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Utilisateur:Ludivine-74/Brouillon

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Jacob van Campen, Partie de la procession triomphale, avec les cadeaux de l’Orient et de l’Occident, 1649-1651[modifier | modifier le code]

Jacob van Campen, Partie de la procession triomphale, avec les cadeaux de l'Orient et de l'Occident, 1649-1651, huile sur toile, 383.5 x 204.5 cm, La Haye, Palais royal Huis ten Bosch.

Cette œuvre qui met en scène une procession triomphale avec des artéfacts provenant à la fois de l’Orient et de l’Occident, illustre l’expansion coloniale néerlandaise. Par exemple, le cacatoès blanc revêt le symbolisme[1] du général Jean-Maurice de Nassau-Siegen (1604-1679), qui fut nommé nouveau commandant de la colonie brésilienne en 1636[2], un territoire convoité pour la canne à sucre et l’or. Dans ce contexte, les peuples autochtones américains ont subi, en conséquence, une violence extrême et une exploitation dans les plantations. Les motifs de fruits tropicaux du Brésil, tels que l’ananas et l’épi de maïs, ont sans doute été peints par Albert Eckhout[3] (v. 1607-v.1666) qui a observé la faune et la flore de ce pays. Ces végétaux renvoient un sentiment d’exotisme pour les spectateurs contemporains.

De plus, la notion de conquête dans l’œuvre est renforcée par l’emprunt iconographique à l’imagerie triomphale de l’Antiquité[4]. Jacob van Campen (1596-1657) établit un parallèle entre la gloire des Provinces-Unies et l’Empire romain, très probablement inspiré par la série des Triomphes de César de Mantegna (1431-1506)[5].

La richesse des artificilia et naturalia de provenances diverses, coïncide avec l’émergence d’une nouvelle culture marchande en lien avec l’essor économique d’Amsterdam, et du monopole de la VOC sur les routes maritimes. Le vase en porcelaine, soulevé par l’une des figures, devait faire partie de la collection de la commanditaire, Amélie de Solms[6](1602-1675). Il est plus ancien que la vaisselle dite « kraak », l’une des premières à être massivement exportée en Europe[7]. Cependant, le pigment smalt utilisé pour ce détail a perdu la vivacité de son bleu au fil du temps[8]. Les ateliers de Delft ont entrepris d’imiter la porcelaine chinoise, tandis que les artistes l’ont représentée dans leurs natures mortes, témoignant ainsi d’une fascination pour la finesse et la rareté de ces objets.




[1] Gelder van J.G., « De schilders van de Oranjezaal », Nederlands Kunsthistorisch Jaarboek, Haarlem, Fibula-Van dishoeck, II, 1948/1949, p. 140.


[2] Parker Brienen, Rebecca, Visions of savage paradise: Albert Eckhout, court painter in colonial Dutch Brazil, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2006, p. 54-55.


[3] Concernant la restauration de l’œuvre, voir le catalogue scientifique en ligne de la salle d’Orange, hebergé par RKD, 2015, n° 24.


[4] Eikema Hommes, Margriet van, « A triumphal procession illuminated: the remarkable symbolism of light in the Oranjezaal in Huis ten Bosch » in Hoppe, Stephan et. al., Deckenmalerei um 1700 in Europa : Höfe und Residenzen, actes du colloque international du 13 au 15 septembre 2018 à Herrenhausen, München, Hirmer, 2020, p. 203.


[5] L’artiste baroque le plus influent du Nord, Rubens, réalise sa propre version du Triomphe Romain. À ce sujet, voirElam, Caroline, « Les Triomphes de Mantegna : la forme et la vie », in Agosti, Giovanni et. al., Mantegna (1431-1506), Paris, Hazan, 2008, p. 366.


[6] Campen, Van J., « Porcelain, the City Maiden of Amsterdam and Amalia van Solms », Vormen uit Vuur, III, 232, 2016, p. 55-56.


[7] Corrigan, Karina, et. al., Asia in Amsterdam: the culture of luxury in the Golden Age, cat. exp., [Salem, Peabody Essex Museum, 27 février — 05 juin 2016 ; Amsterdam, Rijksmuseum, 17 octobre 2015-17 janvier 2016] New Haven, Londres, Yale University Press, 2015, p. 264.


[8] Corrigan, Karina et al., 2015, p. 236.

  1. J. G. Van Gelder, « De Schilders Van De Oranjezaal », Netherlands Yearbook for History of Art / Nederlands Kunsthistorisch Jaarboek, vol. 2, no 1,‎ , p. 140. (ISSN 0169-6726 et 2214-5966, DOI 10.1163/22145966-90000220, lire en ligne, consulté le )
  2. Rebecca Parker Brienen, Visions of Savage Paradise : Albert Eckhout, Court Painter in Colonial Dutch Brazil, Amsterdam University Press, (ISBN 978-90-5356-947-4, lire en ligne), p. 54-55.