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Exotisme (Victor Segalen)

Victor Segalen (1878-1919), poète français, est un des premiers théoriciens de l'exotisme en littérature, avec un ouvrage posthume Essai sur l'exotisme.

Essai sur l'Exotisme
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Auteur Victor Segalen
Pays Drapeau de la France France
Genre Essai
Éditeur Fata Morgana
Lieu de parution Montpellier
Date de parution 1978

Essai sur l'Exotisme[1] est un essai de Victor Segalen écrit entre 1905 et 1919. Il expose les réflexions de l'auteur sur la notion d'exotisme ainsi que des exemples empruntés à la littérature. Il envisage ainsi les cas de l'exotisme dans le temps -- par exemple dans la science-fiction -- et dans l'espace. Certains auteurs contemporains, comme P. Loti, lui servent de repoussoirs car Segalen leur reproche une conception spectaculaire et anecdotique de l'exotisme, réduit à de simples impressions de voyage.

Essai sur l’exotisme : une esthétique du divers (extraits)

“Exote” est un mot inventé par Victor Segalen. Citons-le pour définir ce mot.

Ces extraits viennent des ses notes éditées pour la première fois dans leur totalité à titre posthume sous le titre “Essai sur l’exotisme : une esthétique du divers”. – Fata Morgana, 1978. Ce livre contient également deux écrits passionnants sur Gauguin.

Des extraits de ces notes ont été publiés au Mercure de France en 1955, par Pierre Jean Jouve, dans un numéro intitulé “Sueur de Sang”.

“Commencer par la sensation d’Exotisme. Terrain solide et fuyant. Ecarter vivement ce qu’elle contient de banal : le cocotier et le chameau.” (p. 37)

Cela, c'est justement l'exotisme de surface, l'impressionnisme convenu que Segalen veut écarter à tout prix pour mieux se démarquer des Loti, Farrère et autres Tharaud.

“Le dépouiller de ses oripeaux : le palmier et le chameau; casque de colonial; peaux noires et soleil jaune;”

(…)

“Puis, dépouiller ensuite le mot d’exotisme de son acception seulement tropicale, seulement géographique. L’exotisme n’est pas seulement donné dans l’espace, mais également en fonction du temps.

“Et en arriver très vite à définir, à poser la sensation d’Exotisme : qui n’est autre que la notion du différent; la perception du Divers; la connaissance que quelque chose n’est pas soi-même; et le pouvoir de l’exotisme, qui n’est que le pouvoir de Concevoir autre.” (p.41)

(…)

“L’attitude (…) ne pourra donc pas être le je qui ressent…mais au contraire l’apostrophe du milieu au voyageur, de l’Exotique à l’Exote qui le pénètre, l’assaille, le réveille et le trouble. C’est le tu qui dominera.” (p.40)

“Ne peuvent sentir la Différence que ceux qui possèdent une individualité forte.”

(…)

“L’exotisme n’est donc pas cet état kaléidoscopique du touriste et du médiocre spectateur, mais la réaction vive et curieuse au choc d’une individualité forte contre une objectivité dont elle perçoit et déguste la distance.” (p.43)

(…)

“…le pouvoir de sentir le Divers contient…deux phases, dont l’une réductible : l’un des éléments divergents est nous. Dans l’autre, nous constatons une différence entre deux parties de l’objet. Cette seconde doit ramener à la première si l’on veut en faire une sensation d’exotisme : alors, le sujet épouse et se confond pour un temps avec l’une des parties de l’objet, et le Divers éclate entre lui et l’autre partie.” (p.79)

(…)

“L’exotisme n’est donc pas une adaptation; n’est donc pas la compréhension parfaite d’un hors soi-même qu’on étreindrait en soi, mais la perception aigüe et immédiate d’une incompréhensibilité éternelle”. (p.44)

(…)

“Il se peut que l’un des caractères de l’Exote soit la liberté, soit d’être libre vis-à-vis de l’objet qu’il décrit ou ressent, du moins dans cette phrase finale, quand il s’en est retiré. Au contraire, les Loti sont mystiquement ivres et inconscients de leur objet, qu’ils mélangent à eux, et auquel ils se mélangent éperdument, “ivre de dieu!”. Or, Clouard dit : “La seule force de ces beautés montrera, je pense, qu’elles n’eussent pu naître sans une entière liberté de l’auteur à l’égard de son objet ni sans une incomparable fermeté de l’esprit : il faut sentir ce qu’une telle originalité a de réfléchi et de voulu jusque dans le plus fort de l’exaltation”.” (p.60)

(…)

“Mais pour moi, c’est une aptitude de ma sensibilité, l’aptitude à sentir le divers, que j’érige en principe esthétique de ma connaissance du monde. Je sais d’où il vient; de moi-même. Je sais qu’il n’est pas plus vrai qu’aucun autre; mais aussi qu’il n’est pas moins vrai. Je crois seulement que j’étais celui-là qui devait le mettre en lumière; et que j’aurai ainsi rempli mon rôle. “Voir le monde et puis dire sa vision du monde”. Je l’ai vu sous sa diversité. Cette diversité j’en ai voulu, à mon tour, faire sentir la saveur.” (p.50)

Notes[modifier | modifier le code]

  1. 1978. Montpellier, Fata Morgana, collection « Explorations ». Préface d’Annie Joly-Segalen.

Texte en ligne[modifier | modifier le code]

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Catégorie:Essai en français Catégorie:Essai du XXe siècle