Voir la source de Utilisateur:Leonard Fibonacci/Bérénice (princesse de Judée)

*[[Bérénice (princesse de Judée)]]
{{Voir homonymes|Bérénice}}
{{Infobox Biographie2
|légende=Bérénice à gauche et [[Titus (empereur romain)|Titus]] à droite.
}}
[[Image:Salon de Vénus-TITUS ET BERENICE.jpg|upright=1.25|vignette|''Titus et Bérénice'', [[Salon de Vénus]], [[Grands appartements du château de Versailles|Grands appartements]] du [[château de Versailles]] ([[René-Antoine Houasse]], [[circa|ca.]] 1678).]]

'''Bérénice''', aussi connue comme ''' Julia Berenice''', née vers 28, est une fille du roi [[Hérode Agrippa Ier|Agrippa {{Ier}}]]. Elle descend des dynasties [[Généalogie des Hérodiens|hérodienne]] et [[hasmonéen]]ne de Judée. Elle est mariée très jeune à [[Marcus Julius Alexander|Marcus Alexander]], neveu du philosophe [[Philon d'Alexandrie]] et frère de [[Tiberius Julius Alexander|Tibère Alexandre]], qui sera [[procurateur]] de [[Judée (province romaine)|Judée]] de 46 à 48.

Après cette première union contractée à un jeune âge, Bérénice séjourne quelque temps à [[Alexandrie]] jusqu'à la mort de son époux Marcus. Elle est remariée encore jeune fille à son oncle [[Hérode de Chalcis|Hérode]], le roi de [[Anjar|Chalcis]] (l'[[Iturée]] au sud-est de la [[Syrie (province romaine)|Syrie romaine]]), dont elle a deux fils. Elle est à nouveau veuve vers 48 et se marie une troisième fois avec [[Marcus Antonius Polemo II]], roi client de [[Cilicie]] (sud de la Cappadoce). Elle est la première à porter le titre de ''basilissa'' et à figurer comme telle sur la base d'une statue. Elle quitte Polemo assez rapidement pour revenir à Jérusalem auprès d'[[Agrippa II|Agrippa ({{II}})]], son frère. À ses côtés, elle remplit les fonctions de reine, un statut qui lui est reconnu, alors qu'aucune épouse d'Agrippa n'est mentionnée dans les sources antiques.

Elle devient la maîtresse de [[Titus (empereur romain)|Titus]], le fils de l'empereur [[Vespasien]], pendant qu'il commande certaines [[Légion romaine|légions]] qui tentent d'éradiquer toute résistance en [[Galilée (région)|Galilée]] (67-68). Leur liaison se poursuit pendant que Titus écrase la [[première guerre judéo-romaine|révolte juive de 66 - 70]]. Titus rentre à Rome pour assister à son triomphe (fin 70 -début 71) et Bérénice le rejoint quelques années plus tard. Il promet de l'épouser, mais après quelques temps il renonce et la renvoie de Rome, sous la pression de son père l'emprereur [[Vespasien]].

Son histoire a inspiré la célèbre tragédie de [[Jean Racine|Racine]] et la « comédie héroïque » de [[Pierre Corneille|Corneille]], ainsi que ''La Reine de Césarée'', de [[Robert Brasillach]].

== Biographie ==
===Origines et enfance===
Bérénice descend des dynasties [[Généalogie des Hérodiens|hérodienne]] et [[Hasmonéens|hasmonéen]]ne, par son père [[Hérode Agrippa Ier|Hérode Agrippa {{Ier}}]] et par sa mère Cypros<ref name="Schwentzel_225">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=225}}.</ref>{{,}}<ref name="Schwentzel_47">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=47}}.</ref>. Celle-ci est une fille que [[Phasaël]] frère d'[[Hérode Ier le Grand|Hérode le Grand]] a eue avec Salampsio, une des filles d'Hérode le Grand et [[Mariamne l'Hasmonéenne]]<ref name="Schwentzel 2011, p.226">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=226}}.</ref>. Son père Agrippa est un petit-fils d'Hérode le Grand et de [[Mariamne l'Hasmonéenne]] (exécutée sur ordre de son mari en [[-29|29 av. J.-C.]])<ref name="Schwentzel_225" />{{,}}<ref name="DGRBM">Mason, Charles Peter (1867), [http://www.ancientlibrary.com/smith-bio/0086.html ''Agrippa, Herodes I''], in Smith, William, Dictionary of Greek and Roman Biography and Mythology, 1, Boston: Little, Brown and Company, {{pp.}}77–78.</ref>. Bérénice a un frère aîné [[Agrippa II]] (né en 27) et deux sœurs plus jeunes, [[Mariamne (fille d'Agrippa Ier)|Mariamne]] (née en 34) et [[Drusilla (fille de Hérode Agrippa Ier)|Drusilla]] (née en 38)<ref>[[Flavius Josèphe]], ''[[Guerre des Juifs]]'', Livre II, § 11.</ref>. Un de ses frères, Drusus, est mort alors qu'il n'était qu'un enfant<ref>[[Flavius Josèphe]], ''[[Antiquités judaïques]]'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/juda18.htm#130 livre XVIII, § V, 4, (132)].</ref>. Comme tous les hérodiens, {{citation|elle vit, dès son enfance dans un milieu culturellement mixte: par ses ancêtres, elle est fondamentalement une princesse juive. Mais elle possède comme tous les siens, la citoyenneté romaine accordée par [[Jules César]] à [[Antipater (Judée)|Antipater]] en 47 {{avjc}} et porte le nom de Julia<ref name=Tarel_2016_p217>{{harvsp|Tarel|2016|p=217}}.</ref>.}} {{citation|Cette double identité est un élément sans doute essentiel de sa personnalité. Sa grand-mère, appelée elle aussi [[Bérénice (fille de Salomé)|Bérénice]], est une amie d'[[Antonia Minor]]<ref name="Tarel_2016_p217">{{harvsp|Tarel|2016|p=217}}.</ref>}}, belle-sœur de [[Tibère]]<ref name="Smallwood_187">{{harvsp|Smallwood|1976|p=187}}.</ref> et mère de [[Claude (empereur romain)|Claude]] et de [[Germanicus]]<ref name="Tarel_2016_p217"/>. Son père a passé toute sa jeunesse dans la capitale de l'empire et connaît personnellement presque tous les membres de la famille impériale. Il y a été élevé avec les enfants de la famille impériale dont le futur empereur [[Claude (empereur romain)|Claude]], qui a le même âge que lui, ainsi que [[Julius Caesar Drusus|Drusus]], le jeune fils de [[Tibère]] et son héritier présomptif, auquel il s'est particulièrement attaché<ref name="Schwentzel 2011, p.225">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=225}}.</ref>. Tout comme son père, son frère le futur roi Agrippa II a aussi été élevé à la cour impériale et l'empereur Claude déclare dans une lettre qu'il est son protégé<ref name="Tarel_2016_p217"/>.

Bérénice naît vraisemblablement en [[Palestine (région)|Palestine]] ou en [[Syrie (province romaine)|Syro]]-[[Phéniciens|Phénicie]] vers [[28]]<ref name="Ross 2003, pp.133-137">Ross S. Kraemer, « Typical and atypical jewish family dynamics : The lives of Berenice and Babatha », in David L. Balch et Carolyn A. Osiek, ''Early Christian Families in Context: An Interdisciplinary Dialogue'', éd. Wm. B. Eerdmans Publishing, 2003, pp.133-137 </ref>. Comme c'était fréquent pour les enfants des rois clients, son frère Agrippa, d'un an son aîné, est envoyé à la cour impériale pour y être élevé<ref name="Hadas-Lebel_89">Mireille Hadas-Lebel, ''Rome, la Judée et les Juifs'', éd. Picard, 2009, {{p.|89}}.</ref>, mais rien n'indique que Bérénice l'ait accompagné. Il est probable que Bérénice a suivi ses parents à [[Tibériade]], [[Antioche]] et [[Alexandrie]] et que son enfance a été {{citation|marquée par les rebondissements permanents de ce roman [qu'a été] la vie de son père<ref name=Tarel_2016_p217/>}}. Après s'être brouillé successivement avec son oncle [[Hérode Antipas|Antipas]], son père se rend en [[Syrie (province romaine)|Syrie romaine]], dont son ami [[Lucius Pomponius Flaccus]], est le légat<ref name="Smallwood_188"/>. Peu de temps après, il est disgracié à la suite d'une intervention de son propre frère [[Aristobule le Mineur]], qui le dénonce auprès de Flaccus pour avoir reçu un pot-de-vin afin de défendre les intérêts de [[Damas]] contre [[Sidon]] dans un différend frontalier porté devant son ami légat<ref name="Smallwood_188"/>. Il se décide alors à tenter un retour à Rome où [[Tibère]], qui devait avoir fait son deuil de la mort de [[Julius Caesar Drusus|Drusus]], accepterait peut-être de recevoir à nouveau les anciens amis de son fils<ref name="Smallwood_189">{{harvsp|Smallwood|1976|p=189}}.</ref>. Toutefois dans le {{nobr|livre {{II}}}} de la [[Guerre des Juifs]], son premier récit, édité entre [[75]]-[[79]]<ref>[[André Pelletier (historien-1902)|André Pelletier]], ''La Guerre des Juifs contre les Romains'', Les Belles Lettres, 1975, {{Unité|3|t}}., rééd. 2003. Traduction Pierre Savinel, Éditions de Minuit, 1977, en un volume.</ref>, [[Flavius Josèphe]] était plus direct. C'est {{citation|pour accuser le tétrarque<ref name="accuser le tétrarque">{{citation|Agrippa, fils de cet Aristobule que son père Hérode avait mis à mort, se rendit auprès de Tibère pour accuser le tétrarque Hérode (Antipas). L'empereur n'ayant pas accueilli l'accusation, Agrippa resta à Rome pour faire sa cour aux gens considérables et tout particulièrement à Gaius, fils de Germanicus}} ; [[Flavius Josèphe]], [[Guerre des Juifs]], livre {{II}}, {{IX}}, 5 (178).</ref>}} Hérode Antipas, qu'Agrippa a décidé de se rendre {{citation|auprès de Tibère<ref name="accuser le tétrarque"/>}}, afin d'essayer de prendre son domaine<ref name="Picard_804">[[Gilbert Charles-Picard|Gilbert Picard]], « La date de naissance de Jésus du point de vue romain », dans ''Comptes-rendus des séances de l'Académie des inscriptions et belles-lettres'', 139 (3), 1995, {{p.|804}} {{lire en ligne|lien=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1995_num_139_3_15518|texte=lire sur ''Persée''}}.</ref> et c'est parce qu'Agrippa avait été évincé de ses prétentions à obtenir la tétrarchie d'Antipas qu'il se serait mis à comploter contre l'empereur<ref name="Picard_804"/>. Comme d'autres informations, en particulier au sujet d'Agrippa, celles-ci ne se retrouvent pas dans les ''Antiquités judaïques'', où [[Flavius Josèphe|Josèphe]] s'étend pourtant beaucoup plus sur le sujet.

Une flatterie d'Agrippa à [[Caligula]] va cependant lui causer des ennuis : souhaitant dans une conversation que la mort de Tibère ne tarde plus afin que puisse lui succéder le jeune prince, ce propos est rapporté à Tibère qui ordonne l'arrestation de l'indélicat<ref name="Smallwood_189"/>. Ce dernier, ami du probable prochain empereur, bénéficie d'une captivité confortable et est élargi par Caligula peu après la mort de Tibère le [[16 mars]] [[37]]<ref name="Goodman 2009, p.108"/>, au moment où [[Ponce Pilate]] arrive à Rome<ref name="Schwentzel_227">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=227}}.</ref>.

L’avènement au trône de son ami commence la fortune d’Agrippa : l'empereur, pour sa libération, lui offre une chaîne d’or « du même poids que la chaîne de sa captivité »<ref name="Schwentzel_227"/>. Il lui octroie, outre le titre de roi et le diadème qui en est le signe, les territoires de [[Philippe le Tétrarque|Philippe]], mort peu de temps auparavant<ref name="Smallwood_189"/>, [[tétrarque]] de [[Gaulanitide]], [[Batanée]], [[Trachonitide]] et d'[[Hauran|Auranitide]]<ref name="Schwentzel 2011, p.226"/>, quatre territoires situés au nord-est du [[lac de Tibériade]]. Caligula lui a en outre conféré les [[ornements (Rome antique)|ornements prétoriens]], une dignité qui permet à certains non-sénateurs de siéger parmi eux lors des fêtes publiques<ref name="Smallwood_190">{{harvsp|Smallwood|1976|p=190}}.</ref>. « Ce retournement de situation tout à fait exceptionnel paraît avoir beaucoup impressionné les contemporains d'Agrippa »<ref name="Schwentzel_227"/>.

Selon [[Flavius Josèphe]], au moment même où il pose le diadème royal sur la tête d'{{nobr|Agrippa {{Ier}}}}, [[Caligula]] envoie [[Marullus (préfet de Judée)|Marullus]] comme « ''[[Hipparque (cavalerie)|hipparque]]'' ({{grec ancien|ἱππάρχης}}) de [[Judée (province romaine)|Judée]]<ref group="P">{{citation|Quand Caius ([[Caligula]]) fut arrivé à Rome, amenant le corps de [[Tibère]] (mort le 17 mars [[37]]), et qu'il lui eut fait de somptueuses funérailles selon les coutumes ancestrales, il aurait volontiers fait remettre Agrippa en liberté le jour même si Antonia ne l'en avait empêché, non par haine contre le prisonnier, mais par souci de la dignité de Caius et pour lui épargner la réputation d'avoir accueilli avec joie la mort de Tibère en libérant sur le champ un homme emprisonné sur son ordre. Cependant, peu de jours après, il le manda près de lui, le fit tondre et lui fit changer de vêtements ; puis il lui mit le diadème sur la tête et le nomma roi de la tétrarchie de Philippe en lui faisant cadeau de celle de Lysanias; en échange de sa chaîne de fer, il lui en donna une d'or de poids égal, et il envoya Marullus (''Μάρυλλον'') comme ''hipparque'' en Judée. (''Ἱππάρχην δὲ ἐπὶ τῆς Ἰουδαίας ἐκπέμπει Μάρυλλον'')}} [[Flavius Josèphe]], [[Antiquités judaïques]], {{nobr|livre {{XVIII}}}}, {{VI}}, 10.</ref> » pour remplacer Ponce Pilate qui renvoyé par [[Lucius Vitellius]] vient à peine d'arriver à [[Rome antique|Rome]]<ref name="Schwartz 1990, pp.62-63">Daniel R. Schwartz, ''Agrippa I : The Last King of Judaea'', éd. Mohr Siebeck, 1990, {{p.|62-63}}.</ref>. Si pendant tous ces événements Bérénice est vraisemblablement restée avec sa mère en [[Palestine (région)|Palestine]] ou en [[Syrie (province romaine)|Syro]]-[[Phéniciens|Phénicie]], lors du retour de son père en été 38, elle l'a vraisemblablement rejoint dans la capitale de son royaume à [[Césarée de Philippe]].

=== Union avec le fils de l'Alabarque Alexandre ===
Le {{date-|24 janvier 41}}<ref name="Major">{{en}} Major, A., ''Was He Pushed or Did He Leap? Claudius' Ascent to Power'', ''Ancient History'', 22 (1992), {{p.|25–31}}.</ref>, [[Caligula]] est assassiné par une conspiration de grande ampleur<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.85">{{harvsp|Hadas-Lebel|2009|p=85}}.</ref>. Si l'on en croit [[Flavius Josèphe]] et l'historien romain [[Dion Cassius]]<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.85"/>, [[Agrippa Ier|Agrippa {{Ier}}]], le père de Bérénice, joue un rôle non négligeable dans le choix du nouvel empereur<ref name="Schwentzel 2011, p.230">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=230}}.</ref>. C'est lui qui mène une escouade de la [[garde prétorienne]] au palais à la recherche de Claude qui s'y est dissimulé par peur d'être assassiné<ref name="Schwentzel 2011, p.230"/>. C'est aussi à son instigation que les prétoriens proclament Claude empereur car sans souverain, la garde perd sa raison d'être<ref name="Goodman 2009, p.114">{{harvsp|Goodman|2009|p=114}}.</ref>. Il se rend ensuite au [[Capitole]] où les sénateurs sont réunis en conclave<ref name="Goodman 2009, p.114"/> et joue les intermédiaires entre ceux-ci et Claude<ref name="Schwentzel 2011, p.230"/>. Il inspire à Claude une réponse à ces derniers, {{citation|conforme à la dignité de sa puissance<ref>Flavius Josèphe, ''AJ'' XIX, 245, cité par Mireille Hadas-Lebel, op. cit. p. 85.</ref>}} et il les persuade d'abandonner avec sagesse leur idée de république, faisant valoir qu'un nouvel empereur est acclamé par les prétoriens {{incise|dont il signale qu'ils encerclent la réunion}} et que ceux-ci n’attendent rien d'autre que leur soutien enthousiaste<ref name="Goodman 2009, p.114"/>. 

Cet épisode fait du nouvel Empereur un obligé de son ami d'enfance<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.85"/> et ce dévouement lui vaut une récompense de taille : Agrippa voit ses possessions augmentées de la majeure partie de l'ancien royaume d'[[Hérode Archélaos|Archélaos]] {{incise|la [[Judée]], l'[[Idumée]] et la [[Samarie]]}} mais aussi la ville d'[[Suq Wadi Barada|Abila]] dans l'[[Anti-Liban]]<ref group="Note">[[Suq Wadi Barada|Abila]] avait été le centre d'une petite [[tétrarchie]].</ref> de telle sorte que le souverain règne désormais sur un territoire aussi vaste que celui de son grand-père [[Hérode le Grand]]<ref name="Goodman 2009, p.114"/>.

D'après Dion Cassius, Claude octroie en outre à son ami le rang [[Consul (Rome antique)|consulaire]] et l'autorise « à paraître au sénat et à exprimer sa gratitude en grec ». Enfin, pour marquer le statut considérable du souverain, un traité est ratifié avec le Sénat et le peuple de Rome sur le [[Forum Romanum|Forum]]<ref name="Goodman 2009, p.115">{{harvsp|Goodman|2009|p=115}}.</ref>, qui reprend les anciens traités d'amitié et d'alliance judéo-romaines<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.85"/>. Agrippa y est déclaré ''rex amicus et socius Populi Romani'' {{incise|comme l'avait été son grand-père en [[40 av. J.-C.]]}} et le texte est conservé sur des tablettes de bronze au [[temple de Jupiter Capitolin]]<ref name="Schwentzel 2011, p.231">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=231}}.</ref>. Pour sa part, l'oncle de Bérénice, qui sera son deuxième époux près la mort prématurée du premier<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.85"/>, [[Hérode de Chalcis|Hérode]] reçoit également un titre royal. Claude lui attribue la principauté de [[Anjar|Chalcis]], précédemment rattaché au royaume d'[[Iturée]]<ref name="Mimouni 2012, p.409">{{harvsp|Mimouni|2012|p=409}}.</ref> et se voit honoré à Rome du titre de [[préteur]]<ref name="Goodman 2009, p.115"/>. 

Claude fait aussi libérer l'[[alabarque]] {{incise|ou l'arabarque}} [[Alexander (alabarque)|Alexander]] d'Alexandrie, que [[Caligula]] avait fait mettre en prison<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.85"/>{{,}}{{sfn|Burkhalter|1999|p=51}}. Il unit aussi son fils, [[Marcus Julius Alexander]], avec Bérénice<ref name="Schwentzel 2011, p.231"/>{{,}}{{sfn|Hadas-Lebel|2009|p=81}}{{,}}<ref>Pour une description détaillée, voir: Tal Ilan, [https://books.google.fr/books?id=yGPUIYorRg8C&pg=PA217&dq=%22Julia+Crispina:+A+Herodian+Princess+in+the+Babatha+Archive%22&hl=fr&sa=X&ei=brRCUc7qA9KIhQfkhIDgDw&ved=0CDgQ6AEwAA#v=onepage&q&f=false "Integrating Women Into Second Temple History" (Mohr Siebeck, Germany 1999), Part 3: Women and the Judaean Desert Papyri, Chapter Eight: '''Julia Crispina: A Herodian Princess in the Babatha Archive'''], {{p.|217-233}}.</ref>{{,}}<ref group=Note>Ross S. Kraemer doute de la réalité de cette union ({{cf.}} Ross S. Kraemer, « Typical and atypical jewish family dynamics : The lives of Berenice and Babatha », in David L. Balch et Carolyn A. Osiek, ''Early Christian Families in Context: An Interdisciplinary Dialogue'', éd. Wm. B. Eerdmans Publishing, 2003, {{p.|133-137}}).</ref>, alors qu'elle n'a alors que 12 ou 13 ans{{sfn|Schwentzel|2011|p=148}}. Marcus est le neveu du philosophe [[Philon d'Alexandrie]] et frère de [[Tiberius Julius Alexander|Tibèrius Alexander]]<ref name="Schwentzel 2011, p.231"/>, futur [[procurateur]] de [[Judée (province romaine)|Judée]] de [[46]] à [[48]]<ref name="Lémonon 264">{{harvsp|Lémonon|2007|p=264}}, [https://books.google.be/books?id=PvmYODhcO3QC&pg=PA264 extrait en ligne].</ref>{{,}}<ref name="Mimouni2012_p122">{{harvsp|Mimouni|2012|p=122}}.</ref>, dont [[Flavius Josèphe]] dit qu'il n'est pas resté fidèle à la religion de ses ancêtres. Le père de l'époux de Bérénice, l'[[Alabarque]] [[Alexander (alabarque)|Alexandre Lysimaque]]<ref group="Note">Pour une description détaillée, voir: Tal Ilan, [https://books.google.fr/books?id=yGPUIYorRg8C&pg=PA217&dq=%22Julia+Crispina:+A+Herodian+Princess+in+the+Babatha+Archive%22&hl=fr&sa=X&ei=brRCUc7qA9KIhQfkhIDgDw&ved=0CDgQ6AEwAA#v=onepage&q&f=false "Integrating Women Into Second Temple History" (Mohr Siebeck, Germany 1999), Part 3: Women and the Judaean Desert Papyri, Chapter Eight: ''Julia Crispina: A Herodian Princess in the Babatha Archive''], {{p.|217-233}}.</ref>, est un des amis très riche du père d'Agrippa {{Ier}}. Ils ont contribué ensemble à l'accession de [[Claude (empereur romain)|Claude]] à l'Empire, et celui ci parraine les fiançailles<ref name="Schwentzel_231" />. Alexander avait, en effet, été administrateur des biens d'[[Antonia la Jeune|Antonia Minor]], fille du [[triumvir]] [[Marc Antoine]] et de sa première femme, la sœur d’[[Auguste]], avant de gérer la totalité de la fortune que Marc-Antoine avait laissée en [[Égypte]]<ref name="Histoire des Juifs.com - Henri Graetz - Histoire des Juifs - Les Hérodiens : Agrippa Ier ; Hérode II">[[Heinrich Graetz]], [http://www.histoiredesjuifs.com/articles.php?lng=fr&pg=8687 ''Histoire des Juifs'', Chapitre XV — Les Hérodiens : Agrippa Ier ; Hérode II — (37-49)], sur ''http://www.histoiredesjuifs.com''.</ref>. C'est aussi lui qui a prêté l'argent nécessaire à Agrippa, lorsque ce dernier s'était rendu à Rome, en [[36]]{{sfn|Fuks|1984|p=320}}{{,}}<ref>La chronologie de ces événements est discutée car la succession des événements parait, à certains critiques, un peu trop dense pour un laps de temps d'à peine quelques mois. Daniel R. Schwartz estime qu'il est également possible qu'il y ait eu plusieurs voyages à Rome entre 33 et 36 ; cf. Daniel R. Schwartz, ''Agrippa I : The Last King of Judaea'', éd. Mohr Siebeck, 1990, {{p.|50-53}}.</ref>, pour défendre ses prétentions royales<ref name="Schwentzel_226">[[Christian-Georges Schwentzel]], ''Hérode le Grand'', Pygmalion, Paris, 2011, {{p.}}226.</ref>{{,}} alors qu'il était en difficulté et devait d'énormes sommes d'argent à plusieurs créanciers, dont le trésor impérial<ref name="Smallwood_189"/>. Comme Agrippa, il soutient l'agitation juive provoquée par la volonté de [[Caligula]] de mettre sa statue dans les lieux de culte juifs, y compris dans le [[Débir|Saint des saints]] du [[Temple de Jérusalem]]<ref name="Schwentzel 2011, p.228">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=228}}.</ref>, violant l'[[aniconisme]] judaïque dans le lieu le plus sacré de cette religion<ref group="Note">Il s'agit en effet moins d'un problème de substitution à [[YHWH]] que de l'association de l'empereur divinisé à ce dernier comme ''synnaos'' (dieu partageant le même temple) sous forme d'une image ; {{cf.}} Monika Bernett, « Roman Imperial Cult in the Galilee », in Jürgen Zangenberg, Harold W. Attridge et Dale B. Martin (dirs.), ''Religion, Ethnicity, and Identity in Ancient Galilee : A Region in Transition'', éd. Mohr Siebeck, 2007, {{p.|347}}.</ref>. Il devient aussi le créancier compréhensif de grosses sommes à la famille de [[Claude (empereur romain)|Claude]]<ref name="Schwentzel_231" />.

Le rôle joué par Claude lors des fiançailles de Bérénice avec Marcus souligne l'intérêt que le nouvel empereur porte à la communauté juive d'[[Alexandrie]]<ref name="Schwentzel_231" />, par opposition à son prédécesseur dont seul le meurtre a empêché une guerre entre les Romains et les Juifs. Outre l'affaire de la statue, [[Caligula]] avait en effet aussi pris parti pour les grecs d'Alexandrie contre les Juifs de la ville<ref name="Schwentzel_231" />, y compris dans les émeutes anti-juives très sanglantes qui s'étaient déroulées à partir de l'été 38. Aussitôt arrivé au pouvoir, Claude rompt avec son prédécesseur et prend un ensemble de mesures pour calmer les tensions communautaires<ref name="Schwentzel_231" />. La nomination d'Agrippa comme roi de [[Judée]], en reconstituant le royaume d'[[Hérode Ier le Grand|Hérode le Grand]] participe de cette politique, même s'il s'agit avant tout de récompenser Agrippa de l'aide décisive qu'il lui a fournie pour devenir empereur. Immédiatement, « par un édit Claude rappelle les privilèges reconnus aux Juifs alexandrins. Ceux-ci pourront vivre selon leurs lois; rien ne pourra les écarter de l'observance de la [[Torah]]<ref name="Schwentzel_231_232">[[Christian-Georges Schwentzel]], ''Hérode le Grand'', Pygmalion, Paris, 2011, {{p.}}231-232.</ref>. » Peu après, un second édit est diffusé dans toutes les [[provinces romaines|provinces]] de l'[[Empire romain|empire]]. Les privilèges accordés à la communautés d'Alexandrie sont étendus aux Juifs de la [[diaspora]]<ref name="Schwentzel_232">[[Christian-Georges Schwentzel]], ''Hérode le Grand'', Pygmalion, Paris, 2011, {{p.|232}}.</ref>.

Bérénice épouse Marcus à un moment inconnu entre [[41]] et [[43]], alors qu'elle n'a que 13 ou 15 ans. À la suite de ce premier mariage, elle séjourne à [[Alexandrie]]. Durant cette période, on ne sait quasiment rien de Bérénice. Elle a vraisemblablement vécu avec son époux en Egypte, alors que son frère, Agrippa II continuait à vivre à Rome sous la protection de Claude. Elle s'est probablement rendue aussi dans le royaume de son père lors de certaines fêtes de pèlerinage au [[Temple de Jérusalem]]. Elle a probablement eu l'occasion de discuter avec son oncle par alliance Philon d'Alexandrie. On ne sait pas si elle a été influencée par l'[[aura]] intellectuelle de cet {{citation|auteur d'une extraordinaire tentative de synthèse entre la religion juive et la philosophie grecque<ref name=Tarel_2016_p218/>}}. Les [[ostracon|ostraca]] des [[archives de Nicanor]] montrent que son époux commerçait dans la région de [[Coptos]] et les ports de [[Bérénice (port)|Bérénice]] et [[Myos Hormos]] sur la [[mer Rouge]]{{sfn|Ast|Brun|2018|p=3}}, région de l'activité de ceux qui, comme son père, portent le titre d'arabarque et où exerce aussi son frère [[Tiberius Julius Alexander]], nommé ''épistratège'' de [[Thébaïde (Égypte)|Thébaïde]] à partir de [[42]]<ref name="Mimouni2012_p122">[[Simon Claude Mimouni]], ''Le judaïsme ancien du {{s-|VI}} avant notre ère au {{s-|III}} de notre ère'', Paris, 2012, éd. [[Presses universitaires de France|PUF]], {{p.|122}}.</ref>{{,}}<ref name="Vidal-Naquet_25">[[Pierre Vidal-Naquet]], ''Du bon usage de la trahison'', préface de la [[Guerre des Juifs]] de [[Flavius Josèphe]], traduit par Pierre Savinel, Éd. de Minuit, Paris, 1977, {{p.|25}}.</ref>. Un consensus se dessine chez les historiens pour définir l'alabarque ou l'arabarque, comme un contrôleur général des douanes{{sfn|Schwentzel|2011|p=226}}{{,}}<ref>Mireille Hadas-Lebel, ''Flavius Josèphe, le Juif de Rome'', Fayard, 1989, {{ISBN |2213023077}}.</ref> de la frontière arabique{{sfn|Modrzejewski|2011|p=81}} ou un officier financier chargé de lever les taxes sur les transports<ref>''Bulletin de Correspondance Hellénistique'', Boccard, 1969, Vol. 70: École française d'Athènes, Études d'archeologie et d'histoire grecques, {{p.|175}}.</ref>. Les ''ostraca'' font apparaître une activité de Marcus dans la région à partir de [[37]] jusqu'en [[43]]{{sfn|Fuks|1984|p=320}}. Un reçu d'un de ses esclaves adressé à Nicanor dans la ville de [[Bérénice (port)|Bérénice]] (port [[Égypte (province romaine)|égyptien]] sur la [[mer Rouge]]), témoigne que Marcus était encore vivant à une date équivalente au [[14 juillet]] [[43]]{{sfn|Ast|Brun|2018|p=121}}. Il meurt peu après.

===Reine de Chalcis===
Après la mort de Marcus, Bérénice est remariée vers [[43]], alors qu'elle a environ 15 ans, à son oncle Hérode, le roi de [[Anjar|Chalcis]]<ref name="Ross 2003, pp.133-137"/> (au sud de la Syrie), dont elle a deux fils, Bérénicien et Hyrcan<ref group="P">[[Flavius Josèphe]], ''[[Guerre des Juifs]]'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/guerre2.htm#218 livre II, § XI, 6, (218s)].</ref>. Chalcis était un minuscule royaume "païen" {{incise|dont les monarques appartenaient au siècle précédent à des dynasties [[Ituréens|ituréennes]], mais parfois alliées par mariage à des Hasmonéens}} {{citation|situé dans l'actuelle plaine de la [[Bekaa]] au [[Liban]]<ref name="Tarel_2016_p217-218"/>.}} Elle y gagne le titre de reine pour la première fois<ref name="Tarel_2016_p218"/>. Elle fut la première à porter le titre de ''basilissa''<ref name=Tarel_2016_p217>{{harvsp|Tarel|2016|p=217}}.</ref> et à figurer comme telle sur la base d'une statue<ref name="Schwentzel 2011, p.166">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=166}}.</ref>.

En l'{{nobr|an 44}}{{sfn|Schwentzel|2011|p=240}}, son père, le roi Agrippa est pris de violentes douleurs abdominales et meurt de manière inopinée après cinq jours d'agonie, à l'âge de cinquante-trois ans<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.89">{{harvsp|Hadas-Lebel|2009|p=89}}.</ref>. Les causes précises de sa mort sont inconnues mais dès cette époque, les rumeurs d'empoisonnement circulent<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.89"/>. Les effigies de Bérénice et de ses sœurs [[Drusilla (fille de Hérode Agrippa Ier)|Drusilla]] et [[Mariamne (fille de Hérode Agrippa Ier)|Mariamne]] sont la cible de la risée et de la vindicte des habitants grecs de [[Césarée]] et [[samaritains]] de [[Samarie (ville ancienne)|Sébaste]] dont les plus audacieux enlèvent les statues des jardins royaux pour leur faire subir des outrages dans des [[lupanar]]s<ref name="FlaJos_XIX_V_1">[[Flavius Josèphe]], ''[[Antiquités judaïques]]'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/juda19.htm#354 livre XIX, § IX, 1, (354-357)].</ref>{{,}}<ref name="Schwentzel_241">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=241}}.</ref>. {{citation|La présence de statues dans le palais en dit assez sur les libertés qu'un roi comme Agrippa avait prises avec les prescriptions de sa religion, même si les scènes se déroulent dans les cités "grecques"<ref name="Tarel_2016_p217-218">{{harvsp|Tarel|2016|p=217-218}}.</ref>.}}

Plutôt que de confier le royaume de son père défunt au frère de Bérénice, [[Agrippa II|Agrippa {{II}}]] {{incise|jeune homme inexpérimenté qui grandit à la cour impériale, protégé de l'empereur<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.89"/>}} Claude<ref name="Mimouni 2012, p.409"/> en fait une [[province romaine]] mais procuratorienne qui désormais entre dans la juridiction du gouverneur de [[Syrie (province romaine)|Syrie]]{{sfn|Mimouni|2012|p=410}}, mais conscient de l'impopularité de Marsus auprès des Juifs, l'empereur rétablit un fonctionnaire romain, [[Cuspius Fadus]], pour diriger l'ancien royaume d'{{nobr|Agrippa {{Ier}}}}<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.89"/>, avec le titre de [[procurateur]]. Mais ces choix, ainsi que l'absence de réaction vis-à-vis de la conduite infâme des auxiliaires syriens, engendre un regain d'agitations à Césarée et ailleurs<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.90"/>. 

L'époux de Bérénice est alors nommé administrateur du [[Temple de Jérusalem]] par Claude, fonction qui jusque là était exercée par son frère Agrippa<ref name="Tarel_2016_p218"/>. Elle {{citation|dut fréquenter assidûment le palais des Hasmonéens qui dominait l'esplanade du Temple<ref name="Tarel_2016_p218"/>.}} Le mariage fut à nouveau de courte durée, [[Hérode de Chalcis]] mourant vers 48<ref name="Tarel_2016_p218"/>{{,}}<ref name="Schwentzel_255">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=255}}.</ref> et Bérénice est donc à nouveau veuve<ref name="Schwentzel_255"/> à l'âge d'environ 22 ans<ref name="Ross 2003, pp.133-137"/>. L'[[empereur romain|empereur]] [[Claude (empereur romain)|Claude]] nomme alors son frère [[Hérode Agrippa II|Agrippa II]] comme roi de Chalcis à la place du défunt mari de Bérénice qui était aussi leur oncle<ref name="Mimouni_">{{harvsp|Mimouni|2012|p=410}}.</ref>{{,}}<ref name="Schwentzel_255"/>. A son tour Agrippa reçoit aussi l'administration du [[Temple de Jérusalem]]<ref name="Schwentzel_258">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=258}}.</ref>.

===Reine de Cilicie et politique matrimoniale des Agrippa===
Bérénice demeure alors aux côtés de son frère dans le royaume de [[Anjar|Chalcis]]. On ne sait rien de l'épouse d'Agrippa {{II}}, c'est Bérénice qui joue le rôle de reine à ses côtés<ref name="Schwentzel_255"/>. En [[53]]{{sfn|Lémonon|2007|p=43}}-[[54]], Agrippa restitue le territoire de Chalcis {{citation|à la demande de [[Claude (empereur romain)|Claude]]{{sfn|Mimouni|2012|p=410}}}} qui sera donné quelques année plus tard par [[Néron]] à [[Aristobule de Chalcis|Aristobule]], beau-fils par alliance de Bérénice qui devient donc roi de Chalcis comme l'avait été son père Hérode, deuxième époux de Bérénice<ref name="Schwentzel_255"/>, alors qu'il est aussi roi de [[Arménie Mineure|Petite Arménie]] depuis [[54]]{{sfn|Mutafian|Van Lauwe|2005|p=30}}{{,}}<ref name="Schwentzel_255"/>{{,}}<ref>[[Flavius Josèphe]], ''[[Guerre des Juifs]]'', Livre {{II}}, 252.</ref>. [[Agrippa II]] demeure roi et reçoit en échange le territoire des anciennes [[tétrarchie]]s de [[Philippe le Tétrarque|Philippe]] (la [[Batanée]], la [[Trachon]]itide, l'[[Auran]]itide)

*augmentés de la [[Pérée (Palestine)|Pérée]] et une partie de la [[Galilée (région)|Galilée]]<ref name="Schwentzel_255"/>. 
*, plus les [[tétrarchie]]s de [[Lysanias II|Lysanias]] et de Varus{{sfn|Mimouni|2012|p=410}}. 
Bérénice le suit dans la capitale de son nouveau royaume [[Césarée de Philippe]]. Dès sa première année du gouvernement (13 octobre 54 - 12 octobre 55), [[Néron]] agrandi le territoire d'Agrippa en lui donnant une partie de la [[Pérée (Palestine)|Pérée]] et de la [[Galilée (région)|Galilée]]<ref name="Schwentzel_255"/>: les villes de [[Tibériade]] et [[Magdala (Israël)|Tarichée]] en Galilée et la ville de {{citation|Julias en Pérée et quatorze bourgs situés dans son voisinage<ref>[[Flavius Josèphe]], [[Antiquités judaïques]], [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/juda20.htm#158 livre {{XX}}, {{VIII}}, 4, (158)].</ref>}}{{sfn|Lémonon|2007|p=37}}.

{{citation|La vie de Bérénice, comme celles de ses sœurs [[Mariamne (fille d'Agrippa Ier)|Mariamne]] et [[Drusilla (fille d'Agrippa Ier)|Drusilla]] a été toute entière déterminée par une politique matrimoniale qui visait à asseoir la puissance régionale de la dynastie<ref name=Tarel_2016_p218>{{harvsp|Tarel|2016|p=218}}.</ref>}}, mais qui n'est pas exempte de concurrence entre les sœurs<ref name="Schwentzel 2011, p.256">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=256}}.</ref> Ainsi vers 55-59, après un long veuvage, à cause des rumeurs d'inceste avec son frère qui circulent à son sujet, Bérénice propose à [[Marcus Antonius Polemo II]]<ref group="Note">Fils de [[Marcus Antonius Polemo Ier]], prêtre de [[Laodicée du Lycos]], dynaste d'[[Olba (Cilicie)|Olba]] puis roi en [[Cilicie]].</ref>, roi client de [[Cilicie]] (au sud de la Cappadoce), de l'épouser<ref name="Tarel_2016_p217-218"/>. Polémon accepte car Bérénice a le statut de reine et surtout d'après [[Flavius Josèphe]], parce qu'elle est très riche<ref name="Schwentzel_255"/>. Des deux côtés, il ne s'agit que d'une alliance pour accroître leur pouvoir. Polémon fait toutefois une concession de taille, il se convertit au [[judaïsme]] et se fait [[circoncision|circoncire]]<ref name="Schwentzel_255"/>. Mais très vite, elle abandonne son époux<ref name="Ross 2003, pp.133-137"/> pour revenir à [[Jérusalem]] {{citation|par légèreté dit-on}} précise Flavius Josèphe<ref name="Tarel_2016_p217-218"/>.

Vers 53, Agrippa {{II}}, alors encore roi de [[Anjar|Chalcis]]<ref name="Schwentzel_255"/>, avait donné sa sœur [[Mariamne (fille d'Agrippa Ier)|Mariamne]] à  Julius Archelaus fils d'un officier de la cour d'Agrippa nommé Helcias<ref name="Schwentzel_256"/>, auquel son père Agrippa {{Ier}} l'avait fiancée. De ce mariage naîtra une fille nommée Bérénice<ref>[[Flavius Josèphe]], ''[[Antiquités judaïques]]'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/juda20.htm#137b livre {{XX}}, § {{VII}}, 1, (140)].</ref>. » Au moment où Bérénice quitte son mari Polémon, sa sœur « Mariamne, après avoir quitté Archelaüs, s'unit à Démétrius, le premier des Juifs d'[[Alexandrie]] par la naissance et la fortune, qui était alors ''[[Alabarque]]''<ref name="FlaJos-XX_VII-3">[[Flavius Josèphe]], ''[[Antiquités judaïques]]'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/juda20.htm#145b livre {{XX}}, § {{VII}}, 3, (147)].</ref> »<ref name="Schwentzel_256">[[Christian-Georges Schwentzel]], "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, {{p.|256}}.</ref>. Le premier mari de Bérénice, Marcus Alexander était, lui le fils de l'[[alabarque]] [[Alexander (alabarque)|Caius Iulius Alexander]]{{sfn|Schwentzel|2011|p=148}}{{,}}{{sfn|Burkhalter|1999|p=52}}.

Vers [[49]]/[[50]], la benjamine [[Drusilla (fille d'Agrippa Ier)|Drusilla]] avec l'accord de son frère Agrippa, a cassé l'engagement qui avait été pris par [[Agrippa Ier|Agrippa {{Ier}}]] à l'égard d'[[Antiochos IV de Commagène|Antiochus Épiphane]] de [[Commagène]], car celui-ci refusait de se faire circoncire<ref name="Schwentzel 2011, p.255"/>. En [[53]], elle s'est alors mariée à [[Aziz d'Émèse]], un autre prince oriental, à la condition posée par Agrippa {{II}} qu'il se fasse circoncire<ref name="Smallwood 273">{{en}} E. Mary Smallwood, ''The Jews under Roman Rule: From Pompey to Diocletian: A Study in Political Relations'', Brill, 2001 {{ISBN|9780391041554}}, {{p.}}273.</ref>. {{citation|Extrêmement belle, Drusilla ne tarde pas à séduire [[Antonius Felix]] selon [[Flavius Josèphe]]<ref name="Schwentzel_255"/>.}}, Celui-ci est le frère de [[Pallas (affranchi)|Pallas]] et comme ce dernier un [[affranchi]]<ref>{{en}} E. Mary Smallwood, ''op. cit.'', {{p.}}266.</ref> d'[[Antonia Minor]]<ref name="Schwartz 1990, p. 134">{{harvsp|Schwartz|1990|p=134}}.</ref>. Passé au service de [[Claude (empereur romain)|Claude]], comme son frère, il a été nommé [[Gouverneurs romains de Judée (Ier siècle)|procurateur romain de Judée]]<ref name="Smallwood 273"/>. {{citation|Mais Félix n'a pas à subir la [[circoncision]] ; c'est Drusilla qui renie sa religion<ref name="Schwentzel_255"/>.}} Drusilla s'est enfuie avec lui et l'a épousé quelque temps plus tard<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.96">{{harvsp|Hadas-Lebel|2009|p=96}}.</ref>{{,}}<ref>[[Flavius Josèphe]], ''[[Antiquités judaïques]]'', XX, 7.1.</ref>. Ces événements ont fait scandale à l'époque<ref name="Guillaume_123">Jean-Marie Guillaume, [https://books.google.fr/books?id=OLTJ9xbuhDUC&lpg=PA78&ots=1duPRekksr&dq=Paul%20Ar%C3%A9tas%20Damas&hl=fr&pg=PA123#v=onepage&q=H%C3%A9rodiade&f=false ''Jésus-Christ en son temps''], éd. Médiasâul, Paris, 1997, {{p.}}123.</ref>.

Pour [[Christian-Georges Schwentzel]], {{citation|tous ces mariages résultent d'une même stratégie matrimoniale d'ensemble qui consiste à trouver l'époux le plus riche et le plus puissant. Selon Flavius Josèphe, les trois sœurs d'Agrippa auraient sans cesse été en concurrence et Bérénice aurait été particulièrement jalouse de [[Drusilla (fille d'Agrippa Ier)|Drusilla]] lors de l'union de celle-ci avec [[Antonius Felix|Félix]]<ref name="Schwentzel_256"/>.}}

=== Reine aux côtés de son frère ===
[[Image:Festus window.JPG|vignette|Bérénice représentée avec son frère [[Hérode Agrippa II|Agrippa II]] au cours du procès de [[Paul de Tarse|Saint-Paul]]; Vitrail de la [[Cathédrale Saint-Paul de Melbourne|cathédrale Saint Paul]], à [[Melbourne]].]] Bérénice reste alors avec son frère pour y jouer le rôle de reine<ref name="Schwentzel_255"/> représentant ainsi une sorte de continuité. On ne sait rien de l'épouse d'Agrippa ({{II}}), pendant tout son règne c'est Bérénice qui est présentée comme reine à ses côtés<ref name="Schwentzel_255"/>. Une situation exceptionnelle et même unique, tous les autres monarques et tous les autres procurateurs ou gouverneurs de la région ont une épouse à la suite d'un mariage souvent arrangé par l'empereur lui-même en choisissant une alliance qui renforce la légitimité du dirigeant.

==== Arrestation de Paul de Tarse à Jérusalem ====

Dans les [[Actes des Apôtres]]<ref>[[Nouveau Testament]], [[Actes des Apôtres]],  21, 17-26.</ref>, il est rapporté que lors de son dernier séjour à [[Jérusalem]] en 58<ref name="Schwentzel_258"/>, Paul a été accueilli très froidement par [[Jacques le Juste]]<ref name="Mimouni136">[[Simon Claude Mimouni]], ''Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité'', Ed. Albin Michel, Paris, 2004, {{p.}}136.</ref>, le « [[frères de Jésus|frère du Seigneur]] » et chef de la communauté des [[Nazôréen (titre)|nazôréens]], ainsi que par les anciens. Ceux-ci lui font savoir que, selon des rumeurs, il a enseigné aux Juifs de la [[diaspora]] l'« apostasie » vis-à-vis de « [[Moïse]] », c'est-à-dire le refus de la circoncision de leurs enfants et l'abandon des règles alimentaires juives<ref name="Mimouni136"/>. Cette accusation est confirmée par le contenu de ses [[épîtres]], telles qu'elles figurent dans le [[Nouveau Testament]]. Jacques et les anciens suggèrent à Paul un expédient qui doit montrer aux fidèles son attachement à la [[Torah|Loi]]<ref name="Mimouni136"/> : il doit entamer son vœu de [[nazir]]éat et payer les frais pour quatre autres frères qui ont fait le même vœu. Puis ils lui citent les clauses du « [[Concile de Jérusalem|décret apostolique]] » émis pour les chrétiens d'origine païenne, que Paul n'a pas remplies<ref name="Mimouni136"/>.

Un mouvement de contestation houleux, soulevé par des Juifs d'[[Asie (province romaine)|Asie]] entraîne l'arrestation de Paul alors qu'il se trouve dans le [[Temple de Jérusalem|Temple]]<ref>[[Nouveau Testament]], [[Actes des Apôtres]],  21, 27-36.</ref>{{,}}<ref name="Mimouni137">[[Simon Claude Mimouni]], ''Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité'', Ed. Albin Michel, Paris, 2004, {{p.}}137.</ref>. Paul est accusé d'avoir fait pénétrer un « païen », Trophime d'[[Éphèse]], dans la partie du Temple où ceux-ci sont interdits sous peine de mort. {{citation|Apparemment, Jacques et les anciens ne font rien pour lui venir en aide, ni pour lui éviter son transfert à [[Césarée]]<ref name="Mimouni137"/>}}, puis plus tard à [[Rome antique|Rome]]<ref name="Mimouni137"/>. Selon [[Simon Claude Mimouni]], cet incident montre un certain durcissement du groupe de [[Jacques le Juste]] en matière d'observance<ref name="Mimouni137"/>, probablement lié à la crise provoquée par les [[Zélotes]], qui aboutira en 66 {{citation|à une révolte armée des Juifs contre les Romains}}<ref name="Mimouni137"/>.
 
[[Image:Nikolai Bodarevsky 001.jpg|thumb|right|270px|''Le procès de l'[[apôtre]] [[Paul de Tarse|Paul]]'' par Nikolai Bodarevsky, 1875. Agrippa et [[Bérénice (princesse de Judée)|Bérénice]] sont assis face à Paul.]]

Paul comparait devant [[Antonius Félix]]<ref name="Schwentzel_259">[[Christian-Georges Schwentzel]], "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, {{p.|259}}.</ref>, alors que le grand-prêtre ''Ananie''<ref>Certaines sources chrétiennes identifient cet ''Ananie'' avec [[Ananias de Zébédée]] qui n'est plus grand-prêtre depuis {{nombre|6|ans}} au moment de la comparution de [[Paul de Tarse]]. Il existe de nombreux autres grands-prêtres qui s'appellent Anan, Ananie ou Ananias.</ref>, soutient l'accusation contre lui<ref name="Schwentzel_258"/>. Toutefois Félix ne statue pas sur son cas et le maintient en prison à [[Césarée]]<ref name="Schwentzel_259"/>. Pour décider du sort de Paul, [[Porcius Festus]] organise en 60 une autre comparution devant lui, en y associant Agrippa II et sa sœur [[Bérénice (princesse de Judée)|Bérénice]]<ref name="Schwentzel_259"/>.

Selon le récit des ''Actes des Apôtres'', Bérénice {{citation|fait son entrée en grande pompe dans la salle d'audience<ref>[[Nouveau Testament]], [[Actes des Apôtres]], XXVI, 30-31.</ref>}} où elle siège aux côtés d'Agrippa II, lors de la comparution de [[Paul de Tarse]] à [[Césarée maritime|Césarée]]<ref name=Tarel_2016_p219/>{{,}}<ref name="Schwentzel_269"/>. Bérénice assiste à la défense peu commune de Paul<ref name=Tarel_2016_p219>{{harvsp|Tarel|2016|p=219}}.</ref>. Selon Philippe Tarel son plaidoyer {{citation|ne dut pas la laisser indifférente, l'apôtre faisant le récit de sa conversion sur le chemin de [[Damas]] et affirmant sa foi en la résurrection du Christ<ref name=Tarel_2016_p219/>.}}

Au terme de la comparution de Paul, Bérénice participe à la délibération entre le roi et le [[gouverneurs romains de Judée (Ier siècle)|gouverneur]] Porcius Festus<ref name="Schwentzel_269"/>{{,}}<ref name=Tarel_2016_p219/> (''[[procurateur]] de Judée de 60 à 62''<ref name="Lémonon 264"/>). Le verdict d'Agrippa est de rendre sa liberté à Paul<ref name="Schwentzel_269"/>. Toutefois, Paul ayant fait « appel à César » en tant que [[citoyenneté romaine|citoyen romain]], il est renvoyé à [[Rome antique|Rome]] pour y être jugé. (Actes 25-26). Un consensus semble se dégager chez les historiens, pour placer le voyage de la captivité, à la suite duquel Paul est décapité, six ans plus tard et cette dernière arrestation dans la [[province romaine]] d'[[Asie (province romaine)|Asie]] et pas en [[Syrie (province romaine)|Syrie]]-[[Palestine (région)|Palestine]]<ref name="Baslez2012_291">[[Marie-Françoise Baslez]], ''Saint Paul'', Paris, 2012, éd. Pluriel, {{p.|291}}.</ref>.

==== Donatrice et évergète ====
Agrippa agrandit [[Baniyas (site archéologique)|Panéas]] (aussi appelée [[Césarée de Philippe]]) qu'il refonde sous le nom de ''Néronias'' en l'honneur de l'[[empereur romain|empereur]]<ref name="Schwentzel_2013_p165">[[Christian-Georges Schwentzel]], ''Juifs et nabatéens: Les monarchies ethniques du Proche-Orient hellénistique et romain'', Presses Universitaires de Rennes, 2013, Rennes (France), {{p.|165}}.</ref>{{,}}<ref name="Mimouni2012_p410"/>{{,}}<ref name="Néronias" group=Cit.>{{citation|Vers ce moment le roi Agrippa, ayant agrandi la ville de Césarée dite de Philippe, la nomma Néronias en l'honneur de Néron. Il offrit aux Bérytiens (habitants de Beyrouth), dans un théâtre construit à grands frais, des spectacles annuels et y dépensa des drachmes par dizaines de mille ; car il donnait à la populace du blé et lui distribuait de l'huile. [212] Il ornait aussi toute la ville de statues et de copies de chefs d'œuvre antiques et il transporta là tout ce qui ornait son royaume, ou peu s'en faut. La haine que lui vouaient ses sujets augmenta parce qu'il décorait à leurs dépens une ville étrangère. {{cf.}} [[Flavius Josèphe]], [[Antiquités judaïques]], livre {{XX}}, {{IX}}, 4.}}</ref> et il y installe sa capitale<ref name="Mimouni2012_p410"/>. Des fouilles archéologiques ont probablement retrouvé des traces de son palais<ref name="Mimouni2012_p410"/>. Il mène la vie d'un prince hellénistique, frappant des monnaies ornées de la face des empereurs et pratiquant l'[[évergétisme]] comme son père (''[[Antiquités judaïques]]'', {{XX}}, § 211-212)<ref name="Mimouni2012_p410"/>. Il fait ainsi construire un magnifique théâtre à Bérytos ([[Beyrouth]]), {{citation|offre aux habitants des spectacles annuels<ref name="AJ XX, IX, 4"/>{{,}}<ref name="Néronias" group=Cit./>}} et procède à des distributions de blé et d'huile à la population<ref name="Schwentzel_2013_p165"/>{{,}}<ref name="Néronias" group=Cit./>. Selon Josèphe, il orne {{citation|aussi toute la ville de statues et de copies de chefs d'œuvre antiques et il transporte là tout ce qui ornait son royaume, ou peu s'en faut<ref name="AJ XX, IX, 4">[[Flavius Josèphe]], [[Antiquités judaïques]], livre {{XX}}, {{IX}}, 4.}}</ref>.}} Bien qu'ainsi, il ait agi exactement comme son père, {{citation|[[Flavius Josèphe]] fait remarquer que ces dépenses le rendirent odieux à ses sujets<ref name="Schwentzel_2013_p165"/>.}} Pour [[Christian-Georges Schwentzel]], {{citation|il n'y avait nulle différence politique de fond entre les deux Agrippa, seulement une plus grande habileté et un meilleur usage de la propagande de la part du père<ref name="Schwentzel_2013_p165-166">[[Christian-Georges Schwentzel]], ''Juifs et nabatéens: Les monarchies ethniques du Proche-Orient hellénistique et romain'', Presses Universitaires de Rennes, 2013, Rennes (France), {{p.|165-166}}.</ref>.}}

==== La situation en Judée ====
Lorsqu'il est nommé [[procurateur]] de Judée en 60, [[Porcius Festus]] hérite des problèmes rencontrés par son prédécesseur. En dépit de ses efforts, {{citation|la confusion et l'insécurité règnent toujours en [[Judée (province romaine)|Judée]]. Outre le fort sentiment anti-romain qui pousse les [[Juifs]] à se révolter contre l'occupant, c'est aussi une [[guerre civile]] qui couve entre les différentes factions juives<ref name="Schwentzel_257">[[Christian-Georges Schwentzel]], "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, {{p.|257}}.</ref>.}} En raison de l'insécurité, chaque groupe prend les armes, les personnalités des différents partis s'entourent de gardes du corps<ref name="Schwentzel_257"/> et chacune des quatre familles de [[grand prêtre d'Israël|grand-prêtre]] possède sa propre bande armée.

Les troubles entre [[Juifs]] et [[Samaritain]]s renaissent sur le statut des Juifs à [[Césarée]]. Régulièrement, entre les populations juive et grecque de la ville on passe des insultes aux jets de pierres et parfois à des affrontements plus importants<ref name="Schwentzel_257"/>. Lorsque [[Néron]] décide que Césarée est une ville grecque {{incise|ce qui a pour effet de déchoir du droit de citoyenneté les Juifs de la ville, qui faisaient d'eux les égaux des Grecs<ref name="Schwentzel_257"/>}} les affrontements reprennent de plus belle. Ce sont alors tous les juifs, non seulement ceux de [[Palestine (région)|Palestine]], mais aussi ceux de la [[diaspora]], qui vivent cette décision comme une profonde injustice qui accroît un peu plus « la souillure » que les [[polythéisme|païens]] font subir à la [[terre d'Israël]]. Malgré la répression que les forces de Festus et de ses successeurs exercent, les affrontements sur cette question se poursuivront jusqu'au déclenchement de la [[grande révolte juive]] en 66{{sfn|Cohen|2002|p=158}}.

Sous le gouvernorat de Festus, les querelles n'épargnent même pas l'administration du Temple<ref name="Schwentzel_258"/>. En 59 Agrippa a désigné [[Ishmael ben Phabi]] comme grand-prêtre pour remplacer [[Ananias de Zébédée]], qui avait été nommé par son oncle [[Hérode de Chalcis]]<ref name="Schwentzel_258"/>. Fait exceptionnel, le choix est contesté par les prêtres de moindre importance et les [[Tribu de Lévi|lévites]]<ref name="Schwentzel_258"/>. Les causes du conflit semblent principalement économiques<ref name="Schwentzel_258"/> et concerner la perception des [[dîme]]s. {{citation|Le grand prêtre envoie ses hommes de main piller les granges des lévites pour y dérober les grains de blé contestés<ref name="Schwentzel_258"/>.}}

Même si les [[Cohorte romaine|cohortes romaines]] ont réussi à les réduire, des bandes de [[Zélotes]], que [[Flavius Josèphe]] appelle des « brigands<ref>E. Mary Smallwood, utilise le terme de terroristes pour parler de ceux que [[Flavius Josèphe]] appelle des « brigands » (grec ''lestaï'').</ref> », contrôlent encore certaines zones reculées de la province et font régulièrement des incursions dans des zones plus riches. {{citation|Les conflits qui secouent la Judée sont donc multiples : Grecs contre Juifs, Juifs contre Romains, haut clergé juif contre prêtres ordinaires, [[Sadducéens]]<ref name="Schwentzel_259"/>}} et [[Pharisiens]] contre [[Nazôréen (titre)|Nazôréens]] (les [[Juifs]] [[chrétiens]])<ref name="Schwentzel_259"/>, pendant que les membres d'une des quatre tendances d'[[Esséniens]] écrivent de nombreux textes apocalyptiques où ils considèrent qu'ils sont en train de vivre ce qu'ils appellent {{citation|la fin des temps}} et où ils appellent à mener des guerres apocalyptiques contre les {{citation|féroces [[Kittim]]}} derrière lesquels ont reconnait aisément les Romains. Ces textes sont connus grâce à la découverte des [[Manuscrits de la mer Morte]], dont ils font parties.

Dans ce contexte compliqué, Agrippa provoque un inutile regain de tension, lorsqu'au sommet de son palais de [[Jérusalem]], il se fait emménager un somptueux appartement, d'où il observe souvent ce qui se passe dans le [[Temple de Jérusalem|Temple]]<ref name="Schwentzel_259"/>. Les juifs indignés suivis par le grand prêtre Ishmaël font alors édifier un haut mur pour préserver le sanctuaire du regard d'Agrippa, mais ce dernier ordonne qu'il soit abattu<ref name="Schwentzel_259"/>. [[Ishmael ben Phabi]] qui a pourtant été nommé par le roi{{sfn|Lémonon|2007|p=265}}, se rend alors à Rome, à la tête d'une délégation pour demander l'arbitrage de l'empereur. [[Néron]] désavoue alors Agrippa, mais probablement à sa demande, il empêche le grand-prêtre de retourner en [[Judée (province romaine)|Judée]]<ref name="Schwentzel_259"/>. Agrippa ne peut faire autrement que de se soumettre à la décision impériale. Il nomme Joseph Kabi, fils de Simon comme nouveau grand prêtre, {{citation|mais son crédit auprès des Juifs est devenu quasiment nul<ref name="Schwentzel_259"/>.}}

==== Exécution de Jacques, le frère de Jésus ====
{{Article détaillé|Jacques le Juste}}
En 62, le [[procurateur]] de Judée [[Porcius Festus]] meurt{{sfn|Lémonon|2007|p=264}}. [[Lucceius Albinus]], le nouveau procurateur met quelque temps pour arriver à [[Jérusalem]]. Agrippa démet alors le [[grand prêtre d'Israël|grand-prêtre]] Joseph Kabi et nomme Ananius ben [[Anân]] (le beau-frère de [[Caïphe|Joseph Caïphe]]) pour le remplacer<ref name="Eisenman_14">{{en}} [[Robert Eisenman]], [https://books.google.fr/books?id=nrsfAAAAIAAJ&lpg=PA6&ots=FHVP7dNROg&dq=Robert%20Eisenman%20Boethos%20OR%20Boethus&hl=fr&pg=PA14#v=onepage&q&f=false ''James the Just in the Habakkuk Pesher''], {{p.|14}}, note {{n°|32}}.</ref>. Alors qu'Albinus est sur la route d'[[Alexandrie]] à Jérusalem, le nouveau grand prêtre profite de ce vide pour faire arrêter [[Jacques le Juste]], le frère de [[Jésus de Nazareth|Jésus]], qui dirige le mouvement [[Nazôréen (titre)|nazôréen]] héritier du mouvement fondé par Jésus<ref name="Mimouni137"/>.

Selon l'auteur chrétien du {{s|II}} Hégésippe, cité par [[Eusèbe de Césarée]], Ananius demande à Jacques de désavouer les ''messianistes'' (chrétiens), désignant probablement ainsi les [[Zélotes]] qui sont de plus en plus actifs. Jacques refuse et Anan saisi un prétexte pour le faire condamner à mort, en disant qu'il a violé la loi ([[Torah]]). Jacques est alors exécuté par [[lapidation]]<ref name="Mimouni137"/> et achevé à coups de bâton de foulon précise Hégésippe. [[Robert Eisenman]] note que le changement de grand-prêtre par Agrippa, dans cette période de vacance du pouvoir romain, est immédiatement suivi par l'arrestation de Jacques et de quelques-uns de ses partisans. Il en conclu qu'Agrippa a probablement {{citation|saisi la première opportunité après l'affaire du mur du [[Temple de Jérusalem|Temple]] pour se débarrasser de [[Jacques le Juste|Jacques]]<ref name="Eisenman_14"/>.}}

L'exécution de « Jacques, frère de Jésus, appelé Christ » est mentionnée « par [[Flavius Josèphe]]<ref>[[Flavius Josèphe]], [[Antiquités judaïques]] XX, § 197-203.</ref>, mais aussi par de nombreuses sources chrétiennes transmises par [[Eusèbe de Césarée]]<ref>[[Eusèbe de Césarée]], ''Histoire ecclésiastique'', II, 1, 4-5 ; [témoignage originaire de [[Clément d'Alexandrie]] ; II, 23, 4-18 [témoignage originaire d'[[Hégésippe de Jérusalem|Hégésippe]]]</ref> ou indépendantes de lui, notamment les ''[[Ascensions de Jacques]]'', texte de provenance [[ébionites|ébionite]] transmis dans les [[Roman pseudo-clémentin#Les .C2.AB.C2.A0reconnaissances.C2.A0.C2.BB|Reconnaissances]]<ref>''Ascensions de Jacques'', [[Roman pseudo-clémentin|Littérature pseudo-clémentine]], [[Roman pseudo-clémentin#Les .C2.AB.C2.A0reconnaissances.C2.A0.C2.BB|Reconnaissances]], I, 70, 1-8 ; 71, 1.</ref>{{,}}<ref name="Mimouni137"/>{{,}}<ref>Selon [[Simon Claude Mimouni]], {{citation|La figure de Jacques a été diversement exploitée, aussi bien par les chrétiens d'origine juive que d'origine païenne. On la retrouve dans des écrits [[Nazôréen (titre)|nazôréens]] ou [[ébionites]], mais aussi dans des écrits [[gnostiques]] de [[Nag Hammadi]] — ce qui montre son emploi polysémique. {{cf.}} [[Simon Claude Mimouni]], ''Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité'', Ed. Albin Michel, Paris, 2004, {{p.|138.}}}}</ref>. »

Selon [[Simon Claude Mimouni]], « Ananius, qui appartient au courant [[Sadducéen]], a sans doute pensé rendre service à [[Rome]] en supprimant Jacques, car il a dû estimer qu'il est alors sous influence des [[Zélotes]] — son initiative a été mal appréciée, et lui a valu d'être destitué de sa charge de [[grand prêtre d'Israël|grand prêtre]]<ref name="Mimouni138">[[Simon Claude Mimouni]], ''Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité'', Ed. Albin Michel, Paris, 2004, {{p.}}138.</ref> » à la demande du nouveau [[procurateur]] romain sitôt entré en fonction<ref name="Mimouni138"/>. [[Pierre-Antoine Bernheim]] se pose la question : « Qui était donc Jacques », dans la société de Jérusalem ? En effet, si cette exécution provoque le renvoi du Grand-Prêtre aussi puissant qu'Anan, appartenant à une famille qui compta huit [[grand prêtre d'Israël|grands prêtres]] en {{nombre|60|ans}} et qui venait à peine d'être nommé, cela ne signifie-t-il pas que Jacques était un personnage important, bénéficiant d'alliés puissants à Jérusalem<ref>{{harvsp|Bernheim|2003|p=13}}.</ref> ? {{citation|L'exécution de Jacques montre l'influence du [[Nazôréen (titre)|mouvement nazôréen]] à cette époque, et sa perception comme un danger par les autorités du [[Temple de Jérusalem]] qui sont [[saducéen]]nes<ref name="Mimouni138"/>.}}

Agrippa ne peut pas faire autrement que de céder à l'injonction du nouveau procurateur romain. Peu après l'arrivée de ce dernier, il démet donc Anan et désigne Jésus, fils de Damnaios pour le remplacer<ref name="Schwentzel_260">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=260}}.</ref>.

=== La grande révolte juive ===

Bérénice joue un rôle important dans la propagande d'[[Agrippa II]]<ref name="Schwentzel_269">[[Christian-Georges Schwentzel]], ''Hérode le Grand'', Pygmalion, Paris, 2011, {{p.}}269.</ref>. Elle semble jouir d'une certaine popularité que son frère ne manque pas d'exploiter à son profit<ref name="Schwentzel_269"/>, surtout que lui semble plutôt méprisé de ses compatriotes<ref name="Schwentzel_267">[[Christian-Georges Schwentzel]], ''Hérode le Grand'', Pygmalion, Paris, 2011, {{p.}}267.</ref>. Bérénice accompagne son frère dans ses déplacements importants{{sfn|Schwentzel|2011|p=269}}. 

Une inscription en [[latin]] de [[Béryte]] ([[Beyrouth]]) rappelle le rôle de Bérénice aux côtés de son frère dans la rénovation et l'embellissement de la ville<ref name="Schwentzel_269"/> de [[Syrie (province romaine)|Syrie romaine]]. Bérénice joue également le rôle d'[[Évergétisme|évergète]] à [[Athènes]], poursuivant ainsi une tradition qui remonte à son arrière-grand-père [[Hérode Ier le Grand|Hérode le Grand]]<ref name="Schwentzel_270">[[Christian-Georges Schwentzel]], ''Hérode le Grand'', Pygmalion, Paris, 2011, {{p.}}270.</ref>. Son « dévouement » lui vaut l'érection d'une statue par décision du « Conseil de l'Aréopage, la Boulé des six-cents et le peuple » d'Athènes, comme le révèle la dédicace gravée sur la base de la sculpture<ref name="Schwentzel_270"/>.

==== Début de la révolte; Bérénice, nouvelle Judith ====
Agrippa est absent et se trouve à [[Alexandrie]]<ref name="Schwentzel_261">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=261}}.</ref> lors de la répression qui va être le déclencheur de la révolte (juin [[66]]<ref group=Note>À propos des événements où [[Bérénice (princesse de Judée)|Bérénice]] intervient personnellement en venant devant le tribunal du procurateur, pieds nus comme une suppliante, [[Flavius Josèphe]] écrit : {{citation|Tels furent les événements qui se passèrent le 16 du mois Artémisios.}} Dans une note, Julien Weill précise que cela correspond au {{date|3 juin 66}} en faisant référence à Niese. {{cf.}} [[Guerre des Juifs]], {{II}}, {{XV}}, 2, [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/guerre2.htm#_ftn184 note {{n°|184}}].</ref>). [[Gessius Florus]] envoie des hommes prélever dix-sept [[Talent (monnaie)|Talents]] dans le trésor du [[Temple de Jérusalem|Temple]]<ref name="Schwentzel_261"/> {{citation|prétextant le service de l'empereur}}<ref name="Schwentzel_261"/> se contente de dire [[Flavius Josèphe]]<ref>[[Flavius Josèphe]], ''[[Guerre des Juifs]]'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/guerre2.htm#293 livre {{II}}, {{XIV}}, 6].</ref>. Toutefois, il écrit par la suite que Jérusalem et les contrées environnantes étaient en retard de paiement du tribut pour un montant de 40 talents<ref name="Grabbe1992_p447">{{en}} Lester L. Grabbe, ''Judaïsm from Cyrus to Hadrian'', Vol. {{II}}, Fortress Press, Minneapolis, 1992, {{p.}}447.</ref>. Les Juifs protestent devant cette profanation de leur lieu saint et insultent le [[procurateur]] qui réagit en faisant arrêter trois-mille six cents manifestants selon Josèphe, qui exagère peut-être<ref name="Schwentzel_261"/>. Nombre d'entre eux sont [[flagellation|flagellés]] puis [[crucifixion|crucifiés]]. Parmi eux des femmes et surtout des citoyens romains appartenant à l'ordre équestre<ref name="Schwentzel_261"/>, ce qui viole l'usage romain qui veut que les citoyens romains relèvent de la justice impériale. Présente à [[Jérusalem]], Bérénice, la sœur d'Agrippa {{citation|intervient au péril de sa vie auprès du [[procurateur]] de [[Judée (province romaine)|Judée]], Gessius Florus<ref name="Schwentzel_271">[[Christian-Georges Schwentzel]], "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, {{p.}}271.</ref>.}} Elle vient elle-même devant le tribunal du procurateur, pieds nus comme une suppliante, alors que les soldats romains ne ralentissent en rien leur action du fait de sa présence, mais rien n'y fait<ref name="Schwentzel_261"/>{{,}}<ref name="Cohen|2002_p.190">{{harvsp|Cohen|2002|p=190}}.</ref>. Le quartier général de Florus est installé dans le palais royal et des renforts romains arrivent à [[Jérusalem]], venant de [[Césarée maritime|Césarée]]<ref name="Cohen|2002_p.190"/>. À partir de ces deux positions Florus et ses nouvelles troupes mènent une action coordonnée pour se forcer un chemin jusqu'à la [[forteresse Antonia]], mais les deux attaques échouent<ref name="Cohen|2002_p.190"/>. Un clair signe d'une résistance populaire massive<ref name="Cohen|2002_p.190"/>. Finalement Florus quitte Jérusalem, en laissant seulement une cohorte en garnison<ref name="Cohen|2002_p.190"/>. Lorsqu'il arrive à Jérusalem Agrippa a une tout autre attitude. Dans un premier temps il parvient à convaincre certaines autorités de l'aider à collecter dans la région de Jérusalem les impôts qui n'étaient pas payés. [[Flavius Josèphe]] {{citation|compose à cette occasion une longue harangue qu'il attribue au roi<ref name="Schwentzel_2013_p164"/>}}, mais qui semble {{citation|refléter les positions de Josèphe lui-même<ref name="Schwentzel_2013_p164"/>.}}  Puis dans un second discours, Agrippa invite la population de Jérusalem à obéir à Gessius Florus, en faisant confiance à l'arbitrage de l'empereur<ref name="Schwentzel_262">[[Christian-Georges Schwentzel]], "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, {{p.}}262.</ref>. Il est immédiatement conspué par la foule, qui se rappelle les morts et les exactions commises, des pierres volent même dans sa direction<ref name="Schwentzel_262"/>. {{citation|La lapidation était la manifestation d'un déni de légitimité<ref name="Schwentzel_2013_p174">[[Christian-Georges Schwentzel]], ''Juifs et nabatéens: Les monarchies ethniques du Proche-Orient hellénistique et romain'', Presses Universitaires de Rennes, 2013, Rennes (France), {{p.|174}}.</ref>.}} Il est contraint de quitter précipitamment Jérusalem et sa sœur l'accompagne<ref name="Schwentzel_262"/>. « La cohorte romaine laissée par Florus se retrouve assiégée à l'intérieur des tours des murailles de la ville<ref name="Schwentzel_262"/>. »

;Keep
{{citation|Cependant, le rôle de Bérénice ne se limite pas à de la figuration aux côtés de son frère, ni à un [[évergétisme]] traditionnel. Selon [[Flavius Josèphe]], elle intervient au péril de sa vie auprès du [[procurateur]] de [[Judée (province romaine)|Judée]], Gessius Florus<ref name="Schwentzel_271">[[Christian-Georges Schwentzel]], ''Hérode le Grand'', Pygmalion, Paris, 2011, {{p.}}271.</ref>,}} lors de le répression qui va être le déclencheur de la révolte (66). Elle envoie d'abord ses officiers supplier Florus de mettre un terme à la répression<ref name="Schwentzel_261">[[Christian-Georges Schwentzel]], ''Hérode le Grand'', Pygmalion, Paris, 2011, {{p.}}261.</ref>. Puis, devant l'échec de la démarche, après une nuit sans sommeil, elle vient elle-même devant le tribunal du procurateur, pieds nus comme une suppliante, en risquant sa vie car les soldats romains ne ralentissent en rien leur action du fait de sa présence, mais rien n'y fait<ref name="Schwentzel_261"/>.

Pour [[Christian-Georges Schwentzel]], {{citation|il serait naïf d'expliquer l'intervention de la reine par une réelle piété et un attachement sincère à la [[Torah]]. La reine entend surtout incarner la parfaite héroïne juive qui n'a de cesse de prendre la défense de son peuple. Le personnage dont elle joue le rôle correspond à un type féminin popularisé par les [[livre d'Esther|livres d'Esther]] et de [[livre de Judith|Judith]]<ref name="Schwentzel_271"/>}}<ref>Chez [[Christian-Georges Schwentzel]], le sous chapitre qui aborde cette question porte d'ailleurs le titre : « Le rôle de Bérénice, nouvelle Judith » {{cf.}} ''Hérode le Grand'', Pygmalion, Paris, 2011, {{p.|269}}.</ref>.

Après la reconquête de la Galilée par les Romains, elle protège [[Juste de Tibériade]] dont [[Vespasien]] réclame l'exécution, pour son engagement aux côtés des révoltés juifs. Elle obtient alors de son frère [[Agrippa II]] que celui-ci en fasse son secrétaire pour le mettre à l'abri. Agrippa s'en séparera peu après<ref>Martin Goodman, ''Rome et Jérusalem'', éd. Perrin/Tempus, 2009, {{p.|498}}.</ref>.

==== Rencontre avec Titus ====
[[Image:Titus and Berenice.jpg|vignette|250px|[[Titus (empereur romain)|Titus]] et Bérénice, 1815, (auteur inconnu).]]

La liaison entre le futur empereur [[Titus (empereur romain)|Titus]] et la reine Bérénice, universellement connue grâce à la tragédie de [[Jean Racine|Racine]] ([[Bérénice (Racine)|''Bérénice'']], 1670) et à la « comédie héroïque » de [[Pierre Corneille|Corneille]] (''[[Tite et Bérénice]]'', 1670) est totalement passée sous silence par [[Flavius Josèphe]], pourtant la source principale au sujet de Bérénice, de son frère [[Agrippa II]], de ses sœurs et de son père [[Agrippa Ier]]<ref name="Schwentzel_275"/>. Elle n'est évoquée que très rapidement par trois historiens antiques: [[Tacite]] (''Histoires'' {{II}}.2), [[Suétone]] (''Titus'', 7, 1) et l'historien tardif [[Dion Cassius]] (''Histoire Romaine'', {{LXVI}}, 15)<ref name="Schwentzel_275">[[Christian-Georges Schwentzel]], ''Hérode le Grand'', Pygmalion, Paris, 2011, {{p.|275}}.</ref>, dont les textes sont allusifs et difficiles à concilier<ref name=Tarel_2016_p216>{{harvsp|Tarel|2016|p=216}}.</ref>. [[Juvénal]] en parle aussi dans ses ''Satires'' (''Satires'', {{VI}}).

Selon le récit de Tacite, au tout début de l'année 69, [[Vespasien]] envoie son fils à [[Rome antique|Rome]] pour y saluer [[Galba]] le nouvel empereur qui vient de succéder à [[Néron]]<ref name="Schwentzel_275"/>. En route pour [[Alexandrie]], Titus apprend que Galba vient d'être assassiné par [[Othon (empereur romain)|Othon]]. Il décide alors de rebrousser chemin, la désignation d'Othon remettant en cause sa mission<ref name="Schwentzel_275"/>. Titus veut s'entretenir de la situation nouvelle avec son père. Il lui paraît hasardeux de poursuivre son voyage vers Rome, il craint qu'Othon ne le retienne prisonnier<ref name="Schwentzel_276">[[Christian-Georges Schwentzel]], ''Hérode le Grand'', Pygmalion, Paris, 2011, {{p.|276}}.</ref>. Après cet exposé, Tacite ajoute: {{citation|certains racontent qu'il rebroussa chemin à cause de son désir de revoir la reine Bérénice.}} La relation existe donc depuis au moins 68<ref name="Schwentzel_276"/>. Elle a probablement commencé pendant la campagne de Vespasien en [[Galilée (région)|Galilée]] (67-68), à laquelle Agrippa II participe à la tête de troupes auxiliaires<ref name="Schwentzel_276"/>. Titus est alors veuf et âgé de 29 ans, tandis que Bérénice en a 40<ref name="Schwentzel_276"/>.

Le {{1er}} juillet 69, le [[préfet d'Égypte]] [[Tibère Alexandre]] {{incise|ex beau-frère de Bérénice, qui avait été [[procurateur]] de [[Judée (province romaine)|Judée]] de 46 à 48}} fait jurer fidélité à [[Vespasien]] par ses [[Légion romaine|légions]]. Selon Tacite, Bérénice fait alors de riches cadeaux à Vespasien<ref name="Schwentzel_276"/>. Le vieil empereur aurait lui-même succombé au charme de la reine décrite comme {{citation|à la fleur de l'âge et de la beauté}}, pour une Bérénice probablement encore très belle à quarante-deux ans<ref name="Schwentzel_276"/>. Josèphe ne dit rien à ce sujet, car Bérénice disparaît à partir du livre trois de la [[Guerre des Juifs]], peut-être une indication pour dater la date de son renvoi de Rome. Notons que Flavius Josèphe a besoin de l{{'}}''imprimatur'' de Vespasien et de Titus pour pouvoir publier.

=== Titus et Bérénice ===
Après la prise de Jérusalem, Titus rentre à Rome en même temps que de nombreux prisonniers juifs pour assister à son triomphe (fin 70 ou début 71). À partir des écrits de [[Dion Cassius]], on apprend que Bérénice n'a pas suivi son amant à Rome<ref name="Schwentzel_276"/>. Elle ne vient le retrouver que quelques années plus tard. Selon [[Philippe Tarel]], {{citation|Nous n'avons aucun indice sûr de la date à laquelle Bérénice rejoignit son amant à Rome. Suétone, repris par l'Epitomé, signale la présence de Bérénice à Rome sous le règne de Vespasien, sans préciser depuis quand elle y était<ref>Titus, 7, 4; Epitomé, 10, 7 ; {{harvsp|Tarel|2016|p=222}}.</ref>}}. Un siècle après les faits, {{citation|c'est Dion Cassius qui date de 75 la venue de Bérénice à Rome, l'année où son frère reçut les ornements prétoriens, après la dédicace du Temple de la Paix par Vespasien (DC, 66 15, 34)<ref name=Tarel_2016_p222>{{harvsp|Tarel|2016|p=222}}.</ref>.}} Si la date de 75 est exacte, cette attente de 4 à 5 ans pour venir rejoindre celui que [[Vespasien]] a désigné comme héritier de la couronne impériale tout en l'associant au pouvoir<ref name="Schwentzel_277"/> est inexplicable.

Elle ne serait venue à  Rome qu'à la faveur d'un voyage de son frère<ref name="Schwentzel_276"/>, mais à l'issue du voyage elle s'installe au palais où elle vit maritalement avec Titus<ref name="Schwentzel_277">[[Christian-Georges Schwentzel]], ''Hérode le Grand'', Pygmalion, Paris, 2011, {{p.}}277.</ref>. Selon Dion Cassius, elle attendait que Titus {{citation|l'épouse et se comportait en toutes occasions comme si elle avait été sa femme<ref>[[Dion Cassius]], ''Histoire Romaine'', LXVI, 15, 3-4.</ref>}}<ref name="Schwentzel_277"/>. Suetone parle de la « célèbre passion » de Titus pour Bérénice {{citation|à laquelle, dit-on, il avait même promis le mariage<ref>[[Suetone]], ''Titus'', 7, 1.</ref>}}<ref name="Schwentzel_276"/>. 


;Schwentzel

Pour J-C Schwentzel Cette relation dura plus de dix ans, de 68 à 79, avec une période de séparation d'au moins quatre ans (71 à 75)<ref name="Schwentzel_275"/>.

En 79, quand Titus devient empereur après la mort de son père, il demande à Bérénice de quitter Rome<ref name="Schwentzel_276"/> et elle retourne en Galilée. Suétone et Dion Cassius donnent la raison de cette rupture : Titus se rend compte que de nombreux romains sont opposés à son union avec Bérénice<ref name="Schwentzel_277"/>{{,}}<ref name="Schwentzel_276"/>. Il renvoie Bérénice, « malgré lui, malgré elle » {{incise|''invitus invitam'', écrit [[Suétone]]|stop}}. Cette phrase est à l'origine des tragédies de Corneille et de Racine<ref name="Schwentzel_276"/>. Il meurt après seulement deux ans de règne, en septembre 81, sans avoir voulu revoir sa maîtresse.

====Matériel pour une nouvelle rédaction====

;Datation
Selon Philippe Tarel (Titus, p. 222) {{citation|Nous n'avons aucun indice sûr de la date à laquelle Bérénice rejoignit son amant à Rome. Suétone, repris par l'Epitomé, signale la présence de Bérénice à Rome sous le règne de Vespasien, sans préciser depuis quand elle y était (Titus, 7, 4; Epitomé, 10; 7). C'est Dion Cassius qui date de 75 la venue de Bérénice à Rome, l'année où son frère reçut les ornements prétoriens, après la ddicace du Temple de la Paix par Vespasien (DC, 66 15, 34).}}

{{citation|Si l'on accepte la chronologie de Tacite (une liaison qui commeence en 67), l'éloignement des deux amants de entre 71 et 75 est problématique.}}

;Un procès à Rome
Selon Philippe Tarel (Titus, p. 223) {{citation|Dans un texte très allusif [[Quintilien]] (4, 1, 19) dit avoir plaidé {{citation2|pour la reine Bérénice par devant-elle}}.}} {{citation|J. A. Crook suggère que Quintilien aurait eu à traiter devant le conseil impérial auquel elle aurait participé}}.

{{citation|Il arrive quelquefois que le juge est, ou notre ennemi personnel, ou l'ami de notre adversaire : c'est une circonstance qui doit être prise en considération par les deux parties, et plus particulièrement peut-être par celle pour qui le juge paraît incliner. Car il se rencontre des juges qui, par une sorte de vanité de conscience, prononcent contre leurs amis ou en faveur de leurs ennemis, aimant mieux commettre une injustice que de paraître injustes en jugeant selon la justice. '''Il y a même des cas où le juge est appelé à prononcer dans sa propre cause'''. Je vois, dans les livres des observations publiés par Septimius. que Cicéron eut à plaider dans une affaire de cette nature; '''et moi-même j'ai plaidé pour la reine Bérénice par devant elle'''<ref>[[Quintilien]], [http://remacle.org/bloodwolf/orateurs/quintilien/instorat4.htm INSTITUTION ORATOIRE, 4, 1, 19].</ref>.}}

Quintilien parle ici d'une procédure tout à fait exceptionnelle où il semble avoir été à la fois le juge et l'avocat de Bérénice !! 

Selon Philippe Tarel (Titus, p. 223) {{citation|Dans le texte de [[Dion Cassius]], le sort réservé aux cyniques Diogène et Héras apparaît comme directement lié aux invectives lancées en public par ces derniers contre cette liaison. Nous avons vu également qu'une tradition de l’Épitomé se fait l'écho mêle Bérénice à la conspiration de Caecina, d'ailleurs accusé de l'avoir abusée.}}

;Bérénice mêlée à la conspiration de Caecina ?
*[[Utilisateur:Leonard Fibonacci/Cecina et Marcellus]]]
*[[:it:Aulo_Cecina_Alieno]]
*[http://remacle.org/bloodwolf/historiens/aurelvictor/epitome.htm#X Epitomé]
Selon Philippe Tarel (Titus, p. 223) {{citation|une tradition dont l'Epitomé se fait l'écho '''mêle Bérénice à la conspiration de Caecina, d'ailleurs accusé de l'avoir abusée.}}

;Dans l'épitomé d'Aurelius Victor
*Aurelius Victor, [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/aurelvictor/epitome.htm#X X. ÉPITOMÉ, T. Flav. Vespasien (Titus )]
{{citation|Car, nommé préfet du prétoire, sous le règne de son père, si quelqu'un lui était suspect et s'opposait à ses vues, il s'en défaisait au moyen des agents qu'il envoyait au théâtre et dans l'armée, pour y semer des bruits calomnieux et demander le supplice de ses ennemis, comme s'ils eussent été convaincus de quelque crime. Ainsi, après avoir admis à souper '''le consulaire Cécina, Titus le fit étrangler''' presqu'à la sortie de la salle du festin, '''parce qu'il le soupçonnait d'avoir déshonoré son épouse Bérénice. Comme du vivant de son père''' il avait fait trafic de plusieurs charges, on le crut avide et rapace : aussi chacun, pensant voir un autre Néron dans Titus et l'appelant même de ce nom, apprit avec douleur son avènement au pouvoir souverain.}}

;POV de Philippe Tarel
Selon Philippe Tarel (Titus, p. 236) Titus {{citation|comme tout empereur, il possède le monopole de l'information.}}<br/>
{{citation|pour certains auteurs, c’est une fois empereur que Titus renvoya Bérénice, « loin de Rome » selon Suétone (Titus, 7, 1), « dans son royaume » selon l’Épitomé (10). La version de Dion Cassius est un peu différente : Bérénice, éloignée de Rome à la fin du règne de Vespasien, serait revenue dans la capitale après l’avénement de Titus, sans parvenir à fléchir la détermination de ce dernier (DC, 66, 18, 1). A partir de ce moment Bérénice disparaît de nos sources et de l’histoire ; la date de sa mort est inconnue (Titus, p. 236).}}

=== Fin de vie ===
{{citation|Bérénice meurt à une date inconnue, vraisemblablement dans le palais de son frère<ref name="Schwentzel_278">[[Christian-Georges Schwentzel]], ''Hérode le Grand'', Pygmalion, Paris, 2011, {{p.}}278.</ref>.}} [[Hérode Agrippa II|Agrippa II]] disparaît en 101 ap. J.-C., troisième année du règne de [[Trajan]] selon [[Photios Ier de Constantinople|Photios {{Ier}} de Constantinople]] qui cite [[Juste de Tibériade]]<ref>[[Photios Ier de Constantinople]], ''Bibliothèque de Photios'', codex 33''.</ref>{{,}}<ref name="Schwentzel_278"/>. L'[[épitaphe]] d'un soldat découverte dans le [[Hauran]] confirme qu'Agrippa est mort sous Trajan<ref name="Schwentzel_278"/>.

== Arbre généalogique ==
{{Arbre généalogique/début|align=center}}
{{Arbre généalogique| | | |GDP|-|v|-|GDM 
|GDP=[[Hérode Ier le Grand|Hérode le Grand]]
|GDM=[[Mariamne l'Hasmonéenne]]|border=1}}
{{Arbre généalogique| | | | | | | |)|-|-|-|.}}
{{Arbre généalogique| | |MER|v|PER| |ONC
|PER=[[Aristobule IV]]
|MER=[[Bérénice (fille de Salomé)|Bérénice]], fille de [[Salomé (fille d'Antipater)|Salomé, sœur d'Hérode le Grand]]
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{{Arbre généalogique| | |,|-|-|+|-|-|-|v|-|-|-|v|-|-|.}}
{{Arbre généalogique| | |!| |FRE2| |FRE3| |SOE| |MOI
|FRE2=[[Hérode Agrippa Ier|Hérode Agrippa {{Ier}}]]
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{{Arbre généalogique| | |!| | |)|-|-|-|v|-|-|-|v|-|-|.}}
{{Arbre généalogique|FRE1|v|SOE.1| |FRE2.2| |FRE2.3| |SOE2.4
|FRE1=[[Hérode de Chalcis]]
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{{Arbre généalogique| | |,|^|.}}
{{Arbre généalogique|FRE1| |FRE2
|FRE1=Bérénicien
|FRE2=Hyrcan|border=1}}
{{Arbre généalogique/fin}}
<br />
* L'ordre des enfants d'[[Aristobule IV]] et Bérénice fille de [[Salomé (fille d'Antipater)|Salomé, sœur d'Hérode le Grand]] est arbitraire.
* Bérénice et [[Hérode Agrippa II]] sont permutés pour la commodité de la représentation.
* Seul le deuxième mariage de Bérénice avec son oncle [[Hérode de Chalcis]] est représenté.

==Postérité==
=== Julia Crispina, petite-fille de Bérénice ? ===
Il n'existe plus d'information au sujet de Bérénice ou de sa progéniture dans la littérature antique après la mention de son renvoi de Rome. Toutefois, certains chercheurs estiment qu'une femme nommée Julia Crispina (''Julia Brnyakianos Krisfina''), mentionnée dans les [[Papyrus (papier)|papyrus]] en [[grec (langue)|grec]] découverts en Égypte et en Israël, pourrait être sa petite-fille. Julia Crispina est notamment citée dans des documents découverts par [[Yigaël Yadin]], issus probablement des archives de [[Babatha]] trouvées dans la [[Grotte aux lettres]]. Julia Bérénice est le même nom que celui de Bérénice. ''Brnyakianos'' renvoie à ''Berenicianus'' (Bérénicien), un des deux fils que Bérénice a eu avec [[Hérode de Chalcis]]. On dispose de manuscrits documentaires qui montrent qu'une Julia Crispina vivait en [[Égypte]] en [[133]]. C'est en 132-133, au début des hostilités de la [[Révolte de bar Kokhba]], que Julia Crispina semble être venue se réfugier en Égypte. Dans les archives de Babatha, Julia Crispina est désignée pour superviser les neveux orphelins du second époux défunt de [[Babatha]] appelé « Yehoudah (Judas) ben Eleazar connu comme Khtousion ». Julia a représenté en [[130]]-[[131]] les orphelins et leurs tuteurs dans un procès civil contre Babatha. Dans cette affaire, Julia Crispina n'agit pas en tant que tuteur (''epitropos''), fonction interdite aux femmes tant au regard des lois juives que des lois romaines, mais en tant que superviseur (''episkopos'')<ref>Tal Ilan, [https://books.google.fr/books?id=yGPUIYorRg8C&pg=PA217&dq=%22Julia+Crispina:+A+Herodian+Princess+in+the+Babatha+Archive%22&hl=fr&sa=X&ei=brRCUc7qA9KIhQfkhIDgDw&ved=0CDgQ6AEwAA#v=onepage&q&f=false "Integrating Women Into Second Temple History" (Mohr Siebeck, Germany 1999), Part 3: Women and the Judaean Desert Papyri, Chapter Eight: '''Julia Crispina: A Herodian Princess in the Babatha Archive'''], {{p.|217-233}}</ref>.

L'identification de Julia Crispina comme une descendante de Bérénice un temps soutenue est aujourd'hui fortement contestée. [[Simon Claude Mimouni]] estime qu'elle est la fille de [[Gaius Julius Alexander Berenicianus]] [[Consul (Rome antique)|consul]] en [[116]], lui aussi descendant de la dynastie hérodienne<ref name="Mimouni_2012">[[Simon Claude Mimouni]], ''Le judaïsme ancien. Du {{s-|VI}} avant notre ère au {{s-|III}} de notre ère. Des prêtres aux rabbins'', Paris, PUF, 2012, {{p.|503}}.</ref>.

=== Bérénice dans les arts ===
À partir du {{s|XVII}} jusqu'à l'époque contemporaine, il y a une longue tradition d'œuvres d'art (romans, drames, opéras, etc.) consacrées à Bérénice et sa liaison avec l'[[empereur romain]] [[Titus (empereur romain)|Titus]]<ref>Gabriele Boccaccini, ''Portraits of Middle Judaism in Scholarship and Arts'', Turin, Zamorani, 1992 ; S. Akermann, ''Le Mythe de Bérénice'', Paris, 1978 ; Ruth Yordan, ''Berenice'', Londres, 1974.</ref>, notamment :
[[Fichier:Berenice 1671 title page.JPG|vignette|Couverture de ''[[Bérénice (Racine)|Bérénice]]'' de [[Jean Racine]] datant de [[1671]].]]

* ''Lettres de Bérénice à Titus'' (1642), un roman français par [[Madeleine de Scudéry]]
* ''Bérénice'' (1648–50), un roman français par [[Jean Regnault de Segrais]]
* ''Tite'' (1660), un drame français par [[Jean Magnon]]
* ''Il Tito'' (1666)), un opéra italien par [[Antonio Cesti]] (mus.) et Nicola Beregani (livret)
* ''[[Bérénice (Racine)|Bérénice]]'' (1670), drame de [[Jean Racine]]
* ''[[Tite et Bérénice]]'' (1670), comédie héroïque de [[Pierre Corneille]]
* ''Titus and Berenice'' (1676), un drame anglais de [[Thomas Otway]]
* ''{{Lien|langue=en|trad=Tito e Berenice|fr=Tito e Berenice}}'' (1714), un opéra italien par [[Antonio Caldara]] (mus.) et [[Carlo Sigismondo Capece]] (livret)
* ''Berenice'' (1725), un opéra italien par [[Giuseppe Maria Orlandini]] (mus.) et Benedetto Pasqualigo (livret). Aussi mis en musique par [[Niccolò Vito Piccinni]] (1766)
* ''Tito e Berenice'' (1776), un opéra italien par Raimondo Mei (mus.) et Carlo Giuseppe Lanfranchi-Rossi (livret)
* ''Tito e Berenice'' (1782), un ballet de Paolino Franchi (chor.)
* ''Tito; o, La partenza di Berenice'' (1790), un ballet de Domenico Maria Gaspero Angiolini (mus. et chor.)
* ''Tito e Berenice'' (1793), un opéra italien de Sebastiano Nasolini (mus.) et Giuseppe Maria Foppa (livret)
* ''Tito che abbandona Berenice'' (1828), une peinture de [[Giuseppe Bezzuoli]]
* ''Titus et Bérénice'' (1860), un opéra de Leon-Gustave-Cyprien Gastinel (mus.) et Edouard Fournier (livret)
* ''Berenice'' (1890), un roman allemand de {{Lien|langue=en|trad=Heinrich Vollrat Schumacher|fr=Heinrich Vollrat Schumacher}}
* ''Le Jardin de Bérénice'' (1891) de [[Maurice Barrès]]<ref name="Mythe de Bérénice">[http://www.mediterranees.net/mythes/berenice/index.html ''Le mythe de Bérénice''], sur http://www.mediterranees.net, {{cf}} Simone Akerman, ''Le mythe de Bérénice'', Paris, Nizet, 1978.</ref>
* ''Prologue à Bérénice'' (1893) de Noël et Paté<ref name="Mythe de Bérénice"/>
* ''Cross Triumphant, The'' (1898), un roman de fiction historique de Florence M. Kingsley
* ''Bérénice de Judée'' (1898), paru sous le pseudonyme Jacques Soldanelle<ref name="Mythe de Bérénice"/>, puis, en 1906, sous celui de [[J.-H. Rosny aîné]]<ref>{{Article|langue = |auteur1 = Fabrice Mundzik|titre = Que nous enseigne la convention littéraire de 1935 ?|périodique = Le Visage Vert|numéro = 23|jour = |mois = |année = 2013|issn = |lire en ligne = |pages = }}</ref>. Réédition en 2014<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=J.-H. Rosny aîné|titre=Fables antiques et autres récits érotiques|éditeur=Bibliogs|lieu=Saint-Xandre|année=2014|pages totales=326|isbn=979-10-94282-00-7}}</ref>.
* ''{{Lien|langue=en|trad=Bérénice (Magnard)|fr=Bérénice (Magnard)|texte=Bérénice}}'' (1909), un opéra français d'[[Albéric Magnard]] (mus. et livret)<ref name="Mythe de Bérénice"/>
* ''Titus und die Jüdin'' (1911), un drame allemand de [[Hans Kyser]]
* ''Lost Diaries: From the Diary of Emperor Titus'' (1913), un roman anglais de [[Maurice Baring]]
* ''Bérénice, l’Hérodienne'' (1919), une comédie héroïque d'[[Albert du Bois]]<ref name="Mythe de Bérénice"/>
* ''Bérénice'' (1920), musique de scène par [[Marcel Samuel-Rousseau]]
* ''Berenice'' (1922), un drame anglais de [[John Masefield]]
* ''Der Judische Krieg'' (1932), Feuchtwanger<ref name="Mythe de Bérénice"/>
* ''Bérénice'' (1934), une parodie française de Noël Ouden
* ''La Reine de Césarée'' (1938/1957), un drame français de [[Robert Brasillach]]<ref name="Mythe de Bérénice"/>
* ''Bérénice, une femme et un roi'' (1941) de Julien Luchaire<ref name="Mythe de Bérénice"/>
* ''Aurélien'' (1944) de [[Louis Aragon]]<ref name="Mythe de Bérénice"/>
* ''Berinikah'' (1945), un drame hébreu de Eisig Silberschlag et Carl de Haas
* ''Dans un mois, dans un an'' (1957) de [[Françoise Sagan]]<ref name="Mythe de Bérénice"/>
* ''Berenice, Princess of Judea'' (1959), un roman anglais de Leon Kolb
* ''Mission to Claudies'' (1963), un roman anglais de Leon Kolb
* ''Agrippa’s Daughter'' (1964), un roman anglais de [[Howard Fast|Howard Melvin Fast]]
* ''La Pourpre de Judée ou les Délices du genre humain'' (1967), un roman de [[Maurice Clavel]]<ref name="Mythe de Bérénice"/>
* ''Bérénice d'Egypte'' (1968) d'[[Andrée Chédid]]<ref name="Mythe de Bérénice"/>
* ''Bérénice'' (1968), un téléfilm français de [[Pierre-Alain Jolivet]]
* ''Tito y Berenice'' (1970), un drame espagnol de [[René Marquès]]
* ''Bérénice'' (1983), un téléfilm français de [[Raoul Ruiz]]
* Titus et Bérénice est une chanson de [[Bénabar]], d'abord chantée en duo avec [[Amylie]] (2012), puis chantée en duo avec [[Isabelle Nanty]] dans une version acoustique (2014), dans les bonus de l'album "[[Inspiré de faits réels]]"
* ''[[Titus n'aimait pas Bérénice]]'' (2015), un roman de [[Nathalie Azoulai]]
*Drusilla, une pièce de théâtre de Jean-Luc Marchand<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jean-Luc Marchand|titre=Drusilla|éditeur=La Compagnie Littéraire|lieu=Paris|date=septembre 2018|pages totales=213|isbn=978-2-87683-623-5}}</ref>

;Bérénice en musique
* [[Haendel]] - Berenice (1734)
* [[Gluck]] - La Clemenza di Tito (1752)
* [[Wolfgang Amadeus Mozart]], ''La clémence de Titus'', 1791

*[https://www.mediterranees.net/mythes/berenice/index.html Quelques œuvres à ajouter]

===Bérénice dans les apocryphes===

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{références|colonnes = 2|groupe = Note}}

=== Sources primaires ===
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=== Références ===
{{Références|colonnes=2}}

== Sources ==
=== Historiens ===
{{légende plume}}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Simon Claude |nom1=Mimouni |lien auteur1=Simon Claude Mimouni |titre=Le judaïsme ancien du {{s-|VI}} avant notre ère au {{s-|III}} de notre ère |sous-titre=des prêtres aux rabbins |éditeur=[[Presses universitaires de France|puf]] |collection=Nouvelle clio |lieu=Paris |année=2012 |pages totales=968 |isbn=978-2-13-056396-9 |présentation en ligne=http://www.puf.com/Autres_Collections:Le_juda%C3%AFsme_ancien_du_VIe_si%C3%A8cle_avant_notre_%C3%A8re_au_IIIe_si%C3%A8cle_de_notre_%C3%A8re_des_pr%C3%AAtres_aux_rabbins}}. {{plume}}
* {{ouvrage
|langue=fr
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|présentation en ligne=https://www.google.fr/books/edition/Titus/IIYkMQAACAAJ?hl=fr
}}. {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Christian-Georges|nom1=Schwentzel|lien auteur1=Christian-Georges Schwentzel|titre=Hérode le Grand|éditeur=Pygmalion|lieu=Paris|année=2011|pages totales=321|isbn=978-2-7564-0472-1}}. {{plume}}
* {{Ouvrage|prénom1=Martin|nom1=Goodman|titre=Rome et Jérusalem|éditeur=Perrin/Tempus|lieu=Paris|année=2009|isbn=}}. {{plume}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Daniel R. |nom1=Schwartz |titre=Agrippa I |sous-titre=The Last King of Judaea |éditeur=Mohr Siebeck |année=1990 |isbn=}}. {{plume}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=E. Mary |nom1=Smallwood |titre=The Jews Under Roman Rule : From Pompey to Diocletian : A Study in Political Relations |éditeur=Brill |année=1976 |isbn=}}. {{plume}}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=François |nom1=Blanchetière |lien auteur1=François Blanchetière |titre=Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien |éditeur=Cerf |année=2001 |pages totales=586 |isbn=978-2-204-06215-2}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Christian-Georges|nom1=Schwentzel|lien auteur1=Christian-Georges Schwentzel|titre=Juifs et Nabatéens|sous-titre=les monarchies ethniques du Proche-Orient hellénistique et romain|éditeur=Presses Universitaires de Rennes|lieu=Rennes|année=2013|pages totales=305|isbn=978-2-7535-2229-9}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Mireille|nom1=Hadas-Lebel|lien auteur1=Mireille Hadas-Lebel|titre=Rome, la Judée et les Juifs|éditeur=A. & J. Picard|lieu=Paris|année=2009|pages totales=231|isbn=978-2-7084-0842-5|présentation en ligne=http://www.orient-mediterranee.com/spip.php?article377|numéro chapitre=VI|titre chapitre=Caligula, Agrippa {{Ier}} et les Juifs}}.
* {{en}} Nikkos Kokkinos, ''The Herodian Dynasty: Origins, Role in Society and Eclipse'', Sheffield Academic Press, Sheffield, coll. « Journal for the Study of the Pseudepigrapha Supplement Series », 1998 {{ISBN|1850756902}}.
* {{Article|langue=en|prénom1=Tal|nom1=Ilan|titre=Julia Crispina, Daughter of Berenicianus, a Herodian Princess in the Babatha Archive|sous-titre=A Case Study in Historical Identification| périodique=The Jewish Quarterly Review|volume=82|numéro=3/4|année=1992|pages=361-381|éditeur=University of Pennsylvania|lien éditeur=University of Pennsylvania Press|jstor=1454863}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Nikos |nom1=Kokkinos |titre=Crucifixion in A.D. 36 : The Keystone for Dating the Birth of Jesus ''in Jack Finegan'', Chronos, kairos, Christos: nativity and chronological studies |éditeur=Jerry Vardaman & Edwin M. Yamauchi |année=1989 |isbn= |présentation en ligne=https://books.google.fr/books?id=UCBBY_O88uYC&pg=PA134&dq=Nikkos+Kokkinos}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Jean-Pierre |nom1=Lémonon |lien auteur1=Jean-Pierre Lémonon |titre=Ponce Pilate |éditeur=Atelier |lieu=Ivry-sur-Seine |année=2007 |pages totales=301 |isbn=978-2-7082-3918-0 |présentation en ligne=https://books.google.fr/books?id=PvmYODhcO3QC&printsec=frontcover&dq=%22Ponce+Pilate%22+%22Jean-Pierre+L%C3%A9monon%22}}.
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Lester L. |nom1=Grabbe |titre=Judaïsm from Cyrus to Hadrian, Vol. {{II}} |éditeur=Fortress Press |année=1992 |pages totales=722 |isbn=0-8006-2621-4}}.

=== Sources primaires ===
* [[Flavius Josèphe]], ''[[Guerre des Juifs]]'', Livres {{II}} à {{VI}} et notamment livre {{II}}.
* [[Flavius Josèphe]], ''[[Antiquités judaïques]]'', livres {{XVIII}} à {{XX}} [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/juda18.htm Aperçu sur remacle.org] et notamment livre {{XIX}}, 9, 1 et {{XX}}, 7, 3.
* [[Nouveau Testament]], [[Actes des Apôtres]], {{XXVI}}, 30-31.
* [[Tacite]], ''Histoires'' {{II}}, 2.
* [[Suétone]], ''Titus'', 7, 1.
* [[Dion Cassius]], ''Histoire Romaine'', {{LXVI}}, 15.
* [[Juvénal]], ''Satires'', {{VI}}, 115.
* [[Quintilien]], ''Institution oratoire'', {{IV}}, I, 19.
* [[Aurelius Victor]], ''De Caesaribus'', {{X}}.


== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===
{{colonnes|taille=|nombre=2|1=
* [[Première guerre judéo-romaine]] 
* [[Généalogie des Hérodiens]]
* [[Hérode Agrippa Ier|Hérode Agrippa {{Ier}}]]
* [[Hérode Agrippa II]]
* [[Vespasien]]
* [[Titus (empereur romain)|Titus]]
* [[Claude (empereur romain)|Claude]]
* [[Hérode de Chalcis]]
* [[Alexandre Lysimaque]]
* [[Tiberius Julius Alexander]]
* [[Philon d'Alexandrie]]
* [[Drusilla (fille de Hérode Agrippa Ier)|Drusilla]]
* [[Mariamne (fille d'Agrippa Ier)|Mariamne]]
*[[Liste des personnages de la Bible]]
*[[Liste des femmes dans la Bible]]
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=== Titus et Bérénice (old version)===
[[Image:Titus and Berenice.jpg|vignette|250px|[[Titus (empereur romain)|Titus]] et Bérénice, 1815, (auteur inconnu).]]

La liaison entre le futur empereur [[Titus (empereur romain)|Titus]] et la reine Bérénice, universellement connue grâce à la tragédie de [[Jean Racine|Racine]] ([[Bérénice (Racine)|''Bérénice'']], 1670) et à la « comédie héroïque » de [[Pierre Corneille|Corneille]] (''[[Tite et Bérénice]]'', 1670), n'est évoquée que très rapidement par trois historiens antiques: [[Tacite]] (''Histoires'' {{II}}.2), [[Suétone]] (''Titus'', 7, 1) et l'historien tardif [[Dion Cassius]] (''Histoire Romaine'', {{LXVI}}, 15)<ref name="Schwentzel_275">[[Christian-Georges Schwentzel]], ''Hérode le Grand'', Pygmalion, Paris, 2011, {{p.}}275.</ref>. [[Juvénal]] en parle aussi dans ses ''Satires'' (''Satires'', {{VI}}). {{citation|[[Flavius Josèphe]] n'en dit rien, car proche d'[[Hérode Agrippa II|Agrippa II]] et de sa sœur, il ne veut pas rappeler à celle-ci un souvenir particulièrement humiliant<ref name="Schwentzel_275"/>.}} De plus Flavius Josèphe a besoin de l{{'}}''imprimatur'' de Titus puis de son frère l'empereur [[Domitien]] pour pouvoir publier.

Cette relation dura plus de dix ans, de 68 à 79, avec une période de séparation d'au moins quatre ans (71 à 75)<ref name="Schwentzel_275"/>.
Pendant « l'année des trois empereurs (68) » ([[Galba]], [[Othon (empereur romain)|Othon]], [[Vitellius]]), [[Vespasien]] envoie son fils à [[Rome antique|Rome]] pour y saluer Galba le nouvel empereur qui vient de succéder à [[Néron]]<ref name="Schwentzel_275"/>. En route pour [[Alexandrie]], Titus apprend que Galba vient d'être assassiné par Othon. Il décide alors de rebrousser chemin, la désignation d'Othon remettant en cause sa mission<ref name="Schwentzel_275"/>. Titus veut s'entretenir de la situation nouvelle avec son père. Il lui paraît hasardeux de poursuivre son voyage vers Rome, il craint qu'Othon ne le retienne prisonnier<ref name="Schwentzel_276">[[Christian-Georges Schwentzel]], ''Hérode le Grand'', Pygmalion, Paris, 2011, {{p.}}276.</ref>. Après cet exposé, Tacite ajoute: {{citation|certains racontent qu'il rebroussa chemin à cause de son désir de revoir la reine Bérénice.}} La relation existe donc depuis au moins 68<ref name="Schwentzel_276"/>. Elle a probablement commencé pendant la campagne de Vespasien en [[Galilée (région)|Galilée]] (67-68), à laquelle Agrippa II participe à la tête de troupes auxiliaires<ref name="Schwentzel_276"/>. Titus est alors veuf et âgé de 29 ans, tandis que Bérénice en a 40<ref name="Schwentzel_276"/>.

Le {{1er}} juillet 69, le [[préfet d'Égypte]] [[Tibère Alexandre]] {{incise|ex beau-frère de Bérénice, qui avait été [[procurateur]] de [[Judée (province romaine)|Judée]] de 46 à 48}} fait jurer fidélité à [[Vespasien]] par ses [[Légion romaine|légions]]. Selon Tacite, Bérénice fait alors de riches cadeaux à Vespasien<ref name="Schwentzel_276"/>. Le vieil empereur aurait lui-même succombé au charme de la reine décrite comme {{citation|à la fleur de l'âge et de la beauté}}, pour une Bérénice probablement encore très belle à quarante-deux ans<ref name="Schwentzel_276"/>.

Tandis que Vespasien attend à Alexandrie, le gouverneur de [[Syrie]] Mucien marche sur Rome et fait proclamer Vespasien empereur le 20 décembre 69. Vespasien administre l'[[empire romain|Empire]] depuis Alexandrie, laisse [[Titus (empereur romain)|Titus]] à la tête de ses légions, en lui adjoignant [[Tiberius Julius Alexander|Tiberius Alexander]] et attend la chute de Jérusalem pour rentrer à Rome. Le {{date|29|août|70}}, le [[Temple de Jérusalem]] est livré aux flammes, et la [[Judée]] perd ce qui lui restait d'autonomie.

Titus rentre à Rome pour assister à son triomphe (fin 70 ou début 71). À partir des écrits de [[Dion Cassius]], on apprend que Bérénice n'a pas suivi son amant à Rome<ref name="Schwentzel_276"/>. Elle ne vient le retrouver que quelques années plus tard en 75, à la faveur d'un voyage de son frère<ref name="Schwentzel_276"/>. Cela donnait probablement à sa visite le caractère d'un voyage officiel, mais à l'issue du voyage elle s'installe au palais où elle vit maritalement avec Titus<ref name="Schwentzel_277">[[Christian-Georges Schwentzel]], ''Hérode le Grand'', Pygmalion, Paris, 2011, {{p.}}277.</ref>.

Depuis 71, Titus est associé au pouvoir par Vespasien qui l'a désigné comme héritier de la couronne impériale<ref name="Schwentzel_277"/>. Bérénice est alors au sommet de sa puissance, mais en l'absence de mariage avec le prince sa position demeure fragile<ref name="Schwentzel_277"/>. Selon Dion Cassius, {{citation|elle attendait qu'il l'épouse et se comportait en toutes occasions comme si elle avait été sa femme<ref>[[Dion Cassius]], ''Histoire Romaine'', LXVI, 15, 3-4.</ref>}}<ref name="Schwentzel_277"/>. Suetone parle de la « célèbre passion » de Titus pour Bérénice {{citation|à laquelle, dit-on, il avait même promis le mariage<ref>[[Suetone]], ''Titus'', 7, 1.</ref>}}<ref name="Schwentzel_276"/>.

En 79, quand Titus devient empereur après la mort de son père, il demande à Bérénice de quitter Rome<ref name="Schwentzel_276"/> et elle retourne en Galilée. Suétone et Dion Cassius donnent la raison de cette rupture : Titus se rend compte que de nombreux romains sont opposés à son union avec Bérénice<ref name="Schwentzel_277"/>{{,}}<ref name="Schwentzel_276"/>. Il renvoie Bérénice, « malgré lui, malgré elle » {{incise|''invitus invitam'', écrit [[Suétone]]|stop}}. Cette phrase est à l'origine des tragédies de Corneille et de Racine<ref name="Schwentzel_276"/>. Il meurt après seulement deux ans de règne, en septembre 81, sans avoir voulu revoir sa maîtresse.