|he|dir=rtl|texte=אַדְמוֹנִי|trans=’admōnī}}, en hébreu, allusion à Édom qui signifie {{citation|rouge}}. Il est aussi {{citation|couvert de poils}}, {{Lang|he|dir=rtl|texte=שֵׂעָר|trans=sē`ār}}, allusion à Séïr<ref group="N">{{Réf Bible|Gn|25|25|display=long}}</ref>. Plus loin, Ésaü aurait reçu ce surnom après avoir cédé son [[droit d'aînesse]] à son frère Jacob contre un plat de {{citation|rouge}}, {{Lang|he|dir=rtl|texte=אָדֹם|trans=adom}}, c'est-à-dire un plat de [[Lentille cultivée|lentille]]s<ref name="Tebes2006"/>. Il est pourtant probable qu'à l'origine, Ésaü n'était pas relié à Édom. L'identification d'Ésaü à Édom résulte d'une adaptation de récits sur les patriarches visant à décrire la réalité sociale et politique des Israélites vis-à-vis de leurs voisins Édomites<ref>{{chapitre|titre=Esau|titre ouvrage=[[Anchor Bible Dictionary]]|nom=Hũbner|prénom=U.|volume=2|année=1992}}</ref>. Les descendants d'Ésaü, ses chefs de famille et les rois d'Édom sont listés ensemble au trente-sixième chapitre de la ''Genèse''<ref group="N">{{Réf Bible|Gn|36|display=long}}</ref>. Les descendants de Séïr et les chefs de famille [[Nephilim|Horites]] sont également insérés au milieu des généalogies d'Édom. Ésaü, c'est-à-dire Édom, s'installe sur le [[mont Séïr]]. Dans une autre tradition, il est dit qu'Édom a chassé les Horites qui habitaient Séïr<ref group="N">{{Réf Bible|Dt|2|12|display=long}}</ref>{{,}}<ref name="Tebes2006"/>.

Si la Bible présente une origine commune aux Édomites et aux [[Israël antique|Israélites]], elle les présente aussi comme adversaires<ref group="N">{{Réf Bible|Nb|20|14|17|display=long}}</ref>. Édom est décrit comme l'ennemi historique d'Israël avec [[Moab (royaume)|Moab]] et [[Ammon (royaume)|Ammon]]. Un passage du ''Deutéronome'' se montre cependant moins hostile envers Édom qu'il ne l'est envers Ammon et Moab : ces derniers n'auront jamais le droit d'entrer dans la congrégation de [[Yahweh (divinité)|Yahweh]], alors qu'Édom ne doit pas être rejeté  définitivement<ref group="N">{{Réf Bible|Dt|23|3|display=long}} et {{Réf Bible|Dt|23|8|display=long}}</ref>.

À l'origine, il semble qu'Ésaü était surtout lié à Séïr, c'est-à-dire au Néguev<ref name="Tebes2006-7"/>. Avec la pénétration des Édomites dans le [[Néguev]], la tradition judéenne a évolué pour s'adapter à la nouvelle réalité socio-politique. La présence des Édomites dans le Néguev est décrite dans plusieurs passages de la Bible. Édom apparaît implanté directement au sud du [[royaume de Juda]] et pas seulement en [[Transjordanie (région)|Transjordanie]]. Édom constitue la frontière sud du territoire judéen<ref name="Tebes2006"/>. Les contacts entre Juda et Édom pendant l'âge de fer ont été intégrés sous forme de généalogies à la saga des [[Patriarches (Bible)|Patriarches]]<ref name="Tebes2006-7">{{harvsp|Tebes|2006|p=7}}</ref>. Les noms de descendants d'Ésaü du livre de la ''Genèse'' se retrouvent aussi parmi les clans judéens dans le ''[[Premier livre des Chroniques]]''<ref group="N">{{Où}}{{Réf Bible|1Ch|2|display=long}}</ref>. Ce parallélisme entre les généalogies témoigne des fortes relations entre Édom, Séïr et les tribus israélites de [[Tribu de Juda|Juda]] et [[Tribu de Siméon|Siméon]]<ref>{{harvsp|Tebes|2006|p=14}}</ref>. Ces généalogies expriment les liens entre les différents clans, pas nécessairement judéens, mais avec lesquels les Judéens ont des relations proches. Elles reflètent de manière confuse la situation politique à la fin de l'âge du fer. Certains clans apparaissent complètement intégrés à Juda alors que d'autres restent à la périphérie, tel qu'[[Amalek]]. Ces descriptions reflètent un réseau complexe de relation entre différents groupes et qui ont été transmises par des traditions différentes<ref>{{harvsp|Tebes|2006|p=27}}</ref>.

=== L'histoire du royaume édomite selon la Bible ===
La [[Bible hébraïque]] présente plusieurs récits faisant intervenir le royaume d'Édom<ref name="Bartlett1992"/>. Dans le ''[[Livre des Nombres]]'', les {{citation|[[Enfants d'Israël]]}} rencontrent les Édomites à [[Qadesh Barnéa]]<ref group="N">{{Réf Bible|Nb|20|14|display=long}}</ref>. Dans le ''[[Deuxième livre de Samuel]]'', [[Israël (Bible)|Israël]] conquiert Édom à l'époque du [[roi David]]<ref group="N">{{Réf Bible|2S|8|13|display=long}}</ref>, vers [[Années 1000 av. J.-C.|1000]], et le domine pendant cent cinquante ans jusque vers [[Années 840 av. J.-C.|845]]. À la mort de David, Hadad, de la "race royale d'Édom"<ref group="N">{{réf Bible|1R|11|14|display=long}}</ref>, réfugié en Égypte, retourne en Édom et y règne en adversaire de [[Salomon (roi d'Israël)|Salomon]]<ref group="N">{{réf Bible|1R|11|14-25|display=long}}</ref>. Il existe une confusion fréquente dans la Bible entre les termes {{citation|Édom}} et {{citation|Aram}}, ce dernier désignant la [[Syrie]]. Édom s'écrit en hébreu avec les lettres {{citation|[[Aleph (lettre)|aleph]]-[[Dalet (lettre)|dalet]]-[[Mem (lettre)|mem]]}} alors qu'Aram s'écrit {{citation|[[Aleph (lettre)|aleph]]-[[resh]]-[[Mem (lettre)|mem]]}}. Or la graphie des lettres centrales, dalet et resh, sont très proches tant en [[Alphabet paléo-hébraïque|écriture paléo-hébraïque]] qu'en [[Alphabet hébreu|écriture carrée]], ce qui a conduit à cette confusion<ref>{{harvsp|Lemaire|2010|p=225}}</ref>. Ainsi, les noms des rois {{citation|édomites}} de la liste de {{Réf Bible|Gn|36|31|display=long}} sont essentiellement des noms araméens, tels que Hadad ou Bela' ben Beor, nom à rapprocher de [[Balaam|Balaam ben Beor]], prophète araméen mentionné dans le ''[[livre des Nombres]]'' et connu en dehors de la Bible par l'[[inscription de Deir Alla]]<ref>{{chapitre|langue=en|titre chapitre=Deir All, tell (texts)|titre ouvrage=[[Anchor Bible Dictionary]]|nom=Hackett|prénom=Jo Ann|volume=2|année=1992}}</ref>. De même, dans le ''[[premier livre des Rois]]'', le roi Hadad {{citation|l'édomite}} qui lutte contre le [[David (Bible)|roi David]] est plus vraisemblablement un araméen qu'un édomite<ref group="N">{{Réf Bible|1R|11|14|display=long}}</ref>.

Selon le ''[[Deuxième livre des Rois]]'', les Édomites mènent une révolte victorieuse contre [[royaume de Juda|Juda]] sous le règne de [[Joram (Juda)|Joram]] et prennent leur indépendance<ref group="N">{{Réf Bible|2R|8|21|display=long}}</ref>. Cinquante ou soixante ans plus tard, le roi de Juda [[Amasias]] mène une campagne contre Édom<ref group="N">{{Réf Bible|2R|14|7|display=long}}</ref>. Son fils [[Ozias]] reprend [[Eilat]] aux Édomites<ref group="N">{{Réf Bible|2R|14|22|display=long}}</ref>. L'expansion des Édomites en direction de la Aravah commence vers [[Années 730 av. J.-C.|734]] avec la prise d'Eilat sous le roi [[Achaz]]<ref group="N">{{Réf Bible|2R|16|6|display=long}}. D'après le contexte, il s'agit bien d'Édom et non pas d'Aram, conformément à l'amendement du [[Massorah|texte massorétique]]</ref>. Les Édomites sont ensuite accusés de participer au [[siège de Jérusalem (-586)|siège de Jérusalem]] mené par le roi babylonien [[Nabuchodonosor II]] en [[Années 580 av. J.-C.|586]] même si cette participation n'est pas prouvée<ref name="Bartlett1992"/>.

Le récit du ''Livre des Nombres'', où les Édomites occupent déjà le [[Néguev]] à l'époque supposée de l'[[Exode hors d'Égypte]], reflète une situation postérieure, datant au plus tôt de la fin du {{-s|VIII|e}}<ref>{{harvsp|Lemaire|2010|p=227}}</ref>. L'historicité des récits de la domination d'Édom par Juda est aussi douteuse. Il n'existe pas de trace archéologique d'une domination militaire ou politique des Israélites sur Édom et les récits du ''Livre des Rois'' ne peuvent être utilisés pour reconstruire l'histoire ancienne d'Édom<ref>{{harvsp|Tebes|2006|p=10}}</ref>.

Le mot [[hébreu]] {{citation|sela}}, qui signifie {{citation|roche}}, désigne dans la Bible une forteresse édomite<ref>{{Réf Bible|2R|14|7|display=long}} et {{Réf Bible|Es|16|1|display=long}}</ref> que les historiens ont longtemps identifié à [[Pétra]] où à [[Buṣeirah]]. On s'accorde désormais à situer Sela plus au nord, sur le site de [[Sela|Silaʿ]], à environ dix kilomètres au sud de [[Tafila]]<ref name="Bartlett1992"/>.

=== Édom dans les livres prophétiques ===
Les [[Nevi'im|livres des Prophètes]] comportent de très nombreuses références à Édom<ref group="N">{{Réf Bible|Es|11|14|display=long}}, {{Réf Bible|Es|21|11|display=long}}, {{Réf Bible|Es|63|1|display=long}}, {{Réf Bible|Ez|25|8|display=long}}, {{Réf Bible|Ez|32|29|display=long}}, {{Réf Bible|Ez|35|1|display=long}}, {{Réf Bible|Jl|3|19|display=long}}, {{Réf Bible|Am|1|11|display=long}} et {{Réf Bible|Ma|1|2|display=long}}</ref>. Ils lui marquent généralement de l'hostilité. Le ''[[livre d'Abdias]]'' en particulier est une [[prophétie]] concernant le jugement divin du royaume d'Édom, qui est condamné à la ruine, et la revanche que les fils d'[[Israël (Bible)|Israël]] prendront sur ce royaume<ref>{{chapitre|titre chapitre=Obadiah, book of|titre ouvrage=[[Anchor Bible Dictionary]]|nom=Ackroyd|prénom=Peter R.|volume=5|année=1992}}</ref>. Dans le ''[[livre d'Amos]]'' est évoquée la destruction des {{citation|palais de Bozrah}}, considérée comme la capitale d'Édom. Un oracle de Jérémie mentionne aussi les sites édomites de Témân et de Bozrah et dit qu'Édom "sera comme lors de la catastrophe qui a frappé Sodome et Gomorrhe", également "plus personne n’y habitera, aucun homme n’y séjournera." <ref group="N">{{Réf Bible|Jr|49|8|display=long}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Bible Gateway passage: Jérémie 49:17-18 - Segond 21 |url=https://www.biblegateway.com/passage/?search=J%C3%A9r%C3%A9mie%2049%3A17-18&version=SG21 |site=Bible Gateway |consulté le=2021-07-10}}</ref>. Certains des textes prophétiques font allusion aux liens familiaux entre Ésaü et Jacob décrits dans le Pentateuque<ref group="N">{{Réf Bible|Ab|1|10|display=long}}</ref>.

Les nombreuses condamnations d'Édom dans les textes datant de l'[[Exil à Babylone]] et de la période post-exilique<ref group="N">{{Réf Bible|Es|34|6|display=long}}, {{Réf Bible|Jr|49|7|display=long}}, {{Réf Bible|Ez|25|12|display=long}}, {{Réf Bible|Ez|35|3|display=long}}, {{Réf Bible|Jl|4|19|display=long}}, {{Réf Bible|Ps|137|7|display=long}} et {{Réf Bible|Lam|4|21|display=long}}</ref> sont à mettre en lien avec la pression exercée par les Édomites sur le Néguev à la fin de la monarchie et avec l'occupation du sud de la Judée et de la Shéphélah à l'époque perse<ref>{{harvsp|Lemaire|2010|p=239}}</ref>. Le ''[[Psaume 137 (136)|Psaume 137]]'' indique une participation des Édomites lors du [[Siège de Jérusalem (-586)|siège de Jérusalem]] par les Babyloniens en [[Années 580 av. J.-C.|586]]<ref name="Bartlett1992">{{chapitre|titre chapitre=Edom (Edom in history)|titre ouvrage=[[Anchor Bible Dictionary]]|nom=Bartlett|prénom=John R.|volume=2|année=1992}}</ref>. Un développement ultérieur des {{-sp|IV|e|-|III|e}} rend même les Édomites responsables de l'incendie du [[Temple de Jérusalem]]<ref group="N">1 Esdras 4:45</ref>. Cette participation n'est pourtant pas prouvée, {{citation|Édom}} pouvant n'être qu'un nom symbolique représentant les ennemis d'Israël<ref name="gra165" />.

== Édom dans la tradition juive ==
Dans la tradition juive, Édom est identifié à l'[[Empire romain]]. Les passages traitant d'Édom ou d'Ésaü sont interprétés comme se référant à Rome. Dans le [[Midrash]] [[Tanhouma]] sur [[Livre de la Genèse|Bereshit]] au septième chapitre, l'empereur [[Hadrien]] est qualifié de {{citation|roi d'Édom}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Mireille|nom1=Hadas-Lebel|titre=Jerusalem Against Rome|éditeur=|année=2006|pages totales=581|passage=362|isbn=978-90-429-1687-6|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=jB-RRVgcsGgC&printsec=frontcover}}</ref>. Cette identification apparaît à la fin de la [[période du Second Temple]], aux alentours de la [[révolte de Bar Kokhba]]<ref>{{Chapitre|langue=en|titre chapitre=Edom|sous-titre chapitre =In Aggada|prénom=Moshe David|nom=Herr|titre ouvrage=[[Encyclopaedia Judaica]]|éditeur=Keter Publishing House|année=1971|lieu=Jérusalem}}</ref>. Des chercheurs ont proposé d'expliquer cette identification à cause de l'origine iduméenne du roi [[Hérode Ier le Grand|Hérode {{Ier}} le Grand]] qui a régné sur la Judée avec le soutien de Rome. Il semble que ce soit surtout la haine entre les deux frères, Jacob et Ésaü, le récit des attaques d'Édom contre Israël et les promesses de revanche exprimées par les prophètes qui aient motivé cette identification<ref>{{Article|titre=Jacob et Ésaü ou Israël et Rome dans le Talmud et le Midrash|nom=Hadas-Lebel|prénom=Mireille|lien auteur=Mireille Hadas-Lebel|périodique=Revue de l'histoire des religions|volume=201|numéro=4|année=1984|passage=369-392}}</ref>.

Au [[Moyen Âge]], Édom et Séïr sont pris non seulement comme symboles de Rome, mais aussi de la [[chrétienté]], considérée comme l'héritière de l'Empire romain<ref>{{harvsp|Hadas-Lebel|2006|p=497}}</ref>. Dans le langage des lettrés et des poètes juifs, Édom désigne métaphoriquement le monde chrétien. À l'[[Histoire des Juifs en terre d'Israël#Les Juifs dans la Palestine romaine et byzantine (135-634)|époque byzantine]], le [[Piyyout|poète liturgique juif]] [[Yannaï (poète)|Yannaï]] se plaint amèrement de l'oppression du [[judaïsme]] par le pouvoir chrétien byzantin, décrit métaphoriquement sous le nom d'Édom<ref>{{citation|The lamps of Edom became powerful and numerous, the lamps of Zion are destroyed and ravaged}}, cité par {{Chapitre|prénom=Wout Jac|nom=Van Bekkum|titre=Anti-christian polemics in the hebrew liturgical poetry (piyyut) of the sixth and seventh centuries|titre ouvrage=Early Christian Poetry|sous-titre ouvrage=a collection of essays|auteurs ouvrage=A. Hilhorst et Jan Den Boeft (dir.)| éditeur= Brill|lien éditeur= Éditions Brill|année=1993|passage=304-305}}</ref>.

== Édom en ésotérisme ==
[[Adolphe Franck]], dans son ouvrage ''La [[Kabbale]] ou La Philosophie Religieuse des Hébreux ''(1843)<ref>[[Adolphe Franck]], ''La Kabbale ou La Philosophie Religieuse des Hébreux,'' édition numérique'', ''1843, p. 206 ([https://books.google.fr/books?id=Go8E788PApkC&pg=PA206&lpg=PA206&dq=kabbale+edom&source=bl&ots=llJjzSwnvv&sig=J9IyJHf_ehsrAJyGGtEdMRY_Qxo&hl=fr&sa=X&ei=zZTqU4bQDMek0QWAiYDYCA&ved=0CC0Q6AEwAg#v=onepage&q=kabbale%20edom&f=false texte en ligne])</ref> :{{Citation bloc|La [[Livre de la Genèse|Genèse]] fait mention de sept rois d'Édom qui ont précédé les rois d'Israël, et en les nommant elle les fait mourir l'un après l'autre, pour nous apprendre dans quel ordre ils se sont succédé. C'est de ce texte, si étranger par lui-même à un tel ordre d'idées, que les auteurs du [[Sefer Ha Zohar|Zohar]] se sont emparés, pour y attacher leur croyance à une sorte de révolution dans le monde invisible de l'émanation divine.}}
[[Helena Blavatsky]], dans son ''Glossaire théosophique''<ref>Helena Blavatsky, ''Glossaire théosophique'', édition pdf, définition de "Édom"</ref>'' '':{{Citation bloc|la philosophie [[ésotérique]] orientale nous enseigne que les sept rois d'Édom ne sont pas le type de mondes disparus ou de forces déséquilibrées, mais le symbole des sept [[Mythe des races|races-racines]] humaines, dont quatre ont passé, la cinquième passe, et il y en a encore deux à venir.}}[[René Guénon]] évoque le sujet à plusieurs reprises dans son œuvre : selon lui, le mot ''edom'' dérive de la racine ''adam'' (« rouge ») et signifie « roux ». Dans la Bible ''Édom'' est un surnom d'Ésaü, d’où le nom d’Édomites donné à ses descendants et celui d’Idumée au pays qu’ils habitaient (et qui en hébreu est aussi ''Édom'', mais au féminin). Si l'on comprend ''Adam'' comme l'origine de la « race rouge » et de sa tradition particulière, ''Édom'' désigne les races ayant précédé celle-ci dans le cycle humain actuel ; mais si on comprend ''Adam'' dans son sens le plus étendu - le prototype de la présente humanité - ''Édom'' désigne alors les humanités antérieures et disparues (les « préadamites ») : soit précisément ce que le ''[[Sefer HaZohar|Zohar]]'' appelle les « sept rois d'Édom »<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=René Guénon|titre=Formes traditionnelles et cycles cosmiques|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]]|année=1970|passage=« Quelques remarques sur le nom d’Adam »|isbn=|lire en ligne=http://www.index-rene-guenon.org/Access_book.php?sigle=FTCC&page=55}}</ref>. Or, selon l'hindouisme, l'ésotérisme musulman ou la ''[[Kabbale]]'', le monde est divisé en « sept terres ». Si cette subdivision relève d'un symbolisme spatial (les quatre points cardinaux, le zénith, le nadir, et le « centre » lui-même), elle relève également d'un symbolisme temporel (les « sept ères » de l'humanité) ; mais envisage tout à la fois un point de vue impliquant la « succession temporelle » ou la « simultanéité » (chacune de ces différentes modalités étant en rapport avec une des trois « directions de l'espace »)<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=René Guénon|titre=Formes traditionnelles et cycle cosmique|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]]|année=1970|passage=« Quelques remarques sur la doctrine des cycles cosmiques »|isbn=|lire en ligne=http://www.index-rene-guenon.org/Access_book.php?sigle=FTCC&page=13}}</ref>. Selon le symbolisme spatial, ces « sept terres » correspondent aux sept ''dwîpas'' de l'hindouisme (ayant le ''[[Meru (homonymie)|Mêru]]'' pour centre commun) ; aux sept subdivisions de la terre de [[Terre de canaan|Canaan]] de la tradition hébraïque (sur lesquels règnent donc « sept rois ») ; aux « sept climats » de l'ésotérisme musulman (chacun régi par un ''Qutb''). Selon le symbolisme temporel - qui n'implique pas forcément le même ordre de grandeur selon la tradition religieuse considérée - elles correspondent, dans l'hindouisme aux sept ''[[Manvantara]]s'' (« l'ère d'un ''Manu'' ») antérieurs ; dans la tradition hébraïque aux « sept jours » de la ''[[Livre de la Genèse|Genèse]]''<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=René Guénon|titre=Formes traditionnelles et cycles cosmiques|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]]|année=1970|passage=« « La Kabbale juive » »|isbn=|lire en ligne=http://www.index-rene-guenon.org/Access_book.php?sigle=FTCC&page=81}}</ref> ; etc. Aussi, dans l'optique du point de vue « simultané », ces « sept terres » correspondent à différentes « catégories de l'existence terrestre », coexistantes et s'interpénétrant, sachant qu'une seule d'entre elles peut être pénétrée par les sens communs (les six autres n'étant présentes qu'à « l'état latent »)<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=René Guénon|titre=Formes traditionnelles et cycles cosmiques|éditeur=|année=1970|passage=« Quelques remarques sur la doctrine des cycles cosmiques »|isbn=}}</ref>. Enfin, dans le cas où l'expression « sept rois d'Édom » désigne les humanités antérieures et disparues, le ''Zohar'' dit d'eux qu'ils sont tombés dans le « monde des écorces » (''ôlam [[Qliphoth|qlippoth]]'') : mais en tant que « résidus » des ''Manvataras'' écoulés, ils coexistent néanmoins à notre « catégorie de l'existence terrestre » et peuvent parfois s'y manifester<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=René Guénon|titre=Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]]|année=1945|passage=chap. XXIV (« VERS LA DISSOLUTION »)|lire en ligne=http://www.index-rene-guenon.org/Access_book.php?sigle=RQST&page=162}}</ref>.

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{références|groupe=N}}

=== Références ===
{{Références|colonnes=3}}

== Bibliographie ==
=== Généralités ===
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Eric M.|nom1=Meyers|directeur1=oui|titre=Oxford Encyclopaedia of Archaeology in the Near East, 5 vol.|lieu=Oxford et New York|éditeur=[[Oxford University Press]]|année=1997|isbn=0-19-506512-3|id=OEANE}}
* {{Ouvrage|langue=en|titre=The Cambridge History of Judaism|sous-titre=The Hellenistic Age|volume=2|éditeur=[[Cambridge University Press]]|année=2007|année première édition=1989|pages totales=758|isbn=978-0-521-21929-7|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=Pa75TjBSRkwC&printsec=frontcover|id=CHJ}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Lester L.|nom1=Grabbe|titre=A History of the Jews and Judaism in the Second Temple Period|sous-titre=Yehud: A History of the Persian Province of Judah|volume=1|éditeur=T&T Clark International|année=2004|pages totales=494|isbn=978-0-567-04352-8}}
* {{Ouvrage|langue=en|titre = About Idumea and Edom: Recent Research and Approaches from Archaeology, Hebrew Bible Studies and Ancient Near East Studies | année = 2022 |prénom1  = Benedikt |nom1 = Hensel |prénom2 = Diana |nom2 = Edelman |prénom3 = Ehud |nom3 = Ben Zvi}}

=== Histoire ===
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Aryeh|nom1=Kasher|lien auteur1=Aryeh Kasher|titre=Jews, Idumaeans, and Ancient Arabs|sous-titre=relations of the Jews in Eretz-Israel with the nations of the frontier and the desert during the Hellenistic and Roman era (332 BCE - 70 CE)|lieu=Tübingen|éditeur=|année=1988|pages totales=264|isbn=978-3-16-145240-6|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=gw5BswLtBsAC&printsec=frontcover}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=John R.|nom1=Bartlett|titre=Edom and the Edomites|éditeur=Sheffield Academic Press|collection=Journal for the study of the Old Testament supplement|série=Supplement|numéro dans collection=77|année=1989|pages totales=281|isbn=978-1-85075-205-9}}
* {{Article|langue=en|titre=Tribes, Trade, and Towns : a new framework for the Late Iron Age in Southern Jordan and the Negev|prénom1=Piotr|nom1=Bienkowski|prénom2=Eveline|nom2=van der Steen|périodique=Bulletin of the American Schools of Oriental Research|numéro=323|année=2001|page=21-47|jstor=1357590}}
* {{Article|langue=en|prénom= Benjamin W.|nom=Porter|titre=Authority, polity, and tenuous elites in Iron Age Edom (Jordan)|périodique = Oxford Journal of Archaeology| volume= 23|numéro=4|année=2004 |pages = 373-395 |issn = 0262-5253}}
* {{Article|langue=en|prénom1=Juan Manuel|nom1=Tebes|titre=“You shall not abhor an Edomite, for he is your brother” : the tradition of Esau and the edomite genealogies from an anthropological perspective|périodique=The Journal of Hebrew Scriptures|ISSN=1203-1542|volume=6|année=2006}}
* {{chapitre|langue=en|prénom=André|nom=Lemaire|lien auteur=André Lemaire |titre chapitre = Edom and the Edomites | titre ouvrage = The Books of Kings: Sources, Composition, Historiography and Reception | auteurs ouvrage = André Lemaire et [[Baruch Halpern]] (dir.)| éditeur= Brill|lien éditeur= Éditions Brill|lieu = Leyde et Boston| collection = Supplements to Vetus Testamentum| passage=225-243| année = 2010 |isbn = 978-9004177291}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Bradley L.|nom1=Crowell|titre=Edom at the Edge of Empire: A Social and Political History|éditeur=[[Society of Biblical Literature]]|collection=Archaeology and Biblical Studies|année = 2021}}

=== Archéologie ===
*   {{Ouvrage| langue=en| prénom1=John F.A.| nom1=Sawyer| titre=Midian Moab and Edom : The History and Archaeology of Late Bronze and Iron Age Jordan and North-West Arabia| éditeur=| année=1983| pages totales=172| isbn=978-0-905774-49-7| lire en ligne=https://books.google.com/books?id=9Cd5mcj7FL4C&printsec=frontcover}}
* {{Article|langue=en|titre=New Light on the Edomites|prénom=Itzhaq|nom=Beit-Arieh|périodique=Biblical Archaeology Review|année=1988}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Piotr|nom1=Bienkowski|directeur1=oui|titre=Early Edom and Moab : The Beginning of Iron Age in Southern Jordan|lieu=Sheffield|éditeur=J. R. Collis publ.|année=1992|pages totales=202|isbn=0-906090-45-8|id=BienkowskiEarly}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Thomas E.|nom1=Levy|directeur1=oui|prénom2=Øystein S.|nom2=LaBianca|prénom3=Randall W.|nom3=Younker|titre=Archaeology of Society in the Holy Land|éditeur=|année=1995|pages totales=624|isbn=978-0-7185-1388-7|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=TqRIlVBRv34C&printsec=frontcover|numéro chapitre=23|titre chapitre=The kingdoms of Ammon, Moab and Edom : the archaeology of society in Late Bronze/Iron age Transjordan (ca. 1400-500 BCE)|id=Levy1995}}
* {{Article|langue=en|titre=Edomites advance into Judah|prénom=Itzhaq|nom=Beit-Arieh|périodique=Biblical Archaeology Review|année=1996}}
* {{Chapitre|langue=en|titre chapitre=Edom|nom1=Bartlett|prénom1=John R.|titre ouvrage=Oxford Encyclopaedia of Archaeology in the Near East, 5 vol.| auteurs ouvrage=Eric M. Meyers (dir.)| lieu = Oxford et New York| éditeur= Oxford University Press|année =1997|isbn =0-19-506512-3}}
* {{Ouvrage| langue=en| prénom1=Ephraim| nom1=Stern| lien auteur1=Ephraim Stern| titre=Archeology of the land of the Bible, volume II| sous-titre=The Assyrian, Babylonian and Persian Periods 732-332 BCE| éditeur=| année=2001| pages totales=666| isbn=978-0-300-14057-6}}
* {{chapitre| langue=en| auteur=Piotr Bienkowski |titre= Edom During the Iron Age II Period|auteurs ouvrage= Ann E. Killebrew et Margreet Steiner  (dir.)|titre ouvrage= The Oxford Handbook of the Archaeology of the Levant: c. 8000-332 BCE|lieu= Oxford |éditeur= Oxford University Press|année= 2013|passage= 782-794}}

== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===
* [[Idumée]]
* [[Shasou]]
* [[Mont Séïr]]
* Satrapie [[achéménides|achéménide]] de [[Transeuphratène]]

=== Liens externes ===
{{Autres projets|commons=Category:Edom}}
* [http://www.anthro.ucsd.edu/~tlevy/index_files/Edom.htm Edom Lowland Project], University of California, San Diego
* [http://www.biblicalstudies.org.uk/arch_edom.php Bibliographie]
* [http://www.sciencedaily.com/releases/2005/02/050222113412.htm Controversial Dates Of Biblical Edom Reassessed In Results From New Archeological Research]

{{Palette|Proche-Orient ancien|Bible}}
{{Portail|Proche-Orient ancien|Bible|Israël antique et les Juifs dans l'Antiquité}}

[[Catégorie:Archéologie de la Bible]]
[[Catégorie:Israël antique]]
[[Catégorie:Histoire de la Palestine]]
[[Catégorie:Peuple de la Bible]]
[[Catégorie:Peuple du Proche-Orient ancien]]
[[Catégorie:Édom]]
[[Catégorie:Région du Proche-Orient ancien]]
[[Catégorie:Peuple de langue sémitique]]