Wikipédia:Lumière sur/s:janvier 2012 Invitation 1

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Beaumarchais - Ce coquin de Figaro

Figaro : Voilà précisément la cause de mon malheur, Excellence. Quand on a rapporté au ministre que je faisais, je puis dire assez joliment, des bouquets à Chloris, que j’envoyais des énigmes aux journaux, qu’il courait des madrigaux de ma façon ; en un mot, quand il a su que j’étais imprimé tout vif, il a pris la chose au tragique et m’a fait ôter mon emploi, sous prétexte que l’amour des lettres est incompatible avec l’esprit des affaires.
Le comte : Puissamment raisonné ! Et tu ne lui fis pas représenter…
Figaro : Je me crus trop heureux d’en être oublié, persuadé qu’un grand nous fait assez de bien quand il ne nous fait pas de mal.
Le comte : Tu ne dis pas tout. Je me souviens qu’à mon service tu étais un assez mauvais sujet.
Figaro : Eh ! mon Dieu, Monseigneur, c’est qu’on veut que le pauvre soit sans défaut.
Le comte : Paresseux, dérangé…
Figaro : Aux vertus qu’on exige dans un domestique, Votre Excellence connaît-elle beaucoup de maîtres qui fussent dignes d’être valets ?
Le comte, riant : Pas mal !

Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais (24/01/1732-18/05/1799) - Le Barbier de Séville (1775) (Acte I, scène 2)

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