Virus TFW

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La métaphore de virus TFW (taylorisme-fayolisme-weberisme)[1] se réfère à la l’application de principes, issus du mouvement de l'École Classique de l'Organisation[2], proposés par Taylor (1911), Fayol (1916) et Weber (1924).

Ces auteurs ont contribué, à leur époque, au progrès économique et social, mais il s’avère, selon Henri Savall et Véronique Zardet[3], que ces principes, aujourd’hui obsolètes, génèrent de l’inefficacité, de l’inefficience et de la frustration au travail, compte tenu des mutations sociétales survenues.

Le concept « Virus TFW », a été créé par Henri Savall et Véronique Zardet et est apparu sous cette dénomination à partir de 2006, dans des conférences françaises, américaines et mexicaines. Il a donné lieu à de nombreuses publications et a été repris par différents auteurs.

Principes[modifier | modifier le code]

Ces trois principes sont :

  • la division maximale du travail,
  • la dichotomie entre conception, décision et réalisation des activités
  • la dépersonnalisation des postes de travail, des organigrammes, des processus, des méthodes et des règles.

Selon Savall et Zardet ces facteurs ne contribuent plus à la performance globale durable de l’organisation, compte tenu des évolutions des comportements, des compétences et des mutations de l'environnement social et politique national et international. Le modèle combinant les principes du virus TFW a suscité une abondante littérature sur l'analyse du travail et la théorie des organisations.

L’analogie liée à la notion de virus tient au fait que ce dernier se définit comme un agent d'infection, constitué d'un groupe d'entités sous-microscopiques, se reproduisant à l'intérieur des cellules animales, humaines ou végétales et qui est, en général, pathogène.

Le degré d'infection par le virus TFW des modèles organisationnels et des pratiques managériales dominants se réfère au degré, plus ou moins grand de carence de coopération entre les participants à l'activité, les individus dans une équipe, les établissements d'une même organisation, les filiales d'un groupe industriel ou d'une entreprise de services.

Les principales critiques de l’organisation traditionnelle du travail, évoquée par la métaphore du virus TFW (taylorisme-fayolisme-weberisme) reposent sur le fait que la tradition s’est focalisée sur l’organisation interne de la fonction ou du poste de travail individuel et que les temps standards pour réaliser les tâches ne tiennent pas compte des conditions de travail qui, pourtant, interfèrent avec la productivité et la qualité.

En effet, les dispositifs de coopération entre les individus et les équipes ne sont pas structurés : les temps nécessaires à la communication, la négociation, la coordination, la concertation, la coopération, la formation intégrée permanente, le perfectionnement des méthodes ainsi qu’à l’innovation ne sont pas pris en considération.

Une critique avisée ne s'adresserait à Taylor, Fayol ou Weber eux-mêmes, mais à leurs successeurs, théoriciens, experts et praticiens, en tant qu'applicateurs imprudents de théories surannées, dans un environnement économique et social qui a connu de nombreuses et profondes mutations. En effet, le contexte humain, social et géopolitique, ainsi que le niveau d'éducation de la population active ont considérablement changé en un siècle.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • H. Fayol, Administration générale et industrielle, Gauthiers Villars, 1916
  • G. Friedmann, Le travail en miettes, Gallimard, 1956
  • A. Heorhiadi, J. Conbere, C. Hazelbaker, Virtue vs. Virus Can OD Overcome the Heritage of Scientific Management?, Organization Development Network, 2014
  • B. Lussato, Introduction critique aux théories d’organisation : modèles cybernétiques, hommes, entreprises, Dunod, 1977
  • M. Montmollin, Le taylorisme à visage humain, Presses universitaires de France, 1981
  • H. Savall, Enrichir le travail humain : l’évaluation économique, Université Paris-Dauphine 1974, Dunod, 1975, préface de

Jacques Delors. Traduit en espagnol : Por un trabajo más humano, Tecniban, Madrid, 1977 et en anglais : Work and people - An Economic Evaluation of Job-Enrichment, Oxford University Press, New-York, préface de H.I. Ansoff ; 2e édition (IAP, États-Unis, 2010).

  • H. Savall, V. Zardet, Émergence des micro-théories psychosociologiques cachées dans la théorie socio-économique des organisations, Actes du Congrès IPM, 2006
  • H. Savall, V. Zardet, Responsabilidad social y societal de la empresa:indicadores para dialogar con las partes interesadas, Actas Congreso de ACACIA, UAM, Mexico, 2009
  • H. Savall, V. Zardet, Le non-dit dans la théorie socio-économique des organisations : situations de management et pièces de théâtre, in Fantasmes, mythes, non-dits et quiproquo : Analyse de discours et organisation (coord. Rodolphe Ocler), L’Harmattan, 2010.
  • H. Savall, V. Zardet, La métamorphose des services publics: Résultats qualimétriques d’amélioration de l’efficience, de l’efficacité et de la qualité des services aux usagers, Actes du 2e Congrès Transatlantique [American Accounting Association (AAA)- International Institute

of Costs (IIC)-ISEOR], 2010

  • F. Taylor, Principes d’organisation scientifique des usines, Dunod, 1985
  • M. Weber The theory of social and economic organization, New York, NY: Free Press, 1924-1964.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Savall & Zardet, 2006
  2. Friedmann, 1956; Lussato, 1977 ; Montmollin, 1981 ; Savall, 1974, 1975, 1981, 2010
  3. Tous deux enseignants-chercheurs à l'Institut de socio-économie des entreprises et des organisations (ISEOR).